Ce n'est pas une mince affaire que de lire la Thèse de Doctorant de monsieur Thibaut Cotin, afin de vous en livrer la substantifique moelle, pour vous transmettre une partie de ses connaissances. Le Nain c'est attelé à la tâche avec ardeur, après moult chopes de bières, plateaux de cochonnailles et diverses autres agapes, me voila restituant, au mieux je l'espère quelques faits et dates sur le sujet. Cet article complétera, je pense, celui de mon Blog du mois de septembre 2018 " polémique poste et messagers "
Quand le Roi envoyait des lettres à ses officiers, ne fallait il pas des Messagers pour les acheminer ?? Le messager n'était il pas la courroie essentielle de la transmission de l'action politique ?? Des messagers étaient forcement utilisés !, même si les sources demeurent taiseuses à ce sujet. Un tel silence laisse à penser que la transmission se faisait automatiquement et sans entrave !!
Pas un mot sur les éventuels incidents de parcours ou l'état des chemins de l'époque !. Cachait t'on aux autres, le messager aux prises avec les vicissitudes de la route, qui pouvait représenter l'envers du décor de l'administration royale ?? Comment répondre à la question du transport de la correspondance administrative ??
Le nain, lui il dit, nous sommes donc encore dans la position d'émettre un hypothèse plausible à partir de faits et de dates que nous trouvons dans les archives !!!!
Si les Chartes, Privilèges, Instructions, Commissions, Sauvegardes et Sauf conduits pouvaient être directement remis à l'ayant droit ou aux intéressés, il n'en allait pas de même pour les Ordonnances, qui supposaient l'intermédiaire d'un Porteur reliant le lieu d'émission et d'expédition vers les destinataires ?? Bien que leur teneur ne l'a pas toujours explicité, ces ordonnances étaient au surplus des textes à publier, c'est à dire à faire crier, proclamer solennellement, voir déclamer en place publique !!
Pour la question de la transmission des ordres, les documents les plus significatifs, parmi les ordonnances des Rois de France, sont sans conteste les Mandements, ainsi que les documents apparentés, tel que les lettres d'exécution et les Ordonnances d'Injonction. En effet le contenu de ces lettres manifestait l'existence d'une réelle distance entre le donneur d'ordre et les exécutants, impliquant concrètement la présence de transmetteurs de cette action politique !!
En lien avec le processus de territorialisation du pouvoir royal, les lettres publiques ont fait leur apparition sous Philippe Auguste à l'orée du XIII siècle, mais sont restées fort rares jusqu'à Philippe le Hardi. Elles connurent en revanche, sous Philippe IV le Bel, notre Roi de Fer, une explosion grâce à la tendance procédurière de son gouvernement et qui ne devait pas s'épuiser sous les fils de ce monarque.
L'année 1299 fut une année charnière. Sur les 172 mandements émis sous les Rois Capétiens, seulement 19, soit 1/10éme, l'avaient été avant cette année !!!! Cette sorte de frénésie des écrits a inauguré une période sans année morte en la matière. De 1299 à 1313, le Roi de fer a produit 108 de ses 118 Mandements
Puis dans l'an 1315 son fils Louis X le hutin fera sortir de sa Chancellerie 12 Mandements. De 1317 à 1320, son frère Philippe V le Long, en aura expédié 13, ensuite Charles IV le Bel, dernier fils du Roi de Fer, en expédie 16, entre 1322 et 1324
D'une façon générale le nombre des destinataires dépassait très largement le nombre de mandements expédiés par la Chancellerie Royale, voir même pour certains d'entre eux, envoyés à des destinataires multiples extrêmement nombreux !!!. Lorsque ses lettres insistaient sur la rapidité, il s'agissait toujours de l'exécution de l'ordre et non point de la transmission proprement dite
Dans tous les cas le nombre important de destinataires de lettres envoyées par le Roi devait nécessiter un nombre de Messagers, à pied et à cheval, et qui devaient être bien plus élevé, que ceux attachés à son service et que l'on trouve mentionnés dans les comptes et ordonnances de son Hôtel ????
Prenons en exemple le foisonnant règne de Philippe IV le Bel. Ce monarque qui fait entrer dans son gouvernement ces bourgeois Juristes, en lieu et place de ces nobles incontrôlables, Pierre Flote, Guillaume de Nogaret et Plaisians.
Les trois plus importants destinataires des mandements de ce monarque furent le Prévôt de Paris, le Bailli de Vermandois et le Sénéchal de Carcassonne, le premier recevait des ordres concernant la police et la justice du Châtelet, le second se voyait souvent mandé de réguler la violence, tandis que l'essentiel des Mandements expédiés au troisième concernait des affaires religieuses
La grande majorité des mandements du roi de fer partaient de Paris, et la documentation sur les routes utilisées et la manière de transmettre ces lettres, que sur les relations personnelles qu'entretenait Philippe IV avec ses vassaux d'une part, et ses agents d'administration et de justice d'autre part !!
Si l'on compare, la dépense en Messagers dans les comptes du trésor, elle fut de 65655 Deniers à la Toussaint 1296, c'est à dire au début de son règne. Mais elle était de 92804 Deniers à la Saint Jean 1316, soit deux ans après sa mort !!. La différence est tout de même de 27149 Deniers !!
En revanche la dépense atteint des sommes astronomiques lors du tournant de l'année 1299, et pour cause !!!!, puisque celle ci marquait la conjonction de la Guerre des Flandres et les démêlés du monarque avec cet acariâtre Pape Boniface VIII, elle fut au sommet en septembre avec une dépense pharaonique de 1 452 000 Deniers Tournois et 4800 Deniers Parisis !!!!
Ensuite la situation à partir de l'an 1300 se stabilise, les trésoriers de la Chancellerie, n'observent plus que des dépenses modérées dans les années allant de 1301 à 1307, et ce malgré l'affaire des Templiers ????. Curieusement le règne de Philippe IV le Bel s'achevait sur 6 années mortes. Sommes nous en droit de penser que l'immense coup de filet permettant l'arrestation des Blancs Manteaux se soit organisé en correspondance et messagers secrets ?????
PS: Nous sommes encore comme je vous l'ai dit tout à l'heure, une fois de plus dans le domaine d'une Hypothèse plausible. La documentation provient comme il se doit de la BNF, et je tiens à remercier Thibaut Cotin pour cette thèse que j'ai lue avec plaisir M de V
le Gardien des Mémoires du Royaume sous la montagne, vous souhaite la Bienvenue dans son scriptorium
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jeudi 21 mars 2019
N°300) Quid du Messager XIII et XIV siècles ?
mardi 19 mars 2019
Le Livre du Trois, anonyme du XIV siècle
Pour les passionnés de vieux écrits, je ne ferais que recopier l'introduction à ce livre de Marti de Riquer: je cite !
Il est normal qu'un livre commence par une justification des motifs qui ont conduit l'auteur à l'écrire. Et, en effet, le livres du Trois débute avec une introduction en six brefs paragraphes ou l'auteur anonyme expose les profits que l'on pourra retirer de la lecture de ce recueil d'aphorismes. Il nous dit, en premier lieu, que ce livre doit servir à étancher la soif et soulager la phtisie, affirmations qui, de prime abord, pourraient nous amener à croire que nous avons à faire à un régime d'hygiène ou à des conseils de santé ???
Mais grande est notre surprise quand, aussitôt, il nous fait savoir que ce livre sert aussi " à gonfler les seins, souffler le cul et tenir compagnie !!! ", puis qu'il est utile aussi pour ouvrir la bouche, baiser une chopine de vin, oublier les malheurs, se réjouir et ne pas transpirer en hiver
L'incongruité voulue, l'intentionnée énumération chaotique, le mélange de bon sens et de malice, de raffinement et de grossièreté, de logique et d'absurdité, qui constituent les caractéristiques propres du livre du Trois, déjà s'annoncent dans cette brève introduction. Pourtant notre livre ne manque pas de notes correspondant à la foi chrétienne la plus orthodoxe et à sa morale la plus rigide exemple: trois choses damnent l'homme, faire péché, le continuer, et ne pas s'en repentir!!
Cependant l'auteur est réticent quand à la mise en pratique !!! Ainsi affirme t'il qu'il y a trois choses dont on se repent l'une ou l'autre fois: Prendre épouse, entrer dans les ordres et prononcer ses voeux !!
Bien qu'il ne cache aucunement sa foi chrétienne, cela ne l'empêche pas de respecter les deux autres religions, puisqu'il dit: il y a trois grande choses en ce monde, la foi chrétienne, la fête Juive, et la justice des Maures.
Bon nombre d'aphorismes exposent les vices et les vertus des professions, en commençant par ceux de la hiérarchie religieuse, Pape, Cardinaux et évêques, mais aussi Abbés moines et prêtres. Puis suivent les rois, les reines, les chevaliers, mais aussi, Avocats, Greffiers et Notaires, Marchands et Artisans, Juges et Huissiers. Il va opposer ceux qui font le bien et ceux qui font le mal, ou ceux qui sont bons et ceux qui sont mauvais, la critique des dirigeants et des gouvernants est faite avec une intentionnalité moralisante non exempte de chiquenaudes malicieuses
Nombreuses sont les observations sur le comportement dans la vie sociale et nombreux également les conseils sur le contact avec autrui, souvent exprimés sur le mode positif, puis négatif, exemple, je cite: Ainsi si la richesse le lignage est un beau vêtement honorent l'homme, les gros mots, les vêtements en lambeaux et les vents lâchés dans le dos les déshonorent
Beaucoup de choses contribuent à l'allégresse humaine: La santé, la richesse et la plaisante compagnie, et très divers sont les plaisirs qui existent en ce monde: Boire à la taverne, coucher au bordel, et chier dans un pré
Les aphorismes sur les femmes prennent très ample place dans le livre du Trois. Elles sont louées sur leur beauté, leur grâce, leur agrément, leur dévotion et sainteté. Mais sont blâmées les laides, les gourmandes et celles qui sont déplaisantes à cause de leurs " petites pêches " et leurs " hanches étroites "
On trouvera des aphorismes superfétatoires, pour une apparente malice, comme quand il est dit je cite: trois choses sont difficiles à faire, moucher une chandelle, juger une partie de dés et torcher un cul de bébé
Certains aphorismes du livre du trois procèdent de proverbes connus ou de phrases toutes faites qui devaient être fort répandues à l'époque. Ainsi quand il est dit: Que trois choses font sortir l'homme de chez lui " la fumée, la pluie et la mauvaise femme ", il y a la comme un souvenir du proverbe " fumée et mauvais visage chassent les gens du nid "
Comme maintes fois dans les proverbes, les trois termes de nos aphorismes paraissent rimés, comme je cite: un bon Avocat doit " benoîtement ouir, bon droit maintenir et grand payement ne point quérir "
La technique des triades qui donne son nom au livre du trois, fut très fréquente au moyen âge pour l'énonciation d'aphorismes, maximes et proverbes
PS: Le livre du trois nous est parvenu par un manuscrit copié au XV siècle et conservé à la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, laquelle le nain a écumé et qui contient d'importantes oeuvres Catalanes du XIV siècle, si vous avez un jour la chance comme moi de tomber sur un exemplaire je vous conseille de sauter dessus, vous passerez un fort bon moment M de V
Il est normal qu'un livre commence par une justification des motifs qui ont conduit l'auteur à l'écrire. Et, en effet, le livres du Trois débute avec une introduction en six brefs paragraphes ou l'auteur anonyme expose les profits que l'on pourra retirer de la lecture de ce recueil d'aphorismes. Il nous dit, en premier lieu, que ce livre doit servir à étancher la soif et soulager la phtisie, affirmations qui, de prime abord, pourraient nous amener à croire que nous avons à faire à un régime d'hygiène ou à des conseils de santé ???
