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samedi 7 août 2021

2/4 La Violence de la Rue au Moyen Age

Dans la cité, les ruelles, la taverne, le terrain vague du coin, les quais, le cimetière du bout de la rue ou le chemin de ronde de la muraille, sont lieux de prédilection des délits en tout genre !!

Ou il est dit dans les textes, que les uns sont purement accidentels résultant d'une " foiblesse ", d'une " mauvaise impulsion ", d'une " temptacion diabolicque " ou de la chaleur du vin !!!. Les austres peuvent estres préméditées et sont fréquemment commis par de redoutables récidivistes opérant seuls ou en bandes

Il est flagrant que la violence est à fleur de peau. La brutalité des moeurs trouve aisement une explication. Car on boit beaucoup au Moyen âge !!!, et le mot " Yvroigne " figure en bonne place dans la panoplie des injures courantes, la consommation d'alcool commence très tôt, en gros dès l'adolescence

La consommation en Vin et en bière est énorme, une personne considérée comme buvant normalement écluse l'équivalent de 150 litres de vin ou de bière à l'année !!!. je vous laisse imaginer ce que peuvent ingurgiter les autres dans leurs exploits quotidiens aux fonds de leurs tavernes favorites !!!





Il faut savoir que du temps de François Villon, c'est à dire au XV siècle, on trouve pas moins de 4000 tavernes et Auberges à Paris, ça fait pas mal d'endroits pour étancher sa soif mordious !!!, et l'on constate que les rues les plus mal famées ou dangereuses sont précisement celles qui accueillent le plus de tavernes !!!

Ajoutons pour planter l'ambiance que les armes, les outils pointus et coupants sont à la portée de toutes les mains. Les impulsifs ou les irascibles, mécréants et autres malfaisants n'ont aucun mal pour se procurer le nécessaire afin d'occire son prochain. Autant vous dire que les simples injures, bagarres, coups et blessures sont vite classées par les hommes de loi comme délits accidentels ou mineurs !!!

Bien sûr au paroxysme de la colère (de la furor), il nous faut ajouter les connotations à caractère sexuel et scatologique, elles vont bon train s'accompagnant d'allusions à l'absence de virilité. Entre hommes on se traite de "paillarts", de "Putaniers" ou encore de "Coguls" (cocus) !!!!

Vous riez je suppose mesdames ???...mais nos citadines ne sont pas en reste loin s'en faut !!!





Le repertoire entre femmes est tout aussi croustillant, les termes de "Renarte" (sournoise), de " Vieille Ordouse" de fille de Chien" ou de "Meretrix" (putain), voire même de fille de moine !!!! sont de doux noms d'oiseaux utilisés fort souvent es rues parisiennes

La perfidie consiste bien sûr à faire ces allusions en public devant le mari, le fils ou le frère en donnant des détails vrais ou faux sur l'inconduite de la femme, la mère ou la fille. En 1405 en Bretagne un individu en tue un autre pour lui avoir dit injurieusement "qu'il congnoissoit mieulx sa femme que luy "

De fil en aiguille on en vient donc très vite aux " coups et aux collées" ou " la prinse au corps et au poill"....les gifles ou "buffes", horions et coups de pieds de par le cul suivent naturellement

Les colères sont soudaines et la main prompte à frapper, dans ces défoulements de bas instincts personne n'est épargné !, de l'ecclésiastique à l'artisan, en passant par le Bourgeois et le noble, tout le monde peut recevoir sa raclée dans une bagarre de rue !!!

Il est évident qu'il fallait surveiller la bougie des heures quand on sortait, on ne se promenait pas inpunément dans les rues des cités le soir, vous aviez peu de chance d'en sortir indemne foutre diable 





Est il besoin d'ajouter que dans un tel contexte, défier, agresser puis rosser les soldats du guet est d'une fréquence frisant la banalité. Ce qui oblige le guet à porter de solides armures et des chapels renforcés de plaques de métal

Il n'est point rare non plus que des bandes de jeunes célibataires, au terme d'une beuverie, s'attaquent aux passants et de préférence aux femmes, il semble que le viol soit une forme de violence bien plus commune que ne le suggèrent la lecture des archives ????

Au nombre de ces jeunes dévoyés figurent en bonne place beaucoup d'estudiants vrais ou faux ??, paresseux et bohèmes, poursuivant d'hypothétiques études. Ils sont prêts à s'accoquiner avec les pires truands de la cité !

On dit que l'Université menait aux plus hautes dignités de l'église et de l'état....et aussi à la potence !!!. Sur environ 10 000 estudiants parisiens on trouve quelques centaines d'escoliers Ribleurs " ventre creux" et "crève la faim", hantant le pavé parisien et les tavernes plutôt que les salles de cours, françois Villon nous le démontre !!






Ils s'esbaudissaient avec les filles follieuses buvant jusqu'à plus soif et se livraient aux pires gaudrioles et aux échanges de buffes et de horions. les batailles entre clans estudiants de nationalité différentes étaient fréquentes

Mais aussi les luttes entre membres de collèges rivaux étaient monnaie courante, et bien sûr eux aussi s'en prennaient aux agents de l'autorité, aux sergents de la prévôté, aux patrouilles du guet Bourgeois, et tant qu'à faire au guet royal du Châtelet ( voir les articles sur les estudiants de l'université)



PS: Bref fallait pas sortir seul et surtout pas le soir après le couvre feu M de V

vendredi 6 août 2021

1/4 La Rue Domaine des Marginaux

C'est tout un monde hétéroclite de mal aimés, exposés au mépris, à la médisance, aux dénonciations et à la haine. Une humanité nombreuse souvent souffrante et misérable !!

Hommes, femmes, enfants, vieillards, malitornes et luneux se côtoient journellement dans les rues des cités, les uns pour pratiquer une profession considérée comme " Vile " mais tolérée pour les services qu'elle rend à la collectivité, d'autres pour exercer des talents d'un genre plus particulier et commettre des actes délictueux que la bonne société médiévale réprouve !!!

Puis tous ceux qui se sont échoués dans la cité, par nécessité, faute de moyens d'existence décents et de domicile fixe...bref les rejetés de la vie !!....Bon le nain il dit en bref: ne jetons pas la pierre au Moyen âge car nous n'avons pas fait beaucoup mieux depuis !!!

