Nous aborderons ce sujet avec beaucoup de prudence, il me semble même nécessaire de préciser l'état d'esprit dans lequel se trouve notre chevalier à cette époque.
Vaincus par des Tisserands à Courtrai, par les Anglais à l'écluse, Crécy, et Poitiers, puis par les routiers à Brignais on peut dire que le coeur n'y est plus!
La chevalerie est en perte de vitesse, elle se démilitarise car la guerre est devenue le domaine de prédilection du fantassin professionnel et discipliné.
Or donc dans un tournoi la mêlée est la reconstitution d'une bataille et la joute un duel entre deux adversaires.
Ces jeux furent créé au départ dans le but de s'entraîner au combat, mais au fil du temps nos chevaliers finiront par confondre les deux! Cette chevalerie a oublié les valeurs pour lesquelles elle fut créé, se noyant désormais dans des fêtes et des banquets ou les danses riment avec les lances.
Ils brilleront dans des combats réglés à l'avance, de l'aspect utilitaire d'entrainement au combat il ne reste rien, de la dimension ludique du jeu ou le but était de vaincre sans tuer pour la gloire et le gain, il ne reste que l'appât du gain.
Force est donc de constater que si l'aspect utilitaire et ludique a disparu, il ne reste plus que le côté festif et celui ci est en pleine expansion.
Malgré les efforts de Charles V pour réformer cette armée indisciplinée qui ne devait que 40 jours par an au ban du roi, ses ordonnances resteront lettres mortes, et ce ne sera que sous Charles VII que pourront être créées les compagnies de l'ordonnance, qui seront les ancêtres de la gendarmerie.
Il faut dire que des traités de tournois comme celui du bon roi René d'Anjou, un peu plus tard ne font rien pour arranger l'affaire.
Si on veut donner un ordre d'idée en matière de gouffre financier qui puisse correspondre à la participation d'un chevalier à ce genre de tournoi:
Il faut tenir compte du matériel, de la tenue vestimentaire, du type d'armes employé dans ce genre de manifestation, car chaque tournoi avait un thème, avec des règles imposées.
Le simple chevalier ne pouvait y participer, seuls les nobles fortunés en avaient les moyens.
Pour finir cela équivalait à la participation financière d'un particulier au Paris Dakar.
De grandes maisons se sont ruinés jusqu'à la trame dans ce genre de manifestations, même le roi René d'Anjou fini ruiné.
Lorsque sa fille Marguerite d'Anjou se marie avec le roi d'Angleterre, il est précisé qu'elle n'aura pas de dot !!
Sa croisade pour récupéré son royaume et le faste de ses joutes ont réduit ses finances à la plus simple expression. ( voir article la guerre des deux roses et Marguerite d'Anjou )
Ce désir de gloire!! va provoquer la disparition du tournoi collectif, au profit de la joute et du combat individuel.
Tous les textes et les traités de ces tournois du bas moyen âge, transpirent de la vanité et de la suffisance de ces grands barons du royaume.
Ils ne vivent que sur l'acquis de leurs ancêtres, vantant à qui veut les entendre les prouesses de leurs glorieux défunts.
Leurs mérites ne sont que dans le nom qu'ils portent, ils se gargarisent à plaisir dans le passé et les romans chevaleresques de cycle arthurien.
Ces mangeurs de charrettes ferrées ne font plus illusion, parmi le peuple comme chez les bourgeois et l'on ne peut s'empêcher de citer Geoffroy Chaucer, qui nous peint un tableau fort vivant de cette société du bas moyen âge.
Il dit je cite: ne peut être noble que celui qui agit noblement et cette noblesse ne s"acquiert pas avec l'héritage des biens terrestres!!
C'est aussi pour cela qu'ils tiendront à l'écart un Bertrand Du Guesclin, jaloux de ses victoires et leur renvoyant en pleine face leurs incompétences. Ils étaient pesés, mesurés et jugés insuffisants !!
PS: pour donner du grain à moudre à nos passionnés de reconstitution, dont je fis partie pendant de nombreuses années avant de raccrocher mon épée pour n'utiliser désormais qu'encre, parchemins et plumes. Après avoir écumé les bibliothèques et les auteurs sur le sujet, je vous soumet mon opinion sur la mentalité du chevalier au Bas moyen âge...Bien amicalement M de V
Si le bon roi René est mort ruiné c'est aussi dû à la rançon payée pour revoir sa fille captive en Angleterre.
RépondreSupprimerc'est Louis XI qui paya cette rançon pour le retour en France de cette fille de France reine d'Albion
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