Mais grande est notre surprise quand, aussitôt, il nous fait savoir que ce livre sert aussi " à gonfler les seins, souffler le cul et tenir compagnie !!! ", puis qu'il est utile aussi pour ouvrir la bouche, baiser une chopine de vin, oublier les malheurs, se réjouir et ne pas transpirer en hiver
L'incongruité voulue, l'intentionnée énumération chaotique, le mélange de bon sens et de malice, de raffinement et de grossièreté, de logique et d'absurdité, qui constituent les caractéristiques propres du livre du Trois, déjà s'annoncent dans cette brève introduction. Pourtant notre livre ne manque pas de notes correspondant à la foi chrétienne la plus orthodoxe et à sa morale la plus rigide exemple: trois choses damnent l'homme, faire péché, le continuer, et ne pas s'en repentir!!
Cependant l'auteur est réticent quand à la mise en pratique !!! Ainsi affirme t'il qu'il y a trois choses dont on se repent l'une ou l'autre fois: Prendre épouse, entrer dans les ordres et prononcer ses voeux !!
Bien qu'il ne cache aucunement sa foi chrétienne, cela ne l'empêche pas de respecter les deux autres religions, puisqu'il dit: il y a trois grande choses en ce monde, la foi chrétienne, la fête Juive, et la justice des Maures.
Bon nombre d'aphorismes exposent les vices et les vertus des professions, en commençant par ceux de la hiérarchie religieuse, Pape, Cardinaux et évêques, mais aussi Abbés moines et prêtres. Puis suivent les rois, les reines, les chevaliers, mais aussi, Avocats, Greffiers et Notaires, Marchands et Artisans, Juges et Huissiers. Il va opposer ceux qui font le bien et ceux qui font le mal, ou ceux qui sont bons et ceux qui sont mauvais, la critique des dirigeants et des gouvernants est faite avec une intentionnalité moralisante non exempte de chiquenaudes malicieuses
Nombreuses sont les observations sur le comportement dans la vie sociale et nombreux également les conseils sur le contact avec autrui, souvent exprimés sur le mode positif, puis négatif, exemple, je cite: Ainsi si la richesse le lignage est un beau vêtement honorent l'homme, les gros mots, les vêtements en lambeaux et les vents lâchés dans le dos les déshonorent
Beaucoup de choses contribuent à l'allégresse humaine: La santé, la richesse et la plaisante compagnie, et très divers sont les plaisirs qui existent en ce monde: Boire à la taverne, coucher au bordel, et chier dans un pré
Les aphorismes sur les femmes prennent très ample place dans le livre du Trois. Elles sont louées sur leur beauté, leur grâce, leur agrément, leur dévotion et sainteté. Mais sont blâmées les laides, les gourmandes et celles qui sont déplaisantes à cause de leurs " petites pêches " et leurs " hanches étroites "
On trouvera des aphorismes superfétatoires, pour une apparente malice, comme quand il est dit je cite: trois choses sont difficiles à faire, moucher une chandelle, juger une partie de dés et torcher un cul de bébé
Certains aphorismes du livre du trois procèdent de proverbes connus ou de phrases toutes faites qui devaient être fort répandues à l'époque. Ainsi quand il est dit: Que trois choses font sortir l'homme de chez lui " la fumée, la pluie et la mauvaise femme ", il y a la comme un souvenir du proverbe " fumée et mauvais visage chassent les gens du nid "
Comme maintes fois dans les proverbes, les trois termes de nos aphorismes paraissent rimés, comme je cite: un bon Avocat doit " benoîtement ouir, bon droit maintenir et grand payement ne point quérir "
La technique des triades qui donne son nom au livre du trois, fut très fréquente au moyen âge pour l'énonciation d'aphorismes, maximes et proverbes
PS: Le livre du trois nous est parvenu par un manuscrit copié au XV siècle et conservé à la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, laquelle le nain a écumé et qui contient d'importantes oeuvres Catalanes du XIV siècle, si vous avez un jour la chance comme moi de tomber sur un exemplaire je vous conseille de sauter dessus, vous passerez un fort bon moment M de V
dimanche 17 mars 2019
Batailles, Bannières, Pennons et Compagnie
Lorsqu'ils entreprennent de raconter les grandes batailles du XIV siècle les Chroniqueurs avaient l'habitude de présenter d'abord un aperçu général des armées qui allaient s'affronter.
Ils en indiquaient " l'Ordonnance ", pour reprendre leur expression, cette évocation était faite avec d'autant plus de soin et de précision, qu'elle était de première importance selon la conception que l'on se faisait de l'histoire à cette époque
Elles sont écrites d'abord pour la noblesse, car ces chroniques et annales devaient signaler la présence et le comportement au combat des principaux seigneurs et porteurs de blasons. Pour composer ce tableau les chroniqueurs se renseignaient auprès des témoins et des acteurs de la bataille, mais surtout auprès de ces personnes que l'on appelait Poursuivants, Hérauts et Rois d'armes, qui bien souvent furent eux même des historiens
Un manuscrit du XV siècle, sorte de manuel à l'usage des Hérauts d'armes, précise par exemple, je cite: Que si l'on vient à combastre, li héraults doivent cognoître les gonfanons des ennemis, afin de les signaler à leurs chefs, chevaliers, ou tel autre noble homme leur en faisant la demande. Ou il est dit aussi, qu'ilz devaient noter également, ceux que l'on faisait chevalier en ce jour de bataille, les mestre en mémoire et en être thesmoings !!
Toujours selon ce manuel, " les hérauts doibvent estre au plus près qu'ilz pevent, pour voir s'assembler et combastre les plus vaillans, tant d'une part que de l'autre, bien prendre garde aux blasons, et quand s'en vient la desconfiture,ilz doibvent regarder lesquels s'enfuient et en avoir mémoire. Puis quand la besoigne est faite, ilz doibvent compter et identifier les morts, du moins ceux de qualité "
Au travers de tout le XIV siècle, et même après, les récits montrent les effectifs de chaque armées répartis en grandes unités de cavalerie, appelées "Batailles ", elles étaient en nombre relativement restreint. Si l'on prend l'exemple de Poitiers en 1356, les Anglo-Gascons du Prince noir en comporte trois, en face, les Français en comptent 3, voir 4 si l'on tient considère que la formation de cavaliers groupés sous le commandement du Connétable et des deux Maréchaux comme une bataille
Ce n'est que vers la fin du XIV que l'on trouve plus fréquemment ajouté au dispositif de nos trois batailles deux ailes composées tantôt de cavaliers, d'archers ou d'arbalétriers. La présence de ces ailes plus complexe, mais aussi plus mobile. Bien sur quand on sait s'en servir !!! ce qui ne fut le cas ni de Philippe VI, ni de son fils ce benêt de Jean II le Bon
Pour ces deux rois une seule technique comptait la charge suivie de la mêlée, ces deux monarques avaient la tête farcie de romans de chevalerie, et comme le dit Froissart " ils étaient durs à ôter d'une idée, et avaient du mal à concevoir !!!!
On peut donc se poser la question, à savoir si ces batailles étaient constituées dès le début de la campagne ??? ou si elles sont l'oeuvre d'une mise en place au moment de la rencontre avec l'ennemi ???. On sait que la tactique de l'époque consistait le plus souvent en une série d'affrontements successifs, et non pas comme au XVI siècle par une charge simultanée !!
Il faut également tenir compte du fait que pour Crécy, comme pour Poitiers, l'ost Français ne poursuivait pas l'armée de Raid de Edouard III, puis du Prince Noir en armure pendant des lieues et des lieues !!!! On s'équipait puis on formait les batailles une fois en face de l'ennemi, ceux qui ont portés une armure me comprendront !!!!
Cependant si nous reprenons l'ost de 1346, pour Crécy, on trouve une dizaine de batailles !!!! du côté Français ayant combattu les unes après les autres en une succession de 15 à 16 charges chaotiques !!!. Vous allez me dire que j'insiste, mais il est fort probable que ce soit le résultat de l'incapacité de Philippe VI, pris par le temps de concevoir le regroupement des imposantes forces dont il disposait en trois grosses unités. En eut il même la volonté ???, car il désirait juste charger et se battre
Il faut porter à son crédit que le roi n'étaient pas le seul à avoir cette vision arthurienne, diront nous, du combat !!. Malheureusement les Anglais eux n'avaient pas du tout la même optique
Revenons bien plutôt à a bataille de Courtrai en 1302, un chroniqueur Flamand, Van Welthem, décrit avec précision la liste des 10 corps de cavalerie française en précisant les effectifs. Or nous savons par ailleurs que la chevalerie de Philippe IV le Bel, sous les ordres du Comte d'Artois, combattirent en trois batailles seulement, il semble donc que le comte ai formé 3 grosses batailles avant le combat
A l'intérieur de chaque bataille les combattants se rassemblaient autour de bannières et Pennons, dont le dénombrement était un moyen pour les chroniqueurs d'évaluer les effectifs. A Poitiers, la bataille du Duc d'Orléans aurait comporté 36 bannières et 200 Pennons.
Pour vous fournir une idée de la mentalité au XIV siècle, lors de la bataille de Cocherel, Arnaud de Cervoles, dit l'Archiprêtre, ne voulant pas se battre contre certains chevaliers de l'armée Anglo-Navarraise de jean III de Grailly, va se retirer mais laissera sa bannière et ses gens combattre dans l'armée de Bertrand Du Guesclin !!. Il est sur qu'à notre époque cette réaction semblerait pour le moins cavalière ??
Par contre il est certain que ce genre de comportement n'avait pas cours dans les armées Anglaises, il n'était pas concevable qu'un Chandos, qu'un Calverley ou un autre chevalier d'Albion qu'il soit routier ou non, utilise ce genre de comportement, qui reste typiquement Français !!!
Bannières et Pennons sont donc les drapeaux que l'on déployaient avant la bataille, et le fait même de les déployer était considéré en " droit d'armes ", comme le symbole de la déclaration de guerre ouverte !!!
En exemple, dans un procès au sujet d'une rançon, qui opposait devant le parlement de Paris, le Français Jean de Melun à l'Anglais Henri Poinffroit, ce dernier argumentera afin de prouver qu'il avait fait prisonnier jean de Melun en tant de guerre et non au cours d'une trêve, le fait que le Français " chevauchoit avec sa compaignie à pennons désployés ce qui estoit vraye signe de guerre entre gens d'armes "
S'il existe des bannières, nous trouvons des Bannerets pour les détenir !! On trouve dans les textes des définitions assez tardives et théoriques de ce qu'il faut entendre pas Chevalier Banneret, votre Nain copiste vous en offre une. Quant ung chevalier a longuement servy et suyvy les guerres, qu'il a terres,et qu'il puisse avoir de ses terres quantité de gentilshommes pour accompagner sa Bannière, il peut licitement lever bannière. Car nul homme ne doit porter bannière en bataille s'il n'a cinquante hommes d'armes avec archers et arbalétriers qui lui appartiennent. S'il les a il doit à la première bataille apporter un Pennon d'armes au Connétable et aux Maréchaux et requérir qu'il soit Banneret. Si ilz lui octroient, il doit appeler les hérauts d'armes pour témoignage, ceux ci doivent couper les queues du pennon, il pourra alors le porter et le lever avecques les autres bannières au dessoubz des Barons
PS: documentation BNF, pour les traductions je me suis appuyé sur un texte de Philippe Contamine ..M de V
Ils en indiquaient " l'Ordonnance ", pour reprendre leur expression, cette évocation était faite avec d'autant plus de soin et de précision, qu'elle était de première importance selon la conception que l'on se faisait de l'histoire à cette époque
Elles sont écrites d'abord pour la noblesse, car ces chroniques et annales devaient signaler la présence et le comportement au combat des principaux seigneurs et porteurs de blasons. Pour composer ce tableau les chroniqueurs se renseignaient auprès des témoins et des acteurs de la bataille, mais surtout auprès de ces personnes que l'on appelait Poursuivants, Hérauts et Rois d'armes, qui bien souvent furent eux même des historiens
Un manuscrit du XV siècle, sorte de manuel à l'usage des Hérauts d'armes, précise par exemple, je cite: Que si l'on vient à combastre, li héraults doivent cognoître les gonfanons des ennemis, afin de les signaler à leurs chefs, chevaliers, ou tel autre noble homme leur en faisant la demande. Ou il est dit aussi, qu'ilz devaient noter également, ceux que l'on faisait chevalier en ce jour de bataille, les mestre en mémoire et en être thesmoings !!
