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mardi 24 mars 2020

Le Parloir aux Bourgeois

C'est le nom qui fut donné au bâtiment qu'occupent les échevins de la ville de Paris ainsi que leur administration, place de Grève, sur la rive droite de la Seine, en pleine zone marchande de la cité. Elle fut appelée aussi, précédemment "Maison aux Piliers"

Dès avant 1170 existait en la ville de Paris une corporation des "Marchands de l'Eau" (voir article N°328), analogue à celle des Bouchers, Drapiers, Pelletiers et autres métiers, qui sont déjà attestés, et qui possède des privilèges d'ordre commercial

Le Roy va confier à ces Marchands de l'Eau la police de la Seine entre Paris et le pont de Mantes. Le trafic est réglementé entre les marchands de la Capitale, ceux de Rouen, et les Bourguignons. Dans ces limites réservées aux Marchands Parisiens, les autres marchands ne peuvent commercer sans être associés avec un de ces marchands "Hansés" et demeurant en Paris

Tout contrevenant doit payer une amende dont la moitié du montant revient au Roy. Les marchands de l'Eau de Paris prélèvent aussi des droits sur les bateaux chargés arrivant à quai, comme le sel, le vin, les harengs, le bois, le foin et les grains. Le produit de ces taxes devant permettre l'entretien des berges, et d'aménager, tant que faire se peut des ports sur la Seine









En 1221 le Roy Philippe Auguste concède aux marchands de l'eau les Crieries de Paris, moyennant bien sur une rente annuelle de 320 Livres. Ils peuvent ainsi nommer ou révoquer les Crieurs à leur gré. Ils disposent de ce fait, d'un certain nombre de pouvoirs et surveillent les mesures et les poids, perçoivent les amendes pour contrefaçon et fraude, amendes qui reviennent pour une part vers le Roy

L'association des Marchands de l'Eau, dont les membres sont très liés au Roy, se transforme vers 1260-1260, en un corps organisé qui va exercer des pouvoirs municipaux. Un Prévôt des Marchands et quatre échevins la représente.

Les pouvoirs de cette municipalité ne cessent de croître à la fin du XIII siècle (voir articles N°74 et 75), et dans la première moitié du XIV siècle, au moment ou la Bourgeoisie connait son apogée

La ville de Paris n'obtient pas de Charte de Franchise, mais les pouvoirs de cette municipalité, qui ne cessent de grandir, tiennent de la Justice et de la Police. La bourgeoisie va disposer d'une importante organisation militaire qui aura pour base la Dizaine et son Dizenier

Au XIV siècle la milice bourgeoise se partage les 19 quartiers de Paris, qui sont aux mains des Quarteniers, divisés en Cinquanteniers et Dizeniers qu'ils commandent et dépendant étroitement du Parloir aux Bourgeois !!

Les échevins s'occupent en particulier de la sécurité nocturne, ils fixent le couvre feu que sonnera la cloche de la ville, et ils organisent le Guet. Pour faire appliquer ses ordres la municipalité de la capitale dispose d'un personnel administratif et judiciaire composé de Sergents. Par exemple au XV siècle ils sont divisés en deux corps distincts: les sergents de la marchandise et les sergents du parloir aux bourgeois (voir article N°73 et 74)

Les "Sergents de la Marchandise" sont au nombre de 4, chargés de visiter les rivières pour qu'elles ne soient pas "nuisables et préjudiciables à la marchandise de l'eau. Leur zone d'intervention ne se limitant pas à la Seine et s'étendant aux rivières avoisinantes comme l'Oise, la Marne et l'Yonne










Les " Sergents du Parloir aux Bourgeois ", sont 6, chargés du contrôle de la marchandise en vertu des privilèges de la prévôté des marchands, par exemple: ils étalonnent les mesures de vin des Taverniers, et une fois l'an y apposent une fleur de Lys en signe de conformité. Ces Sergents sont intéressés aux bénéfices de la justice qu'ils exécutent, ce qui accroît singulièrement leur diligence !!!

