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vendredi 27 janvier 2023

Une Vision de périgueux sous le Roy Louis XI

Or donc, il faut bien avouer que la guerre de cent ans (1337-1453) avait tout dévasté, nombre de châteaux sont rasés, routiers, écorcheurs et soldats de tous bords ont pillé la Dordogne !. Autour des villes murées, le plat pays est désolé on n'y trouve plus que bêtes des bois

Vingt cinq ans après Castillon, qui sonnait le glas de l'armée de l'Anglois, la plupart des terres autour de Périgueux, ne sont que déserts de friches. A l'intérieur du rempart d'enceinte de la ville, bon nombre de murs sont lézardés, les charpentes disjointes et les toitures effondrées !

Si avant la guerre, la commune cloture renfermait plus de 1500 Bourgeois, à l'avénement de Louis XI on n'en compte plus que 366, je n'ose même pas vous parler du pauvre Manant de citadin, qui faute de moyens crevait la faim !

Lorsque prend fin cette période guerrière de 116 ans, entrecoupée de Trêves et de Traités, les contours de la cité de Périgueux montrent une haute muraille crénelée, dessinant un fer à cheval fermé par le cours de la rivière. A qui vient de l'extérieur, le Bourg montre fièrement ses douze portes et ses trente et une tours. Dans le corset bien serré de ses murs, quel dédale de ruelles, venelles et cafourches (carrefour) !!!





Quel fouillis de maisons et d'ateliers de commerçants, s'entassant sous le regard de la sentinelle du Guet qui veille au sommet du clocher de Saint Front. Si étroites sont les rues que notre guetteur ne voit que toits pentus et jardinets enclos de murs !

La Bourgeoisie y constitue le monde des marchands, dans cette couche de la société se recrute les Consuls (adjoints du Maire), quand au Maire, ce sera un Bourgeois ou un représentant de la petite Noblesse régionale. Un Forton de Saint Astier, Seigneur des Bories, sera élu plus de 10 fois au cours de sa vie

Les Consuls sont au nombre de neuf et pouvant aller jusqu'à douze, élus pour un an à l'Hostel de Ville, ils le sont par les Consuls sortants, ces notables éliront le nouveau Maire, pour une durée d'un an comme les Consuls

Dépendants de l'hostel de ville, on trouve les petits officiers de Police. Ils sont 4 Sergents, plus un Géolier et le Bourreau, vêtus de chausses violettes, et la cotte mi parti de Pers (bleu foncé), et de violet. Le maire dispose également d'une Milice municipale. En ce qui concerne la justice, Périgueux dispose d'un Juge et d'un Procureur






L'indépendance d'esprit de nos Bourgeois de Périgueux se retrouve jusque dans leurs vies professionnelles. Car on a beau consulter les archives, pas une seule fois on trouve la mention d'une quelconque Corporation ou Guilde de Métier ???

Tisserands, marchands Drapiers, Merciers, Teinturiers et Foulons, restent des artisans libres. Il en va de même pour les Savetiers, Bouchers, Chapeliers etc...Ils ne sont même pas, ormis les Bouchers, regroupés par rues, comme c'était le cas pour Sarlat par exemple, ou l'on trouvait métiers et guilde regroupés par secteurs

Les paysans qui venaient au marché hebdomadaire, vendre leurs produits pouvaient se procurer tout ce dont ils avaient besoin, outillage bêches, pelles, pioches, soc de charrue chez le Fèvre, puis vêtements, souliers, sabots et chapeaux sur l'étal des artisans

Ils trouvaient nombre de tavernes et auberges ou boire le clairet et l'hypocras, voir même s'ils avaient fait de bonnes ventes, entrer chez le pastissier, rue Eguillerie pour acheter des oublis ! ou encore faire une repue à l'auberge, mais c'était plus cher !








Il y avait trois foires annuelles, celle de la Saint Mémoire, de la Saint Front et de la Mi-Carême, peuplant ruelles, places et cafouches d'étals de marchands attirants à grand cris le chaland et le curieux, dans le même temps cela remplissait aussi la prison de malandrins, tire laine et vide goussets !!

Dans les archives est noté la présence de quelques Barbiers Chirurgiens et un ou deux médecins. En 1480, le Sénéchal donne chasse à ceux qui prétendent soigner les malades, sans être détenteur d'une licence ou d'un doctorat en médecine des Universités. Cela tombait bien, la plus réputée et la moins éloignée était celle de Montpellier, ou étudiera, à quelques années de la, François Rabelais

Il existait aussi, bien sûr des barbiers qui rasaient taillaient barbes et cheveux, ne s'occupant ni des saignées, des dents, des furoncles et kystes, et autres joyeusetés, réservées aux chirurgiens et médecins. Tout un chacun allant chez l'Apothicaire chercher remède sur ordonnance de ce dernier...mais c'était pas donné !









