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lundi 22 mai 2017

Le Bestiaire médiéval et le livre de la chasse de Gaston Phébus

Tout le monde connait les histoires du bestiaire médiéval, ou une licorne s'endort sur le sein pommelant d'une jouvencelle, et celle d'un oiseau nourrissant de son sang ses petits, qui n'a vu les tracas du goupil et du loup Ysengrin.

Sans omettre les peintures enluminées d'or du fameux livre de la chasse de Gaston Phébus, devenu plus tard l'évangile de générations de veneurs et de naturalistes. Ecrit à ses moments perdus, ce livre reste une innovation pour l'époque quand à sa conception.

Le monde est un livre écrit par le doigt de Dieu, écrit Hugues de Saint Victor au XII siècle, et le bestiaire dans les livres renvoi au monde spirituel dans quatre domaines, la foi chrétienne, le savoir, la société et la chasse.

Longtemps les enlumineurs ont donné de l'animal une image sans rapport avec son milieu naturel, mais plutôt pour donner une signification symbolique, on trouvera même des lions bleus.


A partir du XIV siècle, aux alentours de 1340, l'animal est figuré au naturel sur un fond de verdure, mais pas seulement dans les livres. Les murs des maisons nobles, de la haute bourgeoisie et les palais sont décorées de scènes de pêche et de chasse.

Les premiers livres de chasse illustrés en France sont ceux d'Henri de Ferrières ou de Gaston Phébus, dans les années 1380-1390. L'animal illustre alors un sentiment aristocratique évoquant les distractions et les plaisirs, des princes et des hauts dignitaires du royaume, en fait des gens qui savent lire et écrire.

Car c'est aussi un élément d'illustration de la poésie, prenons en exemple Guillaume de Machaut, qui dés 1355 fait enluminer son dit du lion, ou oiseaux, lapins, cerfs et renards habitent la miniature du "verger merveilleux".

C'est aussi le cas des pamphlets de Gervais du Bus dans son roman de Fauvel, ou peuplé de toutes sortes d'oiseaux il dénonce les vices des dirigeants du pays.

Ou dans les petites heures du Duc de Berry, qui fut enluminé dans le deuxième quart du XIV siècle, on découvre, plus de mille oiseaux de quarante espèces différentes, tous en situations, lissants leurs plumes, ou martelant une noix, d'autres en plein vol, accompagnant la méditation du fidèle tout au long de sa journée.

Mais depuis l'aube des temps, l'homme chasse, se protège des animaux nuisibles, se nourrit de gibier (la chasse est vitale à cette époque), utilise la peau, les cornes et la graisse du gibier, rien ne se perd dans l'animal.

 C'est un art et toute une éducation, considéré également comme un entraînement !, pour la force, l'endurance et le courage. Au moyen âge, la chasse est souvent représentée par un seigneur à cheval courant dans plaines et forêts, soit faucon au poing, ou avec des chiens courants, soufflant dans un cor.

Poursuivants ours, aurochs, loups et sangliers, mais ce pouvait être une dame chassant à l'arc, ou débusquant au furet le lapin de son terrier et chassant au vol avec son faucon, le déduit de la chasse est un art, une distraction et un plaisir réservé aux nobles,et le partage des produits de la chasse se font scrupuleusement .

Le livre de la chasse que Gaston phébus dédie en 1389 au Duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, est un art de vénerie, cet ouvrage est novateur dans le sens ou l'auteur laisse de côté toute considération morale, pour décrire les bêtes et leurs moeurs selon sa propre expérience.

On peut s'étonner d'y trouver des Rennes, animaux que l'on ne trouve ni en Béarn, ni en France, mais lors de son année qu'il passe aux côtés des Teutoniques en Prusse, il devient évident que sur les rives de la Baltique il en a surement chassés.

Il décrit ainsi tour à tour les cerfs " dont la chasse est la plus noble ", les daims, bouquetins et les isards, qui ne sont pas animaux communs. Puis les chevreuils, agréable à chasser, le lièvre plein de malice et l'ours que sa mère lèche à sa naissance, le loup dont on fait de bonnes moufles, mais dont la peau a une odeur repoussante, le blaireau, la loutre et le chat sauvage.

Il détaille les frayoirs, ces endroits ou les animaux ont marqués leurs présence en se frottants aux branches, ainsi que les reposées, ces lits d'herbes ou l'animal c'est couché, etc. Par le fait il explique les différents types de chasse, qui sont fort proches de celles que l'on pratique encore aujourd'hui.







vendredi 19 mai 2017

N° 50) L'Histoire médiévale est un conte de faits "

Le Moyen âge représente notre histoire, à partir de la chute de l'empire romain, jusqu'à la découverte des Amériques par Christophe Colomb, ou de la prise de Constantinople, tout dépend des convictions de nos Historiens ou médiévistes éclairés!!

C'est également une partie non négligeable de nos rêves d'enfance, de cette faculté qui est en chacun de nous d'interpréter, l'histoire par elle même, mais aussi les auteurs de cette longue période de 1000 ans.

Les chevaliers en armures rutilantes, les robes époustouflantes de ces dames de noblesse, de ces princesses, et que dire de l'amour courtois, de ces hommes de guerre amenés au bout d'une chaîne par l'élue de leur coeur lors d'un tournoi.

De ces colosses de pierres qu'étaient ces châteaux forts, puis de ces chroniqueurs tel Froissart relatant à l'envie les faits de nos chevaliers, de ces hérauts d'armes, et de ces poètes, écrivains, philosophes et humaniste de cette glorieuse page d'histoire.

Mais les rêves s'épuisent dans notre course vers l'âge adulte et la réalisation de nos objectifs professionnels ou alimentaires, si l'on peut s'exprimer ainsi. Le but de ce modeste endroit de la connaissance médiévale, nous qui ne pouvons nous targuer du terme de médiéviste, c'est de transmettre avec nos mots (qui je le concède ne sont pas académiques), l'envie de rencontrer ces gens d'une ville, d'une région. Qu'elle soit de France ou d'ailleurs!! peu importe, mais qui nous faisaient vibrer quand nous étions enfants.

Cet endroit virtuel s'il en est, se borne à déchiffrer la période très riche du XIV siècle et de la guerre de cent ans, vaste programme direz vous!! mais alors que dire de ces historiens qui couvrent l'ensemble du moyen âge, représentant un champ d'investigations de plus de 1000 ans.

C'est 1000 ans de faits d'armes de progrès techniques et une avancée sociale considérable, quoi qu'en disent les détracteurs de cette période, ces benêts, creux et vides de savoirs ne sachant parler que d'obscurantisme, pour se rassurer sur le devenir de leur propre période historique.

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Mais foin de ce venin, et brossons un rapide tableau de faits assez remarquables, pour provoquer l'envie d'aller se plonger dans les écrits de Dante, Pétrarque, Boccace, ou de partager une petite journée d'un simple citadin, ou d'une personne rurale. Qu'elle soit noble, ou de basse extraction, issue de la paysannerie, du monde de la guerre, marchands et artisans, peu importe, la connaissance est savoureuse à celui qui veut s'y nourrir.

Ou l'on découvre que les écoles étaient bien plus nombreuses qu'il n'y paraît, qu'elles étaient un formidable ascenseur social, même si je vous concède que ce ne fut qu'à partir du XIII siècle.

Vous constateriez que certains bordels pouvaient être gérés par un évêché ou financé sur le budget municipal, et que l'homosexualité était fort bien tolérée, dans la mesure ou elle ne faisait pas scandale en s'exposant dans les rues.

