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vendredi 21 janvier 2022

Moyen âge le Voeu de Pèlerinage 2/3

Ce vagabond qui chemine courbé, son bourdon en main, dans ses habits usés de toutes ronces, des ardeurs du soleil, maculés des boues du chemin et des eaux ruisselantes, traverse inchangé toute la durée des siècles du Moyen âge....mais qui vous empêche de mettre vos pas dans les siens ?????

Avant de cheminer il nous faut cependant mieux cerner ce pèlerin médiéval, le saisir dans l'effort quotidien de son engagement, depuis son voeu jusqu'au matin radieux du terme de son voyage !!

Il n'existe guère, faut il le préciser, de mesure commune entre la puérilité des serments irréfléchis d'une civilisation comme la nôtre et la décision héroïque par laquelle un Seigneur, un Bourgeois ou un Paysan du moyen âge se font les vagabonds de Dieu !

Il ne me semble pas, mais le nain peut se tromper, que la satisfaction d'intérêts purement matériels, comme la réussite d'une entreprise humaine par exemple, aient inspiré un grand nombre de voeux.

 L'homme médiéval, je crois, n'attacha jamais à ses aises une importance extrême, la vie était rude au moyen âge et le Seigneur, le Bourgeois ou le Paysan ne l'étaient pas moins, mais ils avaient ce bon sens pratique de prendre sans rechigner ce que la vie leur offrait !






Sans doute que l'espérance légitime de retrouver la santé, pour soi même, ou pour un être cher, dicta t'elle plus souvent l'idée de prendre le cheminement. Dans l'état dérisoire pour ne pas dire désastreux de la médecine de l'époque, le recours au tombeau d'un Saint Thomaturge me semble révélateur d'un choix judicieux pour le vagabond de Dieu ! 

Les grands sanctuaires de pèlerinage grouillaient littéralement d'impotents, d'infirmes avec ou sans béquilles, d'aveugles et de goitreux, ainsi qu'un grand nombre de malades geignants et fébriles. Certains n'hésitaient pas à entreprendre les cheminements les plus éprouvants, se trainant de chasses en reliquaires jusu'à ce qu'ils trouvent un Saint qui veuille bien consentir à les guérir !!!

Le livre des miracles de Sainte Foy raconte comment un jeune paralytique, natif de Reims, parcourut la Belgique, la Germanie, l'Italie, pour finir par l'Espagne et Saint Jacques de Compostelle, d'ou il rentrera chez lui en passant par Toulouse. Il retrouvera l'usage de ses membres grâce à Saint Foy de Conques. Il ne m'appartient pas de douter, je cite juste ce qui est inscrit dans la chronique ! 

Précision: Pour sur le nain n'a confiance qu'en la pierre !, mais il a un profond respect pour les croyants de toutes confessions...tout en compissant et conchiant les intégristes de tout poils bien sur !









Toutefois on trouve au fond de pareils actes, l'esprit de pénitence, bien plus que celui d'aventure ou d'exutoire à un débordement de vitalité qui animait ces grands engagements. Quelques uns vont y subordonner toute leur existence, on trouvera de véritables professionnels du pèlerinage, finissant l'un pour commencer l'autre, éternels vagabonds de Dieu !

Il est presque impossible, selon les spécialistes, de déterminer dans qu'elle mesure le pèlerin médiéval obéissait au désir ascétique du " Désert ", c'est à dire ce refuge que procure des conditions de vie hors normes de l'époque, mais qui permettait en marchant aussi dans sa tête de méditer et trouver Dieu

On trouvera aussi tout un Quarteron de désenchantés, qui trouveront leur lot de déceptions, ceux qui emprunteront le cheminement du pèlerinage avec juste l'esprit d'aventure, de vagabondage, voir de simple curiosité humaine ou par simple envie de rapines. Le harassement quotidien du chemin aura vite raison de ce genre de pèlerins. Il est plus que probable que ces gens partis dans cet état d'esprit auront dévié du chemin et renonçé avant d'en atteindre le terme. Pour avoir discuté avec des pèlerins c'est toujours le cas actuellement (sauf pour les rapines bien sur ! )










Le vrai pèlerin, même chargé de ses ambiguïtés humaines, chaque jour faisait son chemin, suivant ses pieds il s'approchait chaque jour de son " Désert ", aspérités et orniéres usant chausses et poulaines avec dans son esprit l'espoir de trouver Dieu !

Et puis il faut se pencher sur le fidèle du moyen âge, sa vie de tous les jours, ce qui est difficilement imaginable de nos jours !. Il y avait cette proximité, je dirais même cette familiarité avec les leçons bibliques et l'exemple de tout ces Saints ayant fuit le monde avec ses attraits et ses vanités !

La mort elle même n'a pour ce fidèle ni le poids, ni la signification que nous lui donnons. Elle n'est pas pour lui cette hideuse Camarde ( mort ), trônant sur un royaume d'ombres, ni même ce squelette dansant dont le XV siècle popularisa l'image. il représente l'accomplissement d'un long et douloureux chemin s'ouvrant sur l'éternité !  

PS: Ayant moi même beaucoup marché tout au long de ma vie je ne peux qu'éprouver un profond respect pour nos pèlerins d'hier et d'aujourd'hui, car c'est avant tout une aventure solitaire, une rencontre avec soi-même...ce personnage que l'on ne connaissait pas forcement avant le cheminement M de V