Ils sont par ailleurs gagés et reçoivent chaque année une livrée ( robe neuve aux armes de la prévôté des Marchands). Quand au Guet il est assuré, à tour de rôle, par les artisans des métiers et leurs apprentis

Cependant du fait de la puissance acquise au fil du temps par les Prévôts des Marchands et les échevins, ils vont entrer en conflit avec les hommes du Roy, notamment avec le Prévôt Royal du Châtelet, son Lieutenant Criminel et leurs agents (voir article N°155)

Ce sont surtout les événements politiques de la guerre de cent ans qui vont fragiliser cette institution dans la seconde moitié du XIV siècle, l'heure est aux insurrections (voir article N°158), après la bataille de Poitiers (voir article N°331 et 332)


PS: documentation BNF et interprétation d'un texte de J Favier ....M de V

lundi 9 mars 2020

Seul comme un Chevalier errant

Qu'il y ait eut ou non au VI siècle un chef de guerre nommé Arthur n'y change rien: c'est au génie d'un romancier du XII siècle , Chrétien de Troyes, que le roi Arthur doit d'avoir régné pendant de longs siècles sur le roman et sur l'imagination

Chrétien prend toujours l'air entendu: le roi Arthur vous le connaissez tous !, inutile de vous raconter son histoire. Mais je vais vous en conter une qui s'est passée sous son règne, il y a bien longtemps, dans un temps qui n'est plus le nôtre, quand les chevaliers étaient courageux et les amoureux fidèles :

Or est amours tournee a fable
de nos jours, amour devient fiction
Par chou que chil qui riens n'en sentent
parce que ceux qui ne l'éprouvent pas
Dïent qu'il ayent, mais il mentent
disent qu'ils aiment, mais ils mentent
Et chil fable et menchongne en font
et ceux qui en font une fiction et un mensonge
Qui s'en vantent et droit n'i ont
se vantent d'aimer sans en avoir le droit

Pour Chrétien de Troyes, inventer une histoire, ce n'est pas mentir, c'est feindre un sentiment que l'on n'éprouve pas, c'est tricher avec soi même. Ses cinq romans en vers Français, écrits entre 1170 et 1185 environ, montrent tous de jeunes chevaliers qui au fil de leurs aventures, découvrent l'amour, se découvrent eux même et voient se dessiner leur destin

Chacun de ces destins éclaire un épisode de la grande fresque des "aventures de Bretagne" sous le règne d'Arthur, qui est comme la toile de fond de ces romans. Chacun de ces héros aspire à être digne des valeurs de la table ronde: le courage, la fidélité, l'élégance au service de l'amour, le tout sous le regard de Dieu










Li boins roys Artus de Bretaigne
le noble roi Arthur de Bretagne
La qui proeche nous ensengne
dont la prouesse nous enseigne
Que nous soions preux et cortois
à être preux et courtois

Ces valeurs courtoises étaient celles de la société aristocratique de son temps. C'étaient celles de sa protectrice, la comtesse Marie de Champagne, fille du roi de France Louis VII et d'Aliénor d'Aquitaine, elle même petite fille de notre vieil ami Guillaume IX, le premier Troubadour

Pour se montrer digne de ces valeurs le héros part seul à l'aventure. Chrétien de Troyes invente un type littéraire promis à un grand avenir, celui du Chevalier errant !!!

Le chevalier errant est une pure fiction. Il ne pouvait pas exister dans la réalité. Non parce qu'il n'aurait rencontré ni châteaux enchantés, ni géants, ni demoiselle en détresse ( cette dernière catégorie au moins pouvait se trouver), mais parce qu'il était impossible de revêtir seul une armure, impossible de chevaucher ainsi harnaché des jours de suite, impossible d'utiliser un cheval de combat (destrier), comme cheval de voyage (palefroi), et donc de se passer d'un écuyer qui conduisait par la bride le destrier de son maître de la main droite (d'ou le mot destrier)










A la fin du Moyen âge, on organisera des fêtes et des joutes à thème Arthurien dont les participants porteront le nom de chevaliers de la table ronde et mimeront leurs aventures

Mais seul un fou comme Don Quichotte, ce héros du roman de Cervantes, aura l'idée de se faire réellement chevalier errant, et pourtant dans le Chevalier au lion, Calogrenant se décrit ainsi sur le chemin de l'aventure