Pour les professions dites " Viles ", ce sera surtout fonction de l'époque, de la ville et de la région considérée !!. Pour éclaircir mon propos je vais vous soumettre un exemple.

L'histoire comme les faits se passent en Bretagne au XV siècle aux alentours de l'an de grâce 1431 ou les poissonniers et leurs épouses sont mal considérés par la société bien pensante d'une ville de ce Duché





Le mépris et même l'hostilité que rencontrent nos marchandes de poissons dans la région transparaissent dans certains écrits des copistes du coin !!. Une série d'enquêtes met en scène à Quimper une bonne douzaine de Harpies décrites et désignées comme " fortes en gueule " qui vont même selon la rumeur jusqu'à en découdre avec les agents de l'autorité !!

Elles sont désignées par des surnoms ou par l'expression " la femme au un tel "...Bref on y lit tout le mépris du copiste ou des copistes ayant rédigés  ces textes !!

Dans d'autres lieux, sous d'autres cieux, ce pourra être le tour des cordonniers ou des Tanneurs, voir des Foulons et des teinturiers d'êtres mis à l'index ????

Plus généralement on accueille avec une grande méfiance dans les cités la plupart des colporteurs étrangers, les maquignons soupçonnés de tromperies, mais aussi les écorcheurs de vilaines bêtes tel que taupiers, tueurs de rats et de chiens errants. 

Sont logés à la même enseigne les crieurs de vins, les vidangeurs et nettoyeurs de fosses, les gens travaillant dans les estuves que l'on juge suspectes et bien sûr le bourreau ! 





Avec les prostituées on atteint les limites de la tolérance, considérées comme un mal nécessaire on préfère au nom des bonne moeurs les placer dans quelques locaux privés ou municipaux appelés Bordelage, ou bordeaux et Clapiers, mais aussi  dans des Estuves d'un genre spécial plutôt que déambulant sur la chaussée

Rassurez vous cela ne gêne nullement les notables de la cité pour aller s'encanailler dans ces lieux de débauche PTDR !!!. On dit que le Paris de l'ami François Villon, grand consommateur de filles follieuses, comptait 3000 " Belles Filles ", sans compter celles des faubourgs.....ça fait du monde hein !!! 

Passons aux délinquants de tout poil faisant de la rue le théâtre de leurs exploits quotidiens, leur nombre varie en fonction des périodes de guerre, des boulversements économiques, de l'instabilité politique, des épidémies et de la famine

C'est toute une population flottante de gens sans aveu, de mendiants, de vagabonds, de marchands d'indulgences, de ribauds aux moeurs douteuses, ainsi que des criminels d'occasion ou endurcis ! Les archives qui sont parvenues jusqu'a nous le démontre amplement !





Les registres du Châtelet ou ceux du Parlement de Paris regorgent à foison d'aveux de délinquants avec ou sans jugements, de lettres de rémission de peines, d'arrestations, de procédures et d'exécutions

Mais la voie publique est avant tout le témoin d'une profonde détresse, comme le dit un texte parisien du XV siècle.....je cite:

Ou l'on parle de ces " Enfants de Mamelle ", ces " pueri inventi ", gectés es rues, exposés ou habandonnez et délaissez soubz les portaulx des églises ou des bâtiments publics bien en évidence, afin de voir s'il viendroit quelque personne de bien qui par charité ou aumosne le voulsit !!

Il est à noter que l'infanticide sous toutes ses formes y compris par abandon et faute de soin et durement châtié par les lois de l'époque médiévale. 

Ajoutons qu'il est malaisé  de connaître avec exactitude le nombre d'enfants livrés à la rue avant d'être pris en charge par un hôpital ou une collectivité religieuse ou une corporation de métiers....mais il semble qu'ils étaient fort nombreux, on raconte que durant l'hiver 1420-1421 on retrouva une trentaine d'enfants morts de froid ou affamés !!!





La chaussée héberge aussi les infirmes, que ce soit de naissance, ou à la suite d'accidents, sans compter tous les estropiés des multiples conflits !!!. Mais aussi les vieillards abandonnés, les lépreux se risquant en ville pour chercher provende !!!

Puis plus que tout autre on trouve errants dans les rues " les pauvres insensés ", nommés aussi " Forsins " ou " Fous Natureux ", mais le plus souvent Luneux ...!!!

Les municipalités fournissent parfois aux fous de leurs rues  quelques vivres, un peu de monnaie, voir du tissu pour les habiller ou des souliers quand l'époque le permet

Au moyen âge le Fol est un personnage qui amuse, inquiète et fascine à la fois 



PS: Le prochain article traitera de la violence dans la rue médiévale M de V

mercredi 14 juillet 2021

N° 400) Les Fabliaux 2/2

Le fabliau correspond donc à une façon de voir les choses de la vie quotidienne, avec des dispositions critiques assez semblables à celles de nos commères de villages. Il y a cependant une nuance fondamentale. C'est que l'auteur d'un fabliau garde sa bonne humeur et n'est inspiré ni par la jalousie ni par l'orgueil !!.

Il présente les faits sous un aspect serein, avec la curiosité d'esprit d'un observateur et non la morgue d'un censeur. Comme la fable avec laquelle il a beaucoup de parenté, le fabliau se conçoit sous la forme d'un petit drame, avec une exposition, un noeud et un dénouement

On y trouve déjà la verve de nos conteurs dans le roman de Renard, que l'on peut considérer comme une série de fabliaux  aux personnages non humains, ou de l'histoire du Fauvel de Gervais du Bus. 

Pour moi la classification s'avère impossible, et l'on ne peut réserver le nom de Fabliau qu'aux histoires licencieuses, ils sont bien plus que ça ces petits chefs d'oeuvre anonymes !!. A travers les générations de France c'est le même esprit qui circule, la littérature à l'échelle de l'homme et nous ouvrons de grands yeux sur ce " nous même ", si divers et étonnant !!





Le nain va donc vous conter un Fabliau, celui du Vilain qui conquit le paradis par plaid !!

Notre vilain mourut un vendredi matin, son âme fut fort embarrassée car elle ne trouvait ni anges ni diables pour l'emporter !!!

Elle s'en alla donc tout droit vers le ciel, et suivit au hasard l'Archange Saint Michel qui y portait une âme, elle le suivit si bien qu'elle arriva au paradis !!

