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mercredi 19 avril 2017

Bible des Pauvres (Biblia Pauperum)

La voix des Laïcs selon Guy Lobrichon, ne cesse de monter au long du Moyen âge, elle devient un cri, revendication aux XIV et XV siècles. La grande peste noire de 1348 ravage les populations des villes et des campagnes, mettant à nu toutes les inquiétudes. Les seigneuries ne sont point épargnées, l'église vacille torturée par le grand Schisme d'occident.

Mais de ce sombre tableau émerge une oeuvre paisible et modeste, que l'on appelle la bible des pauvres (Biblia pauperum). C'est un recueil d'images bibliques commentées, souvent en langue vernaculaire, populaire à la fin du Moyen âge. Un tel ouvrage est composé de 40 à 50 feuilles.

Chaque feuille est structurée de manière semblable; elle illustre une scène de la vie du Christ tirée du Nouveau Testament, mise en relation avec deux épisodes de l'Ancien Testament. Elle contient de plus les images de quatre Prophètes qui commentent la scène par des paroles qui leurs sont attachées par des banderoles.



Ces bibles s'adressent à un public de Clercs. Par leur structure claire et uniforme, les images édifiantes doivent faciliter aux Prêtres la préparation de leurs sermons.

Le terme de " pauvres " utilisé que tardivement renvoi probablement aux " pauvres selon les béatitudes " ( les pauperes spiritu), plutôt qu'aux économiquement pauvres, car son coup comme celui de tout livre restait relativement élevé.





Une bible des pauvres se distingue d'une bible moralisée par sa taille, sa forme et son public: elle est beaucoup plus courte et centrée sur l'image plutôt que sur le texte, alors que la bible moralisée par son raffinement et son coût s'adresse à la haute aristocratie.

Les biblia pauperum du XIV siècle sont des manuscrits enluminés, en général peint à la main sur velin.

A partir du XV siècle des gravures sur bois leur succèdent. Images et textes sont gravés sur un seul bloc de bois par page.

Ces bibles ont été populaires en Allemagne, dans les Pays Bas et en France. Quelque quatre vingt manuscrits XIV siècle et éditions imprimées XV siècle, plus ou moins complètes sont conservées et se trouvent dans différents musées ou bibliothèques.









mardi 18 avril 2017

Bernard de Girard, Seigneur du Haillan

                          Historien du XVI siècle qui fit éditer son oeuvre entre 1594 et 1596





                    De l'état et des succès des affaires de la France 



Bernard de Girard décris des faits historiques, son récit commence à Louis le gros pour finir à Louis XI, l'universelle araigne. Au moment ou il rédige son livre 100 ans seulement le sépare de certains événements du XIV siècle, les sources de cette époque devaient être nombreuses, la révolution française n'avait pas encore saccagé la documentation historique du pays.







Mais le personnage a une particularité, et je laisse à plus docte que moi le soin de le décrire. Comme le dit l'historien C Benoist:

                          Je crains pourtant que la mauvaise humeur habituelle de ce quinteux auteur,
                          son mauvais esprit, cette manière de persiflage à dents serrées, d'ironie cuite
                          de robin n'agace le lecteur !

Mon exemplaire du livre de ce quinteux auteur est un document PDF provenant de la Bibliothèque de Genève: cette oeuvre de Bernard de Girard fut éditée par l'imprimeur Antoine Blanc, en Lyonnais, en l'an 1596. Citons donc pour le plaisir quelques lignes de cet acariâtre personnage: parlant de la période ou Jean II le Bon est prisonnier en Angleterre et que Charles son fils n'est que le Dauphin.

Le règne intermédiaire, pour ne pas dire intermittent de Jean II dit le Bon, fut un règne désastreux à tuer la France, qui fut bien près de s'y démembrer. Mais lors on vit bien que le peuple se voyant sans roi était disposé à sédition, les parisiens commencèrent à faire les fols, ils ont toujours fait ce métier!!








Autre passage sur Etienne Marcel et sa révolution manquée du XIV siècle: Mais comme plusieurs autres de ce royaume, les parisiens qui ont toujours été les premiers et les plus grands séditieux et rebelles de la France, et qui ont montré l'exemple et les préceptes de la rebéllion, empêchant le cours et la prospérité des affaires de l'état.

Plus loin; Voyez écrit il, le naturel de cette bête à plusieurs tête du peuple de paris, il n'a pas changé d'humeurs depuis ce temps là; et il semble qu'il soit encore plus méchant.

L' historien fait là un rapprochement saisissant, avec les événements et les problèmes de son siècle, ou les parisiens ont la tête échauffée par la guerre entre protestants et catholiques au XVI siècle.

Et quand il parle de religion: Il ne faut que bien faire aux gens d'église pour être bien nommé, un homme de bien qui ne leur donne rien est un hérétique, un méchant qui leur donne est estimé Saint. Il ne faut pas leur donner trop, car des armes des donations ils battent souvent les donateurs !!!










PS: je dois avouer que ce quinteux auteur a souvent provoqué chez moi des crises de rires à cause de son caractère mal embouché M de V

Crécy selon Froissart suite 2/2


Le vaillant et gentil Roi de Bohême qui s'appelait Jean de Luxembourg, car il était fils de l' empereur  Henri de Luxembourg, entendit par ses gens que la bataille avait commencée; car, quoiqu'il fut là armé et en grand appareil, il ne voyait goutte et était aveugle.

Si demanda aux chevaliers qui étaient auprès de lui comment se comportaient l'ordonnance de leurs gens. 

Ils lui dirent la vérité: "il en va couci-couci.

