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lundi 18 février 2019

La longue gestation du pont Médiéval

Nous approchions de l'an Mil sous les plus tristes auspices, car il était une croyance très répandue parmi les peuples, celle que la fin du monde était proche !!!, et la sombre prophétie amollissait toutes les énergies, paralysait tous les courages.

Pourquoi s'occuper du lendemain puisque les temps allaient finir. Ces pronostics sombres étaient jetés en pâture, à la moutonnière multitude, ignorante, du haut des chaires chrétiennes, par des prédicateurs, eux mêmes fort peu savants, qui annonçaient l'avènement de l'antéchrist

Mais à l'aube du XI siècle, les peuples voyant le soleil toujours luire au dessus de leurs têtes, se prirent à croire en des jours meilleurs, la confiance commença de renaître, l'énergie prit la place de l'abattement et de la prostration.

Dès l'ouverture de ce siècle une véritable révolution se produisit dans l'art de bâtir, l'on peut même avancer que ce fût à partir de cette époque que l'on trouve les vraies origines de notre civilisation. Cathédrales, églises, monastères, donjons féodaux, vont jaillir du sol, vivante expression de l'autorité religieuse mais aussi de la force et de la puissance militaire, cependant un élément de construction, enjambant fleuves et rivières faisait défaut !!!








Les ponts sur les voies fluviales vont apparaître comme le complément nécessaire de toutes ces constructions, mais durant le premiers tiers du XI siècle, ils demeureront tels qu'ils avaient été construits dans les siècles antérieurs, c'est à dire simplement en bois, sauf les constructions romaines, sur tous les fleuves et rivières de France

Car ceux ci exigeaient un large débouché pour faciliter l'écoulement des eaux, des crues et le passage des glaces. De ce fait ils étaient composés de travées à palées de bois, ou de piliers de maçonnerie, sur lesquels s'étendaient un réseau de poutres couvertes d'un plancher. Mais les dégradations rapides des palées et des planchers, causées par leur exposition constante aux intempéries posaient problèmes !!!








Cela incitait les bâtisseurs à rechercher le moyen de substituer à ces ouvrages périssables des oeuvres totalement en pierres, donc plus durable.  Bien sur, il y avait bien les bacs, qui s'étaient établis pour assurer le passage de l'eau, des corporations de bateliers s'étaient même organisés dans ce but, mais au dire de certains auteurs contemporains, elles s'étaient souvent transformées en véritables associations de malfaiteurs, rançonnant, dévalisant et assassinant même parfois le voyageur isolé !!

Ce n'est que vers la fin du XII siècle que la construction de ponts, par des corporations de métiers parvinrent à leur but, soit presque 7 siècles après la période romaine et sans que rien ne fut ajouté à ce qu'il restait des ouvrages exécutés par les Romains eux mêmes








D'après Viollet le Duc, une légende existait au moyen âge, racontant qu'un jeune berger du nom de Petit Benoit, né en 1165, dans le Vivarais, vint en Avignon ou il fût l'instigateur et l'architecte de ce pont qui traverse le Rhône.

Mais élever des maçonneries, placer des cintres, exécuter des voûtes, sur un tel endroit paraissait insurmontable pour l'époque. On s'explique donc facilement qu'une telle entreprise ait frappé l'imagination des populations méridionales qui en furent témoins

Porté par le goût du miraculeux de l'époque, ce Petit Benoit, fut canonisé plus tard, sous le nom de Saint Bénézet. Les travaux commencés en 1178, furent menés à bien, et ce malgré tous les obstacles, au bout de 10 ans








Notre homme mourut en 1183, cinq ans avant la fin des travaux, qui fut terminé avec le plus grand soin malgré la disparition du futur canonisé. Nous savons que ce pont était encore intact en 1385 soit deux siècles plus tard !



PS: documentation de la BNF et de l'école des Chartes M de V











mercredi 13 février 2019

Les Milices Bourgeoises

La vraie et unique cause de la révolution communale au XII siècle a été le besoin de défense des citadins, contre l'oppression des seigneurs féodaux (voir article la révolution communale). Ce besoin s'est fait sentir dans toutes les villes ou presque, les bourgeois ont pris les armes par nécessité, pour conquérir ce premier élément politique, la sécurité

Ceci ne s'applique pas aux villes du midi de la France, car le régime municipal Romain y existait encore dans toute sa force, et les cités méridionales étaient parvenues à préserver leurs vieilles constitutions. Comme elles étaient fortes, elles ne furent point opprimées par les seigneurs et sans recourir aux armes elles se firent donner par les féodaux des Chartes et des privilèges. Les villes vont donc essayer de se procurer la paix et la sécurité, les habitants eurent recours à l'association pour se défendre contre ceux dont ils redoutaient les atteintes. C'est à dire les grands ecclésiastiques, comme les Evêques, ou les Abbés mitrés des monastères, détenteurs de droits féodaux et les Seigneurs, âpres aux gains tous autant qu'ils sont

On creusa donc autour des cités des fossés profonds et l'on érigea de puissantes murailles, les citadins s'armèrent moins pour l'attaque que pour la défense, mais vont former des milices qui n'étaient cependant pas uniquement destinée à défendre les murailles ou assurer le Guet, elles pouvaient au besoin se mettre en campagne pour protéger la ville et sa banlieue immédiate (voir article la cinquantaine)









Les hommes qui faisaient partie de ces milices étaient obligés de servir en armes et tous sans exception accouraient sur la place de la cité à la première convocation des magistrats de la ville, dès le XII siècle nous voyons dans toutes les cités des bourgeois armés et des milices organisées

En 1122 (XII siècle), lorsque la lutte s'engage entre l'évêque de Laon et les habitants de la ville, on voit les bourgeois attaquer le palais épiscopal avec épées, haches à deux tranchants, arcs, masses d'armes et piques ou lances

On lit par exemple dans un ancien document de Valenciennes, je cite: Que si l'on entend sonner en même temps le couvre feu et la cloche du Ban que tous les miliciens doivent courir aux armes et que celui qui ne se hâtera point à cette convocation sur la place du corps de la ville, payera une amende de cinq sous.

