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vendredi 30 mai 2025

La Finlande au Moyen âge

L
a Finlande est formé par une vaste étendue de pays relativement plat, une pénéplaine qui présente le trait caractéristique d'être parsemée par une infinité de formations lacustres, séparées les unes des autres par des seuils plus ou moins élevés, depuis des Isthmes hauts de seulement quelques mètres jusqu'à des Crêtes (en finnois Harju) de plusieurs dizaines de mètres qui feraient, sur ces terres, presque figure de relief montagneux

Le poète Runeberg a appelé la Finlande le pays aux mille lacs, l'hyperbole est en deça de la réalité puisque le pays recense plus de 35 000 lacs de tailles et de profondeurs différentes. La tradition veut que l'histoire de la Finlande commence en 1157 ( XII siècle ) avec la croisade organisée par le Roy de Suède Erik ( saint Erik, il meurt en 1160 )

Cette expédition aurait été marquée par un débarquement de troupes suédoises en Finlande, avec comme but d'en finir avec le paganisme, mais plus surement pour mettre fin aux raids des pirates ( vikings ) partis des côtes de Finlande pour ravager le littoral Suédois !. C'est seulement en 1249 ( XIII siècle ) que débutent les opérations de conquête de la Finlande, dirigées par le Jarl Birger, beau-frère du Roy Erik IX de Suède !







C'est progressivement, mais non sans à-coups, que la Suède allait dès lors s'installer sur la terre de Finlande. L'église allait jouer dans ce processus un rôle essentiel. Ecclésiastiquement, la Finlande était soumise à un évèque résidant à Turku, devenu siège épiscopal à partir de 1300 ( XIV siècle ). L'église commença par assurer son assiette matérielle en introduisant la Dîme et différentes autres redevances

En dépit du développement remarquable des institution religieuses, dans ce vaste pays à population disséminée qui ne comptait guère plus de 200 000 âmes le christianisme ne parvenait pas, au moyen âge, à pénétrer profondement au sein des populations, sorciers et sorcières continuaient à pratiquer le culte ancestral !

Dans un ouvrage du XX siècle que j'ai découvert depuis peu " Les Anciens Finnois "  il est noté ce qu'était la société Finnoise à la veille de la conquète Suèdoise. Il y avait une sorte d'élite qui assumait la direction des Clans et des groupes d'intérêts qui s'étaient développés tout au long de la période dites " Vikings ". C'est cette élite qui a pu fournir les premiers éléments indigènes de ce que fut la noblesse de Finlande, dont le statut fut défini par l'édit royal d'Alsnö (1279)









L
e roi Magnus Ladulas y stipulait les franchises dont jouiraient les propriétaires fonciers qui s'engageraient à servir dans la cavalerie, en fournissant leur cheval, les armes et protections pour eux mêmes et leurs Varlets

Ces franchises consistaient essentiellement en une exemption totale d'impôts. Elles ne subsistaient qu'aussi longtemps que le bénéficiaire tenait les engagements qu'il avait contractés envers le roi. De plus il était obligé de se maintenir en permanence à un bon niveau de préparation militaire, puis de se rendre chaque année à la revue des armes qui avait lieu à Turku, et de rester en permanence à la disposition des chefs militaires désignés par le roi. Ainsi se constitua une classe de " privilégiés " (Vapaasääty) sous la forme d'une noblesse terrienne

Cette situation va évoluer et une différenciation s'opéra. Les plus fortunés purent seuls supporter les dépenses liées à l'équipement et aux fournitures très coûteuses de l'armement d'un cavalier, puis des nobles venus de l'étranger vont se mêler aux gens du cru, de suède, du brabant, de russie, du danemark etc...

