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jeudi 15 mars 2018

N°135) Jéhan de Joinville ou la vie de Saint Louis

Pour les récits historiques, au XV siècle nous avons eut Philippe de Commines, au XIV Jéhan Froissart et au XIII siècle Jéhan de Joinville avec son récit de la vie de Saint Louis.

Ce Sénéchal de Champagne n'est pas un écrivain, il relate des faits et n'a aucun don particulier pour l'écriture, si ce n'est la précision de son récit et sa grande sincérité !.

La famille de Joinville était dans le XIII siècle l'une des plus distinguée de Champagne. Vers le milieu du siècle précédent, nous avons Etienne, surnommé Devaux.

C'est l'un des aïeux de notre auteur, qui devint très puissant, en épousant la Comtesse de Joigny qui lui apportait par mariage ce fief et plusieurs autres seigneuries et ce fut Etienne qui fit bâtir le château de Joinville.







L'oncle et le père du sire de Joinville s'étaient couverts de gloire, le premier sous Philippe Auguste, suivant pour ce faire, le Comte de Flandres à la conquête de Constantinople, et le second pendant la difficile période de la minorité de Saint Louis (Louis IX), en défendant la ville de Troyes, contre les efforts conjugués de pratiquement tous  les seigneurs de France !!!

Jean sire de Joinville, dont nous nous occupons, naquit selon Du Cange, vers l'an de grâce 1224, son enfance se passe au château de famille et quand l'âge fut venu d'entrer en apprentissage de chevalerie, il sera tout naturellement attaché, conformément aux usages de ce temps à la Maison du Comte Thibaut IV de Champagne.

Par le côté jovial de son humeur et l'aimable franchise de son caractère il va très vite se concilier la bienveillance du Comte. Il va perdre son père de bonne heure et épouser peu de temps après en 1239, à l'âge de seize ans, Alix de Granpré, ils étaient du même âge et Jean était très épris de sa femme Alix.

La faveur dont il jouissait près de Thibaut IV, et le fait que jeune marié il devait s'établir, lui fit obtenir la charge de Sénéchal de Champagne qu'avait occupée son père de son vivant. Il fut en outre plus tard nommé Grand Maître de la Maison des Comtes de Champagne.

Lorsqu'en 1245, la croisade fut publiée, il apparaît qu'il ne connaissait qu'à peine le roi de France, dont il devait par la suite acquérir l'amitié et la confiance. Louis IX était devenu l'objet de l'amour de ses peuples, les Français de toutes conditions, qu'ils fassent partis du royaume de France ou des autres domaines de la France actuelle, brûlaient de partager les dangers de cette croisade avec lui !!!








Joinville qui n'avait encore que vingt deux ans, ne fut pas le dernier à prendre la croix ! pour faire apprentissage de la guerre sous un tel monarque, mais il y avait une pierre d'achoppement !!!

En effet, la mère de Jean de Joinville, Béatrix,  vivait toujours, et jouissait donc en douaire de la majorité des terres de la famille; il fut donc obligé d'engager tous ses biens et ceux de son épouse, ceci afin de subvenir à la levée et à l'entretien d'une troupe de soldats !!

Il le dit lui même, à peine leur restait il douze cent livres de rentes! de plus ils avaient deux enfants en bas âge, mais il considérait faire plus pour eux en rendant son nom illustre, qu'en ménageant le patrimoine qu'il devait leur laisser.... (pour ma part c'est une question de point de vue et dépend de quel côté de la bourse sont placés les intéressés ???)

Avec cette libéralité imprévoyante qui caractérise la jeunesse, mais aussi la mentalité du croisé, il prend à sa solde dix chevaliers, dont trois sont Bannerets (ceux ci disposent de plus de soldats).

On peut estimer la troupe de gens d'armes de Joinville à environ 150 hommes, une petite armée !!! ....dépense bien supérieure à ses moyens, mais après avoir fait ripaille pour fêter l'événement et reçu bénédiction de la curie locale, il part avec sa troupe pour s'embarquer dans des Cogghes à Marseille.








Il rejoignit le roi dans l'île de Chypre, lieu de rendez vous pour le regroupement des croisés. A partir de ce moment Joinville se trouve dans une gêne financière à ses ongles ronger !!! il est désormais dans l'impossibilité de faire face aux dépenses pour l'entretien de ses troupes.

Nécessité faisant loi, il fait demande au roi Louis IX de prendre à sa charge l'entretien de sa troupe, pratique courante pour l'Ost en France !!!!, mais pas lors d'une croisade regroupant des guerriers de l'Europe entière.

Néanmoins ses propositions furent acceptées, il entre donc au service du roi, dont il gagnera bien vite les bonnes grâces, par son côté enjoué, sa franchise et son courage . Il va s'établir tout au long de cette croisade entre le monarque et Joinville une familiarité, voir même une amitié dont ce dernier n'abusera jamais !!

Dans son ouvrage, Jean, n'omet aucune circonstance de ses aventures personnelles, lors de cette croisade malheureuse, sa fidélité est sans bornes, après avoir partager la captivité de son maître en Egypte, il le suivra en Syrie, ou ses conseils contribueront à sauver les débris d'une armée découragée, mais il restera profondément marqué par cette campagne (pour mon analyse perso je pense qu'il a déjà cerné l'inutilité de ces croisades). De retour en France il devient le principal dépositaire de la confiance du roi et pendant la longue paix qui suivit cette croisade, Joinville se partage entre deux cours, celle de France en Paris et celle de Champagne.









Lorsqu'en 1268, à l'étonnement de tous le pays, le roi convoque les barons à Paris pour une nouvelle croisade, Jean de Joinville, quoique malade répondra à l'appel. Il n'est pas un vassal direct du roi de France, mais sa fidélité le pousse à s'y rendre.

Il exposera son point de vue et fera remarquer que ses vassaux ont beaucoup trop souffert lors de la première expédition et que sa première épouse étant morte il vient juste de se remarier, il ne partira pas pour cette nouvelle croisade, il semble même que le roi ne lui tienne pas rigueur de cette défection.

Mais ses regrets furent bien vifs, lorsqu'il apprit la mort de son prince près de Tunis !! Il conservera chèrement sa mémoire. Philippe le Hardi, successeur de Saint Louis lui témoignera la même confiance.

Ce roi avait la tutelle et la garde de Jeanne de Navarre et Comtesse de Champagne et l'allégeance de jean de Joinville allait directement à cette personne, en tant que Sénéchal de Champagne, quand cette dernière épousera Philippe IV le Bel, il continuera d'administrer la Champagne sous les ordres de Jeanne et bien qu'il n'ait aucun atome crochu avec le roi de fer son époux.

PS: il existe des éditions de son livre en français courant, la lecture en est agréable, mais vous pouvez aussi dans une approche plus perso le tenter en vieux Français M de V