Il est bon de savoir que Coluche n'était pas un précurseur, car les restos du coeur au nom de la charité chrétienne existaient déjà, les tables des pauvres offraient le gîte et le couvert aux indigents. Que dire de Saint Louis qui fut le premier à faire une campagne anti alcoolique, recommandant à ses nobles, chevaliers et bourgeois de couper leur vin d'eau.

De découvrir des femmes responsables et libérées, associées au pouvoir, femmes d'entreprise ou érudites, mais aussi femmes roturières qui retroussant leurs manches font tourner le commerce familial. A tout prendre il valait mieux être une femme du XIV siècle, qu'au XIX siècle !!

Que penser à notre époque de réduction de temps de travail, du fait que l'homme médiéval disposait d'au moins 140 jours chômés par an.

Ou tout bonnement sourire de cette glorieuse époque de mai 68, ou nos étudiants lançaient leur slogan " la Sorbonne aux étudiants ", alors même que l'étudiant médiéval est le maître de l'université, les professeurs sont contrôlés par les élèves organisés en confréries.

Sans oublier le domaine social ou fleurissait les mutuelles, agricoles en milieu rural, ou artisanales dans nos cités, bien avant nos GMF, MAAF, MACIF, et j'en passe!!!

Bien sur au XIII un poète comme Rutebeuf, stigmatisait les défauts des dirigeants et des grands du royaume, plus tard au XIV nous trouvons le roman de Fauvel, pamphlet satirique, écrit entre 1310 et 1314 par un modeste Clerc normand (Gervais du Bus), qui aurait été notaire royal et chapelain de E de Marigny, ou à travers un animal ( un âne ), nommé FAUVEL, stigmatise lui aussi les gens de pouvoirs orgueilleux, et leurs vices, et plus particulièrement Philippe IV le Bel et son principal conseiller Enguerrand de Marigny.

Force est de constater que depuis cette époques nous n'avons guère faits de progrès en ce qui concerne la direction des affaires de notre beau pays, le Fauvel peut à tout instant reprendre du service il aurait de quoi noircir quelques pages!!!!


                                                                                           Marcus de Valbrun




mercredi 17 mai 2017

Dante Alighieri ou la société au XIII et XIV siècle

Dante le grand poète italien est né à Florence en 1265; il fut exilé pour avoir pris part aux luttes intestines de sa patrie et mourut à Ravenne en 1321. La vie de Dante a été tant de fois écrite depuis Boccace, Vilani et Benvenoto da Imola jusqu'à nos jours, que l'on ne peut que répéter ce que savent tous ceux qui se sont un peu occupé de ce grand poète.

Son vrai nom était Durante dont Dante est une abréviation, il rappelle en se glorifiant, l'origine noble de ses ancêtres. Dante était encore dans l'enfance lorsqu'il perdit son père, vers cette époque une circonstance fortuite fit naître en lui la passion si connue, qui eut tant d'influence sur sa vie entière. Nous emprunterons ici le récit détaillé que fit de cet instant Boccace.







C'était le 1er mai, jour ou, selon la coutume, Folco Portinari, homme en grande estime parmi ses concitoyens, avait rassemblé chez lui ses amis avec leurs enfants. Dante alors âgé de neuf ans seulement, était du nombre de ces jeunes hôtes

De cette joyeuse troupe enfantine faisait partie la fille de Folco,dont le nom était Bice (Béatrice), elle avait à peine atteint sa huitième année. C'était  une charmante et gracieuse enfant avec de séduisantes manières.

Ses beaux traits respiraient la douceur et ses paroles annonçaient en elle des pensées au dessus de ce que semblait comporter son âge. Si aimable était cette enfant, si modeste dans sa contenance, que plusieurs la regardaient comme un ange.

Tout enfant qu'était Dante, cette image se grava soudain si avant dans son coeur, que de ce jour jusqu'à la fin de sa vie, jamais elle ne s'en effaça. Mais Dante en cet âge tendre devint l'esclave dévoué de l'amour. le progrès des années ne fit qu'accroître sa flamme. A peine Béatrice avait elle accompli sa vingt cinquième année qu'elle mourut en juin 1290.







A son départ Dante ressenti une affliction si profonde, si poignante, il versa tant et de si amères larmes, que ses amis crurent qu'elles n'auraient d'autre terme que la mort seule, et que rien ne pourrait le consoler.

Cet événement que nous conte Boccace, contribua peut être à développer en lui le fond de mélancolie qu'il semble avoir apporté en naissant. Quoi qu'il en soit, jamais béatrice ne sorti de sa mémoire, il la célébra dans ses premiers vers pleins d'amour et de douleurs, et l'immortalisa dans le poème" la vita nuova " devenu immortel monument de sa propre gloire.

Brunetto Latini renommé pour ses deux ouvrages, le Tesoro et le Tesoretto, fut son premier guide dans l'étude des lettres et de la philosophie. Ce fut à ce maître qui ne cessa jamais de lui être cher, qu'il dut la connaissance des poètes anciens, objet pour lui d'une admiration presque religieuse.
Il dut aussi beaucoup à l'amitié de Guido Cavalcanti. Le goût de la peinture et de la musique le lia également avec Giotto, et avec Oderici da Gubbio, qui fut célèbre pour ses miniatures et avec Casella, celui qui en son temps mit en chant plusieurs de ses propres canzoni.







La science ne l'attira pas moins que les arts et les lettres. Il visita dans sa jeunesse les Universités de Bologne et de padoue, peut être dans son exil celle de Crémone et de Naples.

Ce dont on est vraiment sur c'est qu'il fut dans celle de Paris ou il s'appliqua particulièrement en ces lieux à l'étude de la théologie.

On a dit que jeune encore il entra dans l'ordre des frères mineurs, et qu'il le quitta avant d'avoir fait sa profession. Mais ce fait n'étant rapporté après recherche que par un seul biographe  ( Francesco da Buti ) nous semble plus que douteux. Pressé par ses amis de se marier, il épousa Gemma de la famille des Donati, si l'on en croit Boccace, (que d'autres contredisent sur ce point), le caractère fâcheux de cette femme rendit cette union peu heureuse.Allez savoir !! Toujours est il qu'il eut d'elle cinq fils et une fille nommée Béatrice.







Sa fille prit le voile dans le couvent Della Uliva de Ravenne, trois de ses fils moururent jeunes. Pierre l'aîné acquis quelque réputation comme légiste, et écrivit comme son frère Jacopo un commentaire sur la divine comédie.

En ces temps troubles et agités que ceux ou vivait Dante, il lui était impossible de ne pas prendre part aux affaires publiques. Né d'une famille Guelfe il combattit à Campaldino contre les Gibelins, auxquels il s'unit lorsqu'il fut proscrit par les Guelfe. On le retrouve également dans la guerre contre les Pisans.






Distingué par sa prudence et sa fermeté on le consultait avec empressement dans les conjectures importantes. Suivant quelque uns de ses biographes, il fut quatorze fois envoyé comme ambassadeur près de différents princes. Son chef d'oeuvre qui est le monument le plus important de la littérature Italienne c'est la Divine Comédie en trois cantiques, l'Enfer, le Purgatoire, le paradis. Cette oeuvre peint merveilleusement l'état de la société et de l'esprit humain du XIII au XIV siècle, elle vint résumer tout le moyen âge avant qu'il ne s'enfonçât dans les abîmes des temps écoulés M de V









                                                    Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir !!!

mardi 16 mai 2017

Montaillou présentation d'un village au XIV siècle

Présentons en premier l'auteur qui nous permet de décrire la vie rurale tel qu'elle était à cette époque. En 1320 Jacques Fournier, évêque de Pamiers, déploie ses talents d'inquisiteur sur le village Occitan de Montaillou.

Maigret avant l'heure, ses suspects il les poursuit de manière obsessive et maniaque, il remarque tout, note tout, il finit par déterrer tous les secrets du village. Rien n'échappe à cet ecclésiastique fureteur, ni les vies intimes, ni les drames de l'existence quotidienne.