Par une sorte de décantation deux couches se distinguèrent, les nobles de haut parage (Ylimys) ou aristocrates et la petite noblesse, le tout n'excédant pas 200 familles ou les éléménts suédois dominaient, la noblesse de Finlande, dans son ensemble, était bien moins riche que celle de Suède 










La Bourgeoisie des villes formait une classe à part. Son développement a été plus tardif car les villes n'ont été fondées que peu à peu, surgissant souvent sur l'emplacement d'anciens comptoirs ou d'anciennes forteresses vikings. Les villes étaient administrées par des Bourgmestres assistés d'un conseil municipal d'une dizaine de membres

Leur population était mélangée. On y trouvait beaucoup d'étrangers et principalement des Allemands originaires des villes hanséatiques ( voir article ) presque toutes les grandes firmes de la Ligue Hanséatique entretenaient des agents commerciaux, des Kesti (hôtes)

Ces Kesti étaient souvent admis à participer à l'administration municipale, formant même parfois la moitié du conseil municipal !. Les villes vivaient essentiellement du commerce d'importation-exportation. Leur négoce était protégé par des réglementations sévères de la Ligue

Cependant nos Bourgeois n'auront pas une grande importance dans le développement de la société finlandaise du Moyen Age, pour la bonne et simple raison qu'ils étaient en majeure partie étrangers et que les statuts dont ils jouissaient vont les tenir à l'écart des autres classes sociales 








Pour les ruraux, tout en sachant que le reste de la Finlande était peu peuplée, trois sortes d'établissements sont à considérer. Les villages ou aglomération rurales, les hameaux isolés et les fermes dispersées. Nous parlons la de la Paysannerie, formant au bas mot 90% de la population finlandaise au Moyen âge 

Deux sortes de paysanneries est à considérer les sédentaires et les itinérants
Les itinérants pratiquaient l'usage antique de l'écobuage. Des étendues plus ou moins grandes de bois étaient brulées pour être ensemencées, quand les brulis étaient épuisés, nos cultivateurs allaient transporter leurs installations plus loin et recommencaient, laissant la forêt se reformer et se fermer derrière eux

Nos itinérants échappaient aisément au contrôle de l'administration royale, de l'autorité locale, féodale ou ecclésiastique. Ce qui n'était pas le cas des paysans sédentaires attachés à leurs lopins de terre. Ces derniers étaient exposés davantage aux entreprises du pouvoir royal, comme aux exactions diverses des seigneurs locaux. Du moins ont ils gardés leur liberté et échappés au servage, nous ne pouvons en dire autant en France !!!!



PS: nous voila observateurs étrangers d'un petit bout d'histoire de la Finlande M de

mardi 13 mai 2025

N° 490 ) Rouen Capitale Ducale

Après la mort de Charlemagne, l'audace des Vikings (Pirates pratiquants la course en mer) s'accroit rapidement. Leurs navires prennent l'habitude de remonter la Seine et d'en piller ses rives

A plusieurs reprises des bandes de pirates nordiques occupent Rouen sans rencontrer de grande résistance car si la ville était bien protégée du côté des terres par une robuste muraille romaine elle ne devait avoir d'autre protection, côté fleuve, qu'une pauvre pallissade de pieux de bois

Citons dans l'ordre Oscher le Danois en 841, puis le redoutable Ragnar Lodbrog ou Lodbrok en 850 et 851 (personnage bien connu des cinéphiles depuis la saga du personnage sur grand écran) qui va saccager la cité

Un essai de résistance de la population sera, en 859, réprimé, pour ne pas dire pitoyablement écrasé. Une première apparition de Rolf ( Rollon ) a lieu en 876, puis en 885 c'est pire encore !!...plusieurs centaines de navires de tous types mouillent devant Rouen. Mais de Louvain des bandes armées et à pieds accourent en renfort bloquant la cité des deux côtés, cette fois encore tout sera saccagé et incendié. Qui est donc ce Rolf ??? décortiquons un peu le bonhomme !!!








L' homme qui rôde autour de la proie Neustrienne, qui pousse sans cesse ses navires vers l'amont, apparaissant et disparaissant avec la rapidité et la cruauté d'un oiseau de proie sera, cependant, celui qui va créer le Duché de Normandie !

Bon d'accord ! pour l'instant, la grâce civilisatrice ne l'a pas encore touché, bref un gros bourrin rustique. Il est encore le fils déchainé de Thor, le dieu brutal, et s'identifie avec les tempêtes qui mènent les proues de ses navires 

Le bonhomme a prit la Neustrie dans ses grosses paluches, puis l'a posée sans ménagement sur son enclume et va sans autre forme de procès lui forger de nouveaux destins. Bref quand t'es vaincu il n'y a d'autre choix que de courber l'échine et de la boucler ! 