Tout d'abord les Génois sont déconfits, et le Roi de France a ordonné de les tuer tous. Et il y a entre nos gens et eux une si grande mêlée que c'est merveille, car ils trébuchent et tombent les uns sur les autres et nous embarrassent grandement ". Ah répondit le roi de Bohême c'est un triste commencement pour nous !. Alors il demanda ou est Messire Charles mon fils, ceux ci répondirent " nous ne savons pas monseigneur, nous croyons qu'il est quelque autre part à combattre."

Alors dit le vaillant roi à ses gens avec grand courage: " seigneurs vous êtes mes hommes, mes amis et mes compagnons. A la journée d'aujourd'hui, je vous prie et requiers très spécialement que vous me meniez si avant que je puisse frapper un coup d'épée. " Et ceux qui étaient avec lui, et qui aimaient son honneur et sa gloire, le lui promirent. 

La était le Moine de Basèle et aussi plusieurs bons chevaliers du Luxembourg, qui étaient tous près de lui. Alors pour s'acquitter de leur promesse, et par peur de le perdre dans la presse, ils lièrent ensemble les freins de leurs chevaux, et mirent le roi devant pour mieux accomplir son dessin. Et ainsi s'en allèrent contre les ennemis.

Il est bien vrai que de bons gens d'armes et de la noble chevalerie que le roi de France avait là en grande foison, résulta trop peu de grands faits d'armes; car la bataille commençait tard et les Français étaient déjà las et épuisés en arrivant.












Toutefois les vaillants hommes et les bons chevaliers, pour leur honneur, chevauchaient toujours en avant, et ils aimaient mieux mourir que de s'attirer le reproche d'une vilaine fuite. La était parmi les bons chevaliers de France Messire Charles de Bohême, il vint en bien bon ordre jusqu'à la bataille; mais quand il vit que la chose allait mal pour eux, il partit, et je ne sais quel chemin il prit. 

Le bon roi son père, Jean de Bohême, n'en fit pas autant, car il alla si avant contre les ennemis qu'il frappa plusieurs coups d'épée et combattit vaillamment. Et ainsi firent tous ceux qui l'avaient accompagné, et ils le suivirent si bien avant parmi les Anglais que tous y demeurèrent. Nul n'en revint, et on les trouva le lendemain sur la place autour du roi leur seigneur, avec leurs chevaux tous attachés ensemble.

Vous devez comprendre que le Roi de France avait grande angoisse au coeur quand il voyait ainsi ses gens déconfits et battus par une poignée de gens qu'étaient les Anglais. Il en demanda conseil à messire Jean de Hainault, qui était auprès de lui. Ledit messire lui répondit " certes sire, je ne vous saurais conseiller. Le meilleur pour vous serait de vous retirer et de vous mettre en sûreté, car je ne vois point de remède. Il sera bientôt tard, vous pourriez aussi bien chevaucher sus à vos ennemis et être perdu que rester entre vos amis".

Le roi qui frémissait de mécontentement et de colère, ne répondit point, mais chevaucha un peu plus avant; et il pensa qu'il allait se diriger vers son frère le Comte d'Alençon, dont il voyait les bannières sur une petite montagne. Lequel Comte d'Alençon descendit en bon ordre contre les Anglais et les vint combattre, et le Comte de Flandres d'autres part, jusqu'à la bataille du Prince. Et volontiers y fut venu le Roi Philippe, s'il eût pu; mais il y avait devant eux si grande haie d'archers et de gens d'armes que jamais il n'eut pu passer, car plus il avançait plus sa suite s'éclaircissait.

Cette bataille entre Broye et Crécy fut cruelle et terrible, tardivement commencée, ce qui fit plus de tort aux Français que tout autre chose. Car les gens d'armes, les chevaliers et les écuyers, par la nuit perdaient leurs seigneurs et leurs maîtres. Ils erraient par les gens et souvent s'engageaient en désordre parmi les Anglais, en sorte qu'ils étaient bientôt attaqués et occis. Car nul n'était pris à rançon ni à merci. Ainsi avait il été ordonné dès le matin.

Le comte d'Alençon et le Comte de Flandres qui combattaient chacun sous sa bannière et avec ses gens ne purent résister à la puissance des Anglais, et furent là tués sur la place avec grande foison de chevaliers et  d'écuyers auprès d'eux. Le Comte de Blois et le Duc de Lorraine, son beau frère, avec leurs gens étaient entourés d'une troupe d'Anglais et de Gallois qui ne prenaient personne à merci. La ils firent de beaux exploits, mais leurs prouesses ne leur servi de rien, car ils demeurèrent sur la place et tous ceux qui étaient avec eux. Ainsi fit de même le Comte d'Auxerre et le Comte de Saint Pol, et tant d'autres que ce serait merveille à raconter.

Sur le soir à nuit tombée, partit le Roi Philippe, tout déconforté, ce dont il y avait bien matière, lui et cinq barons seulement, messire Jean de Hainault, le sire de Montmorency, le sire de Beaujeu, le sire d'Aubigny et le sire de Montsault. Ainsi chevaucha le roi, se lamentant et regrettant ses gens jusqu'au château de la Broye. Du champ de bataille l'avait emmené messire Jean de Hainault, par le frein de son cheval, car il était son garde et son conseiller et lui dit: " sire, venez vous en, il est temps, ne vous perdez pas inutilement, si vous avez perdu cette fois, vous regagnerez une autre fois " la dessus messire Jean l'emmena comme par force.

Sachez donc que si les Anglais eussent fait la poursuite ainsi qu'ils le firent à Poitiers, bien plus grande eût été la déconfiture et la perte pour les Français qui déjà furent grandes et horribles, si bien que le royaume de France en est demeuré affaibli d'honneur, de puissance et de sagesse. Mais ce samedi, nul Anglais ne sorti de ses rangs afin de pourchasser un homme, et se tenaient à leurs places, gardant la terre et se défendant seulement à ceux qui les assaillaient, et de tous les beaux faits de leur parti, bien furent les Archers de grand secours par leurs traits; car par eux seulement furent ces quinze mille Génois déconfits, ce qui fut aux Anglais à grand avantage.