Il avint, pres a de .vi. ans,
il advint, voila bientôt six ans,
Que je seus comme païsan,
que seul comme paysan
Aloie querant aventures
j'allais en quête d'aventures
Armés de toutes armeüres
revêtu de toutes mes armes
Si comme chevalier doit estre
comme un chevalier doit l'être
Et je trouvai un chemin à destre
et je trouvai un chemin sur ma droite
Par mi une forest espesse
au milieu d'une forêt épaisse




PS: je ne saurait trop vous conseiller ce livre de Michel Zink, qui a enchanté votre copiste le nain, je n'ai pas changé un mot de ce grand médiéviste qu'est notre auteur, en quarante chapitres imagés il nous invite à plonger dans l'aventure du moyen âge. La première image de ce bref article vous donne le titre et les références bonne lecture M de V

samedi 7 mars 2020

N°350) Le Juriste Guillaume de Plaisians

Les Juristes du Bas Moyen âge sont à l'origine du droit politique moderne, et l'on nous rebat sans cesse les oreilles avec Guillaume de Nogaret, mais quid de Guillaume de Plaisians ???, son bras droit dans les grandes affaires du royaume du roi de Fer

De ce Guillaume originaire du village dont il porte le nom, qui se hissera au rang de Chevalier et deviendra Seigneur de Vézenobre et de Vinsobres (Gard). On sait qu'il étudia le Droit à la fameuse Université de Montpellier, réputée pour son école de droit et de médecine, nous avons connaissance du fait que Guillaume de Nogaret y enseignait le droit

Plaisians y deviendra "legum doctor", ou si vous préférez docteur en droit. A partir de 1298 il est en poste à Beaucaire, comme juge mage, poste qu'avait occupé avant lui Guillaume de Nogaret

Plaisians occupe encore ce poste en février 1303, en ce début de XIV siècle, ou il fut convoqué par Philippe IV le Bel pour la réunion du Parlement de Juin 1303, c'est la première marche de son ascension au gouvernement des affaires, il va devenir l'un des fameux Légistes membre du conseil du roi de fer (nous dirions ministre à notre époque), mais voila beaucoup de coïncidences et cela pose questions ??









Est il mandé par le roi, ou sur demande de Nogaret ?, ce dernier devant aller à Anagni pour une confrontation avec le Pape Boniface VIII (voir article N°54 l'attentat d'Anagni et G de Nogaret)

Nogaret avait échoué à convaincre le parlement et le roi pendant la cession, en mars 1303, de prendre des sanctions contre Boniface VIII, est ce pour avoir un appui pendant son absence qu'il fait venir Plaisians, le Juge Mage de Beaucaire à Paris ???

Cela semble logique, car notre homme apparaît associé très souvent aux actes de Nogaret, principal conseiller du roi depuis la mort de Pierre Flote (Garde du Sceau privé), on le trouve impliqué dans nombre de dossiers (documents de G de Nogaret et de G de Plaisians, au trésor des Chartes, Ch V Langlois, notices et extraits des manuscrits de la BNF)

Il apparaît également dans la longue lutte du monarque contre le Temple, dans divers actes, au côté de son ancien professeur de droit, lutte commencée avant eux par Pierre Flote ( du moins jusqu'à la mort de ce dernier à la bataille de Courtrai), mais aussi de Aycelin évêque de Narbonne, Philippe de Villepreux, et plus tard Enguerrand de Marigny. Plaisians décédera avant le procès final du temple en 1314 (voir article N°52 la fin de l'ordre du Temple)









S'il est entré dans les coutumes de les qualifier d'âmes damnées du Roi de Fer, ils étaient avant tout des juristes d'exception à leur époque, les meilleurs avocats de la cause de Philippe le Bel (voir article N°70 Philippe IV le roi de Fer). Ils vont oeuvrer avec méthode, inventivité et acharnement dans l'intérêt de leur maître, contre celui de la religion

