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mardi 13 mai 2025

N° 490 ) Rouen Capitale Ducale

Après la mort de Charlemagne, l'audace des Vikings (Pirates pratiquants la course en mer) s'accroit rapidement. Leurs navires prennent l'habitude de remonter la Seine et d'en piller ses rives

A plusieurs reprises des bandes de pirates nordiques occupent Rouen sans rencontrer de grande résistance car si la ville était bien protégée du côté des terres par une robuste muraille romaine elle ne devait avoir d'autre protection, côté fleuve, qu'une pauvre pallissade de pieux de bois

Citons dans l'ordre Oscher le Danois en 841, puis le redoutable Ragnar Lodbrog ou Lodbrok en 850 et 851 (personnage bien connu des cinéphiles depuis la saga du personnage sur grand écran) qui va saccager la cité

Un essai de résistance de la population sera, en 859, réprimé, pour ne pas dire pitoyablement écrasé. Une première apparition de Rolf ( Rollon ) a lieu en 876, puis en 885 c'est pire encore !!...plusieurs centaines de navires de tous types mouillent devant Rouen. Mais de Louvain des bandes armées et à pieds accourent en renfort bloquant la cité des deux côtés, cette fois encore tout sera saccagé et incendié. Qui est donc ce Rolf ??? décortiquons un peu le bonhomme !!!








L' homme qui rôde autour de la proie Neustrienne, qui pousse sans cesse ses navires vers l'amont, apparaissant et disparaissant avec la rapidité et la cruauté d'un oiseau de proie sera, cependant, celui qui va créer le Duché de Normandie !

Bon d'accord ! pour l'instant, la grâce civilisatrice ne l'a pas encore touché, bref un gros bourrin rustique. Il est encore le fils déchainé de Thor, le dieu brutal, et s'identifie avec les tempêtes qui mènent les proues de ses navires 

Le bonhomme a prit la Neustrie dans ses grosses paluches, puis l'a posée sans ménagement sur son enclume et va sans autre forme de procès lui forger de nouveaux destins. Bref quand t'es vaincu il n'y a d'autre choix que de courber l'échine et de la boucler ! 

Ce Roi des mers auquel la destinée avait réservé la gloire de créer le Duché Normand était appelé par ses compagnons d'armes Gaungu- Hrolf ...soit Rolf le Marcheur 

D'après le Flateyjarbok Islandais, ses ancêtres venus de Finlande, habitaient la Norvège depuis 4 ou 5 siècles, fondant une puissante dynastie de Jarls









Roegnwald
le père de Rolf avait reçu du roi Harald les Comtés de Moeré et de Raumsdalen. Plus tard, en 872, prenant part à la bataille navale du Halsfjord il devait recevoir, à l'occasion de la mort de son fils aîné Svar aux Orcades, le comté formé par cet archipel et les Shetlands

Mais Rolf lui était un aventurier, un briseur de boucliers qui semait le bazar dans le royaume de Harald, se livrant même à la course dans le Vik (lac d'Oslo)....Bon n'hésitons pas c'était un emmerdeur hein !!!

Harald va le bannir, le monarque ne plaisantait pas avec les fantaisies Vikings (pirates) sur ses terres. Ce fut en vain que sa mère Hilda présenta requêtes en faveur de son fils....dehors le mangeur de charrette ferée  !!

Rolf chercha d'abord un asile dans l'île de Skye, voisine de l'Ecosse, puis attiré comme beaucoup de ses compatriotes par le climat plus doux du sud , il prend part aux courses vikings de plus en plus audacieuses sur nos côtes. C'est vraisemblablement en 876 que ce Jarl Norois aperçu pour la première fois les rivages de son futur Duché 








Vers 905 notre gros bourrin Normand (Normani en francique voulait dire Homme du Nord), s'installe définitivement à Rouen tout en continuant pendant plusieurs années à ravager par ses expéditions les territoires de l'empire franc....Bin oui voyons !!!...pourquoi s'arrêter en si bon chemin m'enfin !!! 

Un revers ayant odeur d'échec sous les murs de Chartres rendra t'il plus traitable ou du moins plus sage Rolf ? rien n'est moins sûr....Ou est ce que le Roy Charles le Simple, désespéré, en avait il ras le joufflu de cet assaillant jamais lassé ???? 

toujours est il que le monarque va se résigner à céder une partie de ses Etats pour mieux protéger le reste. Ce qui nous améne au Traité de Saint-Clair-sur-Epte

Le Roy accordait au Norvégien un territoire englobant les diocèses de Rouen, d'Evreux et de Lisieux. Ceux de Sées, de Bayeux, de Coutances et d'Avranches allaient, au cours des années suivantes, arrondir le magnifique domaine du Viking achevant de constituer la Normandie. Passez moi l'expression.... mais voilà, pour un Pirate Norvégien, un homme qui ne perdait pas le nord !!!!!









L
'archevêque de Rouen allait servir d'intermédiaire entre Rolf - Rollon et Charles le Simple, cet Achevêque était il Francon, comme le disent les chroniqueurs médiévaux, ou son prédécesseur Witton ?, peu importe le prélat rouennais en amenant au baptême Rollon et ses hommes allait les faire entrer dans la communauté chrétienne et latine 

Le baptême de l'ancien roi des mers eut lieu à Rouen au début de l'an 912. Bien que le Norvégien à l'occasion de cette cérémonie ait fait de grandes largesses aux églises j'ai du mal à croire que Rollon et ses hommes aient adhérés d'un coup à la foi chrétienne sans garder de l'attachement pour les dieux de ses ancêtres ???....Bref su tu m'appelle Jambon ! j'vais t'en refiler une tranche hein !!

Toujours est il que la doctrine, avec le temps, finira par s'imposer dans sa famille et chez ses compagnons. Puis son fils Guillaume Longue épée sera un vrai croyant, une sorte de moine dans ce monde et acquérir un renom de quasi-sainteté ! 

 PS: voilà comment un gros bourrin Normand devient Duc en donnant force torgnoles et coups de pieds de par le cul !!!....M de V

samedi 10 mai 2025

Les Jardins Vivriers Urbains au Bas Moyen Age

A différentes époques du M-A, le jardin est également sur divers niveaux dans les villes, cités, Bourgs et faubourgs. On pouvait même rencontrer des jardins Vivriers ( destinés à l'alimentation ) au coeur même de la ville, appartenant généralement à des établissements ecclésiastiques ou à des personnes aisées 

Le jardin qui jouxte la maison est ordinairement à l'arrière de celle-ci. Cette situation permet à l'occupant d'accéder de la rue à sa maison et de la, à son jardin à l'arrière, la fonction résidencielle primant avant tout

Le jardin étant terre de culture on peut avancer que ce dernier nécessite des soins journaliers. Ainsi pour des raisons de commodité le jardin trouve sa place tout naturellement jouxtant la maison

De plus dans le cas d'un Artisan ou d'un petit commerçant l'étal de vente se trouve devant donnant une vue sur le magasin ou l'atelier ( voir article les petits métiers de la rue ). Afin d'expliquer la présence de jardins à l'intérieur des villes il convient de parler de leurs propriétaires car bien sûr tout le monde ne possède pas un jardin vivrier es rues de la cité !! 





