Ils étaient pillés, dépouillés et chassés de leurs masures par les officiers et fourrageurs de la cour. Ce droit de gîte et de pourvoirie remonte au temps de Charlemagne, il fallait bien que ses " Missi Dominici " expédiés dans les provinces y puissent vivres. Mais comme le but de leurs missions était de réprimer les exactions dont souffraient les paysans il semblait naturel que ceux ci leur fournissent nourriture et gîte
Seulement voila, après notre bon Carolus Magnus vinrent des temps calamiteux ou chaque puissant qu'il soit Royal, Episcopal ou Seigneurial n'ayant que leurs quatre murs, quittaient leurs domaines pour aller en visiter un autre. Alors le Roy, l'Evêque ou le Baron devait se loger, se nourrir et se meubler. Malheur à eux !, toute une cohorte de fouriers, porte chappes, aides de fourerie, preneurs, chevaucheurs, bouchiers, poulaillers s'abattaient autour du lieu visité et opéraient une véritable razzia
Brossons un tableau de ce que nos fourrageurs pillaient chez ces habitants des campagnes environnantes
Pour les victuailles boeufs et vaches, moutons et pourceaux, aigneaux et chevraux, poulailles et chapons, oies et oisons, fromages et aussi buches pour le feu. Du logis à la basse cour on passait ensuite au potager et au verger que l'on dépouillait en un tour de main !!!!
Si la " Corvée " prenait son temps au paysan, la " Taille " prenait son argent, les " Banalités " taxaient son propre pain, la " Dime " ponctionnait ses récoltes et ce droit de " Prise " enlevait tout le reste quand Roys et Barons avaient le malheur de venir se balader sur leur secteur ...Bref c'était la zone !!
Seulement voila, ce n'est pas tout. On ne lui abandonnait même pas les quatre murs dépouillés de sa masure, comme corollaire et complément du droit de prise il y avait le droit de gîte, il n'était pas suffisant de les piller, encore fallait il les virer pour qu'ils aillent dormir ou ils pourraient. Bin oui putentrailles !!, dehors les pécores !!
Manants et Vilains n'avaient pas même l'espérance de pouvoir retrouver une partie des biens qu'on leur avait enlevé, ou des victuailles non consommées, car seigneurs et barons faisaient preuves de largesses avec les biens pillés !
A chaque changement de gîte sur leur parcours ils distribuaient au matin, dans les Maladreries et aux Maisons Dieu voisines, les suppléments non consommés des biens pillés !
Il en va de cette exaction qui dure dans le temps comme des autres, une fois bien établie il suffit de la légaliser en créant un nouvel impôt !!. On allait donc vendre des exemptions aux cités, Bourgs et villages, ou encore on le convertissait en une rente à verser une fois l'an !.
Or donc, grâce à ces privilèges lorsque les pourvoyeurs officiels s'abattaient comme sauterelles sur un canton, ceux qui avaient payés exposaient à leurs portes les lettres patentes !!
Des lettres d'exemption sont accordées en Avril 1375 aux habitants de la Chapelle Saint Denis sur Ordonnance Royale, suite à des plaintes formulées par les résidants.
Plusieurs compagnies de Gens d'Armes, plusieurs fois, on fait et tenu long et grand séjour en ladite ville, ayant pris, mangé, bu, puis détruit et gâté grande quantité de biens d'iceux et pillé grande quantité de chevaux servant à labourer les terres arables
PS: la devise étant, " pour qu'il y ait le moins possible de mécontents il faut taper toujours sur les mêmes !! "...Il ne faut pas leurs jeter la pierre !, car à notre époque de Liberté, d'Egalité et de Fraternité....et bien c'est encore le cas !....M de V
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