Benoit XI avait succédé à Boniface VIII, une ambassade fut envoyée à Rome, en février 1304, auprès du Saint Père, elle se composait de Béraud de Mercoeur, Pierre de Belleperche, Guillaume de Plaisians et Guillaume de Nogaret, dans le but de recevoir la levée de l'excommunication du roi de fer, lancée par Boniface, mais aussi pour féliciter Benoit pour son élévation au trône de Saint Pierre

L'ambassade fut un succès, le roi reçoit l'absolution, ainsi que trois de nos Ambassadeurs !!!....Nogaret étant exclus de cette mesure, on pense que Benoit a des doutes quand à l'implication de Nogaret sur la fin de vie de son prédécesseur

Cette relation entre Nogaret et Plaisians ne peut s'expliquer que part des relations antérieures et l'on peu supposer que Plaisians étant en Montpellier dès 1292, connu Nogaret, celui ci fut peu être son professeur, que ce dernier l'apprécia. On sait que des liens très forts, professeur élève, se tissaient à cette époque










Or donc plus tard quand Nogaret acquit la confiance du roi de Fer, aurait il avancé puis protégé la carrière de cet ancien élève ?. Plaisians fut toujours le second de Nogaret, même dans la mort, car bien plus jeune que son mentor il le suivi que de quelques semaine dans la tombe

Dès 1307 Guillaume de Plaisians est Seigneur de Vezenobres, cette bourgade comprenait environ 340 feux en 1295, il va contribuer à l'agrandissement de son fief en demandant la permission d'y établir un marché hebdomadaire et Vezenobres eut son marché tous les lundi. Guillaume, époux de Sibile eut trois filles, il meurt en novembre 1313






PS: voila remis en selle un oublié de l'histoire, à la façon de votre copiste le nain M de V

vendredi 6 mars 2020

Cagots médecins au bas Moyen âge 2/2

On ne trouve guère de Cagots médecins qu'au XIV et XV siècles, c'est à dire la toute fin du moyen âge. Selon le docteur Fay, je cite: nous n'en connaissons que quatre cités dans des documents écrits ou des actes notariés, en 1374, Maître Pierre, Crestia (cagot), de Lac, qui fut appelé pour soigner des plaies, Puis en 1384 un certain Berduc de Cazenave, promet devant notaire de payer à Johan Chestia (cagot), de Meritein, 23 florins d'or pour cure de plaie de tête

Au XV siècle en 1434, Maître Berdot médecin Chrestia (cagot), d'Oloron, accepte un arrangement pour le paiement d'honoraires que lui doivent deux habitants d'Aramitz, et en 1472 c'est encore un médecin cagot qui reçut de Jean de Mailhoc la cabane de Cauterets. On suppose bien sur qu'ils ne furent pas que quatre sur toute la France ???

Force est donc d'admettre que les Cagots devaient être en assez bonne santé pour assurer l'exercice de la médecine. Le droit pour eux d'exercer s'explique par la condition libre ou ils vivaient et le peu de surveillance dont on les entourait, sans compter l'incompétence notoire de nos pédants crottés de médecins issus des Facultés. Cependant on ne leur eût pas laisser cette licence au XI et XII siècles, et encore moins plus tard au XVI siècle

Lire article N°55 la médecine et la chirurgie, N°310 formation du médecin au bas moyen âge, N°56 le métier d'Apothicaire, N°156 lèpres et léproseries, N°157 les épidémies, le feu sacré, la Suète, la peste








Au sujet des cagots médecins, M Sanzot a dit avec justesse que s'il y avait en France des écoles de médecine, que ce soit en Montpellier, ou en Paris, on n'y aurait pas reçu les Cagots !!!, et qu'il est plus probable qu'ils aient appris leur art en Espagne ou l'on trouvait des médecins Juifs et Arabes ???

Cette seconde observation de M Sanzot serait justifiée, si elle était prouvée !!. Nos cagots avaient ils appris leur art dans quelque Université étrangère ????, ou n'étaient ils pas plutôt de ces médecins non officiels qui abondaient au XIV et XV siècle, et contre lesquels fut publié plus d'une ordonnance !!!

De même que dans les léproseries, certains lépreux faisaient office de médecin, peut être en était il de même chez nos cagots ???. On peu d'ailleurs se poser la question; serait ce la, l'origine de cette croyance populaire qui faisait d'eux des Sorciers ????