Cette directive municipale exceptait seulement les hommes, qui au moment de la convocation, tiraient le pain du four, ceux qui brassaient la bière et bien sur ceux qui étaient malades. Encore faillait il dans ces trois cas fournir deux témoins fiables pour certifier leurs dires

Nous sommes loin des idées reçues, de bourgeois désorganisés, n'ayant aucune connaissance de la discipline et du maniement des armes









Les milices n'étaient pas composées d'hommes mal armés, mal équipés, peu versés dans le maniement des armes et indisciplinés. Dans la plupart des villes les bourgeois de la milice, rassemblés pour défendre les intérêts communs étaient exercés à l'art du combat, en temps de paix nos bourgeois prenaient leurs armes et allaient au champ avec leurs congénères pour se livrer aux exercices militaires

Nos miliciens, convoqués pour défendre la ville, ou pour accompagner le Suzerain à la guerre, ne se rassemblaient pas en désordre et les préparatifs se faisaient avec le sérieux d'une discipline militaire.

Si départ, il y avait, hors les murs de la cité, les magistrats dressaient deux listes. la première contenait le nom de ceux partant en campagne, et sur l'autre la liste de ceux qui restaient pour assurer la garde et le Guet.

Ce n'était qu'après lecture publique de ces deux listes que les hommes de l'expédition franchissaient, au son des cloches, les portes de la ville. le déplacement à l'extérieur se faisait en groupes constitués et chaque groupe derrière sa bannière. Que ce soit le boulanger, le savetier, le boucher, le tavernier ou le tailleur, tout le monde suivait l'ordre de marche. la encore des amendes pouvaient être distribuées si la discipline n'était pas respectée








Les milices des villes des XII et XIII siècles se composaient exclusivement de fantassins, seuls les seigneurs possesseurs de fiefs pouvaient combattre à cheval, cependant comme nous l'avons vu plus haut lors de l'attaque du palais épiscopal, le bourgeois utilisait toutes les armes !!, épées, haches, masses, arcs, lances, arbalètes

Les habitants des cités formant la milice se mettaient en campagne dans trois circonstances bien précises. lorsqu'ils combattaient les propres ennemis de la ville que ce soit le Clergé, la noblesse ou une bande armée quelconque de ce côté la les exemples ne manquent pas








Deuxième circonstance, lorsqu'ils étaient requis aux termes du contrat féodal pour suivre leur suzerain à la guerre.

Troisième cas, lorsqu'il s'agissait pour la cité de se venger sur un individu ou un groupe d'individus, étranger à la ville, et habitant hors de son territoire, d'un attentat ou de voies de faits commis sur un bourgeois de la cité !!

Dans ce cas ou l'on ramenait le ou les coupables pour êtres jugés, mais si on ne trouvait personne on rasait et brûlait  l'endroit ou ils logeaient !!!! Expéditif et en général efficace









Les rois des XIII et XIV siècles, à mesure que grandissaient leurs territoires, encourageaient les efforts des habitants et des magistrats des municipalités.

Charles V le Sage, lors de la guerre de cent ans, pour contrer les raids des Anglais, favorisa grandement les municipalités afin qu'elles puissent clore et fortifier leurs villes pour en faire des îlots de défense (voir article les pots de vins)

PS: documentation BNF ...M de V

mardi 12 février 2019

Les Pots de Vin

Dans le courant du XV siècle, à la faveur des troubles de la guerre de cent ans, une ville comme Tours accède temporairement au statut de capitale du royaume, cette bonne cité accueille fort souvent le roi, ses familiers les plus proches, des officiers de la couronne, mais également des ambassadeurs de nos provinces ou de l'étranger

Cette population cosmopolite, riche en dignitaires de tous poils, réside dans cette ville, dont les dirigeants (ou corps de la ville), sont en recherche de faveurs et de protection

Ces faveurs que la municipalité recherchait auprès de ces gens influents s'achètent en " Pots de Vins ", distribués généreusement par le corps de la ville Tourangelle.

Les comptes de la cité, tenus par un receveur, enregistrent pour chaque année ces distributions de vin destinées à honorer le buveur, lui apporter plaisir et bien être, afin d'obtenir les dites faveurs !!! . Il est certain qu'un notable qui a la panse réjouie par un bon Clairet (qu'il n'a pas payé), est nettement plus enclin à prêter une oreille attentive aux échevins, et ce qu'elle que soit la ville considérée !!!











C'est au milieu du XIV siècle que l'on voit émerger en France cette documentation comptable des Pots de vins, particulièrement utile pour l'étude des sociétés urbaines. La question que tout le monde se pose, c'est pourquoi ???

En fait, une grave crise touche le royaume depuis la défaite de Poitiers et la capture de ce benêt de Jean II le bon, et elle va bouleverser tout le dispositif de défense du territoire. Pour faire face à la menace des chevauchées Anglaises, le Dauphin Charles, Régent du royaume, décide de vider les campagnes et de tout enfermer dans les cités.

Il confie donc à ses bonnes villes, devenues îlots de défense, le droit d'organiser leur protection ainsi que celle du plat pays environnant. Pour ce faire il les autorisent à lever l'impôt, afin d'entretenir fortifications et troupes. Ce financement passe par l'instauration d'une taxe sur la vente du vin au détail

De ce fait on peut dire que la défense des villes est massivement assise au XIV et XV siècles sur l'économie viticole, car le vin et un élément clé du quotidien, et si l'homme médiéval mange au moins un kilo de pain par jour, il faut compter une consommation de 3 litres de vin par jour et par personne en moyenne !!. Il est nécessaire de préciser que rivières et sources étaient polluées par les rejets humains et les nappes phréatiques par les cimetières !!! (voir articles)









L'expression " Pot de Vin ", désigne de nos jours un élément de corruption, d'un fonctionnaire, afin d'obtenir un passe droit, une faveur ou un avantage !!! Que ce soit sous forme de sonnante et trébuchante ou d'avantages en nature, afin de le soudoyer. Cette pratique est toujours clandestine, et par le fait très difficile à détecter dans les livres de comptes des recettes et dépenses publiques, nous avons moult exemples de cette corruption à notre époque moderne !!!

