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mardi 12 octobre 2021

N° 410) La Cotte de maille du Haut Moyen âge

Cette cotte nommée " Lorica Hamata " chez les Romains est composée depuis ses plus lointaines origines d'un ensemble de petits anneaux en fer forgé, plus ou moins fins et serrés, qui passés les uns dans les autres sont fermés par un minuscule piton passé dans les deux extrémités aplaties de chaque anneau, puis rivés au moyen d'une pince spéciale

Ce système de vêtement annelé doit sa préférence avant tout à la simplicité de sa fabrication et ce malgré une lenteur de production fort couteuse, ce qui explique son expansion peu rapide au cours des siècles !

Encore fallait il savoir donner à ce vêtement la forme appropriée d'une chemise, d'une cotte fendue en bas, sur le devant et l'arrière, avec ou sans manches, ce qui exigeait de l'artisan des connaissances basiques au niveau de la coupe de vêtements comme le ferait un tailleur avec un client

Cette cotte possède le grand avantage d'une protection parfaitement efficace, élastique et souple pour les parties vulnérables du corps humain. Mais son prix en fit aux environs de l'An Mil et après une défense réservée aux gens riches (ben oui quoi !!, si ce n'était particulièrement difficile à confectionner c'était par contre fort long à réaliser ! et le temps c'est de l'argent m'enfin !!!!









Les chansons de geste du temps la désignent aussi sous le nom de "Jaserenc" de "Brunie" ou de "Haubert". Son col est parfois accompagné (selon les moyens du client), d'un capuchon de mailles enserrant le cou et le menton que l'on nommait " Visagière" ou "Ventaille" qui enveloppait la tête en encadrant le visage 

L'ensemble devait se compléter vers la fin du XI siècle par des chausses de mailles. De toute façon il semble s'agir (toujours selon les tapisseries, peintures et sculptures), d'un survêtement passé comme protection par dessus les habits courants d'une tenue civile portée par le guerrier 

Cette cotte prenait parfois l'allure d'une chemisette " Kettenhemd ", portée par dessus une tunique de drap piqué ou de cuir. Les jambes restaient souvent, avec les braies et les chausses, sans protection particulière, à moins d'être recouverte ( si le guerrier en avait les moyens ), de chausses de mailles jusqu'aux chevilles  

Les scènes de la bataille d'Hasting nous montrent les combattants à cheval et à pied revêtus de la "Broigne" ou "Haubert de Mailles" avec manches habillant jusqu'au coude et d'une coiffe enveloppant la tête et le col dont la visagière ou ventaille protégeait le menton, ne laissant à découvert que la partie supérieure du visage 








Cette ventaille couvrait parfois la bouche jusqu'à la base du nez (pas tous hein ! souci financier oblige), tout en pemettant la respiration au travers des mailles. Celle ci qui semble former comme un rectangle pouvait être délacée sans enlever la coiffe qui faisait corps avec le haubert

A Hasting il semble que les jambes soient couvertes de chausses de mailles jusqu'aux genoux et pour certains chevaliers, tel Guillaume le Conquérant lui même, portent des chausses de mailles formant jambières jusqu'aux chevilles, usage qui devait se généraliser près de cent ans plus tard

Cet équipement de protection pesait entre 12 et 15 Kgs, ce qui nous fait si nous ajoutons le casque, l'épée et le bouclier une bonne vingtaine de Kilos....pour sur qu'il fallait pas être enflé comme un lapin d'six semaines hein !!!

Ce poids nécessitait un entrainement constant afin que le guerrier puisse manier ses armes avec aisance. Mais nous croyons pouvoir dire que ce lourd équipement n'était endossé que lors d'une expédition, ou encore juste avant un combat en perspective 

Nota: attention hein !! le nain n'affirme rien, c'est juste sa vision à lui !!!!








La tapisserie de Bayeux nous montre des hauberts suspendus à des perches portés par deux hommes, on y remarque à l'encolure le laçage et parfois même le boutonnage qui permettait au guerrier de la revêtir plus facilement

Ce n'est qu'au XIII siècle que va se produire, grâce au vécu et à l'expérience sur le terrain, ainsi qu'à sa transmission par le bouche à oreilles, aux Haubergiers, qu'une lente transformation et des améliorations de cet armement va se réaliser



PS: ben oui quoi !!!...on pouvait pas avec son tel et son abonnement de chez  Sosh commander une cotte de mailles chez Amazon hein....faut pas rêver m'enfin M de   

jeudi 23 septembre 2021

Origine et Progression du Mal Noir de 1347

En cet an de grâce 1347 l'épidémie avait fait son apparition dans la horde du Khan de Kiptchack, il assiégeait la colonie Génoise de Caffa, un port de Crimée sur la Mer Noire. Pour démoraliser et affaiblir la résistance de ses adversaires, le Khan eut l'idée délirante de faire envoyer par ses Perrières, à l'intérieur de la cité portuaire, les cadavres de ses pestiférés !!!!

Que voilà une bonne âme charitable, qui sait partager avec l'ennemi ses problèmes de vie courante !!!!. Bref quand on est dans l'Bren autant faire profiter les autres afin que l'on soit logé tous à la même enseigne mordious !

Le Khan réalisait la un fort dangereux transfert d'éléments de contagion qui allait très rapidement ravager tout l'Occident. En dépit des précautions prises par les assiégés qui rejetaient aussitôt à la mer ces projectiles insolites la maladie allait s'insinuer dans les navires du port en partance vers la Méditerranée

Cette Peste Noire , nommée ainsi en raison des taches de couleur sombres dont elle marbrait le corps de ceux qui en étaient atteints, va d'abord débarquer à Constantinople puis en Grèce. Dès octobre 1347, en empruntant les voies du trafic maritime elle arrive à Venise, Messine et Gênes. ( voir aussi l'article 38 du Blog sur la peste noire) 








De ces trois grandes places du commerce au Moyen âge elle allait fuser durant les semaines qui vont suivre à la vitesse du cheminement des marchands. De Venise elle glisse vers Padoue et la plaine du Pô, cependant qu'au Nord elle se dirige vers l'Autriche, la Hongrie et la Bavière !!

De Messine en empruntant les vaisseaux de commerce, la contagion débarque aux Baléares et dans les ports Espagnols d'Alméria, Valence et Barcelone !

De Gênes le Mal Noir se répand en Toscane puis en Lombardie, puis passe en Suisse par les cols des Alpes, pour continuer par la coulée du Rhin vers Strasbourg et Cologne !