Saint Pierre reçut l'âme des mains de l'Archange, puis il aperçoit l'âme du vilain toute seule et lui demande : Qui vous a amenée ?, personne n'a ici sa demeure si elle ne lui est donnée par jugement, d'ailleurs par Saint Alain, nous n'avons cure des vilains qui n'entrent pas dans le paradis !!

Je ne peux être plus vilain que vous dit l'âme, beau sire Pierre, Dieu eut tort de faire de vous son apôtre. Vous avez renié trois fois notre-seigneur, votre foi était fort petite pour le renier ainsi trois fois. Allons sortez du paradis traitre !. Moi qui suis franc et loyal, il est juste que j'y reste !!







Saint Pierre eut une étrange honte. Il s'en va donc conter à Saint Thomas son dépit et son ennui. Saint Thomas lui dit : J'irai de ce pas trouver le vilain et il partira !. Il s'en vint au vilain " c'est ici notre demeure, dit il, celle des martyres et des confesseurs. Quel bien a tu donc fait pour vouloir y entrer ???

Thomas, Thomas, n'avez vous pas honte de répondre ainsi ??. Vous n'avez pas voulu croire les apôtres, qui avaient rencontré Jésus après la résurrection. Vous fites même serment de ne pas croire avant d'avoir touché les plaies du sauveur; vous fûtes faux et mécréant !!!

Saint Thomas n'eut plus envie de parler; il s'en vint à Saint Paul et lui conta son affaire. Saint Paul dit " j'irai le trouver et verrai bien ce qu'il voudra discuter ". il se porte vers l'entrée et dit " vilain qui t'amène ?Par qui la porte fut elle ouverte ? Quitte le Paradis !!

Quoi !!, dit le vilain. Avez vous oublié que vous fûtes un horrible bourreau ?? Il n'y en aura jamais de si cruel, Saint Etienne l'apprit bien, lui que vous avez fait lapider. Je connais bien votre vie : par vous mourut ce saint homme. Croyez vous que je l'ignore ??







Saint Paul eut grande angoisse; il retourne vers saint Pierre et saint Thomas et vont se plaindre au Seigneur Dieu tous les trois !!!. Il lui fit conté comment le vilain leur avait fait honte. J'irai dit le Seigneur, il vint à l'âme et lui demande comment il est entré au paradis sans permission car " jamais ici âme d'homme ou de femme n'entre sans jugement ", tu a blâmé mes apôtres et tu pense rester ici !!!

Sire dit le vilain, j'ai bien le droit d'y être comme eux. Jamais je ne vous ai renié !, je n'ai jamais fait mourir quelqu'un !, j n'ai jamais cessé de croire en vous; ils ont jadis fait tout cela  et sont à présent en paradis

Tant que j'ai vécu, j'ai donné mon pain aux pauvres, les ai logés quand je pouvais, chauffés à mon feu et soignés, je les ai portés à l'église; je me suis sincèrement et pieusement confessé. On nous enseigne que les péchés de celui qui meurt après avoir ainsi vécu, sont pardonnés

Je suis ici, pourquoi en partir ??? Ce serait manquer à votre parole, et vous ne mentirez pas pour moi !. Vilain dit le Seigneur, je te l'accorde. Tu as conquis ton paradis en plaidant !


PS: tout le monde trouve provende dans un tel fabliau M de V

vendredi 9 juillet 2021

1/2 Les Fabliaux c'est Bô !!!!

Pendant tout le Moyen âge, le Latin dispute, comme langue Littéraire, la première place à la langue Vernaculaire ( ou dite vulgaire ). Les oeuvres en Français des XII et XIII siècles, que les savants des XIX et XX siècles ont découverts dans les archives des grandes bibliothéques, sont très nombreuses ! 

Nous possédons de cette période une centaine de Chansons de Geste formant environ 150 Fabliaux. Ne séparons pas ces deux inspirations, si différentes l'une de l'autre, car on les considère justement comme les deux manifestations les plus caractéristiques de la civilisation du Moyen âge 

Le texte, par exemple, de notre plus ancienne épopée " la chanson de Roland " forme déjà plusieurs morceaux d'héroïsme que les Menestrels chantaient en s'accompagnant de la vielle sous les lourdes voûtes des salles Seigneuriales, ou bien en plein air au coin d'une des places d'une cité

On peut en dire autant des Fabliaux qui appartiennent eux aussi à la littérature orale. Le manuscrit du plus ancien Fabliau " Richert ", est daté 1170, mais il y avait longtemps sans aucun doute, que jongleurs et acrobates récitaient devant une foule qu'ils mettaient en joie des histoires que nous nommerions " gauloises " aujourd'hui !!! 






Le Fabliau est une manifestation spontanée du génie Français, ou la culture n'était pas uniquement l'apanage d'une minorité, la littérature de cette période devait imiter les nourrices qui contaient de belles légendes aux enfants. La littérature dès XII et XIII siècles fut donc narrative, les Fabliaux étaient donc des contes imaginés pour êtres récités à ces grands enfants qu'étaient nos ancêtres du Moyen âge !!

Nous pouvons faire remonter la vogue des Fabliaux bien au-delà du XII siècle et supposer avec vraisemblance que le Fabliau, tout comme la Chanson de Geste, avait déjà la faveur des Français dès le IX siècle !!

On peut lire dans certains manuscrits en Latin des directives, destinées à ces empêcheurs de tourner en rond qu'étaient les Confesseurs de l'époque...!!; ou il leur était conseillé de réprimander sévèrement les pénitents qui s'accusaient en confession, de prendre plaisir à raconter ou écouter ces histoires légères !!!

Quels pourraient donc en être les auteurs ????. Un grand nombre de ces petits chefs-d'oeuvre sont restés anonymes, comme beaucoup de Chansons de Geste d'ailleurs. les auteurs appartenaient à cette élite intellectuelle que l'on appelait au Moyen âge les Clercs






Ceux ci pouvaient être Moines, Prêtres séculiers, ou bien des Laïcs, qui après avoir bénéficié de la culture donnée par l'église n'avaient pas été jusqu'à porter tonsure et robe de bure, ou entrer en prêtrise. Il nous faut aussi mentionner quelques Seigneur lettrés, bien que beaucoup de gens de noblesse mettaient un point d'honneur à ne pas ressembler aux Clercs

Enfin le mouvement communal (pour ne pas dire la révolution communale) avait créé une bourgeoisie puissante et cultivée. C'est donc dans cet ensemble mi-ecclésiastique, mi-Laïc, mi-Seigneurial et mi-bourgeois qu'il nous faut chercher les auteurs de nos fameux Fabliaux !!