Au XIV et XV siècle, l'expression " Pot de Vin ", désigne une réalité totalement différente !! Ce ne sont pas des dessous de tables, puisqu'ils sont mentionnés dans les comptabilités urbaines et contrôlés par une autorité compétente

La définition première de Pot de Vin est matérielle, car il s'agit d'un versement de vin, dans un récipient appelé " Pot ". La capacité courante du pot oscille entre 3 et 6 pintes ( 3 à 7 litres environ), ou très supérieures de 9 à 12 pintes, le terme de " Grand Pot ", sera alors souvent utilisé

Ces pots sont en étain, propriété de la ville, qui les fait spécialement fabriquer et entretenir à ses frais. Ceux ci devaient êtres volumineux puisqu'ils pouvaient contenir jusqu'à 13 litres de vin par récipient ??

Ces pots de vin était transporté par deux, à dos d'homme, au bout d'une perche installée sur les épaules, afin d'être livrés pour moult libations à leurs éminents destinataires









Ces dons étaient livrés par un service de Clercs, gagés par la ville, ce transport avait bien sur une tarification, équivalente à 10 deniers par portage. Dans les comptes de la municipalité le coût de ce transport était précisé le plus souvent à part, du coût du vin offert !!

Il s'agissait donc plutôt d'une largesse institutionnalisée de la cité, en vue d'instaurer une relation durable, envers des personnes influentes de passage dans la cité, et considérés comme digne d'êtres honorés pour leurs bienfaits potentiels ou avérés

PS: sur un Texte de Samuel Leturcq, Maître de conférence en histoire médiévale...M de V

dimanche 3 février 2019

La "Cinquantaine", milice Bourgeoise de Rouen

L' auteur C H de Beaurepaire, nous parle d'une compagnie qui fut autrefois bien connue de cette ville de Rouen et qui pouvait légitimement prétendre à notre estime, ainsi qu'à notre attention bienveillante. Il parle de cette milice Bourgeoise "la cinquantaine", les Arbalétriers de la cité.

Un mot de l'arme à laquelle cette milice dut son nom. Si l'arc fut longtemps en France, comme partout, la principale arme offensive que l'on employait à la guerre, l'arbalète arrivait en seconde position, ce n'était d'ailleurs qu'un arc perfectionné!, pourvu par sa portée et sa précision d'une plus grande force de pénétration, mais qui nécessitait beaucoup moins d'entrainement que pour le tir à l'arc

L'arbalète, l'arme du Diable (voir article), dont l'usage avait été condamné au concile de Latran en 1139, pour les guerres entre chrétiens, car considérées comme des guerres fratricides, était autorisée contre les infidèles ! Mais Richard Coeur de Lion, qui se trouvait engagé dans un conflit menaçant de ne pas tourner à son avantage n'eut point d'égard pour cette directive ecclésiastique.

Il va s'en servir contre les Français avec aussi peu de scrupules que s'il eût affaire aux Sarrasins ! Aussi beaucoup virent ils comme un châtiment providentiel, quand il reçu lui même un trait mortel d'arbalète au siège de Chalus en 1199. Selon les chroniqueurs, Richard, était parait il un tireur exceptionnel à l'arbalète ?









Quoi qu'il en soit, une fois rétabli l'usage de cette arme il ne fut plus interrompu. La création de notre compagnie de la " cinquantaine ", remontait aux premières années du XIII siècle. C'était une sorte de garde Bourgeoise armée suivant la mode du temps, organisée pour prêter main forte aux représentants de l'autorité de cette cité, mais qui n'entrait pas dans le service du Guet de celle ci !

Dès son origine la compagnie avait été limitée dans son statut au nombre de cinquante arbalétriers, d'où son nom !!, avec un chef que l'on nommait Maître, auquel sera substitué plus tard le titre de Capitaine. Elle était soumise à l'autorité du Maire, qui représentait pour le citadin la principale autorité de cette ville

Ce Magistrat avait le droit d'utiliser la compagnie pour les besoins de la communauté, pourvu que ce fut dans la cité pu ses faubourgs, nos "cinquanteniers", suivant le serment professionnel qu'ils prêtaient étaient tenus de se présenter à l'appel du maire, équipés et apprêtés pour accomplir le commandement du magistrat

Notre milice bourgeoise était protégée par les institutions de cette ville, se chargeant même de les indemniser pour les dommages corporels ou les détériorations de leurs biens pendant l'exécution de leurs missions, car ils n'étaient pas rémunérés par la ville pour ce travail !








Dans un acte de 1322 il fut décidé, que si un cinquantenier mourrait, nul autre que le maire pouvait élire un remplaçant, la compagnie présentait alors ses candidats au choix du magistrat de la ville. Il y est précisé également qu'un arbalètrier ne pouvait quitter la compagnie pour aller s'engager dans l'armée, fut elle l'Arrière Ban du Roi, sans avoir reçu congé du Maire

Les cinquanteniers étaient également exempt de Guet et ne payaient pas les tailles de la ville, ils n'étaient imposés que suivant l'importance et le genre de commerce auxquels ils se livraient en dehors de la compagnie. Cet acte de 1322 avait été rédigé par le Maire, Guillaume des Essarts et revêtu du sceau communal

On y précisait également, qu'une fois entré dans la milice le bourgeois devait en tout temps répondre à l'appel, tout armé et prêt à défendre le corps de la ville. On y trouve ajouté que les armures et armes du bourgeois sont les siennes propres et qu'il ne doit ni les vendre, donner, prêter ou échanger !!

