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jeudi 15 février 2018

Société Domestique des Grandes Demeures

Dans ces grandes famille les relations de société étaient semi privées, semi publique, puisque les lieux domestiques (comme le dit un vers du Roman de Renart), étaient hantés par " privés ou estranges ou amis "

Donc trois catégories de commensaux ! Les Estranges étaient ceux qu'aucun rapport affectif particulier n'attachait au Maître de Maison.

De ses Amis, qu'il faut différencier de ses Privés, ceux ci étant liés par le sang ! Par amitié dit le roman, le loup et le goupil se nomment volontiers Oncle et neveu...!! La différence tenait plutôt au fait que le " Privé ", y avait son logis attitré, alors que " l'Ami ", s'il avait libre accès à la demeure et au chef de maison n'y faisait pas résidence.







 Les " Privés " formaient ce que nomme l'homme médiéval, le Ménage ou encore plus souvent la " Maisnie ". On peut trouver cette définition dans des Olim, datant de (1282), fin XIII siècle, je cite:

Sa propre Maisnie demorant en son Ostel, ce est à entendre de ceus qui font ses propres besognes et à ses dépens. 

Donc pour cette sorte de commensaux, logement commun, nourriture commune, en fait une équipe, dirigée par un chef et dont les membres oeuvrent ensemble à une tâche commune !! Assez semblable ou équivalent de la fraternité  monastique d'une Abbaye.


La population de cet Ostel pouvait être fort nombreuse ! dans l'Angleterre du XIII siècle, la Maison de Thomas Berkeley réunissait plus de deux cent personnes. Ou pour autre exemple, l'évêque de Bristol, qui pour transporter sa maisnie n'utilisait pas moins de cent chevaux, pour aller d'un de ses domaines vers un autre !!

La cohésion de groupes aussi vastes tenait au fait qu'ils étaient dirigés par une seule main, entretenus et nourris par un seul maître !






Cependant, cette maisnie, était franchement divisée en deux, d'un côté, et mangeant un pain moins noble si ce n'est plus noir ! ceux qui servaient, et qui logeaient dans des dépendances accolées à la demeure seigneuriale.

De l'autre, les maîtres, divisés en deux catégories distinctes, fonction de leurs charges, celles de la prière et celles du combat.


En premier lieu les " Clercs " formant quand la maison était de quelque importance un collège de Chanoines, ou le maître de maison, bien que laïc, siégeait en haute place !

Puis les " Chevaliers ", serviteurs de premier rang, car si les prières des chanoines profitaient à toute la seigneurie, la demeure n'en était pas moins une forteresse d'ou la paix et la justice rayonnait au travers de ces guerriers, de ces chevaliers, sur les terres du domaine et les territoires avoisinants.

Par conséquent, aux guerriers proprement dit qui appartenaient à la maisnie, venaient se joindre tous les hommes résidant alentour, dans leurs propres demeures, et qui avaient vocation de combattre pour ce seigneur .







Ils entraient par ce fait dans le privé du maître de ce château, recevant de lui pitance et harnachement, devenant pour un temps ses privés.

Lorsqu'ils regagnaient leurs demeures, après avoir fait campagnes et opérations militaires, ils restaient ses "amis ", liés par l'hommage lige, qui faisaient d'eux des parents supplémentaires.

Il nous faut d'ailleurs constater, que la vraie parenté de filiation ou d'alliance, attachait au chef de famille la plupart des Clercs et des Cavaliers qui l'assistaient.

Tous étaient, fils, neveux, cousins, légitimes ou bâtards, quand aux autres, il avait été donné pour épouse des filles de son sang.

Les établissant sur des terres loin de sa demeure, mais unis à celle ci par le puissant lien du sang, se fondant ainsi dans la maisnie !

La demeure assurait aussi une fonction d'accueil, s'ouvrant aux pauvres admis à recueillir " ce qui tombait de la table seigneuriale ", considéré comme une bénédiction, par le maître et sa maisonnée, ce parasitisme était un mal nécessaire et rituel.

La maison noble accueillait des jeunes pour les former, une école pour former et enseigner aux garçons bien nés les usages de la courtoisie et de la vaillance, ou les fils de ses vassaux venaient chez le suzerain faire leur apprentissage en chevalerie.

Enfin elle accueillait aussi les " estranges " ou passant voyageurs, pourvu qu'ils fussent de bon rang, conviés à la table pour s'y repaître, et même y boire jusqu'à l'ivresse !! puis de s'y étendre pour la nuit une fois planches et tréteaux de tables retirées !!

PS: et après bien sur que Menestrels ou Troubadours aient terminés danses chants et cabriole



                                                                 oeuvre de José luis Cabréra Pena