On ne connaîtra jamais le nom de la plupart d'entre eux, car beaucoup avaient comme auteur de Fabliau, le même motif, ou la même raison, qui leur faisait garder l'anonymat !!!

Si l'Auteur était un ecclésiastique il aimait mieux par prudence ou par pudeur rester dans l'ombre, pour les autres qu'ils soient personnes respectables, nobles, ou occupant des fonctions et des postes en vue ils ne voulaient pas que l'on sût qu'ils s'amusaient à écrire des contes licencieux !!!

On peu comprendre ma foi, qu'à cette époque, ils désirent conserver l'anonymat mordious !






Cependant pour quelques-uns de ces auteurs de Fabliaux nous savons à qui attribuer les textes, ils portent des noms Bourgeois comme Guillaume le Normand, un certain Courtebarbe, un nommé Bernier, ou un Jean le Galois et un Huon le Roy...puis quelques Seignerrs lettrés tel Philippe de Beaumanoir ou Jacques de Baisieux

Chaque genre avait son public que ce soit pour la chanson de geste ou le fabliau. On a quelquefois voulu brutalement opposer le fabliau à l'épopée. Cette opposition serait née d'une réaction de l'âme populaire contre la mystique de la chevalerie !

Le Fabliau serait en quelques sorte la revanche du peuple Franchouillard qui ne pouvant lutter à armes égales avec la Féodalité toute puissante, se rattrapait en opposant à un attitude gourmée la verve narquoise des Vilains !!

Mais si nous examinons  qu'elles sont les victimes de cet esprit moqueur nous remarquons que toutes les classes de la société médiévale sont mises à mal !!!!...tout le monde y reçoit son paquet, que ce soit la Noblesse, les Moines, les Prêtres séculiers, les Bourgeois et les Vilains !!!




PS: si vous pouvez vous trouver le bouquin sur les fabliaux du Moyen âge de Maurice Tessier et Henri Nicolas vous ne perdrez pas votre temps...le moins que l'on puisse dire c'est que c'est croustillant M de V  

samedi 19 juin 2021

Hydromel, Cervoise et Bière

Il est temps que le nain y vous cause dans le tuyau des cages à miel au sujet des breuvages, autres que le pinard, qu'on picolait dans les tavernes. Quand les premiers hommes eurent inventé l'art de faire du feu et de façonner des récipients en terre cuite, ils s'aperçurent que l'eau agrémentée de miel se mettait à produire une mousse abondante quand on la laissait dans un récipient à l'air libre (Nannnn c'était pas le Graal mordious !!!)

De plus la saveur du breuvage après cette fermentation était bien meilleure au goût et stimulait  le corps et l'esprit...façon sournoise d'expliquer qu'ils étaient tous bourrés à l'Hydromel....que des pochtrons moi j'vous dit hein!!!!

Ce breuvage devint une potion magique que l'on vénérait comme un don des dieux. Or donc boisson divine qui donne aux guerriers une impression de grande bravoure, permettant d'aller gaiement distribuer moult horions à l'ennemi. Cet Hydromel contribuait donc dans les esprits à la survie de la tribu ou du groupe !!!...nous nommerions cela " Philosophie de comptoir " à nôtre époque !

Mais au fil du temps cette boisson se transforme et de source de courage devient source de sagesse et d'omniscience, inspirant Poètes, Devins, Médecins, Sorciers et Sorcières !! 






Poètes et Devins y trouvaient le délire prophétique, Sorcières et Sorciers leurs incantations magiques, quand aux Médecins surement l'oubli de leur manque d'efficience !. Nos joyeux pochtrons mélangeaient à ce breuvage, selon l'utilisation qu'ils allaient en faire, du Chanvre, du Gui, les fruits de l'If, des Champignons, des Fleurs, de l'Ambre, de la Cantharide, du Datura et des épices !!!

Bref en plus d'êtres bourrés ils étaient complétement défoncés les gens !!. On en retrouve des traces dans les récits Gallois et Irlandais du VI siècle, et dans notre littérature médiévale des Romans de la Table Ronde ( Wouais c'est la qu'y avait le Graal....Pfff y sont lourds...mais qui sont lourds)

Tout comme l'hydromel, le Vin ou le Cidre, la Bière est connue depuis la plus haute Antiquité, 4000 ans avant que J-C marche sur l'eau on la fabriquait en Mésopotamie, Egypte, Perse, Grèce, Inde et en Chine

A la diffèrence des autres boissons alcoolisées faites avec du miel ou des fruits, la bière est produite par la fermentation de céréales comme l'Orge, le Blé ou le Riz. Oui je sais vous vous en fichez bande de mécréants du moment que vous avez l'ivresse !!!!!...Ben c'est pas bien d'boire sans savoir d'abord !!!






Les Gaulois l'appelaient Cervoise, mais en fait il s'agissait de Vin d'Orge que fabriquaient les gaulois et tous les peuples de l'antiquité, donc une bière sans Houblon. Car ce n'est qu'au XIII siècle que l'on corrigea le goût douceâtre de ce vin d'orge en y ajoutant les cônes de Houblon pour devenir la bière que l'on consomme aujourd'hui

La Cervoise se boit encore de nos jours dans des pays comme la Belgique, l'Allemagne et en Albion ou on la trouve sous la dénomination de " Barley Wine ou vin d'orge "

En France elle se consomme encore au XV siècle. On trouve un texte ou les moines de l'Abbaye de Fécamp en produisent 273 barils en 1490, pour être consommée dans les Tavernes de Normandie et de Bretagne ou elle était vendue au Pot à raison de 5 deniers Tournois. Le pot faisant deux pintes, soit à peu de choses près 2 Litres !! environ du 4,05 euros la pinte de nos jours !

Petit à petit on préféra picoler la Bière, dont les gens trouvaient qu'elle cassait mieux la soif que la Cervoise, le Houblon lui enlevant ce goût douceâtre que l'on lui reprochait. Couper la soif oui, mais c'est pas pour cela qu'ils en buvaient moins les sournois !!!!!

