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jeudi 6 avril 2017

N° 5) Clercs et laïcs au bas Moyen âge





Selon le décret de Gratien, "livre de référence en matière de Droit Canon ", il existe deux genres de Chrétiens, les Clerici qui se trouvent être les élus et qui par la tonsure manifestent leur supériorité.

De l'autre côté on range les Laïci, à qui il fut concédé le droit de se marier, de s'occuper des choses temporelles, en bref le reste du genre humain!!!

La distinction entre les deux revêt donc une signification très claire au sein de la communauté chrétienne.


A cette dimension juridique et ecclésiologique du droit canon il faut ajouter le côté politique, ou l'on affirme la supériorité des clercs et la suprématie du pouvoir ecclésiastique.









C'est au début du XIV siècle qu'elle fut affirmée de manière fort explicite par le Pape Boniface VIII, il prétend en l'an 1302, suite aux théories fumeuses de Gilles de Rome, que toute créature doit se soumettre au premier clerc de la chrétienté, en l'occurrence lui même !!

Ces prétentions exagérées de la puissance pontificale vont provoquer chez les philosophes, théologiens, humanistes et écrivains une véritable levée de boucliers.
Des hommes tel que Dante, Marsile de Padoue, Guillaume d'Ockham, Eckhart et d'autres, vont élaborer une doctrine politique qui accorde aux laïcs une véritable autonomie fondée sur la séparation de l'ordre politique et religieux.

Le Pape a eut grand tord, car s'il existe un souverain qui n'aime pas qu'on lui conteste son autorité c'est bien le Roi de Fer!
Philippe IV le Bel va lui envoyer Guillaume de Nogaret, cette rencontre sera fatale à Boniface VIII.







PS: voir article sur l'attentat d'Agnani Nogaret versus Boniface VIII  M de V




 

Mentalité de l' Anglois au bas moyen âge


Ils ne se préoccupaient pas d'idéal chevaleresque, ou du moins s'ils s'en occupaient ce n'était pas pendant les périodes de conflits avec nos mangeurs de charrettes ferrées!

Ils utilisaient fort bien le terrain, plaçaient leurs gens de pieds et leurs archers avec un art consommé et leurs chevaliers sans déroger à l'honneur savaient combattre à pieds à leurs côtés.
Si on tient compte du facteur démographique de ce siècle, les Anglais sont environ 6 à 7 millions d'âmes comparés aux Français qui sont 16 millions!!

Mais Edouard et son fils le Prince noir contestent l'accession au trône de France de ce " Roi trouvé " Philippe VI de Valois, ils vont faire valoir leur droit et ce n'est pas le nombre qui changera quelque chose !!!!







Ce qui fait que lors des grandes batailles de cette époque les hommes d'Albion se battent à 1 contre 4. Mais en Angleterre le service militaire est obligatoire de 16 à 60 ans, ils sont très disciplinés, tous le contraire de l'ost Français.


Il est bien évident qu'un Chevalier Français ne saurait sans déchoir combattre à pied aux côté de la merdaille    ( terme chaleureux qu'ils employaient pour désigner leurs piétons), ce n'est pas le cas des Anglais.


En outre en Albion on fait interdire le béhourt dans les tournois, les morts y étant si nombreux, qu'il leur parait judicieux de pratiquer uniquement la joute à la lance courtoise.




Ils considéraient que leurs chevaliers seraient mieux employés à guerroyer, plutôt que de mourir en champ clos. Pour eux l'idéal chevaleresque se limitait au champ clos et la guerre restait la guerre, dans ce domaine nul place pour les rêveurs !!!

Sans oublier cette tradition de l'entrainement au tir à l'arc, quasi permanent et au sein même de toutes fêtes et réjouissances quotidiennes.C'est grâce à ces excellentes dispositions que beaucoup de Français finiront hérissés de flèches le nez dans la fange.


Vie et mort d'un Chevalier au XIV siècle


L'activité guerrière est si honorée et indispensable au moyen age qu'elle constitue la raison d'être de toute ou presque la catégorie sociale de la noblesse, cette période semble requérir des hommes en pleine force de l'âge, capables de manier l'épée, la lance, masses et haches tant à l'entrainement qu'au combat.

Dépasser 60 ou 70 ans pour un Chevalier semblerait à notre époque un exploit hors du commun, pourtant au XIV siècle le cas ne semble pas si rare.

La démographie historique nous démontre qu' environ 10% d'une classe d'age atteignaient 60 ans, l'élimination massive se produisait dans les premières années de la vie car le tiers d'une génération disparaissait avant d'atteindre les 20 ans d'age.

Dans le milieu des hommes de guerres les hasards du combat s'ajoutaient aux mortalités ordinaires, restreignant encore plus leurs chances d'atteindre la vieillesse.









Les études faites en Angleterre nous fournissent un exemple précis, entre 1330 et 1449, période de conflits permanents, guerre de cent ans, épidémies de peste, guerres civiles et famines, on estime que presque 50% des combattants de plus de 15 ans mouraient à la bataille et que sur 100 naissances mâles issus de la noblesse et voués à la guerre seulement 8 individus étaient vivants après 60 ans


La vie était rude et les gens ne l'étaient pas moins, la compassion chez les hommes de guerre n'était pas une vertu cardinale, on laissait cela aux Clercs, et même eux ne brillaient pas toujours par l'amour de leur prochain.











Mais dans ce siècle ce n'est pas l'age qui importe, mais les capacités physiques, ce n'est jamais le vieux qui est rejeté mais le faible; au guerrier la vieillesse apporte renommée, prestige et respect, cela tant qu'il est capable de tenir son rang à la bataille.Toute idée de retraite est donc exclue, il manie les armes jusqu'à l'extrême limite de ses forces, puisque l'hommage vassalique l'engage jusqu'à la mort.

Ceux qui survivaient aux tournois, aux accidents de chasse, aux batailles, aux maladies, aux excès de viandes grasses et de vins, à l'apoplexie, ainsi qu'aux pantagruéliques festins de l'époque étaient de véritables forces de la nature!

Ces colosses étaient tout à fait capables de tenir leur rang à la guerre s'ils avaient passés le cap de la vingtième année et ce jusqu'à 70 ans! sir Calverley meurt à 78 ans et sir Robert Knolles à 83 ans








Pour le chevalier sans fief, la fin est on ne peut plus saumâtre! Celui qui voit ses forces décliner, et qui ne peut l'âge venu tenir son rang, soit dans une compagnie, ou dans la Lance d'un seigneur, se doit de se retirer.

Une seule option s'offre à lui s'il veut survivre ! il doit entrer en religion au sein d'un Cloître ou d'une Abbaye afin de trouver toit, pitance et sécurité.

Il se rendra utile à la communauté, dans les travaux de tous les jours, culture, jardinage, infirmerie, cuisine, hostellerie etc... selon ses compétences et les savoirs qu'il a acquis tout au long de sa vie.


La gloire et les honneurs ne sont pas pour les simples combattants, il finira donc ses jours dans l'exercice de la pénitence et de la prière, nécessité faisant loi! afin d'assurer la sécurité de ses vieux jours










A sa mort le gisant de son caveau le représente armé de toutes pièces, avec ceinture et épée au côté, par dessus revêtu de l'habit de l'ordre monastique auquel il appartient et sous ses pieds, on trouve l'écu blasonné de ses armes en forme de planchette



PS: La passion que nous avons pour la période médiévale ne doit pas nous faire oublier, la dure réalité de la vie à cette époque. M de V