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lundi 7 janvier 2019

Les Bateliers au Moyen âge

Sous la Rome antique, les Jurisconsultes assimilaient l'eau courante à l'air et à la mer, c'est à dire à des choses " communis usus ", ou d'usage universel. Ils refusaient l'idée d'une détention, par des particuliers, ou un gouvernement, de la disposition exclusive des voies fluviales, qui priveraient ainsi la société d'avantages auxquels la nature donnait des droits incontestables. Aucune région de l'Empire n'était sillonnée d'autant de cours d'eau navigable que la Gaule. C'est ainsi que la plupart des inscriptions révèlent l'existence d'associations nautiques relatives aux Nautes Gallo Romains et particulièrement aux bateliers qui naviguaient sur le Rhône " fleuve plus important qu'aucun autre ", selon Strabon

Mais après les invasions barbares venant du nord comme de l'est et du sud, le commerce fluvial sera réduit à sa plus simple expression au début du Moyen âge







Du VII au XI siècles, la batellerie va subir de nombreuses vicissitudes, suite à cette longue phase de transformation politique et d'anarchie, ou la civilisation recule au point de presque disparaître. Ce ne sera que par intermittences que fonctionneront les organes de la vie économique.

L'usage des cours d'eau devient de plus en plus difficile et onéreux, car l'on construit barrages et moulins qui gênent la navigation, puis les chemins de halages sont envahis par des propriétaires riverains, ainsi d'étapes en étapes s'appesantit sur fleuves et rivières navigables le joug des péages seigneuriaux !!

Des causes viendront aggraver la détresse publique, au VII et au VIII siècles, ceux qui alimentaient en grande partie le trafic commercial de l'Occident sont interceptés par les conquérants Musulmans, les pirates Normands, les Saxons, infestant les embouchures des fleuves et leurs parages maritimes.








Un moment refoulés par Charlemagne ils renouvellent leurs incursions jusque dans l'intérieur de terres durant le IX et le X siècles, les Normands par exemple, sont échelonnés sur l'Escaut de Gand à Condé, sur la Somme d'Abbeville à Amiens, sur la Seine de Rouen à Melun, mais ils remontent aussi la Loire, la Charente, la Garonne et le Rhin

Dès le XI siècle l'esprit d'association s'éveille grâce aux ecclésiastiques (voir article), les artisans se rapprochent et se liguent par métier, on voit alors apparaître les rudiments des corporations se formant en Guildes et Hanses

Il suffira bien plus tard de lire le livre des métiers du prévôt Etienne Boileau (voir article), pour retrouver en Paris nos Bateliers !!








En France c'est la hanse Parisienne ou " marchandises de l'eau ", la hanse de Rouen, celle des marchands de la rivière de Loire, la compagnie des négociants en vins de Bordeaux et les ligues du Rhône. Partout du Nord au Midi on se prépare à lutter âprement contre l'arbitraire féodal !!

Il y avait donc selon toute vraisemblance parmi ces fluviaux, des bateliers qualifiés d'anciens, c'est à dire des maîtres et de jeunes bateliers ou apprentis, distinction qui dénotait une hiérarchie corporative de navigateurs fluviaux

Cet argument semble confirmé par les articles de la corporation de la batellerie de " l'Ancre de Strasbourg ", rédigé en 1350 et qui stipule qu'il y eut des bateliers depuis que la ville existe !!









La navigation intérieure facilite grandement la circulation économique des matières qui ne peuvent être utilement déplacées qu'à prix réduit, les artères navigables contribuaient au développement de la richesse et de la puissance publique, surtout en ces temps de troubles et d'insécurité, ou les communications terrestres étaient précaires, voir dangereuses, mais surtout onéreuses !!! En France, si le domaine Fluvial, contrairement à la Rome antique, appartient au Roi, les compagnies constituées dès XI et XII siècles avaient gagnées en influence et en autorité, par voie de rachat des droits de péages seigneuriaux et en assumant l'obligation d'entretenir elles mêmes les rivières.








Ces compagnies s'étaient substituées aux seigneurs riverains, exerçant à leur tour, comme sur des fiefs acquis, la police et le monopole des sections concédées. L'on voit s'élever au XIV siècle la grande communauté de la Loire, celle de la Seine, mais surtout celle de Paris, dont le prévôt devient le chef de la municipalité, les armes actuelles de la ville de Paris sont empruntées au sceau de la " marchandise de l'eau ", ou hanse parisienne

Il faut néanmoins reconnaître que les corporations sont essentiellement égoïstes, et le soin jaloux qu'elles prennent de leurs intérêts et de leurs privilèges, expose très souvent leurs relations d'affaires aux abus du régime seigneurial. Elles se disputent également les monopoles, la concurrence est féroce, ce qui les portent souvent à des mesures violentes et arbitraires



PS: une fois encore ne leurs jetons pas la pierre à notre époque c'est plus caché mais tout aussi violent non ???....la documentation provient de la BNF comme d'habitude M de V

vendredi 4 janvier 2019

Le drap " escarlate " au moyen âge

L'histoire des corporations d'arts et métiers au moyen âge est un thème qui occupe chercheurs et médiévistes de tous les pays. Depuis la publication du livre des métiers par le Prévôt royal, Etienne boileau (voir article) au XIII siècle.

Ces corporations ont été examinées sous tous les angles, organisation, rôle religieux (voir article), politique, social, économique etc..Mais le côté industriel, la partie technique, les moyens de production, l'outillage des artisans, ainsi que les procédés de fabrication méritent une étude approfondie !!

L'essai présenté en quelques pages nous donne des précisions sur l'étymologie du mot " Escarlate " et sur sa signification au moyen âge, l'auteur a pour bu de démontrer que l'histoire technologique des arts et métiers est précieuse pour l'explication de textes restés incompréhensibles. Nous entrons la, dans l'art de la draperie au moyen âge, époque ou les Flandres détenaient pour ainsi dire le monopole de la fabrication de la belle draperie fine, nous parlons la, de draps d'une beauté et d'une finesse comparable aux plus beaux produits  de notre époque moderne !!!