De ces citadins, quelles sont les conditions de vie, que gagnent ils ?. Le Sénéchal touche du Roy 300 livres par an (environ 3600 euros mensuel), Juge et Receveur Royal 100 livres par an ( environ 1220 euros mensuel).

Pour le manant, simple Manouvrier, il est payé à la journée par la ville et gagne deux Sols (ou sous) par jour, alors qu'un ouvrier qualifié, charpentier ou couvreur, touche deux Sols et demi par jours. 

Si l'on tient compte des dimanches et des jours chomés pour les fêtes religieuses, il reste bon an mal an, 280 jours ouvrables. Ce qui fait que le manouvrier touche 28 Livres par an (environ 341,72 euros mensuel), et l'ouvrier qualifié 35 Livres par an (environ 427,15 euros mensuel)...c'est peu !!!

Le loyer annuel va de 4 à 30 Sols (ou sous) en fonction du logement, pour la cité la moyenne se situait autour des 14 Sols, soit environ 102,52 euros à l'année. Espérons que le Manouvrier trouvait à se loger pour 4 Sols !...sinon il ne lui restait pas grand chose pour manger, encore fallait il se chauffer et s'éclairer mordious !









Un repas dans une taverne ou une auberge se paie 8 Deniers (environ 4,88 euros), car peu de gens dans les cités mangeaient chez eux, faute de place ils n'avaient pas de cuisine, c'était soit le marchand d'oublis soit la taverne. Une charette de bois de chauffage coûte 8 deniers soit le prix d'un repas à la taverne !

Pour l'éclairage la bougie de cire, luxe des gros bourgeois vaut 3 Sols et 8 Deniers à la Livre, soit 26,85 euros le lot d'une livre de bougies, la Chandelle de Suif, qui vous empuantis la maison coûte en revanche moins cher, 12 Deniers la Livre soit 7,30 euros la livre de chandelles

PS: La ville est pauvre mais la bourgeoisie est riche à tel point que grace à leur Or ils passeront de la Bourgeoisie à la Noblesse, épousant des filles de Nobles du Périgord ruinés par la guerre de cent ans...on nommait cela la Savonnette à Vilains....M de V

Nota: ce n'est que 22 ans après Castillon, en 1475, au traité de Picquigny que Louis XI signa le seul document qui mettait fin à la guerre de cent ans !!!!

mercredi 25 janvier 2023

Le Cursus Scolaire Médiéval

Le Médiéviste Jacques Verger, spécialisé dans le domaine de l'Université au Moyen âge nous dit, je cite : L'histoire des Universités ne peut pas se faire sans référence à l'ensemble de l'histoire de la période considérée!. Elle commence par une question, pourquoi et comment dans ce monde, encore mal connu, des écoles du XII siècle, sont nées les Universités proprement dites ??

En ce XII siècle des écoles Laïques ne subsistaient qu'en Italie, des écoles privées, mal connues, Rome, Ravenne, Bologne, Pavie etc.. On y enseignait avec les sept arts libéraux, des élément d'art Notarial, de Droit pratique. A Salerne, aux marges du monde Arabe, une active école de Médecine s'était développée dès la fin du X siècle

Partout ailleurs, les écoles étaient entièrement aux mains de l'église. Pas une école qui ne fut rattachée à un grand établissement religieux, Monastère, Abbaye, Cathédrale ou Collégiale. Ces écoles étaient d'abord destinées aux Oblats des monastères et aux jeunes Clercs qui formeraient plus tard le Clergé. il faut bien avouer que ces écoles étaient de niveau médiocre, ne dispensant qu'un enseignement élémentaire, apprendre son livre de corne, un peu de lecture, de l'écriture et quelques bases de mathématiques, ( voir article sur le sujet)








Pendant le XII siècle le programme des écoles était encore celui qu'Alcuin ( voir Article ),avait assigné aux écoles Carolingiennes. C'est à dire les sept Arts Libéraux, répartis comme suit, Le Trivium : grammaire, dialectique, rhétorique, puis le Quadrivium : mathématiques, géométrie, musique et astronomie ( voir article )

La Théologie en était le couronnement dans chaque matière, le rapport à Dieu était abordé dans tous les domaines de l'instruction, sorte d'endoctrinement martelé par des maîtres qui bien souvent avaient la main lourde ! ( voir article )

Cependant c'est au long de ce XII siècle que se fera la révolution communale ( voir article ), les cités vont petit à petit s'émanciper de la tutelle des nobles et des ecclésiastiques qui régissaient leurs vies. Les villes vont créer de nouvelles conditions de vie et le rapprochement de tant de gens, d'origine diverse, offraient des possibilités inouïes d'enrichissement matériel, intellectuel et spirituel 

Il est clair que la naissance des Universités est indissociable de la renaissance de ces villes et cités de ce milieu du Moyen âge  !!!









