A la fin de la guerre de 100 ans la cité Ebroïcienne semblait reprendre un essor économique en ayant tiré profit des nombreuses périodes de trêve de ce fort long conflit. On retrouve ici cette faculté de se relever en dépit des déboires passés !
Ces malheurs causés par une alternance d'épidémies et de périodes de conflits avaient développé chez nos citadins le désir de venir en aide à leur prochain dans la détresse : l'idée du secours mutuel !
On trouve des monographies urbaines aux archives municipales traitant des Confréries. Ainsi naquit en novembre 1421 " la confrèrie de Charité " d'Evreux. C'est à l'instigation de quelques bourgeois dévots et avec l'accord du Vicaire général de l'évêché, Paul Capranica, que notre confrèrie allait siéger en l'église Saint Jacques de l'Hôtel Dieu
Son but : assister son prochain dans la mort, la maladie ou la misère. Non seulement elle s'attachait à rendre aux défunts un dernier hommage, mais venait souvent en aide aux deshérités par ses aumônes
Nota : Initiative fort louable quand on sait qu'à notre époque nous fuyons, sans souci, les gens sans le sou, ainsi que malades et personnes en fin de vie !!!
On inscrivit le mérite de cette fondation charitable dans la pierre du Tympan de l'église Saint Jacques ou la confrérie en grande procession fut immortalisée. Ses usages allaient se perpétuer de longs siècle pour s'éteindre progessivement à partir de la révolution jusqu'à nos jours
La Charité d'Evreux était composée de treize membres rappelant ainsi les apôtres et Jésus. Il s'agissait généralement de 13 Bourgeois, hommes de poids étoffés de la cité Ebroïcienne. L'Aîné devenait " l'Echevin " de la corporation, son second le " Prévôst ", les onze autres formant les " Frères Servants "
Cette hiérarchie était bien sur accompagnée de tout un décorum ou la tenue jouait un grand rôle lors des processions et des déplacements pour les cérémonies mortuaires. Un uniforme était donc nécessaire à nos frères de la charité pour exercer leur office !
Il y avait aussi une riche broderie marquant l'épaule gauche, tandis qu'ils tenaient en main droite une sorte de torche faite de cire jaune, modelée à l'image de la Vierge Marie
En tête de la procession se trouvait le " Crieur ", suivi de quatre " Frères Servants " portant une civière noire, puis derrière, l'Echevin, son Prévôst, et le reste des frères de la corporation
Le Crieur rythmait la marche en agitant alternativement deux " Tintenelles " (petites cloches au manche fondu à sa jupe), cette coutume venait de la grande épidémie de peste
Tous les frères assistaient le défunt tout au long de la cérémonie, l'aspergeait d'eau bénite, puis le déposait au fond d'une tombe qu'ils avaient eux même creusée
Si il s'agissait de " la séparation " d'un lépreux le rite devenait plus curieux !, car ils devaient offrir à un " Vivant " dans les affres de la maladie les soins convenant à un mort
Nota : attention lire l'article sur le sujet, cela ne voulait pas dire que le lépreux possédant des biens perdait le bénéfice de ceux ci !!..il est même loisible de croire que la confrérie l'aidait dans la gestion et la transmission de ses biens
Nos frères de la Charité assuraient ainsi le service des morts des huit Paroisses d'Evreux. Chaque 11 Novembre ils faisaient procession à Saint Martin au cimetière Saint Aquilin, c'est au retour de cette cérémonie qu'il était de coutume de désigner celui qui serait le prochain " Echevin " de la confrérie.
PS: en cette nouvelle année je pense qu'il est bon, mais aussi d'actualité de parler de charité M de V
Info Renaissance: c'est au début du XVI siècle que la confrèrie fut investie d'une nouvelle mission, afin de faire suite à une donation par testament, d'une personne pieuse et généreuse de la cité. La confrèrie devait porter pain, viande et vin aux prisonniers des géoles d'Evreux ! Ou il était stipulé comme suit " Messieurs, vous aurez mémoire et recordation, de Feue, Damoiselle Georgette Legras, laquelle en son vivant a délaissé à chaque prisonnier détenu es prisons de ceste ville d'Evreux, asçavoir à chacun, pinte de vin, et pour trois jours de viande et de pain, ce chaque vendredi des quatre temps de l'an et aux quatre festes solennelles c'est asçavoir à Pasques, Penthecouste,Toussainctz et Noël et nous prierons Dieu qu'il lui plaise de leur donner bonne et briesve délivrance "