Membres

samedi 7 octobre 2023

Quid du Changeur et Usurier Médiéval, les idées reçues !!!!

Au moyen âge la Banque n'existait pas !, les mots de banque et de banquier ne se trouvent ni dans les contrats de Notaires, ni dans les livres de comptes, ou les comptes rendus de procès. Elle n'apparait en France qu'au XVII siècle, et plus tard encore en Italie. la banque doit son origine aux " Bancs Dressés ", sur un champ de foire, une place publique, ou un port, par des Changeurs, qui experts dans l'art de maîtriser les trafics de métaux précieux, joyaux et monnaies étaient aussi des Prêteurs ( Usuriers )

On disait aussi " Tables ", dans le début des années 1300. L'un des changeurs usuriers établis à Paris, sur le Pont au Change, s'appelait " Martin la grande Table ", le nom restera à ses descendants

Dans les premiers temps c'étaient des planches posées sur des tréteaux, le changeur se tenait derrière et le soir en quelques instants les démontait, ainsi que ses comparses de même farine, afin de laisser place libre et que chacun rentre dans sa chacunière (demeure)

Si d'aventure le changeur devenait insolvable, ou convaincu de malversations, de livrer de fausses pièces, ou de tromperies sur les cours des monnaies, la magistrature de la cité faisait " Casser son Banc ", en public, c'était alors la banqueroute (banc rompu)








Les historiens ont longtemps négligé ces Changeurs, considérés sans doute comme des gagne-petit, alors même qu'ils tenaient bonne place dans la hiérarchie des métiers de la société et dans la vie publique des cités

Le retard pris à étudier leurs activités nous fut dicté par l'idée que l'on se faisait d'une économie médiévale primaire, voir primitive. Certains parlaient volontiers d'économie fermée ou de subsistance, mais en aucun cas d'économie capitaliste !

Une époque selon eux, de petits marchés, ou de trocs approximatifs. Et d'un trafic se limitant aux transports par caravanes, aux navigations laborieuses de galères, au plus près des côtes et qui ne se hazardaient pas en mer l'hiver !!

Thèses éculées d'historiens du siècle dernier, nous présentant un obscurantisme médiéval, comme le présente un Werner Sombart (1863-1941)









Ou encore un Max Weber qui s'appliquait à démontrer que l'éloge de la pauvrté et le devoir de charité prôné par l'église étaient des obstacles au développement du capitalisme. Alors même que le peuple savait déjà que l'église était entachée de Simonie par la vente des indulgences !!

Comment ne pas comprendre que ces rappels à l'ordre de l'église pour condamner l'usure donnaient tout au contraire, la preuve qu'elle était largement pratiquée à tous les niveaux de la société et pour toutes sortes de transactions de la vie quotidienne

Pourtant, dans tous les pays d'Occident et tout au long du Moyen âge, des milliers de textes, montrent, à qui prendrait la peine de les lire, que ces prêts étaient communément pratiqués à la ville comme dans les campagnes, non seulement par des usuriers reconnus, Lombards, Cahorsins et Juifs, mais aussi par des hommes bons chrétiens, parfaitement intégrés et honorés dans les cités, et dans les bourgs et villages du plat pays !








Ces hommes que nos livres nous présentent habituellement comme de grands négociants, étaient des financiers qui ne pratiquaient aucune forme de commerce, ne possédaient aucun comptoir ni en Occident ni en Orient. On ne les voit pas confiant leurs capitaux à des armateurs de Pise, Gênes ou Venise !!

Leurs filiales en Italie, en Albion, dans les Allemaignes ou dans les Flandres sont toutes désignées sous le nom de " Tables ". Or donc tables de Changeurs et d'Usuriers

Doit on ignorer qu'en 1318 l'Arte Del Cambio de Florence comptait plus de 300 inscrits !. Que l'enquête ordonnée par le Roy de France permit de connoître, pour trois provinces seulement, les noms de 491 changeurs et tous condamnés par l'église pour avoir pratiqué l'usure !!

Que les commissaires aux comptes du Roy Charles VII ont identifiés 750 changeurs marchands et tous bons chrétiens, mais tous prêteurs d'argent eux aussi  !!

Et que dire du mot " Bourse " qui aujourd'hui semble incarner pour ses détracteurs la forme la plus élaborée et la plus pernicieuse du capitalisme








Ce mot est apparu dès le XIV siècle à Bruges, ou dans une auberge tenue par une famille du nom de Van Den Burse, l'on négociait chaque jour ouvrable et du matin au soir, un grand nombre de valeurs mobilières en différents pays  

Ceci devrait nous inciter à étudier les pratiques complexes qui permettaient à ces changeurs de ne pas heurter de front les interdits de l'église et surtout, ne pas déchoir auprès de ses voisins qui, tout autant que le Clergé condamnaient les usuriers ouvertement déclarés


PS: je ne puis que vous engager à lire, sur le sujet le très bon livre de Jacques Heers " la naissance du capitalisme au Moyen âge " ..M de V

(oui je sais que je n'ai rien écrit en août et en septembre mordious !!....Pffff bin moi aussi j'prends des vacances)

lundi 31 juillet 2023

Les Bases de l'OMC sont posées au XV Siècle

Même si l'OMC est une structure créée en 1995 (organisation mondiale du commerce), avec 164 membres en 2016, les bases de cette organisation furent jetées au XV siècle. Alors faisons nos commères et regardons par la fenêtre comment tout cela a commencé !!

C'est le Vatican qui a inventé la " mondialisation ". Et ce fut un Pape Espagnol " Alexandre VI ", Borgia qui va en décider ainsi le 4 mai 1493 en publiant sa bulle " inter coetera ". Et Paf ! d'un coup, la terre devenait ronde, elle n'était plus peuplée de monstres qui attendaient les Européens pour les entraîner au fond de l'enfer. Elle devenait à évangéliser, à coloniser et à exploiter bien sûr !

Sur les conseils du Pape il fallait que tout ceci se fasse en bon ordre, si possible, et surtout sans déclencher une nouvelle guerre interminable, alors que le souvenir de la guerre de Cent Ans, achevée en 1453 était encore dans toutes les têtes

Ceci pour prévenir par la diplomatie, un affrontement entre la puissance dominante, le Portugal, et la puissance montante, l'Espagne. La question est de savoir : Alexandre VI Borgia était il plus Espagnol que Pape ???






Car un an après le départ du Génois Christophe Colomb, vers ce qu'il croyait être l'Asie, le moins que l'on puisse dire c'est qu'en Europe les appétits se sont aiguisés !!!

A cette période les Portugais connaissaient depuis 1/2 siècle le Rio de Oro, le Sahara Occidental, les pays au-dela du Cap des Tempêtes sur le continent Africain et les terres d'outre-Equateur leur tendent les bras !

