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samedi 24 mars 2018

Les Tavernes et Auberges Médiévales

Selon le livre d'or des métiers, l'histoire des Hostels, Auberges et Tavernes du moyen âge nous dresse un bien triste tableau de ces lieux qui nous font rêver !!! Ce document  ne fut édité qu'en 1851

Ce ne sont que "Bouges" enfumés ou l'on ne sert qu'une misérable piquette frelatée, telle que vin trempé d'eau, les mets qu'on y apprête sont tout aussi misérables, des légumes mal cuits, de la viande de porc ladre et de la vache maigre, voila l'ordinaire!! Jamais de plats choisis ni surtout jamais de volailles, car c'est un met " d'élite " ou de " roi " que l'on juge comme tel par sa cherté. Ce que l'on peut se faire servir de mieux dans ces endroits, ce sont poissons de rivières, cuisant dans les marmites de ces tavernes enfumées, empuantissant l'air de leurs vapeurs fétides !!






On y trouvait le plus souvent les gens des campagnes, qui las de se griser avec la mauvaise cervoise qu'ils brassaient eux même, s'en viennent le dimanche en taverne, boire et chanter à plein gosier et y manger les rouges boudins au serpolet, que l'on voyait pendre en longues guirlandes aux solives des tavernes.

Ils y côtoyaient, moines et prêtres, gens de passages et tous ceux qui faisaient profession de profiter ou de plumer les clients, l'aubergiste ou le tavernier n'étant pas des moindre !!!!

Parmi les hôtes les plus assidus des tavernes on trouvait truands et ribaudes, ainsi que des bandes criardes de menestriers et menestrelles, qui venaient s'y louer pour faire danser le chaland, après avoir chanté quelques vers ou couplets et récité quelque gai fabliau.

Au XIV siècle un Trouvère qui mettait en scène le roman de Bauduin de Seboure, dit franchement au chant XII, à ceux qui l'écoutent " et si j'ai vostre argent, aussi ne le plaignez point, car si tôt que je l'ai, c'est le tavernier qui l'aura ! " car trouvères et menestriers se vantent d'y aller et de dépenser tout ce qu'ils gagnent.

Autres engeances fréquentant ces lieux se trouvaient les charlatans de toutes sortes, Marchands d'onguents, Pardonneurs vendant des indulgences, Vendeurs de reliques, ces trafics furent toujours à l'honneur dans les tavernes et auberges de tous les pays.






S'il n'y eut qu'eux ce fut un moindre mal !, mais de pires figures y venaient, pour y dresser embûches aux clients. Tous les joueurs de Merelle et de Dés, sachant tous les tours et les mauvaises tricheries du métier!, se servant bien sur de dès pipés,.....mais l'hiver, jouer et boire étaient les seuls délices du coin du feu !!

Bien sur on pouvait se donner ces joies dans sa maison, mais de préférence on allait les chercher à la taverne, le credo de la ribaudaille c'est de mettre sa foi dans les joies de la taverne, plutôt que dans les béatitudes du ciel, buvant à pleins verres le vin d'Orléans et d'Auxerre, pour finir étalés sur la paille de la jonchée pas toujours fraîche qui couvre le sol de la taverne, ou longuement étendu sur les grands escabeaux de bois. Les ordonnances royales n'y changeaient rien, il y était pourtant spécifié que les taverniers ne devaient recevoir chez eux aucun joueur de dès et autres gens diffamés!








Mais on avait toujours mille moyens d'éluder l'ordonnance, aussi le plus souvent ne jouait on pas de l'argent, mais pour des oublies, des échaudés, des roinsolles et autres petites tourtes et friands à la viande chaude et juteuse, que de petits marchands venaient vendre dans les auberges, ou encore son cheval, ses armes et ce jusqu'aux aiguillettes fermant le haut de chausse!

En Cherchant bien et en commentant les divers articles des ordonnances portées sur les taverniers, on s'aperçoit que chez eux tout est infraction et désobéissance,

Ils ne devaient normalement donner à leurs vins que le nom de l'endroit ou il avait été poussé en cru, alors qu'ils servaient aux buveurs la piquette manipulée à bas droits dans leurs propres celliers.

