Henri de Mondeville est le premier auteur Français à avoir écrit un Traité de Chirurgie, notre homme est né autour de l'an 1260, donc seconde moitié du XIII siècle.
Ce Docteur et Chirurgien rédige son ouvrage sous le règne de Philippe IV le Bel (dont il était le chirurgien), à partir de l'année 1306 et ne le terminera qu'en 1320 peu de temps avant de mourir, nous n'avons pas de date précise quand à sa mort.
La traduction de ce traité que l'on peut étudier à la BNF, nous donne un aperçu de ce qu'était la pratique de la médecine à la fin du moyen âge. Nous parlons la, du XIII, XIV et XV siècle, de 300 ans de ces 1000 ans d'histoire médiévale, une époque ou l'église régnait en maître sur l'Université et la faculté de médecine en particulier (voir les 3 articles sur l'Université)
Il pratique son art à une époque ou l'ignorance et la superstition étaient grande, ou la Scolastique régnait dans les écoles, discipline visant à concilier la philosophie d'Aristote, avec la Théologie des pères de l'église, mais se noyant dans cette marche de la pensée qu'était la dialectique.
Mondeville, fera partie de ces quelques novateurs de cette fin du moyen âge dont les idées étonnaient encore les médecins du XIX siècle. Ce Docteur Chirurgien, est un fervent défenseur du libre examen et de l'évolution de la science par la pratique.
Il professe une doctrine nouvelle sur le traitement des plaies, mais il reçoit la plus vive opposition de ses Pairs de la Faculté de médecine et de l'église bien entendu !!!
On le considère comme le père de la chirurgie, il sera suivi plus tard par un autre novateur, Guy de Chauliac qui écrira lui aussi un Traité à partir de 1363 Il faut savoir que l'école de médecine était composée de l'ensemble des maîtres en médecine créés en son sein, Clercs ecclésiastiques ou fervent partisans de l'église, ce qui faisait d'eux une belle brochette d'incapables, qui se gargarisaient de phrases latines, utilisant la rhétorique et la dialectique à grands renforts d'envolées de manches de leurs habits de fonction.
De plus il n'existait pas de cours spécifique de Chirurgie à la faculté, puis les Régents de la faculté retombent vers 1350 dans leurs errances primitives et guidés par l'église interdisent à leurs bacheliers en médecine d'exercer la chirurgie manuelle !!!
Parmi les maîtres, lesquels étaient Clercs, un fort petit nombre exerçait la chirurgie, considérée comme une spécialité mécanique, un métier manuel !, donc avilissant. Il était fort mal vu qu'un maître en médecine s'abaisse à pratiquer cette discipline, sans oublier que l'église défendait à ses Clercs de toucher le sang.
De ce fait nous allons trouver en Paris quelques médecins chirurgiens, puis une corporation de Chirurgiens Laïques, ainsi que des Barbiers chirurgiens et une quantité non négligeable de charlatans de tous poils !!
On ne sait quelles étaient les relations de Mondeville avec la faculté de médecine ? il n'en parle qu'une fois. Mais bien que médecin et chirurgien on remarque qu'il craignait les régents de cette institution
Sans oublier la proximité du Pape, désormais en Avignon ! qui fulminait contre les pratiques novatrices en matière de médecine et de chirurgie
Notons un fait important, seul le médecin pouvait faire une ordonnance et prescrire une médication, qui allait être ensuite exécutée, la première par le chirurgien et la seconde par l'Apothicaire !!
Mondeville et plus tard Chauliac s'insurgent contre cette pratique restrictive de la médecine et dans la réalité des faits, ou la pratique de tous les jours, les chirurgiens agiront le plus souvent de leur propre initiative.
Force est de constater que pour faire progresser la profession il fallait être Médecin chirurgien !!, s'ils étaient les plus instruits, ils étaient fort peu nombreux, eux seuls feront progresser cette science, Lanfranc, Mondeville et Chauliac en font partie.
Les Chirurgiens Laïques: Artisans pratiquants la chirurgie à Paris, réunis en corporation à partir du XIII siècle, on trouve leurs statuts dans le livre des métiers de Boileau (voir article). Elle a des Maîtres, des Prud'hommes, elle institue des Bacheliers et des Licenciés.