Cette cinquantaine était solidement enracinée dans les habitudes de la ville, bénéficiant de l'opinion publique qui lui fut toujours favorable, et même de l'appui des Officiers royaux de cette cité, qui voyait en elle une milice bourgeoise sure et indispensable









Si pour le service intérieur de la ville nos arbalétriers n'avaient droit à aucune solde, il n'en était pas de même lorsque le maire les envoyait dans les banlieues !!! C'étaient des marchands, des Artisans tenant échoppes en ville, et non des chevaliers et leurs vassaux

Nos Cinquanteniers touchaient alors 3 sous de gages par jour et le maître en touchait 5. On sait que la compagnie fut comprise dans le contingent que Rouen devait fournir contre l'armée d'Edouard III, heureusement pour elle, arrivée trop tard elle échappa au Massacre de Crécy

Mais nos cinquanteniers s'étaient montrés hommes de guerre et hommage fut rendu à leur valeur et aux efforts déployés sous les ordres de Du Guesclin, lors de la prise du château de Rolleboise et de la ville de Mantes, quand il avait fallu déloger les grandes compagnies et les partisans du roi de Navarre

Les privilèges énoncés dans les documents et la carte de la compagnie furent attestés par le Dauphin Charles, Régent du royaume en avril 1357, puis confirmé en octobre 1359

PS: la documentation provient de la BNF ...M de V




jeudi 24 janvier 2019

N°280) Les Couvreurs au moyen âge

Ce corps de métier fut au début compris dans la corporation et la réglementation des Charpentiers, parce qu'il ne s'agissait au début que de "Couvreurs en Merrain", ces petites planchettes de bois que l'on nommait " Bardeaux" et qui servaient à couvrir à l'époque les bâtiment de moindre importance

Il semble probable qu'à cette époque la couverture en tuiles, en ardoises ou en pierres était exécutée par les maçons qui avaient des ouvriers couvreurs attachés à leurs ateliers. Au XIII siècle le livre des métiers (voir article), ne s'occupe que des couvreurs en Bardeaux, car c'est au chapitre XLVII, concernant les Charpentiers que l'on parle de ces autres ouvriers " qui oeuvrent en tranchant en merrain ", on voit donc apparaître pour la première fois " les couvreurs et recouvreurs de maisons "







Nos couvreurs suivent donc les statuts de la corporation des charpentiers, ils se servaient de temps immémorial et d'après la tradition romaine du bardeau, aussi nommé, Bauche, Essente ou Essau. C'était une tuile de bois dont on couvrait les combles et les pans de bois des maisons, elles étaient souvent peintes de diverses couleurs

On les clouaient sur les voliges et pouvaient être découpées de diverses façons afin de former une décoration plus ou moins originale selon l'artisan, ce bardeau était fendu et non scié, afin que le bois de la planchette suive le fil et par conséquent avait une plus grande longévité. Viollet le Duc, recommande ce type de couverture pour les constructions isolées exposées au vent de pluie, car il ne s'éclate ni ne gerce, résistant fort bien à l'introduction de l'eau







Au XV siècle le bardeau se vendait rue de la Mortellerie, ou demeuraient les marchands de merrain. Bien plus tard, Duviler, le célèbre Architecte du XVIII siècle, dans son " cours d'architecture " disait que de son temps on se servait encore des bardeaux pour la formation des apprentis à cause de leurs légèreté.

Le registre de la taille de 1292, divise les couvreurs parisiens en deux catégories, celle des Couvreurs dont les maîtres sont au nombre de sept, et celle des Recouvreurs, lesquels sont au nombre de vingt et un. On suppose que les premiers faisaient les travaux neufs et que les seconds ne pratiquaient que les réparations des toitures ???, en histoire cela reste une hypothèse plausible, car il est bien évident que les écrits de l'époque sur ce métier sont fort rares voir inexistants








 Au XIV siècle il du y avoir une nouvelle organisation du métier, que nous ne pouvons encore une fois que supposer, car l'histoire des corporations n'en laisse aucune trace !! Mais on sait que les Couvreurs vont se séparer de la corporations des Charpentiers, vu qu'ils furent érigés en communauté distincte par le Prévôt de Paris, Gilles Haquin, qui promulguera leurs statuts le 26 février 1328

Le couvreur était payé, au XIV siècle, trente deux deniers en été et vingt six en hiver et oui !!! les journées sont moins longues en hiver donc il y a moins d'heures de travail par jour. A partir de cette époque les couvreurs utiliseront tous les matériaux, le bardeau, la Tuile, l'Ardoise, la pierre (Lauze) ou la chaume

On suppose que ceux qui travaillaient pour les maçons se sont joint à la corporations des couvreurs








Les maîtres devaient fournir aux apprentis, le boire, le manger, les vêtements et les chaussures. Il y avait une particularité dans la corporation des couvreurs, qui ne se retrouve dans aucun autre métier du bâtiment, lorsque l'apprenti devenait un ouvrier on le mettait en possession de ses outils à titre gracieux et gratuit

Les amendes perçues dans le métier par la corporations comme sanction à l'encontre d'ouvriers ou de maîtres allaient aux ouvriers blessés (le métier était dangereux), aux vieux ouvriers, aux pauvres et malades de la corporation. Il faut avouer que l'entraide était énorme par rapport à l'époque ou nous vivons, la corporation payait aussi pour l'enterrement de ses morts


PS: la documentation provient de la BNF comme il se doit M de V
























mercredi 23 janvier 2019

Montmartre et son Plâtre au moyen âge

Pour ceux qui ont la curiosité de chercher l'origine de quelques anciennes rues du vieux Paris, on peut y trouver la rue Plâtrière, celle du Plâtre au Marais, ou encore la rue du Plâtre Saint jacques !! Ces noms rappellent simplement que des Plâtriers y ont habités en nombre, ou qu'ils y ont fondé une corporation de métier, voir même qu'ils y avaient établis des Plâtrières (dépôts ou magasins), lieux ou l'on préparait le plâtre sur des tamis en fils de laiton, ce genre d'industrie est cité dès le XIII siècle dans le " dict des rues ", du Poète Guillot !

On peut affirmer que Montmartre, bien avant tout autre lieu, fourni son plâtre en Paris, d'abord parce qu'il en était proche, que sa réserve de Gypse était considérable, plus du double de celle des buttes Chaumont et d'une qualité remarquable !!








