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Il prend pour exemple un grand serviteur du roi Louis XI, il se nommait Georges de la Trémoille, c'était le second fils de cet autre Georges de la Tremoille qui fut premier ministre de Charles VII. C'est à dire un cadet de famille et non pas l'héritier direct du nom et des armes de la maison
Cependant ce cadet, serviteur du royaume occupa de hautes fonctions, sans pour autant mener la vie princière d'un aîné de grande maison. Il va devenir Sire de Craon, Comte de Ligny et sera successivement gouverneur de Touraine, puis de Champagne, et de Brie, du Barrois, et après la mort du Téméraire gouverneur des deux Bourgognes
L'auteur prend sources sur deux documents, le Chartrier de Thouars, et les archives d'un serviteur de Louis XI, tous deux sont dus au Duc Louis de la Tremoille, qui puisa dans les archives de sa maison, nous nous bornerons à commenter celles qui peuvent nous donner un aperçu du train de maison d'un grand seigneur au XV siècle
Ce fut au château de Liney que notre personnage mourra en 1481, l'inventaire de ses biens dressé en septembre de la même année va nous faire connaître l'importance du château et la façon dont il était meublé. De cette demeure seigneuriale il ne reste aucun vestige, il était pour l'époque de moyenne grandeur, comprenant tout de même outre la chapelle 14 ou 15 pièces, chambres, salles et cuisine.
Sur toutes ces pièces six seulement étaient des pièces à feu dont les deux grosses à chenets de la cuisine, pour les cinq restantes, trois se trouvaient dans le logement privé du sire de Craon. Cette sorte de suite seigneuriale était succinctement meublée, car le luxe de cette époque se constituait surtout dans la somptuosité des vêtements, des armes et des bijoux. Quand aux meubles on se bornait au strict nécessaire
Le logement du maître de maison se composait comme suit, une première chambre avec un lit de duvet, une table, un banc, un buffet et une couchette, car il était d'usage de faire coucher dans la chambre un serviteur de confiance, cette pièce était visiblement réservée pour les hôtes de qualité, le superflu était représenté par six belles pièces de tapisseries ouvrées sur les murs et au sol et d'un ciel de lit garni de rideaux verts, puis bien sur les deux landiers pour la cheminée (chenets en fer forgé)
Passons maintenant à la chambre du maître des lieux, qui dans une certaine mesure était plus simple encore, se composant des mêmes éléments que la précédente, tapisseries comprises, mais n'avait pas de buffet
Ce meuble était remplacé par la troisième pièce de sa suite seigneuriale, elle aussi équipée de cheminée. C'était la garde robe ou l'on conservait vêtements et pièces de tissus, elle n'avait pas de tapisserie, mais deux grandes tables à tréteaux pour couper et coudre les vêtements confectionnés au château, et deux chaires percées (les deux seules de la demeure)
L'armement général du domaine, en sachant que chaque homme d'armes, du sergent en passant par l'écuyer ou l'archer était propriétaire de ses armes, se composait comme suit : six arbalètes à arcs d'acier, entreposées dans la garde robe du seigneur, puis trois arbalestres à cranequin, une serpentine (petit canon à charges creuses), et 17 haquebouthes, arme nouvelle venant d'Allemagne, qu'ils nommaient Hack busse, d'ou notre mot ensuite d'arquebuse.
Cet armement se trouvait dans la salle basse ou mangeaient les gentilshommes, le château de Liney au fond de sa province n'a rien qui puisse rappeler les magnificences princières ou royales.
Si l'ameublement de monseigneur de Craon, Comte de Ligny est aussi simple, je vous laisse juger de celui des pièces ou logeaient les gentilshommes, la soldatesque et le personnel de sa maison !!!
Mais passons à la cuisine en commençant par la batterie qui se composait comme suit: trois grandes poêles d'airain, une chaudière à quatre anses, un grand chaudron, deux grands et deux petits pots en cuivre munis de pieds, sept broches de fer à rostir, deux rostisseuses, huit grands et huit petits plats en étain, vingt écuelles en étain, et bien sur deux gros chenets pour une imposante cheminée. On peu constater l'absence d'argenterie dans la vaisselle qui était pourtant un des grands luxe de cette époque !!
Mais ou le luxe et la magnificence apparaît ce sont dans les dépenses somptuaires chez le Tailleur !!, d'octobre 1467 à avril 1470, nous trouvons pour le sire de Craon 12 pourpoints de Damas ou de Satin, noirs, gris, violets ou cramoisi. Puis des jacquettes de satin, sorte de pourpoint que l'on portait sous la robe ou sous l'armure, suivent dix robes de velours violet, cramoisi, gris ou noir et presque toute doublées de Taffetas ou de Satin.
On trouve également deux Hoquetons (vêtement plus militaire que civil, puis deux cornettes (camail à capuchon), pouvant couvrir une grande partie du visage. Presque toujours le seigneur fourni l'étoffe et le tailleur ne fait payer que la façon et son déplacement. Il faut ajouter que l'usage voulait que deux fois l'an en février et en octobre, les gentilshommes, la soldatesque et les gens de maison, fussent habillés par leur seigneur. Le tailleur fournissait donc vêtements de velours, de satin ou de futaine, les premiers étant réservés aux officiers, et aux hommes d'armes de la maison
PS: pour les puristes je vous enjoint d'aller sur le site de la BNF afin de lire ce document d'une quarantaine de pages afin d'en retirer plus de renseignements M de V