Ce Roi des mers auquel la destinée avait réservé la gloire de créer le Duché Normand était appelé par ses compagnons d'armes Gaungu- Hrolf ...soit Rolf le Marcheur 

D'après le Flateyjarbok Islandais, ses ancêtres venus de Finlande, habitaient la Norvège depuis 4 ou 5 siècles, fondant une puissante dynastie de Jarls









Roegnwald
le père de Rolf avait reçu du roi Harald les Comtés de Moeré et de Raumsdalen. Plus tard, en 872, prenant part à la bataille navale du Halsfjord il devait recevoir, à l'occasion de la mort de son fils aîné Svar aux Orcades, le comté formé par cet archipel et les Shetlands

Mais Rolf lui était un aventurier, un briseur de boucliers qui semait le bazar dans le royaume de Harald, se livrant même à la course dans le Vik (lac d'Oslo)....Bon n'hésitons pas c'était un emmerdeur hein !!!

Harald va le bannir, le monarque ne plaisantait pas avec les fantaisies Vikings (pirates) sur ses terres. Ce fut en vain que sa mère Hilda présenta requêtes en faveur de son fils....dehors le mangeur de charrette ferée  !!

Rolf chercha d'abord un asile dans l'île de Skye, voisine de l'Ecosse, puis attiré comme beaucoup de ses compatriotes par le climat plus doux du sud , il prend part aux courses vikings de plus en plus audacieuses sur nos côtes. C'est vraisemblablement en 876 que ce Jarl Norois aperçu pour la première fois les rivages de son futur Duché 








Vers 905 notre gros bourrin Normand (Normani en francique voulait dire Homme du Nord), s'installe définitivement à Rouen tout en continuant pendant plusieurs années à ravager par ses expéditions les territoires de l'empire franc....Bin oui voyons !!!...pourquoi s'arrêter en si bon chemin m'enfin !!! 

Un revers ayant odeur d'échec sous les murs de Chartres rendra t'il plus traitable ou du moins plus sage Rolf ? rien n'est moins sûr....Ou est ce que le Roy Charles le Simple, désespéré, en avait il ras le joufflu de cet assaillant jamais lassé ???? 

toujours est il que le monarque va se résigner à céder une partie de ses Etats pour mieux protéger le reste. Ce qui nous améne au Traité de Saint-Clair-sur-Epte

Le Roy accordait au Norvégien un territoire englobant les diocèses de Rouen, d'Evreux et de Lisieux. Ceux de Sées, de Bayeux, de Coutances et d'Avranches allaient, au cours des années suivantes, arrondir le magnifique domaine du Viking achevant de constituer la Normandie. Passez moi l'expression.... mais voilà, pour un Pirate Norvégien, un homme qui ne perdait pas le nord !!!!!









L
'archevêque de Rouen allait servir d'intermédiaire entre Rolf - Rollon et Charles le Simple, cet Achevêque était il Francon, comme le disent les chroniqueurs médiévaux, ou son prédécesseur Witton ?, peu importe le prélat rouennais en amenant au baptême Rollon et ses hommes allait les faire entrer dans la communauté chrétienne et latine 

Le baptême de l'ancien roi des mers eut lieu à Rouen au début de l'an 912. Bien que le Norvégien à l'occasion de cette cérémonie ait fait de grandes largesses aux églises j'ai du mal à croire que Rollon et ses hommes aient adhérés d'un coup à la foi chrétienne sans garder de l'attachement pour les dieux de ses ancêtres ???....Bref su tu m'appelle Jambon ! j'vais t'en refiler une tranche hein !!

Toujours est il que la doctrine, avec le temps, finira par s'imposer dans sa famille et chez ses compagnons. Puis son fils Guillaume Longue épée sera un vrai croyant, une sorte de moine dans ce monde et acquérir un renom de quasi-sainteté ! 

