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mardi 25 février 2020

La mort de J Artevelde (1345) selon J Froissart

En ce temps la régnoit en grande prospérité et puissance dans ce pays de Flandre, un Bourgeois nommé Jacques van Artevelde, il étoit au mieux dans les affaires du Roi d'Angleterre. Il promettait au monarque, Edouard III, qu'il le feroit Seigneur et Héritier des Flandres et en revêtiroit son fils, Edouard de Woodstock Prince de Galles, faisant de ce Comté un Duché !!!

De cette vision du Bourgeois, d'Albion, Edouard III à l'écluse étoit venu, vers la Saint Jean Baptiste de l'an de grâce 1345, avec grand foison de Barons et de Chevalerie, et il avoit amené avec lui son fils le prince de Galles, en raison des bonnes promesses du bourgeois

Il y eut donc plusieurs entrevues entre le roi, Artevelde, et les conseils envoyés par les différentes villes des Flandres. Mais lors du dernier parlement qui s'étoit tenu à l'écluse sur le vaisseau du roi, qui se nommoit " Catherine ", et qui étoit si gros, si grand, que c'étoit merveille à regarder

Or donc les conseils d'un commun accord avoient répondu qu'ils ne pouvaient déshériter le Comte Louis leur naturel seigneur, ni le fils de ce dernier, au profit du fils du roi d'Angleterre, quand bien même ils verroient avec plaisir le profit et l'avancement d'une telle situation.Voila bien une réponse qui n'entrait pas dans les visions du monarque et de notre Bourgeois de Gand, Jacques ou Jacob van Artevelde !!!










Ils ajoutèrent qu'il falloit pour ce faire, que toutes les communes des Flandres s'y accordassent pleinement, et que chacun d'eux alloit s'en retourner dans sa ville afin d'en parler partout aux hommes de leurs cités. Il fut dit au roi qu'ils reviendroient dans un mois, en même nombre, pour répondre à la demande du monarque et si bien à point que le roi en serait content

Edouard III et Artevelde eussent voulu que les choses allassent plus vite, mais nenni, les choses avoient été dites dans les formes et avec courtoisie. Ainsi se sépara le Parlement de l'écluse et les conseillers des bonnes villes de Flandre. Or Artevelde resta quelques temps près du roi, lui assurant qu'en faisant la tournée des villes ils arriveroient à leur but, mais la chose ne put se faire !!!

Car il eut bien grand tord de demeurer en arrière, et ne point revenir à Gand en même temps que les conseillers envoyés à ce parlement par cette fière cité !!. Quand ils furent de retour en la ville nos conseillers firent assembler grands et petits en la place du marché, et la rapportèrent dans quelle situation ils avoient été et ce que réclamait le roi Edouard III par l'entremise de Jacques van Artevelde

Or commencèrent à murmurer toutes sortes de gens contre notre bourgeois, et plus le temps passoit, pire c'étoit !!!, cette requête leur puait au nez, ils ne comprenaient pas une telle déloyauté d'un bourgeois de leur cité !!!!








Comment déshériter, le Comte Louis, leur Seigneur naturel ??, ou son fils, pour donner l'héritage à un étranger, quand bien même fut il roi d'Angleterre, et que la prospérité du commerce des Tisserands des Flandres passait par les laines Angloises !!!....et tous quittèrent la place du marché, forts mécontents et les mérangeoises échauffées, en grande haine de jacques van Artevelde !!!

Voyez comment les choses adviennent, dit Jéhan Froissart, car s'il fut allé tout premièrement à Gand, avant que d'aller à Ypres et Bruges exposer les affaires d'Edouard d'Angleterre !!!!, il aurait tant dit et tant fait, qu'il aurait pu les convaincre, mais il se fiait trop à sa prospérité et à sa grandeur, mais à Gand plus le temps passait plus les esprits s'échauffaient

Le jour ou notre bourgeois à Gand entra, vers l'heure de midi, ceux de la ville savaient bien qu'il étoit de retour et s'étoient assemblés dans la rue qu'il devoit emprunter pour rejoindre l'hôtel qui étoit son foyer !!, dès qu'ils le virent la populace se mit à gronder et à se mettre trois têtes sous un même chaperon  !!

Pendant qu'il chevauchait dans sa rue, Artevelde se rendoit bien compte que les gens en avoient contre lui, personne pour le saluer, ou ôter son chaperon, on lui montrait froidureuse épaule, bref on lui tournait le dos, chacun sur son chemin rentrant dans sa chacunière !!!, arrivé en son hôtel il demande à ses gens de barrer portes et fenêtres sur l'instant








Mais déjà toute la rue devant et derrière sa maison se remplissait de petites gens de métiers, son hôtel fut assailli des deux côtés et ses portes brisées par force, voyant l'assaut et comment il étoit pressé de toutes parts, il vint à une fenêtre donnant sur la rue et leur parla afin de calmer cette populace qui hurlait à ses chausses, peine perdue, ses paroles étoient comme semées au vent !!

Il essayoit alors de fuir par l'arrière de son hôtel dans une église qui jouxtait sa maison, mais il y avait bien la 400 personnes et tous cherchaient à le saisir, ainsi fut il pris et occis sans merci, celui qui donna le coup mortel étoit un Tisserand du nom de Thomas Denis, ainsi fini Jacques van Artevelde que des pauvres gens avaient élevé et que des méchants firent tomber






PS: tiré des chroniques de Jéhan Froissart Livre I chapitre XI, et bien sur quelques écarts de langage de votre copiste le nain M de V