On remarque que le jardin à l'intérieur de la commune cloture est très souvent un signe de richesses. Les propriétaires sont en effet des personnes d'une certaine catégorie sociale, famille aristocratique, établissement religieux et familles de grande Bourgeoisie 

Les Bourgeois on toujours passé pour aimer beaucoup les jardins, écrit G Riat  avec raison dans son " Art des jardins ". C'est au XII et XIII siècles que la Bourgeoisie prend son essor!

Sans doute a-t-elle contribué à l'existance des jardins à l'intérieur des murs. Pour une ville comme Reims on constate que pour la riche paroisse de Saint Jacques, la grande majorité des jardins étaient couplés avec des maisons

Peut on y voir un lien entre le couple Maison-Jardin et l'aisance des propriétaires en milieu urbain ?....En excluant les ecclésiastiques (chaque maison religieuse ayant son jardin ) il semble que pour l'aristocratie et la haute bourgeoise ce soit le cas ????

Je rappelle que pour moi le Moyen âge est une cathédrale dont les piliers soutiennent 1000 ans d'histoire et dont le sol est pavé d'hypothèses plausibles ( j'avance la ma vision de copiste )






En tout cas dans un contexte de forte urbanisation, lorsque les enceintes s'agrandissent, les petits jardins des petits Artisans ou des simples Marchands qui avaient proliférés sans contrainte auront une durée limitée dans le temps et vont tendre à disparaître au Bas Moyen âge !

Car les populations gagnent du terrain à la fin du M-A surtout à partir de la guerre de cent ans, ou les gens en masse cherchent à habiter à l'abri des fortifications d'une cité !!!. Or donc on peut avancer que l'existence et l'entretien de jardins urbains sont liés au pouvoir financier de son propriétaire tout autant qu'à un état démographique 

De par leurs petite superficie les jardins dit " Vivriers " intra-muros ne peuvent subvenir aux besoins alimentaires de toute une population urbaine. Ainsi très couramment il existe autour des villes, qu'elles soient grandes ou petites, ce que G-Duby a appelé " une auréole de jardinage " 

Plus on s'éloigne des murs, plus vite apparaissent les cultures et jardins. Le paysage type de la banlieue d'une agglomération se composait shématiquement ainsi :






Les habitations de Faubourgs, les jardins qui les entourent, les clos de vignes, et les différentes autres cultures des paysans à proximité. Les Faubourgs sont en réalité le terrain de prédilection des jardins

Proches de la cité ils sont d'un accés rapide pour pour les propriétaires urbains, de plus l'accès à l'eau est bien plus simple que dans les cités, tout le monde n'avait pas un puit dans son jardin loin s'en faut !!!

Il semble donc certain que les structures des villes du M-A, en France, ont comportés de nombreux jardins. Ils n'y occupaient cependant que des surfaces restreintes, mais celles ci s'étendaient dès qu'ils se trouvaient hors la commune cloture !

En fait le nombre et la densité des jardins intra-muros dépendaient de la surface de l'enceinte et du coefficient d'habitations. En général dans les petites agglomérations et dans les parties les plus anciennes de celle-ci les jardins étaient peu nombreux. Il semble cependant y avoir des exceptions, dont une se trouvant dans la région du Périgord ou votre Copiste le nain habite pratique hein !!!!!!! 






A Puy Saint Front de Périgueux, la présence et la disparition des jardins intra-muros ont pu être mesurées grâce à des textes d'archives allant de 1247 (XIII siècle), jusqu'à la fin du XV siècle. Les changements étaient liés à la situation démographique. Il semble qu'une multiplication de jardins ce soit effectué à partir du XIII siècle si l'on se réfère à la documentation écrite 

On découvre dans les chroniques de Périgueux sous Louis XI, une description de la cité, ou il est dit comme suit :

Dans le corset bien serré de ses remparts et de ses trente et une tours, quel dédale de rues et de venelles, quel fouillis de maisons s'entassent sous les yeux de l'homme du Guet qui veille au sommet du clocher Saint Front.

Si étroites sont les rues, que le guetteur ne voit que toits aigus et petits jardins enclos de murs .....une exception qui confirmr la régle ???....peut être ?....n'étant pas Médiéviste je laisse à chacun le soin de se faire une opinion. Oui je sais c'est bien fourbe de ma part !!



PS : cet article est écrit suite à ma lecture d'une fort belle étude parue dans les cahiers de " Civilisation Médiévale " par Madame Elise Gisbert que je remercie M de V

mardi 6 mai 2025

Les petits Métiers de la Rue

La Rue ou Ruelle médiévale est, bien sûr, le théâtre d'activités professionnelles fort variées, qu'elles soient habituelles ou occasionnelles. Elle est à la fois un passage, un atelier, un bureau ou se traitent des affaires et un marché permanent !

Tout au long de la journée, c'est à dire quand il fait jour, car il est interdit de travailler la nuit, artisans et boutiquiers officient derrière l'ouverture de leurs échoppes ou de leurs " Boticques " et ceci à la vue des passants qui se trantolent es rues et ruelles  

Les réglements des corporations en font d'ailleurs une stricte obligation, facilitant ainsi les opérations de contrôle de la Guilde, du Prévôt des Marchands et des Sergents du Prévôt Royal. Cela permettait aussi aux futurs clients, de constater de visu, la qualité du travail, bref une publicité qui ne coûtait rien !

Cela était d'ailleurs notifié dans les statuts du " Livre des Métiers " du Prévôt Royal, Etienne Boileau (voir article) écrit sous le règne de Saint Louis ( Louis IX, qui n'avait rien d'un Saint, voir Article )

Dans ce recueil de règles régissant les métiers il était précisé, selon les corporations, qu'un Maître ne peut officier qu'à la vue du peuple, un impératif  que l'on retrouve dans beaucoup de professions, Tailleurs, Orfèvres, armuriers, métiers de Bouches etc !!! 





Les échoppes sont généralement bordées de larges bancs de pierre ou de bois, nommés " bansches " dans les villes du midi, de tréteaux, de dressoirs à usage commercial ou sont exposés à la vente, mais aussi à la tentation du chaland, ainsi qu'à la poussière, tous produits de consommation courante, tels que vivres, tissus, espices et objets décoratifs !

Dans certaines villes le vantail inférieur des fenêtres ou " Taulié " est abaissé pour servir de table ou de comptoir selon la " Boctique ou Bouticque ", tandis que la partie supèrieur se relève comme une fenêtre à Tabatière, un système que l'on retrouve à Paris comme à Toulouse. Les rares maisons médiévales que l'on trouve à notre époque montrent quelquefois ces " étals "

Quand on a pas la chance de croiser ce témoignage d'histoire, on peut se reporter à des miniatures qui montrent, en plus, les marchandises exposées sur ces étals ainsi que la clientèle qui les achète. Les boulangers, Charcuitiers, Pastissiers, Drapiers, Changeurs, Coutelliers, mais encore Potiers de terre ou d'étain, les Marchands de Vins ou tout autres boissons comme l'hypocras, le Citre (cidre), et tous représentés avec au dessus du présentoir des enseignes ou des écriteaux

Pour certains exceptionnellement vous pourriez même y trouver un éclairage !