Ils faisaient provende de tout, même d'un croûton et si tant est que la chose soit possible ils auraient réussi à tondre un oeuf !!







Plus mauvais, hargneux et récalcitrants étaient les clients écoliers, galoches, Compains, Coquillars et Goliars, pour ne citer que les noms dont ils s'affublaient eux mêmes. Personne dans les cités n'étaient plus assidus qu'eux en taverne, et personne qui ne fit plus grand tapage qu'eux pour de si maigre dépens!

Buvant et jouant jusqu'à perdre les aiguillettes de leurs chausses, il me semble entendre d'ici, le tapage que font ces drôles, leurs éclats et jurons, ou querelles et rixes commençaient avec les bancs que l'on brise et les brocs et chopes que l'on se jette à la tête.

Dans une catégorie supérieure, nous trouvons les voleurs et les assassins, qui étaient eux aussi des hôtes privilégiés des tavernes, souvent acoquiné avec l'aubergiste qui était lui aussi un hardi coquin, ne laissant jamais sortir de chez lui un voyageur sans l'avoir savamment rançonné et tondu !

Bienheureux le voyageur qui ne trouvait pas la mort dans ces endroits, de la main du tavernier ou sous le coup des assassins et voleurs auxquels il ouvrait son auberge. Les morts violentes dans les hostelleries et le détroussement des cadavres, furent choses si communes au XIV siècle, qu'une ordonnance de 1315 décida que l'hostellier qui retient chez lui les effets d'un étranger mort devait rendre le triple de ce qu'il avait retenu!!!







Il ne faut pas croire qu'il en était ainsi seulement dans les tavernes et auberges des grands chemins, et que celles des cités fussent en comparaison des lieux de sûreté, car c'étaient eux même de vrais coupe gorges, aussi bien en Paris

Les faux monnayeurs et faussaires de tout poil cachaient souvent leur frauduleuse industrie dans les tavernes, ne vous étonnez pas ! On sait qu'en plusieurs grandes villes dont Paris, les ouvriers travaillant aux gros ouvrages dans les hostels des monnaies étaient aussi débitants de vins.

A Orléans par exemple, les ouvriers qui travaillaient la monnaie étaient tous vignerons et nos cabaretiers ou taverniers ne mettaient pas plus de scrupules à fabriquer de la fausse monnaie qu'à trafiquer de mauvais vins !






Ce n'est qu'en l'an de grâce 1407, que fut rendue l'ordonnance enjoignant les aubergistes et autres taverniers de tenir un registre ou ils inscrivaient les noms des gens qu'ils logeaient, les longs voyages à petites journées avec étape à l'auberge était monnaie courante, ainsi que les pèlerinages, ne laissant  de ce fait jamais les auberges désertes;

Mais parlons de l'ambiance de ces endroits en temps de guerres, quand toutes ces hostelleries sur les chemins se remplissaient d'hommes d'armes de toutes sortes, archers, argoulets, francs taupins, routiers et écorcheurs de tout poils.

La présence de ces hôtes ne rendait l'endroit que plus dangereux, il n'étaient de bandes plus à craindre que ces troupes de guerre, ardents à la maraude et à la picorée !!

Il leur fallait toujours quelqu'un à dépouiller, que ce soit le bourgeois voyageur, le pèlerin ou l'aubergiste, et quand ceux ci manquaient ils allaient tondre le paysan, mais comme ils étaient rarement payés ou alors troupe licenciés d'une armée en fin de campagne, comment s'étonner qu'ils se payent sur le pays ????






PS: Par bonheur il venait parfois dans les hostelleries des personnages d'un commerce moins dangereux, soit qu'il préférassent l'hospitalité de ces gîtes publics, soit qu'ils n'aient  dans les environs ni parent ni ami pour les loger ??? et venaient en simples passants demander à l'aubergiste le vivre et le coucher. Le tableau est sombre! mais si en grande majorité ces lieux étaient mal famés, il devait bien se trouver quelques bonnes auberges ou gîter et trouver bonne compagnie et ce n'est pas Geoffroy Chaucer qui me contredira M de