Chez les Nains y a pas de prétexte hein !!....on boit pis c'est tout m'enfin !!!!






La Cervoise restait une boisson fort alcoolisée qu l'on consommait beaucoup en Angleterre. A tel point que les français assiègeant Pontoise sous Charles VII, lançaient force quolibets chantés à nos Goddons

Je cite:  Rentre chez toi Anglois ! Oublie la rivière d'Oise et retourne à la Cervoise, de quoi vous êtes tous nourris !!!....Pfff ils n'estoient point gentils avec les congés payés Anglois qui s'attardaient en France en ce XV siècle mordious !!!

En fait la bière est la boisson adoptée de temps immémoriaux dans tous les pays ou la vigne refusait de croître soit par excès ou par défaut de chaleur. En Espagne ou au Mexique la bière porte encore le nom de Cervoise ( Cerveza), c'est d'la pisse de Troll qu'est loin derrière les bières Allemandes, Irlandaises, Belges, Anglaises, Ecossaises, Danoises ou Françaises !!


PS: Bin quoi !! c'est l'avis du nain m'enfin !!! il aime pas les boissons pour lapins de six semaines, pis voila mordious... M de V  



 

jeudi 17 juin 2021

La Dynastie des Médicis au XV Siècle

L'ascension des Médicis s'est faite progressivement dans le respect des lois. C'est Jean de Médicis 1360-1429 qui a fondé la dynastie. Ce banquier de Rome va spéculer sur la victoire de la Papauté à Rome lors du grand schisme, bien que notre banquier posséde des comptoirs en Avignon

Il s'installe à Florence en 1397, c'est un homme libéral, proche du peuple et sans ambition politique il n'avait donc en rien inquiété l'oligarchie en place quand il devient magistrat suprême de cette cité (gonfalonier de justice)

Après la mort de Jean, son fils Cosme le remplace, lui en revanche renforce de façon décisive la puissance de la Compagnie Médicis ainsi que son crédit politique. Il s'assure une immense popularité auprès du " petit peuple " au point d'effrayer les familles dirigeantes de la cité

Ils vont le bannir de Florence pour 10 ans en 1433. Cosme s'installe à Venise ou il développe le côté international de la compagnie tout en regroupant autour de lui un parti d'opposition. Un an plus tard il est rappelé à Florence par la " Seigneurie " (instance dirigeante de la ville), de ce jour sans jamais paraître au premier plan il devient le maître de Florence






Dans le même temps la compagnie médicis continue son ascension. Elle possède à Florence des fabriques de draps de Soie,puis elle vend huiles, épices, fourrures et détient le monopole de l'Alun élément indispensable aux teintures 

Surtout elle contrôle des banques en Italie, mais aussi dans le reste de l'Europe, Avignon, Genève, Lyon, Bruges, Londres ce qui pour l'époque représente une fortune colossale !!! 

Cosme a de plus l'habileté de maintenir les traditions démocratiques en évitant d'exhiber ses propres privilèges, sans compter qu'il s'assure par un généreux mécénat les faveurs de la population, à sa mort, selon la tradition antique on lui décernera le titre de " Père de la Patrie "

Il meurt en 1464 à ce moment l'autorité morale des Médicis est si grande que son fils Pierre de Cosme de Médicis peut diriger Florence sans quitter sa demeure, ce qui n'est pas un vain mot ! car Pierre de Cosme est de santé fragile et il ne dirigera  la ville que peu de temps c'est à dire jusqu'en 1469






C'est son fils aîné Laurent qui le remplace, cependant une fois encore une opposition forte se dessine dans la cité et elle n'a qu'un seul but !, reprendre le pouvoir aux Médicis, en 1478 une conjuration montée par la famille Pazzi failli coûter la vie à Laurent celui ci échappe de peu aux mains des meurtriers, mais son frère Julien y laissera la vie

La repression sera terrible !!, Laurent reprend les choses en main, à partir de ce moment son gouvernement tend vers l'absolutisme et s'entoure de membres de sa famille ou de gens qui lui sont totalement dévoués

Mais qui est donc Laurent le magnifique ??? Maître de ce petit état banquier qu'est Florence, de ce petit état qui ne fait que 15 000 kms carrés pour 750 000 habitants et dont moins de 80 000 sont intra muros et sans oublier que la moitié de la population avait succombé aux différentes pandémies de la peste noire de cette fin de moyen âge !!!  






En ce XV siècle Laurent de Médicis dit le Magnifique est le protecteur des arts et des sciences. Grace à lui Florence attire les plus grands peintres et sculpteurs du temps elle offre au monde un miroir de l'excellence

Laurent de Médicis a remis en lumière les arts libéraux, la grammaire, la poèsie, l'éloquence, la peinture, la sculpture, l'architecture et la musique !!

Le magnifique incarne l'idéal des humanistes du XV siècle, comme en témoignaient déjà un siècle plus tôt dans leurs écrits Dante et Pétrarque, puis un Boccace, ou un Giotto sur ses toiles !


PS: Pour moi il est l'incarnation de la Renaissance Italienne, c'est ainsi que le percevait aussi Machiavel !de cette Renaissance qui ne commencerait chez nous qu'un siècle après eux  M de





mercredi 16 juin 2021

Les Mesureurs Jurés du Moyen Age

Les Mesureurs Jurés étaient des fonctionnaires publics assermentés, qui comme leur nom l'indique avaient pour mission de mesurer certaines denrées et matériaux (voir article précédent) 

L'institution de ces Jurés constituait une des nombreuses précautions prises par l'autorité afin d'assurer la loyauté des transactions commerciales. A tort ou à raison ?, il semblait acquis au moyen âge que tout fabricant, tout vendeur chercherait un jour ou l'autre à tromper l'acheteur

Cependant le marchand avait en général le droit de mesurer lui même sa marchandise mais avec un contrôle annuel et tant qu'il s'agissait d'ne vente de moindre importance, une quantité relevant du " boisseau " ou du " setier " par exemple. Cependant selon les textes l'emploi d'un mesureur restait facultatif !

Certaines charges de mesureurs jurés sont antérieures au XIII siècle. On finit par préposer les mesureurs au contrôle de la vente de presque toutes les denrées, grains, charbon, aulx, oignons, noix,  châtaignes, chaux, plâtre, guède, huile, sel, draps et toiles etc....

