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vendredi 9 juin 2017

Bataille d'Azincourt ou la Male journée ! par le Comte A de Loisne

                          La male journée

Proche voisin des lieux ou fut livré le combat et fils de l'un des chevaliers qui y trouva la mort, sa mère le mettant au monde la même année.

Tout laisse supposer que ce Magnicourt a contrôlé le récit à l'aide de ses propres renseignements, les faits sont encore très vivaces au moment ou il écrivit sa chronique !!.

Lorsque les Anglais furent passé la rivière de Blangy en Ternois, ils s'en allèrent loger en un petit village nommé Maisoncelles, à trois traits d'arcs environ de la position des Français, là, firent cette nuit, dévotement la paix avec Dieu, confessant leurs péchés, plusieurs recevant le corps de notre Seigneur, attendant la mort pour le lendemain. Pour tromper l'attente trompettes et autres instrument sonnèrent toute la nuit, tant et si fort que tout retentissait autour d'eux, ils étaient moult lassés, travaillés par la faim et le froid et autres mésaises (dysenterie).




Le lendemain XXV eme jour d'octobre, le Connétable, Ducs, Comtes et tous les autres seigneurs et gens de guerre s'armèrent et formèrent trois batailles comme suit.

L'avant garde composée de 8000 hommes d'armes, 4000 archers et 1500 arbalestriers, sous les ordres du connétable, des ducs d'Orléans et de Bourbon.

Les comtes d'Eu de Richemont et le maréchal Bouchicaut et autres officiers royaux, avec leurs 1600 hommes d'armes furent ordonnés à faire une Helle (plusieurs significations, barrière, ligne, aile), puis messire Clugnet de Brébant et Louis Bourdon, avec 800 hommes d'armes formèrent une autre helle, tous à cheval.




Dans la deuxième bataille furent ordonnés autant de gens que dans l'avant garde, sous le conduite des ducs de Bar et d'Alençon, (nous sommes environ à 30 000 hommes mais sans précisions pour la troisième bataille).

Puis la troisième bataille en arrière garde estoient tous le surplus de gens d'armes, sous la conduite des comtes de Marle, de Dammartin et de Fauquenbergue.







Dès qu'ils furent ordonnés sur leurs positions, les Français attendirent leurs ennemis, jusqu'entre 9 et 10 heures, avec espérance de victoire.

Les Anglais voyant que les Français ne les alloient point envahir, faisant appel à l'aide divine, envoyèrent de leurs coureurs embraser une grange en la ville d'Azincourt pour effrayer les Français, et d'un autre côté ils déploient par derrière 200 archers en un pré proche de Tramecourt, avec ordre de se tenir quoy, jusqu'à quand il serait l'heure de traire!!!!

Dans le même temps le roi d'Angleterre fit ordonner sa bataille, par un chevalier chenu de vieillesse, messire Thomas Erpinguen, qui fit mettre les archers devant et les gens d'armes derrière, puis les ordonna en deux lignes d'archers et de gens d'armes, lesquels archers avoient un pieu fort aiguisé aux deux bouts pour ficher devant eux, formant une haie de protection.








Ils étoient pour la plupart en pourpoing , sans armures, ni chaperons, ayant masses et épées à leurs ceintures, chevaux et bagages placés derrières ces lignes.

Ils furent moult exhortés par ce vieil chevalier, afin de combattre hardiment pour sauver leurs vies ( il faut noter que les forces en présence étaient loin d'être à leur avantage, 6000 contre plus de 30 000 ) !!!

Il se met à pied, jette au sol son bâton de commandement et avec le roi et ses troupes, poussent un très grand cri de guerre et chargent!! Puis d'un coup ils brident leur élan, reprennent vent et haleine et poussèrent une nouvelle clameur.

A donc ce deuxième cri peut être pris comme un signal !! car les 200 archers du pré de Tramecourt font voler leurs traits, comme bourdons d'aciers, sur les Français.






Et ceux de la bataille du roi tirent aussi de loin et à la vollée, les Français courbent leurs chiefs et montent leurs boucliers pour se protéger des traits.

Les princes qui estoient avec le roi, sont le duc de Bethfort, de Gloucester ses frères, puis le duc d'York son oncle, se trouvait aussi les comtes d'Urset, d'Uxforde, de Suffort et de Quin, puis les seigneurs de Camber, de Willeby et de Cornouaille et plusieurs autres seigneurs d'Angleterre, lesquels faisoient moult fort sonner trompettes et clarons.

A donc les français allèrent au contact et les firent reculer, ils y en eut beaucoup qui furent navrés par le trait des Anglais avant qu'ils fussent joint à eux.