Ce samedi, quand la nuit fut toute venue et que l'on entendait plus crier ni appeler, ni nommer les enseignes et les seigneurs, les Anglais tinrent la place pour être à eux et leurs ennemis déconfits. Ils allumèrent donc grand foison de falots et de torches. Et alors descendit le Roi Edouard et il s'en vint avec sa bataille en bon ordre vers son fils le Prince.

Vous devez savoir que grande joie au coeur eurent les Anglais quand ils virent que la place leur était demeurée, ils chevauchèrent tout le dimanche, environ cinq cent hommes d'armes et deux mille archers, pour voir s'ils trouveraient quelques Français qui se fussent rassemblés. Lesquels rencontrèrent les gens des communes de Rouen et de Beauvais, qui étaient partis de Saint Riquier et d'Abeville sans rien savoir de la déconfiture qui avait été faite le samedi, ils furent bientôt morts sur le champ, dans les haies et les buissons. Et ainsi périrent aussi l'Archevêque de Rouen et le grand prieur de France avec leur troupe.

Quand ces chevaucheurs revinrent et dirent au Roi qu'il n'y avait plus apparence d'aucune assemblée de français, le roi Edouard décida d'envoyer des gens pour relever les morts, afin de savoir qui avait succombé. Et il en chargea messire Renaud de Cobham et messire Richard de Stafford, qui se mirent en peine de voir et visiter tous les occis. Ils en trouvèrent si grand foison qu'ils en furent tout émerveillés. Le soir très tard comme le Roi allait souper, lui rapportèrent que onze chefs princiers, quatre vingt bannerets et douze cent chevaliers d'un écu, ainsi qu' environ trente mille hommes d'autres gens étaient demeurés sur place. Le roi et son fils plaignirent la mort du vaillant roi de Bohême, il publia une trêve de trois jours pour enterrer les morts.

                            Si louèrent Dieu d'un grand coeur le roi d'Angleterre et son fils
                              de la belle journée qu'il leur avait envoyée, et de ce qu'une
                                    poignée de gens qu'ils étaient en comparaison des
                                         Français, avaient déconfis leurs ennemis.  



PS: Avis de Joseph Calmette, membre de l'institut, sur Philippe VI de Valois, je cite: Pour se consolider sur le Trône ce roi aurait eut besoin d'un esprit politique, qui justement lui faisait défaut!, car redisons le c'était un chevalier avant tout, l'esprit d'aventure était en lui, plus que le sens de la raison d'état. Fastueux, dépensier; hanté par le mirage des exploits et du prestige. Cet héritier va accumuler en quelques années une incroyable série d'erreurs.

Il faut toute l'irréflexion, toute l'inexpérience de ce féodal inopinément haussé à la dignité de chef d'état pour méconnaître les symptômes précurseurs du cataclysme qui va fondre sur la France. M de V

lundi 17 avril 2017

N°15) Crécy selon Froissart 1/2



Quand le roi de France et sa grosse troupe se furent éloignés de la ville d'Abbeville d'environ deux lieues, approchant des ennemis, il lui fut dit " Sire il serait bon que vous fissiez entendre à ordonner vos batailles, et que vous fissiez passer devant tous les gens de pied, afin qu'ils ne soient pas foulés par ceux à cheval, et que vous envoyiez chevaucher en avant trois ou quatre de vos chevaliers, pour voir en quel état sont vos ennemis " Ces paroles plurent bien au Roi, et il envoya quatre chevaliers bien vaillants, le Moine de Basèle, le seigneur de Noyers, le seigneur de Beaujeu et le seigneur d'Aubigny.
Les quatre chevaliers chevauchèrent si avant qu'ils approchèrent de bien près les Anglais, et qu'ils purent bien voir et imaginer une grande partie de leur affaire. Et les Anglais virent bien qu'ils étaient la pour les voir; mais ils n'en firent pas semblant, et les laissèrent se retirer bellement tout en paix.

Or retournèrent les quatre chevaliers vers le roi de France et son conseil qui chevauchaient au petit pas, en les attendant. Et ils s'arrêtèrent sur le champ dès qu'ils les virent venir. Les chevaliers dessus dits fendirent la presse, et vinrent jusqu'au roi. Alors il leur demanda tout haut : "seigneurs quelles sont vos nouvelles? " Et ils se regardaient  les uns les autres sans mot dire, car nul ne voulait parler avant son compagnon. Enfin sorti de la bouche du roi l'ordre au Moine de Basèle de dire ce qu'il pensait, il était chevalier de monseigneur Charles le Roi de Bohême, qui s''en tenait pour bien paré quand il l'avait avec lui.
Sire dit le Moine de Basèle, je parlerai donc puisqu'il vous plait, sauf les corrections de mes compagnons. Nous avons chevauchés si avant que nous avons vu et considéré l'ordonnance des ennemis. Sachez qu'ils se sont unis  et arrêtés en trois batailles bien comme il faut, et ne font nul mine de fuir, mais vous attendrons à ce qu'ils montrent. De mon côté je conseille, sauf toujours meilleur avis, que vous fassiez arrêter et loger tous vos gens dans les champs pour cette journée. Car lorsque les derniers seront arrivés et que vos batailles seront ordonnées, il sera tard, vos gens seront fatigués, lassés et sans ordres. Et que vous trouverez vos ennemis frais et reposés, et bien instruits de ce qu'ils doivent faire. Vous pourrez demain matin ordonner vos batailles mieux et plus mûrement , et plus à loisir examiner vos ennemis, pour savoir par ou on les pourra combattre, car soyez assuré que les Anglois vous attendront.