Certaines professions n'hésitent pas à entreposer sur la voie publique, même si cela est bien souvent interdit, des matières premières, des outils, des baquets ou " Calquiers " à l'usage des Tanneurs, des Claies ou des " Pelains " pour sécher les peaux et les toiles, voir même à pratiquer certaines opérations liées à leurs professions comme le Barbier ou le Barbier chirurgien ...que voulez vous on fait sa Pub comme on peut !!!

Mais les Bouchers, le Mégissiers ( travail des peaux et du cuir ), les Teinturiers et les Ciergiers ( nommés un peu plus tard Ciriers ) fabriquants de cierges....ne pas confondre avec les chandelles qui sont faites avec du suif animal et qui empeste la maison d'une odeur désagréable ! ( voir article ), eux sont coutumiers du fait ! et ont souvent maille à partir avec les Sergents du Prévôt !

Il est fréquent de trouver dans les Auberges, donnant sur la rue, un présentoir ou l'on vendoit du vin ou l'Albergiste servait le vin aux simples passants sur la chaussée. Il n'est pas rare non plus, au moment des vendanges, de voir devant sa porte de petits pressoirs que l'on pouvait louer pour écraser le raisin de son clos afin de faire sa propre piquette 

Beaucoup de gens avaient quelques pieds de vignes pour faire leurs vins. c'est le cas à Evreux ou l'on fabriquait au XIV siècle un vin qui se vendait dans toute l'Europe !!! ( voir article )





A force de s'étendre dans les ruelles les étalages finissent par nuire à la circulation, ainsi qu'aux règles élémentaires d'hygiènes. On se soucie beaucoup de ce problème dans les cités du midi, comme à Toulouse par exemple ou les bancs obstruent trop souvent rues et ruelles malgré les mesures prises par les Capitouls ( les élus c'est à dire le maire et ses adjoints )

Nimes va dès 1270 désigner des commissaires pour mettre fin à de semblables abus, même chose pour la ville de Narbonne en 1291. Les premiers visés par ces interdits sont les marchands de fruits et légumes et les Poisonniers

Ailleurs d'autres réglements définissent la largeur maximum des étals et des auvents mais le problème reste entier et les ordonnances pour désencombrer les voies publiques doivent être continuellement répétées, sans grand succés bien souvent !!!

On s'interroge encore maintenant pour savoir si les rues et ruelles des cités continuent d'héberger, en cette fin du moyen âge, les métiers qui leur ont légué un nom coutumier dans le passé et si un groupement topographique des professions est toujours de rigueur ???? les Savetiers rue de la Savaterie, les Drapiers rue de la Draperie etc ..








Sauf pour des nécessités techniques comme le voisinage indispensable d'un moulin à fouler ou à tanner pour Tanneurs et Foulons, ainsi que de gros besoin en eau ou la nécessité d'un port, d'une voie de passage pour d'autres professions la situation va évoluer.

On tient compte de plus en plus du facteur sécurité, mais aussi de l'odeur, et du bruit, habiter à côté d'un Tanneur n'est pas flatteur pour vos narines, ni pour vos oreilles si vous logez à côté d'un Boucher ou des abattoirs !! 

Si cette spécialisation des rues et ruelles subsiste encore fin XV siècle elle n'est plus générale. Des livres rentiers Bretons nous montrent qu'il n'y a plus de Cordonniers rue de la Cordonnerie, d'ouvriers du textile rue de la draperie, ni qu'aucun marchand ou financier Italien n'habite plus rue des Lombards ! 

A Hennebont en 1500 il n'existe pas de rues réservées à un type de production, pas plus que de l'autre côté de la France à Cavaillon ou l'on dispose aussi d'actes notariés détaillés

PS : si vous voulez en savoir plus je vous conseille le livre de J-P Leguay sur la rue au Moyen âge M de V    

samedi 5 avril 2025

Formation de la Langue Française au Moyen-âge

Restons aux bases et essayons d'être clair. Il n'y a pas plus d'unité dans la langue du M-A que dans sa civilisation. Du IV au IX siècle, la langue Latine, parlée en Gaule depuis la conquête Romaine, se modifie et s'enrichit d'apports étrangers, devenant dans la moitié Nord du pays la langue Française.

Au Moyen âge d'un siècle à l'autre, les formes et les usages syntaxiques ne sont pas les mêmes et au cours d'un même siècle, des dialectes différents sont pratiqués selon les régions. Il faut connaître les étapes de cette évolution et la diversité de ces usages, si l'on veut une notion de ce que furent " l'ancien français " et " le moyen français "

A la fin du IV siècle, sur le territoire de " l'Empire Romain d'Occident ", et en particulier sur le sol de la Gaule, ou le celtique a disparu, la langue parlée est le " Latin vulgaire ", bien différente de la langue écrite dont les ecclésiastiques entretiennent la pratique.

Mais d'une région à l'autre de l'Empire, les usages varient, et de ces divers parlers latins naîtront au fil des siècles les diverses langues "Romanes ", le Roumain, l'Italien, l'Espagnol, le Provençal et le Français 

On est passé insensiblement du " Latin parlé " en Gaule, au " Français ". A partir du V siècle avec les invasions germaniques s'accélère l'évolution de la langue populaire en répendant de nouveaux mots ainsi que des usages nouveaux de prononciation





Aux VI et VII siècles, pendant la période Mérovingienne, la masse populaire parle un langage composite, auquel on donnera le nom de " Roman ". Mais voilà, encore faut il distinguer le " Roman " de la Gaule du Nord, d'ou naîtra la " Langue d'Oil " et le " Roman " de la Gaule du Sud, d'ou naîtra la " langue d'Oc "

Au VIII siècle sous la dynastie Carolingienne s'accomplit la séparation définitive du Latin, une langue morte que les Clercs restaurent dans sa pureté comme langue d'étude et le Roman comme langue parlée...Jusque la vous suivez ??, car si le nain n'est pas un Clerc il espère au moins être Clair !!!. C'est en 813 (IX siècle), au Concile de Tours, qu'il sera ordonné aux prêtres de prêcher en langue vulgaire c'est la reconnaissance officielle du Roman par l'église !

Le Roman de la Gaule du Nord va poursuivre son évolution phonétique et grammaticale pour devenir le Français, tandis que le Roman de la Gaule du Sud deviendra le Provençal. A la fin du IX siècle vont apparaître les premiers textes littéraires, peu après le Français devient la seule langue de nos Rois ! 