Ils n'entendent pas s'encombrer d'un rival honni comme les Espagnols. Ceux ci viennent d'achever la Reconquista, d'unifier leur pays et de régler un conflit frontalier avec la France. Mais leurs Missionnaires, leurs Marchands et leurs Soldats sont habités d'une fièvre conquérante

On murmura pendant un temps que l'or de Madrid avait beaucoup aidé le Pape dans sa décision, il est plus vraisemblable, que bien qu'Espagnol dans l'âme, il n'en était pas moins le dirigeant d'un état comme le Vatican !! et deux épineux soucis politiques l'empêchaient d'être assis confortablement sur le trône de Saint Pierre !!












D
'un côté il avait Charles VIII de France qui avait des idées de conquêtes sur l'Italie et de l'autre l'Espagne et ses idées expansionnistes, qu'il craignait tout autant, sans doute a t'il préféré se faire un allié de son pays d'origine ??

Ainsi notre Pape, par sa bulle, partage t'il le monde à conquérir, traçant une ligne faisant le tour supposé du globe, ou l'Ouest revenait aux Espagnols, en clair, toute l'Afrique, l'Asie Mineure et Centrale jusqu'au détroit de Malacca et la pointe, encore inconnue à cette date, du Brésil ...et l'Est aux Portugais !!!, autant dire des rogatons et des chimères. En quelques mois le rapport de force bascule en faveur de madrid et c'est un Traité qui fut signé à Tordesillas le 7 juin 1494

Cette mondialisation est bipolaire, ou deux pays européens, l'Espagne et le Portugal, sont fondés en droit à la pratiquer. Autant vous dire que les incursions des Français, des Anglois et des Hollandais déclencheront des guerres plus que commerciales

Voyons cette mondialisation à l'oeuvre par le biais d'un exemple en apparence anecdotique mais qui brasse des milliers de doublons d'or et d'Argent !!









La diffusion du Piment : Lorsque Colomb découvre les Caraïbes, il baptise cette épice, dégustée sur place, d'un nom cousin germain du Poivre, " le Pimiento ". Reste à le commercialiser, car les Européens montrent peu de goût pour ce condiment 

Peter Martyr, un Anglois, mentionne l'arrivée de cette épice plus forte que le Poivre du Caucase, il ajoute que même les Espagnols ne s'y habituent guère !!

Trente ans plus tard, seules Londres, Anvers et Amsterdam, devenues des marchés internationaux du piment, commencent à l'acclimater dans les marmites !!

Puis selon les Médicastres de l'époque, le feu du piment sur la langue et dans les intestins activerait trop la forge digestive, corrodant les parois intérieures et prédisposant le mangeur à des affections gastriques très redoutées !!

Faute de débouchés européens pour ce condiment, il fallait donc s'aventurer vers des marchés inconnus, sans solvabilité garantie, ni appétence établie pour le piment ???









Après le Traité de Tordesillas, les Portugais choisirent une stratégie mondialisatrice du commerce du piment, l'établissement d'un circuit linéaire par sauts, au rythme des positions conquises vers l'Asie.

Donc des marchés neufs ou octroyés grace à la négociation. L'objectif des Portugais consistait à éliminer les concurrents, soit par la puissance gustative du piment, soit par la protection d'un marché exclusif ou encore par l'importance des quantités livrées qui permettait de résoudre les ruptures d'approvisionnement et de commercer avec les indigènes!

Ansi le piment va t'il évincer la " graine de paradis " cette épice Africaine (aussi forte et puissante que le poivre mais avec un arôme différent ),



PS: suite à la lecture d'un texte du regretté Anthony Rowley, décédé en 2011, Docteur en Histoire, Maître de conférences à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris ou il enseignait l'histoire de la gastronomie ...M de V   



mardi 4 juillet 2023

N°470) zoologie dans l'Extrême Orient Médiéval (III)

En Inde dès la plus haute antiquité ils s'étaient intéressés aux animaux, surtout aux mammifères et aux poissons dont ils avaient même tenté des classifications. Ce goût pour la zoologie pratique persista dans l'Inde médiévale et nous ne donnerons ici qu'un seul exemple : l'encyclopédie " Manasollasa " qu'écrira le roi Somesvara vers 1127 ou toute une partie est consacrée à la pêche et aux poissons

Ce souverain naturaliste que l'on pourrait rapprocher de son contemporain occidental Frédéric II (voir article I), étudie assez bien la morphologie et les moeurs des animaux dont il tente une intéressante classification. Il les divise en espèces marine, puis d'eau douce, et d'estuaire les subdivisant  en formes, c'est à dire avec ou sans écailles. Un zoologiste Indien (Hora), a reussi dans les années 1950, à déterminer avec succès ces poissons, en se basant  sur l'étymologie de leurs noms en sanscrit et d'autre part sur les indications morphologiques et biologiques que donna Somesvara

La Chine :Nous ne dirons que quelques mots de la zoologie chinoise médiévale, d'abord parce qu'elle est très mal connue, et ensuite parce qu'il est difficile d'appliquer à la chine la notion de Moyen âge telle qu'elle est comprise en Occident. pour divers hitoriens. Le Moyen âge en Chine pourrait s'étendre en fait du X siècle au XVIII siècle






Prenons l'époque qui correspond plus ou moins exactement au Moyen âge occidental, c'est à dire celle comprise entre 420, début des dynasties du Nord et du Sud et le milieu de la période Ming allant de 1368 à 1644

L'histoire naturelle en Chine fut essentiellement étudiée  en liaison avec la matière médicale dans les recueils appelés " Pen Ts'ao ". Ce sont des herbiers ( traités de botanique médicale ), mais on y trouve souvent aussi des listes de minéraux et d'animaux

Le plus ancien daterait de 200 avant JC " Chen Nong Pen Ts'ao ", de nombreux autre furent écrits sous les dynasties T'ang, Song etc...pour aboutir au plus important de tous, celui de Li Che Tchen 1518-1593 nommé le " Pen Ts'ao Kang mou "   

Ces recueils désignent en fait plusieurs sortes de petits animaux, comprenant aussi bien de véritables insectes, myriapodes, arachnides, crustacés et mollusques, que des amphibiens, crapauds et grenouilles !

