C'est le nom qui fut donné au bâtiment qu'occupent les échevins de la ville de Paris ainsi que leur administration, place de Grève, sur la rive droite de la Seine, en pleine zone marchande de la cité. Elle fut appelée aussi, précédemment "Maison aux Piliers"
Dès avant 1170 existait en la ville de Paris une corporation des "Marchands de l'Eau" (voir article N°328), analogue à celle des Bouchers, Drapiers, Pelletiers et autres métiers, qui sont déjà attestés, et qui possède des privilèges d'ordre commercial
Le Roy va confier à ces Marchands de l'Eau la police de la Seine entre Paris et le pont de Mantes. Le trafic est réglementé entre les marchands de la Capitale, ceux de Rouen, et les Bourguignons. Dans ces limites réservées aux Marchands Parisiens, les autres marchands ne peuvent commercer sans être associés avec un de ces marchands "Hansés" et demeurant en Paris
Tout contrevenant doit payer une amende dont la moitié du montant revient au Roy. Les marchands de l'Eau de Paris prélèvent aussi des droits sur les bateaux chargés arrivant à quai, comme le sel, le vin, les harengs, le bois, le foin et les grains. Le produit de ces taxes devant permettre l'entretien des berges, et d'aménager, tant que faire se peut des ports sur la Seine
En 1221 le Roy Philippe Auguste concède aux marchands de l'eau les Crieries de Paris, moyennant bien sur une rente annuelle de 320 Livres. Ils peuvent ainsi nommer ou révoquer les Crieurs à leur gré. Ils disposent de ce fait, d'un certain nombre de pouvoirs et surveillent les mesures et les poids, perçoivent les amendes pour contrefaçon et fraude, amendes qui reviennent pour une part vers le Roy
L'association des Marchands de l'Eau, dont les membres sont très liés au Roy, se transforme vers 1260-1260, en un corps organisé qui va exercer des pouvoirs municipaux. Un Prévôt des Marchands et quatre échevins la représente.
Les pouvoirs de cette municipalité ne cessent de croître à la fin du XIII siècle (voir articles N°74 et 75), et dans la première moitié du XIV siècle, au moment ou la Bourgeoisie connait son apogée
La ville de Paris n'obtient pas de Charte de Franchise, mais les pouvoirs de cette municipalité, qui ne cessent de grandir, tiennent de la Justice et de la Police. La bourgeoisie va disposer d'une importante organisation militaire qui aura pour base la Dizaine et son Dizenier
Au XIV siècle la milice bourgeoise se partage les 19 quartiers de Paris, qui sont aux mains des Quarteniers, divisés en Cinquanteniers et Dizeniers qu'ils commandent et dépendant étroitement du Parloir aux Bourgeois !!
Les échevins s'occupent en particulier de la sécurité nocturne, ils fixent le couvre feu que sonnera la cloche de la ville, et ils organisent le Guet. Pour faire appliquer ses ordres la municipalité de la capitale dispose d'un personnel administratif et judiciaire composé de Sergents. Par exemple au XV siècle ils sont divisés en deux corps distincts: les sergents de la marchandise et les sergents du parloir aux bourgeois (voir article N°73 et 74)
Les "Sergents de la Marchandise" sont au nombre de 4, chargés de visiter les rivières pour qu'elles ne soient pas "nuisables et préjudiciables à la marchandise de l'eau. Leur zone d'intervention ne se limitant pas à la Seine et s'étendant aux rivières avoisinantes comme l'Oise, la Marne et l'Yonne
Les " Sergents du Parloir aux Bourgeois ", sont 6, chargés du contrôle de la marchandise en vertu des privilèges de la prévôté des marchands, par exemple: ils étalonnent les mesures de vin des Taverniers, et une fois l'an y apposent une fleur de Lys en signe de conformité. Ces Sergents sont intéressés aux bénéfices de la justice qu'ils exécutent, ce qui accroît singulièrement leur diligence !!!
Ils sont par ailleurs gagés et reçoivent chaque année une livrée ( robe neuve aux armes de la prévôté des Marchands). Quand au Guet il est assuré, à tour de rôle, par les artisans des métiers et leurs apprentis
Cependant du fait de la puissance acquise au fil du temps par les Prévôts des Marchands et les échevins, ils vont entrer en conflit avec les hommes du Roy, notamment avec le Prévôt Royal du Châtelet, son Lieutenant Criminel et leurs agents (voir article N°155)
Ce sont surtout les événements politiques de la guerre de cent ans qui vont fragiliser cette institution dans la seconde moitié du XIV siècle, l'heure est aux insurrections (voir article N°158), après la bataille de Poitiers (voir article N°331 et 332)
PS: documentation BNF et interprétation d'un texte de J Favier ....M de V
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