Mais c'est de Sicile, par la Sardaigne et la Corse que le flux arriva à Marseille en suivant la côte Provençale, pour rayonner aussitôt dans toute la France de l'époque. Mais elle progressait aussi en venant d'Espagne, utilisant les passages des Pyrénées et débarquer en Gascogne !

Ce fut dès lors, par les vieilles routes des foires et des pélerinages un hallucinant déferlement de morts vivants !








A Noël 1347: Aix en Provence
Janvier 1348: Avignon et Arles
Février, Mars: Montpellier, Béziers, Narbonne, Carcassonne
Avril, Mai: Toulouse, Montauban et l'Auvergne
Juin: Lyon
Juillet, Août: Bordeaux, le Poitou et la Bourgogne

Ce n'est qu'à la fin Août 1348 que l'on commence à signaler le Mal Noir dans certaines localités de la région Parisienne, et à l'Automne la Bretagne et la Normandie furent à leur tour contaminées

Dans les deux derniers mois de 1348 la contagion était dans Paris et quelques semaines plus tard la Picardie et la Flandre furent touchées. Pendant que ce fléau s'étendait sur l'ensemble du royaume de France il avait également trouvé son chemin vers l'Angleterre et l'Allemagne dès le début 1349, pour passer en Ecosse et dans les pays Scandinaves l'année suivante !! 

Foudroyant et implacable, le Mal Noir, avait en deux ans submergé la totalité du monde Occidental. Or donc, merci à l'autre bouseux de Khan du fin fond du trou du cul du monde !!!!!!!!!  









La maladie s'installait pour quelques semaines ou quelques mois selon les endroits et la densité de population, la mort frappait à un rythme accéléré. Selon les chroniqueurs contemporains de cette époque il mourut en Paris entre 500 et 800 personnes par jour pendant le pic de l'épidémie !!!!!

La population du royaume de France au XIV siècle était avant le mal Noir, et selon l'étude du recensement des feux effectué sous Philippe VI premier des Valois est évaluée à environ 16 millions d'âmes !!

Après la Peste noire et après étude des sources parvenues jusqu'à nous, certains médiévistes avancent le chiffre hallucinant de 9 millions de morts !!! 




PS: Le nain y voudrait pas gâcher vôtre joie hein !!!....mais vous pouvez aller vous rhabiller avec le score de petit joueur du Covid (humour) ...Pis si vous croisez l'Khan pas la peine de le féliciter d'ma part hein M de V

mardi 21 septembre 2021

l'Assassinat du frère du Roy

En ce temps il advint en la ville de Paris la plus doloreuse et piteuse adventure qui fut advenue au Royaume de France. le Pays allait en souffrir, divisant ça et là, les uns contre les autres, Nobles, Bourgeois et Manants. A tel point que ce royaume fut désolé et appauvris pour longtemps !!!

La cause en fut la mort par assassinement de Louis Duc d'Orléans, frère unique du Roy de France, Charles VI le Bien Aimé. Voyons ce que nous dit la Chronique d'Enguerrand de monstrelet, contemporain de ces faits qui devaient se transformer en une véritable guerre civile !!

Ou il est dit qu'un nommé Thomas Courtheuse, qui estoit de son état, Varlet de la Maison du Roy, tout en étant parti prenant de cette tentative d'assassinement, vint parler faussement au Duc d'Orléans qui se trouvoit chez la Royne en son hostel proche de la rue Barbette

Or donc ce sournois personnage dit à louis que le Roy lui mandait de venir par devers lui sans délai. Le Duc, en petit équipage, juste deux escuyers et six varlets portant torches devant et derrière le groupe, se hâtait pour répondre à ce faux appel de son frère le Roy !!

C'est au niveau de la porte Barbette, par cette nuit fort sombre, qu'attendaient au coin d'une maison 18 Vaunéants pour l'occire !!!!





Ils se ruèrent sur lui en huchant à gueule bec " A mort, a mort ", un coup de hache coupa une main du Duc, Louis se mit à crier " je suis le Duc d'Orléans ", ce à quoi répondirent nos sicaires par " c'est justement vous qu'on attendait ", puis sous le nombre il fut retourné, renversé et frappé de si terrible manière, que de sa teste toute fendue la cervelle se répandit sur la chaussée de cette ruelle. Le Duc d'Orléans mourut ainsi de façon fort pitoyable !!!!

Hormis un escuyer qui mourut avec lui en essayant de lui faire un rempart de son corps, ses gens de maisons vont fuir sous le nombre en criant " au meurtre au meurtre "

Nos sicaires vont fuir aussi mais en protégeant leur retraite. Un de la bande avait à l'aide d'une torche boûté le feu à une maison, pour faire diversion, ils partirent en criant " au feu " à pleins poumons, tout en semant des broquettes de fer, au cas ou ils seraient poursuivis par le guet à cheval !

Une partie de ces assassins allèrent à l'hostel d'Artois, ou se trouvait leur maître, le Duc de Bourgogne Jean sans Peur, celui qui leur avoit commandé cette meurtrerie !!!, comme il l'avoua publiquement un peu plus tard !!!. Une fois conté leur méfait ils allèrent se mettre en sureté



 


Le principal auteur de ce crime avait pour nom Raoulet d'Anquetouville, ce dernier avait un grief particulier envers le Duc d'Orléans, qui lui avait fait perdre son estat au conseil général des Aides, perdre pécunes donne des idées de vengeance !!

Notre Raoulet avait comme complices les frères Guillaume et Thomas Courtheuse, Jean de la Motte et quatorze autres Pendarts de même farine. Ce meurtre avait eût lieu le mercredi dans la nuit, mais ce ne fut que le vendredi, au conseil restreint du Roy, que fut donné l'ordre au Prévôt Royal de fouiller les maisons du Roy et des autres Princes et d'interroger serviteurs et varlets !!!

Le Duc de Bourgogne étant membre du dit conseil s'alarma fort à entendre cette consigne et il eut soudain des craintes. N'y tenant plus il prend à part Louis de Sicile et son Oncle le Duc de Berry et leur conte par le menu cet assassinat exécuté sur son ordre par Raoulet d'Anquetouville et ses sbires !

Il ne manque pas de culot le Jean sans Peur, il dénonce ses comparses !!!. Par le fait, Louis de Sicile et le Duc de Berry restent sans voix devant cet aveu criminel du Duc de Bourgogne !!! car il avait commandité un meurtre sur une personne royale et qui de plus était son propre cousin germain !!! 









Autant vous dire que la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre !!. Cependant, le samedi, Jean sans peur, toute honte bue, se rendit au conseil pour siéger comme à son habitude. il se fit refouler poliment mais avec fermeté et on lui ferma la porte au nez !!!