La ville c'était la liberté, par opposition à la campagne. Dès qu'elles atteignaient une certaine importance, soit par la force, mais plus souvent par négociations et compromis, obtenaient une certaine autonomie, avec des garanties Juridiques, Fiscales et Militaires !

Imaginez l'influence de ce mouvement communal ( voir article ). A tel point que la multiplication des écoles dans les cités allait poser, bientôt, des problêmes d'organisation. C'est de cette remise en cause des institutions scolaires que devait sortir dans les premières années du XIII siècle l'Université de Paris

Malheureusement le recrutement des Escoliers ne va pas s'intégrer au reste de la société Urbaine. Il en résulte entre Escoliers et Bourgeois une tension permanente, provoquant des conflits violents dans les cités ( voir article ). Maîtres et Estudiants comprirent vite qu'il était de leur intérêt de rester dans le giron de l'église pour echapper à la police urbaine et à la justice du Roy. Ils ne s'opposeront pas aux autorités ecclésiastiques de définir l'étudiant comme un Clerc, en cas de problème ce dernier ne relevait que d'un tribunal ecclésiastique !..bien pratique pour ces étudiants turbulents, bagarreurs, en bref des fauteurs de troubles









A
l'intérieur de cette réalité fondamentale qu'était l'Université, des subdivisions sont apparues au cours du XIII siècle, les Facultés et les Nations !. Les facultés supérieures de Théologie en Droit Canonique et Civil, celle de Médecine, et la faculté préparatoire des Arts ou l'on enseignait les 7 arts Libéraux du Trivium et du Quadrivium. On ne pouvait en général entrer dans les études supérieures sans avoir été reçu Maître es Arts de la faculté préparatoire, diplome que l'on obtenait aproximativement autour de l'âge de 21 ans !

Les Nations, l'autre subdivision importante de l'Université, avaient un aspect plus corporatif, au sein de chaque Nation on trouvait une organisation d'entraide et de défense mutuelle des Maîtres et des Estudiants, correspondant au désir naturel de gens de même origine. on trouvait à Paris, la nation France, au sens médiéval, regroupant les étudiants de France et du Midi, d'Italie et d'Espagne, puis la nation Normande, la nation Picarde et pour finir la nation Angloise !  

Sortant de la faculté préparatoire " Maître Es Arts " l'Estudiant entrait en faculté supérieure, l'évolution au sein de celle ci était sanctionnée par des grades. On redevenait d'abord Estudiant, puis Bachelier pour obtenir la Licence et enfin devenir Docteur








Le
Doctorat suivait la Licence le jour de son intronisation, le nouveau promu, recevait du Chancelier de la Faculté concernée, barette, anneau d'Or et livres. Mais il devait offrir à tous ceux qui assistaient à la cérémonie un fastueux banquet accompagné de divertissements et de cadeaux pour les Maîtres et Docteurs de la faculté !!!

Dispendieux final que ce Doctorat, qui vous asséchait l'escarcelle !!. Cela revenait fort cher, à tel point que beaucoup de Doctorants étaient obligés de s'endetter !!!

Pour cela beaucoup d'estudiants impécunieux, qui ne se destinaient pas à l'enseignement renonçaient au Doctorat et se contentaient de la Licence. Si l'on fait, grace aux archives, et au convertisseur de monnaies de l'ancien régime sur mon ordinateur....le coût de la Licence et du Doctorat atteint le montant allucinant de 28 343, 42 Euros Putentrailles!!!!!

PS: plus tard, à la Renaissance, un François Rabelais pratiquera la Médecine à Lyon avec seulement sa Licence, il retournera quelques années plus tard à Montpellier pour présenter son Doctorat, c'était toujours aussi douloureux pour l'escarcelle ...M de V



vendredi 6 janvier 2023

La Reliure au Moyen Age

A partir du VII siècle ( haut moyen âge), une famille Franque prend en main le destin de l'Europe après les grandes invasions. Pépin le Bref, puis son fils Charlemagne, couronné Empereur en l'an 800, vont afin d'établir leur pouvoir, après le passage des hordes d'envahisseurs, s'appuyer sur les ecclésiastiques et la Papauté et entretenir avec l'église des relations étroites !