Nous voici donc revenus  à la classification de Thomas de Camtimpré (voir article I) et d'autres auteurs de l'Occident. L'illustration de certains recueils furent réédités à Pékin :






On y voit des représentations d'insectes, coutilières, cigales, guêpes avec leur nid, mantes religieuses, puis des myriapodes, des crabes et autres mollusques, ainsi que divers vertébrés comme le buffle, le pangolin, l'écureuil volant. Puis des chauve-souris, des cerfs avec détails du développement des bois et pour finir poisson-chat, poisson-scie, et cormorans

Si l'on en croit nos doctes historiens les chinois seraient les plus grands illustrateurs zoologiques du Moyen âge, mais certaines peintures et dessins sont fort difficiles à dater avec précision !!!. On trouverait aussi des notions de zoologie dans l'oeuvre de Lao Tsé et de ses disciples, ainsi que dans divers autres textes, comme dans une Anthologie de l'époque T'ang du IX siècle

Rappelons aussi le Traité sur les crabes de Fou Kong (1039), et celui sur les grillons de Kia Sseu Tao, ministre d'état sous la dynastie Song au début du XIII siècle 

Citons aussi Ye Jin Yan, dans ce même XIII siècle, qui eut l'idée d'introduire dans les huîtres perlières de menus objets qu'il retirait ensuite enrobés de nacre, découvrant ainsi la genèse de la perle de culture. la civilisation chinoise s'est intéressée  aux animaux plus pour son plaisir que d'un point de vue zoologique !!





Conclusion : L'étude des animaux fut donc loin d'être négligée au Moyen âge, tant en Occident qu'en Orient, de nombreuses espèces  d'i  nvertébrés et surtout de vertébrés font l'objet de commentaires détaillés

On les décrits, on s'intéresse à leurs moeurs, les faunes locales ou exotiques attirent l'attention de divers observateurs et le nombre des espèces connues augmente sensiblement

Un parallélisme presque absolu peut être établi entre la zoologie occidentale et orientale qui restent toutes deux fortement tributaires de la tradition antique, de la religion, du folklore et des superstitions

Mais par un curieux paradoxe, ces tendances scolastiques et mystiques sont contrebalancées par d'indiscutables préocupations utilitaires : On s'intéresse aux animaux surtout pour des buts pratiques...chasse, pêche, agriculture, sport, matière médicale etc... 

Mais d'ores et déjà nous devons une fois de plus, ne pas nous montrer trop sévères pour le Moyen âge ou la zoologie possède ses incontestables lettres de noblesse. Ces trois articles sont tirés d'un document de Jean Théodoridès chargé de recherches au CNRS....M de V 


lundi 3 juillet 2023

La Zoologie vue par l'Islam au Moyen âge ( II )

L
e succès de Mahomet (570-632) et de sa doctrine est un des faits les plus étonnants dans l'histoire des religions. partis d'Arabie, ses disciples devinrent rapidement innombrables et formèrent une immense cohorte qui déferla tour à tour sur l'Asie Mineure, la Perse, une partie de l'Inde, l'Afrique du Nord et l'Espagne

Les territoires conquis connurent une culture très raffinée en particulier sous les dynasties des Omeyyades, puis des Abbassides à Bagdad (VIII siècle), mais aussi sous les Almoravides et les Almohades en Espagne (VIII-XIII siècles)

Or donc le M-A voit l'apogée du monde Islamique dans lequel les sciences connurent un grand épanouissement. Il faut cependant ne pas oublier que les Arabes avaient largement profité de la science grecque antique, via Byzance, et de l'école de Gundi-Sapour, refuge des érudits Nestoriens (condamnés au Concile d'Ephèse en 431)

D'ailleurs les savants de l'orbe islamique n'étaient pas tous arabes il y avait parmi eux des Persans, des Chrétiens et des Juifs. Le décors étant planté passons à la zoologie !









Pour ce qui concerne cette science, la religion musulmane interdisant la dissection des cadavres et la représentation des êtres vivants, les auteurs de cette période, écrivants sur les animaux vont les considérer d'un point de vue très général, truffant leurs textes de détails fabuleux, poétiques et religieux

Donc d'une façon générale, tout comme en Occident, la plupart des auteurs islamiques parlant de zoologie le font d'une manière plus littéraire que scientifique. Et à l'exemple de ce qui se passait en Europe chrétienne, ce seront les auteurs " Techniques " (voir article sur la zoologie en Occident), qui donnent des observations de première main

On connaît néanmoins divers auteurs s'étant occupés de zoologie et je vais essayer de vous brosser un tableau chronologiquede ceux-ci pendant la période médiévale. Comme dans l'article précédent nous commencerons par les Erudits, puis les Auteurs techniques, pour terminer par les Illustrateurs 

On doit à Al Jâhiz (767-868) un livre sur les animaux qui est le plus ancien ouvrage arabe de ce genre. connaissant l'oeuvre d'Aristote, il donne également des informations du floklore local et des renseignements transmis oralement par les Bédouins, malgé de nombreuses digressions théologiques l'auteur est intéressant en raison de son esprit critique !









Les Frères de la sincérité (X siècle) donnent une curieuse classification des animaux basée sur leur mode de reproduction. ceux qui s'accouplent en bondissant, conçoivent, mettent-bas, allaitent et élèvent leurs petits, ceux qui s'accouplent en marchant, pondent et couvent (oiseaux et insectes), ceux qui ne connaissent ni accouplement, ni mise-bas, ni ponte mais qui naissent de la pourriture (vers), une croyance à la génération spontanée d'animaux inférieurs

Abdullatif ben Jusuf (1161-1231) parle lui, de l'incubation artificielle des oeufs de poule, de la colonne vertébrale du crocodile "composée d'un seul os", donne des détails sur les Scinques (lézards) et l'Hippopotame

Al Damiri, mort au Caire en 1405, est l'auteur de " la vie des animaux ", dernier grand ouvrage de zoologie arabe. Il classe les animaux par ordre alphabétique et les étudie en fonction de ce que disent les textes religieux, la tradition et les proverbes. Il a cependant le mérite de remarquer que la Chauve-souris n'est pas un oiseau d'après divers caractères morphologiques et biologiques 

Passons aux Auteurs Techniques, spécialistes de la chasse, de l'agriculteurs et de la médecine !









En Orient la chasse à l'aide de chiens, guépards et faucons fut très répandue, le texte arabe le plus ancien sur la fauconnerie daterait du XI siècle et il en existe de nombreux autres. les croisades d'une part et l'influence orientale à la cour de Frédéric II (voir article précédent) contribuèrent à introduire ce sport en occident avec énormément de succès

Les ouvrages agricoles renferment d'intéressantes informations zoologiques, ainsi celui d'Al Nabati (X siècle), sur l'agriculture Nabtéenne, puis Ibn Wafid, à la même époque ( vers 1000-1078), écrivit un important Traité d'agriculture dont la dernière partie concerne la zoologie agricole !

Suivra l'encyclopédie de Abu Zakariya de Séville (XIII siècle), représent le chant du cygnede l'école agricole Hispano-arabe. la dernière partie de cet ouvrage concerne la zootechnie (bêtes à laine, élevage de chevaux, mulets, ânes et chameaux, oiseaux de basse-cour et abeilles !