Toujours selon ce manuel, " les hérauts doibvent estre au plus près qu'ilz pevent, pour voir s'assembler et combastre les plus vaillans, tant d'une part que de l'autre, bien prendre garde aux blasons, et quand s'en vient la desconfiture,ilz doibvent regarder lesquels s'enfuient et en avoir mémoire. Puis quand la besoigne est faite, ilz doibvent compter et identifier les morts, du moins ceux de qualité "
Au travers de tout le XIV siècle, et même après, les récits montrent les effectifs de chaque armées répartis en grandes unités de cavalerie, appelées "Batailles ", elles étaient en nombre relativement restreint. Si l'on prend l'exemple de Poitiers en 1356, les Anglo-Gascons du Prince noir en comporte trois, en face, les Français en comptent 3, voir 4 si l'on tient considère que la formation de cavaliers groupés sous le commandement du Connétable et des deux Maréchaux comme une bataille
Ce n'est que vers la fin du XIV que l'on trouve plus fréquemment ajouté au dispositif de nos trois batailles deux ailes composées tantôt de cavaliers, d'archers ou d'arbalétriers. La présence de ces ailes plus complexe, mais aussi plus mobile. Bien sur quand on sait s'en servir !!! ce qui ne fut le cas ni de Philippe VI, ni de son fils ce benêt de Jean II le Bon
Pour ces deux rois une seule technique comptait la charge suivie de la mêlée, ces deux monarques avaient la tête farcie de romans de chevalerie, et comme le dit Froissart " ils étaient durs à ôter d'une idée, et avaient du mal à concevoir !!!!
On peut donc se poser la question, à savoir si ces batailles étaient constituées dès le début de la campagne ??? ou si elles sont l'oeuvre d'une mise en place au moment de la rencontre avec l'ennemi ???. On sait que la tactique de l'époque consistait le plus souvent en une série d'affrontements successifs, et non pas comme au XVI siècle par une charge simultanée !!
Il faut également tenir compte du fait que pour Crécy, comme pour Poitiers, l'ost Français ne poursuivait pas l'armée de Raid de Edouard III, puis du Prince Noir en armure pendant des lieues et des lieues !!!! On s'équipait puis on formait les batailles une fois en face de l'ennemi, ceux qui ont portés une armure me comprendront !!!!
Cependant si nous reprenons l'ost de 1346, pour Crécy, on trouve une dizaine de batailles !!!! du côté Français ayant combattu les unes après les autres en une succession de 15 à 16 charges chaotiques !!!. Vous allez me dire que j'insiste, mais il est fort probable que ce soit le résultat de l'incapacité de Philippe VI, pris par le temps de concevoir le regroupement des imposantes forces dont il disposait en trois grosses unités. En eut il même la volonté ???, car il désirait juste charger et se battre
Il faut porter à son crédit que le roi n'étaient pas le seul à avoir cette vision arthurienne, diront nous, du combat !!. Malheureusement les Anglais eux n'avaient pas du tout la même optique
Revenons bien plutôt à a bataille de Courtrai en 1302, un chroniqueur Flamand, Van Welthem, décrit avec précision la liste des 10 corps de cavalerie française en précisant les effectifs. Or nous savons par ailleurs que la chevalerie de Philippe IV le Bel, sous les ordres du Comte d'Artois, combattirent en trois batailles seulement, il semble donc que le comte ai formé 3 grosses batailles avant le combat
A l'intérieur de chaque bataille les combattants se rassemblaient autour de bannières et Pennons, dont le dénombrement était un moyen pour les chroniqueurs d'évaluer les effectifs. A Poitiers, la bataille du Duc d'Orléans aurait comporté 36 bannières et 200 Pennons.
Pour vous fournir une idée de la mentalité au XIV siècle, lors de la bataille de Cocherel, Arnaud de Cervoles, dit l'Archiprêtre, ne voulant pas se battre contre certains chevaliers de l'armée Anglo-Navarraise de jean III de Grailly, va se retirer mais laissera sa bannière et ses gens combattre dans l'armée de Bertrand Du Guesclin !!. Il est sur qu'à notre époque cette réaction semblerait pour le moins cavalière ??
Par contre il est certain que ce genre de comportement n'avait pas cours dans les armées Anglaises, il n'était pas concevable qu'un Chandos, qu'un Calverley ou un autre chevalier d'Albion qu'il soit routier ou non, utilise ce genre de comportement, qui reste typiquement Français !!!
Bannières et Pennons sont donc les drapeaux que l'on déployaient avant la bataille, et le fait même de les déployer était considéré en " droit d'armes ", comme le symbole de la déclaration de guerre ouverte !!!
En exemple, dans un procès au sujet d'une rançon, qui opposait devant le parlement de Paris, le Français Jean de Melun à l'Anglais Henri Poinffroit, ce dernier argumentera afin de prouver qu'il avait fait prisonnier jean de Melun en tant de guerre et non au cours d'une trêve, le fait que le Français " chevauchoit avec sa compaignie à pennons désployés ce qui estoit vraye signe de guerre entre gens d'armes "
S'il existe des bannières, nous trouvons des Bannerets pour les détenir !! On trouve dans les textes des définitions assez tardives et théoriques de ce qu'il faut entendre pas Chevalier Banneret, votre Nain copiste vous en offre une. Quant ung chevalier a longuement servy et suyvy les guerres, qu'il a terres,et qu'il puisse avoir de ses terres quantité de gentilshommes pour accompagner sa Bannière, il peut licitement lever bannière. Car nul homme ne doit porter bannière en bataille s'il n'a cinquante hommes d'armes avec archers et arbalétriers qui lui appartiennent. S'il les a il doit à la première bataille apporter un Pennon d'armes au Connétable et aux Maréchaux et requérir qu'il soit Banneret. Si ilz lui octroient, il doit appeler les hérauts d'armes pour témoignage, ceux ci doivent couper les queues du pennon, il pourra alors le porter et le lever avecques les autres bannières au dessoubz des Barons
PS: documentation BNF, pour les traductions je me suis appuyé sur un texte de Philippe Contamine ..M de V
jeudi 14 mars 2019
Les Armées Anglaises au XIV siècle
On possède actuellement beaucoup de renseignements sur l'organisation des armées Anglaises au XIV siècle et sur les avantages qu'elles en retiraient. Le professeur A E Prince a fait des recherches approfondies sur le recrutement, l'effectif et le financement des corps expéditionnaires les plus importants du règne de Edouard III, on y trouve quelques récits détaillés
Les professeurs Lewis et Mac Farlane ont établis un rapport entre ces récits et l'organisation de la société Anglaise pendant la même période. Puis de chaque côté de la Manche des historiens ont publiés des détails chiffrés afin de mettre en évidence les grands profits et rançons au bénéfice de soldats Anglais et la façon dont ils étaient partagés
Nous avons ainsi l'image d'armées assez petites mais bien payées, recrutées par des contrats appelés " endentures ", passés par le roi avec les capitaines de ces compagnies et ceux ci avec leurs soldats. Ces contrats garantissaient au roi le service de soldats de métier en groupes structurés et disciplinés, et à leurs capitaines la sûreté de la solde ainsi que la protection de leurs terres et possessions en Albion
En outre ils recevaient une portion équitable des profits de la guerre (chevauchées et raids), leur voyage de retour en Angleterre était assuré, ainsi qu'une indemnité pour les chevaux perdus en service actif. C'est une image impressionnante d'une machine de guerre efficace, considérée comme très en avance sur celle de son adversaire Français, dont on ne trouve sur ce sujet aucun récit satisfaisant
Mais ce n'est pas tout, ces armées étaient fondée sur une courte durée de service, elles consistaient en forces organisées en compagnies, sous le commandement de leurs capitaines et du roi, lequel garantissait un taux de solde et des conditions fixées à l'avance. Ces troupes n'étaient pas tenues de rester en France au delà de la période nécessaire pour terminer la campagne
Quand la campagne était terminée ces compagnies retournaient en Albion et étaient rayées des états de solde du Roi. En théorie !!..car en pratique si le roi avait des problèmes de liquidités, ou que le parlement anglais ne voulait pas fournir les capitaux, ces compagnies restaient en France et se nourrissaient sur le terrain !!
Ces troupes n'étaient donc pas permanentes, sauf dans la mesure ou il était envisageable qu'elles puissent compléter des compagnies futures recrutées en Albion. Les historiens du XIV siècle ont concentré leur attention sur les grandes chevauchées de cette période, tandis que l'image du XV siècle reste pour une grande part celle de la conquête, de l'occupation et de l'administration de la Normandie
Selon le professeur Newhall, la politique militaire était très différente pendant ces deux périodes, je cite: En général l'époque d'Edouard III et du Prince Noir était une époque de Tactique, tandis que celle de Henri V et de Bedford était une époque de Stratégie. Pour lui il est évident que dans la seconde période il y a une extension beaucoup plus forte sur notre territoire. Il nous dit que Crécy et Poitiers ont été des événement décisifs de la guerre au XIV siècle, mais que les résultats auxquels ils ont aboutis n'ont eu que peu ou pas de permanence militaire ??
Newhall continue en disant, je cite: Edouard III a été déçu dans ses tentatives de couvrir de grandes parties de la France, parce que le pays était parsemé de Châteaux, forteresses et villes fortes, que tout progrès était nécessairement très lent et qu'il fallait beaucoup d'hommes pour tenir les provinces vaincues
En conséquence Newhall pense que les campagnes de Edouard III et du Prince Noir sont devenues des raids de ravages parce qu'il a manqué de compréhension, et n'a pas saisi la vraie nature du problème militaire !!!!! il enfonce le clou en disant que son petit fils, Henri V, lui c'était occupé de cette situation
De telles idées résultent sans doute dans l'attention que Newhall a porté sur la phase de la guerre au XV siècle, plus que sur celle du XIV siècle, et bien qu'il y ait quelques réalités dans ce qu'il dit !!!, il y a de graves malentendus sur les objectifs de Edouard III et les moyens militaires et financiers dont il disposait !!!
Si prédominantes que soient les grandes expéditions du XIV siècle, il était nécessaire pour le gouvernement Anglais de maintenir des forces militaires permanentes en France au début de ce conflit qui dura 116 ans. Bien sur c'était évident pour la Guyenne, possession Anglaise depuis déjà 200 ans, mais cela devint nécessaire en Bretagne, puis à Calais, ensuite en Normandie !!!
