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lundi 28 février 2022

Le Droit de Prise, de Gîte, Pourvoirie et Repue

Au premier plan de toutes les exactions dont vont souffrir le paysan et le villageois du plat pays il nous faut ranger le Droit de Prise et de Gîte, de Pourvoirie et de Repue. Le Roy et les hauts Barons surtout, dont la suite était fort nombreuse exerçaient impitoyablement sur paysans et manants ce droit. dans les environs de Paris, et sur les domaines des châteaux et manoirs ou ils se rendaient

Ils étaient pillés, dépouillés et chassés de leurs masures par les officiers et fourrageurs de la cour. Ce droit de gîte et de pourvoirie remonte au temps de Charlemagne, il fallait bien que ses " Missi Dominici " expédiés dans les provinces y puissent vivres. Mais comme le but de leurs missions était de réprimer les exactions dont souffraient les paysans il semblait naturel que ceux ci leur fournissent nourriture et gîte

Seulement voila, après notre bon Carolus Magnus vinrent des temps calamiteux ou chaque puissant qu'il soit Royal, Episcopal ou Seigneurial n'ayant que leurs quatre murs, quittaient leurs domaines pour aller en visiter un autre. Alors le Roy, l'Evêque ou le Baron devait se loger, se nourrir et se meubler. Malheur à eux !, toute une cohorte de fouriers, porte chappes, aides de fourerie, preneurs, chevaucheurs, bouchiers, poulaillers s'abattaient autour du lieu visité et opéraient une véritable razzia

Brossons un tableau de ce que nos fourrageurs pillaient chez ces habitants des campagnes environnantes





Tout y passait mordious !, il y avait prise de blé, avoines et autres grains, vins, verjus et vinaigre, foins et feurrres (fourrages), chevaux, charrois et charrettes, harnois lits et couettes, puis coussins, couvertures, draps, nappes et touailles (torchons), mais aussi tables, bancs, tréteaux, huches, huchiaux et tranchoirs 

Pour les victuailles boeufs et vaches, moutons et pourceaux, aigneaux et chevraux, poulailles et chapons, oies et oisons, fromages et aussi buches pour le feu. Du logis à la basse cour on passait ensuite au potager et au verger que l'on dépouillait en un tour de main !!!!

Si la " Corvée " prenait son temps au paysan, la " Taille " prenait son argent, les " Banalités " taxaient son propre pain, la " Dime " ponctionnait ses récoltes et ce droit de " Prise " enlevait tout le reste quand Roys et Barons avaient le malheur de venir se balader sur leur secteur ...Bref c'était la zone !!

Seulement voila, ce n'est pas tout. On ne lui abandonnait même pas les quatre murs dépouillés de sa masure, comme corollaire et complément du droit de prise il y avait le droit de gîte, il n'était pas suffisant de les piller, encore fallait il les virer pour qu'ils aillent dormir ou ils pourraient. Bin oui putentrailles !!, dehors les pécores !! 





Le Roy et les hauts barons couchaient soit au château, au Manoir ou à l'Abbaye, mais la multitude des gens de leurs suites s'établissaient, sans façon, tel des Coucous, sous le toit du manant et du paysan, délogeant hommes et bêtes, à eux de se trouver un abri pour passer la nuit !

Manants et Vilains n'avaient pas même l'espérance de pouvoir retrouver une partie des biens qu'on leur avait enlevé, ou des victuailles non consommées, car seigneurs et barons faisaient preuves de largesses avec les biens pillés !

A chaque changement de gîte sur leur parcours ils distribuaient au matin, dans les  Maladreries et aux Maisons Dieu voisines, les suppléments non consommés des biens pillés !

Il en va de cette exaction qui dure dans le temps comme des autres, une fois bien établie il suffit de la légaliser en créant un nouvel impôt !!. On allait donc vendre des exemptions aux cités, Bourgs et villages, ou encore on le convertissait en une rente à verser une fois l'an !. 

Or donc, grâce à ces privilèges lorsque les pourvoyeurs officiels s'abattaient comme sauterelles sur un canton, ceux qui avaient payés exposaient à leurs portes les lettres patentes !!






Evidemment il fallait bien que nos pourvoyeurs arrivent à en plumer quelqu'uns, ils ne pouvaient rentrer les mains vides vers leurs seigneurs !, alors invariablement le fardeau retombait sur l'museau du manant et du paysans, qui trop pauvre pour payer était encore gros Jean comme devant !!!. Car sans clicailles dans l'escarcelle pas d'exemption !

Des lettres d'exemption sont accordées en Avril 1375 aux habitants de la Chapelle Saint Denis sur Ordonnance Royale, suite à des plaintes formulées par les résidants.

Plusieurs compagnies de Gens d'Armes, plusieurs fois, on fait et tenu long et grand séjour en ladite ville, ayant pris, mangé, bu, puis détruit et gâté grande quantité de biens d'iceux et pillé grande quantité de chevaux servant à labourer les terres arables


PS: la devise étant, " pour qu'il y ait le moins possible de mécontents il faut taper toujours sur les mêmes !! "...Il ne faut pas leurs jeter la pierre !, car à notre époque de Liberté, d'Egalité et de Fraternité....et bien c'est encore le cas !....M de V   

jeudi 24 février 2022

Les Banalités Au Moyen Age

Le Sieur de Brussel, auditeur des Comptes, dans son " Usage Général des Fiefs ", des XI, XII, XIII et XIV siècles nous fait connaître que les Hauts Seigneurs, Barons et leurs Vassaux étaient personnages aux doigts griffus. A tel point que si vous les jetiez au plafond ils s'y maintenaient facilement d'une seule main, la deuxième étant invariablement plongée dans l'escarcelle du manant ou du Vilain vivant sur ses terres !!!

Leur avarice dictait ou ils pouvaient ponctionner le manant afin de le tondre au plus près du cuir, il ne faisait pas bon être un campagnard du plat pays au Moyen âge. D'ailleurs on peu constater que dans nos fêtes médiévales actuelles on trouve fort peu de gens en costumes rêvant d'être un paysan de cette période !

Les premiers titres de " Banalités " sur Moulins, Fours et Pressoirs n'ont été que volonté dure et impérieuse de ces seigneurs à posséder. Si l'on remonte à l'origine des possessions seigneuriales l'entrave de ce privilège Banal était l'une des sources les plus sûres de leurs revenus !

Pause les Gens ! j'entend des faux derche dans mon dos qui récalcitrent, y disent que je fais d'la ségrégation ! Perso le nain a fait 25 ans de reconstitution Historique, et désolé, j'ai jamais vu de gens costumés en Bourbeux venant rêver qu'ils étaient paysans hein ! faudrait voir à pas faire son sournois m'enfin !









Chaque Moulin, Four et Pressoir était assujetti au Ban dont la circonscription s'étendait parfois jusqu'à cinq Lieues à la ronde !...chipotons pas, ça fait environ 20 Kms. Distance énorme pour le paysans de l'époque surtout si l'on tient compte de l'état des chemins, des périls et des moyens de locomotion de l'époque !!!

