Pendant le XV siècle la Flandre attire les meilleurs peintres des anciens Pays-Bas. La vie dans les villes flamandes offrait un climat propice à la production d'une peinture artistique, avec un Clergé lettré, des Communautés religieuses, des Princes, des Hauts fonctionnaires et de riches amateurs faisant de nombreuses commandes.
Le peuple de ces cités états comprenait et appréciait l'art. C'est le Bourgmestre de Gand qui paya de ses propres deniers l'adoration de l'agneau des Van Eyck. Les jours de fêtes, lorsque le retable était ouvert le public affluait en masse, un chroniqueur de l'époque disait " qu'ils ressemblaient à un nuée d'abeilles autour d'une ruche "
Les gens en cette fin du Moyen âge avaient un désir de connaissances et vivaient dans l'obsession du monde à découvrir et de tout ce que produit le génie de l'homme. Et les peintrres plus que les autres. Ils épiaient la vie sous tous ses aspects. Ils se plaisaient à représenter l'homme dans son milieu, dans les champs, la rue, les boutiques et dans son intérieur
Ils analysent et fixent les images, non seulement du corps humain, mais aussi celles des champs, des rivières, des arbres, des eaux et du ciel, mais aussi les ustensiles, meubles et vêtements. Ils sont les premiers à percevoir le jeu mystérieux de la transition de la lumière
Les
Van Eyck, les premiers, nous font voir l'homme dans l'univers. On le constate déjà dans leurs miniatures des heures de Turin et de Milan, faîtes au début du XV siècle. Etaient ils donc tous des isolés et des rêveurs ces artistes ?????
Non ils occupaient leur place dans la société de cette époque de fin du Moyen âge, Jan Van Eyck était un homme de cour, Roger Van Der Weyden était le peintre officiel de la ville de Bruxelles et Memlic quand à lui menait une vie de bon gros Bourgeois préoccupé de s'enrichir
Ils vivaient dans un milieu mouvementé ou le vice côtoyait la vertu, ou les meurtres se perpétraient à côté de manifestations personnelles et publiques d'une piété naïve, ou les populations se jetaient dans une révolte sanglante aussi aisement qu'elles allaient en pélerinage, ou les grands s'adonnaient tantôt à un luxe effréné, aussi bien qu'à la dévotion la plus sévère !
Cependant Jan Van Eyck conçoit ses oeuvres avec un réserve extrême pendant que Van Der Weyden médite avec componction la passion du Christ et que Memlic évoque les rêves les plus délicats dans ses vierges transcendentales ou l'on ne peut trouver d'autre explications que le sens du silence. le bruit futile de la vie ordinaire n'y pénétre pas, l'imagination écarte les éléments troubles ne gardant que la vision paisible
Nous pouvons saisir ce charme du mystère jusque dans un portrait par Jan Van Eyck, le portrait d'un couple dans un intérieur. Cette oeuvre, ce portrait de mariage, peut être celui de l'artiste lui même ?, ou celui de Giovanni Arnolfini, nous ne le savons pas avec certitude et peu importe !
Ce qui doit avoir de la valeur pour nous c'est que les formes de la réalité de ce tableau nous transporte dans un monde de parfait équilibre ou nos facultés s'épanouissent nous rendant accessible à la contemplation
Tout est portrait ici la chambre, la fenêtre, le lit, le miroir convexe ou se reflète la pièce et puis le lustre, les socs au sol non loin du chien, le manteau brun violacé de l'homme et son énorme chapeau, la lourde robe de la femme et les physionomies des personnages le faciés de l'homme et la mine naïve de la femme
L'atmosphère est chaude et intime, l'attitude recueillie des personnages, leurs mains jointes évoque le mystère de deux êtres se consacrant l'un à l'autre pour l'étternité !
Cette ressemblance, dans leurs oeuvres, avec notre façon habituelle de voir les choses les rend accessible au public non averti. Ces peintres parviennent mieux que les autres à représenter l'apparence réelle des choses, la densité et la pesanteur de la matière, la légèreté d'un voile, la souplesse de la soie, la lourdeur d'un drap de Flandre, ou la consistance d'un arbre, la ciselure et la dureté de la pierre
La vision des peintres au Moyen âge, jusqu'à l'arrivée des Flamands, était restée celle des Byzantins, les formes artistiques étaient vues en deux dimensions, en fonction de leur valeur décorative sur un fond uni. On n'avait dans l'art de la peinture nulle notion de la profondeur et de l'espace
Dorénavant on voit et on rend les choses en rapport avec la réalité environnante , telles qu'elles apparaissent dans l'atmosphère qui les enveloppe et qui conditionne leur aspect
PS : Dès le jaillissement de l'art des Van Eyck, l'art desséché du Moyen âge est mort. C'en est fini des tatonnements, c'est l'aurore de la peinture des temps modernes !....M de V!
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