Pour préciser d'ou viennent les termes de langue d' Oil et de langue d'Oc, c'est pas bien compliqué, voir même simplissime !!....Oui se disait Oïl dans les dialectes du Nord, alors qu'il se disait Oc dans les dialectes du Sud  







L'Ancien Français : du IX au XIII siècle le morcellement féodal favorise la constitution de nombreux dialectes de province. Les parlers de langue d'oil se divisent essentiellement en Picard, Wallon, Lorrain, Normand et Anglo-Normand, Poitevin, Francien (l'ile de france) et tous sont représentés par des oeuvres littéraires

On peut cependant parler d'une langue d'oil dont les dialectes provinciaux offrent de simples variantes et qui se distingue du français moderne par la survivance d'une déclinaison à deux cas : le mot reçoit une désinence différente selon qu'il fait fonction dans la phrase de sujet ou d'objet   ( li murs, le mur )

Le Moyen Français : A la fin du XIII siècle la déclinaison disparaît et cette disparition entraîne une transformation de la syntaxe : car pour rendre évidente la fonction des mots, on doit, en particulier, leur assigner dans la phrase une place plus rigoureusement déterminée et préciser leurs relations par un recours plus large aux prépositions

Ainsi le français prend son caractère de langue analytique. A cette époque le francien dialecte de l'ile de france (la ou se trouve le roi) a la faveur de la centralisation administrative et va l'emporter peu à peu sur les autres dialectes 





Ces autres dialectes vont tomber au rang de patois qui seront seulement parlés. La langue du XIV, du XV et du XVI siècles, bien distincte du Latin a recu le nom de Moyen Français

A partir du XIII siècle le Français jouit à l'étranger d'un incontestable prestige. C'est en Français que le Vénitien Marco Polo ( voir article ) écrit son livre des merveilles ou il raconte son voyage en Chine 

C'est en français également que le Florentin Brunetto Latini ( voir article ) écrit son trésor il dit je le cite : la langue de France est la parleüre la plus délitable ( agréable ) et la plus commune à toutes gens

Pour ceux qui ne connaissent pas Latini, il fut l'un des Maîtres de Dante, mais toutes les choses de France au Moyen Age et d'abord la littérature et l'Art rayonnent sur l'Occident chrétien  


PS : j'espère ne pas avoir été trop soporifique, mais c'était un sujet qu'il n'est pas facile de traiter de manière claire et précise, ayant moi même quelques difficultés sur les textes du Moyen âge, je ne suis qu'un pôv copiste mordious !  M de V 

jeudi 3 avril 2025

La Dernière Demeure d'Agnès Sorel XV siècle

En 1449 quand Charles VII avait déjà reconquis la majeure partie des places fortes en Normandie et qu'il n'en restait que fort peu au pouvoir des Anglois, il vint à Jumièges et se logea dans un édifice consacré aux Rois et aux Princes qui venaient quelquefois pour s'y livrer aux plaisirs de la chasse

Agnès Sorel est du voyage elle loge dans la résidence du Mesnil, nommé le Manoir non loin de Jumièges et de son Abbaye. C'est pendant le siège de Harfleur que le roi eut la douleur d'apprendre le décès de la belle Agnès

Elle meurt dans ce château le 14 février à six heures du soir, dans toute la force de l'âge et l'éclat de sa beauté....elle avait 40 ans, sa mort étant prématurée fit présumer, par ses contemporains aussi bien que par certains historiens qu'elle avait été empoisonnée et plusieurs théories furent écrites, le papier ne refusant pas l'encre !!

L'une d'elle fera beaucoup de bruit, et mets en cause deux personnages de l'époque, le Dauphin Louis (Louis XI ) et Jacques Coeur (commerçant et argentier de Charles VII )









Le Dauphin Louis à quelques temps de là avait été obligé de quitter la cour de son père, parce qu'un jour, s'étant emporté il avait collé un soufflet, une bouffe, un bourre pif à la favorite. Il la haissait par rapport à son ascendant sur le roi son père !, pour finir par aller se réfugier chez le Duc de Bourgogne.

Certains historiens contemporains de ce prince racontent que dans sa jeunesse Louis était un joyeux compagnon. un certain Auguste Bailly raconte que Louis se trouvant dans une auberge à Rouen avec quelques compagnons, fit remplir de vin la croûte d'un vaste pâté et sans reprendre haleine vida cette coupe improvisée !

C'était un Prince guerrier et ses campagnes en tant que Dauphin, au service de son père le confirme. Il n'était pas encore le Sire au maussade visage. Il ne me semble pas que ce prince impulsif soit le genre à utiliser le poison dans sa jeunesse et le souffet donné à la favorite, sur un moment de colère, semble plutôt prêcher en sa faveur 

Il est vrai que Agnès avait beaucoup d'ascendant sur le roi, jusqu'à modifier le comportement de celui-çi au sujet de la reconquête de son royaume sur les Anglois, ce qui à l'époque fut loin d'être une mauvaise chose !









On accusa aussi Jacques Coeur d'avoir servi d'instrument dans ce crime !, et quelques historiens rapportent même qu'il fut arrêté, mais que ses frères prouvèrent que la favorite était morte en couches, et qu'il fut déchargé de l'accusation portée contre lui 

Les différentes versions qui subsistent sur la mort de cette femme célèbre laissent de l'incertitude, mais au vu de toutes les propabilités il ne semble guère possible qu'un homme tel que Jacques Coeur, qui sacrifia sa fortune pour la prospérité de son pays ( voir article ) et par l'attachement qu'il portait à son souverain, ait pu, d'une manière aussi terrible, le priver du plus cher objet de ses affections !  

Un fait devrait le justifier pour la postérité, c'est la confiance que lui temoignait la belle Agnès Sorel en le nommant son exécuteur testamentaire !!!!

Or donc l'empoisonnement de la maitresse de Charles VII doit être pris comme " Cum Granos Salis ", devant être mis au rang des nombreux mensonges historiques du même genre 

Je répète souvent dans mes textes que le M-A est une cathédrale dont le sol est pavé d'hypothèses plausibles, bel exemple !









Les Moines de l'Abbaye de Jumièges ont dit que la belle Agnès mourut dans des sentiments de pénitence et regretta ses égarements !!!. Que pouvaient t'ils dire d'autre au regard de la fortune qu'elle leur légua, 800 saluts d'or fin, monnaie de france et d'angleterre de l'époque !, afin de dire des messes pour le repos de son âme !!

Elle demanda que son corps soit enterré à Loches et que son coeur fut déposé à l'Abbaye de Jumièges, Jacques Coeur, Robert Poitevin, Etienne Chevallier, ses exécuteurs testamentaires, accomplirent ses volontés

On fit approuver cette donnation par Charles VII, qui enjoignit par lettre du 14 mars de la même année, les moines de jumièges, d'acheter avec cette donnation une terre qu'il affranchirait dès lors du droit d'amortissement !

Les moines achetèrent une portion de la terre d'Anneville, dont ils possédaient déjà une parie qui leur avait été offerte par le Comte de Dunois, ils faisaient feu de tout bois au point d'être capables de vous tondre un oeuf !!!! 