On a tiré de la butte Montmartre tant de plâtre pour construire les maisons de la capitale, que comme dit Sauval, on lui donna le nom de ville blanche et ce dernier n'a pas infirmé la gaillarde explication donnée, par le docte et joyeux prédécesseur que fut Rabelais, au chapitre XVII de son Gargantua

Ce plâtre était le meilleur qu'il fut possible de trouver, pour le modelage et la construction, l'excellence de sa qualité lui avait jadis acquis une telle réputation  que l'on en expédia longtemps vers l'Angleterre et bien plus tard vers le nouveau monde. C'était une variété de gypse qui résistait aux intempéries de saison, que le plâtre ordinaire ne pouvait supporter !! On peut aussi affirmer sans crainte que ce plâtre de Montmartre était exploité depuis fort longtemps, puisqu'au III siècle de notre ère c'est dans l'excavation d'une de ces carrières que se trouvait l'oratoire de Saint Denis et de ses compagnons persécutés, plus tard les fidèles en marquèrent l'emplacement en érigeant au dessus la fameuse chapelle des Martyrs

Les quantités livrées devait être importante, car dans les registres de compte, il est fait état de paiement, par tranche de cent charrettes de matière première !!







Montmartre fournissait Paris, l'usage en était même universel au XIV siècle. Un savant contemporain, Barthélémy l'Anglais, dans son " de propietatibus rerum ", sorte d'encyclopédie latine, en parle. En 1372, Charles V le sage (qui est à l'origine de la bibliothèque nationale), ordonna la traduction de son livre (voir article)

Je cite: La France a moult belles quarrières ou l'on prend les pierres pour faire de nobles édifices, et en particulier en Paris, ou est le plâtre à grande foison. Lequel est comme verre et dur comme pierre quand il est cru, et quand il est cuit et détrempé d'eau il se convertit en ciment dont on fait les parois de beaux édifices et les parements des maisons ..!!

L' histoire ne dit pas si dès le moyen âge les mouleurs Italiens venaient dans notre capitale, afin de modeler cette matière en de pieuse statues ??. Dante ayant étudié en Paris, parle des banquiers lombards établis chez nous, mais ne mentionne pas de plâtriers de la péninsule (voir article). C'est une hypothèse car quand on se trouve à l'étranger on a tendance à se rapprocher de ses compatriotes non !!!!








Les Carriers de Montmartre, comme nous l'avons dit plus haut, avaient établi dans Paris, des dépôts de plâtre qu'ils entreposaient après cuisson, ceci afin de lui faire subir les dernières préparations, comme le battage, le corroyage et le tamisage, que l'on nommait "Plâtrières", il sont indiqués depuis le XIII siècle dans la dénomination des rues.

Sous le règne de Louis IX (saint Louis), on trouve les Plâtriers à côté des Maçons dans les règlements du livre des métiers d'Etienne Boileau (voir article), nos plâtriers faisaient procession sous la bannière de Saint Blaise, leur Saint patron. Ce plâtre voyageant fort loin on le faisait acheminer par voie d'eau, c'est la corporation des Bateliers qui s'en chargeait, on la nommait aussi corporation des marchandises de l'eau (voir article), c'était le moyen de transport le plus commode et le moins coûteux.








Il était transporté en moellons crus, parce que s'il était livré cuit il risquait de s'éventer et de perdre ses propriétés lors du transport.

Sur Paris il y avait deux ports de chargement pour le plâtre dans lesquels on trouvait  un Jaugeur Toiseur, chargé de la réception des pierres avant l'embarquement. Un arrêt du Parlement nous montre que la fonction de jaugeur Toiseur existait déjà en l'an 1317

Nos deux ports étaient de taille considérables et rapport avec les quantités expédiées, l'un se trouvait à Argenteuil pour desservir la basse Seine jusqu'à Rouen et l'autre à Bercy, celui ci portait le nom de port au plâtre (quai de la Râpée)




PS: documentation BNF, comme il se doit M de V

lundi 21 janvier 2019

Robert le bougre, sinistre moine !!

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La vie du premier inquisiteur général en France ne nous est pas connue, nous ne possédons que quelques épisodes de sa vie, notamment ses tournées inquisitoriales dans le centre et le nord de la France, à partir de 1232, jusqu'en 1239.

Nous savons par contre, qu'il fut à partir de 1215 un hérétique !! Puis il rentre dans le rang et rejoint le giron de la sainte église catholique et apostolique vers 1231. Nous ignorons l'année de sa naissance et ne possédons que dès données obscures sur sa mort après sa mise en détention perpétuelle ???

Il va suivre à Milan une jeune hérétique Cathare, devenant lui même un membre assidu de ce culte, c'est de la que lui viendra son surnom de "Bougre", nom que l'on donnait aux hérétiques en France, alors qu'en Italie le surnom de"Patarin", était le plus souvent employé !!

Notre Robert vécu une vingtaine d'années en parfait Cathare, après quoi il abjura ses erreurs et se fit Dominicain ( pourquoi la belle l'avait elle laissé tomber ??). Toujours est il qu'il se mit à dénoncer ses anciens frères (le vilain cafteur !!), mais un long commerce avec les hérétiques lui permettait de les reconnaître aisément à leurs discours et dans leur gestuelle !!

Voila qui va plaire à Rome et à ce vieil atrabilaire de pape qu'était Grégoire IX !!!!!









Ce fougueux vieillard  vindicatif qu'était Grégoire IX, ne va pas manquer d'utiliser les capacités de faux derche, de notre bougre de moine Robert !!!. Ainsi voyons nous dès 1232, notre mouchard investi des fonctions d'inquisiteur. Deux bulles papales, toutes deux du mois d'avril 1233, renferment quelques allusions au sujet des premières tournées inquisitoriales du bon frère Robert

L' hérésie sévissait dans la ville de la Charité sur Loire. le prieur Etienne de l'Abbaye de Cluny, s'était déjà mis en devoir de combattre le fléau, le pape s'empresse de recommander le Prieur au roi de France, pour qu'il fournisse des troupes afin d'assurer la mission, sans oublier d'affecter le frère Robert à cette mission

Notre bon moine dans son ardeur de "reconverti" va mener vigoureuse campagne dès son arrivée sur les lieux








Il commença par prêcher dans le but de ramener au bercail les brebis égarées, faut dire qu'il était doué le bougre, beaucoup d'hérétiques vont se convertir, dénonçant même leurs coreligionnaires, dans cet élan de foi retrouvée, le père livrait son fils ou sa femme, ou le fils dénonçait le père ou un frère, la femme dénonçait ses enfants son mari ou ses proches, bref le grand déballage !!!

