Toutes les nations attribuent à ce mal un caractère contagieux voir même héréditaire, chez les écossais la crainte est telle, que d'après certains auteurs, toute femme lèpreuse devenue mère doit être brûlée avec son enfant !!!
Toutefois, si ces malheureux nommés, lèpreux, Ladres, Mezel, Meseaux, etc, deviennent pour nos ancêtres un objet d'horreur, ils sont aussi un objet constant de pitié.
Partout des âmes charitables leur vouent une tendresse particulière, cherchant à adoucir leurs douleurs et les épreuves qu'ils subissent au quotidien.
La fondation de lèproseries se fait dès les premiers siècles de l'ère chrétienne, les conciles et les pouvoirs publics s'occupent d'assurer l'isolement des malades, on se contente dans un premier temps de huttes élevées, posées sur quatre poteaux, dans un champ, en dehors des agglomérations, mais proche d'une grande voie d'accès. Les lèpreux de ces fondations après leur décès y sont brûlés avec leurs habits et les menus objets qu'ils possédaient. Cette règle de brûler les Ladres à leurs morts se pratique dans tous les pays de l'Europe .
De bonne heure cependant les monastères affectent des maisons spéciales à l'internement des ladres. mais en général dans n'importe quelle région, dès qu'un tissu social se met en place, commence la construction de lèproseries, ladreries, meselleries, maladreries dont le but essentiel est la séquestration de ces malades.
Ces maisons, on l'a dit, sont dues à l'initiative des ordres monastiques, mais pas uniquement, les nobles, les grands seigneurs, des communautés d'habitants et parfois même sur l'initiative de simples particuliers!!
Le nombre de ces établissements est colossal, citons le testament de Louis VIII, qui lègue cent sols à chacune des 2000 maladreries de son royaume !!
Au milieu du XIV siècle, le diocèse de paris en compte pas moins de cinquante neuf ! En Angleterre et en écosse on compte cent quinze Hôpitaux de lèpreux et il en va de même dans toute l'Europe, avec des chiffres plus ou moins importants selon les pays !!
Il ne s'agit pas dans sa grande majorité de constructions imposantes, le plus souvent ce sont des établissements composés de trois parties distinctes, la chapelle et son cimetière, le bâtiment pour les personnes saines chargées de la direction et des soins et le ou les bâtiments des malades;
Un grand jardin leur est réservé, ou eux seuls peuvent le cultiver et en consommer les produits, il est séparé par un mur de la partie ou vivent les personnes saines. Ils élèvent également des porcs uniquement pour leurs besoins, et ceux ci ne peuvent en aucun cas être achetés par les bouchers des environs.
Les lèpreux disposent d'une cuisine distincte, local bien à eux avec les ustensiles réservés à leur usage uniquement, de plus les maladreries sont pourvues d'un puits destiné a l'usage des malades de la lèpre;
On trouve également des chambres consacrées aux malades de passage, parcourant les chemins et dotés de documents justifiant de leur moralité.
On peut même trouver dans certains de ces établissements des locaux susceptibles de détenir par mesure disciplinaire des ladres causant des troubles, sorte de prison temporaire !!
En résumé une lèproserie affecte dans la majorité des cas l'aspect d'une ferme, je généralise bien sur, qui se trouverait un peu à l'écart d'une agglomération, des habitations d'un Bourg ou d'une cité.
Mais en même temps cet établissement ne devait jamais se trouver éloigné des chemins de passages ou des carrefours ou le trafic est intense!
Car tout en séparant les lèpreux de la société humaine, pour cause de contagion, qui bien que lente n'en était pas moins existante, on ne désire nullement au moyen âge qu'ils soient oubliés!!
Or donc ces établissements sont donc exposés aux regards dans des lieux fréquentés, permettant aussi à ces malades d'avoir quelques commodités.
Car beaucoup de lèpreux continuaient à vaquer à leurs occupations, un grand nombre étaient itinérants allant de maladreries en lèproseries
PS: contrairement aux idées reçues s'ils étaient obligés de vivre à l'écart des gens sains, ils n'étaient pas pour autant dépossédés de leurs biens terrestres, cette maladie touchant toutes les couches sociales on trouvait des ladres nobles, bourgeois et commerçants, or donc dans bien des cas ils continuaient même de loin à gérer leurs biens M de V
Sources: BNF, histoire de la Charité L Lallemand