 PS: voilà comment un gros bourrin Normand devient Duc en donnant force torgnoles et coups de pieds de par le cul !!!....M de V

samedi 10 mai 2025

Les Jardins Vivriers Urbains au Bas Moyen Age

A différentes époques du M-A, le jardin est également sur divers niveaux dans les villes, cités, Bourgs et faubourgs. On pouvait même rencontrer des jardins Vivriers ( destinés à l'alimentation ) au coeur même de la ville, appartenant généralement à des établissements ecclésiastiques ou à des personnes aisées 

Le jardin qui jouxte la maison est ordinairement à l'arrière de celle-ci. Cette situation permet à l'occupant d'accéder de la rue à sa maison et de la, à son jardin à l'arrière, la fonction résidencielle primant avant tout

Le jardin étant terre de culture on peut avancer que ce dernier nécessite des soins journaliers. Ainsi pour des raisons de commodité le jardin trouve sa place tout naturellement jouxtant la maison

De plus dans le cas d'un Artisan ou d'un petit commerçant l'étal de vente se trouve devant donnant une vue sur le magasin ou l'atelier ( voir article les petits métiers de la rue ). Afin d'expliquer la présence de jardins à l'intérieur des villes il convient de parler de leurs propriétaires car bien sûr tout le monde ne possède pas un jardin vivrier es rues de la cité !! 





On remarque que le jardin à l'intérieur de la commune cloture est très souvent un signe de richesses. Les propriétaires sont en effet des personnes d'une certaine catégorie sociale, famille aristocratique, établissement religieux et familles de grande Bourgeoisie 

Les Bourgeois on toujours passé pour aimer beaucoup les jardins, écrit G Riat  avec raison dans son " Art des jardins ". C'est au XII et XIII siècles que la Bourgeoisie prend son essor!

Sans doute a-t-elle contribué à l'existance des jardins à l'intérieur des murs. Pour une ville comme Reims on constate que pour la riche paroisse de Saint Jacques, la grande majorité des jardins étaient couplés avec des maisons

Peut on y voir un lien entre le couple Maison-Jardin et l'aisance des propriétaires en milieu urbain ?....En excluant les ecclésiastiques (chaque maison religieuse ayant son jardin ) il semble que pour l'aristocratie et la haute bourgeoise ce soit le cas ????

Je rappelle que pour moi le Moyen âge est une cathédrale dont les piliers soutiennent 1000 ans d'histoire et dont le sol est pavé d'hypothèses plausibles ( j'avance la ma vision de copiste )






En tout cas dans un contexte de forte urbanisation, lorsque les enceintes s'agrandissent, les petits jardins des petits Artisans ou des simples Marchands qui avaient proliférés sans contrainte auront une durée limitée dans le temps et vont tendre à disparaître au Bas Moyen âge !

Car les populations gagnent du terrain à la fin du M-A surtout à partir de la guerre de cent ans, ou les gens en masse cherchent à habiter à l'abri des fortifications d'une cité !!!. Or donc on peut avancer que l'existence et l'entretien de jardins urbains sont liés au pouvoir financier de son propriétaire tout autant qu'à un état démographique 

De par leurs petite superficie les jardins dit " Vivriers " intra-muros ne peuvent subvenir aux besoins alimentaires de toute une population urbaine. Ainsi très couramment il existe autour des villes, qu'elles soient grandes ou petites, ce que G-Duby a appelé " une auréole de jardinage " 

Plus on s'éloigne des murs, plus vite apparaissent les cultures et jardins. Le paysage type de la banlieue d'une agglomération se composait shématiquement ainsi :






Les habitations de Faubourgs, les jardins qui les entourent, les clos de vignes, et les différentes autres cultures des paysans à proximité. Les Faubourgs sont en réalité le terrain de prédilection des jardins

Proches de la cité ils sont d'un accés rapide pour pour les propriétaires urbains, de plus l'accès à l'eau est bien plus simple que dans les cités, tout le monde n'avait pas un puit dans son jardin loin s'en faut !!!

Il semble donc certain que les structures des villes du M-A, en France, ont comportés de nombreux jardins. Ils n'y occupaient cependant que des surfaces restreintes, mais celles ci s'étendaient dès qu'ils se trouvaient hors la commune cloture !

