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jeudi 30 décembre 2021

Evreux, La Confrérie de Charité 2/4



A la fin de la guerre de 100 ans la cité Ebroïcienne semblait reprendre un essor économique en ayant tiré profit des nombreuses périodes de trêve de ce fort long conflit. On retrouve ici cette faculté de se relever en dépit des déboires passés !

Ces malheurs causés par une alternance d'épidémies et de périodes de conflits avaient développé chez nos citadins le désir de venir en aide à leur prochain dans la détresse : l'idée du secours mutuel !

On trouve des monographies urbaines aux archives municipales traitant des Confréries. Ainsi naquit en novembre 1421 " la confrèrie de Charité " d'Evreux. C'est à l'instigation de quelques bourgeois dévots et avec l'accord du Vicaire général de l'évêché, Paul Capranica, que notre confrèrie allait siéger en l'église Saint Jacques de l'Hôtel Dieu

Son but : assister son prochain dans la mort, la maladie ou la misère. Non seulement elle s'attachait à rendre aux défunts un dernier hommage, mais venait souvent en aide aux deshérités par ses aumônes

Nota : Initiative fort louable quand on sait qu'à notre époque nous fuyons, sans souci, les gens sans le sou, ainsi que malades et personnes en fin de vie !!!




Notre confrèrie secourait les malades de l'hôtel dieu, qu'elle visitait régulièrement, mais plus singulièrement elle assistait les Lépreux lors de leur " Renvoi " de la société (voir article mort civile), Elle apportait à ces ladres un soutien moral, spirituel et parfois matériel

On inscrivit le mérite de cette fondation charitable dans la pierre du Tympan de l'église Saint Jacques ou la confrérie en grande procession fut immortalisée. Ses usages allaient se perpétuer de longs siècle pour s'éteindre progessivement à partir de la révolution jusqu'à nos jours 

La Charité d'Evreux était composée de treize membres rappelant ainsi les apôtres et Jésus. Il s'agissait généralement de 13 Bourgeois, hommes de poids étoffés de la cité Ebroïcienne. L'Aîné devenait " l'Echevin " de la corporation, son second le " Prévôst ", les onze autres formant les " Frères Servants "

Cette hiérarchie était bien sur accompagnée de tout un décorum ou la tenue jouait un grand rôle lors des processions et des déplacements pour les cérémonies mortuaires. Un uniforme était donc nécessaire à nos frères de la charité pour exercer leur office !




Il fallait les voir lors d'une inhumation se rendre en procession au domicile du défunt, avec sur la tête une toque galonnée d'Or, vêtus de robes noires et d'un chaperon bleu brodé. 

Il y avait aussi une riche broderie marquant l'épaule gauche, tandis qu'ils tenaient en main droite une sorte de torche faite de cire jaune, modelée à l'image de la Vierge Marie 

En tête de la procession se trouvait le " Crieur ", suivi de quatre " Frères Servants " portant une civière noire, puis derrière, l'Echevin, son Prévôst, et le reste des frères de la corporation

Le Crieur rythmait la marche en agitant alternativement deux " Tintenelles " (petites cloches au manche fondu à sa jupe), cette coutume venait de la grande épidémie de peste

Tous les frères assistaient le défunt tout au long de la cérémonie, l'aspergeait d'eau bénite, puis le déposait au fond d'une tombe qu'ils avaient eux même creusée 

Si il s'agissait de " la séparation " d'un lépreux le rite devenait plus curieux !, car ils devaient offrir à un " Vivant " dans les affres de la maladie les soins convenant à un mort  




Le pauvre Lépreux déclaré mort civilement à partir du moment ou un médecin avait reconnu son mal, assistait à son propre service funèbre. 

A l'issue de la cérémonie il se voyait conduire par la confrérie de la Charité à la maladrerie Saint Nicolas, aux portes d'Evreux, pour ne plus jamais en revenir

Nota : attention lire l'article sur le sujet, cela ne voulait pas dire que le lépreux possédant des biens perdait le bénéfice de ceux ci !!..il est même loisible de croire que la confrérie l'aidait dans la gestion et la transmission de ses biens

Nos frères de la Charité assuraient ainsi le service des morts des huit Paroisses d'Evreux. Chaque 11 Novembre ils faisaient procession à Saint Martin au cimetière Saint Aquilin, c'est au retour de cette cérémonie qu'il était de coutume de désigner celui qui serait le prochain " Echevin " de la confrérie.