De plus si notre paysan est dans l'impossibilité de franchir cette distance et se mettait à frauder sur le blé, la farine, le vin ou les noix, on se saisissait de sa charrette et de son cheval ou de son boeuf !, puis on agrémentait cette punition d'une amende qui serait partagée entre le seigneur et celui que travaillait au moulin, au four ou au pressoir, notre manant était gros Jean comme devant !!!

Etant dit, que si le hasard faisait mal les choses et que le Moulin, le pressoir ou le four soit défaillant sur le domaine, les manants assujettis au Ban étaient obligés d'aller vers celui du Seigneur suzerain de son Baron qui se trouvait d'évidence beaucoup plus loin mordious !, portant eux mêmes blé au moulin, pâte à cuire au four, raisin au pressoir 

Seulement voila ! si notre paysan devait emporter plus loin et hors des limites du Ban ou il vivait ses matières premières il devait payer une taxe nommée " Moute sèche ", ce qui au final augmentait d'autant le prix de revient final de son pain. La première Banalité à disparaître sera celle du Four Banal, mais elle n'interviendra qu'au XVIII siècle !! 










Le seigneur avait également la banalité de " Tor et Ver ", c'est à dire qu'il était seul à avoir le droit de posséder un Taureau et un Verrat on lui amenait donc au montoir ses animaux, ce qui lui rapportait bien évidemment de gros bénéfices sur la reproduction 

Ces Banalités des Seigneurs, Barons et Ecclésiastiques tondaient à ras le paysan, profitaient de leur faiblesse, contraignant ces derniers à passer contrat avec eux ils n'avaient pas d'autre choix, c'était l'obligation de pourvoir à l'enrichissement du " Saigneur, (humour) " quel qu'il soit, et la Banalité ajoutée à la Corvée alourdissait sérieusement le Carcan du Paysan !!

Ajoutez à ces " Banalités " et " Corvées " l'impôt sur le Sel que l'on nommait Gabelle, car il en fallait pour cuire le pain !!. On est en droit de penser que l'on a toujours payé pour le sel, mais ce n'est que sous Philippe VI, Premier des Valois, que l'on va le réglementer et établir partout sur le territoire des Greniers à Sel, en voila une marchandise très lucrative pour le gouvernement !


PS: Oui je sais que c'est une Corvée de lire mes Banalités, mais faites un effort les gens si vous aimez bien le Nain M de V  

mercredi 23 février 2022

L'Insidieuse Corvée du Moyen âge

Cette Corvée est sans doute, de toutes les exactions Seigneuriales celle qui fut la plus odieuse et la plus justement détestée par les campagnards du plat pays, car elle est contemporaine des premiers affranchissements, bref le prix de la liberté contre des jours de corvées !!!

Comme l'asservissement était le résultat de l'usurpation violente des terres, la Corvée pour le Franc Tenancier, se trouve frappée d'iniquité dès son origine !

Pour un Serf dans sa vie de misère qui ne pouvait donner de l'argent, n'ayant déjà pas toujours du pain pour lui et sa famille, donnait en lieu et place son temps, son corps et son travail, la Corvée dans son principe devait être moins lourde que l'achat ou le Bail pour le Franc Tenancier !

Mais la Corvée répondra et satisfera à tous les travaux que put réclamer le châtelain souverain sur ses domaines. Or donc le manant, en plus de son travail sur son lopin de terre, fournissait charrois et charrettes, harnois, bêtes et conducteurs pour les besoins du château, curer les fossés, battre les douves du château afin de protéger le sommeil du seigneur pendant la saison du chant monotone des grenouilles !!!

Ne riez point les gens j'ai fait un article sur le Blog au sujet de ces grenouilles médiévales, mais encore à notre époque nous avons des vacanciers qui se plaignent du chant de ces charmantes bestioles la nuit !!!






Ils transportaient également les matériaux pour la construction du château, du moulin et du four Banal, ainsi que pour leurs réparations. Ils vidaient les écuries et portaient le fumier aux champs et rentraient les chaumes

Quand le besoin se faisait sentir ils oeuvraient aussi avec les ouvriers Maçons, couvreurs, tailleurs de pierres et charpentiers, donc ils étaient portefaix, si vous préférez manoeuvrier, pour le château, église ou Abbaye. Mais ils entretiennent aussi les chaussées du domaine, curaient les étangs, stabilisaient les berges des rivières et le bief du moulin

Si par malheur notre manant restait sourd à l'appel du cor qui le matin cornait l'appel à la Corvée il était passible d'une amende et le Seigneur du lieu, était en droit, en guise de punition, d'enlever portes, volets et fenêtres (si tant est qu'il y en eut), de leurs modestes masures !!!

Quelques uns lavaient le linge du château, d'autres plumaient les volailles prévues pour leurs agapes et s'ils avaient de la chance on leur abandonnait les plumes, les abats, têtes et col !, munificente faveur mordious !!! voila une générosité que le paysan ne risque pas d'oublier jusqu'à la fin de ses jours putentrailles !!!






Si Roys et Parlements s'opposèrent à la tyrannique et fort lourde main des seigneurs et barons, des ecclésistiques et Abbés Mitrés des Monastères de tout poil, nous ne pouvons que constater l'échec et la complète impuissance des ces derniers !

Ajoutons qu'ils n'étaient pas les seuls, car il y eut même des villes qui se firent accorder, sous Charles V le Sage et sous Charles VI le Fou, son fils, des Corvées sur le dos de nos campagnards afin de travailler aux fossés, murailles, tours et portes de leur cité !!. On se pose la question ?, une fois que le malheureux paysan avait donné au seigneur, au clergé ou à la cité ses trois jours de corvées par semaine...que lui restait il ????

Ajoutons à ces trois jours par semaine, les 52 dimanches chômés, puis les nombreuses fêtes religieuses, si lucratives pour le clergé, mais chômées également par le paysan il lui restait fort peu de temps pour nourrir sa famille et travailler son champ !!!

Il faut ajouter à cela les temps de troubles et de guerres, dont trêves et traités allongeaient la durée comme escargot sur salade !!. C'était encore le paysan qui en subissait la plus grosse part, mais la encore quand ils se réfugiaient en château, abbaye ou cité on hésitait pas à les utiliser mordious !!






Nos manants du plat pays abandonnaient au fer et aux flammes leurs masures pour se réfugier derrière les murailles ou Seigneurs et Barons des châteaux, Abbés Mitrés des Abbayes et Baillis des cités, ces gens qui prennaient si souvent sans rien rendre, leur donnaient asile mais leur imposait le " Guet et l'Echauguette "

Bien sur manants, vilains et châtelains se réunissaient derrière la muraille contre l'ennemi commun et de leurs bras aidaient à la défense, risquant leurs vies sur les remparts afin de faire pleuvoir sur l'ennemi tout projectile utile !