Je me propose de vous inviter dans ce village ressuscité par les soins de monsieur Emmanuel le Roy Ladurie historien, professeur au Collège de France.


Cette bourgade n'est pas une grosse paroisse,la population locale se compose de 200 à 250 habitants, après le passage de la peste noire et les atteintes directes ou indirectes de la guerre de cent ans, fin XIV siècle, le village ne compte plus qu'une centaine d'âmes réparties sur 23 feux.

Mais lors du passage de notre inquisiteur nous n'en sommes pas là. Le pays d'Aillou est un beau plateau entouré de pâturages et de forêts, Montaillou  domine ce plateau formant une construction étagée.

Au sommet de la butte sévit le château, les maisons sont souvent contiguës ou séparées de temps à autre par des jardins ou s'ébattent les porcs, l'agglomération n'est pas fortifiée, en cas de périls les habitants se réfugient derrière les remparts de la forteresse. Les maisons en contre bas du village se serrent  les unes contre les autres, formant une défense naturelle, trouée d'une entrée qu'ils nomment portail.



Les environs immédiats forment un damier de parcelles de 20 à 30 acres chacune, les terres cultivées le sont à l'araire traînée par des boeufs, vaches, mules ou ânes. Les terres sont trop en altitude pour avoir de la vigne, on produit du grain: avoine et froment qui suffisent tout juste en production à cause de la rigueur du climat.

Il y a aussi le chanvre que les femmes se chargent de teiller et de peigner en hiver. Pour le companage nous avons les raves les choux, poules et oies en basse cour, les porcs et bien sur des centaines de moutons.

Nous avons cité tout à l'heure l'araire!! et pour cause, le village ignore la roue tant comme instrument de tractation que de transport, donc pas de charrues ni de charrette. Celle ci ne roulent que dans le bas pays ou dans la vallée de l'Ariège.


La division du travail se fait selon l'âge et le sexe: L'homme laboure, coupe les grains, cueille les raves, chasse et pêche les torrents regorgent de truites et les forêts alentours grouillent d'écureuils et de coqs de bruyère. L'enfant déjà grand garde le troupeau paternel. La femme prend soin de l'eau, du feu, du jardin, des fagots et de la cuisine, mais elle doit aussi cueillir les choux, sarcler les blés, lier les gerbes, laver les pots à cuire à la fontaine et en saison participer aux moissons. Elle est surtout durement menée depuis son enfance.


L'exploitation agricole est centrée sur la maison, dont une partie séparée par une cloison est réservée à la stabulation des bêtes: moutons non transhumants, boeufs, porcs et mules viennent s'y entasser entre quatre murs l'hiver à proximité des chambres et de la cuisine.

Chez les plus riches du village (ils ne sont pas nombreux), un bâtiment du type bergerie ou étable est isolé par une cour de la maison d'habitation.

On ne trouve pas hors village, en rase campagne, de bâtisse ou de bâtiment d'exploitation, à part quelques cabanes pour les bergers transhumants et leurs troupeaux.


Les pâturages d'altitude constituent le monde de ces bergers transhumants, gouverné par ses lois propres, les idées, les hommes, la monnaie y circule de cabanes en cabanes sur de longues distances. Le contraste est énorme par rapport à l'économie de gagne petit qui règne au village. Celle ci est basée sur le troc, le prêt ou sur le don mutuel et sans grande circulation d'argent.



Pour l'Artisanat, la panne d'argent est chronique, Guillemette Clergue raconte que son mari le cordonnier du village, devait  attendre que ses clientes aient vendus leurs volailles à la pentecôte pour se faire payer les réparations des souliers qu'il avait effectuées pour leurs époux.

Le Tisserand, Raymond Maury, exerce son métier dans une chambre de bois profonde, sorte de cave humide et ronde demi souterraine aménagée à cet effet, mais il est aussi éleveur de brebis, pour améliorer l'ordinaire.



On trouve la Tavernière Fabrisse Rives, les clients ne viennent pas chez elle boire un coup, ni pour bavarder, elle se borne à vendre du  vin qu'elle fait monter à dos de mules depuis le bas pays, elle livre aussi de temps à autres le domicile des particuliers. Il faut reconnaître que le commerce local est moribond du fait du manque de liquidités des habitants, Ceux ci par obligation sont bricoleurs,  voire même bon bricoleurs, utilisant de nombreux tours de mains de divers métiers.



En temps normal on mange à peu près correctement au village, le pain de froment et le pain de millet forment le fond de la nourriture, comme il n'y a pas de moyen de moudre le grain on descend avec ânes ou mules au moulin Comtal, puis dans l'autre sens on remonte la farine pour la bluter à domicile dans le tamis domestique.

On cuit le pain chez soi, car il n'y a pas de four commun ou seigneurial dans cette petite bourgade, ce qui ne veut pas dire que tout le monde possédait son four au logis!! loin s'en faut.



C'était un signe de richesse, or donc ceux qui n'en avaient pas pétrissaient chez eux puis vont chez le voisin plus fortuné pour cuire son pain, ainsi fait Brune Pourcel, la pauvresse bâtarde qui utilise les facilités de cuisande que lui offre Alazaïs Rives.

Pour la viande on mange le mouton de réforme ( vieux ) quelques fois du cochon salé, mais surtout fumé, la consommation du porc semble courante et le fumage du lard après la tuerie des bêtes à l'hivernage, fait l'objet d'une entraide de voisinage comme pour le pain.

Dans tel foyer l'âtre et plus grand ou le feu plus nourri, permettant de traiter plus de chair, le propriétaire accueille donc telle famille plus indigente pour qu'ils fument leurs viandes. Ainsi fait Raymonde Belot à l'époque du carême, qui vers l'heur de vêpres portait chez Guillaume Benet, deux côtés de porcs pour les faire sécher.


La soupe implique toujours le lard et le pain, auxquels on ajoute selon le moment et la production, choux, poireaux, fèves et raves, les deux dernières sont cultivées en plein champ et non pas au potager, mais complètent l'herberie de celui ci.



La cueillette des noix, noisettes, châtaignes, champignons et escargots fournissent les ressources d'appoint, et comme cité plus haut divers gibiers et truites sont offerts par dame nature. On consomme parfois mais fort peu du poisson de bord de mer salé, il est monté à dos de mules dans des tonneaux.

Quand au vin il n'abonde guère, il n'y a pas de vigne à Montaillou, on en boit pour les grandes occasions et le soir à la veillée au coin du feu circulent deux ou trois coupes.

Le sucre enfin est la denrée la plus rare, que l'on peut si on en a les moyens acheter pour offrir à la dame de ses pensées, ce produit est généralement importé du monde islamique, pour les autres il reste le miel des abeilles et le sucre d'érable ou de bouleau que l'on récolte en forêt.






Nota: Nous avons parlé de l'Araire et de la Charrue, il me semble nécessaire de préciser les différences notables de ces deux outils:

Premièrement, la charrue a des roues l'araire n'en a pas, deuxièmement l'araire n'a qu'un seul outil la charrue en a trois, troisièmement l'araire est totalement en bois, même le soc, sur lequel on place une coiffe métallique, la charrue elle possède un coutre un soc et un versoir en métal

Particularités: si l'araire creuse des sillons, elle ne retourne pas la terre, donc ne l'aère pas !! elle est donc efficace sur des sols légers, mais pas sur les terres grasses ou argileuses.

