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mercredi 28 novembre 2018

Drapiers de Reims au XIII, XIV et XV siècle

L'industrie et le commerce des étoffes ont été très prospères à Reims au Moyen âge. De nombreux documents nous montrent que les Tapis, le Serge, les Camelots, les Etamines et surtout les Toiles de cette cité étaient fort recherchés et exportés, jusqu'en des contrées lointaines.

Les Tapis de cette ville jouissaient d'un grand renom. On les trouvent mentionnés dans les tarifs des Tonlieux levés aux foires de Troyes (foires de champagnes voir article)

La Serge: était une étoffe croisée, ordinairement en laine et parfois avec un mélange de fil. Celle fabriquée à Reims au XIII siècle était fort réputée. Dans un compte des recettes et dépenses de la maison de Louis IX (saint Louis), pour l'an 1234, il est question des "sargiis de Remis". On se rappelle l'anecdote rapportée par Jean de Joinville, son histoire de Saint Louis, (voir article), il avait vu en rêve son roi à genoux devant un autel et revêtu par plusieurs prélats "d'une chasuble vermeille de serge de Reims"

L'explication que nous donne, Joinville, dans son livre, au sujet de sa vision, nous montre que la Serge était une étoffe assez commune, peu propre à confectionner des chasubles !! Elle servait surtout à faire des rideaux et des couvertures de lits. Ce qui nous semble logique pour ce roi confit en dévotions et qui s'habillait fort simplement

Plus tard, on trouve un compte du service de l'argenterie des rois de France, qui mentionne en 1316 (première année de la Régence de Philippe V le long), l'acquisition de six serges vertes de Reims, pour mettre aux fenêtres de la chambre du roi.









Il semble aussi qu'il nous faille voir des Serges, dans la mention des " serica Remensia ", que l'on trouve figurant parmi les présents envoyés au Sultan Bajazet, surnommé Ildyrim (l'éclair), pour payer la rançon de plusieurs seigneurs français, fait prisonniers, en 1396, lors de la désastreuse bataille de Nicopolis. Cette expédition commandée, par Jean sans peur, fils du Duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, que l'on nommera la neuvième croisade !!! ( voir article)

Le Camelot: était une étoffe fine et lisse, non croisée, faite avec du poil de jeune chameau ou du poil de chèvre d'Arménie. Ces matières premières étaient importées d'Orient et l'on savait les utiliser à Reims dès la fin du XIII siècle. Ces camelots de Reims sont cités dès cette époque dans les tarifs des marchandises vendues en Paris.

La réputation de cette étoffe s'est maintenue plus avant dans le XIV et le XV siècle. Un compte de la maison du roi, Charles VI le Fou, en l'an 1387, note une dépense de 20 Sols Parisis, pour un camelot de Reims vermeil, afin de doubler la houppelande de drap vert du garde personnel de la Royne de France, Isabeau de Bavière

Or donc si l'on en croit les textes, et comment réfuter des écrits d'époque ??, la noblesse et la haute bourgeoise portaient du chameau. le commerce avec L'Orient a pu faire connaître le tissu en poil de chameau en Europe depuis l'époque des croisades, au XIII siècle on le nommait aussi Camelin








L'étamine de Reims: étoffe légère, non croisée, était composée de laine, de soie et de laine, ou toute de soie. Elle était fort estimée !! Un document de 1305, sous Philippe le Bel, nous montre qu'elle est déjà exportée vers l'Italie. Par opposition les moines portaient eux, une robe en étamine toute simple en laine

Les toiles de Reims: tissus fins et délicats qui avaient acquis une célébrité attestée par de nombreux documents. C'était un article de luxe, dont les princes, seigneurs et hauts bourgeois faisaient usage, et que le commerce répandait aussi bien en France qu'à l'étranger, elles sont fréquemment nommées dans les comptes du service de l'argenterie des rois de France

On en faisait des draps de lits, des contrepointes, des serviettes, des chemises ou des doublets (vêtements de dessous). Elles étaient considérées comme des étoffes précieuses, un inventaire de la maison du très fortuné, Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne, en l'an 1420, signale une grande pièce de cette toile " frangée de soye et bordée d'or ", destinée à faire des draps de lits

La Reine de France, Isabeau de Bavière, le jour de son sacre, avait revêtu pour la messe, un large doublet de toile de Reims, fait en matière de chemise

Nota: vous pouvez également vous reporter, si l'envie vous prend, à l'article sur les " tissus de soies d'or et d'argent ", publié sur le blog au mois de septembre 2018










Les anciens registres de la ville de Reims nous montrent que les Rémois offraient aussi les produits de leur industrie aux nobles visiteurs qui se présentaient en leur cité. On en envoyait aussi à ceux dont on désirait s'attirer les bonnes grâces.

Par exemple, les chanoines du chapitre de la cathédrale de Reims, vont acheter des toiles et des serviettes, pour en faire présent aux nobles de la cour, suite à l'incendie de leur édifice, le 21 novembre 1481, ceci afin d'obtenir des fonds pour la réparation de la cathédrale

Le commerce de ces toiles était très actif au moyen âge dans les pays étrangers. Des documents d'époque nous signalent qu'elles étaient d'un usage très fréquent en Albion, les doublets en toile de Reims sont cités à plusieurs reprises en 1347, dans un compte de la garde robe du roi Edouard III. En 1327, on utilise de la toile de Reims pour faire des nappes pour le grand autel de la cathédrale d'Exeter. Un poème du XIV siècle, déclare que la femme Anglaise de qualité se doit de posséder, couvertures de lit en futaine et draps en toile de Reims

Très à la mode également en Espagne et en Italie, des documents nous montrent que les toiles de Reims étaient exportées à Majorque et Barcelone en 1271, à Pise en 1323 et en 1295 pour la couronne de Naples





PS: documentation BNF et provenant de l'école des Chartes M de V

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