Le grand nombre d'historiens, médiévistes, linguistes et archéologues qui se sont occupés de l'étymologie et de la véritable signification du mot " escarlate " au moyen àge, semble pour le moins embrouillée !! En effet nous trouvons des textes de cette époque ou écarlate est tantôt employée dans le sens de " couleur rouge " et tantôt dans le sens " qualité de drap ", sans distinction de coloris ????

Nous allons grâce à l'auteur, qui produit des textes d'époque, puis les commentaires d'auteurs, essayer d'y voir plus clair, tout en essayant de ne pas voir rouge !!!, car ces textes sont en vieux français. Bref on fait ce que l'on peut !!!









Premier exemple: " item que nul drapier, chapperonnier ne autre, ne vende drap pour escarlate, se il n'est tout pur de graine, sans autre mistion de tainture quelconque " Aucun doute ici, escarlate désigne du drap rouge, teint en graine, nettement employé dans le sens de couleur !!!

Autre exemple: " de par la Duchesse de Bourgoigne, aux Baillif, nous vous prions tans acertes comme plus poons, et pour cause qui moult touche à notre honneur et notre état, que vous nous envoiez deus " Esquallates " blanches gontées de vermeil. Puis une esquallate vermoille et une autre paonace qui se traie aussi comme sur morey, c'est à dire qu'elle ait coulor de droite violete. Que ces quatre esquallates soient les meilleurs et les plus fins que l'on pourra recouvrer, combien qu'elles doient couster "








Dans ce deuxième exemple il s'agit clairement de draps fins de différentes couleurs, il nous faut donc aller chercher dans les documents concernant l'histoire de l'art !

Dans des textes de la Flandre, datant de 1385, on trouve ce mot écrit " Scarlate " et dans la langue Anglaise sous la forme de " Scarlet ". L'addition de la voyelle E aux primitifs latins commençant par SC est presque générale, mais de la même façon le SC du mot Flamand " Scarlaken " c'est transformé en " Escarlaken ", puis de la en Escarlate !!

Citons maintenant quelques historiens et spécialistes du moyen âge, ces grands anciens qui ont défricher le terrain de l'histoire pour les médiévistes du XXI siècle !!!







Du Cange, historien du XVII siècle, dit : Scarlatum, scarlata, squalata, coccus vel coccinus, vel pannus coccineus, plus loin il ajoute: Latine vero grana tinctorum unde tingitur scarlatum. Les exemples qu'il cite ne prouvent pas que le mot " scarlatum " était employé que pour désigner un drap rouge !!!

Plus loin il cite un exemple qui contredit son opinion du mot scarlatum, puisqu'il parle d'une " escarlate brune " !!...Un coup à perdre son Latin mordious !!!!

La Curne de Sainte Palaye, historien, philologue du XVIII siècle (voir article), donne d'escarlate, drap du XII siècle, signifiant étoffe pourpre, notre historien est visiblement partisan de l'acceptation d'un drap invariablement rouge !!! Pourtant il ajoute: Au XV siècle c'est une étoffe de couleurs diverses ?????

Pas cool pour y voir clair, ou ne pas voir rouge !!....désolé je divague !!








Viollet le Duc, architecte, spécialiste du moyen âge du XIX siècle, dit: parmi les étoffes de luxe et très probablement de soie, il faut citer la " pourpre " et " l'écarlate " Il y en avait de toutes couleurs et ces désignations indiquaient une qualité, non point une nuance !!

Le goût du moyen âge était aux couleurs vives et éclatantes, il semble donc tout naturel qu'on appliqua de préférence sur les draps de haut prix, comme les écarlates, la teinture la plus vive que l'on était capable de produire !! le rouge au Kermès ou à la graine, donc rien de surprenant que l'on rencontre les écarlates vermeilles et sanguines, bien plus que les autres nuances !!!








Outre le rouge très vif, on pouvait produire du jaune à la gaude pouvant se comparer par l'éclat au rouge à la graine, mais il était fort peu demandé. Les bleus clairs fait à la cuve à Guède (pastel), devaient paraître bien terne comparés à l'éclat du rouge au Kermès !!!

Le rouge étant de plus en plus demandé sur les draps fins, rien d'étonnant, diront nous, que petit à petit le drap et la couleur se confondent et que finalement " écarlate " ne signifie plus que drap fin teinté en graine....et que la graine elle même prenne au final la désignation de graine écarlate !!


PS: article en hommage à Jean Piat, éternel, Robert d'Artois le baron écarlate, documentation BNF...M de

mardi 1 janvier 2019

Jacques Bonhomme Paysan du Moyen âge

Si un personnage comme Rabelais, qui n'était pas noble, vivant dans cette période charnière entre Moyen âge et Renaissance disait, je cite: Oignez le vilain il vous poindra, poignez le vilain il vous oindra !!, que pouvaient penser la noblesse médiévale de nos paysans ????

Jacques Bonhomme est le nom du paysan Français au moyen âge, quand celui ci, Serf ou vilain, payait l'impôt du roi, puis les redevances et corvées aux seigneurs. Le pays des Jacques s'appelait autrefois la Gaule, pays magnifique, baigné par deux mers, fertile en blés, vins et huiles, couvert de belles forêts, arrosé par de grands fleuves, quantité de rivières et cours d'eau, pays capable de produire tout ce qui est nécessaire aux agréments de la vie

Mais du VI au XII siècles, sa condition d'existence matérielle était misérable parce qu'il était exposé aux exactions de maîtres avides et impitoyables









Au VIII siècle les serfs étaient encore souvent distribués comme du bétail sur le domaine du seigneur, transférés d'une terre à une autre, réunis en même masure ou séparés l'un de l'autre selon les désirs du maître, sans égards des liens de parenté s'il en existait !!