Le Duc de Bourgogne eut grande émotion et inquiètude, il s'en retourna alors à l'hostel d'Artois ou fébrilement il prépara son départ, ceci afin de n'être point pris au corps suite à l'enquète du Prévôt. Il monta à cheval avec juste six hommes de sa maison, et passa rapidement par la porte Saint Denis

Il se rendit à Bapaume pour y dormir, afin le lendemain de partir à francs étriers vers la cité de lille en Flandres. Ainsi firent de même Raoulet d'Anquetouville et sa bande de pendarts !!!

Nota:Enguerrand de Monstrelet est issu d'une famille Noble de Picardie il naquit au XIV siècle et mourut en 1453. Il suivi probablement " les guerres " dans la compagnie du Comte de Saint Pol. En 1346 on le trouve Bailli du Chapitre de la ville de Cambrai, puis en 1444 il devient Prévôt de la même cité pour le Duc de Bourgogne. Sa chronique va de 1400 à 1444, elle fait comme une suite à celle de Jehan Froissart, mais sans les talents de conteur de ce dernier !




PS: l'assassinat du Duc d'Orléans frère du Roy de France fut la cause de la querelle des Armagnacs et des Bourguignons et dont l'Anglois fit ses choux gras !!!!....M de V

mardi 14 septembre 2021

La Quinzaine des Jacques

Or donc c'est en Paris que se répand, autour du 20 mai 1358, la rumeur que la veille à Saint leu d'Esserant, près de Creil, un fort parti de paysans s'est opposé à un groupe d'hommes d'armes !!!. Quatre chevaliers et cinq écuyers sont ars sur le terrain, parmi lesquels on trouve le neveu du maréchal de Normandie....voila qui allait contribuer à envenimer les choses mordious

L'origine de la querelle nous est inconnue, sans doute les " Gentilhommes " attaqués commandaient ils une de ces nombreuses escouades qui enrôlaient et réquisitionnaient pour leur approvisionnement ??. Bref ils détroussaient à la ronde tout ceux qui leurs tombaient sous la main

Il semble qu'il faille écarter la préméditation de la part des paysans, mais plutôt qu'ils étaient mécontents de se faire plumer à nouveau, enclins à regimber le ton va monter !, moqués par la soldatesque cela ne pouvait finir qu'en jus d'boudin





Alors comme l'autorisait les Ordonnances Royales, en cas d'exigences abusives, on fit sonner les cloches appelant de ce fait les Bourgs champestres avoisinants à la rescousse !!. Le résultat dépassa l'espérance du simple renfort. Mais voila il y avait de la viande froide au sol et nos vainqueurs se mirent à craindre de prochaines et terribles représailles !!!

Le seul moyen de se préserver était de provoquer un ralliement rapide à leur cause, il n'y avait pas besoin de pousser bien fort la charrue, car attisé par des années d'inquiétudes et de rancune le mouvement allait se propager à la vitesse d'un incendie !

Dans la campagne autour de Creil les cloches vont sonner à la volée, de la vallée de l'Oise à celle du Thérain et de la Brêche !!. Alors " sans aultre conseil, sans armeures, n'ayant que bastons ferrez et coustiauls " les jacques se mettent en marche. Rapide comme un orage d'été la révolte forme bientôt un long cortège de 5 à 6000 paysans, qui ressemble à un énorme serpent en colère venant de se faire marcher sur la queue !





Certes d'indéniables atrocités furent commises par nos paysans, les chroniqueurs de tous bords s'accordent à les dénoncer. Les narrations et les nombreuses lettres de rémission fourmillent de détails affreux ou pittoresques. Citons pour l'exemple un fait conté par Jehan Froissart. Ou un chevalier occis fut embroché et tourné au feu, rôti comme goret, sous les yeux de sa femme et de ses enfants, puis qui fut donné de force à manger à ces derniers, après que la dame ait été de nombreuses fois esforcée et violée !!!

La rapidité avec laquelle avait enflé ce soulévement, né d'une rixe locale, prouve qu'à un mouvement populaire d'une telle unanimité venait se greffer des raisons bien plus profondes !

Usés par la Peste (voir article 38), étrillés par la guerre et ses séquelles, les campagnes avaient un mode d'existence qui explique leur désespoir, plus de troupeaux dans les pâtures et plus de cultures ni de moissons,les paysans se câchaient

Les incessants passages de bandes armées, qu'elles soient de France ou d'Angleterre, après la trêve de Bordeaux étaient passés du simple brigandage à l'écumage en règle!. Bref le Pégu devait se débrouiller tout seul !!!





Ces bandes agissaient en toute quiétude car les autorités qui eussent pu s'opposer à ces ravages étaient occupées à des soucis qu'ils jugeaient bien plus importants. Alors de Capitaines Anglois en rupture de guerre franche, en hommes d'Armes Navarrais, ou de chevaliers de toutes provenances ils taillaient et retaillaient dans un corps exsangue, paysans et villageois dépouillés subissaient le harcellement de tous les étendarts !!!!

Les Maisons Fortes nombreuses de ces campagnes servaient de repaire d'hiver à ces bandes de malfaisants, d'ou ils déclenchaient des coups de main lucratif pour s'approvisionner. mais la brusque irritationque Jacques bonhomme éprouvait devant de telles actions n'était rien à côté de la permanente colère de nos paysans contre les nobles, auxquels ils reprochaient de ne point remplir ce devoir de protection que leur imposait la tradition de chevalerie !!!!. L'insurrection provoquée par les dépradations des Soudoyers en chômage illustre à merveille le divorce entre Noblesse et Paysans !

Bref nos Pégus en avaient ras l'joufflu de ces fers vêtus toujours vaincus m'enfin !!!!!!





Car à l'inverse des Seigneurs Anglais qui traitaient en compagnons ceux à la tête desquels ils ont obtenu la grande Charte, nos Français n'avaient que mépris pour la piétaille qu'ils affublaient du doux nom de " Merdaille ", les bousculant, les renversant, voir meme les tuant à la bataille pour aller plus vite à la mêlée et à la mort finissant ainsi le nez dans la fange

Mais après Poitiers (voir articles 19,20,21), le peuple qui souffre oublie de pleurer les vaillants morts à l'Ecluse ( voir article 13), à Courtrai ( voir article 271), Crécy (voir articles 15 et 16), on préfère s'indigner contre les fuyards et ceux qui se sont rendus !!!

Car non seulement ils avaient payés les équipements de ces seigneurs rutilants, mais il fallait encore pour certains payer rançon pour les faire revenir, afin de continuer de se faire plumer !!!!....la soupe était cuite et la marmite débordait !!!

