Mais ne noircissont point trop le tableau cela pouvait être également le domaine de la joie, du rire et des plaisanteries, sans compter que se moquer du chaland ou tailler une réputation sur mesure à ses voisins était le sport à la mode pour le citadin....Soyons honnête de ce côté rien a changé !!!!
Ainsi malgré les dures conditions d'existence, la banalité de la vie ou la morosité du quotidien, l'inquiétude du lendemain et l'instabilité naturelle de l'époque, nos citadins profitaient tant que faire se peut des rares moments d'évasion ou des courts moments de bonheur
La chaussée est le foyer de la vie publique ou l'on " s'esbaudit " aisément et sans complexe de tout et de rien !. Que ce soit les zigzags du pochtron en sortie de taverne, les exentricités du " folastre " local, les potins du jour et bien sûr les commérages salés sur le " Mari Merdeux " c'est à dire le cocu!, ou le " Mari Durmené " c'est à dire celui qui ne portant pas le haut de chausse à la maison fait son bravache et joue le fanfaron dans son quartier, car tout fini pas se savoir dans la cité !!
On " Huche es rues " et à " gueule bec " après son voisin, le boutiquier du dessous ou le livreur de lait. on s'interpelle de fenestre à fenestre ou du pas de sa porte dans un language vert et imagé qui ne s'embarrasse d'aucune fioriture
Or donc si nous ajoutons à cela les maîtres et ouvriers des boutiques qui travaillent, la rue est particulièrement bruyante. Mais les plaisanteries de nos truculents citadins vont parfois fort loin et portent à conséquences dans certains cas comme nous l'avons noté dans les articles précédents !!
La grande habitude ou mode si vous préférez, c'est d'affubler les gens de surnoms parfois cruels qui vont durer toute une vie et même passer à la génération suivante
Bien souvent on mettait Le ou La devant un prénom exemple: La Jeanne ou Le Jean....mais voilà,.. quel Jean ou quelle Jeanne ????. Alors on répondait, mais si celui du Savetier !!!....ahaaa ce Jean là !!!. Il faut bien reconnaître que dans la cité des Jean ou Jeanne ou Jacques c'était monnaie courante !!!!
On trouvait alors un " Torcol ", un " Gratecul ", mais aussi un " Chatré ", un " Clerc de Merde ", un " Trote menu ", " le Cocu " ou " la Pansue " !!!
Or donc, à tout prendre, il valait mieux être Jean fils du Savetier du coin de la rue ou la Jeanne fille du Boulanger du quartier, plutôt que de porter ce genre de sobriquet mordious !!
La bonne humeur des propos ne pouvait cacher le mauvais goût et le grivois de nos truculents citadins, car ils transparaissent dans d'innombrables anecdotes que l'on retrouve écrites et qui sont parvenues jusqu'à nous !
Pour édifier mes lecteurs, mais aussi parce que c'est drôle, voici deux exemples....je préviens par avance qu'à cette époque tout tournait autour de la bouffe, de la picole et du joufflu .....ben quoi y avait pas Internet, ni le téléphone portable et pas plus de disneyland m'enfin !!!!!!
Ou il est dit qu'elle divulguait les noms de cieulx qui avoient eu compaignie charnelle d'elle, mais aussi lesquels la chevauchoit myeulx et estoient meilleurs euvriers dans le domaine...Pfffff ça craint !!!...elle nommait aussi plusieurs hommes et disoit avoir eu leur pucelage....je vous laisse imaginer le carnage dans les familles concernées !!
Deuxième exemple tout aussi grivois !!! mais à Chartres, ou l'on raconte les exploits de deux lurons qui après force libations avoient fait le pari stupide de montrer leurs génitoires à tous les passants, afin de savoir lequel estoit le plus couillu !!!!
PS: je vais arrêter la de peur de lasser mes lecteurs, mais sachez que chacun recevait son lot, de la prostituée à la vieille fille, du mari trompé au frère mendiant gras à lard, et de l'ivroigne repenti au prêtre travaillé de l'aiguillette M de V
Nota: mordious le nain est un goujat il a oublié de préciser que pour ces quatre articles je me suis appuyé sur le très bon livre de J-P Leguay, La Rue au Moyen Age, je suis confus !!!!