Sans oublier les Flandres ou les Français menaçaient le commerce de la laine Anglaise. Dans toutes ces régions des garnisons anglaises sont venues s'implanter dans les villes châteaux et forteresses, financièrement l'effort exigé par le gouvernement Anglais était énorme !!!, bien plus important que le financement de forces expéditionnaires envoyées pour les chevauchées et les raids limités dans le temps !!
Bien sur c'est l'avis de professeurs et de doctes historiens, mais perso le nain rejoint l'avis de Kenneth Fowler, je ne pense pas que Edouard III avait l'intention de conquérir la France, ce n'était pas un benêt, loin s'en faut !!!, il savait pertinemment qu'il n'en avait pas les moyens. Car il faut savoir qu'à cette époque l'Angleterre comptait environ 6 millions d'âmes, alors qu'en France, selon les recensements de l'époque et les historiens, les Français étaient 16 millions !!!
De plus pour son pays c'était un gouffre financier et de nombreuses fois le parlement Anglais avait resserrés très fort les cordons de la bourse.
Rien à voir avec le XV siècle ou Henri V a profité de la guerre civile en France, de la folie d'un roi, puis du conflit entre noblesse de bourgogne et les Armagnacs, le roi d'Angleterre va profiter de la rapacité des oncles du roi fou pour s'installer tel un coucou et revendiquer la couronne de France
PS: selon les actes du colloque International de Cocherel en 1964, soit 600 ans après la bataille qui marque en cet endroit la première victoire française en 1364 de cette guerre de cent ans, ou notre, Bertrand, Breton teigneux, fait prisonnier Jean III de Grailly Captal de Bush....M de V
Les professeurs Lewis et Mac Farlane ont établis un rapport entre ces récits et l'organisation de la société Anglaise pendant la même période. Puis de chaque côté de la Manche des historiens ont publiés des détails chiffrés afin de mettre en évidence les grands profits et rançons au bénéfice de soldats Anglais et la façon dont ils étaient partagés
Nous avons ainsi l'image d'armées assez petites mais bien payées, recrutées par des contrats appelés " endentures ", passés par le roi avec les capitaines de ces compagnies et ceux ci avec leurs soldats. Ces contrats garantissaient au roi le service de soldats de métier en groupes structurés et disciplinés, et à leurs capitaines la sûreté de la solde ainsi que la protection de leurs terres et possessions en Albion
En outre ils recevaient une portion équitable des profits de la guerre (chevauchées et raids), leur voyage de retour en Angleterre était assuré, ainsi qu'une indemnité pour les chevaux perdus en service actif. C'est une image impressionnante d'une machine de guerre efficace, considérée comme très en avance sur celle de son adversaire Français, dont on ne trouve sur ce sujet aucun récit satisfaisant
Mais ce n'est pas tout, ces armées étaient fondée sur une courte durée de service, elles consistaient en forces organisées en compagnies, sous le commandement de leurs capitaines et du roi, lequel garantissait un taux de solde et des conditions fixées à l'avance. Ces troupes n'étaient pas tenues de rester en France au delà de la période nécessaire pour terminer la campagne
Quand la campagne était terminée ces compagnies retournaient en Albion et étaient rayées des états de solde du Roi. En théorie !!..car en pratique si le roi avait des problèmes de liquidités, ou que le parlement anglais ne voulait pas fournir les capitaux, ces compagnies restaient en France et se nourrissaient sur le terrain !!
Ces troupes n'étaient donc pas permanentes, sauf dans la mesure ou il était envisageable qu'elles puissent compléter des compagnies futures recrutées en Albion. Les historiens du XIV siècle ont concentré leur attention sur les grandes chevauchées de cette période, tandis que l'image du XV siècle reste pour une grande part celle de la conquête, de l'occupation et de l'administration de la Normandie
Selon le professeur Newhall, la politique militaire était très différente pendant ces deux périodes, je cite: En général l'époque d'Edouard III et du Prince Noir était une époque de Tactique, tandis que celle de Henri V et de Bedford était une époque de Stratégie. Pour lui il est évident que dans la seconde période il y a une extension beaucoup plus forte sur notre territoire. Il nous dit que Crécy et Poitiers ont été des événement décisifs de la guerre au XIV siècle, mais que les résultats auxquels ils ont aboutis n'ont eu que peu ou pas de permanence militaire ??
Newhall continue en disant, je cite: Edouard III a été déçu dans ses tentatives de couvrir de grandes parties de la France, parce que le pays était parsemé de Châteaux, forteresses et villes fortes, que tout progrès était nécessairement très lent et qu'il fallait beaucoup d'hommes pour tenir les provinces vaincues
En conséquence Newhall pense que les campagnes de Edouard III et du Prince Noir sont devenues des raids de ravages parce qu'il a manqué de compréhension, et n'a pas saisi la vraie nature du problème militaire !!!!! il enfonce le clou en disant que son petit fils, Henri V, lui c'était occupé de cette situation
De telles idées résultent sans doute dans l'attention que Newhall a porté sur la phase de la guerre au XV siècle, plus que sur celle du XIV siècle, et bien qu'il y ait quelques réalités dans ce qu'il dit !!!, il y a de graves malentendus sur les objectifs de Edouard III et les moyens militaires et financiers dont il disposait !!!
Si prédominantes que soient les grandes expéditions du XIV siècle, il était nécessaire pour le gouvernement Anglais de maintenir des forces militaires permanentes en France au début de ce conflit qui dura 116 ans. Bien sur c'était évident pour la Guyenne, possession Anglaise depuis déjà 200 ans, mais cela devint nécessaire en Bretagne, puis à Calais, ensuite en Normandie !!!
Sans oublier les Flandres ou les Français menaçaient le commerce de la laine Anglaise. Dans toutes ces régions des garnisons anglaises sont venues s'implanter dans les villes châteaux et forteresses, financièrement l'effort exigé par le gouvernement Anglais était énorme !!!, bien plus important que le financement de forces expéditionnaires envoyées pour les chevauchées et les raids limités dans le temps !!
Bien sur c'est l'avis de professeurs et de doctes historiens, mais perso le nain rejoint l'avis de Kenneth Fowler, je ne pense pas que Edouard III avait l'intention de conquérir la France, ce n'était pas un benêt, loin s'en faut !!!, il savait pertinemment qu'il n'en avait pas les moyens. Car il faut savoir qu'à cette époque l'Angleterre comptait environ 6 millions d'âmes, alors qu'en France, selon les recensements de l'époque et les historiens, les Français étaient 16 millions !!!
De plus pour son pays c'était un gouffre financier et de nombreuses fois le parlement Anglais avait resserrés très fort les cordons de la bourse.
Rien à voir avec le XV siècle ou Henri V a profité de la guerre civile en France, de la folie d'un roi, puis du conflit entre noblesse de bourgogne et les Armagnacs, le roi d'Angleterre va profiter de la rapacité des oncles du roi fou pour s'installer tel un coucou et revendiquer la couronne de France
PS: selon les actes du colloque International de Cocherel en 1964, soit 600 ans après la bataille qui marque en cet endroit la première victoire française en 1364 de cette guerre de cent ans, ou notre, Bertrand, Breton teigneux, fait prisonnier Jean III de Grailly Captal de Bush....M de V
mercredi 13 mars 2019
La " Faide " Chevaleresque au X siècle
Les grands de cette époque ne cessent de se brouiller et de se réconcilier, de faire pression les uns sur les autres, directement ou indirectement. Il s'agit pour eux de se répartir les Comtés et les Châteaux, et par la on rivalise pour obtenir la meilleure position sociale possible
Les opérations de guerre, lorsqu'il y en a, sont menées par des troupes de combattants (milites) dont les plus efficaces sont à cheval et bien armés. Ils évitent en général les vraies batailles et se rencontrent dans des escarmouches ou guet-apens, faisant marches et contre marches pour aller mettre le siège devant un château, ou pour s'en retourner chez eux, de petites campagnes durant de deux à huit semaines. Les places ne se rendaient guère qu'à la suite de négociations ou de trahison de l'un des défenseurs attitrés. Mais un siège ou une chevauchée étaient surtout l'occasion de se livrer au pillage des paysans de la contrée de l'adversaire à titre de représailles contre celui ci
L'anthropologie emploie ce mot de " Faide ", pour diverses sociétés, aussi bien pour des Vendettas, que pour de véritables guerres de l'intérieur. L'auteur, D Barthélemy, nous propose de prendre le terme de " Faide Chevaleresque ", comme un type de guerre revendicatrice de biens, portant atteinte aux biens d'un autre, avec l'aide d'hommes rétribués en terres et en biens !!, mais également de vengeance, de haine mortelle, qui venge le sang à l'aide de sa Parentelle, donc liés par le sang et faisant couler celui de l'autre
La vengeance de sang n'est pas inconnue au X siècle et précisément à la fin de l'Empire Carolingien ayant permis de grandes " Faides ", fort bien analysées par Régine Le Jan (familles et pouvoirs dans le monde Franc du VII au X siècles). D'autant qu'il n'est pas impossible qu'une revendication de biens dégénère en haine de sang, il en existe un saisissant exemple dans les histoires du moine moraliste Raoul Glaber
Cependant la compétition, que nous nommeront pudiquement " politique", n'était meurtrière qu'occasionnellement, car entre gens de bonnes compagnies, s'affrontant pour des positions et des richesses, on se capture plutôt qu'on ne se tue, et l'on se donne des otages et des promesses en échange de libérations. Il s'agit en revanche de véritables actions de guerre, dans un discours sur la vengeance d'honneur !!, c'est à dire de la revendication par ces nobles de leurs droits, tels qu'ils l'apprécient dans leur entourage
Ces actions nuisent avant tout aux faibles, que sont les petites gens et paysans de l'adversaire, et en un sens cette guerre techniquement chevaleresque ne l'était pas du tout moralement. C'est une vengeance indirecte, mais fort propre à ancrer dans les esprits l'idée d'appartenance de ces hommes à leurs seigneurs. Car chacun de ces derniers en s'en prenant aux paysans de l'autre, en le visant à travers eux, lui rend le service de souligner à quels point ces pauvres bougres sont siens !!
Par le fait, le XII siècle n'aura pas vraiment à inventer la vocation des chevaliers afin de protéger les faibles et la justice, car cet idéal est déjà bien défini depuis le IX siècle !!, mais il va subir dans la pratique toutes sortes de perversions et ce à toutes les époques.
Le chevalier du temps des annales de Flodoard de Reims ( 894-966), est au service du droit, c'est à dire du sien propre !!, et s'il protège les paysans c'est avant tout les siens. Il n'est chevaleresque qu'avec le chevalier ennemi, auquel le lie une connivence à demi consciente, et il va le ménager en vue d'une réconciliation future, celle ci se trouve toujours assez proche puisqu'il s'agit bien moins souvent de querelle de sang, que de lutte pour des avantages matériels ou territoriaux, ceux ci étant plus facilement compensables et négociable qu'un meurtre !!
Mais il le ménage aussi afin de se concilier l'opinion " noble et défendable ", à tout le moins lors d'un plaid judiciaire. Par la, il espère se rallier ceux qui ayant des liens avec les deux parties, auront à choisir leur camp, ou à s'interposer comme négociateurs. Or donc, entre eux, les chevaliers du IX et X siècles auront quelques beaux gestes de clémence et d'estime.
Encore faut il préciser que la ruse, les coups tordus, les actes d'inclémence ne sont pas rares, et nos preux chevaliers du haut moyen âge , dans la réalité des choses ne seront jamais qu'à demi chevaleresque et encore qu'envers ceux de leur caste !!!