Ce conseil plut fort au roi de France, et il commanda qu'il en fut fait comme le Moine l'avait dit. Si chevauchèrent les deux maréchaux, les uns devant les autres derrière, en disant et en commandant aux bannerets: " Arrêtez bannières, de par le Roi, au nom de Dieu et de monseigneur saint Denis! " Ceux qui étaient les premiers s'arrêtèrent à cette ordonnance, mais non les derniers qui chevauchaient toujours plus avant. Et ils disaient qu'ils ne s'arrêteraient point jusqu'à ce qu'ils fussent aussi avancés que les premiers. Et quand les premiers virent qu'ils les approchaient, ils chevauchèrent en avant. Ainsi et par grand orgueil survint cette affaire, car chacun voulait dépasser son compagnon. Et jamais ne put le vaillant chevalier faire entendre ou croire sa parole, dont il arriva grand mal, comme vous ouïrez présentement.











Et ni le roi ni ses maréchaux ne purent être maître de leurs gens; car il y avait la si grand nombre de grands seigneurs que chacun par envie voulait montrer sa puissance. Ainsi chevauchaient en cet état, sans ordres et sans commandement, si avant qu'ils approchèrent des ennemis et les virent en leur présence. Or ce fut grand blâme pour les premiers, et mieux leur eût valu s'être arrêtés à l'ordonnance que faire ce qu'ils firent.

Car sitôt qu'ils virent leur ennemi ils reculèrent tout à coup, si fort en désordre, que ceux qui étaient derrière s'en ébaubirent et crurent que les premiers combattaient et étaient déjà déconfits. Et quand ils crurent approcher des ennemis, à trois lieues de loin ils tirèrent leurs épées et crièrent: " à la mort à la mort " et ils ne voyaient personne. Il n'est aucun homme qu'il fut présent à cette journée ou qu'il ait eu le loisir d'aviser ou d'imaginer toute la besogne ainsi qu'elle alla, qui en ait su ni pu imaginer la vérité, surtout du côté des Français, tant il y eut pauvre ordre en leur ordonnance. Les Anglais qui étaient ordonnés en trois batailles et qui étaient bellement assis à terre, aussitôt qu'ils virent les Français approcher, se levèrent tranquillement sans nul effroi, et se rangèrent en leurs batailles, celle du Prince tout devant, avec les archers placés en manière de herse, et les gens d'armes au fond de leur bataille. Le Comte d'Arundel et le Comte de Northampton  avec leur bataille, qui était la seconde, s'y tenaient bien ordonnément  tout prêt et instruits pour soutenir le Prince, si besoin en était.

Vous devez savoir que les seigneurs, rois et ducs, comtes et barons Français ne vinrent pas là tous ensemble, mais l'un devant l'autre derrière, sans règle ni ordonnance. Quand le roi Philippe vint jusqu'à la place ou les Anglais étaient, et qu'ils les vit, le sang lui bouillit dans les veines, car il les haïssait, et il ne se put retenir de combattre, et il dit à ses maréchaux: "faites passer nos Génois devant et commencer la bataille " Si il y avait environ quinze mille de ces arbalétriers qui eussent autant aimé ne pas commencer la bataille, car ils étaient rudement lassés et fatigués après avoir fait à pied plus de six lieues, tout armé et en portant leurs arbalètes. Ils dirent donc à leur connétable qu'ils n'étaient pas bien préparés pour grands exploits. Ces paroles volèrent jusqu'au Comte d'Alençon qui en fut durement courroucé et dit " on se doit bien charger de telle ribaudaille qui manque au plus grand besoin ".










Pendant ces paroles il descendit du ciel une pluie si grosse et si serrée que ce fut merveille, avec un tonnerre et des éclairs grands et terribles. Un instant avant cette pluie, en dessus des batailles, et autant d'un côté que de l'autre, avaient volé une foule de corbeaux sans nombre, qui menaient le plus grand bruit. Et disait un sage chevalier que c'était signe d'une grande effusion de sang. Après tout cela, l'air commença à s'éclaircir et le soleil à luire beau et clair, et les Français l'avaient tout droit dans les yeux et les Anglais dans le dos. Quand les Génois furent assemblés et qu'ils durent approcher l'ennemi, ils se mirent à crier si haut que ce fut merveille, pour troubler les Anglais; qui restèrent cois sans bouger, une seconde fois ils crièrent et marchèrent un peu en avant et les Anglais restèrent sans bouger de leur place. Une troisième fois ils crièrent et partant en avant, ils tendirent leurs arbalètes et se mirent à tirer. Mais quand les archers Anglais virent cette ordonnance ils firent un pas en avant et puis firent voler leurs flèches de la belle façon, qui descendirent si dru sur les Génois qui n'avaient point appris à connaitre de tels archers, quand ils sentirent ces flèches qui leur perçaient bras, têtes et lèvres, furent tantôt déconfits. Et plusieurs d'entre eux coupèrent les cordes à leurs arcs et d'autres les jetèrent par terre et se mirent à reculer.

Mais il y avait une épaisse haie de gens d'armes montés et parés richement, qui regardaient la situation des Génois, si bien que lorsqu'ils crurent s'enfuir, ils ne le purent. Car le roi de France, grandement mécontent quand il vit qu'ils étaient déconfits, commanda et dit: " or tôt tuez toute cette ribaudaille, ils nous embarrassent et tiennent la voie sans raison. " La vous auriez vu des gens d'armes s'engager parmi eux, les frapper et occire. Et toujours tiraient les Anglais vigoureusement au plus fort de la presse, et ne perdaient aucuns de leurs coups; car ils empalaient et frappaient à travers le corps et les membres, chevaux et gens d'armes, qui tombaient là et trébuchaient à grand peine et ne pouvaient être relevés. Ainsi commença la bataille de Crécy en Ponthieu. M de V

dimanche 16 avril 2017

Foires et jours de Marchés


Rues et ruelles sont dans la vie de tout les jours très animées, mais selon la taille de la cité, nous pouvons avoir de 1 à 4 marchés par semaines, il en va de même pour les foires, de une à quatre par an.