Les oeuvres médicales des auteurs de langue arabe contiennent également des allusions zoologiques, fournissons quelques exemples 









Le chirurgien Andalou Abu Al Qasim (en latin Abulcasis) à Cordoue au X siècle, suture les plaies en faisant mordre les bords de celles-ci par de grosses fourmis dont on détache ensuite le corps

Le célèbre médecin philosophe Avicenne ( Ibn Sina en persan), 980-1037, né à Boukhara, capitale de l'empire Samanide, dans son " Canon de la médecine " tente une classification des vers intestinaux de l'homme, mais il est moins heureux lorsqu'il parle de la Filaire de Médine ( vers ronds et filiforme d'Afrique vivant sous la peau) qu'il prend pour un nerf dégénéré ! 

Avenzoar ( Abou Merwan Ibn Zuhr ), médecin de Séville dans l'empire Almoravide (1091- 1162) connait aussi les principaux parasites macroscopiques de l'humain y compris le minuscule acare de la gale. Mais il énumère aussi toute une série de mollusques, insectes, poissons, reptiles, oiseaux et mammifères qui nous renseignent sur les espèces consommées par les arabes à cette époque

Moshe Ben Maïmon (ou Maîmonide), rabin séfarade du XII siècle, médecin et philosophe juif , né à Cordoue en 1138 et mort au Caire en 1204, écrivit en arabe ses oeuvres médicales et fut le plus brillant représentant de la pensée hébraïque médiévale..








Mais c'est surtout dans son Traité des poisons qu'il donne des précisions extrêmement intéressantes sur les arachnides et les serpents, ainsi que sur le comportement du chien enragé

En ce qui concerne les Illustrateurs, malgré l'interdiction du coran, des miniatures de manuscrits islamiques représentent fréquemment des animaux 

Celles de l'école dite de Bagdad illustrant des textes non scientifiques sont assez réalistes au XIII siècle, et plus conventionnelles au XIV siècle. Citons aussi celles plus tardives d'un Traité sur les maladies des chevaux, manuscrit exécuté en Egypte à la période Mameluk 1467 (XV siècle) et conservé à Istanbul



PS :l'étude des animaux fut donc loin d'être négligée au Moyen âge tant en Occident qu'en Orient... M de V



vendredi 30 juin 2023

Quid des Livres de Zoologie au Moyen Age ? ( I )

Nous pourrions, à notre époque réductrice, proclamer qu'au Moyen âge la zoologie n'existait pas, si on considère, la zoologie comme l'étude véritablement scientifique de la morphologie et de la biologie des animaux !!

Mais nous allons voir que si cette science en était encore à ses balbutiements, il y eut néanmoins à cette époque, dont beaucoup ont exagérés la stérilité scientifique, toute une série d'auteurs qui firent d'excellentes observations zoologiques

Voyons la Zoologie Occidentale : le M-A chrétien est souvent divisé en trois périodes, le Haut Moyen âge du V au XI siècle, puis l'Apogée Médiévale du XI au XIII siècles et pour finir, le Bas Moyen âge des XIV et XV siècles

Celles-ci correspondent assez bien aux trois phases de l'évolution religieuse, conquête chrétienne, apogée puis déclin de l'église. Mais la fondation des grands ordres religieux allait influencer considérablement l'enseignement et le développement des sciences par l'intermédiaire des Abbayes et des Monastères, et parmi les auteurs qui s'occupèrent de zoologie, beaucoup étaient  des religieux









Bien sûr tout le monde connaît les innombrables représentations d'êtres surnaturels et de monstres dans l'Art médiéval. En outre au M-A la nature est fréquemment utilisée au service de la religion et de la poèsie, ces siècles ont vu fleurir toute une littérature ou les animaux et minéraux ne sont qu'un thème sur lequel sont bâties les variations théologiques, morales ou poétiques

Empruntons au " Physiologus ", recueil allégorique, probablement écrit à Alexandrie, au II siècle de notre ère, dont la vogue fut considérable au M-A tant en Orient qu'en Occident. Voyons quelques exemples de zoologie mystique ou les vertus chrétiennes sont évoquées par des animaux !

Tel que le Renart faisant le mort pour attraper les poules et symbolisant le démon qui se saisit des imprudents, puis le Pélican qui répand son sang sur ses petits, symbole du christ qui a versé son sang pour racheter les hommes

C'est probablement de ce Physiologus que dérivent les écrits profanes traduits en langue vernaculaire et appelés Bestiaires ( volucraires et lapidaires ), comme ceux de Philippe de Thaon au XII siècle et un Richard de Fournival au XIII siècle 









Les inepties que l'on y rencontre montrent bien la crédulité de ceux qui les écrivaient, les lisaient ou les copiaient pour les propager. En voici quelques échantillons. Or donc le Bouc a toujours la fièvre, son sang est si chaud qu'il brise le diamant....l'agilité de certaines Cavales (jument de race), provient de ce que leur mère a été fécondée par le vent....La Hyène change de sexe à volonté....et la Belette conçoit par l'oreille et enfante par la bouche , tout cela tient plus du folklore que de la science

Pourtant l'Européen du moyen âge avait l'occasion d'observer au quotidien de nombreuses espèces animales, outre les animaux domestiques ordinaires ( cheval, âne, boeuf, chèvre, mouton, porc, chiens et chats ), on voyait encore à cette époque des bêtes aujourd'hui disparues ou en voie de disparition telles que l'Aurochs (bos primigenius), le Bison (bison europaeus), ainsi que divers animaux sauvages ( cerf, loups, ours, élan et renne )

Maintenant voyons quelques uns (car la liste est longue),des principaux personnages qui ont contribué par leurs oeuvres à l'étude des animaux !
Nous les répartirons en trois catégories : les Religieux, puis les Amateurs Techniciens et pour finir les Illustrateurs








L
es Religieux : qu'ils aient vécu au Haut M-A ou au XIII siècle ces auteurs appartiennent tous à un ordre religieux, écrivent en Latin et leurs oeuvres de nature compilatoires prennent la forme d'encyclopédies. Un nom émerge Isidore évêque de Séville ( vers 570-636), on lui doit une encyclopédie nommée " Ethymologies " son livre 12 est entièrement consacré aux animaux

C'est avant tout un philologue qui préfère donner les étymologies (d'ou le titre de son recueil) des noms d'animaux que de faire des observations. les espèces fabuleuses telles que le Gryphe à corps de Lion et tête d'aigle, ou le Basilic, serpent qui tue d'un regard sont présents dans cette ménagerie littéraire. Sa classification est étonnante il classe et range avec les poissons, les éponges, les huîtres, les crocodiles, hippopotames, baleines et dauphins bref tous les animaux aquatiques. Néanmoins son oeuvre aura une grande influence jusqu'au XIII siècle

Le moine Suisse Ekkehard IV (vers 980-1060) est un zoologiste qui s'ignore, car il donne dans une prière la liste des mammifères consommés comme venaison au monastère de Saint Gall, castors, sangliers, cerfs, daims, chevreuils, bouquetins, lièvres, marmottes, ours, chamois et bisons. un bon aperçu de la faune des mammifères de cette partie de la Suisse du XI siècle









