Passons en revue les différentes parties du service médical d'un établissement monastique du début du XIII siècle.
De Pharmacie proprement dite, il n'en est pas question, point de bocaux sur des rayonnages, ni de flacons sur des tables, une simple et vaste armoire renfermant toutes les médications et disposant d'une forte serrure.
Le service médical composé de religieux ayant chacun leur spécialité, s'organise comme suit: Le Médicus Logicus (médecin), puis le Pigmentorius (pharmacien), suivi de l'incontournable Minutor Sanguinis (tireur de sang) et pour terminer le Parabolinus (l'infirmier).
Voila la cellule médicale ils avaient bien sur des assistants, dans un monastère tout le monde travaille
L'infirmier était presque médecin, il était nommé par les Abbés de l'ordre, une sorte de chirurgien ou de barbier chirurgien (voir article)
Le pharmacien détenteur de la clef de l'armoire ou sont rangés potions et préparations de son cru, tel que le jus de Pavot, distribue les médications en fonction des ordonnances du médecin
Quand à notre moine médecin, il a la surveillance des remèdes administrés, il occupe dans le monastère un logement à part, à lui seul incombe le gouvernement de l'infirmerie
Les salles du dispensaire sont d'une propreté monacale, l'hygiène y est souveraine, sur le sol sont répandues des branches de pins, changées régulièrement, pour combattre les odeurs putrides.
Chaque salle a sa fonction, dans une on fait avaler potions et tisanes et remèdes aux malades valides, ou selon le terme usité de l'époque on potionne !!
Dans la seconde règne le minutor Sanguinis exerçant sa lancette, ponctionnant régulièrement le sang de tous les moines et dans la troisième se tiennent les convalescents, les vieillards et les aveugles.
Aveugles ou mal voyants, car les moines copistes travaillaient des heures dans un scriptorium sombre à la lueur de simples bougies, beaucoup étaient rapidement frappés de cécité.
Dans le Potionorium règne l'ordre, la minutie et la propreté, sur des planches sont étalées les Capruncula (spatules), le ou les Cacobus (chaudron), les Patena (bassines) servant à faire les conserves, puis ensuite rangés par ordre tous les ustensiles et les ingrédients nécessaires à la confection des préparations pharmaceutiques.
Modestement dans un coin se trouve le tronc, nommé Cachemaille, ou par reconnaissance, habitants de la région, pèlerins, voyageurs et marchands qui se faisaient soigner, déposaient une maille (menue monnaie médiévale)
Tous ces ingrédients on les trouvaient dans le jardin aux simples, ou se cultivait avec énormément de soins les plantes médicinales.
La sauge, la menthe, le pouliot, la tanaisie, la livèche et le haricot dont on faisait des cataplasmes, mais aussi la laitue, l'endive, la ciguë, la jusquiame, les lys, puis plus tard le pavot ramené d'Orient.
Mais aussi les mauves, la myrthe, le serpolet, l'origan, le laurier cerise, le chardon bénit, concombres et autres citrouilles et la buglose.
Avec le lys et la mélisse ils faisaient des sachets dont s'enveloppaient le nez les employés et infirmiers du monastère qui font leurs besogne pendant que sévissait les contagions épidémiques
Lorsqu'il y avait des épidémies il pouvait se faire qu'ils sortent afin de venir en aide aux populations des environs, c'était un devoir de de la fonction des moines de porter assistance aux malheureux et aux malades
Il était dans les habitudes de se faire saigner trois fois par an par le minutor, ce dernier était sous les ordres du pharmacien, en outre il se devait d'aider l'infirmier dans ses taches.
La question se pose: tirait il des malades laïques confiés à ses soins, des moines malades ou valides les mêmes quantités de sang, la question reste posée sans grand espoir de réponse?????
Il faut croire que cette funeste manie de se faire tirer le sang souvent et à des périodes déterminées était passée dans les moeurs de l'époque !!!
Quand le moment arrivait, il fallait s'exécuter à tort ou à raison et tous les moines devaient subir ce néfaste traitement !!!
PS: dans ce domaine il faut savoir qu'au XIII, XIV et XV siècle rien n'évoluera et que ce soit par le minutor dans un monastère ou par le barbier chirurgien à la ville tout le monde y passait M de V
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire