L' auteur C H de Beaurepaire, nous parle d'une compagnie qui fut autrefois bien connue de cette ville de Rouen et qui pouvait légitimement prétendre à notre estime, ainsi qu'à notre attention bienveillante. Il parle de cette milice Bourgeoise "la cinquantaine", les Arbalétriers de la cité.
Un mot de l'arme à laquelle cette milice dut son nom. Si l'arc fut longtemps en France, comme partout, la principale arme offensive que l'on employait à la guerre, l'arbalète arrivait en seconde position, ce n'était d'ailleurs qu'un arc perfectionné!, pourvu par sa portée et sa précision d'une plus grande force de pénétration, mais qui nécessitait beaucoup moins d'entrainement que pour le tir à l'arc
L'arbalète, l'arme du Diable (voir article), dont l'usage avait été condamné au concile de Latran en 1139, pour les guerres entre chrétiens, car considérées comme des guerres fratricides, était autorisée contre les infidèles ! Mais Richard Coeur de Lion, qui se trouvait engagé dans un conflit menaçant de ne pas tourner à son avantage n'eut point d'égard pour cette directive ecclésiastique.
Il va s'en servir contre les Français avec aussi peu de scrupules que s'il eût affaire aux Sarrasins ! Aussi beaucoup virent ils comme un châtiment providentiel, quand il reçu lui même un trait mortel d'arbalète au siège de Chalus en 1199. Selon les chroniqueurs, Richard, était parait il un tireur exceptionnel à l'arbalète ?
Quoi qu'il en soit, une fois rétabli l'usage de cette arme il ne fut plus interrompu. La création de notre compagnie de la " cinquantaine ", remontait aux premières années du XIII siècle. C'était une sorte de garde Bourgeoise armée suivant la mode du temps, organisée pour prêter main forte aux représentants de l'autorité de cette cité, mais qui n'entrait pas dans le service du Guet de celle ci !
Dès son origine la compagnie avait été limitée dans son statut au nombre de cinquante arbalétriers, d'où son nom !!, avec un chef que l'on nommait Maître, auquel sera substitué plus tard le titre de Capitaine. Elle était soumise à l'autorité du Maire, qui représentait pour le citadin la principale autorité de cette ville
Ce Magistrat avait le droit d'utiliser la compagnie pour les besoins de la communauté, pourvu que ce fut dans la cité pu ses faubourgs, nos "cinquanteniers", suivant le serment professionnel qu'ils prêtaient étaient tenus de se présenter à l'appel du maire, équipés et apprêtés pour accomplir le commandement du magistrat
Notre milice bourgeoise était protégée par les institutions de cette ville, se chargeant même de les indemniser pour les dommages corporels ou les détériorations de leurs biens pendant l'exécution de leurs missions, car ils n'étaient pas rémunérés par la ville pour ce travail !
Dans un acte de 1322 il fut décidé, que si un cinquantenier mourrait, nul autre que le maire pouvait élire un remplaçant, la compagnie présentait alors ses candidats au choix du magistrat de la ville. Il y est précisé également qu'un arbalètrier ne pouvait quitter la compagnie pour aller s'engager dans l'armée, fut elle l'Arrière Ban du Roi, sans avoir reçu congé du Maire
Les cinquanteniers étaient également exempt de Guet et ne payaient pas les tailles de la ville, ils n'étaient imposés que suivant l'importance et le genre de commerce auxquels ils se livraient en dehors de la compagnie. Cet acte de 1322 avait été rédigé par le Maire, Guillaume des Essarts et revêtu du sceau communal
On y précisait également, qu'une fois entré dans la milice le bourgeois devait en tout temps répondre à l'appel, tout armé et prêt à défendre le corps de la ville. On y trouve ajouté que les armures et armes du bourgeois sont les siennes propres et qu'il ne doit ni les vendre, donner, prêter ou échanger !!
Cette cinquantaine était solidement enracinée dans les habitudes de la ville, bénéficiant de l'opinion publique qui lui fut toujours favorable, et même de l'appui des Officiers royaux de cette cité, qui voyait en elle une milice bourgeoise sure et indispensable
Si pour le service intérieur de la ville nos arbalétriers n'avaient droit à aucune solde, il n'en était pas de même lorsque le maire les envoyait dans les banlieues !!! C'étaient des marchands, des Artisans tenant échoppes en ville, et non des chevaliers et leurs vassaux
Nos Cinquanteniers touchaient alors 3 sous de gages par jour et le maître en touchait 5. On sait que la compagnie fut comprise dans le contingent que Rouen devait fournir contre l'armée d'Edouard III, heureusement pour elle, arrivée trop tard elle échappa au Massacre de Crécy
Mais nos cinquanteniers s'étaient montrés hommes de guerre et hommage fut rendu à leur valeur et aux efforts déployés sous les ordres de Du Guesclin, lors de la prise du château de Rolleboise et de la ville de Mantes, quand il avait fallu déloger les grandes compagnies et les partisans du roi de Navarre
Les privilèges énoncés dans les documents et la carte de la compagnie furent attestés par le Dauphin Charles, Régent du royaume en avril 1357, puis confirmé en octobre 1359
PS: la documentation provient de la BNF ...M de V
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