Hildegarde de Bingen
: Abesse d'un cloître de Bénédictines, probablement la seule femme du M-A qui se soit occupée de zoologie, son oeuvre comporte 4 livres consacrés aux animaux. Il s'agit la surtout d'un catalogue des principaux vertébrés connus du peuple. Son livre sur les poissons est intéressant, car de nombreuses espèces d'eau douce parmi lesquelles la Lamproie ont pû être reconnues, elle donne les noms en latin mais aussi en bas allemand

Dans celui sur les oiseaux elle mentionne les insectes et les chauves souris. Parmi les mammifères sur les 43 espèces citées, 33 appartiennent à la faune locale (loir, hérisson, castor, martre, loutre etc), mais on y rencontre l'inévitable Licorne qui hante tous les ouvrages zoologiques du Moyen âge

Le livre sur les bêtes rampantes est un patchwork zoologique on y retrouve pêle mêle, le ver de terre, les arachnides, reptiles et amphibiens. Mais l'intérêt de son recueil réside dans les détails qu'elle laisse sur des espèces actuellement disparues d'Allemagne (loutre, bison,lynx)

Mais la science du XIII siècle Occidental allait subir l'influence de trois facteurs nouveaux: la fondation des Universités, la redécouverte d'Aristote et l'activité enseignante des ordres mendiants









Un Dominicain, Thomas de Cantimpré (1186-1263), rédige une monumentale encyclopédie " de naturis rerum ", ne comprenant pas moins de 20 livres, dont 4 sont consacrés aux animaux. On y trouve toute une galerie de monstres ou d'animaux imaginaires phénix, dragons, sirènes ou onocentaures (buste humain et corps d'âne). Mais l'on y trouve aussi l'oie bernache arborigène, que l'on croyait naîvement issues du fruit de certains arbres, ce ne sont en fait que des débris d'épaves sur lesquels se sont fixés des crustacés cirripèdes 

D'une crédulité à toute épreuve il rapporte sérieusement l'existence de l'arbre à bernaches, puis du pélican qui s'ouvre la gorge pour nourrir ses petits, sans oublier son invaisemblable agneau de Russie, défi aux lois de la nature étant à moitié animal et moitié végétal 

Un autre Dominicain, Albert le Grand (1193-1280) est une des grandes figures de la science et de la pensée médiévale. Il naquit en Souabe, étudia en Allemagne, en France et en Italie, il enseignera même à Paris ou il était connu sous le nom de " Maître Albert ", d'ou la contraction de " place Maubert ", nom donné à l'endroit ou il enseignait. Auteur d'une soixantaine de Traités et opuscules dont celui concernant la zoologie. Son " de Animalibus " comporte 26 livres dont les 19 premiers sont pompés sur Aristote !!!









Il signale les constructions du castors d'Europe, qui aujourd'hui semble avoir perdu cette faculté à l'opposé de son congénère du continent Américain. Il réfute vivement l'absurde croyance suivant laquelle ce rongeur se mutilait avec ses dents (d'ou le nom de castor) et lançait ses poches à musc sur ses poursuivants !. Il est en outre le premier à considérer l'ours blanc comme une espèce distincte de l'Ours Brun et à noter les variations de pelage de l'écureuil d'Europe, brun-rougeâtre en Allemagne, Rouge-Gris en Pologne et Gris en Russie 

On peut encore citer, parmi les religieux le Franciscain Barthélémy de Glanvil nommé le plus souvent Barthélémy l'Anglois, qui écrivit entre 1250 et 1260 une encyclopédie intitulée " de proprietatibus rerum " dont un livre entier est consacré  aux animaux. Cet ouvrage de zoologie populaire eut un succès considérable au XIV et XV siècles
                              _______________________________

Les Amateurs Techniciens :A l'opposé de ces savants de cloîtres qui demeuraient tous plus ou moins livresques, il existe des auteurs qui dégagés des préocupations scolastiques et religieuses ont fait preuve d'un indiscutable esprit d'observation 









Je n'en citerais que deux, en premier, l'Empereur Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250), souverain anticlérical et despotique qui cultivait avec amour les sciences, la philosophie et les arts, manifestant une tolérance aux religions étonnante pour cette époque et s'entourant de savants juifs et Arabes

Excellent zoologiste, peut être le plus grand du M-A comme en témoigne son superbe Traité de Fauconnerie, en latin, le " de arte venandi cum avibus " qui eut une vogue considérable pendant plusieurs siècles. Dans ses 6 livres il fait de nombreuses et pertinentes observations. Frédéric fera même la synthèse entre les données classiques, en particulier celles d'Aristote, et ses observations personnelles, il écrira notamment : nous ne suivons pas en tout point le prince des philosophes, Aristote parle par oui dire, mais la certitude ne saurait naître des racontars !

Ce que Frédéric II a fait pour la Fauconnerie, un autre l'a fait pour la chasse en général. Gaston III de Foix Béarn dit Phébus (1331-1391), vers la fin de sa vie il entreprend d'écrire une encyclopédie sur sa passion. Son livre de la chasse et les miniatures qui l'ornent sont remarquables 









Les Illustrateurs : Autre apport tout aussi intéressant est représenté par les illustrations de manuscrits. Souvent en zoologie, et ceci reste vrai de nos jours, un bon dessin vaut mieux qu'une longue description et certaines figurations médiévales d'animaux sont remarquables

L'architecte Français Villard de Honnecourt, XIII siècle, intercale entre ses croquis techniques d'admirables dessins d'invertébrés langoustes, mouches libellule et sauterelles, puis des vertébrés perroquets, autruches, lapins, moutons, chats et chiens etc

Un moine du XIV siècle Sybo de Hyères fera de remarquables miniatures présentant arachnides, crustacés, insectes, mollusques, reptiles, oiseaux et mammifères



PS: Toutes ces oeuvres d'art, souvent anonymes, sont plus intéressantes pour l'avancement de la zoologie que les vastes compilations soporifiques d'auteurs scolastiques....surtout si c'est en latin putentrailles !!!..M de V


mardi 20 juin 2023

l'Emprise de la Joyeuse Garde en l'an 1447

En cet an de grâce 1447 le Roy René d'Anjou (le Bon Roy René), redescendait sur ses Fiefs en Anjou afin d'organiser un nouveau " Pas d'Armes " dont il avait le secret. Celui ci devait surpasser en durée et en magnificence, tout ce que l'on avait pu admirer jusqu'alors !!

La situation du château d'Angers, au centre de cette capitale de l'Anjou, ne lui offrait pas, semble t'il, un local tel qu'il le désirait. le bon Roy René va choisir la ville de Saumur (la gentille et la bien assise), pour être le théâtre de cette Emprise hors normes !!

