Sans contestation possible, Jéhan Froissart fut le chroniqueur incontournable du XIV siècle (voir article), Philippe de Commynes sera celui du XV siècle, nous pouvons affirmer que le seul point commun entre les deux hommes, fut qu'ils étaient tous les deux Flamands !
Si Froissart était un Clerc, Commynes lui était Laïc, né vers 1445, d'une riche famille de la bourgeoisie, on peut avancer l'hypothèse que son éducation fut bâclée, car il ne savait pas le latin, langue des doctes et des savants de l'époque.
Il est attaché un temps à la Maison du Comte de Charolais, possession du vaste empire Bourguignon, le Comte n'est autre que le jeune Charles, futur Duc de Bourgogne, qui sera bientôt nommé le téméraire !!!!
Puis il changera d'allégeance, pour servir le Roi Louis XI, la constante amitié des deux hommes et les grands services qu'il va rendre au monarque, lui assurent une haute situation et d'immenses richesses. A la mort du roi il sera disgracié et suivant son expression " tâta des fameuses cages de fer ", comme on dit: Arx tarpeia capitoli proxima !!!!!! ou des honneurs à la déchéance.
Mais comme Jean Bourré, autre fidèle serviteur de l'universelle araigne ( voir article ), il continuera de servir les rois qui vont suivre !
Charles VIII ne pouvait se passer d'un conseiller et d'un diplomate comme Commynes! qui s'il ne connaissait pas le latin, maîtrisait à fond l'italien, l'espagnol, le flamand et l'allemand, il servira aussi sous Louis XII et restera en faveur jusqu'au dernier moment (1511)
Il ne faut demander à Commynes aucune des qualités de Froissart, son prédécesseur ! Chez lui toute la partie descriptive est faible, il ne se met pas lui même en scène.
Son oeuvre est impersonnelle, il décrit et commente les actions politiques, il a vu Louis XI donner le coup de grâce à cette chevalerie obsolète, représentée par un personnage comme Charles le téméraire.
La diplomatie commence son règne en Europe, dans cette toute fin du Moyen âge ! Philippe de Commynes a senti passer le souffle des temps nouveaux.
Ainsi dans ses mémoires comprenant, les chroniques de Louis XI et de Charles VIII il nous fait assister à la fin des luttes féodales ! et à l'avènement de la guerre moderne ( voir article Louis XI et ses instructeurs militaires Suisses)
A l'inverse de Froissart, il méprise les grands coups d'épées, les prouesses héroïques prisées par les grands du royaume ! Ce qui l'intéresse ce n'est pas le détail pittoresque d'un événement, mais la suite et l'enchaînement logique!
Commynes sait analyser et juger avec une clairvoyance impitoyable, chacun des acteurs qu'il met en scène ! Cet historien Philosophe cherche à comprendre les événements à en découvrir les causes, il mesure leurs portées et prévois les conséquences, mais c'est aussi un homme qui possède une haute idée des devoirs de la royauté.
Commynes reste un grand esprit, mais ce n'est pas un artiste, il ne fait nul poésie comme Froissart, son style n'a ni éclat ni relief, mais il est clair, précis et solidement conçu !!!
Voici une partie du portrait qu'il nous trace de Louis XI dont il admire le génie politique.
Entre tous ceux que j'ai jamais connu, le plus sage pour se tirer d'un mauvais pas dans les moments d'adversité, était le roi Louis XI, notre maître et le plus humble en paroles comme en habits.
Il travaillait sans relâche à gagner un homme à sa cause, qui le pouvait servir ou qui pouvait lui nuire! Nullement rebuté par les refus d'un homme qu'il essayait de gagner à sa cause, il continuait sans relâche promettant largement, donnant argent et charges.
Quand à ceux qu'il avait chassé en temps de paix et de prospérité, ils les rachetaient bien cher quand il en avait besoin, s'en servant et ne les tenant en nulle haine pour les choses passées.
Il était naturellement l'ami des gens de moyen état, et l'ennemi des grands qui pouvaient se passer de lui ! Nul roi ne prêta tant l'oreille aux gens, ni ne s'enquit de tant de choses pour les connaître, cette façon de pratiquer lui sauva sa couronne !
Vu les ennemis qu'il s'était lui même acquis lors de son avènement en royauté!, bien lui servit sa grande largesse. Mais si tant est qu'il se conduisait sagement dans l'adversité, à l'opposé dès qu'il se sentait en sécurité ou lors de trêves, il se mettait à mécontenter les individus, car il était léger en paroles, parlant des gens même en leurs présence, sauf de ceux qu'il craignait et qui étaient nombreux, car il était craintif de nature !!!
PS: j'ai évité de mettre les images d'un Louis XI retors et démoniaque sur cet article cela fait trop cliché, et ne représente pas la réalité historique du personnage M de V
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