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samedi 19 janvier 2019

Les Officiers Royaux au bas moyen âge

L'étude d'un corps d'officiers de Bailliage Royal est souvent complexe, tant la documentation est parcellaire, mais l'auteur de ce texte a retrouvé 15 Baillis, 8 Juges, 27 Lieutenant de bailliage et 10 lieutenant de juges exerçant entre 1349 et 1500.

Ce qui permet d'éclairer ces organes de l'Administration médiévale des Provinces, à travers le bailliage de " Marjevols ", l'une des circonscription les plus modeste de l'administration royale.

Le Roi partageait la Seigneurie de Gévaudan, avec l'évêque de Mende, cohabitation qui ne fut pas sans poser de problèmes !!!, d'autant que les possessions du roi et celles de cet ecclésiastique s'enchevêtraient à ravir les unes dans les autres

En 1307, le Roi et l'évêque réalisent un paréage, instituant une "Cour Commune" dont ils nommaient conjointement Juges et Baillis, qui théoriquement relevait du parlement de Toulouse ou du Conseil Royal. Or donc dans les textes, l'expressions " Bailli du Gévaudan " est ambiguë, car elle désigne aussi bien le bailli de Marjevols, que celui de la cour commune ????







La cour royale de Marjevols est donc dirigée par les Baillis et Juges du lieu, tous vont se choisir des Lieutenants dans les principales localités de la région. Les registres montrent que des Lieutenants vont présider la cour, lorsque les baillis ou les juges ne se déplacent pas en personne pour rendre la justice

Le plus souvent les officiers royaux sont choisis au sein de la population du Gévaudan à l'exception de deux ou trois pour les Baillis et les Juges, quand aux Lieutenants du bailliage et de ceux de justice ils sont du cru, exerçant le plus souvent dans la ville qui les a vu naître.

Or donc, baillis, juges et les lieutenants de ces derniers, agissent et raisonnent en tant que "Gabalatins", les habitants du Gévaudan, cette région restera fidèle au Roi et traversera toutes les périodes de crises du moyen âge aux côtés de la couronne

Voyons comment ils se répartissaient le pouvoir et les charges de cette circonscription du royaume









La distribution des offices entre Noblesse et bourgeoisie est édifiante, plus de 80% des baillis sont nobles et 100% des juges sont roturiers, quand aux Lieutenants, adjoints des baillis et des juges ils sont aussi tous roturiers.

L'absentéisme nobiliaire dans la magistrature (juges), semble motivé par la répugnance des nobles envers les gens de justice, mais également par le très faible nombre de nobles ayant suivi un cursus universitaire en Droit. On ne compte que fort peu de juges nobles, tel que Raymond de Ruppe en 1360. On peut donc déduire que l'administration se trouve entre les mains des nobles et la justice entre celles de la bourgeoisie !!

Aucun des nobles rencontrés ne possède le moindre titre universitaire, ou tout au plus celui de bachelier, c'est donc le privilège de la naissance qui les élève à leur fonction.

A l'inverse les roturiers obtiennent leur investiture en raison de leurs capacités, bien sur il y eut quelques rares exceptions, mais il faut souligner que l'ensemble du personnel judiciaire est constitué de professionnels








Nul n'est besoin de préciser qu'il n'existe pas de fonctionnaire au sens moderne du terme, l'administration royale, engage des polyvalents déployant leur talent dans tous les domaines publics. Nos personnages servent le roi, l'évêque de Mende, ou bien le corps de la ville.

Rappelons que le Bailli assure un rôle politique et exécutif, sa situation est mal assurée, dépendant de sa loyauté et de sa valeur d'homme d'action. Au contraire le Juge a besoin de recul, les affaires du royaume ne le concerne guère !!, et le pouvoir central escompte de lui de solides connaissances juridiques. Or donc le savoir du magistrat est sa force, alors que la valeur du bailli se manifeste dans l'action

Des liens privés entre Juges et baillis sont rarement établis, ce qui conforte l'hypothèse d'une séparation nette entre ces deux offices. Mais des alliances et des clans se formeront entre juges, Baillis et lieutenants, surtout en période de crise, et bien sur tout au long de cette guerre qui devait durer 116 ans, et cela sans tenir compte du fait qu'ils appartenaient au roi ou à l'évêque !! 








Néanmoins si la noblesse défend ses privilèges et tente de maintenir entre ses mains la haute administration, en abandonnant la justice aux bourgeois, cela servira les roturiers. Ils vont se spécialiser et forgeront ces dynasties dans lesquelles la noblesse de robe verra le jour.

Il faut savoir que la petite noblesse des campagnes n'agira pas autrement, car ils n'ont pas le choix, les bourgeois et cette petite noblesse vivent côte à côte, ils ne peuvent s'ignorer, les actions quotidiennes les rapprochent, principalement par l'intermédiaire de leurs subalternes, les comportements deviennent identiques et fatalement des alliances matrimoniales se réaliseront. 



PS: documentation BNF, comme il se doit M de V




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