En fait le nombre et la densité des jardins intra-muros dépendaient de la surface de l'enceinte et du coefficient d'habitations. En général dans les petites agglomérations et dans les parties les plus anciennes de celle-ci les jardins étaient peu nombreux. Il semble cependant y avoir des exceptions, dont une se trouvant dans la région du Périgord ou votre Copiste le nain habite pratique hein !!!!!!! 






A Puy Saint Front de Périgueux, la présence et la disparition des jardins intra-muros ont pu être mesurées grâce à des textes d'archives allant de 1247 (XIII siècle), jusqu'à la fin du XV siècle. Les changements étaient liés à la situation démographique. Il semble qu'une multiplication de jardins ce soit effectué à partir du XIII siècle si l'on se réfère à la documentation écrite 

On découvre dans les chroniques de Périgueux sous Louis XI, une description de la cité, ou il est dit comme suit :

Dans le corset bien serré de ses remparts et de ses trente et une tours, quel dédale de rues et de venelles, quel fouillis de maisons s'entassent sous les yeux de l'homme du Guet qui veille au sommet du clocher Saint Front.

Si étroites sont les rues, que le guetteur ne voit que toits aigus et petits jardins enclos de murs .....une exception qui confirmr la régle ???....peut être ?....n'étant pas Médiéviste je laisse à chacun le soin de se faire une opinion. Oui je sais c'est bien fourbe de ma part !!



PS : cet article est écrit suite à ma lecture d'une fort belle étude parue dans les cahiers de " Civilisation Médiévale " par Madame Elise Gisbert que je remercie M de V

mardi 6 mai 2025

Les petits Métiers de la Rue

La Rue ou Ruelle médiévale est, bien sûr, le théâtre d'activités professionnelles fort variées, qu'elles soient habituelles ou occasionnelles. Elle est à la fois un passage, un atelier, un bureau ou se traitent des affaires et un marché permanent !

Tout au long de la journée, c'est à dire quand il fait jour, car il est interdit de travailler la nuit, artisans et boutiquiers officient derrière l'ouverture de leurs échoppes ou de leurs " Boticques " et ceci à la vue des passants qui se trantolent es rues et ruelles  

Les réglements des corporations en font d'ailleurs une stricte obligation, facilitant ainsi les opérations de contrôle de la Guilde, du Prévôt des Marchands et des Sergents du Prévôt Royal. Cela permettait aussi aux futurs clients, de constater de visu, la qualité du travail, bref une publicité qui ne coûtait rien !

Cela était d'ailleurs notifié dans les statuts du " Livre des Métiers " du Prévôt Royal, Etienne Boileau (voir article) écrit sous le règne de Saint Louis ( Louis IX, qui n'avait rien d'un Saint, voir Article )

Dans ce recueil de règles régissant les métiers il était précisé, selon les corporations, qu'un Maître ne peut officier qu'à la vue du peuple, un impératif  que l'on retrouve dans beaucoup de professions, Tailleurs, Orfèvres, armuriers, métiers de Bouches etc !!! 





Les échoppes sont généralement bordées de larges bancs de pierre ou de bois, nommés " bansches " dans les villes du midi, de tréteaux, de dressoirs à usage commercial ou sont exposés à la vente, mais aussi à la tentation du chaland, ainsi qu'à la poussière, tous produits de consommation courante, tels que vivres, tissus, espices et objets décoratifs !

Dans certaines villes le vantail inférieur des fenêtres ou " Taulié " est abaissé pour servir de table ou de comptoir selon la " Boctique ou Bouticque ", tandis que la partie supèrieur se relève comme une fenêtre à Tabatière, un système que l'on retrouve à Paris comme à Toulouse. Les rares maisons médiévales que l'on trouve à notre époque montrent quelquefois ces " étals "

Quand on a pas la chance de croiser ce témoignage d'histoire, on peut se reporter à des miniatures qui montrent, en plus, les marchandises exposées sur ces étals ainsi que la clientèle qui les achète. Les boulangers, Charcuitiers, Pastissiers, Drapiers, Changeurs, Coutelliers, mais encore Potiers de terre ou d'étain, les Marchands de Vins ou tout autres boissons comme l'hypocras, le Citre (cidre), et tous représentés avec au dessus du présentoir des enseignes ou des écriteaux

Pour certains exceptionnellement vous pourriez même y trouver un éclairage !