Pour autant on peut montrer que dans l'idéologie, un annaliste comme Flodoard de Reims, pour sobre et factuel qu'il soit, participe lui même à cette violence symbolique, tant dans ses petits développements que dans certains mots qu'il emploie !!!. A l'en croire les actes de guerre sont argumentés et ciblés, il épouse donc les raisons des protagonistes et fait paraître toute naturelle la Faide chevaleresque
PS: Les vrais victimes restent donc les paysans et au moment de la paix, les chevaliers se tiennent quittes, par concessions équilibrées des torts faits aux paysans de l'autre !!! Une autre idée du chevalier n'est ce pas ????
Sur un texte de D Barthélemy, ancien élève de G Duby, il est professeur à l'Université de Paris Sorbonne, il a publié deux ouvrages chez Fayard la mutation de l'an mil a t'elle eu lieu..et l'an mil et la paix de Dieu ...M de V
Les opérations de guerre, lorsqu'il y en a, sont menées par des troupes de combattants (milites) dont les plus efficaces sont à cheval et bien armés. Ils évitent en général les vraies batailles et se rencontrent dans des escarmouches ou guet-apens, faisant marches et contre marches pour aller mettre le siège devant un château, ou pour s'en retourner chez eux, de petites campagnes durant de deux à huit semaines. Les places ne se rendaient guère qu'à la suite de négociations ou de trahison de l'un des défenseurs attitrés. Mais un siège ou une chevauchée étaient surtout l'occasion de se livrer au pillage des paysans de la contrée de l'adversaire à titre de représailles contre celui ci
L'anthropologie emploie ce mot de " Faide ", pour diverses sociétés, aussi bien pour des Vendettas, que pour de véritables guerres de l'intérieur. L'auteur, D Barthélemy, nous propose de prendre le terme de " Faide Chevaleresque ", comme un type de guerre revendicatrice de biens, portant atteinte aux biens d'un autre, avec l'aide d'hommes rétribués en terres et en biens !!, mais également de vengeance, de haine mortelle, qui venge le sang à l'aide de sa Parentelle, donc liés par le sang et faisant couler celui de l'autre
La vengeance de sang n'est pas inconnue au X siècle et précisément à la fin de l'Empire Carolingien ayant permis de grandes " Faides ", fort bien analysées par Régine Le Jan (familles et pouvoirs dans le monde Franc du VII au X siècles). D'autant qu'il n'est pas impossible qu'une revendication de biens dégénère en haine de sang, il en existe un saisissant exemple dans les histoires du moine moraliste Raoul Glaber
Cependant la compétition, que nous nommeront pudiquement " politique", n'était meurtrière qu'occasionnellement, car entre gens de bonnes compagnies, s'affrontant pour des positions et des richesses, on se capture plutôt qu'on ne se tue, et l'on se donne des otages et des promesses en échange de libérations. Il s'agit en revanche de véritables actions de guerre, dans un discours sur la vengeance d'honneur !!, c'est à dire de la revendication par ces nobles de leurs droits, tels qu'ils l'apprécient dans leur entourage
Ces actions nuisent avant tout aux faibles, que sont les petites gens et paysans de l'adversaire, et en un sens cette guerre techniquement chevaleresque ne l'était pas du tout moralement. C'est une vengeance indirecte, mais fort propre à ancrer dans les esprits l'idée d'appartenance de ces hommes à leurs seigneurs. Car chacun de ces derniers en s'en prenant aux paysans de l'autre, en le visant à travers eux, lui rend le service de souligner à quels point ces pauvres bougres sont siens !!
Par le fait, le XII siècle n'aura pas vraiment à inventer la vocation des chevaliers afin de protéger les faibles et la justice, car cet idéal est déjà bien défini depuis le IX siècle !!, mais il va subir dans la pratique toutes sortes de perversions et ce à toutes les époques.
Le chevalier du temps des annales de Flodoard de Reims ( 894-966), est au service du droit, c'est à dire du sien propre !!, et s'il protège les paysans c'est avant tout les siens. Il n'est chevaleresque qu'avec le chevalier ennemi, auquel le lie une connivence à demi consciente, et il va le ménager en vue d'une réconciliation future, celle ci se trouve toujours assez proche puisqu'il s'agit bien moins souvent de querelle de sang, que de lutte pour des avantages matériels ou territoriaux, ceux ci étant plus facilement compensables et négociable qu'un meurtre !!
Mais il le ménage aussi afin de se concilier l'opinion " noble et défendable ", à tout le moins lors d'un plaid judiciaire. Par la, il espère se rallier ceux qui ayant des liens avec les deux parties, auront à choisir leur camp, ou à s'interposer comme négociateurs. Or donc, entre eux, les chevaliers du IX et X siècles auront quelques beaux gestes de clémence et d'estime.
Encore faut il préciser que la ruse, les coups tordus, les actes d'inclémence ne sont pas rares, et nos preux chevaliers du haut moyen âge , dans la réalité des choses ne seront jamais qu'à demi chevaleresque et encore qu'envers ceux de leur caste !!!
Pour autant on peut montrer que dans l'idéologie, un annaliste comme Flodoard de Reims, pour sobre et factuel qu'il soit, participe lui même à cette violence symbolique, tant dans ses petits développements que dans certains mots qu'il emploie !!!. A l'en croire les actes de guerre sont argumentés et ciblés, il épouse donc les raisons des protagonistes et fait paraître toute naturelle la Faide chevaleresque
PS: Les vrais victimes restent donc les paysans et au moment de la paix, les chevaliers se tiennent quittes, par concessions équilibrées des torts faits aux paysans de l'autre !!! Une autre idée du chevalier n'est ce pas ????
Sur un texte de D Barthélemy, ancien élève de G Duby, il est professeur à l'Université de Paris Sorbonne, il a publié deux ouvrages chez Fayard la mutation de l'an mil a t'elle eu lieu..et l'an mil et la paix de Dieu ...M de V
vendredi 8 mars 2019
N°295) Jehan Froissart raconte le bal des Ardents
Il y avait la un jeune écuyer de Normandie qui avait pour nom Hugonin de Guisay, lequel en son particulier, s'avisa de faire un divertissement afin de complaire au roi et aux dames. Le jour des Noces fut un mardi avant la chandeleur, sur ce soir d'hiver il fit porter et mettre en une chambre six habits de toile, qu'il fit parsemer de fin fils de lin teintés aux couleurs de cheveux !!
Le moment venu, après le repas il en fit revêtir un au roi, puis un autre au Comte de Joigny, le troisième à messire Charles de Poitiers, puis un à messire Yvain de Galles Bâtard de Foix, le cinquième au fils de Monseigneur de Nantouillet, puis se vêtit du sixième. Quand ils furent tous dedans enfermés et cousus, ils semblaient être des hommes sauvages, car ils étaient comme couverts de poils de la tête à la plante des pieds !!
Cette idée plaisait fort au roi de France et il en savait grand grè à l'écuyer qui l'avait imaginé. Ils s'étaient revêtus si secrètement dans cette chambre que nul en l'hôtel ne savait rien de cette affaire !, sauf eux mêmes et les valets qui les avaient habillés.
Messire Yvain de Foix eut en pensée le danger de ces costumes, et de ce qu'il pourrait en advenir, aussi dit il au roi " sire faites commander bien sévèrement que l'on ne nous approche avec des torches !!, car si on le faisait et que l'air du feu entrât dans ces habits dont nous sommes déguisés, le poil prendrait l'air du feu et nous serions brûlés et perdus sans remède je vous le dit ! "
Au nom de Dieu dit le roi, vous parlez bien et sagement, il en sera fait ainsi. Le roi fit donc défense aux valets de les suivre avec des torches, puis fit venir l'huissier d'armes qui se trouvait à l'entrée de la chambre et lui dit " va t'en en salle ou l'on danse et commande de par le roi, que toutes les torches se retirent à part et que nul ne s'approche des six hommes qui vont venir !!
L'huissier fit son commandement, tant et si bien que ceux qui tenaient des torches se retirèrent à part, dans la salle ne demeurait plus que les dames et demoiselles, ainsi que les chevaliers et écuyers qui dansaient.
A quelques temps de la arriva le Duc d'Orléans, accompagné de quatre chevaliers et six porteurs de torches, qui ne savaient rien du commandement du roi, il commença par regarder les danses puis dansa lui même. A ce moment voici venir les hommes sauvages et le roi, il n'y avait ni hommes ni femmes qui pût les reconnaître !. Cinq étaient attachés entre eux et le roi menait le cortège, on ne s'occupa plus que de les regarder et personne ne songea plus aux torches !!
Le roi se sépara de ses compagnons pour aller vers les dames, ce qui fut heureux!!, et s'en vint vers la Duchesse de Berry, sa tante, qui était aussi la plus jeune. La Duchesse par gaieté le prit et voulait à toute force savoir qui il était ?, le roi par jeu ne voulait point se nommer, la Duchesse dit alors " vous ne m'échapperez point sans que je sache votre nom "
En ce désordre survint le grand malheur dont le Duc d'Orléans fut la cause, quoique la jeunesse et peut être l'ignorance en furent causes ??. Il voulu lui aussi à tout prix savoir qui étaient ces sauvages et pendant que les cinq autres dansaient, il abaissa la torche que tenait l'un de ses valets si prêt que la chaleur entra dans le lin d'un habit !!
Vous savez que l'on ne peut éteindre le Lin quand il est enflammé, et la flamme échauffa la poix par laquelle les fils de lin étaient fixés à l'habit de toile, le feu s'en prit aux chemises garnies de Lin et de poix des autres qui se mirent à brûler et ceux qui les portaient commencèrent à pousser des cris horribles
Certains chevaliers s'avancèrent pour les aider, mais la chaleur de la poix brûlait les mains et ils en furent tous blessés. L'un des cinq, Nantouillet, s'avisant que l'office était proche y courut et se jeta dans un cuvier plein d'eau ou l'on rinçait les verres, ce qui le sauva d'être brûlé et tué comme les autres
Dans la salle le désordre, la douleur et les cris étaient tels que l'on ne savait que faire. La Duchesse de Berry sauva le roi en le cachant de sa robe dont elle le couvrit pour qu'il échappe au feu, le roi voulait la quitter à toute force, " ou voulez vous aller dit elle !! vos compagnons brûlent, mais qui êtes vous ??, je suis le roi dit il !....Ah monseigneur allez vite mettre un autre habit afin que la reine vous voie, car elle est dans une grande inquiétude
Ainsi fit le roi et s'en vint dans sa chambre et se fit déshabiller, puis revêtit un habit et vint ensuite vers la reine, pendant ce temps le bâtard de Foix qui brûlait criait à haute voix sauvez le roi, sauvez le roi. Vraiment il fut sauvé de la manière que je vous dit, lorsqu'il se sépara de ses compagnons pour aller vers les dames, car s'il fut demeuré avec eux il était perdu et mort sans remède
Dans la salle de l'hôtel Saint Pol, vers minuit, le spectacle et l'odeur étaient horribles, que c'était grande pitié à voir et à sentir !!! Des quatre qui brûlaient deux moururent sur place, et le feu s'éteignant, le Bâtard de Foix et le Comte de Joigny furent portés en leurs en leurs hôtels ou ils moururent dans les deux jours à grande peine et martyre !!!