Mais après la mort de Charles VII un jour ou Louis XI se trouvait en l'église de l'Abbaye, ils lui montrèrent le tombeau de leur bienfaitrice et croyant flatter Louis, en penssant que sa haine d'Agnès était toujours vivace, lui demandèrent de faire retirer du milieu du coeur de leur église ce monument 

Ils prétendaient que ce dernier faisait scandale et leur était nuisible dans leurs cérémonies !.....Lourde erreur, le monarque indigné de leur ingratitude répondit : J'y consent mais il vous faut rendre auparavant toutes les donations que vous avez reçu d'elle 

Je pense que les moinillons se sont escargotés dans leurs coquilles, bien que sous les règnes suivants cette demande fut renouvelée, mais ne fut acceptée qu'en 1777  

Nota : le clergé prêtres et moines ont utilisés la crédulité des gens pour faire de l'argent , dès l'époque de Charlemagne, par la dime, les dons, la vente d'indulgences, la confession source d'informations, ainsi que par la force de leurs tribunaux ecclésiastiques, ils ont poussés le commerce de la simonie au niveau d'un art !!!!

 


PS : comme bien d'autres, la sépulture d'Agnès Sorel fut saccagée par nos " trous du culs " de révolutionnaires, il y eut par exemple en Angleterre, des révoltes et des révolutions, nous ne sommes pas les premiers à avoir coupé la tête d'un roi, pourtant chez eux ils n'ont pas tout ravagé comme en France !!!...M de V

vendredi 28 mars 2025

N° 485 ) Albion et John Wycliff 1330-1384

De son époque en Albion, comme en France d'ailleurs, la religion était fort corrompue aussi bien à la ville que dans les campagnes. Il faut lire de Chaucer, le cruel portrait du frère qui va dans les villages, entrant dans chaque maisons, connaissant chaque ménagère de sa tournée, demandant de la farine, du fromage, du boeuf, des oeufs ou tout autre chose, la ménagère n'avait pas le droit de choisir. Puis il notait avec soin, en vue de prières, le nom de la bienfaitrice sur sa tablette et aussitôt sorti du village il effaçait gaiment tous les noms, ces frères des ordres mendiants faisaient concurence aux prêtres de paroisses à qui il fallait aussi donner !

On voyait aussi circuler dans les campagnes anglaises les Pardonneurs, sorte de pieds poudreux vendant marchandises d'indulgences. Ils arrivaient de Rome porteurs d'une lettre scellée du sceau pontifical, cette patente leur donnait droit de remettre les péchés et d'accorder des indulgences à ceux qui leur achéteraient des reliques

Dans ce mélange de cupidité et de religion on trouve aussi les cours ecclésistiques, ou un archidiacre avait le droit de citer devant son tribunal toute personne du diocèse coupable d'un délit moral et en particulier d'adultère !!






On imagine les abus d'un tel pouvoir. Des fois le tribunal ecclésiastique était si vénal que les plus grands pécheurs du diocèse pouvaient prendre un abonnement annuel pour ne pas être inquiétés et si l'archidiacre était honnête, son huissier " le Summoner ", admirablement renseigné sur les vices de ses compatriotes exerçait sur les fidèles un véritable chantage !

Le sceptique Chaucer, le pieux langland et le théologien John Wycliff sont d'accord pour condamner ces scandaleuses pratiques. La monarchie anglaise elle même se montre hostile aux tribunaux ecclésiastiques toujours suspects de collusion avec Rome !!!

Wycliff est né vers 1320 et mort en 1384, c'est un esprit hardi, réformé longtemps avant la réforme, Maître des Hussistes Bohémiens (adeptes de Jan Hus, réformateur chrétien de Bohême, qui fut brulé comme hérétique au XV siècle ). C'est un Puritain avant même que ce mot n'existe !

Ni noble, ni vilain ! " Quand Adam bêchait et que Eve filait, ou était le gentilhomme alors ", ce slogan, après la dure période de la peste noire, tombait en bonne terre fertile !!!, notre théologien est le précurseur de la réforme anglaise !






Cependant un fait établi nous permet de mesurer la différence existant entre le XIV et le XV siècle au sujet de la sévérité des tribunaux de l'église envers les hérétiques !

En effet on constate la relative indulgence de l'église au XIV siècle, un temps ou elle était encore sûre de sa force. Car Wycliff bien que condamné pour hérésie en 1382, demeura jusqu'à sa mort, deux ans plus tard, Recteur de Lutterworth et ne fut pas personnellement inquiété

Enfin l'Archevêque Courtenay avait eu grande peine à empêcher les Wycliffistes de continuer à Oxford leur enseignement, fière de ses traditions d'indépendance, forte de l'appui des étudiants, l'Université résistait car les Maîtres se tenaient beaucoup plus pour des professeurs que pour des ecclésiastiques 

Alors qu'au siècle suivant l'Université fut un instrument employé par l'église pour imposer sa doctrine à l'esprit national, ni comme sous les Stuarts, un corps de fonctionnaires au service de la couronne.

Dans le pays on trouva une nouvelle catégorie de religieux, les pauvres prêtres, que les catholiques orthodoxes avaient surnommés " Lollards " (bavards), ils furent pour Wycliff des disciples plus fidèles que les maîtres d'Oxford !





De nombreux personnes recevaient les pauvres prêtres, non seulement le peuple, mais beaucoup de chevaliers et de bourgeois irrités par la richesse de l'église et les protégaient contre les évêques

Ceux ci urent beaucoup de mal à obtenir l'appui des Shériffs et de la justice civile contre l'hérésie. Le roi, d'abord, promis son appui, mais se trouva face aux communes qui protestèrent !

Les communes cédèrent quand les classes dirigeantes commencèrent à penser que les Lollards devenaient un danger social et menaçaient la richesse autant que l'orthodoxie.

Dites à des Bougeois et des Marchands que leurs richesses sont menacées c'est un langage qu'ils saisissent fort bien et ce sont eux qui tiennent les cordons de la bourse pour la couronne !!!

C'est en 1401, au tout début du XV siècle que fut voté le statut  " de Heretico comburendo ", qui confirmait le droit pour l'église de faire brûler les hérétiques par le Tormentor ( bourreau). Alors commencèrent les exécutions, les victimes furent surtout des pauvres gens, des petites gens de métiers, tanneurs, tisserands, tailleurs etc !



PS: devant la menace du supplice beaucoup se rétractèrent, mettez vous à leur place morbleu !! quand vous avez le choix entre rester vivant avec comme punition un pélerinage, et cramer version saucisse sur un Barbecue !! M de V

dimanche 23 mars 2025

Les vitraux du Moyen âge

C'est la France qui a le privilège de conserver le plus de vitraux antérieur à la révolution que dans tous les autres pays du monde. Ce qui est un exploit, vu que nos braves révolutionaires ont beaucoup participé à la destruction de notre patrimoine national ( livres, monuments, archives, tombes et statuaires ) !

