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dimanche 2 décembre 2018

Signification du mot " AIDES " au XIV et XV siècle

La tradition voulait en France, que le Roi pour les dépenses du royaume se contentât des revenus de son domaine !! En 1484 les états généraux rappelaient encore cette ancienne coutume, et au dire du Chroniqueur Philippe de Commynes (voir article), Charles VIII désirait s'y conformer.

Cependant, avant la fin du XIII siècle il était manifeste, que les ressources domaniales devenaient insuffisantes et surtout en période de guerre !! Le royaume s'agrandissait et le roi devait pour faire face à des nécessités nouvelles, recourir à un nombre toujours croissant de services, de serviteurs, de fonctionnaires et d'officiers de la couronne.

Il lui fallut donc demander au pays, en manière de supplément, un " Impôt " qui s'ajoutât aux recettes habituelles du patrimoine royal. Or donc au XIV siècle, les revenus du domaine royal s'appelèrent " Finances ordinaires " et les revenus de l'impôt " Finances extraordinaires ", puis fin XV siècle, en 1484, ces ressources extraordinaires portaient déjà le qualificatif " d'immortelles "

Jusqu'à quel point quel point et pendant combien de temps le mot " Aides ", soit en latin "auxilia, adjutoria, subsidia, juvamina ", a t'il servi à désigner ces finances extraordinaires ??? Je me contenterais de donner quelques exemples pris dans la période médiévale !!! Restons au moyen âge que diable !!!!









Que le mot "Aide" ait été longtemps employé sous la forme la plus générale " d'impôts", payable par le peuple, ne peut être remis en doute, les preuves ne manquent guère, au XIV siècle et ce jusqu'à la toute fin du moyen âge. On pourrait en suivre pas à pas les vestiges bien après l'époque médiévale.

Ainsi en juin 1319, Philippe V le Long dénommait " aides", un don à lui gracieusement accordé, sur sa demande, par les nobles du baillage d'Auvergne. Il en précisait la nature comme suit: Que chaque noble de deux mille livres de rente, devait payer les gages d'un homme d'armes, au niveau de sept sols et demi par jour et ce pendant un an, c'était une sorte d'impôt.

En janvier 1325, son frère Charles IV le Bel, parlait lui, d'une aide de 200 hommes d'armes, que devaient lui consentir les bourgeois de Paris, pour sa guerre en Gascogne. Une trentaine d'années plus tard, au lendemain de la désastreuse défaite de Jean II le Bon à Poitiers, le journal des états généraux, fait mention de la nécessité de reconnaître au Dauphin Charles, une grande " Aide "

Celle ci sera prélevée sur les gens d'église et sur la noblesse, d'un dixième et demi de levée sur leurs revenus, pour les populations urbaines et rurales c'est une sorte de Fouage.

Il faut dire que la situation ne sera pas simple pour le Dauphin, qui étant Régent devra subir la révolution manquée d'Etienne Marcel, le prévôt des marchands (voir article)











Dans le " Songe du vergier ", composé en 1376, pour ce dauphin, devenu Régent, puis roi sous le nom de Charles V le Sage, on constate que le mot "Aide" s'appliquait à toute sortes d'impôts.

L'auteur, qui selon les historiens pourrait être Raoul de Presles, ou Philippe de Mézières, ou encore Evrard de Trémaugon ????, parle des Princes qui grèvent leurs sujets, par tailles, gabelles, fouages, impositions et " autres aides "

Son fils, Charles VI le Fou, donne lui, au mot " Aide ", un sens très vaste, il est clair dans son esprit (si je puis me permettre ce jeu de mots), comme dans ses ordonnances, ou il applique le mot " Aide ", à tous les impôts en général !!

Mais était ce lui ?? car ce fut bien plus souvent ses oncles qui dirigeaient le pays de France !!










Le 21 septembre 1453, le texte du Traité d'Arras, suggère la même observation, mentionnant " tous les prouffiz des aides ", on peut y lire: C'est assavoir les greniers à sel, le quatrième des vins vendus au détail, les impositions de toutes les denrées, la taille, les fouages et autres aides et subventions.

Ainsi les " aides " désignent ici aussi bien les " taxes indirectes ", comme greniers , quatrième, vente de denrées et objets de consommation, que les " taxes directes ", tailles et fouage.

Les élus et les receveurs, au XV siècle, dans cette fin de moyen âge, comme dans la période intermédiaire et la renaissance du XVI siècle, s'occupaient de l'administration du contentieux et de la perception des tailles et des gabelles





PS: documentation de la BNF sur des textes issus de l'école de Chartes M de V


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