La charrue avec ses trois outils apporte l'oxygène au terrain, son coutre coupe la terre verticalement, puis son soc coupe horizontalement, et enfin son versoir retourne la terre coupée sur le côté, elle est adaptée à tous les types de terrain, mais nécessite une force de traction supérieure

                                                                         _____________    



PS: la nourriture principale reste le pain et tout ce qui l'accompagne se nomme companage, pour ce qui est de notre évêque inquisiteur de Pamiers, si ses écrits sont parvenus jusqu'à nous c'est qu'il fut plus tard Pape et que ses écrits se trouvaient au Vatican bien à l'abri   M de V




dimanche 14 mai 2017

Le jeu de Soule au XIV siècle

Nous trouvons plusieurs variantes du jeu de Soule, normalement et j'insiste sur ce terme (car ce pouvait être dans le feu de l'action n'importe quel objet qui se lance!!), c'était une boule ou ballon, soit en bois, soit en cuir, dans le dernier cas elle était garnie de foin, de son, de mousses ou voir même de poil d'animaux divers.

La soule était frappée de la main, du poing ou du pied, si elle était en bois comme cité plus haut on utilisait des crosses en bois, ce qui nous donne déjà quatre variantes de ce jeu: à la main, au pied, avec les deux et à la crosse. Chaque région avait ses préférences, car elle était jouée partout en France.




Toujours selon les régions ce sport rural se nommait,soule, sole, cole, choule, chole. Nos rois produirent des ordonnances contre ce jeu, à commencer par Edouard III en Albion qui prohibe par l'intermédiaire de ses shérifs la soule, à la main, au pied au bâton et à la crosse.L'engagement physique était total et visiblement les parties de soules étaient tout aussi joyeusement viriles en Angleterre qu'en France.

Toutefois le principe de jeu reste simple, deux équipes se rassemblent en un lieu pour se disputer l'esteuf qu'il s'agit de s'approprier, et de transporter par tous les moyens dans le camp adverse.





La caractéristique principale de ce jeu reste la lutte, souvent violente entre deux groupes, et le plaisir spontané et public de l'affrontement. Le piquant de la rencontre pouvait être aussi le règlement de certains griefs entre deux villages ou bourgades.

Il est évident que dans ce cas le public qui déjà est chauvin devient en même temps partisan ce qui pouvait provoquer des conflits.

Si vous me permettez une comparaison, dans le sens large de ce terme, je dirais que la Soule était le Tournoi des pauvres, avec ses héros, ses blessés et....ses morts!.
La Soule était violente, certains textes l'attestent, les ecclésiastiques le nommait " ce funeste sport " ,l'auteur Adam de la Halle cite un certain Robin, qui se plaint à sa femme "d'avoir panse lassée de la soule de l'autre fois" Mais les coups violents pouvaient être mortels notamment dans la Choule à la crosse, ou l'on relate l'affrontement de deux équipes.






La balle ou l'esteuf, arrivant en hauteur entre un dénommé Willardin Hamart et un certain Thassin, le premier veut envoyer la balle plus loin, et pour ce faire lance un grand coup de sa crosse en l'air pour le malheur de son  adversaire!!!

Je cite: mais par meschief vint le coup de Willardin descendre sur le front dudit Thassin, duquel coup, trois semaines plus tard mort s'ensuit en la personne d'iceluy Thassin.

En France aussi comme en Albion, Charles V va proscrire la soule, pour deux raisons, d'une part bien sur à cause des rapports qui lui sont faits sur la violence et les dégâts physiques provoqués par la soule, mais surtout, pour lui, elle détourne le peuple de l'entrainement à l'arc et à l'arbalète qu'il avait remis au gout du jours, justifiant ainsi la défense du royaume.

Il n'y avait pas de règles véritables dans ce jeu, de plus la majorité des personnes frappants la soule ne savaient ni lire ni écrire, mais la tradition orale imposait quelques directives de jeux.





 Celui qui détenait la balle ne pouvait être attaqué que par une seule personne à la fois et il était interdit de frapper sous la ceinture. C'était le jeu rural par excellence, qui ne requiert aucun terrain particulier.

On joue sur la place du village, un champ, une clairière ou sur les berges d'une rivière. Les obstacles naturels tels que haies, mares et ruisseaux ou murets, sont des petits suppléments qui ajoutent du piment à la partie. en conclusion on pourrait dire que la vie de l'époque était dure et la vie rustique, quoi de plus normal que ce sport le soit aussi. Bien sur ce n'était pas aussi raffiné que les joutes de nos rutilants chevaliers de fer vêtus, chaque classe de cette société pouvait jouter à sa manière, avec une lance ou une crosse mordious !!! ...M de V

samedi 13 mai 2017

Richard de Neuville Comte de Warwick la guerre des deux roses

La maison des Lancastre et la Reine Marguerite se trouvent fragilisés par la folie du roi Henri VI, maladie sans doute héréditaire, son grand père du côté maternel (Catherine de Valois) était Charles VI le fou, roi de France.

Richard d'York fait valoir ses droits au trône, puissamment épaulé par un Warwick qui a le sang chaud et les dents longues, riche et disposant d'une foule de vassaux à ses ordres. Ils vont mettre en échec l'armée des Lancastre à Saint Alban, puis à Northampton. Cependant Richard d'York sera tué dans la même année par les Lancastre à la bataille de Wakefield, son fils Edouard en profite pour se faire couronner roi, grâce à l'aide de Richard de Neuville Comte de Warwick, il prendra le nom de Edouard IV en 1461.





Mais peu de temps après le torchon brûle par les deux bouts et Edouard se brouille avec Warwick à cause des immenses faveurs que le roi fait à la famille de sa femme et au détriment des Neuville. Edouard va néanmoins battre de manière définitive HenriVI et Marguerite, qui seront forcés de prendre la fuite et de se réfugier en Ecosse. En 1465 Henri VI sera finalement fait prisonnier et enfermé à la tour de Londres, Marguerite quand à elle parvient à se réfugier en France ou elle sait avoir des appuis.

Rien ne va plus entre le roi et Warwick, ce qui était un fort mauvais calcul de sa part, car Warwick à le sang chaud et la rancune tenace, de plus il est aussi puissant que le Roi et ce qui ne gâte rien tout aussi riche. Cependant Neuville à un gros avantage, son argent il peut en disposer à sa guise, ce qui n'est pas le cas d'Edouard IV qui doit quémander et rendre des comptes au deux chambres du Parlement.

Neuville Comte de Warwick va en France pour rencontrer Marguerite d'Anjou Reine d'Angleterre, et la Maison des Neuville prend fait et cause pour les Lancastre, ils vont mener à bien un projet d'invasion. Ils seront aidés par le frère de Edouard IV en exil, Georges Plantagenêt, Duc de Clarence, ils débarquent en Albion en l'an 1470. Henri VI libéré règne à nouveau, grâce à la machine de guerre des Neuville et de Warwick!! Edouard IV fuit se réfugier en hollande.





Mais ce n'est que partie remise, en 1371, Edouard IV aidé par son beau frère le puissant Duc de Bourgogne revient en Angleterre. les deux ennemis jurés vont s'affronter à la bataille de Barnet ou Warwick se battra comme un lion avant de trouver la mort. Neuville mort il aura peu de peine pour écraser les Lancastre à la bataille de Tewkesbury, Henri retournera à la tour ou il sera peu de temps après assassiné, Marguerite sera enfermée à Wallingford, jusqu'à ce que Louis XI paye pour la faire revenir en France. (voir Marguerite et la guerre des deux roses)

A partir de cette date l'Angleterre passe un relative période de stabilité sous le règne d'Edouard IV, ce n'est que le calme avant la tempête. En 1483 meurt le roi, laissant deux enfants mâles, le Prince Edouard (Edouard V) et son frère le tout jeune Duc d'York.