Comment cela a t'il commencé ???, il est loisible de croire que puisque l'on faisait dans les fourneaux du verre de plusieurs couleurs, on s'avisa d'en prendre quelques morceaux pour mettre aux fenêtres, les arrangeant par compartiments comme de la mosaïque

Ce fut, à mon avis, l'origine de la peinture sur verre, car voyant que ces montages étaient du plus bel effet on ne se contenta plus de cet assemblage de couleurs et l'on voulut représenter toutes sortes de figures, des personnages et des histoires entières. Je dis souvent que le M-A est une cathédrale dont le sol est pavé d'hypothèses plausibles et le vitrail en est un bel exemple !!

Pour nos mille ans de la période médiévale, il semble que l'histoire commencerait dans une petite ville du Hanovre " Hildesheim " qui posséderait, dit on, des vitraux qu'un nommé Bruno aurait exécutés de 1029 à 1039, puis dans l'abbaye de Tegernsée, en Bavière de 1068 à 1091 par le moine Wernher, ainsi que des verrières faites par un certain Comte Arnold en 999










C
ependant, à défaut de preuves matérielles, voici un argument d'une autorité incontestable. Opposés aux tendances de l'école de Cluny qui était favorable au développement des arts, les Cisterciens demeuraient fidèles aux doctrines de leur fondateur sur l'emploi des peintures sur verre ; Saint Bernard ( Bernard de Clairvaux ) ne les proscrivait pas, pour la masse populaire, mais les interdisait dans ses maisons conventuelles !!

Le chapitre général de l'ordre, en 1134 ( XII siècle ), précise que leurs vitres doivent êtres blanches, sans croix et sans couleurs. Or donc l'usage pour le commun des mortels de les colorer et de les orner est donc bien répandu, si nous tenons compte, que dans un acte solennel, des moines réglementent l'obligation de l'exclure de leurs monastères ????

Pas un seul fragment des premiers vitraux des IX et X siècles n'a été conservé et pas un non plus que l'on puisse attribuer, avec certitude au XI siècle, sauf au cas ou l'ancienneté des verrières de Hildesheim et de Tergernsée, mentionnées plus haut, serait confirmée ????

Pour cette raison et par le fait que je ne suis qu'un humble Copiste, je vais me porter vers des bases plus solides comme le XIV et le XV siècle











Paris aujourd'hui est fort appauvri en verrières du XIV siècle alors que la capitale en possédait de nombreuses autrefois. Charles V le Sage aimait les vitrages en couleurs et portait une réelle sympathie pour les Verriers, il va leurs octroyer par lettres patentes de larges privilèges. Son Fils Charles VI le Fou renouvela ces privilèges le 12 août 1390,

Citons un exemple de disparition malencontreuse d'une verrière du XIV siècle. Le Roy Charles V avait offert aux Célestins, son église favorite, en l'an 1365, deux verrières représentant, a genou
 et en pied, le Roy Jean II le bon, son père, ainsi que lui même lorsqu'il était encore le Dauphin Charles

L'oeuvre était sur un fond rouge avec une ornementation de dessins losangés. L'ensemble fut ruiné de fond en comble à la renaissance lorsqu'une poudrière voisine de cette église vint à exploser en 1538, détruisant ces deux verrières, dans la catastrophe disparurent également les vitraux de la chapelle d'Orléans de cette même église 

Si vous me passez l'expression, " voilà une Renaissance pas très constructive "  Ok elle est mauvaise, promis je ne recommencerais pas !!!










L'amour de nos pères pour les vitraux était tel que les architectes s'efforceront avec le temps de donner aux peintres verriers des surfaces de plus en plus grandes ou ils pourront narrer, dans l'azur du ciel, les histoires de la religion

Le goût de la couleur, si fort chez les gens du Moyen-âge, s'ajoute au goût des histoires et à la nécessité de représenter pour tous les fidèles, ces scènes que les Princes et les Bourgeois nantis pouvaient admirer dans leurs Psautiers !

Cependant dans le Paris du XV siècles, on trouve, de pédants prédicateurs et théologiens qui pontifiaient à l'envie sur le sujet. le plus célèbre, étant surement, Jean le Charlier dit Jean de Gerson, qui fut élève du Collège de Navarre dès son plus jeune âge (1377), et qui sera Chancellier de l'Université de Paris au début du XV siècle  

Il dit avec un certain déprisement..je cite : Les images des vitraux pour autres choses ne sont faictes, fors seulement pour montrer aux simples gens qui ne savent pas l'écriture, ce qu'ils doivent croire !






PS: on remarque, que déjà au XV siècle, existait ce "snobisme" des gens qui écrivent et parlent le Latin, par rapport au commun des mortels !!. Au siècle suivant, c'est à dire à la Renaissance ce snobisme frisera le ridicule. Citons en exemple un Ambroise Paré qui fut catalogué comme faisant parti des gens " mécaniques " parce qu'il ne savait pas le Latin, alors même qu'il écrivit une thèse sur la chirurgie en langue vernaculaire ....M de V  

vendredi 14 mars 2025

Les Hauts Lissiers d'Arras XIV et XV siècles

A partir du milieu du XIV siècle les hauts Lissiers Flamands ne le cédaient en rien aux ateliers Parisiens et le mariage de Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne, avec la fille et héritière du Comte de Flandre, en 1369, eut pour résultat d'imprimer une impulsion extraordinaire à la fabrication de Tapisseries et notamment celles d' Arras

Les Lissiers réalisent tapisseries et tentures au point noué, suivant une technique spécifique qui consiste à nouer des fils de chaine sur un métier de haute lisse, puis à les couper en leur extrémité pour former un velours

Ce Prince ne se borna pas à mettre à la disposition des Hauts Lissiers de cette ville des ressources considérables, passant force commandes et notamment lorsqu'il fait confectionner par Michel Bernard cette splendide et gigantesque Bataille de Rosebecque, qui ne mesurait pas moins de 285 mètres carrés et qui coûta 2,600 francs en Or...somme énorme pour l'époque, pour vous donner une idée cela représente, à la louche, environ 7800 livres ou 900.000 euros !!!!!

Pendant plus de trente ans Philippe le Hardi prodigua à l'industrie Artésienne des encouragements considérables ne serait ce que par la quantité d'oeuvres qu'il fit réaliser par les Artisans d'Arras 







L
e témoignage le plus flatteur que les lissiers d'Arras aient pu ambitionner leur fut donné par l'un des plus farouche conquérant dont l'histoire ait conservé le souvenir Bajazet ( Bayésid premier, surnommé Yldirim, traduisez la foudre ou l'éclair) voir Article, 

Quand le fils de Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne fut fait prisonnier à la bataille de Nicopolis, surnommée la dernière croisade voir Article, en 1396, l'envoyé du Sultan chargé de négocier la mise en liberté de celui que l'on nommera plus tard Jean Sans Peur,  rapporte que son Sultan " prendrait à grande plaisance de véoir draps de Haute lisse façonnées à Arras  en Piquardie et qu'ils fussent de bonnes histoires anchiennes "

Le Duc de Bourgogne fit expédier deux sommiers chargés de draps de haute lice, pris et façonnés à Arras et les mieulx ouvrés que l'on puisse trouver le sujet expimé sur ces tentures était l'histoire d'Alexandre !