Les Monastères et Abbayes à la tête desquels ils nomment parents et conseillers deviennent les principaux relais administratifs du territoire. La religion sert de base à l'unification des populations peuplant leurs états. L'adoption d'une écriture commune à tous " la minuscule Caroline ", de l'empire Carolingien, ainsi qu'une large ouverture des apprentissages de la lecture, l'écriture et le calcul, permet aux Clercs religieux et Laïcs d'élever le niveau d'instruction

Le livre " Carolingien " est au carrefour des courants artistiques traversant l'Europe du VI à la fin du VIII siècle. C'est un Codex, composé de plusieurs feuillets de parchemins pliés, nommés cahiers, ils sont cousus ensemble et protégés par une couverture. Cette présentation des textes constitue une véritable révolution par rapport au rouleau parchemin nommé " Volumen " qui imposait une lecture continue !








Le Codex permet d'accéder à n'importe quel chapitre de manière directe. Comme l'indique Alcuin dans une lettre aux Evêques, lui qui fut le premier Prof de l'éducation Médiévale....(et non point Nationale), je cite : " il faut coudre ensemble et couvrir les cahiers des manuscrits, afin d'éviter qu'ils ne soient perdus ou dispersés par les lecteurs ! "

Au IX siècle les Abbayes ont leurs propres Relieurs ou utilisent des Relieurs itinérants et la plupart de ces reliures sont en cuir. Par exemple: en 774, Charlemagne, offre une forêt à l'Abbaye de Saint Denis, et surtout les cerfs et chevreuils qui y vivent, de manière que les moines disposent des peaux nécessaires pour couvrir les codex de leur bibliothèque 

Le codex carolingien est un ensemble de cahiers de parchemins cousus à l'aide de ficelles de Chanvre ou de lanières de peau, selon un système qui s'appuie sur le plat de la reliure, composé de planchettes de chêne appelées " ais ", l'ensemble constitue un bloc compact et massif que l'on recouvre d'une peau épaisse de daim, cerf ou chevreuil. La réalisation d'un manuscrit de type carolingien est le plus souvent localisée au sein d'un scriptorium monastique ou épiscopal









On y trouve une équipe de copistes, d'enlumineurs et de relieurs intinérants ou pas, Clercs et Laïcs, qui sous la houlette d'un chef d'équipe produisent des textes sacrés ou des écrits de l'Antiquité classique, produisant les bases nécessaires à l'enseignement, ainsi que le matériel indispensable aux intellectuels pour leur propre réflexion

On trouve également, déjà, des manuscrits d'apparat offrant sur des reliures une débauche d'orfèvrerie, d'incrustations de pierreries, d'émaux, de perles et d'ivoires. Ce sont le plus souvent des manuscrits bibliques et liturgiques dont le contenu se couvre aussi d'un fastueux décor ou se mêlent l'or, l'argent et la pourpre, exemple : l'évangéliaire de Charlemagne que l'on peux voir au musée de Saulieu

L'écriture va évoluer au fil des siècles, passant de la Caroline, à la Gothique et à l'écriture Vernaculaire, l'Or et l'Argent employés dans les écrits et dans les décors d'enluminures sont préalablement broyés en poudre que l'on mélange à de la Gomme Arabique. Paris deviendra au XIII siècle la référence en matière de production de manuscrits, surtout dans le domaine de l'illustration, au point que Dante associe dans sa divine Comédie le nom de Paris à l'Art d'enluminer









Si jusqu'au milieu du XV siècle Paris reste la capitale renommée du livre et de l'enluminure de codex de luxe, la reliure va quand à elle évoluer. La Montagne Sainte Geneviève, son Université, ses facultés et Collèges demandent toujours plus d'écrits. Que les cahiers soient cousus autour de nerfs de boeufs, ou de lanières de cuirs, ou qu'ils soient reliés au final avec du cuir de mouton, de truie, d'âne, de cerf, de daim ou de chevreuil importe peu ...seul le contenu est dévoré par des centaines d'estudiants !!!

Le livre " codex " est devenu l'outil, l'auxiliaire indispensable du travail Universitaire. Les livres se sont multipliés en Occident dès le XIII siècle et les Universités en Europe sont responsables de cet essor, les livres sont devenus des objets courants de format maniable et fabriqués à moindre frais, par la suppression des enluminures et la multiplication des abréviations !!! 

Pour permettre la diffusion rapide des livres en dehors des Monastères et des scriptoria des églises Cathédrales, sans que se dégradât la qualité des textes, quelques " Stationari ", (éditeurs plus que libraires), agréés par l'Université, se procuraient un " exemplar ", sur un sujet en usage dans une faculté ou un collège, ceci afin de l'étudier en détail avant de le mettre en circulation pour les estudiants ...!!!!









Après l'examen par une commission de " Docteurs " de l'Université notre " Exemplar " était divisé et remis en " cahiers " pour une plus grande circulation. Lorsqu'un Maître ou un Estudiant désirait se procurer un texte de cet " Exemplar ", il louait le cahier à un tarif fixé par l'Université, puis en faisait transcrire le texte par un " Copiste " avant de le rendre. C'est la qu'il fallait se méfier de ce petit Démon farceur de Titivillus !!!!!

Comme chaque exemplar était fait de cahiers séparés  " peciae ", plusieurs copistes pouvaient travailler sur le même exemplar simultanément, vu que chacun n'utilisait qu'une " pecia " à la fois, ainsi se diffusaient en de nombreuses copies, reliées de bric et de broc, les textes, mais toutes faites sur un original impeccable des principaux textes ...du moins en principe !!  


Nota: en France la première presse est installée au collège de la Sorbonne en 1470, le premier livre imprimé est un ouvrage en latin destiné aux professeurs et estudiants de la Sorbonne. Près de 150 villes Européennes vont produire avant 1501 leurs premiers livres imprimés, nommés " incunables "







PS
: Mais il y avait le Démon Titivillus, employé par Satan, afin de relever ou de parsemer d'erreurs le travail des Copistes et ce en vue de les collecter pour les ramener à son patron. la première référence à ce personnage se trouve dans le " Tractatus penitentia " vers 1285. C'est un fourbe ce petit Démon !! de Titivillus, qui, s'il ne trouve pas de fautes ou d'erreurs d'un codex, va en soupoudrer les écrits putentrailles !

Mais notre Titivillus est aussi nommé comme le " Démon Patron des Copistes ", puisqu'il offre à ces derniers une excuse facile pour les erreurs sur mots et syllabes parsemant les manuscrits recopiés....Wouais je sais qu'il vient souvent sur le Blog du nain Pffffffff 

Selon la traduction de nos copains d'Albion, de l'autre côté d'la Manche en face, il est perçu comme " le pôv diable, qui doit chaque jour, apporter à son Maître un millier de sacs pleins d'erreurs dans les syllabes et les motsM de V

jeudi 27 octobre 2022

N° 460) Pour en finir avec Schöntal 3/3

Toute médaille a son revers il en va de même pour ce Monastère ! Pour finir cette série de trois articles sur Schöntal je vous demande de suivre mon raisonnement. libre à vous ensuite d'acheter le Cloître des Ombres et vous forger votre propre opinion sur le " Liber Revelationum " de l'Abbé Richalm

La discipline des gestes, les façons de marcher, les manières de table caractérise la vie monastique depuis l'origine. Elle fait l'objet d'écrits à l'usage des Moines destinés à former les Novices lors de leur apprentissage et  le Chanoine, Hugues de Saint Victor, par sa prose, en fut l'un des promoteurs !

Cependant cette manière d'instruire allait de soi quand existait l'Oblation, ces jeunes enfants dès leurs premières années grandissaient sous l'autorité de la règle enseignée par le Maître des Novices, les enfants se conformaient plus facilement à ces exigences régulières. Mais à l'époque de l'Abbé Richalm il n'y a plus d'oblation.

Les novices sont incorporés à son monastère à l'âge approximatif de 18 ans !!! Ils possédent tous les comportements de la vie extèrieure de ce siècle notamment ceux de la chevalerie, n'oublions pas que chez les nobles c'est souvent le deuxième fils qui entre en religion puisque l'aîné hérite du domaine !!!!!...Je pense que cela devait poser des problème à l'Abbé aussi bien qu'au Prieur pour discipliner ces fougueux novices !!!!





Seulement voilà il est beaucoup moins facile de former de rétifs novices de 18 ans que des oblats de 5 ou 6 ans. Pour répondre aux attentes de la communauté aucun de ces novices ne devaient se distinguer des autres moines, ni par des gestes exubérants, ni par des paroles inutiles et déplacées et encore moins par des éclats de rire. Quand on connaît le language fort peu châtié des gens du Moyen âge, ainsi que leurs manières de vie débridées cela ne devait pas être simple !

Bien ordonné en apparence et à l'abri des transgressions du siècle, le monastère est en réalité " un champ clos " ou s'affronteront furieusement ou insidieusement, les ambitions, les jalousies ainsi que les rancoeurs cuites et re-cuites qui engendrent toutes sortes de sourdes querelles entre moines !

J'en veux pour preuve  que la colère passe avant l'orgueil dans le Liber revelationum de Richalm, puisque ce vice y est cité un grand nombre de fois. De plus il faut compter avec les railleries qui l'emportent haut la main sur la charité chrétienne et la compassion due à ses frères en religion  

Les démons seront toujours tenus pour responsables de ces querelles et railleries entre frères d'une même communauté et même Richalm que fut Prieur de Schöntal avant d'en devenir l'Abbé n'échappe pas à ce sort commun !!!!