PS: La traduction est de votre copiste le nain, soyez indulgent, la transcription de Froissart n'est pas dès plus simple M de V
jeudi 7 mars 2019
Le Bijou Emblématique à la fin du Moyen âge
Obsession aristocratique par excellence, le souci de paraître s'intensifie au XIV et XV siècles, permettant un essor nouveau " l'Emblématique ", c'est à dire les signes servant à désigner l'identité d'un individu
Au début du XIV siècle, l'emblème est le plus souvent utilisé sous forme d'armoiries, avec pour rôle essentiellement utilitaire, d'affirmer le rang et l'identité de son porteur et notamment lors des conflits armés. Cependant la complexité croissante des armoiries les rend de moins en moins lisibles
Ceci va justifier à partir de ce siècle la diffusion de nouveaux emblèmes comme le Cimier et le Badge, afin de répondre au besoin de cette aristocratie de la fin du moyen âge (dixit le nain, de nos Paons rutilants, mangeurs de charrettes ferrées !!! )
Ce badge, quel que soit la forme qu'il revêt peu être peint, sculpté, brodé ou prendre l'aspect d'un bijou. Il sert avant tout à proclamer l'identité de son émetteur, composé d'une figure ( ou corps ), représentant un animal, un végétal ou un objet, associé parfois, ou accompagné d'une inscription appelée " le mot ", qui au fil du temps va devenir une sorte de publicité de luxe pour l'aristocratie du bas moyen âge
Puis nous avons " l'Enseigne de Livrée ", qui reproduit le badge identitaire de ce Prince sur la tenue de ses fidèles, de ses proches, ainsi que son personnel de maison. Cette reproduction aura au fil du temps une connotation politique, mais s'inscrit également dans l'emblématique. Comme l'affirme M Pastoureau, c'est le signe d'une société qui cherche dans le " paraître " une compensation au déclin de son rôle militaire, politique et économique !!
D'abord réservé à l'usage unique du grand Feudataire et apposé sur ses effets personnels il sera peu à peu diffusé lors des " livrées ". La coutume de la livrée se produisait une à deux fois par an selon les maisons, le prince remettait à son personnel et ses proches des vêtements, des broderies ou des enseignes (insignes), mais aussi sous forme de cadeaux à ses fidèles. Celui ci servait le plus souvent de signe de reconnaissance ou de ralliement lors de luttes entre des maisons rivales !!!
Certains badges de ces princes se présentaient sous forme de colliers, de broches ou d'enseignes ( insignes ). Il étaient Façonnés dans les métaux les plus divers, or, argent, recouverts d'émaux, voir enrichis de pierres précieuses. Il est évident que pour le personnel ces représentations étaient de plomb ou d'étain, reproduisant dans cet alliage et à moindre coût le badge du maître de maison. tout cela était fonction de la richesse personnelle de ce grand personnage du royaume
La popularité du badge s'explique par l'absence de règles précises comme l'héraldique. Le prince pouvait laisser libre court à sa fantaisie, son goût, sa culture, voir même son humour. Le badge semble d'origine Anglaise dès le début du règne de Edouard III, par contre son introduction chez nous est contemporaine du règne de Jean II le bon, mais fort peu répandue !!
Il faut attendre la fin du XIV siècle et Charles VI le Fou pour que le badge devienne un emblème d'usage courant au sein de notre aristocratie. Il semble acquis chez nos historiens que le contexte de la guerre de cent ans ai favorisé l'introduction du badge en France, en raison des contacts fréquents entre les cours de France et d'Angleterre
Prenons l'exemple Anglais de John Talbot, Comte de Shrewsbury, possédait pour badge " un Talbot ", chien dont la race est aujourd'hui éteinte. Dans un poème on parle de John Talbot retenu prisonnier en France entre 1449 et 1453, ou il est désigné comme suit " le garde de notre porte est enchaîné, c'est Talbot notre bon chien "
Dans la maison d'un grand du royaume les enseignes (insignes) dits de livrée sont portés sous formes de petites broches sur les vêtements et apparaissent comme des témoignages d'allégeance par les fidèles et les membres de sa maison et arborées de façon ostentatoire sur la poitrine ou le couvre chef. Ce qui n'allait pas sans orions et coups de pieds de par le cul, quand des personnes de deux maisons rivales se rencontraient !!...Wouais ben on fait pas mieux maintenant hein !!!!!
En France, Jean sans peur, Duc de bourgogne, distribua son badge " au Rabot ", sous forme de broches d'or garnies de saphirs, de diamants et de perles à ses chevaliers et ses fidèles, mais son train de maison et ses serviteurs ne portaient que de simples insignes de plomb ou d'étain. Y a des limites tout de même hein !!!!!!
Dans la guerre emblématique qui précéda la guerre civile au XV siècle il y eut deux badges célèbres, ceux de Louis d'Orléans et de Jean sans Peur, tous deux chefs de factions opposées. Louis avait prit pour badge un bâton noueux, sorte de gourdin chargé de noeuds protubérants, avec la légende (le mot), " je le tiens ", qui bien sur s'adressait à Jean. Ce dernier comme nous l'avons dit plus haut avait lui opté pour le Rabot, afin de dégauchir les inégalités du gourdin menaçant de son ennemi de cousin !!. Ha ils avaient de l'humour hein !!!!!
Albion connut aussi quelques années plus tard une guerre civile " la guerre des deux roses ", lutte pour le pouvoir entre la maison d'York qui avait pour badge une rose blanche et la maison de Lancastre, qui avait pour emblème la rose rouge, elles permettaient de renforcer les liens entre partisans et jouaient le rôle de signe de reconnaissance et de ralliement
PS: la documentation provient de la BNF, sur un texte de D Bruna....M de V
Au début du XIV siècle, l'emblème est le plus souvent utilisé sous forme d'armoiries, avec pour rôle essentiellement utilitaire, d'affirmer le rang et l'identité de son porteur et notamment lors des conflits armés. Cependant la complexité croissante des armoiries les rend de moins en moins lisibles
Ceci va justifier à partir de ce siècle la diffusion de nouveaux emblèmes comme le Cimier et le Badge, afin de répondre au besoin de cette aristocratie de la fin du moyen âge (dixit le nain, de nos Paons rutilants, mangeurs de charrettes ferrées !!! )
Ce badge, quel que soit la forme qu'il revêt peu être peint, sculpté, brodé ou prendre l'aspect d'un bijou. Il sert avant tout à proclamer l'identité de son émetteur, composé d'une figure ( ou corps ), représentant un animal, un végétal ou un objet, associé parfois, ou accompagné d'une inscription appelée " le mot ", qui au fil du temps va devenir une sorte de publicité de luxe pour l'aristocratie du bas moyen âge
Puis nous avons " l'Enseigne de Livrée ", qui reproduit le badge identitaire de ce Prince sur la tenue de ses fidèles, de ses proches, ainsi que son personnel de maison. Cette reproduction aura au fil du temps une connotation politique, mais s'inscrit également dans l'emblématique. Comme l'affirme M Pastoureau, c'est le signe d'une société qui cherche dans le " paraître " une compensation au déclin de son rôle militaire, politique et économique !!
D'abord réservé à l'usage unique du grand Feudataire et apposé sur ses effets personnels il sera peu à peu diffusé lors des " livrées ". La coutume de la livrée se produisait une à deux fois par an selon les maisons, le prince remettait à son personnel et ses proches des vêtements, des broderies ou des enseignes (insignes), mais aussi sous forme de cadeaux à ses fidèles. Celui ci servait le plus souvent de signe de reconnaissance ou de ralliement lors de luttes entre des maisons rivales !!!
Certains badges de ces princes se présentaient sous forme de colliers, de broches ou d'enseignes ( insignes ). Il étaient Façonnés dans les métaux les plus divers, or, argent, recouverts d'émaux, voir enrichis de pierres précieuses. Il est évident que pour le personnel ces représentations étaient de plomb ou d'étain, reproduisant dans cet alliage et à moindre coût le badge du maître de maison. tout cela était fonction de la richesse personnelle de ce grand personnage du royaume
La popularité du badge s'explique par l'absence de règles précises comme l'héraldique. Le prince pouvait laisser libre court à sa fantaisie, son goût, sa culture, voir même son humour. Le badge semble d'origine Anglaise dès le début du règne de Edouard III, par contre son introduction chez nous est contemporaine du règne de Jean II le bon, mais fort peu répandue !!
Il faut attendre la fin du XIV siècle et Charles VI le Fou pour que le badge devienne un emblème d'usage courant au sein de notre aristocratie. Il semble acquis chez nos historiens que le contexte de la guerre de cent ans ai favorisé l'introduction du badge en France, en raison des contacts fréquents entre les cours de France et d'Angleterre
Prenons l'exemple Anglais de John Talbot, Comte de Shrewsbury, possédait pour badge " un Talbot ", chien dont la race est aujourd'hui éteinte. Dans un poème on parle de John Talbot retenu prisonnier en France entre 1449 et 1453, ou il est désigné comme suit " le garde de notre porte est enchaîné, c'est Talbot notre bon chien "
Dans la maison d'un grand du royaume les enseignes (insignes) dits de livrée sont portés sous formes de petites broches sur les vêtements et apparaissent comme des témoignages d'allégeance par les fidèles et les membres de sa maison et arborées de façon ostentatoire sur la poitrine ou le couvre chef. Ce qui n'allait pas sans orions et coups de pieds de par le cul, quand des personnes de deux maisons rivales se rencontraient !!...Wouais ben on fait pas mieux maintenant hein !!!!!
En France, Jean sans peur, Duc de bourgogne, distribua son badge " au Rabot ", sous forme de broches d'or garnies de saphirs, de diamants et de perles à ses chevaliers et ses fidèles, mais son train de maison et ses serviteurs ne portaient que de simples insignes de plomb ou d'étain. Y a des limites tout de même hein !!!!!!
Dans la guerre emblématique qui précéda la guerre civile au XV siècle il y eut deux badges célèbres, ceux de Louis d'Orléans et de Jean sans Peur, tous deux chefs de factions opposées. Louis avait prit pour badge un bâton noueux, sorte de gourdin chargé de noeuds protubérants, avec la légende (le mot), " je le tiens ", qui bien sur s'adressait à Jean. Ce dernier comme nous l'avons dit plus haut avait lui opté pour le Rabot, afin de dégauchir les inégalités du gourdin menaçant de son ennemi de cousin !!. Ha ils avaient de l'humour hein !!!!!
Albion connut aussi quelques années plus tard une guerre civile " la guerre des deux roses ", lutte pour le pouvoir entre la maison d'York qui avait pour badge une rose blanche et la maison de Lancastre, qui avait pour emblème la rose rouge, elles permettaient de renforcer les liens entre partisans et jouaient le rôle de signe de reconnaissance et de ralliement
PS: la documentation provient de la BNF, sur un texte de D Bruna....M de V
mercredi 6 mars 2019
Eclairage au Moyen âge
Peu de gens ignorent que chez nos ancêtres les moyens d'éclairage se réduisait à l'emploi de la lampe alimentée par de l'huile, cet ustensile était si mal combiné, que l'on peu dire que son pouvoir éclairant était nul. Elle se composait généralement d'une vasque métallique formant le réservoir, sur lequel on pratiquait un bec saillant, d'ou sortait une mèche composée de plusieurs fils entortillés, quelques fois cette mèche était placée au centre du réservoir
Elle était de forme bizarre chez les égyptiens, élégante chez les grecs et les romains, peu économique elle produisait constamment un filet de fumée et prodiguait une maigre lumière rougeâtre, en outre, la masse du réservoir gênait l'afflux d'air autour de la mèche. Dès lors, l'air étant insuffisant, l'huile ne brûlait pas entièrement, une partie de ce liquide se réduisait en vapeurs âcres et irritantes
Pendant le Moyen âge, aucune amélioration ne fut apportée à cette lampe venant de l'antiquité, on l'utilisait toujours dans les mêmes dispositions. Mais petit à petit l'usage de la chandelle va se généraliser, car rien n'était plus facile que de fabriquer des chandelles
Il suffisait de prendre du suif de mouton que l'on mélangeait à du suif de boeuf, de fondre, puis de couler le mélange dans des moules cylindriques, pourvus à l'avance d'une mèche tressée à l'intérieur, celle ci était le plus souvent en corde de chanvre. Grossièrement façonnée au début, la chandelle acquit une certaine perfection quand on apprit à fabriquer les chandelles avec le procédé dit " à la baguette ", c'est à dire par l'immersion directe des mèches dans le suif fondu
Notre chandelle remplacera souvent la lampe. Or donc de la chaumière du Vilain, celle du Bourgeois, ou du noble tout le monde s'éclairait au moyen au moyen de cette fumeuse et malodorante chandelle, il semble même que le Roi (hormis peut être dans son privé), se trouvait pour l'éclairage au même niveau que ses sujets
Ce moyen se répandit surtout dans les pays du nord de l'Europe, car pour le midi de la France, l'Italie et l'Espagne l'abondance et le bas prix de l'huile rendait inutile ce procédé nauséabond !!!