Le château de Saumur bâti sur une élévation était d'une architecture simple mais élégante, orné de tours et de tourelles avec une vue plongeante sur un paysage agréablement varié et la Loire enlaçant la cité

Ce fut dans une vaste plaine à peu de distance du château qu'il fit construire un genre de palais spacieux tout en bois, mais peint à l'intérieur comme à l'extérieur. Meublé de riches tapisseries et d'une quantité prodigieuse de coussins de velours et de soies, destinés à couvrir les estrades ou siègeraient les Dames









Au jour dit, le bon Roy René s'y rendit accompagné d'un concours infini de Princes, Hauts barons, Chevaliers, dames et Damoiselles. Pendant six semaines entières les plaisirs en tout genre vont se succéder, sans interruption, dans ce pavillon royal qu'on avait appelé " Châtel de la Joyeuse Garde

René y tint une espèce de cour plénière, inventant chaque jour de nouvelles fêtes, cavalcades, banquets et danses pour ses hôtes, ceci afin d'attendre l'arrivée complète de tous les champions conviés à participer à cette Emprise !

Ils accouraient de toute part avec en tête Poton de Xaintrailles, parmi eux on remarquait le Duc Jean V d'Alençon (surnommé le beau prince), puis Charles de Bourbon et le Comte d'Evreux Pair de France, et Charles d'Artois Comte d'Eu. Parmi les Gentilshommes qui devaient jouter dans cette emprise on distinguait entr'autres le Sire de Montmorency, mais aussi Antoine de Sancerre fils du célébre Amiral Jean V de Bueil  " le Fléau des Anglois ". Notre Antoine de Bueil-Sancerre portait sur son cimier une tête de roi à grands cheveux et grande barbe, son cri de ralliement estoit " Passavant ", et toute une foule d'autres Barons non moins recommandables par leur renommée que par leur rang !










Le jour indiqué pour l'ouverture du pas d'armes, chacun avoit assisté dévotement à la messe de l'aube, puis enfin Cors, Buccines et Clairons firent entendre de joyeuses fanfares aux Dames et Damoiselles siègeant sur leurs coussins. Onc ne vit plus nombreux cortège rangés derrière deux Estaffiers vêtus à l'orientale, tenant en laisse aux anneaux d'argent deux énormes lions bien vivants !!

Suivaient deux par deux, à cheval et richement vêtus de Damas incarnat, Fifres, Tambours et Trompettes, derrière eux estoient les Rois d'Armes en tuniques écarlate et or tenant en leurs mains les registres d'honneur ou allaient s'inscrire les faits mémorables de la joute

Puis venaient, à pas lents, quatre Juges de Camp. Ce sont eux qui se prononçaient sur le mérite des assaillants, immédiatement après on vit paraître, portant l'écu de son maître, le nain du Roy René entouré de pages et d'escuyers. Le cortège ayant passé sous les yeux de toute la cour, le nain s'assit sur un coussin, les juges de camp prirent place auprès des Hérauts d'armes. L'écu du Roy René fut suspendu à une colonne de marbre, à laquelle on attacha les deux lions et le son mélodieux des hauts-bois, des flutes et clairons retentirent de nouveau dans la plaine !









On vit alors paraître en face de la barrière des tenants, les champions qui devaient toucher " l'écu des pensées ". Puis dès que l'un d'eux eut ainsi annoncé le défi porté à l'un des défendeurs, les barrières s'ouvrent avec fracas, les chevaliers se précipitent l'un contre l'autre, les lances volent en éclats se brisant contre les boucliers polis d'ou jaillissent mille étincelles, en même temps que les chevaux bondissent se cabrent couvrant leur frein d'écume !

D'autres lances sont présentées par les poursuivants d'armes, puis d'autres assaillants volent à la rencontre des tenants, eux mêmes remplacés à leur tour, à mesure que l'un d'eux est renversé. les cri des Dames trahissent à la fois leur agitation, leurs craintes, leurs voeux, chacun enfin est absorbé par ce spectacle guerrier du plus vif intérêt !

Ensuite quand le calme et le silence se rétablissent, les noms des vainqueurs sont proclamés et enregistrés sur le livre d'honneur. Il n'en va pas de même pour les chevaliers désarmés ou renversés de leurs palefrois, ils viennent humblement présenter aux dames désignées par les heureux vainqueurs un collier, une bague, un rubis ou tout autre joyau de prix.....comme dirait l'autre " c'est l'jeu ma pôv lucette "...Pffff j'plaisante ! 


Nota : une polémique peu naître de l'original de ce manuscrit d'un auteur anonyme ???, document d'ailleurs disparu de la bibliothèque royale. Le problème viendrait qu'il cite Antoine de Bueil présent à cette emprise en 1447 il semble que le fils de Jean V soit né en 1440 ??????


PS : On compta plus de cinquante quatre diamants, trente six rubis et autres bijoux montés, qui furent déposés aux pieds des dames à l'occasion de l'Emprise de la joyeuse garde...M de V

mercredi 7 juin 2023

Le Mariage et la Procréation Encadrée par le Clergé

Aucun domaine de la vie publique et privée des Laïcs n'échappe au contrôle de l'Eglise. Elle a un droit de regard sur toutes les structures, qu'elles soient professionnelles, politiques, économiques et culturelles, de plus elle réglemente particulièrement la cellule de base de la société médiévale, c'est à dire la famille  !!!!

Dans ce domaine le trait essentiel des XII et XIII siècles est la valorisation, la formalisation et la réglementation du mariage. Afin d'éviter consanguinité et bigamie la publication de Bans devient obligatoire, de plus l'interdiction de convoler s'étend à la parenté au quatrième degrés, ce qui est fort lucratif pour le clergé qui vend des dispenses !!

Le caractère sacramentel du mariage est réaffirmé, et l'essentiel réside dans l'échange du consentement mutuel entre époux devant un représentant du Clergé, le Curé est vivement recommandé !!!. 

Il va de soi que le mariage est indissoluble, et le remariage autorisé qu'après la mort d'un des deux conjoints. Le sacrement du mariage est devenu un contrat






Bon l'clergé fait pas dans la finesse, un vrai remède contre l'amour !. Le but premier étant la procréation ils appliquent le principe biblique du " Croissez multipliez ". Allez Hop hop hop, l'curé il a dit qu'il fallait copuler, du coup dès qu'le manant posait ses chausses au bord du lit sa dulcinée tombait enceinte, pas cool le plan !!

La documentation écrite à l'usage des curés du moyen âge sont les pénitentiels et les manuels de confesseurs, ils interdisent rigoureusement toutes pratiques contraceptives, abortives, ainsi que les déviations sexuelles, de la zoophilie, à la sexualité anale et à l'homosexualité, ajoutons au passage la masturbation, allez Hop interdite aussi !!!....ça limite grave le manant !!!

Ces manuels étaient écrits avec un réalisme et une précision de langage, édifiante cette prose et dans le plus pur style de la scolastique ecclésiale  !!!....pas d'bol les gens !!