Or on sait qu'en Poitou, les Devins étaient uniquement recrutés parmi les Charpentiers et les Bûcherons, et ces métiers étaient précisément les seuls qu'exerçaient les Cagots, puisqu'ils ne travaillaient que le bois

Est il loisible de croire que cette réputation de sorcellerie attachée aux familles de bûcherons puisse marquer la persistance d'une coutume, celle de cagots médecins ou sorciers ????









Divers petits faits relevés par F Michel tendraient à confirmer cette opinion, exemple: Quand on mettait le pain à l'envers sur la table, dans certains villages il est dit que les Cagots avaient le droit d'entrer et de prendre le pain, de même que l'on raconte qu'un cagot avait le droit de prendre la charge que portait une bête de somme, si celle ci n'était pas bien empaquetée ou tombait, ce sont bien la des droits assez semblables à ceux des sorciers ???

Par contre si l'on reconnait cette assimilation, certaines personnes dont Mazure (histoire du Béarn et du Pays Basque), en tirent des conclusions erronées, à savoir que ce serait à cause de la sorcellerie qu'il fallait imputer la proscription des Cagots, notre homme les accusait de Ladrerie et d'oeuvres noires !!!

A Perquie (landes), on croyait même que caresses ou regards de Cagots communiquaient de graves maladies ainsi que des infirmités incurables aux enfants !!. Une chanson de Mugron (Landes), prouve clairement que l'on croyait les Cagots sorciers !!

                                " Gagot, gabot, gabère"
                                            "Couan a bis ta may sorcière"
                                                       "Et toun pay loup garous"




PS: histoire de la lèpre en France, lépreux et Cagots du Sud Ouest du Docteur H M Fay..documentation BNF....M de V

mercredi 4 mars 2020

Les Cagots du X au XV siècles 1/2

Dès le XIV siècle les médecins qui se sont occupés des Cagots les représentèrent comme des malades. Bien que peu nombreux sont ces vieux cliniciens ayant consacrés à ces malheureux quelques lignes, on doit cependant reconnaître la concordance parfaite des idées qu'ils expriment au sujet des Cagots.

Si à leur témoignage on joint les nombreux documents qui sont réunis dans les travaux du Docteur H M Fay, dont je vous livre un passage dans cet article, il apparaît clairement que nos Cagots furent de tout temps considérés comme des Lépreux

Guy de Chauliac (1383), dans son traité " de grande Chirurgie ", traité VI, doctrine I, chapitre II de Ladrerie, classe les malades soupçonnés de Ladrerie en quatre groupes: 1° ceux qui n'ont rien, et qu'il convient de doter de lettres de certificat, afin de pouvoir les présenter auprès d'un représentant ecclésiastique dont dépendent les Lépreux

2° ceux qui n'ont que des signes équivoques atténués, qu'il convient de mettre en observation, afin on suppose de voir l'évolution de cette maladie de lèpre ?










3° ceux qui ont beaucoup de signes équivoques et peu d'univoques (opposé à ambigu), ce sont nos Cagots, on leur enjoint de vivre à l'écart et de ne point se mêler au public, 4° les Ladres confirmés, qui doivent entrer en Ladrerie, et la catégorie était, si l'on veut, la "petite Lèpre", ou lèpre Blanche, par opposition à la " grande lèpre rouge".

Notre docte praticien du bas moyen âge était mieux placé que tout autre, car vivant à Montpellier sur les confins d'une région ou ces malheureux pullulaient assez librement à son époque. C'est en s'inspirant des idées de Guy de Chauliac que notre Auteur entreprend l'étude médicale des Cagots, en premier lieu, selon les médecins d'autrefois, puis ensuite avec une approche moderne, je ne vous donnerait dans cet article que l'approche médiévale, qui reste le but de ce Blog

Au XIV siècle, à Bayonne, l'autorité eut maille à partir avec des gens que des règlements de 1315 et 1319 appellent "arcabotz" et "ischaureilhatz", qui se trouvaient sans profession et qu'il fallait chasser de la ville, il semble qu'il s'agissait de Cagots, le mot arcabotz dérivant de "caffot", et ischaureilhat ou ésaurillé, se rapporte à la résorption du lobule de l'oreille, et au ratatinement de cet organe tout entier, signe évident de lèpre à l'époque.