En France les Bouchers fondaient la graisse et fabriquaient eux même les chandelles, du moins jusqu'à ce que le métier de Chandelier voit le jour et que ces gens de métier forment une corporation vers 1016, mais ne seront régularisés par un statut que bien plus tard
La Lanterne fut imaginée au début du moyen âge, c'était une enveloppe de métal pourvue sur un ou deux côtés de lames de cornes transparentes. Elle renfermait selon sa taille, soit une petite lampe ou une chandelle, ces lanternes se fabriquaient chez les Peigniers-Tabletiers, qui avaient le privilège de travailler la corne
Ces lanternes se portaient à la main, on en trouvait aussi parfois sous une statue pieuse, ou encore à la poterne d'entrée des Couvents, Monastères et Abbayes. Mais jamais aux carrefours des rues, car larrons et marchands de mort subite auraient tôt fait de la faire disparaître, afin de pratiquer leurs méfaits en toute tranquillité, les rues étaient de vrais coupes gorge une fois l'heure du couvre feux venue ( voir article ) !!!!!
Bien sur vous allez me dire " Ho !! et la bougie hein ", on se calme !!! la chandelle de suif pour les pauvres et la bougie de cire pour les gens fortunés, car si le Roi en son privé s'éclairait à la bougie et quelques privilégiés fortunés aussi c'était fort rare
La cire était alors importée par les vénitiens, maîtres du commerce avec l'Orient, le prix de la matière brut était donc déjà très élevé, je ne vous parle donc pas du prix de la bougie après la transformation de la matière!!
On entourait parfois les chandelles de suif avec de la cire, ce qui donnait une chandelle plus économique. Le prix des bougies de cire restera toujours très élevé, même au Bas moyen âge des XIII, XIV et XV siècles
PS: même au XVII et XVIII siècles beaucoup de gens utilisaient encore la chandelle de suif dans leurs demeures, la documentation provient de la BNF, comme il se doit M de V
Elle était de forme bizarre chez les égyptiens, élégante chez les grecs et les romains, peu économique elle produisait constamment un filet de fumée et prodiguait une maigre lumière rougeâtre, en outre, la masse du réservoir gênait l'afflux d'air autour de la mèche. Dès lors, l'air étant insuffisant, l'huile ne brûlait pas entièrement, une partie de ce liquide se réduisait en vapeurs âcres et irritantes
Pendant le Moyen âge, aucune amélioration ne fut apportée à cette lampe venant de l'antiquité, on l'utilisait toujours dans les mêmes dispositions. Mais petit à petit l'usage de la chandelle va se généraliser, car rien n'était plus facile que de fabriquer des chandelles
Il suffisait de prendre du suif de mouton que l'on mélangeait à du suif de boeuf, de fondre, puis de couler le mélange dans des moules cylindriques, pourvus à l'avance d'une mèche tressée à l'intérieur, celle ci était le plus souvent en corde de chanvre. Grossièrement façonnée au début, la chandelle acquit une certaine perfection quand on apprit à fabriquer les chandelles avec le procédé dit " à la baguette ", c'est à dire par l'immersion directe des mèches dans le suif fondu
Notre chandelle remplacera souvent la lampe. Or donc de la chaumière du Vilain, celle du Bourgeois, ou du noble tout le monde s'éclairait au moyen au moyen de cette fumeuse et malodorante chandelle, il semble même que le Roi (hormis peut être dans son privé), se trouvait pour l'éclairage au même niveau que ses sujets
Ce moyen se répandit surtout dans les pays du nord de l'Europe, car pour le midi de la France, l'Italie et l'Espagne l'abondance et le bas prix de l'huile rendait inutile ce procédé nauséabond !!!
En France les Bouchers fondaient la graisse et fabriquaient eux même les chandelles, du moins jusqu'à ce que le métier de Chandelier voit le jour et que ces gens de métier forment une corporation vers 1016, mais ne seront régularisés par un statut que bien plus tard
La Lanterne fut imaginée au début du moyen âge, c'était une enveloppe de métal pourvue sur un ou deux côtés de lames de cornes transparentes. Elle renfermait selon sa taille, soit une petite lampe ou une chandelle, ces lanternes se fabriquaient chez les Peigniers-Tabletiers, qui avaient le privilège de travailler la corne
Ces lanternes se portaient à la main, on en trouvait aussi parfois sous une statue pieuse, ou encore à la poterne d'entrée des Couvents, Monastères et Abbayes. Mais jamais aux carrefours des rues, car larrons et marchands de mort subite auraient tôt fait de la faire disparaître, afin de pratiquer leurs méfaits en toute tranquillité, les rues étaient de vrais coupes gorge une fois l'heure du couvre feux venue ( voir article ) !!!!!
Bien sur vous allez me dire " Ho !! et la bougie hein ", on se calme !!! la chandelle de suif pour les pauvres et la bougie de cire pour les gens fortunés, car si le Roi en son privé s'éclairait à la bougie et quelques privilégiés fortunés aussi c'était fort rare
La cire était alors importée par les vénitiens, maîtres du commerce avec l'Orient, le prix de la matière brut était donc déjà très élevé, je ne vous parle donc pas du prix de la bougie après la transformation de la matière!!
On entourait parfois les chandelles de suif avec de la cire, ce qui donnait une chandelle plus économique. Le prix des bougies de cire restera toujours très élevé, même au Bas moyen âge des XIII, XIV et XV siècles
PS: même au XVII et XVIII siècles beaucoup de gens utilisaient encore la chandelle de suif dans leurs demeures, la documentation provient de la BNF, comme il se doit M de V
mardi 5 mars 2019
Pour remettre les pendules à l'heure
En hommage à J Flori, mort en 2018 ( RIP), disciple de G Buby et spécialiste, en tant que directeur de recherche au CNRS, de la chevalerie.
Remettons avec lui les pendules à l'heure, foin de ces personnes qui s'équipant d'armures rutilantes le WE, se parent du titre de Médiéviste, sans même avoir fait les études correspondantes, il faut raison garder et dans ce domaine le titre de Reconstituteur suffit à la tâche. On sait le débat qui, depuis plus de 30 ans oppose les meilleurs historiens de la société médiévale à propos des rapports qu'il convient d'établir entre Noblesse et Chevalerie à partir des XI et XII siècles
Tandis que les uns soulignaient à juste titre le caractère interchangeable des termes " Miles " et " Nobilis ", dans certains documents Latins, et diplomatiques en particulier, ainsi que la réelle conscience d'appartenir à une classe dominante qui unissait entre eux, tous les membres du groupe Aristocratique dont les " Milites " faisaient partie
Les autres, avec autant de raisons, insistaient sur l'hétérogénéité de cette classe aristocratique ainsi définie. Ils remarquaient que la Noblesse de cette époque, était avant tout fondée sur la naissance, et sur l'appartenance à un lignage clairement revendiqué. Pour eux Noblesse et Chevalerie ne sauraient être confondues avant le moyen âge tardif, voir XIV et XV siècles dans certaines régions !!!
Selon certains la noblesse " de droit ", serait issue de la noblesse " de fait ", les autres niaient cette filiation en rappelant que la noblesse est antérieure à la chevalerie, et repose sur des critères qui ne doivent rien à la chevalerie, comme la naissance, l'appartenance à un sang illustre, ou la revendication d'un lignage
Ces positions si radicalement opposées, fondées sur l'étude de documents irréfutables, mais issus de régions différentes, ont inspiré depuis trente ans un grand nombre de thèses de grandes valeur. Ainsi peu à peu se dessinait une sorte de consensus, qui pour la plupart des régions de France, conduisait à distinguer la chevalerie de la noblesse, qui lui était antérieure, et au sein de laquelle les chevaliers parvinrent à se glisser au terme d'une lente et progressive ascension d'ordre social autant qu'idéologique !!
Ce n'est qu'au moyen âge tardif que l'aristocratie, qui filtrait en son sein l'accès à la chevalerie par le rite de l'adoubement, met en place une nouvelle exigence, la naissance. Cette exigence fige alors la société, et crée la noblesse issue de la chevalerie. Désormais l'aristocratie n'est plus constituée que de familles pouvant revendiquer un ancêtre Chevalier
Votre copiste le nain dirait, en langage plus imagé, qu'ils passaient leur temps à vanter les exploits de leur ancêtres, en ne participants plus qu'à des tournois, afin de ne plus prendre de raclées sur les champs de batailles
La distinction sociale entre les couches élevées de l'aristocratie et le niveau beaucoup plus modeste qu'occupaient les chevaliers ordinaires va perdurer jusqu'à la fin du XII siècle
Dans les chansons de geste, tous les héros, nous sont décrits l'épée à la main, ou bien chargeant les Sarrasins lance basse, c'est à dire en chevaliers !! Ces chansons témoignent de la faveur considérable dont jouissait la pratique guerrière auprès des couches aristocratiques !!
Mais cela n'implique pas que tous les chevaliers aient appartenu à l'aristocratie et moins encore à la noblesse !!! Il est certain cependant, que l'accent mis sur les capacités guerrières, contribua à la promotion de la chevalerie, et à l'adoption par l'aristocratie des valeurs dites " chevaleresques ", rapprochant ainsi l'élite guerrière de l'élite sociale !!
C'est par ce moyen selon J Flori, que se réalisa la fusion entre les deux entités. Sur le plan idéologique cette fusion s'accomplit au moyen âge tardif
PS: documentation BNF sur un texte de J Flori ..M de V
Remettons avec lui les pendules à l'heure, foin de ces personnes qui s'équipant d'armures rutilantes le WE, se parent du titre de Médiéviste, sans même avoir fait les études correspondantes, il faut raison garder et dans ce domaine le titre de Reconstituteur suffit à la tâche. On sait le débat qui, depuis plus de 30 ans oppose les meilleurs historiens de la société médiévale à propos des rapports qu'il convient d'établir entre Noblesse et Chevalerie à partir des XI et XII siècles
Tandis que les uns soulignaient à juste titre le caractère interchangeable des termes " Miles " et " Nobilis ", dans certains documents Latins, et diplomatiques en particulier, ainsi que la réelle conscience d'appartenir à une classe dominante qui unissait entre eux, tous les membres du groupe Aristocratique dont les " Milites " faisaient partie
Les autres, avec autant de raisons, insistaient sur l'hétérogénéité de cette classe aristocratique ainsi définie. Ils remarquaient que la Noblesse de cette époque, était avant tout fondée sur la naissance, et sur l'appartenance à un lignage clairement revendiqué. Pour eux Noblesse et Chevalerie ne sauraient être confondues avant le moyen âge tardif, voir XIV et XV siècles dans certaines régions !!!