C'est une corporation fermée qui se recrute elle même, parmi les fils et filles des maîtres, comme toutes les corporations de métiers, oui il y a innovation !!, les femmes étaient admises à exercer la profession, comme le prouve l'édit de 1311, je ne saurais dire combien il y eut de femmes chirurgien en Paris mais le fait est établi.
Ces chirurgiens sont donc tout à fait indépendants de la faculté de médecine, qui ne peut intervenir, ni dans leur enseignement, ni dans le passage des grades de leurs impétrants.
Les maître chirurgiens, jurés, se réunissaient sous la présidence du premier chirurgien du Roi, pour examiner ceux qui sollicitaient un Licence pour exercer. Selon le résultat de cet examen, la dite licence était octroyée au Bachelier par le chirurgien du roi et seulement par lui.
Nos chirurgiens sont fort peu nombreux au XIV siècle, une douzaine sur Paris, en revanche les Barbiers Chirurgiens sont 26 en 1301 et 40 en 1395 !!
La raison en est simple, nos chirurgiens vont par snobisme imiter les médecins et décider de déléguer aux Barbiers certaines tâches qu'ils considèrent en dessous de leur condition !!! Ne rions pas notre siècle agit de même. Allez dans un hôpital vous constaterez que l'aide soignante se prend pour l'infirmière, cette dernière pour le médecin, quand à lui en général il se prend pour Dieu !!!
Les Barbiers chirurgiens vont rapidement entrer en lutte contre la corporation des chirurgiens Laïques dès le XV siècle. Chaque bourgeois parisien avait son barbier attitré et c'était à lui que l'on confiait la saignée !!
Cette stupide pratique de tirer le sang au moyen âge, était si générale!, si fréquente, qu'il y avait des arrêtés déterminant, les heures et les endroits ou l'on devait jeter le sang et combien de temps on pouvait le garder, dans un souci d'hygiène publique !!!!
Une fumeuse théorie voulait que comme quand on tire de l'eau d'un puits on obtenait de l'eau toujours plus pur, il en allait de même avec le sang ! hors donc il fallait faire des saignées régulières. On ne peu compter le nombre de morts que cette croyance causera au fil des siècles !!!
Nos barbiers en plus de la saignée pratiquaient les ventouses, l'arrachement des dents, ainsi que les divers furoncles, abcès et excroissances en tout genre. Un document de 1301 stipule qu'ils pouvaient porter le titre de Barbier chirurgien et exercer la chirurgie, après êtres passés devant les maîtres en chirurgie de la corporation, afin de juger de leur suffisance !!
Ce qui bien évidemment n'en faisaient pas des chirurgiens à part entière, la corporation étant jalouse de ses prérogatives et de son statut, chacun à sa place hein !!!!
Il faut bien admettre que nos Chirurgiens laïques et nos barbiers chirurgiens étaient gens de peu de savoir, ne sachant ni lire ni écrire, donc ne connaissaient ni les livres en latin, ni même plus tard ceux en langue vernaculaire !!!
Puis nous trouvions les Irréguliers, autant dire les charlatans, profitant de l'ignorance, de la superstition et de la crédulité du peuple, du bourgeois et du noble !!
Dans ses écrits Mondeville s'insurge et fulmine contre cette engeance!! Mais ces irréguliers profitaient du fait que tous ces pédants crottés de médecins et de chirurgiens ne faisaient pas leur travail ou quand ils le faisaient pratiquaient des tarifs prohibitifs !!!!
Il les nomme débauchés, voleurs, trompeurs et larrons, entrant dans le métier par voies et moyens détournés
Ce sont les magiciens, les alchimistes, les courtisanes entremetteuses et accoucheuses, les vieilles femmes versées dans les remèdes et potions, les juifs convertis versés dans la médecine arabe.
PS: Hors donc la liste est longue de ces charlatans aux professions diverses, bien sur il y avait des charlatans ! mais peut être aussi des gens qui avaient un code de déontologie bien supérieur à nos pédants crottés de médecins !! certains soignants même gratuitement. Je ne suis pas médecin bien sur mais si je me reporte à notre époque ou nos médecins nous comparent à des morceaux de viandes !! j'ai bien pratiqué leur suffisance et leur manque de compassion pour les malades !! Le serment d'Hippocrate, laissez moi rire, parlons plutôt d'Hypocras !!!....mais je m'égare sans doute ??? M de V
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