Mais il est frustré le Robert !!, le gros des hérétiques échappait à ses belles paroles, il apprend que les Cathares fuyaient vers les régions voisines, Sens, Bourges, Rouen, Tours, mais aussi la Flandre et d'autres endroits environnants la France. Tout à sa mission il écume le bougre, il lui faut sévir,  Robert va donc écrire à ce vieil acariâtre de pape, lui demandant le droit de pouvoir appliquer les décrets des conciles dans toute leur rigueur contre cette légion d'hérétiques. le pape Grégoire IX le félicite de son zèle !!









La bulle du 19 avril ordonne d'extirper l'hérésie à la Charité sur Loire et les régions alentours, c'est à partir de ce moment que furent installés " in regno franciae ", les premiers inquisiteurs apostoliques. Grégoire IX doit être considéré comme le véritable organisateur de l'inquisition papale.

Dès réception du document Robert se met au travail et fort de l'appui de notre bon roi Saint Louis il poursuit les hérétiques avec la dernière vigueur, à la Charité, un grand nombre va alimenter les Bûchers, comme le rapporte les écrits d'un contemporain Philippe Mousket

Le zèle du moine fut si grand qu'il alarma l"archevêque de Sens, les prélats des environs et l'archevêque de Reims !!. Ces derniers vont envoyer une virulente protestation au pape. Mais si il ordonne aux inquisiteurs d'interrompre leur besogne, si il cède aux archevêques, il brûle cependant du désir de faire rentrer ces ecclésiastiques dans l'obéissance! le pape rumine, il sait fort bien que l'hérésie régnait dans tout le royaume de France, il ne tardera pas à laisser éclater sa colère !!!







Par la bulle d'août 1235 il rétablit l'inquisition et nomme Robert comme inquisiteur général, le Robert reprend du service et il va se déchaîner le bougre, on torture on brûle on enterre vivant, le sinistre dominicain se surpasse !!

A Chalons sur marne on brûle de l'hérétique, à Péronne neuf, à Elincourt quatre seigneurs sont brûlés, puis Cambrai une sorcière et vingt hérétiques, à Douai on brûle dix vieillards, après on ne compte plus c'est le tour de Lille, Ascq, Lers, Toufflers, puis en Flandres on brûle des hérétiques usuriers.

Nous arrivons à Mont Wimer ou il en brûle 183 !!! Ce monstre sera finalement destitué par celui qui l'avait créé, Grégoire IX le condamne à la détention perpétuelle

Nota: On se demande, qui, de Blanche de Castille ou de son fils Saint Louis, encouragera le plus ce moine à multiplier les bûchers en France ????

PS: perso le nain l'aurait collé sur un bûcher avec du bois vert qu'il ai le temps de bien se rendre compte de ce que cela fait hein !!!....désolé je me laisse aller, sinon pour la documentation elle provient de la BNF comme d'habitude M de V

samedi 19 janvier 2019

Les Officiers Royaux au bas moyen âge

L'étude d'un corps d'officiers de Bailliage Royal est souvent complexe, tant la documentation est parcellaire, mais l'auteur de ce texte a retrouvé 15 Baillis, 8 Juges, 27 Lieutenant de bailliage et 10 lieutenant de juges exerçant entre 1349 et 1500.

Ce qui permet d'éclairer ces organes de l'Administration médiévale des Provinces, à travers le bailliage de " Marjevols ", l'une des circonscription les plus modeste de l'administration royale.

Le Roi partageait la Seigneurie de Gévaudan, avec l'évêque de Mende, cohabitation qui ne fut pas sans poser de problèmes !!!, d'autant que les possessions du roi et celles de cet ecclésiastique s'enchevêtraient à ravir les unes dans les autres

En 1307, le Roi et l'évêque réalisent un paréage, instituant une "Cour Commune" dont ils nommaient conjointement Juges et Baillis, qui théoriquement relevait du parlement de Toulouse ou du Conseil Royal. Or donc dans les textes, l'expressions " Bailli du Gévaudan " est ambiguë, car elle désigne aussi bien le bailli de Marjevols, que celui de la cour commune ????







La cour royale de Marjevols est donc dirigée par les Baillis et Juges du lieu, tous vont se choisir des Lieutenants dans les principales localités de la région. Les registres montrent que des Lieutenants vont présider la cour, lorsque les baillis ou les juges ne se déplacent pas en personne pour rendre la justice

Le plus souvent les officiers royaux sont choisis au sein de la population du Gévaudan à l'exception de deux ou trois pour les Baillis et les Juges, quand aux Lieutenants du bailliage et de ceux de justice ils sont du cru, exerçant le plus souvent dans la ville qui les a vu naître.

Or donc, baillis, juges et les lieutenants de ces derniers, agissent et raisonnent en tant que "Gabalatins", les habitants du Gévaudan, cette région restera fidèle au Roi et traversera toutes les périodes de crises du moyen âge aux côtés de la couronne

Voyons comment ils se répartissaient le pouvoir et les charges de cette circonscription du royaume









La distribution des offices entre Noblesse et bourgeoisie est édifiante, plus de 80% des baillis sont nobles et 100% des juges sont roturiers, quand aux Lieutenants, adjoints des baillis et des juges ils sont aussi tous roturiers.

L'absentéisme nobiliaire dans la magistrature (juges), semble motivé par la répugnance des nobles envers les gens de justice, mais également par le très faible nombre de nobles ayant suivi un cursus universitaire en Droit. On ne compte que fort peu de juges nobles, tel que Raymond de Ruppe en 1360. On peut donc déduire que l'administration se trouve entre les mains des nobles et la justice entre celles de la bourgeoisie !!

Aucun des nobles rencontrés ne possède le moindre titre universitaire, ou tout au plus celui de bachelier, c'est donc le privilège de la naissance qui les élève à leur fonction.

A l'inverse les roturiers obtiennent leur investiture en raison de leurs capacités, bien sur il y eut quelques rares exceptions, mais il faut souligner que l'ensemble du personnel judiciaire est constitué de professionnels








Nul n'est besoin de préciser qu'il n'existe pas de fonctionnaire au sens moderne du terme, l'administration royale, engage des polyvalents déployant leur talent dans tous les domaines publics. Nos personnages servent le roi, l'évêque de Mende, ou bien le corps de la ville.