Cette réputation européenne, les tapissiers d'Arras la devaient-ils à l'emploi d'un procédé spécial à la pratique exclusive de cette industrie??, ce qui pendant quelques temps semble avoir été considéré comme un secret !









Les spécialistes de l'histoire de l'Art semblent penser que non, mais penchent plutôt pour deux facteurs, la supériorité du tissu et la qualité de la teinture. Selon eux ce furent les uniques causes de la vogue des Arrazi ( tapisseries d'Arras )

Les mentions si fréquentes dans les documents d'époque de l'oeuvre d'Arras, du fin fil d'Arras, prouvent bien que par tapisseries d'Arras les contemporains entendaient désigner non un genre de tapisserie spécial, mais les tapisseries les plus riches, les plus parfaites et les plus précieuses qui se fissent alors !!! 

La communauté de traditions et d'aspirations nous autorise à croire que dans les provinces Wallonnes et Flamandes aussi bien que dans les provinces Françaises proprement dites, le public,  affectionnait les mêmes représentations et que les artistes les traitaient dnas un style pratiquement identique. En ce qui concerne le dernier point il est difficile, vu la rareté des tapisseries de cette époque, d'asseoir un jugement sur un ensemble d'observations concluant !

L'Allemagne ne compte pas au XIV siècle d'ateliers comparables à ceux de la Flandre et de France, quand à l'Italie elle se contente de faire venir à grands frais des oeuvres de France et de Flandre !









Le XV siècle est sans conteste l'âge d'or de la tapisserie, les ateliers de France et des Flandres prennent un essor et atteignent à une perfection jusqu'alors inconnue et l'Europe entière témoigne de son admiration soit en prodiguant des commandes, soit en essayant de leur enlever leurs maîtres les plus habiles 

Désormais plus une fête sans qu'une oeuvre d'Arras n'occupe une place d'honneur, qu'il s'agisse du couronnement d'un Pape, d'un Empereur, d'un Roi ou la canonisation d'un saint. Mais aussi de l'entrée triomphale dans une cité, d'une procession, d'un mariage ou d'un tournoi, voir même d'un banquet ! 

Partout on multiplie ces tissus souples et soyeux aux couleurs éclatantes. On en emporte même à la guerre !, temoin ces tapisseries de Charles le Téméraire, qui, trouvées sur le champ de bataille, fournirent aux Suisses vainqueurs, le plus riche trophée de leur victoire 


PS: il reste fort peu d'oeuvres de cette époque et si vous avez la chance d'en croiser une prenez le temps de contempler M de V  

vendredi 7 mars 2025

Peinture, les Primitifs Flamands XV siècle

Pendant le XV siècle la Flandre attire les meilleurs peintres des anciens Pays-Bas. La vie dans les villes flamandes offrait un climat propice à la production d'une peinture artistique, avec un Clergé lettré, des Communautés religieuses, des Princes, des Hauts fonctionnaires et de riches amateurs faisant de nombreuses commandes.

Le peuple de ces cités états comprenait et appréciait l'art. C'est le Bourgmestre de Gand qui paya de ses propres deniers l'adoration de l'agneau des Van Eyck. Les jours de fêtes, lorsque le retable était ouvert le public affluait en masse, un chroniqueur de l'époque disait " qu'ils ressemblaient à un nuée d'abeilles autour d'une ruche " 

Les gens en cette fin du Moyen âge avaient un désir de connaissances et vivaient dans l'obsession du monde à découvrir et de tout ce que produit le génie de l'homme. Et les peintrres plus que les autres. Ils épiaient la vie sous tous ses aspects. Ils se plaisaient à représenter l'homme dans son milieu, dans les champs, la rue, les boutiques et dans son intérieur

Ils analysent et fixent les images, non seulement du corps humain, mais aussi celles des champs, des rivières, des arbres, des eaux et du ciel, mais aussi les ustensiles, meubles et vêtements. Ils sont les premiers à percevoir le jeu mystérieux de la transition de la lumière







Les Van Eyck, les premiers, nous font voir l'homme dans l'univers. On le constate déjà dans leurs miniatures des heures de Turin et de Milan, faîtes au début du XV siècle. Etaient ils donc tous des isolés et des rêveurs ces artistes ?????

Non ils occupaient leur place dans la société de cette époque de fin du Moyen âge, Jan Van Eyck était un homme de cour, Roger Van Der Weyden était le peintre officiel de la ville de Bruxelles et Memlic quand à lui menait une vie de bon gros Bourgeois préoccupé de s'enrichir

Ils vivaient dans un milieu mouvementé ou le vice côtoyait la vertu, ou les meurtres se perpétraient à côté de manifestations personnelles et publiques d'une piété naïve, ou les populations se jetaient dans une révolte sanglante aussi aisement qu'elles allaient en pélerinage, ou les grands s'adonnaient tantôt à un luxe effréné, aussi bien qu'à la dévotion la plus sévère !

Cependant Jan Van Eyck conçoit ses oeuvres avec un réserve extrême pendant que Van Der Weyden médite avec componction la passion du Christ et que Memlic évoque les rêves les plus délicats dans ses vierges transcendentales ou l'on ne peut trouver d'autre explications que le sens du silence. le bruit futile de la vie ordinaire n'y pénétre pas, l'imagination écarte les éléments troubles ne gardant que la vision paisible 













Nous pouvons saisir ce charme du mystère jusque dans un portrait par Jan Van Eyck, le portrait d'un couple dans un intérieur. Cette oeuvre, ce portrait de mariage, peut être celui de l'artiste lui même ?, ou celui de Giovanni Arnolfini, nous ne le savons pas avec certitude et peu importe ! 

Ce qui doit avoir de la valeur pour nous c'est que les formes de la réalité de ce tableau nous transporte dans un monde de parfait équilibre  ou nos facultés s'épanouissent nous rendant accessible à la contemplation

Tout est portrait ici la chambre, la fenêtre, le lit, le miroir convexe ou se reflète la pièce et puis le lustre, les socs au sol non loin du chien, le manteau brun violacé de l'homme et son énorme chapeau, la lourde robe de la femme et les physionomies des personnages le faciés de l'homme et la mine naïve de la femme

L'atmosphère est chaude et intime, l'attitude recueillie des personnages, leurs mains jointes évoque le mystère de deux êtres se consacrant l'un à l'autre pour l'étternité !













