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mercredi 19 décembre 2018
Le " Chasse Marée" et les envitaillements de Paris XIII et XIV siècles
En île de France, la consommation et le transport des produits de la mer est attesté depuis l'antiquité; durant la période médiévale ils se renforcent jusqu'à structurer un circuit d'approvisionnement de la ville de Paris. Les restes archéologiques, les mentions historiques et l'étude archéographique des chemins, vont permettre de reconstituer ce réseau d'acheminement utilisé par ceux que l'on nommaient les "ChasseMarée"
On nommait ainsi les transporteurs qui reliaient la Manche à Paris en moins de 36 heures avec des charrettes à chevaux !!!!!
Les villes sont dépendantes des "chasse marée", du fait de la distance des points d'approvisionnement, car la chair du poisson est fragile et ne peut se consommer au delà d'un délai fort court. Les sources écrites attestent dès le XIII siècle la vente du poisson de mer en Paris !!!, une ville située a 50 kms au delà de la limite théorique d'acheminement
Paris se trouve à 4,5 jours de route des plus proches ports littoraux ???, ceci à vitesse normale de routage pratiqué par des marchands. Cette distance aurait du être un frein à son approvisionnement en produits de la mer. Mais au XIV siècle des marchands de Dieppe, du Tréport, de Honfleur, même de Calais et Dunkerque, soit des ports distants de 172 à 293 kms de la capitale, fournissent le marché parisien par route, grâce aux "Chasse Marée", en 34 ou 36 heures !!!!
En imposant dès le XIII siècle un emballage normalisé et soigneux de la marchandise, par un conditionnement au port, les pouvoirs publics vont contribuer à transformer la marée en un bien jugé comestible et loyal et les normes strictes de fraîcheur imposée à la vente, vont obliger les transporteurs à raccourcir les délais de livraison
L'augmentation de la vitesse d'acheminement est utilisé comme moyen pour pallier la péremption rapide des produits de la mer. Sur des charrettes ou à pieds en guidant des chevaux et des ânes, les "chasse marée", parcourent l'espace qui les sépare de la capitale dans un délai de 34 à 36 heures en moyenne.
Ces délais sont comparables à ceux des courriers et chevaucheurs dépendants des écuries royales, du monarque et de ses conseillers, soit 150 à 170 kms par jour !!! Cette quête de la rapidité et de la fraîcheur des produits de nos "chasse marée" est largement relayée par le roi et le prévôt de Paris, éditerons une législation avantageuse pour le commerce et le transport de ces produits de la mer
Cette législation fluidifie l'achat du poisson et des fruits de mer dans les ports, puis de leur vente en Paris, limitant les obstacles rencontrés par le "chasse marée" sur la route et va inciter les transporteurs Picards et Normands à faire de la capitale une de leur principale destination.
Il faut noter que la consommation des produits de la mer en poissons et coquillages est attestée depuis la période gauloise dans le bassin parisien, mais elle va s'intensifier sérieusement durant le moyen âge à cause des nombreux jours de carême imposés par la religion chrétienne. le territoire que formera le val d'Oise est traversé par deux principales routes des marées, les tentatives d'accaparement de ces circuits font apparaître dès le XIV siècle des acteurs locaux à travers des conflits et des procès qui ont laissés des traces écrites
Au moyen âge la consommation qui avait explosée suite aux prescriptions religieuses, imposant un grand nombre de jours d'abstinence, avait par le fait augmenté la variété des poissons consommés, Bar, Turbo, Morue, Maquereau, Merlan, Hareng, Raie, Sardine etc..!!
Le hareng était péché en grande quantité, essentiellement l'hiver, ils étaient commercialisés après avoir subi un traitement pour assurer sa conservation. Ils étaient salés et conservés en barils ou fumés après salage devenant ainsi "saurs" permettant ainsi une longue conservation (voir article).
Le reste du poisson nommé "marée" étaient mis dans des paniers recouverts de sel et de paille et vendus frais
Les étals des marchés étaient étroitement surveillés, et le procédé qui consistait à mettre du sang frais sur les ouïes du poisson pour le faire paraître plus frais était très sévèrement puni !!
PS: il reste néanmoins que c'était une sacrée performance de parcourir ces distances sur des chemins souvent mal entretenus et par tous les temps, en 34 ou 36 heures M de V
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