Rappelons que le Bailli assure un rôle politique et exécutif, sa situation est mal assurée, dépendant de sa loyauté et de sa valeur d'homme d'action. Au contraire le Juge a besoin de recul, les affaires du royaume ne le concerne guère !!, et le pouvoir central escompte de lui de solides connaissances juridiques. Or donc le savoir du magistrat est sa force, alors que la valeur du bailli se manifeste dans l'action

Des liens privés entre Juges et baillis sont rarement établis, ce qui conforte l'hypothèse d'une séparation nette entre ces deux offices. Mais des alliances et des clans se formeront entre juges, Baillis et lieutenants, surtout en période de crise, et bien sur tout au long de cette guerre qui devait durer 116 ans, et cela sans tenir compte du fait qu'ils appartenaient au roi ou à l'évêque !! 








Néanmoins si la noblesse défend ses privilèges et tente de maintenir entre ses mains la haute administration, en abandonnant la justice aux bourgeois, cela servira les roturiers. Ils vont se spécialiser et forgeront ces dynasties dans lesquelles la noblesse de robe verra le jour.

Il faut savoir que la petite noblesse des campagnes n'agira pas autrement, car ils n'ont pas le choix, les bourgeois et cette petite noblesse vivent côte à côte, ils ne peuvent s'ignorer, les actions quotidiennes les rapprochent, principalement par l'intermédiaire de leurs subalternes, les comportements deviennent identiques et fatalement des alliances matrimoniales se réaliseront. 



PS: documentation BNF, comme il se doit M de V




jeudi 10 janvier 2019

Le Ban et l'arrière Ban au moyen âge



Notre Auteur, Jacques de Lalande, Conseiller du Roy, Doyen et Régent de l'Université D'Orléans, nous fait montre de ses recherches, sur l'antique justice du droit, qu'avait un Monarque de convoquer les Nobles et gens tenant Fiefs, pour le service de la guerre, ceci afin de nous faire connaître l'institution du Ban et de l'Arrière Ban. (votre copiste s'excuse si le texte en est lourd, le livre est écrit en vieux français, la compréhension des phrases n'est pas toujours simple)








Ce droit de lever des troupes est fort ancien, il a pris naissance dès le commencement de la monarchie française, c'est une convocation des nobles et des personnes tenant Fiefs pour aller prendre du service dans les camps et les armées du Roy, laquelle se fait lors des urgentes nécessités de la guerre. Les Français ont reçus trois changements notables dans ce service au Roy, il est nécessaire d'expliquer afin de connaître son établissement et la façon dont il a été mis en usage. L'auteur précise: les livres ou il a fallu puiser, sur la matière présente, sont presque tous écrits en Latin, je m'excuse si je me sert de quelques mots rudes et anciens pour mieux signifier les choses.

Sous la première race de nos rois, leurs milices et gendarmeries étaient composées des "appointés du Roy " et de ses autres sujets, lesquels à la première semonce étaient tenus de prendre les armes pour suivre le Prince ou son chef des armées dans les opérations de guerre. C'étaient des hommes qui faisaient profession de porter l'épée, qui servant dans les troupes et auxquels le Roy, au lieu de donner gages ou soldes, baillait la jouissance de quelques terres. A charge pour eux de marcher et combattre sous ses enseignes quand ils en recevaient l'ordre.

Cette coutume avait commencé sous l'Empire Romain, ou il était accordé aux vétérans, pour services rendus, de donner des terres sur les frontières à ces braves, sous condition de les garder contre l'ennemi de Rome et d'en jouir seulement pendant qu'eux ou leurs successeurs continueraient de servir dans la milice !!!

Nota: Votre copiste ajoute que selon les régions cela pouvait être des cadeaux empoisonnés hein !!










A l'exemple de cette politique connue de nos anciens français, comme ayant été quelques temps à la solde de Rome, nos premiers rois distribuèrent une partie du territoire aux capitaines et soldats qui les avaient servis, afin qu'ils puissent s'établir, toucher revenus et s'équiper, ils s'engageaient en échange à servir le royaume. Ce moyen de récompenser la soldatesque et pour le roy d'acquérir des personnes dévouées, fut pratiqué par leurs successeurs. Ces terres et fonds baillés par la couronne furent appelés honneurs ou bénéfices, noms qui furent ensuite traduits par " Fief "

Les dites terres n'étaient au début conférées qu'à vie, et retournaient au Roy après le décès du bénéficiaire, ou quand il quittait le service. Quand le roy entrait en campagne, ou allait au devant de l'ennemi, il enjoignait ses bénéficiers par proclamation et cri de héraut, qu'ils eussent à venir en armes et en bon équipage, lesquels étaient aussitôt sur pied au rendez vous.

Cette semonce et assemblée se nommait le Ban, le mandement en était si précis, la discipline si exacte, que ceux qui manquaient à ce devoir, ou arrivaient en retard, ou s'ils n'étaient pas en bon équipage et armes en fonction du revenu des terres offertes par le roy, étaient par ordre privés des honneurs et bénéfices royaux !!

Il faut dire que nos français, hommes d'épées, n'avaient en fait d'autre emploi ni train de vie, que de garder et faire prospérer les terres qu'ils tenaient du Roy. Ils étaient tenus d'aller au Ban à leurs propres débours d'argent, avec le nombre de soldats en fonction de sa fortune et du nombre de foyers sur ses terres









Puis les choses évoluèrent Ducs, Comtes, Barons, Centeniers, et autres officiers, les Gouverneurs de Provinces, Villes et Places fortes, obtinrent de tenir en propre leurs charges, qui n'étaient jusqu'à lors que de simples commissions !!..Ils se rendirent par le fait, maîtres de leurs territoires, usurpant les droits de justice, mais avec une dépendance aux ordres du Souverain

De la s'érigèrent plusieurs grandes seigneuries, comme les Duchés de Bourgogne, celui d'Aquitaine, puis les Comtés de Flandres et de Poitou. Ainsi les bénéfices qui n'étaient que terres et immeubles en viagers, commencèrent à être donnés à perpétuité et convertis en Fiefs au moyen de " l'hommage lige ", le principal devoir de ce serment de fidélité était de continuer à servir et répondre à l'appel du Ban. Cependant alors qu'avant ils étaient tenus de faire toute la campagne avec le Ban du roi Ils ne devaient plus désormais que 40 jours par an !!!....le copiste il dit mauvais le plan !!!!!