PS: bien sur ils vont le payer cher nos pôv Pégus, ils ne seront même pas aidés par la bourgeoisie qui ne fera que les utiliser lors de leur révolution manquée du XIV siècle...bon c'est la vision du nain pis c'est tout M de V

jeudi 2 septembre 2021

Des Matines de Bruges à Courtrai

Nous sommes à l'aube du XIV siècle en l'an 1300 et le Roy de Fer venait de confier le gouvernement de la Flandre à l'oncle de la Reine. On ne peut pas dire que ce choix fut judicieux !!, car Jacques de Châtillon était un personnage violent et brutal, bref un sanguin d'esprit borné imbu de son rang et de sa noblesse

Il va tomber très rapidement sous l'influence de la Noblesse Flamande et d'une partie notable de la Haute Bourgeoisie. Ces classes dirigeantes ayant été confortées dans leurs privilèges par Philippe IV le Bel formaient en Flandre un parti prêt à collaborer avec l'envahisseur Français

Mais il n'en allait pas de même pour les masses populaires, la marmite était pleine et la soupe bouillait !!. L'hostilité du peuple à l'égard des possédants, déjà vive, allait s'accentuer à présent que leurs exploiteurs, forts de l'appui de l'occupant, faisaient peser sur eux une oppression encore plus forte !!!

A la haine le peuple va ajouter le mépris, et gratifier ces partisans Flamands du Roy de France d'un sobriquet jugé par eux infamant " Leliaerts " signifiant " Fleurdelisés " en français !!! ......Ben oui quoi !!! y a pas que l'Anglois qui joueras les envahisseurs au XIV siècle, les Français y faisaient pas mieux, faut pas croire hein !!!!!





Nos braves citadins de Bruges vont se trouver un chef, c'était un pauvre Artisan Tisserand, qui selon la chronique " n'avait jamais possédé dix livres vaillant dans son escarcelle ". Il se nommait Peter de Koninck, portant la soixantaine, petit, malingre et borgne selon Villani. Mais nôtre bonhomme brûlait d'une haine féroce envers les riches et l'envahisseur !

Dans des discours enflammés, dignes d'un prêcheur de la religion, il exortait le peuple à se soulever en masse pour régler leurs comptes aux " Fleurdelisés ", les Leliaerts !!. Ces derniers pris d'une sainte pétoche adressent leurs plaintes aux autorités françaises, notre bon Châtillon qui ne faisait jamais dans la dentelle fait marcher sur Bruges un corps d'armée de cinq cent chevaliers. Ce qui nous fait même en comptant à l'économie (comme un Banquier Lombard), au bas mot 2500 hommes !!!!

Pendant ce temps la, les " Communs ", de Bruges, font leurs petites affaires et tombent à bras raccourcis sur les riches, on en massacre une partie et pour faire bonne mesure on colle le reste en prison !!. Peter de Koninck devient alors l'un des principaux dirigeants de cette cité passée aux mains du peuple !





Bien sur à l'arrivée du Châtillon et de ses troupes, auxquels s'ajoutaient des " fleurdelisés " ayant réussit à se soustraire à la vindicte populaire, le courage des Brugeois fléchit, et ils ouvrent les portes aux français. Châtillon dans ses oeuvres, loin de calmer la foule décide de priver la commune de ses privilèges, et de faire abattre les murailles de la cité, puis il quitte la ville !!!...aucun discernement ce gros jambon de Châtillon ????

Les français partis Koninck reparaît plus virulent que jamais !!, on arrête la démolition des murailles et le peuple se soulève une fois encore. Le Châtillon revient avec ses troupes, mais il n'a toujours rien compris au problème cet Aliboron!

La ville va se rendre une nouvelle fois mais à la condition que l'on laisse partir, sans les molester, ceux qui étaient impliqués dans l'émeute précédente....ce qui fut accordé !!

Notre Châtillon fait son entrée dans la cité à la nuit tombée avec ses soldats, ce qui remplit de terreur les citadins, de bouches à oreilles les ragots les plus fous circulent. La rumeur dit que le Châtillon dès le lendemain ferait pendre la plupart des Brugeois en place publique !. une nouvelle fois la marmite se met à bouillir !!!





Pendant que nos français s'installent pour la nuit, une agitation fébrile s'empare des faubourgs ouvriers, c'est comme le bourdonnement d'une ruche, on se compte, puis on compte les armes, et enfin l'on envoie des messagers pour récupérer ceux qui venaient de quitter la ville avec armes et bagages et qui n'étaient pas encore bien loin !!

Bientôt on voit accourir de partout des groupes silencieux qui franchissent les remparts à moitié démolis, se répandent tel des ombres dans les rues obscures de cette nuit !. On va commencer par égorger les sentinelles afin d'occuper les portes pour qu'aucun français ne puisse sortir par la. On referme la nasse, tout est prêt pour un joyeux massacre !

Au cri de " Schilt en Vriend " (bouclier et ami), des centaines de torches s'allument et l'on se précipite sur les maisons ou dorment, comme rats en paille, nos français !!. Ceux ci vont chercher le salut dans la fuite mais seront égorgés sur place, comme de nombreux Leliaerts qui subiront le même sort

Aidé ou pas ?, notre Châtillon échappe au massacre et sortira clandestinement de la ville le lendemain. Le Massacre est évalué à 3500 personnes chevaliers, hommes d'armes et sympatisants confondus mordious !!





Personne à Bruges ne doutait que le Roy de France allait faire payer très cher le massacre de ses chevaliers !. Mais ils vont relever le défi et se préparer dans l'enthousiasme à ce retour de bâton français, et tout le pays va se mettre à l'ouvrage pour préparer cette armée !

Le temps pressant on se fabrique avec des branches à peine dégrossies des piques très particulières, avec à l'extrémité une lourde et massive tête de fer se terminant en pointe. Avec son poids elle pouvait aussi servir de massue. Elle fut surnommée " Goden Dag " (bonjour), car pour la faire retomber sur l'ennemi il fallait s'incliner comme pour une révérence

Comme défenses de têtes des bacinets ou à défaut des marmites, des planchettes de bois assemblées et suspendues au cou servaient de boucliers. Des casaques de cuirs bourrées de crin et des cottes épaisses de coton piqué composaient l'armure de ces chevaliers du peuple !!!

C'est ainsi que deux mois plus tard, le 11 juillet 1302 elle rencontra sous les murs de Courtrai l' Ost de la noblesse de France (voir article). Les Tisserands, drapiers et foulons firent la un grand massacre de nos français, heureux ceux qui purent s'échapper car les Flamands ne firent pas de prisonniers. Le Roy de France aura sa revanche le 18 août 1304 à la bataille de Mons en Pévèle !! 


PS: Cela n'a aucun rapport avec l'article mais le nain pousse un coup de gueule à l'intention des TDC ( lire trous du culs ou têtes de cons), qui commentent mes articles en signalant que les images qui me servent de déco ne sont pas de moi !!....bien sur avec 406 articles à ce jour et environ 5 images par article j'utilise Pinterest les gens !!!....Mais le nain ne vend rien !, il ne fait que du partage sur son Blog...seul luxe restant gratuit à notre époque !! M de V

mercredi 25 août 2021

N° 405) La France Féodale et ses Impôts

Dans le régime féodal, tel qu'il existait sous les premiers Capétiens, les impôts ne sont point perçus par les Roys, mais par les Seigneurs et ne sont point appliqués aus dépenses du royaume, mais aux frais personnels des seigneurs ou aux dépenses générales du Fief !

Hugues Capet, en montant sur le trône en 988, se trouvait placé au même niveau et dans les mêmes conditions que les autres possesseurs de Fiefs !, et ce fut seulement dans son domaine propre, c'est à dire dans le Duché de France, qu'il leva des subsides désignés sous le nom " d'Aides

On trouve deux catégories d'Aides, les " Aides Légales " et les " Aides Gracieuses ". Les premières sont aussi nommées " Taille aux quatre Cas ". Elles sont obligatoires et tous les hommes Nobles ou Vilains les doivent au Seigneur

I) l'Aide au mariage, quand le seigneur marie sa fille aînée, II) l'Aide à la chevalerie, quand le fils aîné du seigneur devient chevalier, III) l'Aide de Rançon lorsque le seigneur est prisonnier de guerre, IV) l'Aide d'allée d'Outre Mer quand celui ci part en croisade ( du moins jusqu'à la huitième croisade)

Or donc tout le monde Casque ou crache au Bacinet...Pfffff désolé le nain il a pas pu s'en empêcher mordious !!!





Les Aides Gracieuses étaient levées dans des circonstances exceptionnelles et pour des dépenses d'utilité générales, fortification de cité, réparation de routes et de ponts, entretien des défenses du Fief contre des ennemis du dehors. Elles ne pouvaient être établies que du consentement des vassaux et s'il s'agissait d'un intérêt commun, comme par exemple la réfection d'un pont que tout le monde utilise ( à moins de vouloir faire 10 bornes de plus !!!), on les regardait comme obligatoires et on les désignait  alors " Aides de Rigueur "

En sus des aides légales, gracieuses et de rigueur, les premiers Capétiens disposaient, comme les autres Grands Feudataires, d'une foule de revenus, soit au titre de Suzerain, ou au titre de Propriétaire. Ces revenus formaient le Domaine. Ils comprenaient les droits de transit sur le Blé, le Fer, les Toiles, les Laines, les Cuirs, les Bestiaux, le Sel etc...

Mais aussi les droits d'étalage de pesage sur les marchés (voir article), les droits des étaux des marchands, et les amendes de la Haute, Moyenne et Basse justice. Ajoutons les bénéfices sur la fabrication des monnaies, des sceaux et du tabelionnage. On taxait les Halles et le mesurage public (voir article), sans oublier les Banalités sur les fours, pressoirs et plus tard les moulins (voir article)  









De plus il existait le droit de Prise, donnant aux pourvoyeurs de la maison du Roy la faculté de se servir gratuitement chez les marchands, plus tard ils seront obligés de payer, mais à un prix qu'ils fixaient eux même sur toutes marchandises et denrées à leur convenance !

Puis le droit de Gîte, c'est à dire le droit de visiter une fois l'an chacune des cités,Bourgades, monastères et Abbayes situées sur les Fiefs Royaux, de s'y faire héberger gratuitement, ou de percevoir une somme en argent équivalente aux frais que le séjour aurait occasionnés !

On percevait également des taxes sur la transmission ou l'investiture des Fiefs, puis des taxes sur les Juifs, mais aussi le Formariage prélevé sur les Serfs désirant se marier. Il y avait la Régale ou perception sur le revenu des évêchés

Il s'en trouvait une au nom tout à fait de circonstance, l'Aubaine, qui attribuait au Suzerain l'héritage de tout étranger mort sur ses terres, on pourrait presque en rire mordious !!! 

La suivante n'est pas mal non plus elle se nomme droit de Dépouille !!!, attribuant au Roy les biens mobiliers des évêques décédés !!









Puis à partir du règne de Louis IX ( saint Louis), on trouve la vente des Offices à des particuliers, insidieuse pratique car la personne achetant fort cher son office au Roy comptait bien se rembourser, avec intérêts, sur le dos de la moutonnière multitude !!!

Les épaves et les trésors dont le hasard procurait la découverte appartenait au Roy, on trouve aussi une taxe sur les rentes annuelles et foncières que l'on nommait " le Cens "

Finissons ce tout d'horizon par les Tailles levées sur les Roturiers, et bien sûr l'application des droits Féodaux proprement dits, qui consistaient au prélévement en nature sur les produits du sol ou de l'industrie, revenus des Forêts, des étangs, Lacs et rivières et plus tard les mines (voir article)

On le constate, les ressources du domaine estoient nombreuses et variées, il n'y avait, à peu de choses près, que l'air qu'ils respiraient qui n'était pas taxé, mais ne jetons pas la pierre à l'homme médiéval, car du haut de nos soit disant progrès sociaux, nous ne faisons pas mieux, voir même pire !!!! 




PS: Je connaissoit vostre engouement pour toute les tailles et taxes que l'on pontionne directement dans vos Escarcelles. Or donc je me propose de faire une série d'articles sur le sujet ...non remerciez pas le nain c'est normal ...en plus je vous fait ça gratos M de

mardi 17 août 2021

4/4 Ambiance de Rue Médiévale

Dans une cité médiévale, Rues, places, Ruelles, Porches d'églises et Venelles sont entrevues dans les précédents articles comme besogneuses, inquiétantes voire même dangereuses. 

Mais ne noircissont point trop le tableau cela pouvait être également le domaine de la joie, du rire et des plaisanteries, sans compter que se moquer du chaland ou tailler une réputation sur mesure à ses voisins était le sport à la mode pour le citadin....Soyons honnête de ce côté rien a changé !!!!