Dès le XIII siècle ils étaient exempt de service du guet pour la cité, le livre des métiers précise qu'ils devaient ce privilège à la modicité de leurs salaires. Payés par la ville ils n'avaient pas le droit de commercer !!, se devant de ne favoriser dans les transactions ni le vendeur, ni l'acheteur !!






La grande Ordonnance de février 1415 nous fournit de précieux renseignements sur l'organisation de cette profession à cette époque. Ils étaient nommés par le Prévôt de Marchands, chef de la municipalité siégeant en la cité, dans un bâtiment que l'on nommait au XIV siècle la Maison aux Piliers, puis au XV siècle le Parloir aux Bourgeois et plus tard l'Hostel de ville

Notre Prévôt va devoir, selon les textes en vigueur, trouver pour ces postes " homme qui par information deuëment prouvée, estre de bonne vie, renommé et d'honneste conversation, sans blasme ny reproche pour iceluy office exercer !! "

Notre homme avant d'entrer en charge jurait qu'il garderait les droits de l'acheteur et du vendeur et qu'il ne prendrait ni ne demanderait " plus grand salaire qu'y celuy qui est ordonné pour ledit office exercé ". Une fois le serment prêté il estoit mis en charge par un Sergent de la Prévôté !

Afin d'apporter de l'eau à vostre Moulin, parlons des Jurés mesureurs de grains !!. Ils existaient déjà au XIII siècle car leurs statuts figurent au livre des métiers (voir article), la mesure dont ils se servaient se nommait " la mine " ou " le minot ", et devait comme on disait à l'époque " estre seigniée au seingle le Roy "






Si nos mesures s'endommageaient, ou étaient usées à force d'être employées il fallait la porter " au Parloir aux Bourgeois " afin de la faire contrôler. Si elle ne faisait plus la mesure elle était brisée, l'examen de la dite mesure coûtait 4 deniers ( à la charge du mesureur), et en sus il devait s'en procurer une autre à ses frais !!

En 1415 il y avait 50 mesureurs de grains travaillant pour le prévôt des marchands, ils étaient répartis en 3 équipes l'une officiait du côté de la place de Grêve, l'autre aux Halles et la troisième au marché de la Juiverie. On note une particularité, c'est que le mesurage de la farine était payé deux fois plus cher que celui du grain à nos mesureurs ??

Bon la ! votre copiste le nain il ne sait pas pourquoi ??? j'ai beau chercher j'ai rien trouvé....en quoi le mesurage de la farine était il  plus compliqué ou plus fatiguant que le mesurage du grain ??? et justifiait de doubler le prix de l'intervention de notre mesureur. Bon je suis pas Prévôt des Marchands hein !!! 

Ben quoi je suis que copiste m'enfin !!! je suis point Historien médiéviste issue de l'école des Chartes, pas la peine de taper sur le copiste qui s'use les yeux à vous écrire des articles bande de mécréants !!!





Passons aux Jurés mesureurs de sel, leur existence semble antérieure à l'an 1200 et l'Ordonnance de février 1415 fixe le nombre d'officiants à 24. Ces mesureurs jurés pouvaient avoir deux cordes de plus à leur arc, avec le titre de " Compteur de Saline " ou celui " d'Etalonneurs et visiteurs des mesures

En tant que compteur de saline ils étaient chargés de quantifier à quai les poissons salés en caque ainsi que le beurre qui arrivaient par bâteaux à la capitale

Comme étalonneurs et visiteurs ils étaient chargés " d'adjuster les étalons de cuivre ", qui se trouvaient à l'Hostel de ville et pour  poinçonner après examen les mesures destinées au commerce du sel et du grain

Ils faisaient aussi une fois l'an la tournée des marchands afin de contrôler les mesures que ces derniers utilisaient pour la vente ...et gare aux fraudeurs pris la main dans le sac !!!

PS: il existait bien d'autres mesureurs, que ce soit les Jaugeurs pour le vin, les Mouleurs pour le bois ou les Mesureurs d'Aulx et d'oignons etc....M de V


Nota: il existait tous les ans au mois de septembre un grande foire aux oignons ou les bourgeois parisiens venaient faire leurs provisions pour l'hiver elle se situait au Parvis Notre Dame ! 

dimanche 13 juin 2021

N° 395) Le Poisson au Moyen âge

Beaucoup de touristes vous diraient qu'ils ne quittent pas une ville sans avoir au préalable visité son marché. Ils prétendent même, que c'est un bon indicateur des moeurs des habitants, aussi bien que de la prospérité plus ou moins grande du pays visité !! 

Il y avait déjà plusieurs marchés dans Paris au XIV siècle et le voyageur tatillon qui eut voulu se rendre compte des ressources qu'offrait la capitale aurait surement choisi comme cible le marché au poisson de mer !!, pourquoi ???, et bien car c'est le plus difficile à approvisionner pour une cité située aussi loin des côtes !!

A la fin de la période médiévale la clientèle pour le poisson était fort nombreuse, la cause principale était l'augmentation toujours croissante de jours " maigres " décrétés par l'église tout au long de cette époque. Le calendrier chrétien en comptait pas moins de 150 et cela pouvait aller, selon l'époque et les années, jusqu'à 250 !!!...ce qui ne laissait qu'un peu plus de 100 jours pour manger normalement mordious !!! 

Nos citadins disposaient d'une grande variété de poissons, mais encore fallait il avoir l'escarcelle bien remplie !!. Les gens riches mangeaient saumons, turbos, mulets, soles, esturgeons, maquereaux, merlans et sardines etc... il n'en allait pas de même pour les autres !





Les pauvres quand à eux n'avaient droit bien souvent qu'aux harengs en caque, ou la morue séchée et l'immonde craspois de baleine (voir article précédent), mets fort peu ragoûtant, cela n'avait rien de festif je vous l'accorde !!