En 1320 les lépreux furent accusés avec les Juifs d'avoir de concert empoisonné les sources, les Cagots eurent eux aussi à souffrir de représailles. Il faut attendre 1383, date d'achévement du traité de grande chirurgie, pour apprendre quelque chose en matière de " Cagoterie "










Guy de Chauliac nous dit dans son ouvrage que cette maladie est caractérisée par la présence de plusieurs signes équivoques et peu d'univoques de lèpre. la symptomatologie de la lèpre est donc celle de la catégorie, ou seul l'aspect clinique du malade, le groupement des signes, qui sont tous inconstants, a de l'importance pour le diagnostic

Ce qu'écrivait Guy de Chauliac était le fruit de l'observation, c'est par lui que nous apprenons à connaître la lèpre légère des Cagots qui ne les empêchait pas de vivre en famille, de travailler, et d'avoir droit à un minimum de considération, mais qui nécessitait cependant un certain isolement

C'est à partir de cette fin de XIV siècle que l'on va commencer à dire, en parlant des Cagots, qu'ils sont atteint "d'une espèce de Lèpre", inutile de préciser qu'on la disait fort contagieuse !!!

Une lettre de Charles VI le Fou, datée de 1407, nous montre à merveille ce que l'on en pensait en ce début de XV siècle, ce document est adressé aux Sénéchaux de Toulouse, Carcassonne, Beaucaire, Rouergue, Bigorre et Quercy, ainsi qu'au gouverneur de la province

Je vais à la mesure de mes moyens vous donner un aperçu lisible de cette lettre, mais sans vous en garantir la transcription exacte, le nain n'étant pas diplômé es langues anciennes, je m'en excuse, mais vous voila prévenus !!!









Ou il est dit: que les Capitouls de Toulouse et les principaux du Duchié de Guyenne, lui ont fait exposer que dans lezdites sénéchaussées et duchié, y avoient plusieurs personnes malades d'une maladie, laquelle est une espèce de lèpre ou meselerie, et les entachés d'icelle maladie, sont appelés en d'aucune contrées Capots, et en d'autres contrées Casots, et sont acoustumés de ces lieux de toute ancieneté, et doivent porter certaine enseigne pour estre connus des saines personnes (lire article 194, les signes d'infamie au M-A)

Aussi doivent ils demourer et vivre séparement, afin que les sains ne soyent entachés et corrompus. Nous mandons et enjoignons que dorénavant lesditz Capots ou Casots ou malades de la dite maladie, ne soient si osés ni si hardis, qu'ils aillent et viennent, sans pouvoir être repérés aucunement parmi les saines personnes, qu'ils portent désormais la dite enseigne d'anciéneté acoustumée, et de manière que chacun puisse la voir !!

A quelques année de la , le Dauphin Louis (futur Louis XI), se trouvant à Toulouse, nomma en 1439 des commissaires afin de visiter des personnes, hommes, femmes et enfants qui s'étaient répandus dans la ville de Toulouse " qui estoient entachiés d'une très horrible et griève maladie, nommée maladie de lèpre ou capoterie ", afin qu'ils ne se mêlent aux habitants






PS: je ne vous donne ici qu'un aperçu de l'immense travail du Docteur Fay, son livre faisant plus de 800 pages, je ne saurai trop vous conseiller de le consulter sur le site de la BNF, dont une fois de plus je salue le travail qui nous permet d'avoir accès à ces documents M de V

dimanche 1 mars 2020

Pierre de la Broce, favori de Philippe III le Hardi

On s'interroge encore beaucoup, à cause du vide de documents Historiques de cette période, sur la nature du pouvoir qu'exerçait ce favori auprès de Philippe III le Hardi, les chroniques sont unanimes pour dire que ce roi ne faisait rien sans l'avis de Pierre de la Broce, et les nombreux actes de donation de ce monarque envers ce dernier, sont autant de témoignages de la faveur dont il jouissait, mais au contraire des autres conseillers royaux on ignore totalement en quoi consistait son influence ???