La cité se transforme alors en ruche, beaucoup de gens entrent et sortent de la ville, les paysans viennent vendre leurs produits, bûcherons et charbonniers achètent de l'outillage qu'ils ne peuvent confectionner eux même, le meunier s'offre une pièce de drap, un tonneau.

Les citadins, comme ceux qui résident hors les murs, ont besoin de sel, de pots à cuire et autres babioles de la vie de tout les jours.

Ils sont la aussi pour les ragots et les nouvelles, conclure des échanges et parler "bien sur" impôts et redevances, la plus part ne sachant ni lire, ni écrire les informations se transmettent de bouches à oreilles.











Lors des Foires, qui durent plusieurs jours, des marchands itinérants viennent proposer les produits rares et chers: des "Espiceries", fil, tissu, métaux en barres, drogues, voir même des confitures du miel.

Pour l'ouverture de ces manifestations commerciales qu'étaient les foires, le Seigneur du lieu ou les Echevins de la ville, devaient offrir à ces Merciers et Epiciers itinérants, du pain blanc, une pipe de vin, (la pipe = 400 litre), une livre de poivre, une tresse d'ail, et un boeuf.












Il s'ensuit une joyeuse procession dans les rues, avec force Menestereulx (musiciens), qui vous tympanisent à grand renfort de trompes, tambours et autres instruments.

Le Boeuf en tête du cortège, parade, avec rubans dans les cornes et une serge de couleurs sur le dos, de temps à autre le cortège s'arrête pour qu'un Hérault à forte voix publie les ordonnances de la foire.












Le défilé se termine à l'endroit ou le boeuf sera tué et débité en quartiers pour alimenter le banquet d'ouverture. C'est également la ville qui fournira le boucher, le cuisinier et les servants, pour préparer les mets et servir les convives.

Ils sont tenus également de prêter les pots à cuire la vaisselle, ainsi que le bois et le sel.En échange nos marchands doivent déballer et étaler leurs produits pour la durée de cette foire.


PS: de ces foires et marchés les enfants font leurs terrains de jeu, les étals les tenues bigarrées, les processions de marchands et la diversité des chalands venus acheter ou commercer ne peut que les émerveiller, de ces enfants il faut dire un mot ! Tout d'abord abandonner les idées reçues, comme l'absence de sentiments des parents pour leurs enfants au Moyen âge.











Malgré des conditions de vie difficiles, la majorité des enfants dans leurs familles sont choyés, ils font l'objet d'affection à l'école, au monastère, comme apprenti chez un patron, dans la rue, aux champs ou page chez un seigneur et l'éducation soignée à la mesure bien sur des moyens de chacun.

La forte mortalité s'explique par la malnutrition, ou l'hygiène selon les cas, puis l'absence de médecine efficace. La Dysenterie et la fièvre sont les deux principaux fléaux qui touchent les nourrissons, auxquels il faut ajouter les épidémies, les famines et l'insécurité.





Il existe deux paliers de forte mortalité de 0 à 3 mois, puis entre 3 et 10 ans s'il passe ce cap il a de fortes chances de vivre vieux, toutes proportions gardées bien sur !! M de V

vendredi 14 avril 2017

La Bataille Navale de l' Ecluse


C'est en Juin 1340 que va avoir lieu la plus grande bataille navale du Moyen âge, la France jusqu'à ce jour du 24 juin détenait la suprématie sur les océans.

Les Anglais en savent quelque chose, les raids que la flotte Française effectue sur les côtes d'Albion font des ravages, notamment à Southampton peu de temps avant l'affaire qui nous occupe.

La flotte Française se compose de 200 Navires à voiles, dont le Christophe (prise de guerre Anglaise), 12 barges de transport et 30 galères et dromons. Les Anglais disposaient d'autant de vaisseaux, mais pas dans des proportions similaires, ils étaient tous à voiles.

Il y eut selon Froissart 12000 morts, pour une bataille qui dura selon ses sources, de l'heure de prime jusqu'à vespre ( du matin au soir).






Ce fut un carnage pour la France et la cause première de cette hécatombe fut d'avoir deux chefs pour commander au combat.

L'Amiral Hue Kieret, homme compétent, connaissant bien la mer et qui avait fait de nombreuses incursions avec ses navires sur le territoire Anglais, et Bahuchet, qui lui ne connaissait rien à rien en combat naval, étant trésorier de la Couronne.

Si au moins comme nous dit le Général Weygand ils avaient eut la présence d'esprit de séparer les navires et les hommes en deux escadres, de façon à se soutenir l'un l'autre, mais non!!! Ils décident de commander sur le même vaisseau.







Le tertium quid était Barbanera, qui commandait les galères Génoises, il n'était pas d'accord avec les dispositions prises par les Français, mais ne fut pas écouté, c'était un mercenaire.

Deuxième erreur ils décident de rester prés de la côte, dans une anse resserrée à l'embouchure de la Swin, ce qui annulait leur supériorité numérique.

Troisième erreur et de loin la plus stupide, ils décident d'enchaîner plusieurs de leurs navires pour "on suppose",créer un front qui empêcherait les Anglais d'aller vers Bruges ??? Mais cela annulait toute possibilité de manoeuvre. Barbanera va se tenir à l'écart de cette folie ses galères avaient besoin d'espace pour manœuvrer.