Au X siècle la condition s'élève ils sont installés par familles, la maison et le terrain voisin, bien qu'appartenant au seigneur, sont devenus pour eux " comme " une sorte d'héritage, l'isolement a cessé, remplacé par l'esprit de famille. Le Serf n'est plus la propriété direct de l'homme, il appartient à la terre et ne peut plus en être détaché, le Jacques a désormais un nom, une famille, avec une existence civile et religieuse !!

Si notre Jacques est un homme de condition inférieure, ce n'est cependant plus un esclave ni une bête de somme







La servitude romaine, puis les invasions barbares avaient détruit la population, la servitude féodale la fit renaître nombreuse !!, malgré les misères de la vie de serf on voyait paraître le sentiment de la dignité humaine.

Bien sur !, ce progrès ne venait pas des institutions féodales, mais des idées du Christianisme, proclamant que les hommes sont égaux, relevant la dignité de la femme, développant l'esprit de famille et sanctifiant le mariage

Au XII siècle, les jacques attachés à la terre sont les spectateurs passifs de la révolution communale des Bourgs et cités (voir article). Ils voient les habitants des villes se révolter contre leurs seigneurs, obtenir à prix d'argent, ou par la force des armes, des franchises, des libertés, des droits et des garanties pour les personnes !!. Le Jacques se prend à rêver .....!!







Le Jacques ne comprend pas !!...il se disait : Le tour des campagnes viendra !!. Oui bien sur mais pas au moyen âge, ni même à la renaissance, car la condition des paysans dépendaient du régime de la propriété, ils étaient gros jean comme devant !!!!

Au XIII siècle le paysan voit s'opérer des défrichements importants, les villes s'agrandir, le commerce et l'industrie se développer, les chemins sont plus sûrs, le brigandage moins fréquent. Seulement ils ne font pas partie de l'équation, les nobles, les Bourgeois et les citadins, les considèrent comme leurs terres, ils sont la pour produire et nourrir, un point c'est tout !!  Néanmoins cela marque un temps d'arrêt dans ses souffrances séculaires, le jacques n'est pas un ingrat, il se hâte même quand il le peut de se déclarer sujet du Roi









Au XIV siècle la royauté perd son caractère de justice et de paix, élan donné par Saint Louis, elle tend à l'absolutisme et travaille et fort à la destruction des communes, mais elle donne à la bourgeoisie, le bien être matériel, va tirer de son seing ses juristes dévoués et ses agents civils et l'associer au pouvoir !! La bourgeoisie acquiert de la considération et de l'influence...le tiers état émerge !!!

Quand aux Jacques plus personne ne pensent à eux, nantis et dirigeants sont bien trop occupés à se quereller entre eux, ou avec les Papes, qu'ils soient de Rome ou plus tard d'Avignon !!! Puis il y a les juifs à dépouiller de leurs biens en les accusant de tous les maux, sans oublier de brûler les templiers, faire de la fausse monnaie ou à la rogner afin de remplir leurs coffres qui sont des puits sans fond









Il espérait encore, le Jacques, il y croyait encore en ce début de siècle, mais une seule chose ne faisait pas défaut à " Jacques Bonhomme ", les qualificatifs !!!!, tous ceux qui indiquaient ses titres de misère: Vilain, Roturier, Coutumier, Mainmortable, Rustique, Corvéable, Chartulé..etc..!!

Les Seigneurs et leurs Juristes Bourgeois avaient mis des droits sur leurs vies, leurs morts, mais aussi sur la terre les maisons, les ponts et les héritages. Un auteur contemporain en comptera plus de 90 relatif à la propriété !! et les corvées prenaient le meilleur de leur temps

La marmite commençait à bouillir, ils en avaient ras le chaperon nos bons paysans !!









Puis bientôt vint la guerre, celle qui avec les trêves et les traités, devait durer 116 ans !!!, aggravant encore la misère des Jacques. Les Anglais fourragent et ravagent les provinces, puis battent les nobles dans toutes les rencontres.

N'étant plus protégés, payant les rançons de leurs maîtres prisonniers, on leur prend chevaux, charrues, vivres et vêtements, leur extorquant jusqu'au moindre Sol. Dépouillés, ruinés, mourant de faim ils se cachaient dans les bois comme bêtes sauvages !!

Mais les nobles vaincus, ces mangeurs de charrettes ferrées dans leurs armures rutilantes, incapables de défendre leurs paysans, vont ajouter à leur misère la dérision!!!!! Ils se riaient du pécore en le nommant Bon-Homme, disant à qui voulaient les entendre..." Bonhomme crie !...mais Bonhomme paiera !! "

Alors !! les Jacques, les bonhommes fous de douleurs, de misère et de rage, comme une tempête soudaine, se précipitent pour déchirer leurs maîtres comme bêtes féroces ! Ce qu'ils firent fut horrible, des hordes de paysans incendiaient les châteaux, tuant les vieillards, massacrant les hommes, brûlant les enfants, violant les femmes. Bref il firent un grand carnage de cette noblesse qui les faisaient souffrir depuis des siècles (voir article la révolte des Jacques)

Quoi !, comment !!, qu'est ce !!!, le pécore se révolte, ce que l'on tolérait de massacres par la soldatesque Française et Anglaise, devait être interdit aux pécores, n'étaient ils point la que pour les nourrir ?????

Les fourbes de bourgeois Parisiens vont les utiliser pour leur petite révolution manquée du XIV siècle (voir article), puis vont s'empresser de les abandonner à ces chevaliers qui incapables dans les batailles contre l'Anglois, vont joyeusement massacrer du paysan



PS: premier article de l'année 2019...je vous laisse cogiter et tirer les leçons qui s'imposent, votre Copiste Marcus vous présente ses voeux pour cette nouvelle année !!!!!!!

samedi 29 décembre 2018

Courtrai la Bataille des éperons 1302

Si Bouvines avait vu les bannières de Flandre s'incliner devant l'étendard Royal de France, Courtrai vit les Flamands vainqueurs, suspendre aux voûtes de l'église Notre Dame, les pennons du Comte d'Artois et les éperons de nos vaillants chevaliers de France.