Ils étoient si dru resserrés sur eux même qu'ils ne pouvoient lever leurs bras pour férir leurs ennemis, seuls d'aucuns qui estoient devant les boutoient de leurs lances, lesquelles ils avoient coupées par le milieu afin qu'elles fussent plus roide et faciles à manier dans la presse du combat.







Or advint que des 800 hommes d'armes qui éstoient à cheval pour rompre la bataille des Anglais, il n'en eut que 120 qui se mirent en peine d'entrer en eux, les uns furent tantôt morts et les autres ramenés rapidement par leurs chevaux affolés par les traits Anglais. Ces derniers rompirent en plusieurs endroits l'avant garde française, les faisant reculer en une terre qui estoit moult fraîche et semée, car il avait plu largement.






Et la échoient hommes d'armes en grand nombre la panique s'impose et les uns s'enfuient à l'exemple des autres à cheval !!!

Quand les Anglais virent l'avant garde ainsi rompue, ils entrèrent dedans tous ensemble, en ruant des jambes, tenant en leurs mains levées masses et épées et tuant tout ceux qu'ils encontroient faisant un grand massacre de cette première bataille.

Après ils en vinrent à la seconde bataille devant laquelle se trouvait le duc Antoine de Brabant, lequel était venu en petite compagnie pour être de la journée, il s'était bouté entre l'avant garde et la deuxième bataille, mauvaise idée!! il fut défait et mis à mort sans délai.






Ils allèrent conjointement ensuite sur la deuxième bataille, qui tantôt fut rompue elle aussi en plusieurs lieux.

Or donc quand l'arrière garde encore à cheval voit les deux autres batailles recevoir le pire !!! ils tournèrent croupières et se mirent à la fuite; excepté d'aucuns des chefs d'ycelle avec une centaine d'hommes à peine!! qui allèrent vaillamment férir l'ennemi. Mais rien ne leur valu, car en peu de temps ils furent tous morts ou pris.

Puis vinrent nouvelles au roi qu'un parti Français les assailloient par l'arrière, ce qui était vérité, il ordonna que chacun tua ses prisonniers, doutant cependant que cela fasse reculer les français.

A donc fut fait piteuse occision de prisonniers, durant cette exécution le duc d'Alençon voyant la perdition de la journée transperce vaillamment avec ses gens une grande partie de la bataille, jusqu'au plus proche du roi, abattant et navrant le duc d'York, le roi voyant l'affaire s'approche pour aider le duc à se relever, Alençon le féry d'un fort coup de hache sur le bacinet, lui arrachant une partie de sa couronne, mais entouré par les gardes du roi il ne peut s'échapper. Il dit au roi " je suis le duc d'Alençon je me rend à vous ", mais avant même que le monarque accepte il fut occis.

Les français essayèrent de se rassembler mais tantôt furent battus sans grande résistance, de cette manière le roi d'Angleterre obtint grande victoire en ce jour. Les plus chanceux des Français de cette grande meurtrerie furent surement les 1600 prisonniers desquels étoient les ducs d'Orléans, de Bourbon et également les comtes d'Eu, de Richemont, puis Vendome et jacques d'Harcourt


                                                           ce qui suit fait réfléchir !!!!


Note : Il y avait parmi les Anglais, le jour de la bataille, un roi d'armes nommé Thoison d'or, c'était Jéhan seigneur de Saint Rèmy, qui nous donne une autre version de cette bataille:

I) selon lui il n'y eut jamais de troupes d'archers Anglais placés dans un pré du côté de Tramecourt,

II) il remarque que les Français avaient placés leurs batailles entre deux petits bois l'un serrant Azincourt, et l'autre Tramecourt, ajoutant avec justesse que la place était si étroite qu'elle favorisait fortement les Anglais.

III) disant aussi qu'ils ne purent utiliser ni les archers ni leurs arbalétriers car l'endroit étant si étroit qu'il n'y avait place que pour les hommes d'armes.

IV) quand il parle du terrain je cite: il avait plu si fort toute la nuit, que la place des Français était molle et effondrée, les Français étoient si lourdement armés de cottes d'acier moult pesantes que c'est à grand peine qu'ils pouvaient avancer.


PS: certaines traductions furent difficiles j'accepte par avance votre indulgence, il reste une question comment les français ont ils pu se placer dans une posture aussi désavantageuse ???  M de V

1 commentaire:

  1. Passionnant ! Merci pour cette chronique très originale et flattant le lecteur qui finit par croire qu'il lit parfaitement le "françois" du XV° siècle.

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