Mais voila leur Oncle le propre frère du feu Roi, entend bien régner, pour ce faire bien sur, ils faut que les deux princes disparaissent!!! Ce bon tonton Richard fait enfermer les deux enfants à la tour de Londres.

Ils y furent un temps, puis disparurent, totalement effacés!!! on ne retrouvera jamais leurs corps, probablement assassinés par des sbires de l'excellent parent que fut Richard III roi d'Angleterre.

Les Lancastre se tournent désormais vers Henri Tudor Comte de Richemont, qui depuis la mort d'Henri VI est le chef de cette famille, il se trouvait en exil en France tout au long du règne d'Edouard IV. Il débarque le 7 août 1485, le sulfureux Richard III est seul ne possédant plus aucun appui dans le royaume, il sera facilement vaincu et tué à la bataille de Bosworth, qui sera le dernier affrontement de la guerre des deux roses. Henri Tudor va devenir Henri VII, en épousant Elisabeth, seule héritière de la maison d'York il réunit les deux roses, unissant ainsi les deux maisons.





N°45) La Guerre des Deux Roses et Marguerite d'Anjou Reine d'Angleterre

Cette figure de légende, par sa ténacité et sa bravoure va maintenir sur le trône d'Angleterre son époux Henri VI . Sans elle, il aurait disparu devant Richard d'York, aussi facilement que le fils du Prince Noir (Richard II) devant les Lancastre.

Elle est l'héroïne de cette guerre civile qui dura 30 ans, faisant des milliers de morts dans le royaume d'Albion, sous le nom de la Guerre des Deux Roses, une Blanche pour la maison d'York et une Rouge pour la maison des Lancastre, ces derniers occupent le Trône en la personne de Henri VI.

Cette guerre est une aubaine pour la France elle permet au royaume de Louis XI de se relever d'un conflit qui durait, si l'on tient compte des trêves et des traités, depuis 116 ans.

Mais prenons le personnage à ses débuts il le mérite bien, c'est donc le 24 mars 1430 que vint au monde Marguerite, fille de Isabelle de Lorraine et de René d'Anjou. Cette toute jeune fille fait partie de la troisième maison d'Anjou, celle qui commence quand Jean II le Bon, donne en apanage à son fils Louis ce Comté, devenant de ce fait Louis Comte d'Anjou, (passé peu glorieux quand on connait ce détestable personnage, voir Charles V, Louis était son frère),un de ces oncles rapaces de Charles VI le fou.



Marguerite sera promise une première fois à l'age de deux ans au Comte de Saint Pol, frère de cet infâme Jean de Luxembourg !!, resté tristement célèbre pour avoir vendu Jeanne D'Arc au Anglais pour la somme de 10 000 livres.

Marguerite part pour Angers vivre avec sa grand mère la Reine Yolande, son père étant prisonnier et sa mère partie en guerre, pour conquérir en lieu et place de son époux, ce royaume de Naples hérité par droits de succession.

Pendant ce temps croissait en beauté et en savoir notre personnage, modelée sous la férule de sa grand mère et d'excellent Maîtres triés sur le volet. Elle tenait de son père une grande sensibilité artistique, et de sa mère la ténacité devant les obstacles et le courage dans l'adversité. De 1440 à 1443 nous verrons Marguerite ratifier divers paiements et certains règlements en lieu et place de sa grand mère, proche de sa fin la reine Yolande initiait ses petits enfants à la gestion de ses domaines.



Voila le destin qui à pas feutrés fait son approche, en la personne du Comte de Suffolk, William de la Pole. L'envoyé extraordinaire du roi d'Angleterre a pour mission de trouver les bases d'un accord afin de faire entrer dans les limbes cent années de guerres entre les deux pays, vaste programme s'il en est !!!

Depuis que Henri V était mort l'Angleterre se trouvait livrée aux passions ennemies entre les différents familles proches du Trône. Henri VI se maintenait sur ce siège inconfortable, avec l'aide de son Régent, le Duc de Bedford, frère du roi décédé. Homme de sens rassis qui avait moins le sens de ses propres affaires que de celles de l'état, mais d'une santé fragile, et part sa mort il va priver ce roi d'un appui dont il avait tant besoin.

Par contre le régent avait un frère, Humphrey de Gloucester, benêt notoire, brouillon et ripailleur, qui semait l'or du royaume aux quatre vents. Il va s'aliéner toutes les personnes du conseil de régence, notamment les Ecclésiastiques.



Ces prélats ont pour chef, Beaufort, Cardinal de Winchester, ce dignitaire de l'église haïssait cordialement Gloucester. C'est le Parlement, lassé de ces querelles internes, qui retire aux deux protagonistes le maniement des affaires, pour les mettre dans les seules mains du Régent. Malheureusement il mourut peu de temps après, il fallut en revenir à Gloucester et bien sur le Cardinal ne lui ménagera aucunes chausses trappes!!

Il nous reste donc Suffolck, celui qui serra envoyé par le roi pour une mission diplomatique en France, ce guerrier auréolé de gloire aspirait à jouer un rôle dans l'état. Notre homme a l'esprit pratique, il souhaite aider ce tout jeune roi, et il comprend bien vite que pour ce faire, il doit s'allier au cardinal. Le but de ce petit groupe de personnes étant d'aider le roi,ils vont vite arriver à une évidence " il faut se débarrasser de brouillon de Gloucester!!! ". Ce ne sera pas compliqué car le personnage détient en lui les armes de sa propre destruction.
Sa vie dissolue, et le fait qu'il se servait à pleines mains dans le trésor royal, vont fournir à Winchester et Suffolck les arguments de sa chute devant le parlement.

Voila, le tableau est posé, les personnages principaux du moment sont figés, l'histoire de Marguerite d'Anjou peut commencer. A ce moment de notre récit Henri VI est un jeune homme de 21 ans, timide et cloîtré dans l'étude, la couronne a besoin d'un héritier pour asseoir le pouvoir de ce roi, et l'on parla donc en Albion de cette Marguerite fille d'un roi ruiné et sans couronne (le bon roi René)



Le jeune monarque voulut voir un portrait de sa cousine, c'est un chevalier Français, prisonnier à Londres ( Champchevrier) qui sera chargé d'en quérir un, au retour celui ci parlant de lui même le roi décida que nulle autre ne partagerait son trône. Le conseil fit donc des propositions à Charles VII de France, qui les accueillit avec beaucoup de courtoisie. Mais dures et longues furent les tractations,le chemin fut long et tortueux pour parvenir à un accord. Néanmoins Suffolck est à Harfleur le 31 mars 1444 et début avril dans la résidence royale il demande officiellement la main de Marguerite. Les Français vont lui préciser que le roi René, du fait de ses campagnes de conquête de son royaume de Naples était ruiné, et donc la princesse était pauvre et sans dot.

Suffolck répondit que la nation anglaise toute entière tiendrait à honneur d'y pourvoir. De fait le conseil et Winchester en premier, pensait qu'il valait mieux une jeune fille bien née sans fortune, car on pouvait espérer que sa reconnaissance serait acquise aux artisans de son bonheur.

Marguerite embarque à Rouen pour se rendre en Albion, et le Régent de France, Richard Plantagenêt Duc d'York vint s'incliner devant la future reine d'Angleterre. Un gros temps menaçait lorsqu'ils mirent à la voile, mais pendant la traversée les éléments vont se déchaîner, le Cock of Charbourgh, commandé par Maître Thomas Adams va affronter une véritable tempête!!!!.



Les voiles éclatent en lambeaux, et bientôt le mât sera rompu, ils vont être malmenés par les éléments, comme s'ils étaient embarqués sur une vulgaire coquille de noix et les passagers recommandèrent leurs âmes à Dieu.