Mais voila encore une fois cela va se retourner contre eux, car par une Ordonnance d'avril 1479, le Roy Louis XI, subissant la pression de ses Barons, va reconnaître comme droit de châtellenie le " Guet " ordinaire et annuel, autorisant les seigneurs à l'exiger même en temps de paix ....!!!

On considérait le paysan comme noix en pressoir. A ces seigneurs tout était bon même le crouton !!!. Et ce droit de Guet pourtant contraire aux habituelles Corvées fut une grande vexation pour les manants du plat pays, car pour être protégé il fallait payer de sa personne, et pour échapper à ce Guet, qui était devenu un devoir, il fallait payer 3 Sols..Bref le pécore se faisait plumer comme un vulgaire poulet !!!


PS: Même si le Parlement avait refusé l'enregistrement de cette Ordonnance de 1479, Charles VIII la renouvelle en 1489 et Louis XII fit de même en 1501 au début de la Renaissance ...M de V

vendredi 18 février 2022

Les Légistes du Droit Romain

Parmi les causes qui contribuèrent à saper la Féodalité dans son fondement, on trouve au premier rang l'étude du Droit Romain, qui bien que proscrit par le Pape fut autorisé en France par Louis IX (Saint Louis) 

Le code Justinien avait été si profondement oublié que l'on pourrait croire qu'il avait été retrouvé et dépoussiéré autour de l'an 1137. Il fut remis en lumière et des Légistes vont commencer à apparaître dans la seconde moitié du XII siècle, au nez et à la barbe de nos ecclésiastiques !!

Il faut savoir que seul le Clergé avait de l'instruction, sachant lire et traduire le Latin et les Clercs Laïcs qui faisaient sous leur férule des études profitaient peu de l'abondante manne qui engraissait le Clergé, ils souffraient au contraire de l'avarice et de l'orgueil de ces prélats

Ces Clercs vont s'armer du Droit Romain pour combattre les ecclésiastiques et les Nobles aux mains desquels appartenait le pouvoir et la juridiction. Rome vit rapidement le danger et le Pape Honorius interdit l'enseignement du Droit public à Paris en 1219, puis en 1254 le Pape Innocent IV va le prohiber dans tout le royaume de France. C'était facile pour eux puisque pratiquement tous les enseignants étaient des religieux !!. Autant ils avaient été utiles au début du Moyen âge en protégeant les savoirs pendant les grandes invasions, autant ensuite ils freinaient l'évolution en contrôlant ces savoirs !!!





Mais pendant que Rome s'escrimait à proscrire le Droit Laïque pour protéger le Droit Canonique, les Seigneurs et les Hauts Barons, jaloux du Clergé, aidèrent à l'introduction du Droit civil, et Louis IX va même faire traduire en Français et dans sa totalité le corpus du Droit Romain

Le système judiciaire de l'époque était calqué sur le système canonique, mais pratiquement inaplicable à cause de la négligence des seigneurs et des Barons. Les absences répétées de nos bons sires avec les guerres et les croisades vont faciliter l'intrusion d'une nouvelle classe d'hommes voués principalement à l'administration de la justice !

Clergé et Légistes vont se faire une guerre sans merci ou les coups tordus, de part et d'autre, ne vont pas manquer et bientôt des Traités d'union furent signés entre légistes et Barons, contre cette intrusion continuelle des ecclésiastiques dans la justice Laïque !

Le XIII siècle regorge d'exemples, je vais pour la petite histoire vous citer un texte de 1246, écrit par des Clercs sous la dictée de nos Hauts Barons du royaume et la substantifique moelle en est savoureuse, comme dirait un Auteur né à la toute fin du moyen âge le divin Rabelais, autour de l'an 1483 ou 1484 !!








Ou il est dit en substance : Qu'aucun Clerc Religieux ou Laïque ne doit trainer qui que ce soit devant un Juge ou son délégué, sauf pour hérésie, mariage et usure !!. Sous peine pour l'infracteur, de la perte de tous ses biens et de la mutilation de l'un de ses membres. Ceci afin que notre juridiction revive et respire enfin !!

Ils enfoncent le clou en disant : Que ces hommes enrichis de nos dépouilles soient réduits et demeurent à l'état de l'église primitive de laquelle ils sont issus, et qu'ils vivent dans la contemplation, pendant que nous ménerons, comme nous le devons, la vie active, qu'ils nous fassent voir par la prière des miracles que depuis si longtemps notre siècle ne connait plus !!!

Ce genre d'écrits et débats seront les préliminaires de la célébre querelle mettant aux prises le Juriste Pierre de Cugnères avec l'Evêque d'Autun Pierre Bertrand au début du XIV siècle (1339), époque ou le droit Canon essuya les plus rudes coups. Mais à la lecture de ce texte dicté par les Nobles, on constate que cette prise de position est au profit personnel des Barons et non à celui des Légistes  

Les Légistes eux, étaient autant ennemis du droit Canon que du droit Féodal et nos Juristes feront remonter au Roy tout droit et toute justice  !!








Ils eurent bientôt, hurlant à leurs chausses, nobles et clergé !, qui tout bien évalués étaient gens de même farine mordious ! ils se disputaient entre eux les lucratives balances de Thémis. c'est ainsi que sera écrit le droit civil et il allait grandir sur les ruines du droit Canon et du droit Féodal...il y faudra de la patience et du temps

L'étude du droit Romain et son application doit beaucoup à Philippe IV le Bel, le Roy de Fer. Ce monarque était hostile aux intérêts des ces Hauts Barons et Seigneurs brouillons qui dérangeaint sa vision hégémonique du pouvoir. 

C'est avec ses Juristes que dès 1288 il défend aux Ducs, Comtes et barons, mais aussi Archevêques, Evêques, Moines et Abbés d'exercer la justice séculiaire, les enjoignant de faire nommer pour l'exercer sur leurs terres, des Prévôts, des Baillis et des juges Laîques dépendants de la couronne !!

On est sur d'une chose c'est que personne n'allait hurler à ses chausses pour récriminer, car mal en prenait à ceux qui se mettaient en travers du chemin du Roy de fer, un Pape et les Templiers en ont fait les frais !!








Très tôt les Légistes, au nom du droit naturel mettront en doute la légitimité du servage, faisant hurler Ecclésiastique, Seigneurs et Barons que d'entendre à leurs oreilles ce genre de chanson !, Diantre c'était pour eux la porte ouverte à toutes les fenêtres mordious !! 

Un Juriste tel Beaumanoir dit je cite : Selon le droit naturel chacun est Franc en France, au commencement tous furent Francs et de même Franchise, car chacun sait que nous descendons tous d'un même père et de même mère !, et de quelque manière  que les Serfs soient venus, grande aumône fera le Sire qui les ôte du Servage et les affranchis, car c'est grands maux que chrétiens en serve condition !!!