PS: Les Français qui étaient la furent déconfit, seule une trentaine de vaisseaux se sortiront de ce piège, quand aux hommes ils périrent soit tués soit noyés....M de V



jeudi 13 avril 2017

Pétrarque vision de la France en 1360


Il est chargé par Galeazzo Visconti de rencontrer Jean II le Bon à son retour de captivité, il fait une description cauchemardesque du royaume de France, de Paris et ses environs.

Je cite: C'est à peine si j'en ai reconnu quelque chose en voyant ce royaume florissant et prospère réduit en cendres; la presque totalité des maisons était en ruines, hormis celles qui étaient à l'intérieur des enceintes fortifiées.

J'écrivis alors longuement sur cet état de fait à Pierre de Poitiers, mon vieil et vénérable ami, qui mourut peu de temps après, et qui aurait mieux fait de mourir avant.

Ou est la célèbre cité de Paris, qui bien qu'infiniment inférieure à sa renommée et infiniment redevable aux mensonges de ses admirateurs, fut pourtant sans conteste une grande ville?











Ou sont passés tous ses étudiants, son Université pleine de vie, l'opulence de ses habitants, et la liesse générale? J'y entend à présent  le bruit de la guerre, pas celui des controverses; j'y vois profusion d'armes et non de livres.

Les murs résonnent des coups de béliers et des appels des sentinelles, non de syllogismes et de discours. Les cris et les va- et - vient des chasseurs ont disparu, les places fortes retentissent de cliquetis d'armes: Les forêts sont silencieuse, et l'on a du mal à se sentir à l'abri à l'intérieur des villes mêmes; La paix qui semblait y avoir construit son temple, a disparu et fui au loin.












Nulle part ne règnent autant d'insécurité et de dangers de toute espèce. Qui aurait pu prédire, je me le demande, que le roi des Francs, pourtant le plus invincible des caractères, aurait été défait, conduit en prison et échangé contre une forte rançon?

Le responsable de ce malheur le rend plus supportable: c'est un roi, bien qu'inférieur à lui, qui vainquit ce roi. Mais ce qui est déplorable et honteux, c'est que rentrant dans sa patrie, le roi en personne, accompagné de son fils, qui règne à présent, en fut empêché et fut contraint de négocier avec des bandits pour pouvoir traverser sans danger ses propres terres.

Qui aurait jamais pu, je ne dis pas penser, mais imaginer, qu'une telle chose puisse arriver dans le plus heureux des royaumes? Et comment la postérité pourra-t-elle le croire s'il retrouve un jour sa postérité d'antan, puisque les choses humaines sont changeantes? Nous ne pouvons croire que ce que nous voyons.






                                                    traduit du latin par Rebecca Lenoir









PS: On sent bien sa formation de légiste derrière ses propos, il avait étudié le droit à Montpellier quatre ans, puis à Bologne pendant encore trois ans. Cette formation il l'abandonnera dés qu'il sera dégagé de la tutelle de ses parents. M de V

Il n'est pas inutile de savoir ce que Pétrarque pense du droit au XIV siècle,qui marque justement le grand retour du droit Romain et des Légistes.

Je cite Pétrarque dans le texte ( lettre à la postérité): Mais moi ces brillantes études je les abandonnaient, non que me déplut le prestige du droit, qui sans doute est grand, et riche de l'antiquité romaine, que j'adore, mais parce que la méchanceté des hommes en perverti l'usage.

Voila pourquoi j'interrompis mes études, pourquoi je renonçai à une discipline dont la pratique eut été malhonnête. L'utiliser honnêtement eut été impossible, et, l'eussé-je voulu, que ma pureté eut été interprétée comme de l'inexpérience.

Nota: je vous met les images dont je dispose, des premiers livres de poches que l'on portait à la ceinture. M de V



Geoffroy d'Harcourt ou la conscience Normande


On ne peut évoquer ce personnage sans parler de l'attachement des Normands à leurs traditions d'autonomie. Cette identité régionale est partagée par nos voisins Anglo Saxons, car depuis

Guillaume le Conquérant l'Anglais n'est pas un étranger en pays normand, et il ne faut qu'une douzaine d'heures pour passer le bras de mer. Le très ancien passé Scandinave n'est pas enterré, et chaque famille de Noblesse, tenancier d'une terre, bourgeois ou paysan, d'un côté comme de l'autre de la Manche, revendique un ancêtre venu du Nord.

Derrière chaque chevalier Anglais ou Normand sommeille un guerrier Viking, cela formait un lien bien plus fort que l'unité du royaume, sans oublier les liens familiaux qui soudaient leurs relations, les revenus de domaines Anglais, Normands et Irlandais transitaient.





Depuis la mort du Roi de fer, l'agitation est permanente en Normandie, la classe féodale ayant la tête prés du bonnet est inquiète de ses privilèges.

L'exemple est donné par quelques uns des plus puissants Barons du Duché, les Harcourt ou les Graville qui font leurs guerres privées sans même s'imaginer que l'on puisse leur interdire.

Si le Normand considère que son Roi est un mauvais Suzerain, il se tournera vers son cousin d'Angleterre, sans avoir le moins du monde le sentiment de trahir. Il faut quand même porter à leur crédit qu'ils avaient plus d'une raison de se plaindre! car le trône était plus que branlant depuis la mort de Philippe IV le Bel.







Intéressons nous à l'une des figures les plus emblématique de cette Normandie du XIV siècle. Geoffroy d'Harcourt est né en 1326, il est le frère de Jean IV Comte d'Harcourt, Geoffroy est seigneur de Saint Sauveur le Vicomte, il détient dans ce bourg l'une des plus formidable forteresse de Normandie.