Quand l'Abbé Richalm affiche une mine réjouie ou éclate de rire, c'est à l'action d'un démon qu'il attribue ce comportement, et notre Abbé étant un habitué du Scriptorium a surement lu les écrits de Hugues de Saint Victor ou il dit " j'ai jugé le rire comme une erreur " ou encore " que jamais la joie spirituelle ne conduise au rire "

Je ne peux faire autrement que de faire un rapprochement avec le livre de Umberto Eco, ainsi que le film qui en découle " le Nom de la Rose ", ou un acariâtre vieillard, " le révérend Jorge " ce bibliothécaire aveugle fustige le rire !!!!...ce passage du film a marqué mon esprit à tout jamais !!!

Rien n'est simple dans un cloître et l'hilarité chez les moines est nécessaire  de temps à autres afin de faire accepter les rigueurs de la règle monastique, le rire soulage l'âme du moine écartant de celui ci  la tentation de " l'Acédie ", cette dépression morose qui toujours le menace. Cette affection spirituelle décrite en théologie comme atteignant principalement les moines et se manifestant par l'ennui, le dégoût de la prière et le découragement. Le rire selon Richalm n'est pas seulement la marque d'une âme insouciante, mais d'une âme qui oublie que cette vie est une vallée de larmes, et qu'en d'autres termes  il convient de préparer cette guenille, qu'est le corps, à la mort !!!!



Nota: Dans la deuxième partie du livre " Le Cloître des Ombres " vous trouverez la transcription des conversations entre l'Abbé Richalm et son copiste le Frère " N "...votre copiste le Nain vous en souhaite bonne lecture !



PS: pour votre copiste le nain ces démons ne sont que le reflet de l'âme humaine et ne sont qu'excuses au septénaire des vices, qui en théologie et pédagogie morale, en ce XIII siècle, défini l'Orgueil (superbia), l'Envie (invidia), la Colère (ira), l'Acédie (accidia), l'Avarice (avaritia), la gourmandise (gula) et pour finir la Luxure (luxuria)...ce n'est que mon humble avis car je ne suis pas plus docteur en théologie qu'historien Médiéviste ( pour vous procurer ce livre " le cloître des ombres " de J-C Schmitt..NRF éditions Gallimard 2021 )   M de  

mercredi 26 octobre 2022

Les Moines de Schöntal 2/3

De la quarantaine de moines qui habitent, respirent et se déplacent dans les lieux que nous avons décris dans le précédent article, nous savons qu'ils formaient un groupe indistinct et uniforme, de part l'habit et le comportement collectif. Ce sont les anonymes de l'Abbaye !

Dans ce groupe on distingue d'abord des fonctions ou des offices, en premier l'Abbé, le Prieur et le sous Prieur, puis le Cellerier chargé de l'intendance, le Portier surveillant entrées et sorties, l'Hospitalier chargé de d'héberger visiteurs, voyageurs de passage, pèlerins. Ensuite l'Infirmier, le Maître des Novices s'occupant des plus jeunes, Le Chantre chargé du chant et du choeur des moines, le Lecteur chargé des lectures quotidiennes au réfectoire, et pour finir le Sacristain chargé de préparer l'autel avant la messe !. Bien sûr suivant le codex ces piliers de la communauté seront assaillis par les démons

Dans cette communauté l'anonymat est de règle, par l'uniformité du vêtement, la coule dont la capuche dissimule le visage et les manches qui enferment les mains, ces religieux, par choix, n'ont plus de volonté propre, ils obeissent à la règle et à l'Abbé. Eux aussi seront assaillis par les démons et feront remonter l'information soit au chapitre soit au parloir vers leur Abbé, mais aussi en confession ( à savoir que tous les moines ne sont pas prêtres)






Cependant l'anonymat n'est pas total puisque beaucoup d'entre eux sont désignés dans le codex par une initiale et à l'instar de frère "N", rédacteur du texte, certains seront aussi signalés par la lettre " N ", on trouve un frère "N " qui a bien chanté lors de la fête de la nativité de la vierge, puis un autre frère "N ", celui ci ami de Richalm, dont les démons font enfler le ventre tout un été, jusqu'à son trépas !

D'autres moines font l'objet de descriptions, deux d'entre eux bien connus du copiste " N " et de Richalm sont cités, Adelhard et Adelhold, deux personnalités aussi opposées que possible !!. Du premier Richalm observe les habitudes vertueuses, Adelhard aime son prochain, alors que cet aveugle de Abelhold, en proie aux démons refuse de pardonner à des adversaires qui sont, bien sûr, d'autres moines !. Richalm ira même jusqu'à lui refuser la communion pour le punir !