Mais avec le problème démographique qui se pose dès le début du XIII siècle, l'église médiévale ne sera pas insensible à ce risque de surpeuplement, que pourrait causer une conduite populationniste débridée. Les Théologiens sont conscients de cette croissance sans précédent






Confrontés à cette situation ils feront preuve de pragmatisme. Les manuels de confesseurs feront état que les pratiques contraceptives sont de plus en plus utilisées en raison de la surcharge d'enfants, notamment dans les familles paysannes. Un Robert de Courson note, que parfois des jeunes gens se prêtant serment ajoutent cette phrase " je te prends comme mien ( ou mienne ) à condition de rester stérile " !

En ce XIII siècle la plupart des théologiens admettent que le monde est trop plein, l'époque du croissez multipliez est révolue. Certains en profitent pour déprécier le mariage et exalter la virginité, j'crois pas que ceux-ci avaient des chances de créer des adeptes putentrailles !

D'autres sont plus conciliants et mêmes prêts à des compromis. Un Pierre de la Palud en 1300 admet la pratique du " coitus interruptus "...j'explique aux gens...pas d'panique mordious !!

C'est comme quand tu joute en Tournoi, le long de la lice lance basse...tu me suis la !....et qu'au dernier moment tu relève ta lance pour pas conclure la touche !!!..frustrant mais efficace, pas toujours facile à réaliser..c'est d'la haute voltige morte couille !






Pierre de la Palud dit " l'homme qui répand sa semence à l'extérieur commet une chose détestable, mais si il se retire, afin de ne pas avoir d'enfant qu'il ne puisse nourrir, il ne nous semble pas qu'il pêche mortellement ".....encore heureux morbleu !!!!!

Il faut comprendre que la conception chrétienne de la copulation n'as pour but que de faire des enfants, fournissant ainsi une satisfaction légale à la concupiscence charnelle, admettant que la virginité est au dessus des forces de la majorité du genre humain...Bin vouiiiii !!!!

Saint Paul dit " mieux vaut se marier que brûler en enfer ". C'est pourquoi l'Eglise fait de l'acte sexuel, entre époux, une obligation et un devoir conjugal à partir du moment ou l'un des deux le réclame. le refuser c'est pousser le conjoint à l'adultère ! 

Or, la encore !, l'attitude de l'Eglise médiévale est plus souple que l'on pourrait le penser. La prolifération des prostituées jusque sous les porches des églises et dans les cimetières, comptant parmi leurs clients bon nombre d'ecclésiastiques est déjà une preuve en soi. Bien souvent dans les cités les bordeaux sont entretenus et financés par la maison communale (mairie) et l'évêché, ceci afin de limiter tant que faire se peut les viols ! 






Dans les récits destinés à l'Aristocratie l'amour hors mariage est quasiment une obligation, qui peut être une réaction au durcissement des règles du mariage. Au XIII siècle avec la montée d'une littérature bourgeoise ce but est franchement avoué, bien qu'exprimé de façon symbolique...les sournois !

Le Roman de la Rose en est la parfaite illustration. Alors que la première partie rédigée vers 1230 par Guillaume de Loris est encore pleine de retenue, la seconde quand à elle, rédigée par Jean de meung, vers 1270, est une invitation à la sexualité la plus débridée. Je fournis ici une traduction édifiante d'un bref passage 

Je cite: " Par Dieu, seigneurs !, suivez la nature assidûment et mettez vous tous nus !!!...Levez à deux mains le mancheron de votre charrue et peinez à bouter le soc roidement dans la raie !, et surtout point de mariage la chose est détestable !!

PS: ce qui me fait dire que Jean de Meung était plus Pouët que poète M de V



lundi 5 juin 2023

N° 465) XIV siècle, l'Anti Pape Pierre de Corbario

En ce début de XIV siècle Rome et l'Italie n'offrant plus aux Papes un asile très sûr, Clément V ( Bertrand de Got ) transféra le Saint Siège en Avignon. Son successeur Jean XXII ( Jacques Dueze ) dès son élection au trône pontifical se trouvera aux prises avec de grandes difficultés !.

La plus grave affaire de son pontificat fut son conflit avec Louis de Bavière qui amena le schisme de Pierre de Corbario. Depuis deux ans dans le Saint Empire Germanique il y avait conflit entre Frédéric d'Autriche et Louis de Bavière, afin de savoir lequel des deux allait s'asseoir sur le Trône Impérial ???

Une partie des électeurs acclamaient Frédéric, pendant que les autres faisaient de même avec Louis. malheureusement les deux furent couronnés en ce même jour du 25 novembre 1314. Le Pape Jean XXII quand à lui fut porté sur le trône de Pontife en Avignon en l'an 1316, le pape va laisser le soin aux deux prétendants à la couronne impériale, de vider leur querelle...bref il laisse pourrir la situation

Il est bien évident que nos deux empereurs vont en venir aux mains, très rapidement, par armées interposées et après quelques succés et revers la victoire décisive fut remportée par Louis de Bavière en septembre 1322..Il est vrai que deux joufflus sur un même trône c'est pas pratique !!!








Louis de Bavière sans attendre d'être reconnu par le Pape d'Avignon s'empresse de remplir en plus de ses fonctions d' Empereur du Saint Empire Germanique, celles de Roi des Romains, poussant même l'audace jusqu'à soutenir les ennemis de l'église. Cependant Jean XXII est un Pitbull quand il a quelque chose dans les machoires il ne lâche rien !!!! et excommunie Louis de Bavière le 23 mars 1324

Furieux l'Empereur le traite d'hérétique et fait appel de la sentence devant un concile général qui devait se tenir à Rome. Si j'ai dit que le Pape était un Pitbull il me faut ajouter que c'était également un teigneux !!! et en juillet 1324 il lance une seconde excommunication qui privait Louis de Bavière de tous ses droits à l'Empire !!!

Abandonné par la plupart de ses partisans il renonce à la couronne Impériale, en faveur de Frédéric d'Autriche en janvier 1326, mais il garde toutefois, ce sournois, l'Italie avec le titre de Roi des Romains. Il est vénère le Louis d'Bavière, colère tout rouge des agissements de Jean XXII il va marcher sur Rome et appuyé par le parti Gibelins, fait déclarer le Pape Hérétique en avril 1328 !!!!









Le 12 mai, sur la place Saint Pierre, il fait proclamer Pape un illustre inconnu, un frère mineur de fraîche date, Pierre Rainalluci, originaire de Corvara ou Corvario, qui prendra le nom de Nicolas V !!!

Notre anti pape était un drôle d'oiseau du diocèse de Reate. Le bougre était marié et avait vécu cinq ans avec Jeanne de Corbario, quand au mépris du contrat conjugal et des protestations de sa femme il entre chez les frères mineurs pour suivre la règle de Saint Benoit !!!. Il faut dire qu'au XIV siècle la publication des bans pour le mariage étaient obligatoires et que le divorce n'existait pas !!!