Ces grands feudataires,afin de créer des alliances et maintenir leur puissance, baillèrent certaines parties de leurs terres à d'autre gens d'épée, qui leur rendait l'hommage lige, payant redevances et devaient assistance à ces grands Seigneurs féodaux, les suivant à la guerre, formant ce que l'on nomme " l'Arrière Ban "

On convoquait aussi au Ban du Roy, tous les Gentils Hommes faisant profession des armes, même s'ils ne possédaient aucune terre ou immeuble en foi et hommage, mais outre les nobles, les hommes lige et les feudataires il y avait une autre espèce d'Arrière Ban.

Nous parlons de l'assemblée des communes qui devaient servir pendant un temps à leurs propres coûts et dépens lors d'une guerre. Or donc en cas de besoin, Bourgeois des villes et bourgs, paysans des campagnes environnantes étaient demandés afin de constituer un gros d'infanterie pour l'Ost, ou pour éventuellement garder les frontières.

Comme dit l'auteur, je cite: De ces communes et populaces il est souvent fait mention, villes, paroisses et villages étaient tenus d'envoyer leurs hommes capables de porter les armes !!!


PS: je n'ose imaginer la peur qui devait nouer les tripes de ces pauvres gens...!!!!, la documentation provient de la BNF comme d'habitude M de

mardi 8 janvier 2019

N°275) l'Art du Tailleur Pourpointier au moyen âge


L'art de vêtir, dont l'origine est de toute antiquité, se trouve être un des plus essentiels du genre humain. Nous n'allons pas noue étendre sur son utilité, disons seulement que le but a d'abord été de dérober à la vue l'entière nudité et en même temps de se garantir du froid, de l'humidité et des intempéries !!!







Dans les commencements de la monarchie, les ouvriers qui faisaient l'habillement se nommaient " Tailleurs de Robes ", attendu qu'à l'exemple de Rome, nos vêtements étaient encore des robes plus ou moins longues.

Mais après les invasions barbares, venant du nord ou du sud, voir de l'est, puis les croisades, la mode vestimentaire, comme celle des armes et des armures avait beaucoup évoluée. Sans oublier les progrès effectués dans l'industrie du tissu en Flandre (voir article)

Ces ouvriers que l'on retrouve en bonne place dans le livre des métiers du Prévôt Etienne Boileau (voir article), fin XIII siècle, furent érigés en corps de communauté, sous ce titre de " Tailleurs de Robes ", par Philippe IV le Bel, le roi de Fer leur donna des statuts en l'an 1293

Il existait également des lois déterminant les tissus et les couleurs devant être portés par la noblesse, la haute bourgeoisie et par les roturiers, mais également pour les ceintures et la longueur de la pointe des poulaines








Dans la période qui suivit le règne de Philippe IV le bel, jusqu'au règne de son dernier fils, Charles IV le bel, la mode évolue encore, les robes vont disparaître peu à peu, pour être remplacées par des sortes de vestes, par dessus lesquelles on portait un manteau plus ou moins long.

Ces vestes se sont appelées " Pourpoint ", en conséquence sous ce Roi (dernier des capétiens direct), les tailleurs de robes, reçurent des lettres patentes, ainsi que de nouveaux statuts, en l'an 1323, sous le titre de " Tailleur Pourpointier "

Il faut savoir que la mode était prise au sérieux, au moins autant qu'à notre époque, elle marquait le rang social et les règles en étaient strictes

A ce stade il nous faut préciser une chose, les lois en vigueur pour le commerce étaient faites pour que tout le monde puisse travailler, sans empiéter dans le domaine d'un autre artisan. Notre tailleur pourpointier, devait comme pour les autres métiers utiliser les compétences d'autres artisans !! il devait se conformer aux statuts et lois en vigueur. Il utilisera donc un artisan brodeur, un autre qui fabrique les boutons, voir même un cordonnier avant que de pouvoir vendre son pourpoint !!









En ce qui concerne le statut d'un cordonnier, on voit écrit la permission qui lui est accordée afin de confectionner les collets des pourpoints, apparemment ces pièces étaient de cuir que l'on devait assembler en les cousant sur le dit pourpoint

Autre particularité, les maîtres pourpointiers n'habillaient que le haut du corps, d'autres artisans fabriquaient l'habillement de la ceinture jusqu'en bas, comme les hauts et bas de chausses, caleçons etc...Ces derniers furent érigés en corps de maîtrise en l'an 1346, pendant le règne de Philippe VI (premier des valois), ils sont référencés sous le titre de " Maîtres Chaussetiers "

Pour donner une idée plus palpable de la qualité du travail de ces tailleurs et enjoliveurs du XIV siècle, détaillons celui de ce haut Baron du royaume de France, qui mort en essayant de conquérir le duché de Bretagne laissa son pourpoint sur le champ de bataille, celui ci passa de mains en mains  pendant des siècles pour parvenir jusqu'à nous !!!!

Nous entrons la dans le domaine de l'art, imaginez le temps et la patience pour cette réalisation, qui nous fait faire de suite la différence entre le pourpoint et le Gambeson !!









Le pourpoint de Charles de Blois, mort à la bataille d'Auray en l'an 1364 était une oeuvre d'art, il était d'une étoffe de soie blanche entièrement brochée d'or. Le dessin de cette broderie se compose d'octogones, remplis alternativement, les uns par un lion, les autres par un aigle, les petits carrés formés par la réunion des octogones sont occupés par une croix

Il est ouaté et doublé à l'intérieur de toile blanche, les manches sont larges aux épaules et étroites au poignet, celles ci sont fendues par dessous jusqu'à la moitié du bras, qui se fermaient par vingt boutons d'or. Puis on compte trente huit boutons sur le devant pour fermer le pourpoint, les boutonnières sont faites de soie verte



PS: comme toujours  la documentation provient de la BNF....M de V