D'un autre côté si la cloture monastique est réelle elle n'est pas étanche pour tout le monde, l'Abbé est en contact avec le monde extérieur, source d'autres tentations des démons. Discutant de ses problèmes de santé avec Rüdiger, le valet d'écurie il lui fut proposé de soigner ses maux grâce à une sorcière du village voisin, celui ci refuse ce procédé illicite, selon les écrits du codex, et s'en remet aux bénédictions de l'église 









S
elon la règle la vie du monastère s'organise autour de la prière et du travail, cette activité pour le moins physique a une finalité matérielle qui est avant tout de fournir la nourriture de la communauté. Pourtant selon les écrits, les moines de Schöntal ne semblent pas réceptifs au caractère rédempteur du " Labor " (labeur), ils ne cessent de protester contre la fatigue et les douleurs que leurs valent le travail des champs, bêcher, faucher, faner, moisonner et tailler la vigne

Les démons les font murmurer contre ces contraintes, dit le codex, ils comparent leur labeur au travail forcé imposé par les Sarrasins aux captifs chrétiens des croisades !. L'Abbé Richalm lui même n'évite pas les conseils d'un démon qui désire le voir redoubler d'efforts, de sorte qu'il aura deux fois plus de raisons de se plaindre, tout en se sentant coupable de ne jamais en faire assez.....sournois le démon !!!

Or donc les moines ruminent et si la voix ne doit être utilisée que pour la louange de Dieu, il n'en demeure pas moins qu'ils ronchonnent dans leurs capuchons. Ils n'ont pour s'exprimer que le Parloir, la Confession et le Chapitre dans une certaine mesure !..ils se doivent de garder le silence !








Pour communiquer entre frères ils utilisent un langage gestuel, mis au point au XI siècle à Cluny, permettant de dire l'essentiel avec ses doigts, dans un style laconique et frustrant, du genre " passe moi le pain " ou " donne moi à boire ",cependant au XIII siècle ce langage avait considérablement évolué et ces moines pouvaient avoir des conversations bien plus élaborées !

Mais selon les écrits du codex de Richalm si un son s'échappait de la bouche d'un moine à son corps défendant, ce dernier va de suite incriminer un démon qui lui fait enfreindre la règle du silence. Si l'on se réfère pour simplifier au film " le nom de la Rose " tout est prétexte pour justifier les assauts du Malin !!

Je voudrais aborder un sujet qui m'est cher. Le travail des Copistes dans un Scriptorium comme celui de Schöntal, il est lui aussi silencieux et appliqué, lieu ou bruissent seulement les murmures des moines épelant les mots qu'ils sont en train de caligraphier ainsi que le raclement de la plume sur le parchemin. On trouve le plus souvent dans cet endroit ceux qui savent lire et écrire et ils sont bien souvent à l'origine de cette évolution de la langue par gestes










C'est une ascèse également très dure, souvent épuisante pour le dos et les yeux, travail exécuté toujours dans le froid et le manque de luminosité. Ces moines copistes peinent à la tâche, s'en plaignent entre eux par gestes et font remonter leurs récriminations au chapitre de la salle Capitulaire 

Le tracé des lettres en calligraphie requiert une telle attention des copistes, que selon le codex, ce tracé continue de les poursuivre jusqu'aux portes du sommeil. et l'Abbé Richalm et frère " N "ne se privent  pas d'adjurer les copistes  d'êtres fidèles au texte dans leur travail sur le Liber revelationum !!!



PS: toutes les activités pieuses des moines de Schöntal ne se déroulent pas sans dérives et transgressions; ils aspirent à une vie Angélique, mais néanmoins restent humains, succombant aux péchés susurrés par les DEMONS....dans le troisième volet nous les évoquerons M de V 

mardi 25 octobre 2022

Schöntal, Le cloître des Ombres 1/3

Avant d'entamer cette série d'articles je demande votre indulgence, je ne suis ni Chartiste, ni Historien. Cependant cela fait plus de 30 ans que j'étudie le Moyen âge et je voulais partager avec vous ma lecture du Cloître des Ombres de J-C Schmitt, au tournant de ce XIII siècle !

L'histoire commence au fond de la belle vallée de Schöntal ou une rivière se glisse entre de molles collines couvertes de prairies, de cultures céréalières, l'ensemble étant dominé par bois et forêts denses de chênes et de hêtres. Le cours d'eau s'y love puis s'incurve vers le Nord, pour revenir en une boucle vers le Sud au niveau du monastère de l'Abbé Cistercien Richalm qui meurt en 1319

Cette rivière nommée " la Jagst ", se jette dans le " Neckar " qui porte ses eaux jusqu'au Rhin. Des vignes s'étagent en terrasses sur les versants de la vallée voisine. Bref un fort bel endroit pour y fixer en 1157 un groupe de moines venant de l'Abbaye de Maulbornn. Le cadre est fixé, nous sommes vous l'aviez compris dans les Allemaignes (Allemagne) !!!