PS: tout ce temps et ces empoignades de Légistes pour en arriver à nos Juristes et autres Maîtres du Barreau avec leurs grandes envolées de manches, qui nous coûtent bien souvent un bras en plus des Clicailles de nos escarcelles  M de V 

mercredi 16 février 2022

N° 425) Le Poids de la Dîme Sur le manant du Moyen âge

En voila une taxe qui fera du mal aux pauvres du Vilain au Manant. Au départ on avait emprunté à l'ancienne loi Juive une de ses institutions " La Dîme ", c'est à dire que l'on impôsait sur la propriété individuelle, mais à la condition d'associer pour une part le pauvre, reversant au manant un peu de la fortune du riche !

Grande et magnifique idée !, vraiment chrétienne, mais qui entre les mains du Clergé allait dégénérer au Moyen âge et cette Dîme qui devait soulager la misère du peuple allait bientôt peser sur celui ci d'un poids écrasant. On allait les tondre comment moutons et bien heureux s'ils conservaient le cuir après leur passage !

Le concile de Tours en 567 et celui de Mâcon en 585 exortent les fidèles à donner la dîme sur leurs biens aux églises, c'est alors que l'on constate éberlué la progression que suivra le Clergé dans ses évoluantes exigences !. Si dans le premier concile il invite à donner la Dîme au Clergé, dans le second c'est un ordre qu'il intime en l'accompagnant d'une menace d'excommunication !

Inutile de rappeler que le peuple pour sa grande majorité est très croyant et le menacer d'excomunication était terrifiant, il ne pouvait y avoir pire punition pour le croyant, je sais qu'à notre époque cela peut prêter à rire, mais au moyen âge cela ne faisait pas rire du tout !!!!









Le principe une fois admis les exigeances de l'église seront en progression constante. Le Pape Alexandre III lança l'excommunication contre ceux qui refusaient de payer la Dîme, non seulement sur les fonds, mais aussi sur les moulins, les rivières, les près, les laines, les abeilles et bien sur sans oublier dans les cités le soldat, le négociant et l'artisan !

Il est dit dans le concile de l'an 909 : " Que tout homme sache que l'intelligence dont il tire sa nourriture lui vient de Dieu et qu'il lui en doit la Dîme ", pour sur que comme ça on risque pas d'oublier quelqu'un mordious 

En 1180 le Monastère de Saint Bertin, près de Calais, va obtenir le droit de prélever la Dîme sur la pêche du Hareng !. Les Calaisiens vénères jurent qu'ils aimeraient mieux  décimer les moines que de voir leurs pêches décimées par eux. Malheureusement pour eux ils seront obligés de céder en 1195. Nos Prélats vautrés dans un luxe proverbial allait donner à la langue Française une expression nouvelle se prélasser !!!! 

Celestin III ordonnera d'établir la dîme sur la chasse puis sur la paye des soldats. Ces derniers étant fort peu souvent payés se voyaient dans la nécessité de rapiner manants et vilains pour éviter les foudres du Clergé !










Les Canonistes du Clergé allérent plus loin dans la rédaction de leur Traité des Dîmes, l'église poussait jusqu'à exiger des filles follieuses, les ribaudes et bordelières qu'elles associent la dîme aux bénéfices de leur travail...Bref la paillarde devait payer putentrailles !!!

Pendant ce temps la, le pauvre paysan se mettait sous la dent ce morceau de pain provenant de son blé mais qui était taxé trois fois, la dîme sur ses gerbes de blé que le décimateur de l'église venait prendre sur son champ, puis la taxe au moulin seigneurial pour avoir sa farine et une autre fois quand il portait au four Banal sa pâte à cuire !!

C'était pour le malheureux campagnard un pillage de tous les instants, car bientôt à côté des grosses dîmes on trouvera les moyennes puis les menues. Il sera même inventé une Dîme verte, frappant les produits du verger et du jardin, pommes, poires, cerises et autres fruits, puis les raves, choux et oignons du potager

Le paysan se laissait dépouiller, habitué qu'il était de l'être, s'estimant presque heureux de n'être tondu qu'à sa mort, par ce prêtre, qui venant l'absoudre comme mourant inventoriait le mobilier pendant son pieux ministère. Car après le décès il viendrait faire son choix. Cette extorsion c'était le Tierçage, le curé s'attribuait le tiers du mobilier à la mort de chacun de ses paroissiens !!!









Quand à vous dire si ce Tierçage faisait partie de la grosse, la moyenne ou la menue Dîme je ne saurais vous dire ????. Mais en Bretagne en l'an 1288, les plaintes des pauvres Ahaniers furent si vives que le Duc, Jean II, abolit le Tierçage, sacrilège mordious !!, le clergé va remuer ciel et terre et députa des émissaires au Saint siège de Rome afin de demander à l'autre en Tatanes brodées une mise en interdit des états du Duc !!!. Cependant l'arme brandie de l'excommunication dont l'église menaçait le peuple commençait à s'émousser et Rome va laisser l'affaire en suspend.

Mais pour conclure, parlons des pauvres Ahaniers, ces manants libres, tout le poids social leur tombait dessus, comment osaient ils posséder terres et Alleux mordious !, du moins dans les régions ou il en restait !. Ces derniers voyant que l'on exigeait plus qu'ils ne pouvaient donner ou qu'ils possédaient préférèrent ne plus rien posséder et ils se donnaient eux mêmes avec femmes et enfants aux moines, aux curés et seigneurs, bref à ceux qui voulaient bien d'eux !!!

Nota: Sous l'Abbé Richard (dit Delamare),de L'Abbaye de Jumièges, à partir de 1191, on trouve noté que l'office de Sacristain était un poste très important et surtout très lucratif. Ce poste ne consistait pas uniquement à s'occuper des vases sacrés et du mobilier des lieux de cultes de l'Abbaye, il y avait aussi un revenu attaché à cette charge, " le droit mortuaire " sur toutes les paroisses de Jumièges, droit qui consistait à prendre le meilleur habit de chaque défunt, ainsi que le tiers de ses meubles !!!


PS: bon j'voudrais pas faire mon sucré hein !! mais....y en a qui disent que quand on connait pas son histoire on a point d'avenir !!! ne sommes nous pas tondus d'une autre façon avec nos crédits auto, maison, les études des enfants, les assurances et les mutuelles..Heuuu je continue ou j'arrête la ????...M de V

lundi 14 février 2022

Sournois Innocent III avec les Albigeois !

A toutes les causes de guerre du Moyen âge vint s'en greffer une autre, le fanatisme religieux entretenu par nos gras Prélats, nous en trouvons les effets du XII au XVIII siècles. Ces guerres de religion ne cessèrent d'attirer la misère sur les populations de nos campagnes qui ne pouvant fuir subissaient, comme si le paysan n'en avait pas à suffisance !