PS: en cette nouvelle année je pense qu'il est bon, mais aussi d'actualité de parler de charité M de V



Info Renaissance: c'est au début du XVI siècle que la confrèrie fut investie d'une nouvelle mission, afin de faire suite à une donation par testament, d'une personne pieuse et généreuse de la cité. La confrèrie devait porter pain, viande et vin aux prisonniers des géoles d'Evreux ! Ou il était stipulé comme suit " Messieurs, vous aurez mémoire et recordation, de Feue, Damoiselle Georgette Legras, laquelle en son vivant a délaissé à chaque prisonnier détenu es prisons de ceste ville d'Evreux, asçavoir à chacun, pinte de vin, et pour trois jours de viande et de pain, ce chaque vendredi des quatre temps de l'an et aux quatre festes solennelles c'est asçavoir à Pasques, Penthecouste,Toussainctz et Noël et nous prierons Dieu qu'il lui plaise de leur donner bonne et briesve délivrance "



mercredi 29 décembre 2021

Le Beffroi fierté de la ville d'Evreux 1/4

Le rythme de la vie Bourgeoise de la cité d'Evreux, du manant de quartier, au petit échopier en passant par le puissant marchand drapier, dépendait du Beffroi, de son horloge. Le citadin était bercé par le son des volées de sonneries de la cloche des cérémonies, de celle des ouvriers, puis du couvre-feu, celle du Ban, ou encore celle affolée de l'alarme (Tocsin)

Citées dès 1386, l'ensemble, véritable symbole des pouvoirs publics veillait sur la cité Ebroïcienne. on ignore la date exacte de l'érection de la première tour de beffroi, mais ce que l'on sait par contre c'est qu'en 1396 l'édifice marquait des signes évidents d'épuisement !!!

Il fut décidé de retaper en premier lieu l'horloge, on fit donc " Dréchier l'estoc de l'auloge et la rechevillier " au vénérable bâtiment, ce qui coûta cinq Sols à la Salle aux Bourgeois !. Mais peu de villes à cette époque pouvaient s'enorgueillir de posséder cet outil merveilleux qu'était l'horloge au Moyen âge

Car ce ne fut que vers 1370, sur commandement de Charles V le Sage, que la première horloge dite " Publique " fut installée à Paris, par un Allemand du nom de Henri de Vic, or donc Evreux était dans le lot des Promoteurs, au sens littéraire du terme, d'ou la fierté non dissimulée de nos bourgeois Ebroïciens mordious !




Mais une fois l'horloge réparée il fallut bien constater que la tour et son assise faisait pitié ! Il fut décidé, en 1400, de l'érection d'une nouvelle tour, puis en 1408 d'une nouvelle horloge plus récente, cela représentait beaucoup d'argent !

Un Maître Horloger étranger (Il était de Mantes....PTDR !), s'occupa de la fabrication de la nouvelle Horloge, la ville tira les pierres de la Tour des carrières voisines et le bois fut levé de la forêt de Gravigny !

Les décorations visible de notre horloge sortiront de l'atelier de Jehan Caillot, Maître Dinandier sur la place d'Evreux, ce chef d'oeuvre fût parchevé par un Orfèvre de la cité du nom de Thibault Aurillot

Putentrailles !!! à noble tour neuve et Horloge perfectionnée il falloit à la cité digne Carrillon !!!. Dès 1406 un " bon oeuvrier dit " le Beau des Is " entreprît de couler un Bronze superbement pensu, d'un mètre et demi au diamètre et d'une hauteur de 1 mètre vingt. L'ensemble pesait au bas mot 1 Tonne et 400 kilogs, c'était point de la cloche de débutant foutre diable !!!

Cette cloche serait la fierté de nos Bourgeois il fallait donc un ajout spécial à cette création !!!




Les Bourgeois opulents de la cité vinrent jeter dans le four du fondeur de cette grosse cloche, chacun,  un de leurs joyanx les plus chers !!!, avec l'espoir sans doute d'entendre plus tard s'égrener à leurs oreilles les accents de leur générosité ???

Est ce cette particularité qui donna à " La Louyse ", tant de longévité ???....constatons simplement le fait qu'elle est toujours en place, cette merveille du travail amoureux de l'artisan Médiéval, au moment ou j'écris cet article notre Louyse éternelle 

En l'an de grâce 1410, Charles VI le Fou, autorisa le levée sur les Aides ( Taxes ), la somme de trois cents Livres, ceci afin d'aider aux dépenses de la ville entreprises pour la tour, l'horloge et la cloche 

Dans cet édifice magnifique, nuits et jours, la garde veillait sur la tranquilité de la cité, du château, du bourg et des faubourgs. En cas de besoin le poste de garde alertait la milice urbaine toujours prête à se porter aux remparts au son du Tocsin de la Louyse !

Avec en prompt renfort les hommes de la troupe du Bailli Royal de la cité Ebroïcienne, comme dans la capitale il y avait le Guet Bourgeois et la garnison royale !




D'heure en heure à la fois rassurante et inquiétante on entendait la voix du " crieur cohuier " ( celui qui crie, à l'origine du mot cohue), annonçait à la population qu'elle pouvait vivre et dormir en paix et que l'on veillait sur elle  

De ce beffroi venait également les signaux d'ouverture et fermeture des différents marchés de la ville, poumon si important de cette grande cité Drapière et Viticole !....Oui j'ai bien dit viticole !!! à l'époque Evreux exportait son vin dans toute l'Europe !!




PS: voir article sur ce que l'on mangeait , buvait ou vendait dans la capitale de l'Eure...ceci sera mon dernier article de l'année 2021, M de