Le 9 avril 1445 ce ne sont que les restes d'un vaisseau royal, que dis je ! une épave qui s"échouera sur la plage de Porchester, assez loin de leur destination. Cependant le mauvais temps accompagnait toujours Marguerite, balayant les arbres et éventrant les cottages. Malade, trempée, les vêtements en loques elle se réfugie dans une misérable chaumière et s'endort recrue de fatigue sur une paillasse. L'aventure commençait sous de tristes cieux, les époux vont se rencontrer 15 jours plus tard à Southampton, le roi a 23 ans, un beau visage mélancolique avec des yeux doux et rêveurs, il semblait bien chétif au milieu de ses massifs et rudes Barons qui l'entouraient. Ce jeune homme semblait tellement bon, si rempli d'humanité! que Marguerite éprouvera rapidement un profond respect pour son mari, et ce sentiment ne devait plus jamais se démentir.



D'un autre côté à la cour les lords n'avaient pas le même raisonnement que notre petite princesse, ils contemplaient avec une certaine stupeur ce descendant chétif d'une des plus sauvage famille de conquérants. Pour mémoire, issu des Angevins, donc du trop célèbre Foulques Nerra d'une part, et des normands de Guillaume le conquérant d'autre part il faisait pâle figure au regard de ses ancêtres.

Le 22 avril les deux époux reçoivent la bénédiction nuptiale en l'Abbaye de Titchefield ou ils passeront leur nuit de noces. De toute façon ils ne sont pas pressés d'entrer à Londres vu la mauvaise volonté du parlement pour voter les crédits nécessaires à l'ordonnance des festivités dans la cité !!!

Marguerite va observer avec curiosité cette ville orgueilleuse, fière de son opulence, qui renfermait dans ces murs une bourgeoisie puissante jalouse de ses droits, et une population chauvine à l'extrême, dangereuse et impulsive ( de ce côté du moins nous n'avions rien à leurs envier!!!!).



Le 30 mai le sacre eut lieu à Westminster, ou elle reçu l'hommage des princes du sang, des Lords et dignitaires du royaume, en ce jour sa grâce et sa majesté vont lui conquérir bien des coeurs, même Lord Talbot ce vieux guerrier fut, ému et subjugué!

Une fois installée à Westminster ce qui choqua le plus notre jeune reine c'était l'exécution du pouvoir, car si le roi régnait comme en France, il ne gouvernait en fait que par la grâce des lords, du Clergé et du Parlement, celle ci était composée de deux chambres, celle des Lords et Pairs du royaume et celle des communes, ou siégeaient les simples chevaliers et chevaliers fieffés, les représentants des Comtés et les représentants des villes et des Bourgs du royaume.



Le parlement est jaloux de ses prérogatives, le vote de l'impôt, la désignation de l'héritier au trône, la possibilité de retarder ou refuser des crédits au roi, la mise en accusation des mauvais conseillers royaux. Mais surtout elle est gardienne de la loi, et celle ci ne peut être modifiée sans l'accord des deux chambres, ces privilèges conféraient au parlement la possibilité d'influer sur la politique de gestion du pays.

Il est important de noter que l'égalité devant la loi pour les lords et la bourgeoisie était une réalité en Angleterre, de ce fait il n'y avait aucun conflit possible entre les deux chambres. La reine s'aperçu très vite du peu d'intérêts que prenait son époux à gouverner!! De facto il était clair pour elle que cet homme savant, amoureux des belles lettres, et fondateur du Collège d'Eton, n'était en aucune façon un politique. Mais Marguerite était lucide pour deux, elle voyait bien que l'héritier présomptif accusait une hostilité grandissante, notre benêt notoire de Gloucester n'avait pas digéré son éviction du pouvoir.



De plus  il haïssait la France, donc par le fait sa propre reine elle même, il n'a d'ailleurs pas affaire à une ingrate, Marguerite abhorre ce déplorable personnage et ne rate aucune occasion de lui faire savoir tant en paroles qu'en actes!!!

Malheureusement il n'est pas le seul à lorgner sur le trône!! Richard ce fourbe de Duc d'York régent de France, celui qui avait fait de si belles courbettes à sa future reine à Rouen, profite de la trêve pour faire de longs séjours en Albion, afin de fomenter mille intrigues avec la famille de Neuville. En fait la reine ne peut compter que sur deux personnes, Winchester qui l'initia aux arcanes de l'état anglais, et bien sur le fidèle Suffolck, le confident et l'ami. En 1447 au mois de février on fait arrêter et emprisonner Gloucester, la force de ce coup d'état frappe l'Angleterre et le parlement de stupeur, car tout le monde sait que ce n'est pas le roi Henri VI qui fait enfermer son benêt d'oncle!!, mais la reine et ses conseillers.



Malheureusement le Duc meurt dans sa cellule le 23 février et même si l'on sait qu'il était malade depuis longtemps, on ne put empêcher le peuple de crier à l'assassinat!! On ne sait pas s'il y a eut meurtre?, mais ils auront beau faire rien n'y fera la rumeur restera fort vivace.

C'était dans l'ordre des choses, mais cela tombait on ne peut plus mal, Winchester très âgé vient de mourir!, Suffolck est Duc depuis peu mais il se sent bien seul face à Richard d'York, que l'on considère déjà comme le remplaçant de Gloucester, de plus cet intrigant est marié à une Neuville, en entrant dans cette famille il possède un redoutable appui en la personne de Richard de Neuville, Comte de Warwick, jeune et bouillant, possédant des centaines de vassaux qu'il va mettre au service de la rose blanche des York et de Richard en particulier. De l'autre côté nous avons Somerset, chef de la famille à la rose rouge des Lancastre, et lui aussi n'est pas animé de bonnes intentions envers le roi en place, et la reine le sait bien.

Pour donner un peu d'espace à Suffolck, le dernier soutien du trône, menacé de toutes parts, la reine demande à Henri de nommer Richard d'York gouverneur d'Irlande, et Somerset comme nouveau régent de France, ils vont partir tous les deux en remâchant et ruminant leurs sinistres projets.



Pauvre Suffolck, sa situation va empirer, il a désormais contre lui les deux partis,et les deux roses ne manquent pas d'épines!! Il ne tardera pas à être convoqué à la barre de la chambre pour se justifier, mais la reine va réagir avec promptitude pour lui sauver la vie, la mort dans l'âme elle condamne cet ami de toujours du couple royal à l'exil avant que le parlement ne rende son arrêt.

Réfugié à Ipswich il apprend la défaite de Formigny, le pauvre homme décide de partir pour la France afin de pouvoir au moins mourir en soldat.

Mais Somerset ne lui en donnera pas l'occasion, il le fait arraisonner en mer et sur place instaure un tribunal fantoche ou après une parodie sinistre de procès le fait décapiter sur le pont de ce navire.

Somerset par son acte inqualifiable, mais aussi par son incapacité en tant que régent de France ouvre une voie royale à Richard d'York vers le pouvoir. Il ne tardera pas à être convoqué devant le parlement ou les partisans de la rose blanche des York dominent dans les deux chambres, la cause est entendue!! cela va être mené rondement, Somerset est condamné et emprisonné à la tour de Londres. On voit que Richard d'York et la puissante famille de Neuville tirent de plus en plus de ficelles de l'appareil politique Anglais.

Nouveau coup de théâtre de la Reine, elle réagit avec rapidité et violemment, est ce la peur de ce fourbe de Richard d'York, qui était un proche du détestable Gloucester, qui bien que mort semble encore si présent au travers de Richard ?? Toujours est il qu'elle fait élargir Somerset de sa prison (l'assassin de son ami Suffolck!!) et le fait nommer Connétable d'Angleterre.

De ce fait elle prend parti pour la rose rouge, par cette décision elle retire au roi son rôle d'arbitre du conflit, liant leur sort à tous deux à la famille de Lancastre


                                   La guerre des deux roses pouvait commencer !!!!


C'est encore elle qui mènera la lutte des Lancastre jusqu'à la bataille finale de Tewkesbury, elle sera emprisonnée à Walllingford. Sept ans plus tard Louis XI versera 10 000 livres pour sa libération, Marguerite devait en contre partie renoncer à tous ces droits sur l'Angleterre, elle meurt à Saumur à l'âge de 53 ans.




PS: Henri VI fut le seul roi d'Angleterre à vraiment pouvoir porter le titre de roi de France et d'Angleterre, car il fut le seul à être sacré en France, pour faire barrage à Charles VII qui fut sacré à Reims avec l'aide de Jeanne d'Arc M de V




mercredi 10 mai 2017

La Curne de Sainte Palaye, ou les Joutes et Tournois.

Les Tournois (nommés, écoles de prouesses) toujours dangereux, souvent ensanglantés, voir même mortels, n'avaient été imaginés au départ que pour tenir en haleine les gens de guerre. Ceci surtout en temps de paix! qui ne laissait point d'autres exercices, hormis la chasse pour montrer leurs valeurs.



Selon la Curne de Sainte Palaye, les Tournois ne doivent être regardés que comme de faibles images et de légers essais des expéditions militaires ou des véritables combats.

La proclamation des tournois étaient annoncés longtemps à l'avance, et toujours dans les termes les plus fastueux, répandant l'ardeur combative dans la province ou le canton ou se faisait le tournoi. les gentilshommes, loin de rester oisifs dans leurs châteaux, répétaient journellement entre eux les mêmes exercices et par une longue et continuelle habitude des armes se préparaient comme par degrés à parvenir un jour au triomphe dans l'un de ces tournois solennels, ou l'on avait pour spectateurs l'élite de toutes les cours de l'Europe, et ce afin d'obtenir les récompenses toujours glorieuses et l'espoir de briller devant les dames et un foule enthousiaste et nombreuse.



Tandis que l'on préparait les lieux destinés aux tournois, on étalait le long ses cloîtres de quelques monastères voisins, les écus armoiriés de ceux qui prétendaient entrer dans la lice, ils y restaient plusieurs jours exposés à la curiosité et à l'examen des seigneurs, des dames et demoiselles. Un héraut ou poursuivant d'armes nommait ceux à qui ils appartenaient, s'il s'en trouvait l'un d'eux dont une dame eût sujet de se plaindre, pour quelque offense ou injure elle touchait le timbre ou l'écu pour le recommander aux juges du tournoi, pour demander justice.
Si le crime était prouvé et que le chevalier se présentait au tournoi malgré les ordonnances, une grêle de coups de la part des autres chevaliers le punissait de sa témérité, lui inculquant de ce fait le respect des lois de la chevalerie, le pardon des dames seul était capable de mettre un frein au châtiment du coupable. Les lices étaient pavoisées entourées de tentes et de pavillons superbes, les hours (ou échafauds) recouverts de tapisseries resplendissaient de couleurs (ceux ci étaient construits en forme de tours), tout était prêt pour accueillir joutes, pas d'armes et combats à la foule (mêlée). Le bruit des fanfares annonçait l'arrivée des chevaliers, superbement équipés et suivis de leurs écuyers.



Les cris de faits d'armes, " valeurs et prouesses sont gages de sang mêlé de sueurs "!! Les principaux règlements consistaient à ne point frapper de la pointe, mais du tranchant de l'épée, ne point blesser le cheval de son adversaire et ne porter les coups de lances qu'au niveau du visage et du torse, à ne plus frapper son adversaire dès qu'il avait ouvert la ventaille de son casque ou qu'il s'était deshaumé. 

Lorsqu'un chevalier ayant violé par inadvertance les lois du combat, attirant sur lui de ce fait les foudres des autres combattants, les dames si elles croyaient la faute involontaire, envoyaient le champion des dames, qui armé d'une longue pique surmontée d'une coiffe, n'avait pas plutôt abaissé sur le heaume de ce chevalier, ce signe de clémence et de sauvegarde des dames que l'on ne pouvait plus toucher au coupable. Aucun tournoi ne se terminait sans faire en leur honneur une dernière joute, nommée la lance des dames.





Le tournoi fini on s'occupait du soin de distribuer les prix que l'on avait choisi suivant les différentes disciplines ou les chevaliers s'étaient illustrés, premièrement le vainqueur du tournoi, puis pour le plus beau coup de lance ou d'épée, ensuite celui qui était resté le plus longtemps à cheval sans être démonté ou désarçonné, et encore celui qui était resté le plus longtemps sans se déshaumer .

Les officiers d'armes dont les regards avaient été continuellement fixés sur les combattants, faisaient leurs rapports devant les juges. Enfin lorsque le prix était décerné, les officiers d'armes allaient quérir parmi les dames et demoiselles, celles qui devaient remettre les prix. le vainqueur du tournoi avait de plus le droit de donner un baiser à la dame qui lui apporte son prix, (seulement le vainqueur du tournoi !!!! faut pas exagérer m'enfin...!!!!)



Si l'on veut bien se rappeler l'estime que notre nation a prodiguée de tous temps aux vertus et aux talents militaires, et le nombre prodigieux de spectateurs qui accouraient à nos tournois ( et ce au point que nos chevaliers finirent par confondre tournois et conflits), on concevra sans peine quelle impression devait faire sur ces hommes cette espèce de triomphe   M de V.


                    Voir aussi le traité de la manière dont on fait les Tournois
                                            du bon roi René d' Anjou
                                      ci dessous la montre des heaumes

mardi 9 mai 2017

La révolte des paysans Anglais de 1381

Tout commence avec ce prêtre John Wyclif, né à Wickliffe en 1324, dans le Comté de York. Il avait étudié au Collège de la Reine (Philippa de Hainaut), à Oxford, la Philosophie et la Théologie.


C'est au environ de l'an 1360, que notre personnage commence à se faire connaître, par l'énergie avec laquelle il défend son Université contre la confrérie des frères mendiants établis depuis plus d'un siècle en Angleterre ou ils s'étaient multipliés. Cinq ans plus tard il fut élu recteur du collège de Cantorbéry, mais fut évincé par Simon Langham, Archevéque de cette ville, qui avait l'appui du Pape Urbain V.

Il s'élève contre la puissance pontificale au spirituel et au temporel, allant même jusqu'à traiter le Pape d'Antéchrist, dans son élan il soutiendra les droits d'Edouard III contre les prétentions de Rome en 1366, ce dernier lui avait donné le riche bénéfice de Lutterworth. Il est également soutenu par son Université qu'il avait soutenue contre les moines.Mais cet homme qui s'était élevé contre l'austérité des moines se met à imiter leurs manières de vivre, il paraissait désormais en public vêtu d'une robe du tissu le plus grossier, marchant nu pieds, tout en poursuivant de ses invectives, les Clercs propriétaires, les curés et les évêques, et le pape lui même, qu'il représentait dans ses prédications comme de véritables antéchrists, traîtres à dieu et à leur prochain. Il ne tarda pas regrouper un corps de fanatiques, auxquels il donna le nom de " pauvres prêtres ", qui lui servait à propager ses funestes principes, dont l'un des plus virulent se nommait " John Ball ". Ces prédicateurs ambulants parcouraient villes et campagnes, répandant la doctrine de leur Maître, faisant de nombreux adeptes parmi le peuple.



Le pape Grégoire XI ordonna à l'Evêque de Londres d'interroger cet hérétique, le chargeant également de prévenir le roi, et de l'encourager vivement à l'extirpation des erreurs de Wyclif.