La guerre contre les Albigeois en fut un bel exemple, ces gens des provinces du Midi, qui plus rapprochées du foyer de l'ancienne civilisation jouissaient d'une plus grande indépendance, de prospérité et de richesses que celles du nord de la France

Il ne faudra pas les pousser bien fort pour qu'ils se ruent sur le Midi, apportant ruine, destruction et incendies. Ces gens du Sud avaient le tort impardonnable d'êtres à l'avant garde d'une société émergeante, c'est crime capital mordious !que d'être en avance sur son époque

Tout débute par un riche négociant de Lyon, Pierre de Vaud, s'érigeant en réformateur des moeurs après avoir distribué aux pauvres sa fortune, faisait de l'abandon de ses richesses une règle commune parmi ses disciples !








Ce n'était que la loi évangélique ramenée à sa pureté primitive que ce renoncement aux biens terrestres pourtant !. Mais voila si nos ecclésistiques prêchaient cette théorie ils en maudissaient la pratique et elle fut poursuivie à l'égale d'un crime !

Que de gras prélats, d'Evêques bebondainants, d'Abbés gavés et confits vont s'insurger. Le Pape à Rome en fit tout autant, car s'il voulait bien porter le Titre de Serf des Serfs ou de Serviteur des Serviteurs, il ne comptait nullement ôter sa mule brodée de sur les couronnes et les trônes tout en laissant affluer vers ses doigts crochus l'or de la chrétienté !

Les provinces du Midi étaient acquises à l'hérésie des Albigeois qui dominait  dans les territoires de Toulouse, Béziers, Albi, Foix, Carcassonne et de la Gascogne. Nos Hérésiaques y étaient en odeur de Sainteté (si je puis dire), vu qu'ils n'étaient astreints ni à Garde, ni à Guet, ni à Taille !

Mais qu'étaient donc ces mécréants qui osaient dans leur outrecuidance êtres relativement heureux, honnêtes, riches et libres ?. Alors le terrible Innocent III, colère tout rouge, toujours avec ses mules brodées, allait se déchainer le fourbe !









Il va soulever contre eux toutes les forces de Philippe Auguste, ainsi que tous les traînes misères avides de rapines. Pendant ce temps des Clercs, docteurs en droit Canon, et amoureux de leur prochain allaient interpréter avec complaisance quelques passages de Saint Augustin afin d'établir une loi

Ou il est dit que les hérétiques n'ont droit de rien posséder et ne peuvent ni acquérir ni transmettre !. Que voila une fière maxime qui agitée telle un carotte sous le nez de nos fiers barons du Nord et de leurs portes lances va grandement les motiver eux qui ne rêvent que clicailles et rapines !!!

Ce fut pendant trente cinq ans une fureur d'extermination, d'incendies et de pillage en règle, partout ou une armée passait elle ne laissait que ruines, déserts et morts putentrailles !. 

Dans cette guerre dites Sacrée on pouvait sans remords comme sans obstacles piller et massacrer et un Simon de Montfort, Comte de Leicester n'est plus qu'un sanguinaire âpre à la rapine pour la postérité !











Or donc causons stratégie ! dans laquelle nos braves soldats de Dieu dès l'aurore entendaient messe, ces dévots hypocrites la suivait en fermant les yeux sur leurs atrocités de la veille, puis après un léger repas déployaient leurs escadrons autour d'une ville, afin de la tenir en respect. Ensuite on détachait des gens qui comme une armée de sauterelles équipés de pioches et de haches démolissaient les maisons, certains allaient déraciner et arracher les vignes, pendant que d'autres armés de faux ruinaient le travail et l'espérance du laboureur

La nuit seule interrompait le saint travail de nos sournois croisés et tout recommençait le lendemain. Pendant près de trois mois les citadins de Toulouse assistèrent à ce triste spectacle !. Les paysans fuyaient vers les cités, c'était de cette façon qu'ils poussaient les gens à se convertir en les humiliant et en leur ôtant cette terre qui faisait leur orgueil

Mais c'était toujours le Manant, le Vilain du Midi qui payait le prix fort, car on épargnait souvent le seigneur retranché derrière les murailles de son Donjon, cependant si les murailles du seigneur venaient à êtres détruites par les croisés c'était toujours le Manant qui allait les relever grâce aux jours de corvées qu'il devait au seigneur









Quand bien même ce seigneur du Sud serait fait prisonnier par nos pieux croisés, il lui suffisait bien souvent de faire pénitence et puis payer une généreuse amende à Rome, ensuite par des tailles abusives il récupérait la somme sur manants et vilains de ses terres

Ce ne fut en fait qu'une guerre privée déguisée en croisade qui fut déclenchée par un pape cupide et vénère, en pantoufles brodées, qui voulant asseoir sa religion envoya une armée de barons ne rêvant que clicailles et rapines !


PS: autre hypothèse de votre copiste en conclusion, c'est que nos ecclésiastiques vautrés dans un faste outrancier auraient avant la lettre subodoré dans les agissement de Pierre de Vaud comme une sorte d'ancêtre de Wycliff, d'un Jean Hus voir plus tard de Luther ???...le nain vous laisse à votre propre interprétation .....M de V

vendredi 11 février 2022

Etre Aubain au Moyen âge

Le pauvre Manant de Laboureur courbé sur le sol, qui a confié la semence à cette terre qui ne lui appartient pas va attendre 9 mois pour arracher à ses vastes flancs le fruit de son labeur. Il se cramponne à elle des ongles et des dents, il mourra s'il le faut en attendant la récolte la ou il a semé !!

Hélas elle lui manquait souvent cette terre que les rutilants Fer-Vêtus, les Abbés Mitrés et les Evêques avaient accaparée et sur laquelle il avait juste le droit de travailler sans jamais la posséder

Certains Manants désertaient cette terre essayant d'améliorer leur condition, passant d'une Châtellenie, d'une Province, parfois même d'un Royaume dans un autre. Notre Vilain devenait " Aubain " sans conserver dans cette fuite l'espoir d'un sort meilleur. On connait les rigueurs du droit de l'Aubainage. Le Serf entrant dans le domaine d'un nouveau Maître se faisait tondre par celui qu'il quittait pour se faire plumer par celui ou il s'installait. Il avait " Bonne Aubaine " le nouveau Seigneur, mais pour notre Manant c'était juste éviter le mal pour rencontrer le pire ! 

Celui qu'il venait de fuir gardait tous ses biens et tout ce qu'il allait amasser sur son nouveau lopin appartenait (sauf s'il a un enfant) à son nouveau Maître. Notre paysan n'avait comme horizon possible que le bout de son champ !!!






De plus notre Vilain devait payer le droit de " Fors Fuyance " pour obtenir la permission de passer dans un autre domaine et il lui fallait encore payer 3 Sols de " Bienvenue " au Seigneur du domaine qui lui donnait sa précaire hospitalité

Il était fort difficile au paysan de bouger de place tant les seigneuries émettaient de limites étroites, sans risque pour lui de devenir Aubain. Il suffisait seulement, selon l'expression de l'époque, d'aller hors Baptême, car il lui était interdit de passer d'une paroisse à une autre, sans cause légitime ou sans urgente nécessité !!!