Certaines professions n'hésitent pas à entreposer sur la voie publique, même si cela est bien souvent interdit, des matières premières, des outils, des baquets ou " Calquiers " à l'usage des Tanneurs, des Claies ou des " Pelains " pour sécher les peaux et les toiles, voir même à pratiquer certaines opérations liées à leurs professions comme le Barbier ou le Barbier chirurgien ...que voulez vous on fait sa Pub comme on peut !!!

Mais les Bouchers, le Mégissiers ( travail des peaux et du cuir ), les Teinturiers et les Ciergiers ( nommés un peu plus tard Ciriers ) fabriquants de cierges....ne pas confondre avec les chandelles qui sont faites avec du suif animal et qui empeste la maison d'une odeur désagréable ! ( voir article ), eux sont coutumiers du fait ! et ont souvent maille à partir avec les Sergents du Prévôt !

Il est fréquent de trouver dans les Auberges, donnant sur la rue, un présentoir ou l'on vendoit du vin ou l'Albergiste servait le vin aux simples passants sur la chaussée. Il n'est pas rare non plus, au moment des vendanges, de voir devant sa porte de petits pressoirs que l'on pouvait louer pour écraser le raisin de son clos afin de faire sa propre piquette 

Beaucoup de gens avaient quelques pieds de vignes pour faire leurs vins. c'est le cas à Evreux ou l'on fabriquait au XIV siècle un vin qui se vendait dans toute l'Europe !!! ( voir article )





A force de s'étendre dans les ruelles les étalages finissent par nuire à la circulation, ainsi qu'aux règles élémentaires d'hygiènes. On se soucie beaucoup de ce problème dans les cités du midi, comme à Toulouse par exemple ou les bancs obstruent trop souvent rues et ruelles malgré les mesures prises par les Capitouls ( les élus c'est à dire le maire et ses adjoints )

Nimes va dès 1270 désigner des commissaires pour mettre fin à de semblables abus, même chose pour la ville de Narbonne en 1291. Les premiers visés par ces interdits sont les marchands de fruits et légumes et les Poisonniers

Ailleurs d'autres réglements définissent la largeur maximum des étals et des auvents mais le problème reste entier et les ordonnances pour désencombrer les voies publiques doivent être continuellement répétées, sans grand succés bien souvent !!!

On s'interroge encore maintenant pour savoir si les rues et ruelles des cités continuent d'héberger, en cette fin du moyen âge, les métiers qui leur ont légué un nom coutumier dans le passé et si un groupement topographique des professions est toujours de rigueur ???? les Savetiers rue de la Savaterie, les Drapiers rue de la Draperie etc ..








Sauf pour des nécessités techniques comme le voisinage indispensable d'un moulin à fouler ou à tanner pour Tanneurs et Foulons, ainsi que de gros besoin en eau ou la nécessité d'un port, d'une voie de passage pour d'autres professions la situation va évoluer.

On tient compte de plus en plus du facteur sécurité, mais aussi de l'odeur, et du bruit, habiter à côté d'un Tanneur n'est pas flatteur pour vos narines, ni pour vos oreilles si vous logez à côté d'un Boucher ou des abattoirs !! 

Si cette spécialisation des rues et ruelles subsiste encore fin XV siècle elle n'est plus générale. Des livres rentiers Bretons nous montrent qu'il n'y a plus de Cordonniers rue de la Cordonnerie, d'ouvriers du textile rue de la draperie, ni qu'aucun marchand ou financier Italien n'habite plus rue des Lombards ! 

A Hennebont en 1500 il n'existe pas de rues réservées à un type de production, pas plus que de l'autre côté de la France à Cavaillon ou l'on dispose aussi d'actes notariés détaillés

PS : si vous voulez en savoir plus je vous conseille le livre de J-P Leguay sur la rue au Moyen âge M de V