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lundi 28 février 2022

Le Droit de Prise, de Gîte, Pourvoirie et Repue

Au premier plan de toutes les exactions dont vont souffrir le paysan et le villageois du plat pays il nous faut ranger le Droit de Prise et de Gîte, de Pourvoirie et de Repue. Le Roy et les hauts Barons surtout, dont la suite était fort nombreuse exerçaient impitoyablement sur paysans et manants ce droit. dans les environs de Paris, et sur les domaines des châteaux et manoirs ou ils se rendaient

Ils étaient pillés, dépouillés et chassés de leurs masures par les officiers et fourrageurs de la cour. Ce droit de gîte et de pourvoirie remonte au temps de Charlemagne, il fallait bien que ses " Missi Dominici " expédiés dans les provinces y puissent vivres. Mais comme le but de leurs missions était de réprimer les exactions dont souffraient les paysans il semblait naturel que ceux ci leur fournissent nourriture et gîte

Seulement voila, après notre bon Carolus Magnus vinrent des temps calamiteux ou chaque puissant qu'il soit Royal, Episcopal ou Seigneurial n'ayant que leurs quatre murs, quittaient leurs domaines pour aller en visiter un autre. Alors le Roy, l'Evêque ou le Baron devait se loger, se nourrir et se meubler. Malheur à eux !, toute une cohorte de fouriers, porte chappes, aides de fourerie, preneurs, chevaucheurs, bouchiers, poulaillers s'abattaient autour du lieu visité et opéraient une véritable razzia

Brossons un tableau de ce que nos fourrageurs pillaient chez ces habitants des campagnes environnantes





Tout y passait mordious !, il y avait prise de blé, avoines et autres grains, vins, verjus et vinaigre, foins et feurrres (fourrages), chevaux, charrois et charrettes, harnois lits et couettes, puis coussins, couvertures, draps, nappes et touailles (torchons), mais aussi tables, bancs, tréteaux, huches, huchiaux et tranchoirs 

Pour les victuailles boeufs et vaches, moutons et pourceaux, aigneaux et chevraux, poulailles et chapons, oies et oisons, fromages et aussi buches pour le feu. Du logis à la basse cour on passait ensuite au potager et au verger que l'on dépouillait en un tour de main !!!!

Si la " Corvée " prenait son temps au paysan, la " Taille " prenait son argent, les " Banalités " taxaient son propre pain, la " Dime " ponctionnait ses récoltes et ce droit de " Prise " enlevait tout le reste quand Roys et Barons avaient le malheur de venir se balader sur leur secteur ...Bref c'était la zone !!

Seulement voila, ce n'est pas tout. On ne lui abandonnait même pas les quatre murs dépouillés de sa masure, comme corollaire et complément du droit de prise il y avait le droit de gîte, il n'était pas suffisant de les piller, encore fallait il les virer pour qu'ils aillent dormir ou ils pourraient. Bin oui putentrailles !!, dehors les pécores !! 





Le Roy et les hauts barons couchaient soit au château, au Manoir ou à l'Abbaye, mais la multitude des gens de leurs suites s'établissaient, sans façon, tel des Coucous, sous le toit du manant et du paysan, délogeant hommes et bêtes, à eux de se trouver un abri pour passer la nuit !

Manants et Vilains n'avaient pas même l'espérance de pouvoir retrouver une partie des biens qu'on leur avait enlevé, ou des victuailles non consommées, car seigneurs et barons faisaient preuves de largesses avec les biens pillés !

A chaque changement de gîte sur leur parcours ils distribuaient au matin, dans les  Maladreries et aux Maisons Dieu voisines, les suppléments non consommés des biens pillés !

Il en va de cette exaction qui dure dans le temps comme des autres, une fois bien établie il suffit de la légaliser en créant un nouvel impôt !!. On allait donc vendre des exemptions aux cités, Bourgs et villages, ou encore on le convertissait en une rente à verser une fois l'an !. 

Or donc, grâce à ces privilèges lorsque les pourvoyeurs officiels s'abattaient comme sauterelles sur un canton, ceux qui avaient payés exposaient à leurs portes les lettres patentes !!






Evidemment il fallait bien que nos pourvoyeurs arrivent à en plumer quelqu'uns, ils ne pouvaient rentrer les mains vides vers leurs seigneurs !, alors invariablement le fardeau retombait sur l'museau du manant et du paysans, qui trop pauvre pour payer était encore gros Jean comme devant !!!. Car sans clicailles dans l'escarcelle pas d'exemption !

Des lettres d'exemption sont accordées en Avril 1375 aux habitants de la Chapelle Saint Denis sur Ordonnance Royale, suite à des plaintes formulées par les résidants.

Plusieurs compagnies de Gens d'Armes, plusieurs fois, on fait et tenu long et grand séjour en ladite ville, ayant pris, mangé, bu, puis détruit et gâté grande quantité de biens d'iceux et pillé grande quantité de chevaux servant à labourer les terres arables


PS: la devise étant, " pour qu'il y ait le moins possible de mécontents il faut taper toujours sur les mêmes !! "...Il ne faut pas leurs jeter la pierre !, car à notre époque de Liberté, d'Egalité et de Fraternité....et bien c'est encore le cas !....M de V   

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