Les jours de jeûne ou d'abstinence, les boucheries étaient fermées, sauf celles qui avaient acquis le droit de vendre du hareng en caque afin de compenser le manque à gagner provoqué par l'application des directives religieuses...bref tout le monde était obligé de bouffer du poisson

Les arrivages de marée étaient régulières grâce  aux " chasse-marée ", ces gens qui équipés de solides bidets faisaient la navette, en un temps record, entre les ports de la Manche et la capitale ( voir article)

La pêche autour de la capitale, sur la Seine comme sur la Marne, cessait au moment du frai, du milieu Avril jusqu'à mi Mai, ainsi le poisson d'eau douce, autre variété proposée, abondait elle toujours sur le marché du poisson qui se trouvait situé derrière le Grand Châtelet 





En outre défense était faîte de mettre en vente brochets, barbeaux, anguilles, carpes et tanches valant moins de un denier au poids !. On les jugeait trop petits, et le pêcheur qui les trouvait dans son filet se devait de les rejeter à l'eau (directive du livre des métiers) 

Il était également défendu de livrer et vendre le poisson avant qu'il eut été examiné par les jurés des corporations, mais également avant que le cuisinier du Roy et aussi celui de la Royne fussent venus exercer leur droit de prise

Ces deux personnes prélevaient tout ce qu'ils désiraient pour la maison royale en payant bien sur au tarif estimé par les Mesureurs Jurés. Pour les autres, citadins, bourgeois et manants de la cité en quête de victuailles s'ils n'avaient pas trouvé leur bonheur avec la " corporation des poissonniers de mer ", ni avec la "corporation des poissonniers d'eau douce " il restait une solution !

On s'adressait aux pêcheurs du coin la encore il existait plusieurs corporations !!





Les corporations de pêcheurs de Paris étaient au nombre de cinq, la mieux approvisionnée était la " corporation de l'eau du Roy ". On sait que plusieurs Seigneurs et grands ecclésiastiques se partageaient le territoire de Paris, il en allait de même pour la Seine et la Marne !

Par suite de donations successives consenties par différents souverains les cours d'eaux traversant la capitale appartenaient par portions à différentes personnes ou établissements, une à l'évêque, une au chapitre de Notre Dame, puis une à l'Abbaye de Saint Magloire et la dernière à l'Abbaye de Saint Germain des prés

On nommait donc " Eau du Roy ", la partie de Seine et de Marne que la couronne n'avait pas aliénée en la donnant aux religieux, la seule sur laquelle elle conservait des droits. Cette portion royale commençait, pour la Seine, à la pointe orientale de l'île Notre Dame et finissait à Villeneuve Saint Georges. Et pour la Marne elle allait jusqu'à Saint Maur





Nota: Dans les fonctions de cet important personnage qu'était le premier Queulx du Roy était attaché une prérogative !. Nous avons vu que les jurés  fixaient la valeur du poisson prélevé pour l'usage de la maison royale, ce premier cuisinier avait la garde de l'étalon destiné à contrôler les mailles des filets des pêcheurs  de l'Eau du Roy et se devait de les saisir s'il s'y trouvait des mailles trop étroites, mais uniquement pour la portion de Seine et de Marne appartenant au Roy !


PS: Le Nain précise que c'est bien pour vous faire plaisir qui vous cause du poisson hein !!!...vu qu'il aime pas le poiscaille le Nain mordious !!!!...M de V 

samedi 12 juin 2021

Le Coin Cuisine de la Maison Médiévale

Suite à l'article précédent il nous faut faire causerie sur l'officine et le matériel de cuisine !!. Pour ceux, bien sûr, qui en possédaient une dans les cités !, le problème de place ne se posant pas dans les campagnes. Utilisons le texte d'Eustaches Deschamps (voir article), dans son " Mirouer du Mariage ", ou il nous décrit poétiquement les objets usuels qui doivent y prendre place.

Je cite: pour la cuisine il fault poz (pots), paelles (casserolles), chauderons (chaudrons) et crémaillères. Puis rostiers et sausserons (marmites pour faire les sauces), broches de fer et hastes de fust (broche en bois).

Il y fault aussi croches hanes, carne fust, l'en s'ardist la main à saichier la char du pot sans l'acrochier ( crochets et fourchette à deux dents et à long manche, sans lesquels on se brûle en cherchant à retirer ou touiller la viande du pot  pour pas qu'elle accroche !!)

Ajoutons selon Eustaches le lardouère et les cheminons (chenets), puis petail (pilon), mortier pour aulx et oignons, estamine ( tamis) et paelle trouée (passoire) pour faire la porée (purée mais pas de patates) 

Puis cuilliers (cuillères) grandes et petites pour la cretine ( ou crestine petits morceaux de lard), pour la leschefrites, sans oublier poz de terre (pots) pour les potaiges (potages), ainsi que granz cousteaulx (grands couteaux) pour cuisiner. Comme ce n'est ni très clair, ni complet, le nain va vous la refaire en vile prose !!!!  






Au fond d'une fort grande cheminée ou un homme peut entrer sans se baisser pend une crémaillère supportant une marmite de fer assez grande pour contenir un à deux seaux d'eau !, autour de cette dernière cuisent des mets dans d'autres marmites, coquemars et chaudrons plus petits placés sur de petits trépieds

Accroché sous le manteau de la dite cheminée se trouve  une petite lampe nommée " Chaleil " ou " Crasset ", qui mêle à la fumée produite par le bois ses vapeurs fuligineuses  

Sur le devant du foyer se dressent deux énormes landiers (chenets) se trouvant de part et d'autre de la marmite centrale, et sur la queue desquels reposent de grosses bûches en flammes, leurs longues tiges hautes de plus d'un mètre possédent de nombreux crochets destinés à recevoir écumoires, cuilliers, pelle, tenaille ou pincette 

Nous trouvons aussi en bonne place la longue fourche à deux dents au moyen de laquelle on fouille et tourne dans les pots !!!, sans oublier les broches à rôtir 

Sur le côté on a suspendu l'indispensable buffet ou soufflet, dont la forme n'a pas changé depuis le XII siècle 






Puis on y trouve aussi la salière, pour que le sel reste bien au sec, sorte de boite carrée dont le couvercle retombe de lui même, on pend aussi les fers à gaufres (semblables aux notres). Non loin se trouve une longue table généralement appuyée à un mur ou l'on aligne quelques " paelles d'airin " (casseroles rarement utilisées au moyen âge) 

Sur une étagère au dessus de notre table reposent de petits ustensiles tel que tamis, bluteaux, mortiers et pilons, passoires et emouières (râpes à fromage)

Non loin se trouve l'armoire à épices, toujours fermée, ou l'on serre la boite à plusieurs compartiments contenant les divers ingrédients onéreux de la cuisine médiévale. Ces épices et la variété dans les plats symbolisaient l'aisance financière du maître du lieu !