Ainsi malgré les dures conditions d'existence, la banalité de la vie ou la morosité du quotidien, l'inquiétude du lendemain et l'instabilité naturelle de l'époque, nos citadins profitaient tant que faire se peut des rares moments d'évasion ou des courts moments de bonheur

La chaussée est le foyer de la vie publique ou l'on " s'esbaudit " aisément et sans complexe de tout et de rien !. Que ce soit les zigzags du pochtron en sortie de taverne, les exentricités du " folastre " local, les potins du jour et bien sûr les commérages salés sur le " Mari Merdeux " c'est à dire le cocu!, ou le " Mari Durmené " c'est à dire celui qui ne portant pas le haut de chausse à la maison fait son bravache et joue le fanfaron dans son quartier, car tout fini pas se savoir dans la cité !! 





Et je vous parle même pas du pauvre citadin dont " l'aiguillette " s'est malencontreusement nouée lors de sa nuit de noce !!!! tout le monde est rapidement au courant dans le quartier cela déchaîne des rires énormes et des propos grivois à n'en plus finir !!!!

On " Huche es rues " et à " gueule bec " après son voisin, le boutiquier du dessous ou le livreur de lait. on s'interpelle de fenestre à fenestre ou du pas de sa porte dans un language vert et imagé qui ne s'embarrasse d'aucune fioriture

Or donc si nous ajoutons à cela les maîtres et ouvriers des boutiques qui travaillent, la rue est particulièrement bruyante. Mais les plaisanteries de nos truculents citadins vont parfois fort loin et portent à conséquences dans certains cas comme nous l'avons noté dans les articles précédents !!

La grande habitude ou mode si vous préférez, c'est d'affubler les gens de surnoms parfois cruels qui vont durer toute une vie et même passer à la génération suivante 

Bien souvent on mettait Le ou La devant un prénom exemple: La Jeanne ou Le Jean....mais voilà,.. quel Jean ou quelle Jeanne ????. Alors on répondait, mais si celui du Savetier !!!....ahaaa ce Jean là !!!. Il faut bien reconnaître que dans la cité des Jean ou Jeanne ou Jacques c'était monnaie courante !!!!





Alors s'il était possible de souligner une infirmité, un tare physique, une tâche sur la réputation ou une faute aux bonnes moeurs permettant de désigner de suite une personne ils ne se gênaient pas nos citadins !!

On trouvait alors un " Torcol ", un " Gratecul ", mais aussi un " Chatré ", un " Clerc de Merde ", un " Trote menu ", " le Cocu " ou " la Pansue " !!!

Or donc, à tout prendre, il valait mieux être Jean fils du Savetier du coin de la rue ou la Jeanne fille du Boulanger du quartier, plutôt que de porter ce genre de sobriquet mordious !! 

La bonne humeur des propos ne pouvait cacher le mauvais goût et le grivois de nos truculents citadins, car ils transparaissent dans d'innombrables anecdotes que l'on retrouve écrites et qui sont parvenues jusqu'à nous !

Pour édifier mes lecteurs, mais aussi parce que c'est drôle, voici deux exemples....je préviens par avance qu'à cette époque tout tournait autour de la bouffe, de la picole et du joufflu .....ben quoi y avait pas Internet, ni le téléphone portable et pas plus de disneyland m'enfin !!!!!!  





Voyons en premier les propos d'une certaine Jeanne Jumel " Putacière " notoire ! de la cité de Rennes. Plusieurs citadins vont rire jaune, fort longtemps, suite aux révélations croustillantes de la commère

Ou il est dit qu'elle divulguait les noms de cieulx qui avoient eu compaignie charnelle d'elle, mais aussi lesquels la chevauchoit myeulx et estoient meilleurs euvriers dans le domaine...Pfffff ça craint !!!...elle nommait aussi plusieurs hommes et disoit avoir eu leur pucelage....je vous laisse imaginer le carnage dans les familles concernées !!

Deuxième exemple tout aussi grivois !!! mais à Chartres, ou l'on raconte les exploits de deux lurons qui après force libations avoient fait le pari stupide de montrer leurs génitoires à tous les passants, afin de savoir lequel estoit le plus couillu !!!!


PS: je vais arrêter la de peur de lasser mes lecteurs, mais sachez que chacun recevait son lot, de la prostituée à la vieille fille, du mari trompé au frère mendiant gras à lard, et de l'ivroigne repenti au prêtre travaillé de l'aiguillette M de V

Nota: mordious le nain est un goujat il a oublié de préciser que pour ces quatre articles je me suis appuyé sur le très bon livre de J-P Leguay, La Rue au Moyen Age, je suis confus !!!!

lundi 9 août 2021

3/4 Le Bruyct ou la Rumeur de la Rue Médiévale

Si l'agression verbale est cause d'incidents graves, de bagarres menant à des drames, voire même à des morts, Le Bruyct, la rumeur, ou si vous préférez " les Ragots " créent un climat de suspicion et de haine tout aussi dangereux !!!

Dans une époque ou la chambre individuelle est un luxe rare, ou l'étroitesse des logements dans la cité semble être le lot commun de presque tous les citadins, la promiscuité va exacerber les sentiments !

La monotonie de l'existence créé un état d'esprit souvent étroit, propre à beaucoup de collectivités repliées sur elles mêmes. Ce qui fait que rien de ce qui se passe sur le pavé des ruelles ou dans les maisons n'échappe aux yeux et aux oreilles du citadin averti !

Or donc entre le pavé et l'habitation existent une observance réciproque. La moindre nouveauté, l'inhabituel d'un comportement, d'un habillement, ou d'un propos, engendrent d'abord l'étonnement, puis vient l'interrogation et le soupçon

A une époque ou les gens ont la tête prêt du bonnet la chose peut enfler créant un phénomène allant jusqu'à la démesure !!!!




Voila donc surgir le "Bruyct" qui s'insinue, grossit, se propageant de porte en porte, d'étal de marchand au boutiquier et au commerçant. Ainsi moult langues serpentines s'agitent, déformant à souhaits les faits, provoquant des réactions redoutables dans ce chaudron bouillonnant que va devenir la cité !

La plupart des affaires de moeurs, de sorcellerie, d'avortement ou d'infanticide débutent toujours par les ragots. L'allusion à la mauvaise conduite (vraie ou fausse) aboutit presque toujours à l'affirmation définitive !

Nos honnêtes citadins vont stigmatiser la " Paillardie ", la " Putacerie " et " l'Yvrongnerie ", voire même la paresse du voisin avec d'autant plus de rigueur qu'ils ne sont pas eux même exempts de tout reproche !

