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jeudi 13 avril 2017

Pétrarque vision de la France en 1360


Il est chargé par Galeazzo Visconti de rencontrer Jean II le Bon à son retour de captivité, il fait une description cauchemardesque du royaume de France, de Paris et ses environs.

Je cite: C'est à peine si j'en ai reconnu quelque chose en voyant ce royaume florissant et prospère réduit en cendres; la presque totalité des maisons était en ruines, hormis celles qui étaient à l'intérieur des enceintes fortifiées.

J'écrivis alors longuement sur cet état de fait à Pierre de Poitiers, mon vieil et vénérable ami, qui mourut peu de temps après, et qui aurait mieux fait de mourir avant.

Ou est la célèbre cité de Paris, qui bien qu'infiniment inférieure à sa renommée et infiniment redevable aux mensonges de ses admirateurs, fut pourtant sans conteste une grande ville?











Ou sont passés tous ses étudiants, son Université pleine de vie, l'opulence de ses habitants, et la liesse générale? J'y entend à présent  le bruit de la guerre, pas celui des controverses; j'y vois profusion d'armes et non de livres.

Les murs résonnent des coups de béliers et des appels des sentinelles, non de syllogismes et de discours. Les cris et les va- et - vient des chasseurs ont disparu, les places fortes retentissent de cliquetis d'armes: Les forêts sont silencieuse, et l'on a du mal à se sentir à l'abri à l'intérieur des villes mêmes; La paix qui semblait y avoir construit son temple, a disparu et fui au loin.












Nulle part ne règnent autant d'insécurité et de dangers de toute espèce. Qui aurait pu prédire, je me le demande, que le roi des Francs, pourtant le plus invincible des caractères, aurait été défait, conduit en prison et échangé contre une forte rançon?

Le responsable de ce malheur le rend plus supportable: c'est un roi, bien qu'inférieur à lui, qui vainquit ce roi. Mais ce qui est déplorable et honteux, c'est que rentrant dans sa patrie, le roi en personne, accompagné de son fils, qui règne à présent, en fut empêché et fut contraint de négocier avec des bandits pour pouvoir traverser sans danger ses propres terres.

Qui aurait jamais pu, je ne dis pas penser, mais imaginer, qu'une telle chose puisse arriver dans le plus heureux des royaumes? Et comment la postérité pourra-t-elle le croire s'il retrouve un jour sa postérité d'antan, puisque les choses humaines sont changeantes? Nous ne pouvons croire que ce que nous voyons.






                                                    traduit du latin par Rebecca Lenoir









PS: On sent bien sa formation de légiste derrière ses propos, il avait étudié le droit à Montpellier quatre ans, puis à Bologne pendant encore trois ans. Cette formation il l'abandonnera dés qu'il sera dégagé de la tutelle de ses parents. M de V

Il n'est pas inutile de savoir ce que Pétrarque pense du droit au XIV siècle,qui marque justement le grand retour du droit Romain et des Légistes.

Je cite Pétrarque dans le texte ( lettre à la postérité): Mais moi ces brillantes études je les abandonnaient, non que me déplut le prestige du droit, qui sans doute est grand, et riche de l'antiquité romaine, que j'adore, mais parce que la méchanceté des hommes en perverti l'usage.

Voila pourquoi j'interrompis mes études, pourquoi je renonçai à une discipline dont la pratique eut été malhonnête. L'utiliser honnêtement eut été impossible, et, l'eussé-je voulu, que ma pureté eut été interprétée comme de l'inexpérience.

Nota: je vous met les images dont je dispose, des premiers livres de poches que l'on portait à la ceinture. M de V



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