Il va donc, toute honte bue, prêter la main à une élection aussi folle que sacrilège en prenant le nom de Nicolas V. A la grande honte des habitants il parodie dans Rome le rôle et les fonctions de Pape, créant même des Cardinaux complices de ses folies !!

Sa femme va même le citer en jugement devant l'évêque de Reate et en novembre cet évêque publia contre Pierre de Corbario une sentence de condamnation, mais cette sentence ne semble pas gêner notre fumeux moine pour s'asseoir !!!









L'influence de cet Anti Pape est presque nulle, ne se maintenant que tant que durera la protection de Louis de Bavière, c'est à dire environ un an. Il créa cependant, dans son délire, 9 cardinaux et nommera 18 évêques

Comme la marmite commence à bouillir ils vont quitter Rome pour séjourner à Viterbe, puis à Todi, pour revenir à Viterbe en décembre 1328. Passants ensuite à Montemorano et enfin après bien des infortunes ils entrent à Pise

Mais Louis de Bavière va très vite devenir odieux à tous le monde il sera obligé de s'enfuir et de franchir les Alpes en janvier 1330. Notre Anti Pape abandonné, seul avec son délire de grandeur, ne pouvait espérer l'indulgence du Pape d'Avignon que par la soumission

Il va faire amende honorable et consent à être livré à Jean XXII. Celui-ci va lui garantir la vie sauve et l'absolution de ses crimes moyennant une abjuration publique dans toutes les villes qu'il traversera pour le rejoindre en Avignon, doublé d'une assignation à résidence et l'exemption de toute autorité !!!










Pierre de Corbario mettra 20 jours pour arriver en Avignon et traversera de nombreuses villes avec le Nonce Raymond Stéphani comme chaperon. Il fût salué à son arrivée par les hurlements et les imprécations d'une foule en délire qui l'aurait écharpé sans la vigilance des Gens d'Armes !!

Après une dernière abjuration devant le Pape il fut conduit dans les appartements réservés pour lui dans le palais Pontifical. Sous la main de Jean XXII il y resterait avec défense de sortir de son enceinte (pas fou notre Pitbull )

Neanmoins pour agrémenter cette prison dorée il toucherait une pension annuelle de 3000 Florins, ce qui lui laissait de quoi boire quelques litrons pour passer le temps !!!


PS: si l'nain y faisait l'anti pape histoire de boire gratos hein !!!....Pffff je blague m'enfin M de V

vendredi 7 avril 2023

Le Comptoir de la Hanse à Bruges

En 1252 à la demande des Lubeckois (plaque tournante de la Hanse), la Comtesse Marguerite II de Flandres et de Hainaut (mariée à Bouchard d'Avesnes, puis à Guy II de Dampierre), réglait la perception du Tonlieu (impôt sur les marchandises transportées), de la ville de Damme, qui se trouvait être l'avant port de Bruges (la venise du nord), sur le Swin 

C'est à partir de cette date que l'on constate la présence de négociants Allemands de la Hanse dans la cité de Bruges. Ce comptoir devait au fil du temps acquérir une importance considérable et tenir une grande place dan l'histoire de la Ligue Hanséatique !

Ce comptoir jouera le rôle d'intermédiaire entre les pays Occidentaux, la Flandre, le Brabant, la Hollande et Albion. Plus tardivement viendront s'ajouter le Portugal et l'Espagne, tous des pays producteurs de fournitures industrielles

La Flandre était naturellement destinée, en raison de l'importance que prenait le port de Bruges, à occuper la première place dans les échanges commerciaux, d'un accés facile par l'embouchure du Swin, les marchandises étaient déchargées à Damme, puis rechargées sur de petit bâteaux en direction de Bruges








I
l faut signaler qu'avec le temps la partie occidentale des Pays Bas fut ralliée à la Hanse, les territoires de Zutphen, Deventer, Campen et Zwolle. Pour ce qui est des régions de l'Ouest comme le Comté de Hollande, la Zélande et la Frise elles restent en dehors du secteur d'activité de la Hanse et ce sera de celles ci que devaient venir la concurrence !

La Ligue hanséatique était divisée en trois sections correspondant à trois groupes de villes Hanséatiques et gouvernées chacune par deux " Oldermänner ". S'il existait un secret longtemps bien gardé c'était celui du nom des villes de la ligue Hanséatique, mais pas pour les cités et ports ou ils ne possédaient qu'un comptoir commercial !









Il faut remarquer que la croissance du comptoir hanséatique de cette cité coïncide avec le développement des relations " par correspondance ", ce qui favorisait l'établissement d'un comptoir fixe, ayant à demeure, ses commis et ses représentants des principales maisons du commerce maritime

Les hanséates vont jouir dans cette " Venise du Nord ", de privilèges importants, car ils contribuent à la prospérité de cette cité. Cela fournis de puissants moyens d'intimidation aux commerçants Allemands. Si un conflit d'intérêts éclate entre la ville et le comptoir, la ligue menace de transporter ailleurs son comptoir !! et cette menace produit presque toujours son effet !

Cette menace est suivie d'exécution si besoin. A la fin du XIII siècle, les Hanséates en désaccord avec Bruges, transportent leur comptoir à Ardenbourg. Ils avaient à se plaindre des mesures prises par Philippe IV le Bel, qui occupait le Comté, les vins du Rhin étaient frappés d'un droit d'entrée prohibitif. Le comptoir fut à nouveau fréquenté dès 1310, et entre dans sa pleine période de prospérité !








la plupart des difficultés dont se plaignent les Allemands en Flandres provenaient des pirateries dont ils avaient à souffrir. Maintes fois leurs réclamations furent consignées dans le registre des comptes de Bruges, par exemple entre 1369 et 1381. Une fois de plus avec les guerres incessantes et les luttes Franco-Angloises mettent en difficulté la circulation des marchandises, la Hanse transfère son comptoir à Dordrecht en 1388, afin de faire pression sur les autorités Flamandes

Les relations commerciales ne furent reprises qu'en 1392. Il faut comprendre que les Hanséates étaient au centre d'un trafic très important de transit commercial, entre le comptoir de Londres et celui de Bruges !!!. Ils exportaient les laines Angloises vers la Flandre et importaient en retour vers Londres le drap manufacturé de Flandre ! Mais aussi les vins de France qui grâce à eux atteignaient les marches de la Pologne !, sans oublier le transport maritime du Sel, ou les fourrures, la poix, la cire, le bois et les céréales et bien sûr ils détenaient le monopole sur le Hareng et la Morue séchée, denrée vitale à une époque religieuse ou les jours maigres étaient fort nombreux !!




PS: article tiré de l'excellent livre de Madame Régine Pernoud " les villes marchandes au XIV et XV siècles " M de V