La prostituée sera mise au ban de la société pour le mauvais exemple qu'elle donne aux épouses dites vertueuses, ou pour les relations qu'elle entretient avec des maris ou des notables de la ville

Les enquêtes que l'on trouve dans les archives font découvrir de véritables voyeurs bien renseignés sur les faits et gestes de leurs voisins qu'ils ont surpris commerçant charnellement avec des filles follieuses, et qu'ils dénoncent avec une délectation à peine dissimulée. On va jusqu'à pratiquer un trou dans le mur mitoyen afin d'espionner son prochain !!




La rumeur empoisonne le cours de l'existence des cités, n'épargnant personne, souillant bon nombre de réputations, elle est pratiquée par la commère à la langue éfillée allant au marché, aussi bien que par le marchand ou l'artisan attendant le chaland tout en observant et espionnant ses voisins

La situation est identique dans la grande majorité des cités des XIV et XV siècles, que ce soit le réfugié arrivant de sa campagne dévastée,le colporteur de passage, le pèlerin ou le vagabond essayant d'échapper à la misère du monde, il est bien vite soupçonné d'être selon les périodes un espion de l'Anglois, un Armagnac ou un Bourguignon pendant la guerre civile ???

On accuse ici un prêtre d'être un faux monnayeur !, là-bas c'est la femme " du un tel " qui est une sorcière parce que l'on a vu un crapaud dans son pauvre bout de jardin !. Puis c'est le tour du Tavernier que l'on accuse de couper sa bière, ou le Boulanger de rogner sur le poids du pain. 

On peut aussi accuser la laitière, faisant du porte à porte, de mélanger du plâtre dans son lait pour qu'il parraisse plus épais etc....!!!!





Le bruyct n'a donc aucune limite, car la médisance  se nourri aussi des échecs professionnels, des faillites et des jalousies mesquines engendrées par le succès. Ajoutons pour faire bon poids l'antisémitisme, la xénophobie, la chasse aux faussaires, aux mauvais payeurs et aux faux nobles !

Faut il enfoncer le clou en vous disant que les enquêtes fiscales reposent pour l'essentiel sur la rumeur et la dénonciation ????



PS: le nain il se demande si cela vaut vraiment le coup d'investir dans du matos médiéval pour faire de la reconstitution ????....vu que si on fait une comparaison avec notre époque on est à fond dedans hein !!! M de V

samedi 7 août 2021

2/4 La Violence de la Rue au Moyen Age

Dans la cité, les ruelles, la taverne, le terrain vague du coin, les quais, le cimetière du bout de la rue ou le chemin de ronde de la muraille, sont lieux de prédilection des délits en tout genre !!

Ou il est dit dans les textes, que les uns sont purement accidentels résultant d'une " foiblesse ", d'une " mauvaise impulsion ", d'une " temptacion diabolicque " ou de la chaleur du vin !!!. Les austres peuvent estres préméditées et sont fréquemment commis par de redoutables récidivistes opérant seuls ou en bandes

Il est flagrant que la violence est à fleur de peau. La brutalité des moeurs trouve aisement une explication. Car on boit beaucoup au Moyen âge !!!, et le mot " Yvroigne " figure en bonne place dans la panoplie des injures courantes, la consommation d'alcool commence très tôt, en gros dès l'adolescence

La consommation en Vin et en bière est énorme, une personne considérée comme buvant normalement écluse l'équivalent de 150 litres de vin ou de bière à l'année !!!. je vous laisse imaginer ce que peuvent ingurgiter les autres dans leurs exploits quotidiens aux fonds de leurs tavernes favorites !!!





Il faut savoir que du temps de François Villon, c'est à dire au XV siècle, on trouve pas moins de 4000 tavernes et Auberges à Paris, ça fait pas mal d'endroits pour étancher sa soif mordious !!!, et l'on constate que les rues les plus mal famées ou dangereuses sont précisement celles qui accueillent le plus de tavernes !!!

Ajoutons pour planter l'ambiance que les armes, les outils pointus et coupants sont à la portée de toutes les mains. Les impulsifs ou les irascibles, mécréants et autres malfaisants n'ont aucun mal pour se procurer le nécessaire afin d'occire son prochain. Autant vous dire que les simples injures, bagarres, coups et blessures sont vite classées par les hommes de loi comme délits accidentels ou mineurs !!!

Bien sûr au paroxysme de la colère (de la furor), il nous faut ajouter les connotations à caractère sexuel et scatologique, elles vont bon train s'accompagnant d'allusions à l'absence de virilité. Entre hommes on se traite de "paillarts", de "Putaniers" ou encore de "Coguls" (cocus) !!!!

Vous riez je suppose mesdames ???...mais nos citadines ne sont pas en reste loin s'en faut !!!





Le repertoire entre femmes est tout aussi croustillant, les termes de "Renarte" (sournoise), de " Vieille Ordouse" de fille de Chien" ou de "Meretrix" (putain), voire même de fille de moine !!!! sont de doux noms d'oiseaux utilisés fort souvent es rues parisiennes

La perfidie consiste bien sûr à faire ces allusions en public devant le mari, le fils ou le frère en donnant des détails vrais ou faux sur l'inconduite de la femme, la mère ou la fille. En 1405 en Bretagne un individu en tue un autre pour lui avoir dit injurieusement "qu'il congnoissoit mieulx sa femme que luy "

De fil en aiguille on en vient donc très vite aux " coups et aux collées" ou " la prinse au corps et au poill"....les gifles ou "buffes", horions et coups de pieds de par le cul suivent naturellement

Les colères sont soudaines et la main prompte à frapper, dans ces défoulements de bas instincts personne n'est épargné !, de l'ecclésiastique à l'artisan, en passant par le Bourgeois et le noble, tout le monde peut recevoir sa raclée dans une bagarre de rue !!!

Il est évident qu'il fallait surveiller la bougie des heures quand on sortait, on ne se promenait pas inpunément dans les rues des cités le soir, vous aviez peu de chance d'en sortir indemne foutre diable 





Est il besoin d'ajouter que dans un tel contexte, défier, agresser puis rosser les soldats du guet est d'une fréquence frisant la banalité. Ce qui oblige le guet à porter de solides armures et des chapels renforcés de plaques de métal

Il n'est point rare non plus que des bandes de jeunes célibataires, au terme d'une beuverie, s'attaquent aux passants et de préférence aux femmes, il semble que le viol soit une forme de violence bien plus commune que ne le suggèrent la lecture des archives ????

Au nombre de ces jeunes dévoyés figurent en bonne place beaucoup d'estudiants vrais ou faux ??, paresseux et bohèmes, poursuivant d'hypothétiques études. Ils sont prêts à s'accoquiner avec les pires truands de la cité !