Cette bataille, comme les suivantes, la bataille navale de l'Ecluse, puis Crécy, Poitiers, Brignais, Nicopolis et pour finir Azincourt ( voir articles), sont de grandes défaites de l'Ost de France.

Mais elle nous offre un sujet d'étude sur le comportement de notre noblesse avant la guerre de cent ans. Car il est peu de famille d'ancienne chevalerie qui n'aient compté quelques uns des leurs parmi les combattants qui laissèrent la vie dans ces grandes journées historiques !!!









Au début du XIV siècle le comté de Flandres était un état fantoche du royaume de France, dont les villes bourgeoises faisaient le commerce de la laine depuis des décennies avec l'Angleterre. Le vieux Comte de Flandres, Gui de Dampierre, fait en 1297 une alliance avec Albion, mais les Anglois sont en guerre avec la France !!!

Très mal venu !! car on ne peut pas dire que c'est le grand amour entre Philippe le bel et Edouard premier d'Angleterre, les coups tordus de part et d'autres de la manche ne se comptent plus. Or donc quand Gui de Dampierre, Comte de Flandres renonce à sa loyauté envers la France, cela ne peut que déplaire à ce roi de France, possédant une idée hégémonique du pouvoir, son arrestation va faire entrer la Flandre en guerre !!

D'un autre côté les Bourgeois des villes qui commerçaient avec Albion, montaient en puissance, ils ne désiraient pas eux non plus subir le joug Français, celui ci s'étant effrité tout au long du siècle précédent !!

Une armée française va envahir la Flandre, le malheureux Gui vieux et infirme, ne saurait résister à son puissant ennemi et la détresse va s'appesantir sur les bonnes villes de Flandre !!










Le roi de France se rend sur place, son habileté et le soin qu'il prend à gagner le coeur des Flamands par une affabilité extrême, ainsi que sa promesse de ne porter nul atteinte aux franchises des villes auraient pu consolider la domination en Flandres !!

Mais voila !!..on place en 1300, à la tête de ce Comté ce benêt de Jacques de Chatillon (frère de la reine de France), ce vassal nommé par les lys de France est un incapable. Cet aristocrate rigide et imbu de sa noblesse n'arrive pas à prendre la mesure géopolitique de la Flandre

Il comptait régner avec le seul appui de la noblesse Flamande et Francophile ( Leliaerts), contre les intérêts des puissantes villes bourgeoises. Il accable les Flamands d'impôts, fait élever des citadelles dans le seul but de les opprimer !

La révolte gronde, Gand se soulève, puis Bruges, bientôt ce soulèvement fut général, la soupe est prête pour que se produise un petit massacre, exécuté par la vindicte populaire. Le 17 mai 1302, les Brugeois dirigés par Jan Breydel et Pieter de Coninck vont massacrer une garnison Française lors des Matines de Bruges









Le roi de Fer ne pouvait laisser impunie cette humiliation, c'est pourquoi en juillet 1302 il envoya une armée dirigée par Robert d'Artois dans le Comté de Flandre. Le 11 juillet la bataille fut menée sur le Groeningekouter à Courtrai.

Les Français rangés sous les bannières se lançaient force promesses de châtier ces Flamands, parlant avec mépris de leurs troupes à pieds, de leurs corporations de marchands allant au combat sans cottes d'armes. C'est typique de l'Ost de France, qui souvent se gausse avant de se retrouver le nez dans la fange !!!!

Courtrai sera la première raclée d'une très longue série, donnant un avant goût de ce que sera la fortune des armes de France durant la guerre de cent ans









Toujours impétueuse dans l'action, n'ayant jamais la prudence pour guide et portant dans la mêlée une témérité au delà du courage, ils se lancent vers ces Flamands résolus à vaincre ou à périr !!

Mais l'ardeur ne suffit pas !! ils se trouvent soudain devant des blocs de bourgeois, qui comme des forêts se hérissent de longues lances, l'assaut Français est contenu, hommes et chevaux tombaient percés de coups.

Puis les Flamands s'ébranlent et font mouvement, faisant entendre leur cri de guerre " Flandre au Lion ", ce sera le grand massacre, munis de haches et de Godendacs  (célèbre arme flamande), ils abattent et égorgent, sans pitié, comme sur étal de boucherie les chevaliers de France !!








Les corporations de marchands ne comprennent pas les codes de la chevalerie, pour les Français, nul adversaire à qui rendre son épée pour avoir la vie sauve, aucune proposition de rançon, les Flamands ne font pas de prisonniers !!!

La bataille ne s'arrêtera qu'à la mort du Comte d'Artois, les Flamands ramasseront des centaines d'éperons sur le lieu du combat, de cette emprise qui fut appelée bataille des éperons dorés !!!


PS: documentation BNF.....M de V

mercredi 26 décembre 2018

N°270) Le Relieur Artisan et Artiste



L 'objet livre a évolué au cours du temps en fonction de son utilisation, des modes, et de l'évolution des arts décoratifs et va entrer grâce au Relieur dans l'histoire de l'art. Notre artisan est au bout de la chaîne de production d'un ouvrage, il en est cependant un des acteurs essentiels !!