L'aubainage était en réalité le servage dans toute sa rigueur. Il en allait de même pour les étrangers isolés et sans protection qui en étaient réduits à se faire Serfs !!, ils ne possédaient rien, ne léguaient rien, bref " moritur ut servus " mourir et servir !!!!

Si nous prenons par exemple le Juif au Moyen âge, c'est un Aubin, et selon le droit, le Roy lui succéde à cet Aubin quand il meure, mais pas seulement de ses biens, également ceux de ses enfants et descendants mêmes nés en France !!!. Il était toléré car étant le seul à pouvoir faire selon la religion de l'usure et du prêt à intérêts






Or donc Roys, Princes, Hauts Barons, Evêques et Abbés dépouillent de leurs biens les étrangers qui fuyants en vain n'ont aucun asile sur terre, l'antique hospitalité est remplacée par l'odieux Aubainage !

Puis des exactions nouvelles s'introduisent peu à peu et se glissent en tous lieux. Déjà commencent les entraves apportées aux moyens de communications, cet élément primordial à toute civilisation. Il faut payer pour circuler sur les routes, les ponts et naviguer sur les rivières et ceci devient légitime à force d'ancienneté !

Chacun veille jalousement sur ses biens, faisant profit de tout, s'entourant de barrières et d'interdits afin d'empêcher ses sujets de sortir et ceux du seigneur limitrophe d'entrer. c'est l'immobilisme complet ou même le voisin est l'ennemi. Chaque Châtellenie, Abbaye ou domaine de quelque importance devient un petit royaume !

Ce n'est que sous Louis IX (Saint Louis), que l'on va travailler à adoucir les effets de l'Aubainage. Dans les " Etablissements de Saint Louis " il est dit: tout étranger venant en la châtellenie d'un Baron, sans le reconnoître pour son seigneur, sera dans l'an et le jour exploitable à merci par le dit seigneur. S'il vient à mourir sans avoir légué quatre Deniers au Baron, tous les meubles de l'étranger lui appartiendront !. Voila un changement qui semble intéressant même si ce n'est pas l'extase !!!!









Car dès lors, ce n'est plus qu'une menace !, aux effets de laquelle le manant ou l'étranger peut se soustraire !, à la condition bien sur de s'avouer l'homme du Baron et de lui payer ses quatre Deniers !

Puis bientôt, les héritiers prirent les biens de leurs géniteurs en payant dans le jour qui suit l'inhumation quatre Deniers sur " bourse neuve ", expression voulant dire que le légue passe du père décédé à son fils. L'aubainage ainsi modifié se retrouve jusqu'à la fin du moyen âge dans la plupart des coutumes

Nota: il faut savoir que la législation qui régit les Aubins régissait également les " Bâtards ", car fort nombreux à une époque ou Prêtres, Eveques voir mêmes Abbés Mitrés, donnaient l'exemple d'un concubinage qu'ils dissimulaient à peine !!. Mais ils avaient pris leurs précautions, on trouve ici deux législations, l'une à l'usage du vil Manant de l'artisan ou du Bourgeois, puis celle à l'usage des hautes castes dirigeantes !!!



PS: Or donc, en conclusion. Pour le Seigneur ou le Souverain quelle belle Aubaine que d'avoir un Aubain sur son terrain....Bin quoi ça rime m'enfin !!...M de V

jeudi 10 février 2022

L'autre Vision du Bourreau Médiéval

Quand bien même !, je sais, j'ai déjà écrit sur le sujet, il me fallait préciser la place qu'occupaient nos seigneurs justiciers, qu'ils soient Grands Ecclésiastiques ou Hauts Barons !, ils distribuaient les peines sous la seule dictée de leur volonté arbitraire. Notre imagination à peine à concevoir jusqu'ou pouvait aller la férocité de leur justice répressive !

On faisait règner, à cette époque, l'autorité par la terreur en multipliant les sévices que l'on pratiquait sur un même condamné, si tant est qu'il fut coupable, et à la moindre petite faute !

L'officiant était donc le bourreau, avec ses aides, l'homme savait pousser fort loin l'art du tourmenteur, et ce, bien sur, à la hauteur de l'imagination des juges des tribunaux. Il connaissait à fond l'anatomie du corps humain, à tel point qu'il aurait pu sans façon donner des leçons aux ignorants médicastres de cette période médiévale qui dura 1000 ans. Je vais essayer de vous brosser un tableau de ce que représentait le personnage !










Inutile de préciser qu'il n'avait rien à voir avec le triste paria, qu'était un bourreau du début du XX siècle, avec sa triste machine à trancher les têtes, qui péniblement arrivait dans l'ombre à escamoter quelques têtes par an, alors que jadis cette vedette des places publiques moissonnait...Ohooo faut pas comparer m'enfin !, Y avait un artiste la !

C'était le Maître des Hautes Oeuvres, le Tourmenteur Juré, un bon catholique citoyen de moeurs irréprochables, vivant seul ou marié, mais avec la fille d'un autre bourreau, cercle très fermé ou ils vivaient entre eux

Sa science était immense et dans certaines grandes cités, comme Paris, il était une sorte de Star du théâtre de rues que l'on venait voir officier. Il pouvait sans souci se vanter d'avoir plusieurs cordes.....à sa potence ( Oups,désolé je m'égare !), bon OK je vais faire gaffe à ce que je dis promis !











Néanmoins le Feu, l'Epée, la Hache, la Fosse, l'Ecartelage, la Roue, le Sac, la Fourche et le Gibet n'avaient point de secret pour lui, il maîtrisait le bougre. Car il savait traîner les corps, les poindre, les Piquer, Echeler, Briser dents et os, mais aussi brûler les yeux, couper poings et pieds, nez, lèvres et oreilles

C'était un artiste de la pendaison, malheur au condamné qui l'insultait en montant à la potence, car il savait au kilo près de qu'elle hauteur il devait le faire choir pour briser ses cervicales ! et s'il désirait plaçer le noeud de façon différente et le faire tomber de plus bas...il dansait un long moment au bout de sa corde !!!Très mauvais plan de la part de l'ingénu qui comptait en l'insultant se venger du bourreau avant que de trépasser, mieux valait en sous main payer pour abréger ses souffrances !









Il pouvait vous coudre dans un sac et vous jeter à l'eau, estrapader, fouetter, marquer, tenailler les corps, puis répandre sur les plaies ainsi faîtes le plomb fondu, l'huile ou la poix brûlante, ou le souffre et la cire mélangés auquels l'on mettait le feu ensuite suivant les directives des juges !

