Les territoires conquis connurent une culture très raffinée en particulier sous les dynasties des Omeyyades, puis des Abbassides à Bagdad (VIII siècle), mais aussi sous les Almoravides et les Almohades en Espagne (VIII-XIII siècles)
Or donc le M-A voit l'apogée du monde Islamique dans lequel les sciences connurent un grand épanouissement. Il faut cependant ne pas oublier que les Arabes avaient largement profité de la science grecque antique, via Byzance, et de l'école de Gundi-Sapour, refuge des érudits Nestoriens (condamnés au Concile d'Ephèse en 431)
D'ailleurs les savants de l'orbe islamique n'étaient pas tous arabes il y avait parmi eux des Persans, des Chrétiens et des Juifs. Le décors étant planté passons à la zoologie !
Pour ce qui concerne cette science, la religion musulmane interdisant la dissection des cadavres et la représentation des êtres vivants, les auteurs de cette période, écrivants sur les animaux vont les considérer d'un point de vue très général, truffant leurs textes de détails fabuleux, poétiques et religieux
Donc d'une façon générale, tout comme en Occident, la plupart des auteurs islamiques parlant de zoologie le font d'une manière plus littéraire que scientifique. Et à l'exemple de ce qui se passait en Europe chrétienne, ce seront les auteurs " Techniques " (voir article sur la zoologie en Occident), qui donnent des observations de première main
On connaît néanmoins divers auteurs s'étant occupés de zoologie et je vais essayer de vous brosser un tableau chronologiquede ceux-ci pendant la période médiévale. Comme dans l'article précédent nous commencerons par les Erudits, puis les Auteurs techniques, pour terminer par les Illustrateurs
On doit à Al Jâhiz (767-868) un livre sur les animaux qui est le plus ancien ouvrage arabe de ce genre. connaissant l'oeuvre d'Aristote, il donne également des informations du floklore local et des renseignements transmis oralement par les Bédouins, malgé de nombreuses digressions théologiques l'auteur est intéressant en raison de son esprit critique !
Les Frères de la sincérité (X siècle) donnent une curieuse classification des animaux basée sur leur mode de reproduction. 1° ceux qui s'accouplent en bondissant, conçoivent, mettent-bas, allaitent et élèvent leurs petits, 2° ceux qui s'accouplent en marchant, pondent et couvent (oiseaux et insectes), 3° ceux qui ne connaissent ni accouplement, ni mise-bas, ni ponte mais qui naissent de la pourriture (vers), une croyance à la génération spontanée d'animaux inférieurs
Abdullatif ben Jusuf (1161-1231) parle lui, de l'incubation artificielle des oeufs de poule, de la colonne vertébrale du crocodile "composée d'un seul os", donne des détails sur les Scinques (lézards) et l'Hippopotame
Al Damiri, mort au Caire en 1405, est l'auteur de " la vie des animaux ", dernier grand ouvrage de zoologie arabe. Il classe les animaux par ordre alphabétique et les étudie en fonction de ce que disent les textes religieux, la tradition et les proverbes. Il a cependant le mérite de remarquer que la Chauve-souris n'est pas un oiseau d'après divers caractères morphologiques et biologiques
Passons aux Auteurs Techniques, spécialistes de la chasse, de l'agriculteurs et de la médecine !
En Orient la chasse à l'aide de chiens, guépards et faucons fut très répandue, le texte arabe le plus ancien sur la fauconnerie daterait du XI siècle et il en existe de nombreux autres. les croisades d'une part et l'influence orientale à la cour de Frédéric II (voir article précédent) contribuèrent à introduire ce sport en occident avec énormément de succès
Les ouvrages agricoles renferment d'intéressantes informations zoologiques, ainsi celui d'Al Nabati (X siècle), sur l'agriculture Nabtéenne, puis Ibn Wafid, à la même époque ( vers 1000-1078), écrivit un important Traité d'agriculture dont la dernière partie concerne la zoologie agricole !
Suivra l'encyclopédie de Abu Zakariya de Séville (XIII siècle), représent le chant du cygnede l'école agricole Hispano-arabe. la dernière partie de cet ouvrage concerne la zootechnie (bêtes à laine, élevage de chevaux, mulets, ânes et chameaux, oiseaux de basse-cour et abeilles !
Les oeuvres médicales des auteurs de langue arabe contiennent également des allusions zoologiques, fournissons quelques exemples
Le chirurgien Andalou Abu Al Qasim (en latin Abulcasis) à Cordoue au X siècle, suture les plaies en faisant mordre les bords de celles-ci par de grosses fourmis dont on détache ensuite le corps
Le célèbre médecin philosophe Avicenne ( Ibn Sina en persan), 980-1037, né à Boukhara, capitale de l'empire Samanide, dans son " Canon de la médecine " tente une classification des vers intestinaux de l'homme, mais il est moins heureux lorsqu'il parle de la Filaire de Médine ( vers ronds et filiforme d'Afrique vivant sous la peau) qu'il prend pour un nerf dégénéré !
Avenzoar ( Abou Merwan Ibn Zuhr ), médecin de Séville dans l'empire Almoravide (1091- 1162) connait aussi les principaux parasites macroscopiques de l'humain y compris le minuscule acare de la gale. Mais il énumère aussi toute une série de mollusques, insectes, poissons, reptiles, oiseaux et mammifères qui nous renseignent sur les espèces consommées par les arabes à cette époque
Moshe Ben Maïmon (ou Maîmonide), rabin séfarade du XII siècle, médecin et philosophe juif , né à Cordoue en 1138 et mort au Caire en 1204, écrivit en arabe ses oeuvres médicales et fut le plus brillant représentant de la pensée hébraïque médiévale..
Mais c'est surtout dans son Traité des poisons qu'il donne des précisions extrêmement intéressantes sur les arachnides et les serpents, ainsi que sur le comportement du chien enragé
En ce qui concerne les Illustrateurs, malgré l'interdiction du coran, des miniatures de manuscrits islamiques représentent fréquemment des animaux
Celles de l'école dite de Bagdad illustrant des textes non scientifiques sont assez réalistes au XIII siècle, et plus conventionnelles au XIV siècle. Citons aussi celles plus tardives d'un Traité sur les maladies des chevaux, manuscrit exécuté en Egypte à la période Mameluk 1467 (XV siècle) et conservé à Istanbul
PS :l'étude des animaux fut donc loin d'être négligée au Moyen âge tant en Occident qu'en Orient... M de V
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