On le désigne à l'origine par le terme " Ligator " (lieur), le mot relieur n'apparaissant qu'au XIV siècle dans la langue française, quand au premier brevet de l'exercice de la reliure à Paris, il date de 1388

C'est avec l'apparition du " Codex ", au premier siècle, que la reliure naît et crée l'objet livre que nous connaissons encore aujourd'hui, ensemble de feuilles pliées formant des cahiers qui sont ensuite reliés, ce qui le différencie du " Volumen ", ou livre rouleau

La couture est l'élément maître de la reliure permettant d'unir les différents cahiers ou feuillets, il existe plusieurs techniques de couture, celle sur ficelle, sur ruban ou sur nerfs. 

La reliure au moyen âge est une nécessité pour la transmission de ces textes, fort long à copier et à enluminer.

En 774 (VIII siècle), Charlemagne dote l'Abbaye de Saint Denis d'une fort grande forêt, permettant aux moines d'obtenir les peaux et le bois nécessaires aux reliures des manuscrits, à eux d'exploiter cette donation avec les forestiers vivants sur cette terre (voir article la forêt source d'emploi au moyen âge) 










Le principal conseiller du monarque, Alcuin (poète, savant et théologien Anglais de langue latine), préconise dès l'an 800 (IX siècle), de coudre ensemble et de couvrir les cahiers des manuscrits afin qu'ils ne soient perdus ou dispersés.

Cependant il ne semble pas que chaque Abbaye, possédant copistes et enlumineurs, disposait également d'un relieur ou d'un moine relieur à demeure ?? Il semble donc que certains de ces lieux de connaissances aient eu recours à des relieurs itinérants ??

La caractéristique principale de la reliure médiévale est l'emploi " d'ais " (planchettes) de bois, afin de former les plats du livre. Ces " ais " sont essentiels à la protection des livres, qui étaient alors rangés à plat dans les bibliothèques

Mais c'est surtout le poids de ces planchettes qui permettait une pression propre à maintenir l'ouvrage parfaitement fermé, empêchant ainsi le parchemin ou le vélin ( peau de veau mort né, plus fine que le parchemin ordinaire), de se gondoler en subissant l'humidité et les variations de températures.

Plus haut nous avons cité plusieurs sortes de coutures, mais au moyen âge elle se fait essentiellement sur Nerfs, mode d'attache particulièrement adapté aux grands et gros volumes médiévaux









Les éléments amenés de la " Couvrure " (terme de métier), comme les boulons, sont à la fois décoratifs et pratiques, puisqu'ils permettent d'éviter les frottements sur le cuir des livres

A la fin du moyen âge, l'objet livre va évoluer avec l'usage de ranger désormais les livres debout. A partir du XIV siècle on voit apparaître " les chasses " (voir nota en bas d'article) . Le moyen âge nous a laissé des livres dont la seule écriture est déjà un luxe en lui même. C'est au XV siècle que la reliure médiévale connait son âge d'or, comme peut le révéler l'inventaire qui fut fait à cette époque de la bibliothèque de Charles V le Sage (ce roi fut à l'origine de la bibliothèque nationale)

On retient cependant que les livres liturgiques ont au moyen âge, un degré de beauté exceptionnelle, puisqu'ils sont présentés en procession devant les fidèles, devant par le fait susciter la fascination, l'admiration et l'éclat à l'image de dieu, donc obligeait un soin particulier dans la réalisation de la reliure et des matériaux utilisés

Or donc la reliure confirmait la nature et l'importance du contenu du livre, il y avait débauche de matériaux précieux pour les embellir soit par leur contenu ou la personne à qui il était destiné !!!









Nous trouvons des livres recouverts de plaques d'ivoire, ou encore incrustés de pierres précieuses, puis de plaques d'or et d'argent, ces manuscrits sont parmi les plus beaux exercices de style des relieurs du moyen âge et parmi les plus beaux et précieux livres de la Bibliothèque Nationale de France

Cependant ils ne doivent pas cacher une production moins luxueuse, voir ostentatoire, mais qui pour autant n'en sera pas moins originale et révélatrice de l'art et de la technique des relieurs du moyen âge !!

Avec la diffusion de l'imprimerie dans la toute fin du moyen âge, le métier de relieur va prendre son essor, alors que les autres métiers du livre médiéval, comme les copistes et les enlumineurs, sont menacés !

A la renaissance la tâche des relieurs s'accroît considérablement de part la quantité de livres produits, leur nombre va grandissant en fonction de la production, leur nombre en la ville de Paris, entre 1490 et 1535, en compte 140, ce chiffre monte à 200 entre 1550 et 1585

Ces livres le plus souvent ne sont pas écrit en Latin mais en langue Vernaculaire, augmentant le nombre de lecteurs possible, et grâce à l'imprimerie le prix du livre devient abordable à un plus grand nombre de gens !!




Nota: il est à savoir que nos relieurs contemporains réfutent la possibilité de la couture sur nerfs, la considérant comme impossible, il est fort probable que c'était du cuir, je le pense également les nerfs vieillissaient fort mal et se rétractaient, affaire à suivre ????





PS: documentation de la BNF....M de V

lundi 24 décembre 2018

L'église et les Confréries au Moyen âge



Au moyen âge, époque culminante de la grandeur de l'église, les ecclésiastiques vont affermir sa puissance sur les âmes. Sa parole persuasive va convaincre tous les fidèles que l'association de piété et de charité est favorable à l'accroissement de la vie chrétienne. Il n'est personne, Seigneur, Bourgeois, Manants ou Serf, qui ne s'enrôle à son appel dans une ou plusieurs Confréries !!







Puis il y eut ce grand mouvement de l'affranchissement des communes à partir du XII siècle (voir article), auquel l'église, quoi qu'on en dise, prend une large part, et l'instinct qui pousse les hommes de même métier de ce monde médiéval à se rassembler va favoriser grandement les vues de l'église

L'église se hâte de convier bourgeois, artisans et commerçants à se grouper selon sa profession. Que chaque corps se choisisse un saint Patron comme protecteur, et que ses membres assistent ensembles, à des dates fixes au service divin, qu'ils constituent une caisse commune pour les célébrations, pour soulager les camarades malheureux et faire diverses bonnes oeuvres.