Il savait démenbrer, rompre ou écorcher vif un condamné, voir le faire bouillir ou rôtir finement selon la décision du tribunal, quel luxe dans la pénalité !!. Ainsi le voyageur Médiéval pouvait constater que nul peuple n'approche le Français dans l'art de martyriser les condamnés

Humain à sa manière il pouvait faire preuve d'une certaine galanterie avec les Dames, sauf ordres des juges. Mais il pouvait à l'occasion,lancer un bûche sur sa tête afin de l'assommer pour lui éviter la souffrance des flammes du Bûcher









Selon la loi au Moyen âge on ne pendait pas les femmes, par respect pour la pudeur, mais on faisait bien pire puisqu'en lieu et place elles étaient enterrées vives. La encore, le bourreau dans un geste de pitié pouvait assommer ou écraser le larinhx de la condamnée pour hâter son trépas

Notre Maître des Hautes Oeuvres accompagnait aussi les bannis jusqu'aux limites de la zone de pouvoir des juges dont il dépendait, et en signe d'exclusion leurs fournissait un vigoureux coup de pied de par le cul !

Le Pilori était son théâtre, l'échafaud son trône, on l'y voyait dans toute sa gloire, les exécutions étant annoncées sur toutes les places publiques par des officiers de justice, sommant les habitants d'y assister, ou d'y envoyer, à tout le moins, une personne par foyer !









Il avait l'orgueil de l'importance vitale de son métier, que sa conscience lui inspirait, pour le reste il avait vu et tourmenté tant de gens, que la particuliarité de son métier lui échappait. Mais mille fois plus heureux était l'exécuteur Juré de Paris, auquel le destin, et surtout les juges, accordaient les plus beaux cas à tourmenter. Il voyait à cent lieues à la ronde, les bourreaux et leurs aides, venir dans l'intérêt de leur instruction voir travailler le bourreau de Paris

Ce dernier excellait dans la question préparatoire, comme dans la question préalable, ordinaire ou extraordinaire, il était la pierre angulaire de l'édifice féodal judiciaire. En plus du paiement de son travail en tant qu'exécuteur, il pouvait comme un seigneur lever la taille à sa façon, prenant au marché tout ce que sa main pouvait contenir dans hottes, étals, sacs ou paniers des marchands. contrairement à ce que l'on pourrait croire le Bourreau n'était pas pauvre !!!



PS: Il faut bien avouer, la je vais me faire aimer !, que l'on doit à la religion triomphante du Moyen âge l'importance du Bourreau, elle qui organisait la société selon ses désirs. Si pour une grande part de la société la mort du coupable suffisait, l'église elle demandait le marthyre, l'expiation, la torture...j'entend déjà les chiens hurler à mes chausses M de V

lundi 7 février 2022

Le Formariage

Notre Manant privé de tout droit civil, mort pour lui même, ne vivant que pour autrui, ne pouvait naître, travailler et mourir qu'au profit du Seigneur Laîc ou Ecclésiastique. Tout ce qu'il gagnait par son travail appartenait au Baron, Abbé, Evêque ou même curé de lieu ou il logeait !

Il ne pouvait vendre, aliéner ou transmettre à un homme libre, ni même à Noble sans l'accord du Sire dont il dépendait. Ce dernier pouvant reprendre la terre la faire cultiver par un autre, car si le Seigneur se doit de servir au mieux le fief donné par son suzerain. Le Serf vivant dessus doit en quelque sorte " servir sa servitude !! "

Le mariage et le célibat des gens de Main morte étaient à l'entière discrétion des gentilhommes, chevaliers Fiefés ou Barons. Le coeur ne comptait pour rien et il ne pouvait battre au delà des limites du Châtel ou de l'Abbaye dont ils dépendaient 

Alors imaginez l'injustice qu'ils pouvaient ressentir quand ils voyaient les gens des cités qui peu à peu s'allégeaient de ces carcans et de ces chaines, car elles pèseront encore bien longtemps encore sur le pauvre Paysan, le Vilain du plat pays !!










Le père ne peut marier sa fille à son gré, la veuve sera contrainte de prendre un nouveau mari, du moins tant qu'elle aura la possibilité de procréer !, et ne peuvent se marier qu'avec une personne de même condition et appartenant au même Maître !

S'ils désiraient le faire hors du domaine du Seigneur, ce ne sera qu'à la condition de laisser à ce dernier le quart ou la moitié de ses maigres biens, vache, charrue, boeuf, mouton et seulement après avoir obtenu la permission du Maître, sous peine dans le cas contraire d'avoir une lourde amende. Nous dirons que la devise de ces seigneurs se résumait à ceci " Prendre au manant tout est bon même le croûton ! "

Si un homme libre décidait d'épouser une femme serve il subissait d'office la condition de celle ci, sans pouvoir espérer recouvrer sa franchise perdue !, même par le veuvage ou par remariage avec une femme libre. Comme disent les coutumes du Formariage " le pire emporte le bon "

Bref le manant de main libre, amoureux, se trouve entrainé par la main de celle qui ne l'est point. Le seigneur du cru lui fait comprendre que s'il monte une de ses poules...bin il devient son coq mordious !!










Si l'on admet un accord entre deux Seigneurs voisins, afin qu'une femme serve aille épouser un Vilain sur les terres de celui d'en face. Ce Sire sera tenu de rembourser par une autre Vilaine, en échange, encore faudra t'il qu'elle soit d'âge et de condition identique

Avec Vilains et manants on ne tenait aucun compte ni de la famille, ni de la moralité ils étaient juste un instrument pour repeupler les domaines un point c'est tout. Les Seigneurs étaient de vulgaires maquignons !

Il va sans dire quand nous parlons de seigneurs et de Fiefs qu'il nous faut donc englober les Ecclésistiques hein !!!..Ils ne faisaient ni mieux ni pire. Car bien souvent Evêques ou Abbés Mitrés étaient issus de la Noblesse...c'était bien souvent un second fils de Baron ne pouvant hériter de la terre qui entrait dans les ordres ! 

De plus ce juteux bénéfice en tant qu'Evêque ou Abbé restait ensuite dans la famille comme un bien héréditaire, rien ne devait échapper à un haut Baron ou à ses enfants leurs doigts étaient griffus et leurs escarcelles sans fond










L'auteur " des essais sur Paris " nous rapporte les termes d'une Charte de 1242, ou il est dit : Qu'il soit notoire que tous ceux que cette présente liront, que nous Guillaume, indigne Evêque en Paris consentons à ce que Odeline, fille de Rodolphe Gaudin du village de Vuissons, femme de corps de notre église, épouse Bertrand, fils du défunt Hugon, du village de Verrière, homme de corps de l'Abbaye de Saint Germain des Près !! Que si ladite Odeline vient à mourir sans enfants, tous les biens mobiliers ou immobiliers dudit Bertrand retourneront à l'Abbaye. 

Or donc quel que soit le Seigneur on se disputait joyeusement la moitié d'une Vilaine, le quart d'un Manant voir le tiers d'un ou deux enfants !!!!

Prenons un exemple: La seigneurie de Châtillon sur Seine avait trois Suzerains en puissance, le Duc, l'Evêque et l'Abbé. parmi les hommes et les femmes de ce vaste domaine les uns avaient un seul maître, certains en avaient deux et d'autres étaient communaux aux trois Sires du lieu. 

