Obsession aristocratique par excellence, le souci de paraître s'intensifie au XIV et XV siècles, permettant un essor nouveau " l'Emblématique ", c'est à dire les signes servant à désigner l'identité d'un individu
Au début du XIV siècle, l'emblème est le plus souvent utilisé sous forme d'armoiries, avec pour rôle essentiellement utilitaire, d'affirmer le rang et l'identité de son porteur et notamment lors des conflits armés. Cependant la complexité croissante des armoiries les rend de moins en moins lisibles
Ceci va justifier à partir de ce siècle la diffusion de nouveaux emblèmes comme le Cimier et le Badge, afin de répondre au besoin de cette aristocratie de la fin du moyen âge (dixit le nain, de nos Paons rutilants, mangeurs de charrettes ferrées !!! )
Ce badge, quel que soit la forme qu'il revêt peu être peint, sculpté, brodé ou prendre l'aspect d'un bijou. Il sert avant tout à proclamer l'identité de son émetteur, composé d'une figure ( ou corps ), représentant un animal, un végétal ou un objet, associé parfois, ou accompagné d'une inscription appelée " le mot ", qui au fil du temps va devenir une sorte de publicité de luxe pour l'aristocratie du bas moyen âge
Puis nous avons " l'Enseigne de Livrée ", qui reproduit le badge identitaire de ce Prince sur la tenue de ses fidèles, de ses proches, ainsi que son personnel de maison. Cette reproduction aura au fil du temps une connotation politique, mais s'inscrit également dans l'emblématique. Comme l'affirme M Pastoureau, c'est le signe d'une société qui cherche dans le " paraître " une compensation au déclin de son rôle militaire, politique et économique !!
D'abord réservé à l'usage unique du grand Feudataire et apposé sur ses effets personnels il sera peu à peu diffusé lors des " livrées ". La coutume de la livrée se produisait une à deux fois par an selon les maisons, le prince remettait à son personnel et ses proches des vêtements, des broderies ou des enseignes (insignes), mais aussi sous forme de cadeaux à ses fidèles. Celui ci servait le plus souvent de signe de reconnaissance ou de ralliement lors de luttes entre des maisons rivales !!!
Certains badges de ces princes se présentaient sous forme de colliers, de broches ou d'enseignes ( insignes ). Il étaient Façonnés dans les métaux les plus divers, or, argent, recouverts d'émaux, voir enrichis de pierres précieuses. Il est évident que pour le personnel ces représentations étaient de plomb ou d'étain, reproduisant dans cet alliage et à moindre coût le badge du maître de maison. tout cela était fonction de la richesse personnelle de ce grand personnage du royaume
La popularité du badge s'explique par l'absence de règles précises comme l'héraldique. Le prince pouvait laisser libre court à sa fantaisie, son goût, sa culture, voir même son humour. Le badge semble d'origine Anglaise dès le début du règne de Edouard III, par contre son introduction chez nous est contemporaine du règne de Jean II le bon, mais fort peu répandue !!
Il faut attendre la fin du XIV siècle et Charles VI le Fou pour que le badge devienne un emblème d'usage courant au sein de notre aristocratie. Il semble acquis chez nos historiens que le contexte de la guerre de cent ans ai favorisé l'introduction du badge en France, en raison des contacts fréquents entre les cours de France et d'Angleterre
Prenons l'exemple Anglais de John Talbot, Comte de Shrewsbury, possédait pour badge " un Talbot ", chien dont la race est aujourd'hui éteinte. Dans un poème on parle de John Talbot retenu prisonnier en France entre 1449 et 1453, ou il est désigné comme suit " le garde de notre porte est enchaîné, c'est Talbot notre bon chien "
Dans la maison d'un grand du royaume les enseignes (insignes) dits de livrée sont portés sous formes de petites broches sur les vêtements et apparaissent comme des témoignages d'allégeance par les fidèles et les membres de sa maison et arborées de façon ostentatoire sur la poitrine ou le couvre chef. Ce qui n'allait pas sans orions et coups de pieds de par le cul, quand des personnes de deux maisons rivales se rencontraient !!...Wouais ben on fait pas mieux maintenant hein !!!!!
En France, Jean sans peur, Duc de bourgogne, distribua son badge " au Rabot ", sous forme de broches d'or garnies de saphirs, de diamants et de perles à ses chevaliers et ses fidèles, mais son train de maison et ses serviteurs ne portaient que de simples insignes de plomb ou d'étain. Y a des limites tout de même hein !!!!!!
Dans la guerre emblématique qui précéda la guerre civile au XV siècle il y eut deux badges célèbres, ceux de Louis d'Orléans et de Jean sans Peur, tous deux chefs de factions opposées. Louis avait prit pour badge un bâton noueux, sorte de gourdin chargé de noeuds protubérants, avec la légende (le mot), " je le tiens ", qui bien sur s'adressait à Jean. Ce dernier comme nous l'avons dit plus haut avait lui opté pour le Rabot, afin de dégauchir les inégalités du gourdin menaçant de son ennemi de cousin !!. Ha ils avaient de l'humour hein !!!!!
Albion connut aussi quelques années plus tard une guerre civile " la guerre des deux roses ", lutte pour le pouvoir entre la maison d'York qui avait pour badge une rose blanche et la maison de Lancastre, qui avait pour emblème la rose rouge, elles permettaient de renforcer les liens entre partisans et jouaient le rôle de signe de reconnaissance et de ralliement
PS: la documentation provient de la BNF, sur un texte de D Bruna....M de V
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