Son rang de grand seigneur et son caractère de normand ombrageux, fier de ses racines nordiques, font très vite de lui le porte parole de la noblesse de la région, homme de guerre s'il en est, il participe à de nombreuses campagnes pour le roi de France.

Mais voila que notre homme veut faire souche, il convoite pour ce faire, l'une des plus riche pucelle de la province. La ou le bas blesse c'est qu'il n'est pas le seul, notre Jeannette Bacon est convoitée par un autre prétendant, un certain guillaume Bertran descendant des Tancarville.

Ce tertium quid est un fidèle de la couronne de France, il offre donc à notre Geffroy un prétexte à une guerre privée tout à fait dans le style des traditions Normandes, permettant d'affaiblir un voisin en s'attaquant à ses possessions.

Mais Philippe VI de Valois ne tolère pas ces attaques contre son protégé: Geoffroy sera condamné par le parlement et obligé de fuir pour ne pas être emprisonné. Il se réfugie à Londres auprès d'Edouard III, et comme le dit Jean Favier, je cite: ce n'était pas la trahison d'un français mais le désaveu d'un Vassal, Geoffroy d'Harcourt fera serment d'allégeance au roi d'Angleterre.





Cette alliance prend de court le roi de France et ce au moment le plus mal venu, car les Anglais se préparent à la guerre depuis longtemps et Geoffroy d'Harcourt offre une occasion inespérée de reprendre pieds en Normandie. Le 12 juillet 1346 Edouard III et ses troupes débarquent à Saint Vaast la Hougue, c'est pour les Français le début le d'une très longue période de malheurs.

Les Anglais progressent vite ils bénéficient de l'appui des hommes de Geoffroy en Normandie et prennent Caen qui n'offrira que peu de résistances. Pendant ce temps Philippe VI s'inquiète pour sa capitale, le manque de discernement de se monarque est proverbiale, cela lui cache certaines évidences, premièrement l'armée d'Edouard est trop faible pour s'en prendre à une ville comme Paris, elle n'est pas équipée pour faire le siège d'une cité, de plus il est évident qu'elle ne cherche pas l'affrontement.






Edouard mène la première de ses très célèbres chevauchées, ( que nous nommerions Raid ), les français vont s'épuiser à le poursuivre, cette partie de "cours après moi que je t'attrape!! ", va se terminer par la bataille de Crécy, qui verra l'armée Anglaise écraser l'Ost Français au moins trois fois supérieur en nombre.

La faute en reviens à notre roi, mauvais chef de guerre, incapable de se faire obéir, et qui comme ses chevaliers est aveuglé par ses romans de chevalerie, ne connaissant au combat que la charge suivie de la mêlée. Ce grand carnage verra aussi le frère contre le frère, ou sous la bannière d'Angleterre Geoffroy sort vainqueur, et Jean Comte d'Harcourt meurt sous la bannière des lys de France.






Peu de temps après la bataille Geoffroy d'Harcourt, en vrai féodal, demande raison à son suzerain, pour qu'il lui rende ses terres et le rétablir dans ses droits, Philippe VI n'a guère les moyens de refuser, il accède a sa demande.


Pendant ce temps la Edouard III fonce sur Calais !!.

On sait peu de choses des années qui vont suivre sur les activités de Geoffroy d'Harcourt, par contre il est certain qu'il entretien de très bons rapports avec son neveu, Jean V comte d'Harcourt.








Le 22 août 1350 Philippe VI meurt et le 26 septembre, comme épitaphe on pourrait graver ce que disait de lui Froissart " il croyait légèrement étant de fol conseil ", son fils Jean II le Bon est sacré roi, il est le digne fils de son père.

On retrouve Geoffroy d'Harcourt en 1354 aux côtés de Charles II Roi de Navarre et Comte D'Evreux, le plus puissant seigneur de Normandie, il a comme lui de très bonnes raisons de détester les Valois, puisque Jean II possède les mêmes tares que son père. Vu de Paris le danger est grand car bon nombre de Barons se sont rangés derrière le roi de Navarre.

Le roi va être obligé de donner le Duché de Normandie à son fils, pour faire barrage aux prétentions du roi de Navarre. Il est manifeste que le père et le Dauphin son fils ne s'aiment pas, ce dernier n'a que peu de considération envers ce monarque, ni dans sa façon de diriger le pays. Jean est un émotif passionné, il a le sang chaud et sa maladresse lui fera commettre beaucoup d'erreurs, a l'inverse, Charles son fils est un jeune homme calme, réservé et prudent.






Lors du traquenard fomenté par Jean II le Bon, afin de se saisir du roi de Navarre à Rouen, sera assassiné sans jugement Jean V Comte d'Harcourt ( au lieu dit le champ du pardon ).


Geoffroy son oncle est submergé par la peine, sa colère est tel, qu'il déshérite son autre neveu Louis pour léguer tout ses biens à Edouard III roi d'Angleterre.







Replié dans sa formidable forteresse, il va porter le fer partout ou se trouvent les intérêts du roi. Paris lui envoie  une véritable armée pour le débusquer et se retrouve bientôt acculé dans la baie des Veys,



                                  En cet instant ou Geoffroy, va jusqu'au bout de lui même
                                                                    il aura ces mots:

                        Ce jour d'hui en suaire d'armes mon corps sera enseveli, Seigneur Christ
                                     je te remercie de l'honorable mort que tu m'envoies

                          c'est une partie de la conscience Normande qui disparaît ce jour la !! M de V

mercredi 12 avril 2017

N° 10) La Bourgeoisie


C'est en l'an 1007 que le terme de Burgensis apparaît pour la première fois, il désigne un personnage nouveau le Bourgeois, souvent synonyme de Mercator, marchand sédentarisé résidant dans une cité.