N'oublions point l'incontournable " Cholier ", cette pierre d'évier entourée de cruches et jattes en terre cuite ainsi que des puisettes

En somme les cuisines de la fin du Moyen âge ne différaient guère des nôtres que par la rareté des casseroles, auxquelles bien que l'etamage fut déjà connu, les gens préféraient encore les chaudrons et les marmites






Pour le commun des mortels, dans la grande majorité, ce sont les femmes qui pratiquaient la cuisine à la maison, mais dans la profession de ceux que l'on nommaient " Queulx de bouche " il n'y avait que des hommes dans les grandes maisons

Dans les professions de " Rotisseurs "  et des " Charcuitiers " ancêtres de nos traiteurs, voir même dans les tavernes on travaillait bien souvent en couple !



PS : je vous parle ici de ce que l'on trouve dans le foyer d'une famille normale ...Il en va bien autrement dans les cuisines des Queulx de bouche dans les grandes maisons ou l'on pouvait trouver jusqu'à 70 personnes travaillant sous les ordres du chef de cuisine (voir article sur Taillevent cuisinier des Roys...M de V


 

mercredi 9 juin 2021

La Ménagère et son Cabas au Bas Moyen Age

Pour le cas ou cette brave citadine possédait un logement assez grand pour pratiquer l'art de la cuisine !!, car bien souvent nos citadins logeaient en de si petits endroits, qu'ils mangeaient chaque jour chez le " Rotisseur " de son quartier (ancêtre de nos traiteurs), ou bien profitaient ils de la rencontre avec un marchand d'oublis itinérant, profession fort répandue dans notre capitale !!! 

Notre cuisinière dispose de plusieurs marchés journaliers dans la cité, mais elle peut aussi, si elle le désire, remplir son cabas sans se déplacer et faire ses provisions de la journée. Pour ce faire, elle dispose d'une armée de marchands ambulants qui le panier au bras ou sur la tête, voir la hotte en osier dans le dos parcourent la ville en tous sens remplissant l'air de mélopées de leur cru qui ventaient leurs produits

Ils sont bien connus de leurs pratiques féminine, que sont, nos bourgeoises, ménagères et servantes de maisons de la capitale. On avait donc le choix de se déplacer au marché ou de rester chez soi tel l'escargot dans sa coquille 

Soyons honnêtes ! combien de gens à notre époque aimeraient avoir cette possibilité  de commercer ses produits de bouche sur le pas de sa porte ?????   






Venaient à elle dans sa ruelle, lait, beurre et oeufs, huile, vinaigre et verjus, viandes et harengs salés, légumes et fruits de saisons, puis pâtés, oublis et rissoles, ainsi que les fruits secs comme les figues de Malte ou les raisins de Damas

Il existe cependant un met fort peu ragoûtant que l'on trouvait au marché aussi bien que dans les paniers des marchands ambulants !!, je veux parler de la baleine, dont la chair restoit dure et indigeste même après 24 heures de cuisson en chaudron !!! 

Autant vous dire qu'elle était fort peu prisée par les gens aisés !! hormis la langue qui en est molle et savoureuse et que l'on salait. Mais il y avait surtout le lard de baleine que l'on mangeait en caresmes avec des pois, cette graisse que l'on nommait " Craspois ", ou encore lard de caresme !!

Ces deux produits étaient pendant les jours maigres la principale nourriture des pauvres gens, précisons que grace à nos joyeux lurons d'ecclésiastiques ils estoient fort nombreux ces jours maigres !!!...

Bref pas de quoi pavoiser à table devant son tranchoir mordious !!..Un coup à boire au moins six pintes de bière pour pouvoir avaler un bout de craspois !!






Notre ménagère recevait aussi la visite fréquente de son charbonnier et de son porteur d'eau, la base en matière de produits pour cuisiner à la maison !!. Pour le pain, aliment principal du monde médiéval notre citadine avait trois solutions, la plus simple le marchand itinérant, ou aller chez son Talmelier (boulanger), dont les prix évoluaient en fonction du prix du blé !

Dernière solution faire son pain soit même !!!....en théorie seulement !, car il lui fallait aller chez le Blatier acheter son grain, puis ensuite se rendre chez un des Meuniers établis sur le grand pont ( pont au change), pour le moudre. Le meunier n'exigeait pas d'argent mais se payait en nature, il gardait l'équivalent d'un boisseau pour chaque sétier de produit moulu par lui

Enfin elle se rendait au four banal, qu'il soit seigneurial ou ecclésiastique de son quartier...La nos citadines n'estoient pas toutes logées à la même enseigne car ces fours n'étaient pas soumis aux mêmes autorités selon les secteurs !!!...Un coup à se faire rouler dans la farine hein !!!!!

Nota: bon c'est pas pire que lorsque vous allez dans un resto manger un " Cassoulet maison " et qu'il provient en fait d'une boite de conserve du super marché du coin hein !! ne jetons pas la pierre à nos ancêtre m'enfin !!






Si notre ménagère n'avait pas envie de bosser elle pouvait toujours aller chez le Pataieer ou Patissier qui lui fournissait des pâtés de porc ou de volaille, des tourtes aux anguilles assaisonnées aux poivres et aux oignons, ou des tourtes farcies à la viande et aux poireaux. On trouvait aussi chez lui des tartes et des flans farcis aux fromages mous et aux oeufs frais....le nain en a l'eau à la bouche rien que d'en parler foutre diable !!!!!

Pour le dessert elle peut se procurer un gâteau auprès des Gasteliers ou des Echaudeurs. La maitresse de maison pouvait également faire plaisir aux enfants du logis s'ils avaient été sages ???, dans ce cas rien de plus simple, il suffissait de faire venir l'Oublieur qui crie sa pratique dans la ruelle

Sa corbeille pleine d'oublis savoureux, gauffres et rissoles recouverts d'un linge propre. Bien souvent notre Oublieur était muni d'un cornet à jouer en cuir et de ses dès, on pouvait donc jouer son oubli sur un lancé !! ...l'oublieur ne pouvait gagner à chaque coup !!....à moins que ses dès ne soient pipés ????? 

PS: le jeu de dès faisait fureur au Moyen âge M de V