Sous le fils de ce monarque, on trouve dans l'entourage du roi de Fer des personnes influentes tel un Pierre Flote, un Guillaume de Nogaret et Enguerrand de Marigny, qui détiendront chacun à leur tour des responsabilités tant financières que politiques, et ils possédaient des positions dominantes au conseil du roi, la compétence politique de ces hommes n'a jamais été mise en doute !!

Rien de tel pour Pierre de la Broce Seigneur de Langeais !!!. Le seul témoignage exploitable attestant d'un pouvoir de commandement, à son sujet, a trait aux machines de guerre qui furent conduites à Toulouse, sur son ordre, en prévision de la campagne contre le Comte de Foix en 1272. Notre homme apparaît avec le titre de Chambellan à la fin de la décennie 1260, Saint Louis (louis IX), meurt à Tunis, son fils prend alors le commandement de l'armée, quitte la Tunisie pour rentrer en France, via la Sicile et l'Italie

Rien ne nous dit qu'il ai combattu lors de la croisade et en Tunisie, on ne le cite nul part, il semble n'avoir aucune compétence dans le domaine militaire ????









C'est d'abord comme Barbier Chirurgien que Pierre de la Broce c'était immiscé dans l'entourage de Saint Louis, on sait que ce monarque était de santé fragile, et certaines chroniques insisteront lourdement sur la basse extraction de Pierre, allant même jusqu'à dire qu'il n'aurait été qu' un simple barbier ???

Après réexamen, attentif, par des historiens, des sources, on peut affirmer qu'il a eudans l'entourage de Saint Louis, un rôle de mire et de chirurgien. Il ne semble cependant issu d'aucune école de médecine, aucune chronique n'en fait état, donc il n'était pas médecin, ce qui n'est pas un mal quand on connait les compétences peu flatteuses de cette corporation à l'époque !!!

Cependant même si son ascension fut exceptionnelle, Pierre, n'était pas entièrement un roturier, sa mère était de petite noblesse de chevalerie, un de ses oncle était chevalier, et son père le fut du moins à la fin de sa vie, mais il faut bien avouer que dès 1270 il occupait une position très au dessus de son rang dans la hiérarchie de l'hôtel royal ??, et ne semble pourtant n'avoir porté d'autre titre que Chambellan du roi.

On peut retracer ainsi, et sans trop s'avancer, les premiers temps de la carrière de Pierre. Issu d'une famille approchant la noblesse, il entre assez tôt dans l'hôtel du roi, au plus tard en 1255, peut être en raison de capacités peu communes de guérisseur, comme Mire, ou plutôt comme Barbier Chirurgien, nous marchons sur des oeufs en faisant des hypothèses plausibles, mais comme je dis toujours, le Moyen âge est une cathédrale vieille de mille ans, pavée d'hypothèses plausibles !!










Promu Chambellan du roi, au plus tard en 1266, il jouit dans les dernières années du règne de Saint Louis, d'une situation confortable à la cour, avec une probable spécialisation dans les affaires financières, comme le laisserait penser ses liens privilégiés avec un Pierre Michel et un Pierre Barbe

Par la suite son rôle semble avoir été de diriger l'administration royale sous Philippe III le hardi, mais rien ne laisse supposer qu'il ai joué un rôle dans la définition de la politique royale, et comme nous l'avons déjà mentionné plus haut il ne semblait avoir aucune compétences militaires, donc ce n'est ni par ses prouesses guerrières, ni par son esprit politique que Pierre de la Broce devint le tout puissant favori du roi ??? la question reste posée !!!


Nota: Pierre de la Broce ( ou de la Brosse), finira pendu comme un manant au gibet de Montfaucon en 1278



PS: Le trésor des Chartes ne possède pas de registres ou les actes du gouvernement royal aient été consignés de 1270 à 1285, alors que nous possédons les registres officiels antérieurs à cette période, concernant le roi Saint Louis, et postérieurs à celle ci, concernant le roi Philippe IV le Bel. En outre les archives administratives et judiciaires du règne ont été gravement mutilées par un incendie qui détruisit le greffe du parlement au XVIII siècle  M de V