Ces conseils sont écoutés d'une oreille attentive, d'autant que les divers corps de métier trouvent ainsi l'occasion naturelle de s'assembler fréquemment, pour discuter de leurs intérêts professionnels, mais également pour se concerter en vue de leur défense contre les exactions seigneuriales et les désordres d'une époque troublée. Bref on est fort quand on est nombreux !!









De la, à partir des XII et XIII siècles il y eut une éclosion considérable de Confréries. Elles se multiplient avec une rapidité, que l'auteur du Traité de police en peut compter neuf sortes différentes !!, celles de Pure Dévotion, celles qui ont pour but d'exercer des Oeuvres de Charité, celles qui proposent la Mortification et dont les membres usent d'austérités par esprit de Pénitence, celles érigées pour les Pèlerinages,

Puis celles des officiers de Justice, sans oublier celle qui c'est établie à Paris en 1402, usant, sous le nom de la Passion du Christ, de représentations au public et présentant le Mystère de la rédemption (voir article sur les débuts du Théâtre). Enfin les confréries d'Artisans (voir article sur le livre des métiers).

Il en existe une dernière, que je cite uniquement parce qu'elles apparaissent dans ce Traité, représentant les confréries de Factions, qui se couvraient du voile de la religion pour troubler l'état. Nous ferons abstraction de cette catégorie, car ce n'était pas des confréries, elles en usurpaient juste le nom









A l'origine les confréries s'établirent librement, sous la seule autorisation de l'Evêché, l'évêque et son chapitre examinent les pratiques proposées aux confrères et s'il n'y avait rien de contraire aux règles de l'église, elle autorise celle ci, tout en veillant à ce que les exercices de la confrérie ne s'accomplisse point lors des fêtes et des dimanches !!

Le pouvoir civil n'intervenait donc pas dans la création et l'institution d'une confrérie. C'est qu'au moyen âge, la liberté d'association était entière, sauf pour les assemblées de faction qui se tenaient contre le Roi, troublant le repos et la tranquillité de l'état !!

Par contre les communautés et par voie de conséquence les confréries vont être réglementées par l'autorité publique. Le livre des métiers, que Louis IX (saint louis), fit rédiger par son prévôt, Etienne Boileau (voir article), est demeuré célèbre à juste titre.

Les successeurs de ce roi et de son Prévôt vont exercer une surveillance encore plus étroite à mesure que la royauté grandissait en puissance, car elle redoutait l'esprit frondeur et indépendant des marchands et artisans !! Ce fut le cas sous le Roi de fer, mais surtout après la révolution manquée du prévôt des marchands, Etienne Marcel, au XIV siècle !!!








Mais les confréries constituaient avant tout des oeuvres d'assistance, pendant la vie du confrère, d'assistance au moment de sa mort et après sa mort !! Ce trait a été maintes fois mis en lumière pour les confréries qui se confondaient avec une corporation professionnelle.

La confrérie était la seconde mère de l'ouvrier, celui ci tombait malade on le visitait, lui procurant secours spirituels et corporels, s'il était nécessiteux, des collectes effectuées parmi ses confrères paraient à ses besoins les plus pressants, venait il à mourir, alors tous les confrères fermaient boutique pour ne les rouvrir qu'après l'inhumation. Ils assistaient en corps constitué à ses obsèques et à la messe qu'ils faisaient célébrer pour lui....Pouvons nous en dire autant au XXI siècle ??????




PS: le copiste vous souhaite un joyeux réveillon de noël M de



vendredi 21 décembre 2018

La mort civile et les Lépreux au moyen âge

Le but de notre Auteur, Françis Molard, est de prouver que le lépreux au moyen âge, même aux plus mauvais jours de leur histoire, n'ont jamais été frappés de mort civile, c'est a dire de l'incapacité de jouir et de disposer de leurs biens et de bénéficier des droits accordés à un vivant !!! Si l'auteur ne parle que de l'Yonne et des Diocèses de Sens et Auxerre, il est infiniment présumable que les conclusions qu'il présente peuvent, sans trop d'erreurs être étendues au reste des régions de France. La mort civile, imitée de l'excommunication majeure aux siècles les plus sombres du moyen âge était terrible, et les conséquences en étaient fort dommageables. La personne frappée de mort civile perd la propriété de tous ses biens, sa succession est ouverte au profit de ses héritiers, de la même manière que s'il était mort physiquement !!, il ne peut être admis à porter témoignage en justice, ou contracté un bien, s'il est marié avant sa mort civile celui ci est dissous. Son ex conjoint et les ayant droits exercent les actions auxquels donneraient lieu sa mort naturelle.








En était il de même pour les lépreux au moyen âge ??? Au premier abord il semble que oui, car les littérateurs et les romanciers s'en sont donnés à coeur joie pour exploiter la situation déjà terrifiante dans laquelle se trouvaient nos pauvres bougres de lépreux !!

Heureusement pour ces malheureux, la réalité a été bien loin du roman, et si l'on prenait contre eux des précautions pour cause de salubrité, nos lépreux n'en étaient pas moins aussi vivants au point de vue civil que les personnes saines (voir les articles, Jean Bodel poète lépreux ..et la lèpre et les léproseries)

Mais il y faut quelques preuves écrites d'époque !!








Pour le prouver l'auteur fait le choix de quelques textes authentiques, allant du XI siècle jusqu'au début du XVI siècle. En premier lieu, un document tiré du fond de la léproserie de Ponfraut, fin XI siècle, par lequel une certaine Agnés, femme de Thiesselin Chausselâche, donne aux lépreux deux arpents de pré. Des témoins assistent à l'établissement de l'acte, et parmi ceux qui représentent les donataires, on trouve Bertrand de la Porte, "infirmus", c'est à dire lépreux !!! Or donc les lépreux pouvaient être témoins.