Très vite ils vont essayer d'échapper à la tutelle du roi ou du seigneur du lieu en fondant des communes libres, et en réclamant des franchises pour la libre circulation de leurs marchandises.









Dans le même temps les villes commencent à s'entourer de remparts et de fortifications, fort de cette sécurité, on voit naître des associations de métiers qui très vite vont s'administrer en nommant un conseil de Bourgeois influents pour les gouverner et les corps de métiers sont constitués en Guildes.

Ces Bourgeois influents du XIV siècle vont porter le titre d'échevins dans le nord et de consuls dans le sud. La ville est gérée par eux sous la présidence d'un Maire élu par eux, la ville possède son propre sceau et ses propres lois, ils forment une classe riche et détentrice de pouvoirs.

Ils sont commerçants, Artisans, Banquiers, ou membres de professions libérales, ils vont faire leur entrée sur la scène politique en ce début du XIV siècle. afin de remplacer à des postes importants une noblesse indocile, Philippe IV le Bel va recruter dans leurs rangs ses principaux conseillers.









Plus particulièrement dans la classe dominante de cette Bourgeoisie les Légistes, l'étude du droit a pris une place prépondérante dans le commerce, les affaires étant sources de litiges multiples, nos bourgeois ont pris l'habitude d'envoyer un de leur fils faire des études de Droit dans les Universités.

Ce développement coïncide avec le retour en force du droit Romain, il est enseigné dans ces universités au même titre que le droit Canon. Nogaret, Plaisians et Flotte seront des conseillers trés écoutés du roi de fer ( que l'on nommait aussi le roi des légistes ).

Mais les conflits de la guerre de cent ans vont ruiner la petite et moyenne noblesse, qui va s'endetter pour fournir l'effort de guerre, les petits propriétaires terriens subiront le même sort à cause des rapines et des pillages des bandes armées.







Pendant que les grands bourgeois du négoce bien à l'abri derrière les murailles des cités, s'enrichiront encore plus avec le rachat des terres de ces paysans libres mais ruinés, puis en pratiquant des mariages avec les familles de la petite noblesse désargentée et ruinées par la guerre.







Plus tard de 1356 à 1358 en la ville de paris, un Prévôt des marchands nommé Etienne Marcel, marié à Marguerite des Essarts, va après une série de coups d'états exercer en France un réel pouvoir, il esquisse avant la lettre un projet de royauté constitutionnelle, avec un pouvoir parlementaire important.

On l'appellera la révolution manquée du XIV siècle. Mais notre prévôt ayant voulu manger à tous les râteliers, finira assassiné par un de ses congénères


PS: Ils seront à l'origine de la lente chute du système féodal, au bas Moyen âge.  Cela commence avec Le roi de fer Philippe IV le Bel ( roi des légistes) et sera consommée avec Louis XI ( le roi des bourgeois)




L'alimentation de la population au XIV siècle


Les gens étant illettrés ils n'ont pas laissé de témoignage écrit sur leur alimentation, ni recettes, ni comptes de dépenses alimentaires, pas plus que d'inventaire d'une quelconque réserve de nourriture, les documents de gestion seigneuriaux sont donc les principales sources d'informations pour connaitre les menus des paysans, salariés agricoles, bouviers et autres journaliers.

Ces budgets alimentaires se divisent alors en trois catégories: le vin, le pain et le companage ( c'est à dire tout ce qui accompagne le pain ), on note ainsi que le pain absorbe 64 % du budget, contre 12% pour le companage et 24% en vin. Le pain étant la nourriture la moins chère, nous pouvons déduire qu'ils en consommaient de très grandes quantités.

Mais que vous preniez les sommes allouées de la compagnie Hospitalière de Saliers, de l'Hopital d'Aix ou des comptes du Roi René D'Anjou en ce qui concerne le grain fourni pour nourrir les personnes qu'ils utilisaient sur leurs domaines, elles sont les mêmes.

La norme semble se situer selon le livre de Boris Bove, autour d'une consommation de 1 kilo de pain par jour et par personne, c'est donc assurément le principal aliment des travailleurs, paysans, journaliers, bouviers et des pauvres


Le companage comprend donc tout ce qui est susceptible d'accompagner le pain, viandes, oeufs, fromages, épices, poissons, fruits, légumes verts ou secs. La quantité de viande consommée par la masse populaire reste un mystère, on peut dire sans se tromper qu'ils en mangeaient,  mais qu'elle avait une place fort réduite par rapport aux aliments végétaux.

Ils se composaient de Fèves fraîches sèches ou cassées, de pois et de haricots, les jardins derrière les masures produisaient choux verts et blancs, poireaux, épinards, oignons et ail. Puis les fruits pommes poires et prunes, mais aussi figues et coings, et les fruits à coques noix noisettes, amandes et châtaignes.

Force est de constater que la surconsommation carnée est attestée uniquement à la table des élites du XIV siècle, on note même au début du XV l'abattage chez les bouchers de veaux ( donc de bêtes jeunes), ce qui était inusité jusque la


Pour les populations modeste si l'on veut parler viande le hareng est bon marché, car son abondance et sa bonne capacité de conservation en font un aliment qui ne coûte pas plus que le pain, pour le conserver il suffit de le fumer,ou de le saler.Ainsi préparé il peut se conserver un an et même voyager en tonneaux dans toute la France.

Sinon comme nous l'avons dit dans des articles précédents les porcs domestiques sont monnaie courantes en tant que garde manger sur pâtes. Pour ce qui est de la production par les paysans en ce qui concerne les produits dérivés tel que lait, beurre, oeufs ils étaient généralement vendus pour avoir des espèces ou pour faire du troc.