Il va comparaître devant l'évêque, mais pas seul, deux puissants personnages de la noblesse l'accompagnait, de Jean de Gand Duc de Lancastre et Lord Percy maréchal du royaume. Mais la rencontre se passe mal et le Duc de Lancastre entre dans une violente altercation avec l'évêque Courtenay, les habitants de Londres indignés des paroles outrageantes du Duc se soulèvent saccagent l'hôtel du maréchal et pillent le palais de Savoie, lieu de résidence du Duc. La mort du roi Edouard III peu de jours plus tard, retarda la publication de la doctrine de Wycliff, Celle ci ne se bornait pas au dogme et à la morale, elle attaquait la société temporelle à la base, la propriété. Jean de Gand devenu Régent en 1377, et le jeune roi Richard II ( fils du prince noir) vont s'en mordre les doigts, car cette doctrine va se répandre dans tout le pays.



D'origine obscure, peut être ancien valet d'armes, ce personnage semble avoir été nourri des idées répandues par Wyclif et ses disciples. Wat Tyler est présenté par toutes les chroniques (dont celle de Froissart), comme l'un des principaux capitaines de la révolte des paysans et d'une certaine catégorie d'artisans anglais de 1381.

Tyler partageait avec le peuple cette colère, contre le gouvernement cupide du Régent du royaume, tuteur du jeune roi Richard II, la grogne du peuple est envenimée par la corruption des administrateurs locaux, qui était pour le moins honteuse!!

Un nouvel impôt va déclencher la révolte, ne concernant au début que le Sussex et le Kent, et Tyler bénéficie de l'appui d'un grand nombre de petits paysans propriétaires, mais Wat est différent des autres révoltés, qui ne sont préoccupés que par une satisfaction immédiate de leurs exigences. Lui il a le sens du changement, il est capable de concevoir un nouveau système politique. A la tête de milliers de révoltés, il marche sur Londres le 11 juillet 1381, réussit à y pénétrer, livrant le palais et les établissements religieux, ainsi que les maisons des Flamands au pillage de ses troupes.



Laissant massacrer le Chancelier Simon Sudbury et le trésorier Hales, ainsi que quelques conseillers du roi. Le 15 juillet il provoque une entrevue avec Richard II à Smithfield, au cours de la rencontre une violente discussion s'engage et le Lord Maire de Londres William Walworth l'étend raide mort, sous prétexte qu'il menaçait le roi. Il semblerait plutôt qu'ils voulaient se débarrasser du seul personnage capable de les gêner politiquement. Le Roi fort habilement et usant de promesses, persuade les quelques partisans de Tyler, venus avec lui de renoncer et de ne pas chercher à venger leur chef. Ce ne fut pas trop dur car cité plus haut ils étaient  demandeurs de compensations immédiates, ils les obtiendront mais uniquement en paroles.






PS: plus tard au XV siècle le roi Henri V poursuivra une politique d'éradication et de persécution de la secte des Lollards, conssidérés comme hérétiques.Adeptes des doctrines de John Wyclif, correspondant au retour des valeurs de pauvreté du christianisme. Il fera même exécuter son dirigeant Sir John Oldcastle.

                                            Lorsque Adam labourait et que Eve filait,
                                                      qui était le seigneur alors ?


            Comme le dit Alain de Libéra dans son livre, La Philosophie Médiévale, je cite:
              Il n'est pas question de choc de la misère, mais bien du scandale de la richesse !!! M de V

lundi 8 mai 2017

Isabelle de France et Roger Mortimer

Fille du roi de Fer et de Jeanne de Navarre, mariée au roi Edouard II d'Angleterre, qui subira dès son arrivée en Albion les affronts répétés des favoris de ce roi, Piers Gaveston puis les Despenser père et fils

Piers dominera entièrement le roi au début de son règne,son avidité était sans mesure,il sera exilé trois fois, une fois par le père de Edouard, les deux autres à la demande des Barons, pour finir décapité après une longue fuite avec le roi qui toujours le protégera. La situation de la reine Isabelle fut de ce fait particulièrement difficile, son mariage fut un échec dés le début, elle était sans appuis dans un pays qu'elle ne connaissait pas, néanmoins comme son père,elle brida ses émotions et ses sentiments, pour devenir la reine de fer (elle ne fut jamais appelée la louve par ses contemporains). elle multiplia ses voyages en France et mènera à biens diverses négociations toujours dans l'optique de préserver l'héritage de son fils le futur Edouard III. Isabelle sera fort attentive à l'éducation de son premier enfant né en 1312.

Puis c'est le tour des Despenser, le père gouvernant le pays et le fils dans le lit d'Edouard, eux aussi sont avides de pouvoir et mécontentes déjà les barons du royaume par leur avidité pour les titres et l'argent. La reine se sent menacée, (Froissart en parle dans son livre un page 81 et 82). Elle n'est pas la seule en 1320, Roger Mortimer seigneur de Wigmore, ainsi que d'autres seigneurs des marches Galloises se heurtent aux prétentions des Despenser sur leurs possessions. C'est le début d'un nouveau conflit pour le roi contre ses Barons à cause de ses favoris.

Mortimer finira par se rendre en 1322 et avec son oncle sera condamné à la prison à vie dans la tour de Londres. Mais bénéficiant de nombreux appuis parmi la noblesse et le clergé ( ce qui n'est pas miracle vu la notoriété du roi et de ses favoris), il parvient à s'enfuir en 1323 et se réfugie en france.

Il sera rejoint par la reine Isabelle, celle ci fut prévenue par quelques âmes charitables que les menaces à son encontre se précisent, faisant peser sur elle et sur son fils une menace de mort réelle, en 1325 sous couvert d'une ambassade avec son fils elle quitte Albion pour la France, afin de mettre la Manche entre elle et les Despenser. Ils vont devenir amants et se constituer des appuis chez les grands Barons de France et de Hainaut, recevant régulièrement des informations sur l'état du royaume, ils savent que les seigneurs d'Angleterre sont lassés du roi et des Despenser.

Elle forme avec l'aide de Mortimer une armée et en 1326 prend la tête du mouvement de mécontentement des barons Anglais, en décembre de la même année elle débarque en Angleterre et fait jonction avec les troupes anglaises. Le roi Edouard III sera fait prisonnier et elle fait exécuter les Despenser, pour le fils Hugh la mort sera particulièrement longue et raffinée...!! Le roi va abdiquer en faveur de son fils, mais le pouvoir de facto est aux mains d'Isabelle et de Mortimer.

Le point épineux c'est que peu de temps après en 1327, le roi dans sa prison du château de Berkeley sera assassiné de fort vilaine façon. les suppositions sont nombreuses, Mortimer a pu faire pression sur la reine et obtenir son accord pour ordonner le meurtre?, vu les causes de la mort, la reine a voulu se venger en le punissant par l'endroit ou il avait fauté?, (on lui a quand même coulé du plomb fondu avec un entonnoir dans le fondement !!!!), est ce que le jeune Edouard III fut consulté pour cette action?, nous restons dans le flou artistique !

L'année suivante en 1328 Edouard III se marie avec Philippa de Hainaut (celle ci a pour confident et secrétaire Jean Froissart), le jeune roi aime son épouse c'est visible, c'est à partir de ce moment qu'il supportera de plus en plus mal la tutelle de sa mère et de Mortimer. il faut dire que l'ambition et la convoitise vont le perdre, l'accumulation de titres et de seigneuries, vont lasser Edouard III.

Soutenu par Henri de Lancastre il le fait arrêter en octobre 1330 et condamné à mort par le parlement il sera pendu. Dans le même temps il enfermera sa mère jusqu'à la fin de ses jours en un Château et sous bonne garde. bon sang ne saurait mentir et Edouard III en avait à revendre!!!