On dit que l'Université menait aux plus hautes dignités de l'église et de l'état....et aussi à la potence !!!. Sur environ 10 000 estudiants parisiens on trouve quelques centaines d'escoliers Ribleurs " ventre creux" et "crève la faim", hantant le pavé parisien et les tavernes plutôt que les salles de cours, françois Villon nous le démontre !!






Ils s'esbaudissaient avec les filles follieuses buvant jusqu'à plus soif et se livraient aux pires gaudrioles et aux échanges de buffes et de horions. les batailles entre clans estudiants de nationalité différentes étaient fréquentes

Mais aussi les luttes entre membres de collèges rivaux étaient monnaie courante, et bien sûr eux aussi s'en prennaient aux agents de l'autorité, aux sergents de la prévôté, aux patrouilles du guet Bourgeois, et tant qu'à faire au guet royal du Châtelet ( voir les articles sur les estudiants de l'université)



PS: Bref fallait pas sortir seul et surtout pas le soir après le couvre feu M de V

vendredi 6 août 2021

1/4 La Rue Domaine des Marginaux

C'est tout un monde hétéroclite de mal aimés, exposés au mépris, à la médisance, aux dénonciations et à la haine. Une humanité nombreuse souvent souffrante et misérable !!

Hommes, femmes, enfants, vieillards, malitornes et luneux se côtoient journellement dans les rues des cités, les uns pour pratiquer une profession considérée comme " Vile " mais tolérée pour les services qu'elle rend à la collectivité, d'autres pour exercer des talents d'un genre plus particulier et commettre des actes délictueux que la bonne société médiévale réprouve !!!

Puis tous ceux qui se sont échoués dans la cité, par nécessité, faute de moyens d'existence décents et de domicile fixe...bref les rejetés de la vie !!....Bon le nain il dit en bref: ne jetons pas la pierre au Moyen âge car nous n'avons pas fait beaucoup mieux depuis !!!

Pour les professions dites " Viles ", ce sera surtout fonction de l'époque, de la ville et de la région considérée !!. Pour éclaircir mon propos je vais vous soumettre un exemple.

L'histoire comme les faits se passent en Bretagne au XV siècle aux alentours de l'an de grâce 1431 ou les poissonniers et leurs épouses sont mal considérés par la société bien pensante d'une ville de ce Duché





Le mépris et même l'hostilité que rencontrent nos marchandes de poissons dans la région transparaissent dans certains écrits des copistes du coin !!. Une série d'enquêtes met en scène à Quimper une bonne douzaine de Harpies décrites et désignées comme " fortes en gueule " qui vont même selon la rumeur jusqu'à en découdre avec les agents de l'autorité !!

Elles sont désignées par des surnoms ou par l'expression " la femme au un tel "...Bref on y lit tout le mépris du copiste ou des copistes ayant rédigés  ces textes !!

Dans d'autres lieux, sous d'autres cieux, ce pourra être le tour des cordonniers ou des Tanneurs, voir des Foulons et des teinturiers d'êtres mis à l'index ????

Plus généralement on accueille avec une grande méfiance dans les cités la plupart des colporteurs étrangers, les maquignons soupçonnés de tromperies, mais aussi les écorcheurs de vilaines bêtes tel que taupiers, tueurs de rats et de chiens errants. 

Sont logés à la même enseigne les crieurs de vins, les vidangeurs et nettoyeurs de fosses, les gens travaillant dans les estuves que l'on juge suspectes et bien sûr le bourreau ! 





Avec les prostituées on atteint les limites de la tolérance, considérées comme un mal nécessaire on préfère au nom des bonne moeurs les placer dans quelques locaux privés ou municipaux appelés Bordelage, ou bordeaux et Clapiers, mais aussi  dans des Estuves d'un genre spécial plutôt que déambulant sur la chaussée

Rassurez vous cela ne gêne nullement les notables de la cité pour aller s'encanailler dans ces lieux de débauche PTDR !!!. On dit que le Paris de l'ami François Villon, grand consommateur de filles follieuses, comptait 3000 " Belles Filles ", sans compter celles des faubourgs.....ça fait du monde hein !!! 

Passons aux délinquants de tout poil faisant de la rue le théâtre de leurs exploits quotidiens, leur nombre varie en fonction des périodes de guerre, des boulversements économiques, de l'instabilité politique, des épidémies et de la famine

C'est toute une population flottante de gens sans aveu, de mendiants, de vagabonds, de marchands d'indulgences, de ribauds aux moeurs douteuses, ainsi que des criminels d'occasion ou endurcis ! Les archives qui sont parvenues jusqu'a nous le démontre amplement !





Les registres du Châtelet ou ceux du Parlement de Paris regorgent à foison d'aveux de délinquants avec ou sans jugements, de lettres de rémission de peines, d'arrestations, de procédures et d'exécutions

Mais la voie publique est avant tout le témoin d'une profonde détresse, comme le dit un texte parisien du XV siècle.....je cite:

Ou l'on parle de ces " Enfants de Mamelle ", ces " pueri inventi ", gectés es rues, exposés ou habandonnez et délaissez soubz les portaulx des églises ou des bâtiments publics bien en évidence, afin de voir s'il viendroit quelque personne de bien qui par charité ou aumosne le voulsit !!

Il est à noter que l'infanticide sous toutes ses formes y compris par abandon et faute de soin et durement châtié par les lois de l'époque médiévale. 

Ajoutons qu'il est malaisé  de connaître avec exactitude le nombre d'enfants livrés à la rue avant d'être pris en charge par un hôpital ou une collectivité religieuse ou une corporation de métiers....mais il semble qu'ils étaient fort nombreux, on raconte que durant l'hiver 1420-1421 on retrouva une trentaine d'enfants morts de froid ou affamés !!!





La chaussée héberge aussi les infirmes, que ce soit de naissance, ou à la suite d'accidents, sans compter tous les estropiés des multiples conflits !!!. Mais aussi les vieillards abandonnés, les lépreux se risquant en ville pour chercher provende !!!

Puis plus que tout autre on trouve errants dans les rues " les pauvres insensés ", nommés aussi " Forsins " ou " Fous Natureux ", mais le plus souvent Luneux ...!!!

Les municipalités fournissent parfois aux fous de leurs rues  quelques vivres, un peu de monnaie, voir du tissu pour les habiller ou des souliers quand l'époque le permet

Au moyen âge le Fol est un personnage qui amuse, inquiète et fascine à la fois 



PS: Le prochain article traitera de la violence dans la rue médiévale M de V