Autre document, XII siècle, une bulle du Pape Urbain III (1186), qui s'adresse " à ses fils lépreux ", qui mènent vie commune à Ponfraut, pour les exempter de la Dîme sur les terres défrichées de leurs propres mains, ainsi que de celle sur les troupeaux qu'ils ont eux même élevés !! On remarque donc que les lépreux se livraient à des actions pastorales et agricoles et très certainement aux opérations de commerce qui en découlent. Il est évident que tout cela est incompatible avec la mort civile !! pour le plaisir de la lecture nous allons donc en citer deux autres exemples







Document tiré du fond de l'Archevêché de Sens, il contient la comparution devant l'official, d'Etienne de Bessy, lépreux, qui donne quatre arpents de terre à sa cousine, Clémence, pour l'aider à se marier. Ceci se passait au XIII siècle (1230), à une époque ou il y avait deux mille léproserie dans le royaume de France !!! Et l'on prétend que les lépreux n'avaient pas le droit de contracter ????

Dernier exemple, provenant des archives de l'Yonne, ou un certain Nicolas, Doyen du Gâtinais, fait savoir qu'il a vu comparaître par devant lui, un certain Alexandre " dit Archupias", lequel est entretenu à la léproserie de Pontfraut à la demande du Comte d'Artois. Le fait se passe en 1248, ou notre homme renonce à toute réclamation de la dite léproserie, moyennant une pension annuelle de 20 Sous Parisis

Il est précisé que s'il ne peut se déplacer lors des Foires de Ponfraut, afin de  percevoir sa rente annuelle, il enverra à sa place une personne de confiance munie de son " certificat de vie "









Or donc plus besoin de commentaires !!, car s'il ne s'agit pas la d'un lépreux, comment soutenir, alors, la contagion de Lèpre ???? qui peut seule avoir servi de prétexte à la déchéance des droits civils ?????

Mes chers lecteurs, les questions restent posées à vous d'aller chercher des réponses aux trois articles sur ce sujet que j'ai concoctés pour vous




PS: la documentation provient comme d'habitude de la bibliothèque Nationale de France, votre copiste vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année M de

mercredi 19 décembre 2018

Le " Chasse Marée" et les envitaillements de Paris XIII et XIV siècles



En île de France, la consommation et le transport des produits de la mer est attesté depuis l'antiquité; durant la période médiévale ils se renforcent jusqu'à structurer un circuit d'approvisionnement de la ville de Paris. Les restes archéologiques, les mentions historiques et l'étude archéographique des chemins, vont permettre de reconstituer ce réseau d'acheminement utilisé par ceux que l'on nommaient les "ChasseMarée"








On nommait ainsi les transporteurs qui reliaient la Manche à Paris en moins de 36 heures avec des charrettes à chevaux !!!!!

Les villes sont dépendantes des "chasse marée", du fait de la distance des points d'approvisionnement, car la chair du poisson est fragile et ne peut se consommer au delà d'un délai fort court. Les sources écrites attestent dès le XIII siècle la vente du poisson de mer en Paris !!!, une ville située a 50 kms au delà de la limite théorique d'acheminement

Paris se trouve à 4,5 jours de route des plus proches ports littoraux ???, ceci à vitesse normale de routage pratiqué par des marchands. Cette distance aurait du être un frein à son approvisionnement en produits de la mer. Mais au XIV siècle des marchands de Dieppe, du Tréport, de Honfleur, même de Calais et Dunkerque, soit des ports distants de 172 à 293 kms de la capitale, fournissent le marché parisien par route, grâce aux "Chasse Marée", en 34 ou 36 heures !!!!








En imposant dès le XIII siècle un emballage normalisé et soigneux de la marchandise, par un conditionnement au port, les pouvoirs publics vont contribuer à transformer la marée en un bien jugé comestible et loyal et les normes strictes de fraîcheur imposée à la vente, vont obliger les transporteurs à raccourcir les délais de livraison

L'augmentation de la vitesse d'acheminement est utilisé comme moyen pour pallier la péremption rapide des produits de la mer. Sur des charrettes ou à pieds en guidant des chevaux et des ânes, les "chasse marée", parcourent l'espace qui les sépare de la capitale dans un délai de 34 à 36 heures en moyenne.

Ces délais sont comparables à ceux des courriers et chevaucheurs dépendants des écuries royales, du monarque et de ses conseillers, soit 150 à 170 kms par jour !!! Cette quête de la rapidité et de la fraîcheur des produits de nos "chasse marée" est largement relayée par le roi et le prévôt de Paris, éditerons une législation avantageuse pour le commerce et le transport de ces produits de la mer 









Cette législation fluidifie l'achat du poisson et des fruits de mer dans les ports, puis de leur vente en Paris, limitant les obstacles rencontrés par le "chasse marée" sur la route et va inciter les transporteurs Picards et Normands à faire de la capitale une de leur principale destination.

Il faut noter que la consommation des produits de la mer en poissons et coquillages est attestée depuis la période gauloise dans le bassin parisien, mais elle va s'intensifier sérieusement durant le moyen âge à cause des nombreux jours de carême imposés par la religion chrétienne. le territoire que formera le val d'Oise est traversé par deux principales routes des marées, les tentatives d'accaparement de ces circuits font apparaître dès le XIV siècle des acteurs locaux à travers des conflits et des procès qui ont laissés des traces écrites

Au moyen âge la consommation qui avait explosée suite aux prescriptions religieuses, imposant un grand nombre de jours d'abstinence, avait par le fait augmenté la variété des poissons consommés, Bar, Turbo, Morue, Maquereau, Merlan, Hareng, Raie, Sardine etc..!!









Le hareng était péché en grande quantité, essentiellement l'hiver, ils étaient commercialisés après avoir subi un traitement pour assurer sa conservation. Ils étaient salés et conservés en barils ou fumés après salage  devenant ainsi "saurs" permettant ainsi une longue conservation (voir article).