Selon certains la noblesse " de droit ", serait issue de la noblesse " de fait ", les autres niaient cette filiation en rappelant que la noblesse est antérieure à la chevalerie, et repose sur des critères qui ne doivent rien à la chevalerie, comme la naissance, l'appartenance à un sang illustre, ou la revendication d'un lignage
Ces positions si radicalement opposées, fondées sur l'étude de documents irréfutables, mais issus de régions différentes, ont inspiré depuis trente ans un grand nombre de thèses de grandes valeur. Ainsi peu à peu se dessinait une sorte de consensus, qui pour la plupart des régions de France, conduisait à distinguer la chevalerie de la noblesse, qui lui était antérieure, et au sein de laquelle les chevaliers parvinrent à se glisser au terme d'une lente et progressive ascension d'ordre social autant qu'idéologique !!
Ce n'est qu'au moyen âge tardif que l'aristocratie, qui filtrait en son sein l'accès à la chevalerie par le rite de l'adoubement, met en place une nouvelle exigence, la naissance. Cette exigence fige alors la société, et crée la noblesse issue de la chevalerie. Désormais l'aristocratie n'est plus constituée que de familles pouvant revendiquer un ancêtre Chevalier
Votre copiste le nain dirait, en langage plus imagé, qu'ils passaient leur temps à vanter les exploits de leur ancêtres, en ne participants plus qu'à des tournois, afin de ne plus prendre de raclées sur les champs de batailles
La distinction sociale entre les couches élevées de l'aristocratie et le niveau beaucoup plus modeste qu'occupaient les chevaliers ordinaires va perdurer jusqu'à la fin du XII siècle
Dans les chansons de geste, tous les héros, nous sont décrits l'épée à la main, ou bien chargeant les Sarrasins lance basse, c'est à dire en chevaliers !! Ces chansons témoignent de la faveur considérable dont jouissait la pratique guerrière auprès des couches aristocratiques !!
Mais cela n'implique pas que tous les chevaliers aient appartenu à l'aristocratie et moins encore à la noblesse !!! Il est certain cependant, que l'accent mis sur les capacités guerrières, contribua à la promotion de la chevalerie, et à l'adoption par l'aristocratie des valeurs dites " chevaleresques ", rapprochant ainsi l'élite guerrière de l'élite sociale !!
C'est par ce moyen selon J Flori, que se réalisa la fusion entre les deux entités. Sur le plan idéologique cette fusion s'accomplit au moyen âge tardif
PS: documentation BNF sur un texte de J Flori ..M de V
dimanche 3 mars 2019
Les Brodeurs au Moyen âge
Venu du fin fond des âges l'art " de l'aiguille et du fil ", a été dès le haut moyen âge un travail hautement apprécié, et des témoignages écrits existent depuis le VII siècle
Des femmes de haut rang puis des spécialistes masculins et féminins l'ont illustré, vêtements ecclésiastiques ou aristocratiques, autels et manteaux, harnachements de destriers, oriflammes, murs d'églises, de châteaux, couvertures et contrepointes, ont acquis grâce à leurs ornementation brodée et leur beauté, un prestige qui rejaillissait sur les commanditaires de ces oeuvres
Les brodeurs n'ont laissés derrière eux que peu d'information sur leur métier et leur vie, car ils travaillaient en marge des autres artisans de la société médiévale. A Londres, les brodeurs se seraient regroupés pour former une guilde au XIV siècle, mais n'auraient été dotés d'une Charte qu'au XVI siècle (1561). A Paris par contre, les brodeurs ne formeront une guilde qu'au XV siècle (1471), mais à l'inverse de nos voisins d'outre Manche, ils étaient dotés de statuts à partir du XIII siècle (1292)
Les brodeurs les plus réputés au moyen âge, en Europe, étaient ceux de Londres, suivis de près par ceux de Paris
Les quelques 200 noms d'artisans Brodeurs cités dans les statuts parisiens révèlent l'étendue de la participation masculine, dans un art qui avait été considéré longtemps comme un domaine exclusivement féminin
Il y eut sans doute des dynasties familiales d'artisans brodeurs, qui tout en dirigeant leurs ateliers transmettaient le métier de génération en génération tout en formant des apprentis. Nous ne connaissons pas la taille de ces ateliers, qui devaient varier selon le lieu d'implantation, le volume des commandes et bien sur la réputation du brodeur
Certains comptaient probablement en plus du Maître des compagnons, des valets (ouvriers), et des apprentis à différents stades de leur formation. Puis d'autres ateliers, ne comptaient que le mari et la femme, avec un apprenti, qui bien souvent était leur propre enfant
C'est à partir des statuts de 1316, que nous trouvons ajouté au nom de l'artisan celui leur femme, comme formant une équipe, Jéhan d'Argenteil et sa femme, Jacques le broudeur et sa femme, Jéhan le Fournier et sa femme ou encore Nicolas de Losanne et sa femme. nous ignorons le genre d'ouvrages qu'ils exécutaient car c'était un milieu très fermé
Mais le nom d'Etienne Chevalier apparaît souvent dans les comptes royaux de la maison de France, par exemple, en 1328, notre artisan Brodeur acheta du mobilier, après le décès de Clémence de Hongrie, veuve de Louis X le Hutin !!
Il y avait entre autre, des rideaux de lits brodés en soie bleue, des housses de coussins avec des fleurs de lys et un couvre lit en soie à motifs de dauphins orné d'une bordure aux armes de Hongrie
Cette transaction nous révèle un autre aspect de la vie professionnelle des brodeurs de métier, le rachat de biens appartenant aux grands du royaume !!!
Les statuts des brodeurs exigeaient un apprentissage de huit ans, avant de devenir valet (ouvrier), puis compagnon, un des apprentissage les plus long de l'artisanat, en raison sans doute de la complexité du métier et des différentes techniques de broderies à maîtriser
Quand un brodeur avait effectué un an et un jour chez un maître en tant que compagnon, il pouvait s'établir à son compte s'il en avait les moyens bien sur
Il était fort courant d'interdire le travail de nuit dans les différents secteurs de l'artisanat, car il était problématique de travailler dans des endroits sombres à la lueurs de bougies, surtout dans un travail de précision comme la broderie
Cependant en 1316, à la demande des artisans brodeurs, le Prévôt de Paris lève l'interdiction du travail de nuit dans leurs nouveaux statuts. Mais à certaines conditions, premièrement l'urgence d'un délai de livraison, puis en cas de grosse commande et un contrôle supplémentaire de qualité pour voir si ce travail de nuit avait été bien réalisé
Les brodeurs chevronnés des grandes cités médiévales d'Europe, en particulier Londres et Paris, travaillaient pour les rois, les grands feudataires, tel que Princes, Ducs et hauts Barons, puis les grands dignitaires de l'église, Cardinaux, évêques chanoines et abbés mitrés.
Ces personnages étaient intransigeants en matière de délai de commande et de qualité du produit fini, il n'était pas bon pour le commerce de mécontenter les grands, car c'était un peu leur pub. Il suffisait qu'un artisan travaille pour tel Prince ou tel dignitaire de l'église pour que toute la haute bourgeoisie se rue chez lui....cela n'a pas changé à notre époque !!!
PS: documentation BNF et un texte de J Le Goff ...M de V
Des femmes de haut rang puis des spécialistes masculins et féminins l'ont illustré, vêtements ecclésiastiques ou aristocratiques, autels et manteaux, harnachements de destriers, oriflammes, murs d'églises, de châteaux, couvertures et contrepointes, ont acquis grâce à leurs ornementation brodée et leur beauté, un prestige qui rejaillissait sur les commanditaires de ces oeuvres
Les brodeurs n'ont laissés derrière eux que peu d'information sur leur métier et leur vie, car ils travaillaient en marge des autres artisans de la société médiévale. A Londres, les brodeurs se seraient regroupés pour former une guilde au XIV siècle, mais n'auraient été dotés d'une Charte qu'au XVI siècle (1561). A Paris par contre, les brodeurs ne formeront une guilde qu'au XV siècle (1471), mais à l'inverse de nos voisins d'outre Manche, ils étaient dotés de statuts à partir du XIII siècle (1292)
Les brodeurs les plus réputés au moyen âge, en Europe, étaient ceux de Londres, suivis de près par ceux de Paris
Les quelques 200 noms d'artisans Brodeurs cités dans les statuts parisiens révèlent l'étendue de la participation masculine, dans un art qui avait été considéré longtemps comme un domaine exclusivement féminin
Il y eut sans doute des dynasties familiales d'artisans brodeurs, qui tout en dirigeant leurs ateliers transmettaient le métier de génération en génération tout en formant des apprentis. Nous ne connaissons pas la taille de ces ateliers, qui devaient varier selon le lieu d'implantation, le volume des commandes et bien sur la réputation du brodeur
Certains comptaient probablement en plus du Maître des compagnons, des valets (ouvriers), et des apprentis à différents stades de leur formation. Puis d'autres ateliers, ne comptaient que le mari et la femme, avec un apprenti, qui bien souvent était leur propre enfant
C'est à partir des statuts de 1316, que nous trouvons ajouté au nom de l'artisan celui leur femme, comme formant une équipe, Jéhan d'Argenteil et sa femme, Jacques le broudeur et sa femme, Jéhan le Fournier et sa femme ou encore Nicolas de Losanne et sa femme. nous ignorons le genre d'ouvrages qu'ils exécutaient car c'était un milieu très fermé
Mais le nom d'Etienne Chevalier apparaît souvent dans les comptes royaux de la maison de France, par exemple, en 1328, notre artisan Brodeur acheta du mobilier, après le décès de Clémence de Hongrie, veuve de Louis X le Hutin !!
Il y avait entre autre, des rideaux de lits brodés en soie bleue, des housses de coussins avec des fleurs de lys et un couvre lit en soie à motifs de dauphins orné d'une bordure aux armes de Hongrie
Cette transaction nous révèle un autre aspect de la vie professionnelle des brodeurs de métier, le rachat de biens appartenant aux grands du royaume !!!
Les statuts des brodeurs exigeaient un apprentissage de huit ans, avant de devenir valet (ouvrier), puis compagnon, un des apprentissage les plus long de l'artisanat, en raison sans doute de la complexité du métier et des différentes techniques de broderies à maîtriser
Quand un brodeur avait effectué un an et un jour chez un maître en tant que compagnon, il pouvait s'établir à son compte s'il en avait les moyens bien sur
Il était fort courant d'interdire le travail de nuit dans les différents secteurs de l'artisanat, car il était problématique de travailler dans des endroits sombres à la lueurs de bougies, surtout dans un travail de précision comme la broderie
Cependant en 1316, à la demande des artisans brodeurs, le Prévôt de Paris lève l'interdiction du travail de nuit dans leurs nouveaux statuts. Mais à certaines conditions, premièrement l'urgence d'un délai de livraison, puis en cas de grosse commande et un contrôle supplémentaire de qualité pour voir si ce travail de nuit avait été bien réalisé
Les brodeurs chevronnés des grandes cités médiévales d'Europe, en particulier Londres et Paris, travaillaient pour les rois, les grands feudataires, tel que Princes, Ducs et hauts Barons, puis les grands dignitaires de l'église, Cardinaux, évêques chanoines et abbés mitrés.
Ces personnages étaient intransigeants en matière de délai de commande et de qualité du produit fini, il n'était pas bon pour le commerce de mécontenter les grands, car c'était un peu leur pub. Il suffisait qu'un artisan travaille pour tel Prince ou tel dignitaire de l'église pour que toute la haute bourgeoisie se rue chez lui....cela n'a pas changé à notre époque !!!
PS: documentation BNF et un texte de J Le Goff ...M de V
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