Cette ressemblance, dans leurs oeuvres, avec notre façon habituelle de voir les choses les rend accessible au public non averti. Ces peintres parviennent mieux que les autres à représenter l'apparence réelle des choses, la densité et la pesanteur de la matière, la légèreté d'un voile, la souplesse de la soie, la lourdeur d'un drap de Flandre, ou la consistance d'un arbre, la ciselure et la dureté de la pierre 

La vision des peintres au Moyen âge, jusqu'à l'arrivée des Flamands, était restée celle des Byzantins, les formes artistiques étaient vues en deux dimensions, en fonction de leur valeur décorative sur un fond uni. On n'avait dans l'art de la peinture nulle notion de la profondeur et de l'espace

Dorénavant on voit et on rend les choses en rapport avec la réalité environnante , telles qu'elles apparaissent dans l'atmosphère qui les enveloppe et qui conditionne leur aspect

PS : Dès le jaillissement de l'art des Van Eyck, l'art desséché du Moyen âge est mort. C'en est fini des tatonnements, c'est l'aurore de la peinture des temps modernes !....M de V!


Nota : on attribue souvent les peintures et enluminures des Oeuvres du Bon Roy René ( René d'Anjou ), comme le coeur d'amour épris ou son traité sur les tournois aux frères Van Eyck, mais elles furent réalisées par un certain Barthélémy d'Eyck, originaire de Liège et possible parent des Van Eyck ???? la mère de ce dernier ayant épousé en première noce un Van Eyck 

mercredi 11 septembre 2024

les Evangiles des Quenouilles XV siècle

Voila un petit recueil amusant, que je voulais vous présenter . Le texte traduit est celui de l'édition de P-Jannet paru en 1855 et qui reprend l'édition qui fut imprimée à Bruges en 1479-1480. Ce texte fut repris dans des publications ultérieurs, notamment dans le manuscrit que possède la BNF. De l'accord de tous les spécialistes la version publiée par Colard Mansion en 1479-1480 est considérée comme la plus ancienne des " Evangiles des Quenouilles " et elle ne comporte aucune indication d'auteur, au même titre que le " livre du Trois " datant du XIV siècle, écrit par un anonyme Catalan, déjà présenté sur ce Blog (voir article)

Il existe un autre manuscrit contenant d'importantes différences avec le premier, il est conservé au musée Condé de Chantilly. Il est signé de trois auteurs supposés ???, Fouquart de Cambrai, Anthoine du Val et Jehan d'Arras, tous inconnus, mais qui confirment bien la provenance Nordique, Picarde en fait, de ces évangiles

Jacques Lacarrière, auteur de ce bouquin n'est pas, comme votre serviteur copiste d'ailleurs, un médiéviste. Il a éprouvé beaucoup de difficultés à lire le texte original en " vieux François " du XV siècle

A son grand étonnement il constate que ces Evangiles des Quenouilles n'ont jamais été traduit depuis leur première édition, mais la langue de ce siècle et son lexique Picard sont très éloignés du Français classique il nous offre ici une traduction accessible aux lecteurs non spécialisés !





Le recueil évoque six sages " doctoresses et inventeresses " qui se réunissent au cours de six veillées pour disserter à tout de rôle sur les maladies, remèdes, recettes, dictons, conseils et interdits de leur vie quotidienne 

Ces évangiles recueillent un grand nombre de croyances et de superstitions concernant les femmes. Croyances qui ne sont nullement mortes avec le Moyen âge et dont beaucoup survivent encore aujourd'hui dans nos campagnes. Ce document nous apporte aussi un éclairage nouveau sur l'univers quotidien des femmes du XV siècle, reflet d'une certaine société médiévale

Je me propose donc, sans autre forme de procès, de vous offrir quelques une de ces perles d'un autre âge, qui je l'espère vous donnerons l'envie de vous procurer ce bouquin

Ci commence le traité intitulé : 

Les Evangiles des Quenouilles fait en l'honneur et exaucement (élévation ou glorification) des Dames





Maintes gens aujourd' hui allèguent et autorise leurs paroles et raisons par les évangilles des quenouilles, qui pourtant n'en savent guère l'importance et l'autorité, ni qui en furent les sages doctoresses et premières inventeressesQui pis est, ils allèguent plus par dérision et moquerie qu'ils ne le font par estime pour la grande substance qu'ils contiennent. Et ils le font toujours pour l'amoindrissement et le reboutement (rejet) des Dames, ce qui est pêché et grande honte pour ceux qui ainsi le font

Car ils ignorent la grande noblesse des Dames et les grands biens qui d'elles procèdent.Car la première femme ayant été faite et créée en lieu haut et noble, plein d'air net et pur (il parle ici de l'eden)

Toutes femmes sont naturellement nobles, nettes, douces, courtoises et pleine d'esprit léger et inventif, et si subtil qu'elles savent sans effort plusieurs choses à venir, car elles connaissent les choses passées et présentes de leur propre nature selon les conjonctures et dispositions des temps, des personnes et des augurements (présages), des oiseaux, des bêtes et de toutes les autres créatures comme il apparaîtra dans le cours de ce livre !






Or donc pour obvier (faire obstacle) à de telles injures, mettre à néant de telles moqueries j'ai à la requette de quelques unes d'entre elles, comme vous le verrez ci-après, mis par écrit et en ordre ce petit traité qui contient en soi le texte des Evangiles des Quenouilles, ainsi que plusieurs gloses et postilles (explications), ajoutées et dévoilées par quelques unes de ces sages dames !

Citons en premier un chapitre de Dame Ysengrine du Glay :

Je dis pour vrai et certain qu'évangile que, lorsqu'un homme couche avec sa femme ou son amie en ayant les pieds sales et puants, s'il advient qu'il engendre un fils, ce fils aura puante et mauvaise haleine et si c'est une fille, elle l'aura puante par la porte de derrière !

Mes voisines et compagnes, je vous dis pour évangile que si l'on donne à manger une pomme cuite à un enfant nouveau né avant qu'il ne suce la mamelle, jamais après de toute sa vie il ne sera ni glouton ni gourmand à table pour boire ou pour manger 
Glose : dame Marie Morele dit à  ce propos que lorsqu'un enfant naît avec le petit boyau (cordon ombilical) jusqu'à la tête, cela veut dire longue vie, douce haleine, bonne voix et gracieuse éloquence








V
ous toutes qui êtes présentes, écoutez bien, je vous avertis que jamais on ne doit tirer une épée ou un objet long et tranchant devant une femme grosse (enceinte) sans d'abord lui toucher doucement du plat de la lame le sommet de la tête, afin qu'elle soit assurée que son fruit soit toute sa vie hardi
Glose : dame Péronne Bevette dit que, comme on ne le fit point à sa mère lorsqu'elle la portait elle est toujours peureuse au point qu'elle n'oserait coucher seule sans avoir la compagnie d'un homme !!!

Quand on voit des petits enfants courir parmi les rues sur des chevaux de bois en tenant des lances ou déguisés en gens de guerre, c'est signe certain de conflit prochain ou de dissension dans le pays
Glose : dame Perrine Hulottote dit à ce propos que lorsque les petits enfants portent Bannières et Gonfanons en chantant es rues et ruelles c'est signe de mort prochaine !


PS: je vous laisse sur vôtre faim et vous engage à trouver ce livre ....Les Evangiles des Quenouilles de Jacques Lacarrière, collection espaces libre chez Albin Michel...en format poche édition 1998...Ahaaa les z'harpies j'vous jure !!...M de V