Le reste du poisson nommé "marée" étaient mis dans des paniers recouverts de sel et de paille et vendus frais

Les étals des marchés étaient étroitement surveillés, et le procédé qui consistait à mettre du sang frais sur les ouïes du poisson pour le faire paraître plus frais était très sévèrement puni !!


PS: il reste néanmoins que c'était une sacrée performance de parcourir ces distances sur des chemins souvent mal entretenus et par tous les temps, en 34 ou 36 heures M de V

lundi 17 décembre 2018

Une page inédite de l'histoire de Louis XI

La chronique latine de Thomas de Basin, évêque de Lisieux, embrasse en totalité les règnes de Charles VII et de Louis XI son fils. C'est l'oeuvre de l'un des hommes les plus cultivés de son temps, il joua un rôle dans beaucoup d'événements considérables et connaissait bon nombre des personnages dont il parle !!!

Pour cet article je commenterais une facette peu connue du personnage de  Louis XI, j'avais déjà effleuré le sujet dans un autre article ( de Bruges à Louis XI en passant par l'Afrique)

Ce que nous allons évoquer fait partie du livre septième (et le dernier), de l'histoire de ce Monarque, ou l'auteur a réuni divers exemples de ce qu'il considérait comme les extravagances et les bizarreries de ce roi. Mais ou l'on montre aussi Louis XI devenu vieux, déjà à demi paralysé et obligé de se servir de sa main gauche pour prêter serment. Ce n'est rien me direz vous !!!...faut t'il rappeler que la main gauche était considérée comme la main du diable, nul noble ne tenait son épée de la main gauche !, pas plus qu'il n'aurait prêté serment avec celle ci.

Ou il est fait état, que l'année même de sa mort, le vieux roi eut vent que l'on trouvait dans une île de l'océan situé au large de la côte africaine, nommée Cap Vert, de quoi guérir certaines maladies, à telles enseignes qu'un homme de la ville de Honfleur s'y était procuré un remède contre la Lèpre, dont le pauvre bougre était atteint.

Louis XI va charger, Georges le Grec, marin habile, d'armer deux navires pour se rendre sur cette île. De son vrai nom, Georges de Bissipat (il est dit qu'il était issu de la famille dirigeante de Constantinople les Paléologue), il quitte donc Honfleur avec deux navire et une grande barque à voiles à destination de l'Archipel du Cap vert.










D'après le troisième compte de l'année 1483, du receveur général des finances de Normandie, Jean Lallemant, il s'agissait, selon le dit document (texte irrécusable), d'aller " quèrir d'aucunes choses qui touchoient très fort le bien et la santé de la personne du roi en l'Isles Vert"

L'une de ces îles nommée, Saint jacques, ou, d'après les récits de voyageurs contemporains de cette époque, on soignait les lépreux en les trempant dans le sang de tortues géantes ??

Thomas Basin donne à entendre, de la façon la plus claire, que louis XI avait la lèpre, ou du moins qu'il s'en croyait atteint ( ce qui  semble logique, ce roi était hypocondriaque selon les sources de mon autre article), l'Auteur le dit expressément dans d'autres passages de sa chronique, il s'agissait en fait de tout autre chose !

Ce n'était pas la Lèpre à proprement parler, mais une maladie de peau repoussante (dermatose sénile), qui irritait beaucoup le vieux roi et dont il s'efforçait de cacher les manifestations

Nota: je précise que quand je parle de maladie de peau repoussante, cela ne veux pas dire Bheurk..j'ai envie de vomir hein !!!, mais de plaque qui repoussent en formant comme des écailles sur la peau !!, désolé mais la précision est nécessaire à la compréhension du texte !!

L'évêque Basin précise que le roi aurait emprunté de 30 000 à 40 000 Livres aux manants et habitants d'aucunes villes et cités du pays, afin de financer l'expédition africaine du Grec Bissipat. Notre chroniqueur d'évêque ajoute que le monarque serait mort avant le retour des navires de cette mission médicale, on peut se demander ce que sont devenue ces pauvres tortues ???, mais l'histoire ne nous le dit pas dommage !!!!











Ou nous apprenons également que deux ans avant sa mort, le vieux roi, avait fait publier dans tous le royaume un édit faisant défense à quiconque, de parler soit en bien, soit en mal de lui et de ses officiers. Ce n'était pas la première fois ajoute l'Auteur !!, que le roi promulguait de tels ordres et l'on sait de quelles menaces il faisait suivre couramment l'énoncé de ses moindres volontés

Le texte de cet édit ne nous est pas connu, pas plus que la teneur du fameux édit sur la chasse qui suscita tant de mécontentement parmi les seigneurs et dont la réalité ne saurait cependant être mise en doute

De telles prescriptions cadrent bien en tout cas avec ce que nous savons du caractère du roi Louis XI, qui supportait toujours fort mal (et surtout dans sa vieillesse), que l'on vienne mettre le nez, ou le reste, dans ses affaires et dans celles de l'état !!!

Quand au dernier trait décoché à Louis XI par Thomas Basin, relatif à l'obéissance passive que le monarque exigeait de tous le monde et de ses collaborateurs en particulier, ainsi que les châtiments corporels qu'il faisait entrevoir aux récalcitrants, voir même aux simples négligents !! Il n'est que de parcourir la correspondance du roi pour s'en persuader. On y rencontrait ces formules comminatoires qui choquaient si fort notre évêque qui fut en son temps un de ses plus proche conseiller

Comme historien de louis XI, Thomas Basin, se montre malveillant à l'égard de son héros, et pour cause, mais par contre il est si bien informé de ses faits et gestes, qu'il est le seul en mesure de fournir à son sujet des renseignements dont les documents d'archives permettent de vérifier l'exactitude.





PS: documentation BNF sur des textes issus de l'école des Chartes M de V