Mais les enfants de ces manants du plat pays, il faut savoir que nos trois tristes Sires se les partageaient entre eux !!!!!










Ainsi le manant ne pouvait vraiment être époux, ni la femme vraiment mère !. Le Duc, l'Evêque et l'Abbé avaient oblitérés les forces vives de ce domaine à trois têtes, aucun espoir, du Manant au Vilain, comme s'ils étaient de vulgaires mécréants

Passe encore pour le Duc, un Noble, qui devait tout juste ânonner son livre de corne, il n'en allait pas de même pour ces Ecclésiastiques sachant lire et écrire le Latin qui bafouaient allégrement les principes de la religion !. Mordious cela ne semblait pas les déranger dans la rédaction de leurs sermons, desquels ils fustigeaient leurs pauvres ouailles pendant la messe



PS: je rappelle que ceci est la vision du nain et comme tout bon copiste du Moyen âge et je vous la présente sans façon à la sauce Naine morbleu !!!...M de V








jeudi 3 février 2022

N° 420) la Main Morte ou le Main Mortable

Nous savons tous que dans le monde de la reconstitution on ne parle que fort peu des hommes et des femmes qui courbant l'échine, à plus d'un titre, grattaient la terre. Des gens de cette époque les paysans ne devaient attendre aucune reconnaissance, car tout le monde était d'accord sur le fait qu'ils étaient la pour nourrir tout le monde, du Noble à l'Ecclésiastique, en passant par le Bourgeois et l'Artisan, ainsi que toutes personnes vivant en Bourgades, Bourgs ou cités. En bref tout ceux qui se goinfraient pendant que le pécore dansait devant le buffet (si vous voyez l'image !!! )

Dans ce chaos que fut le Haut Moyen âge il nous faut parler de ce droit de " Main Morte ", et d'ou venait ce nom sinistre et morbide ?. C'était un droit très variable selon les formes, les variétés et les régions et il n'est pas facile de lui assigner des limites fixes !

Quand à son nom il venait de l'usage odieux de couper la main droite d'un Serf décédé, pour la présenter au Seigneur du lieu. Ce dernier, à ce moment prenait tous les biens et effets du serf mutilé, au préjudice et à l'exclusion des enfants de celui ci, ( je parle de main droite, jamais la gauche c'était la main du diable)









Puis comme il fallait bien faire quelque chose de ce pauvre reste faisant office de preuve de décès, le Seigneur, l'ecclésiastique religieux ou séculier, propriétaire de la terre ou était mort le Serf, la clouait à la porte de sa tour ou de son domaine, au même titre qu'une patte de loup ou la tête d'un animal ramené de la chasse

Selon du Cange, la Main Morte s'emploie diversement dans les coutumes et chez les Légistes, car elle peut désigner quelquefois les hommes eux mêmes et d'autres fois les possessions que l'on appellent " biens de Main Morte "

Ces hommes de main morte sont Serfs de la glébe et ne peuvent donc disposer de leurs biens par testament. Or donc les hommes de main morte qui décédent sans enfants laissent tous leurs biens au Seigneur Laïc ou ecclésiastique sous la puissance duquel ils se trouvaient










D'autres fois ce droit s'applique aux héritages eux mêmes, et si un individu sans travail se reconnait de la puissance d'un Seigneur Laïc ou ecclésiastique, en s'avouant l'esclave de ce dernier pour y travailler cette terre vacante, cela suffit à établir une subdivision en servitude personnelle !

Cela adhère à la chair et aux os de notre individu et le rendant Serf de suite !, cette servitude réelle attachée à ce lopin de terre qu'il va défricher puis travailler pour vivre est une sorte de conséquence, que le pauvre Manant va secouer en la quittant, mais aussi qu'il va subir en venant y vivre pour la cultiver et tenter de subsister 

Soyons honnête et parlons plutôt de " survie " car le quotidien de celui qui travaillait la terre n'était pas une partie de plaisir !!!! et sur un campement médiéval vous ne trouverez que rarement des gens jouant le rôle de paysans !!!










Serfs de corps, la dénomination varie selon les régions et les périodes, la confusion est d'autant plus facile que dans les documents de l'époque féodale, tous les travailleurs de la terre sont le plus souvent confondus sous la commune dénomination de Serf !!

Cependant à partir du XIII siècle la distinction sera parfaitement établie entre " les Serfs " et " Les Vilains " ( vilain, de villa, maison des champs), ou " Colons ", qui occupaient les degrés intermédiaires entre " la pleine servitude " et " la franchise "

Des Légistes de l'époque tels que Beaumanoir et Pierre de Fontaines ont nettement tracés dans leurs écrits les limites existants entre ces différents types de paysans. je voudrais pas enfoncer le clou, mais encore fallait il trouver des gens pour lire leurs textes, car peu de gens savaient lire surtout chez les Nobles !!! 










Citons Beaumanoir : Cette manière de gens ne sont pas tous de même condition. Il existe plusieurs conditions de servitude !, les uns sont si sujet à leurs seigneurs, que les dits Sires peuvent prendre tout ce qu'ils ont ...à mort et à vie...et jeter leurs corps en prison toutes les fois qu'il leur plait...à tord ou à droit..sans qu'ils ne doivent en rendre compte sauf à Dieu !.Les autres sont traités plus débonnairement, car tant qu'ils vivent le seigneur ne leur peut rien demander, s'ils ne meffont, fors le Cens, les Rentes et les Redevances qu'ils sont accoutumés à payer pour leur servitude ....il est gentil le Beaumanoir mais c'était quand même pas la panacée !!!...même si pour l'époque cela faisait une énorme différence pour le paysan de base !

Passons à l'autre Légiste que j'ai nommé, Pierre des Fontaines, il écrit. Saches bien, que selon Dieu tu n'a mie plein pouvoir sur ton Vilain, donc si tu prend son bien, fors les droits de redevances qu'il te doit, tu le prend contre Dieu, sur le péril de ton âme et comme voleur !!









Je reviens sur le fait que peu de gens sachant lire ce texte de légiste restait lettre morte comme la main du même nom !!. Le pauvre paysan contraint de se lever et se coucher sur cette terre appartenant à un seigneur devint ce que l'on nomma " un Manant " ( de manens, demeurant, restant à )

D'autres fois les campagnards sont appelés " Rustres " (rus, rusticus, rusticola ), ailleurs on dira qu'ils sont " Casés " ( casati ) casaniers ou vivant en casement. En fait parqués sous bonne garde et sous la domination d'un berger terrible dont la Houlette fut bien souvent une lance ou une épée !!

Le premier pas que fera cet esclave fut de changer sa condition de Serf contre celle de Vilain soumis à une infinité de redevances et de services 


PS: bref pas le pied d'être paysan au moyen âge ! ...je vais creuser pour écrire une suite il y a matière à raconter M de V