A cette époque les Cisterciens sont revenus à l'interprétation stricte de la règle de Saint Benoit, voeu de pauvreté en s'isolant du monde tout en travaillant de leurs mains, jardinage, potager, fruits, simples, moissons et vendanges également





Cependant si les moines travaillent ce sont surtout les " Convers " ou Frères Lais qui oeuvrent sur les possessions de l'Abbaye, granges et fermes, vignes et champs cultivés, forge et moulin. Ces Frères lais ne sont pas astreints comme nos moines à suivre le rythme astreignant des offices Lithurgiques et n'assistent pas non plus au Chapitre dans la salle Capitulaire

La communauté de Schöntal est modeste et le développement local ne l'est pas plus. A en croire le copiste, " Frère N ", rédacteur du " Liber Revelationum ", sous la dictée de l'Abbé Richalm, il arrive que les moines connaissent la faim et que le vin arrive t'as manquer. Au XIII siècle l'Abbaye compte une quarantaine de moines, auxquels il faut ajouter les Frères Lais travaillant sur le domaine de l'Abbaye. J'estime pour ma part la population sur le domaine entre 80 et 100 personnes 

Du monastère de l'époque de l"abbé Richalm il ne reste rien. Si des historiens et des linguistes n'avaient pas dépoussiéré le Liber Revelationum, nous ignorerions tout de lui et de son Abbaye. Il faut donc imaginer ces lieux ou vécurent les moines et l'Abbé Richalm, lieu ou ils ont affrontés quotidiennement les démons !. Car c'est bien ce dont il s'agit dans ce manuscrit, du combat d'un Abbé et de ses frères contre le malin ?????





Or donc ce document en Latin, écrit de la plume du frère N, sous la dictée de son Abbé, ce dernier n'intervenant que fort peu, par ses écrits dans ce texte, évoque les lieux importants de ce monastère, les nomme et parle de leurs usages

Le Cloître n'est pas souvent nommé, c'est peut être parce que les moines ne font qu'y passer en se rendant à l'église, à la salle capitulaire ou au réfectoire qui sait ??, néanmoins dans le texte Richalm déplore que seuls 1 ou 2 moines prennent le temps de s'asseoir dans le jardin du cloître pour y méditer. Il est précisé que celui ci est herbeux et fleuri et revêt pour l'Abbé une grande importance, car il est source d'effusion spirituelle. De plus les moines y mettent en pratique " la règle ", cette obligation de travailler de leurs mains, les roses, la réglisse, l'héliotrope

Puis la Fontaine et son Lavabo situés à l'entrée du Réfectoire ou les moines se lavent mains et visage avant de prendre en silence et tous ensemble les repas en écoutant la lecture du jour 

La Salle Capitulaire, lieu dans lequel l'Abbé et les moines délibèrent de questions concernant l'Abbaye, on y écoute aussi les sermons de L'abbé ou du Prieur, c'est également l'endroit ou l'on fait pénitence devant la communauté lorsque l'on a péché  





L' Eglise bien sûr et surtout le coeur avec ses stalles face à face ou chaque moine dispose de sa miséricorde ou crédence personnelle afin d'assister à la messe. Ils y reviennent sans cesse pour les offices scandant l'enchaînement des heures canoniques nocturnes et diurnes. Richalm et le frère N mentionnent souvent cet endroit 

Le Dortoir que l'on peut rejoindre par un escalier sur le côté du coeur, ce qui est bien pratique, car les offices nocturnes durent longtemps (Complies, Matines et Laudes), elles vont interrompre trois fois le sommeil des moines. je vous laisse imaginer les longues nuits d'hiver et son froid redoutable. Chaque moine y a son lit, sorte de refuge pour ce frère, ou il a l'illusion d'un lieu à lui pour se soustraire brièvement à l'emprise de la communauté

L'Infirmerie ce lieu révélateur de la santé des moines à commencer par celle de Richalm qui est vacillante, car il ne prend le titre d'Abbé qu'à un âge avancé, suivent les Latrines, qui voisinent l'infirmerie, ou se rend souvent Richalm pour soulager une douleur de la verge (dans le texte). Il me semble que le frère infirmier ne devait pas chômer à préparer les simples pour faire potions et onguents !!!.Sans oublier les moines âgés dont il fallait bien s'occuper. Selon frère N, c'est la que les démons, dans les délires, les souffrances et l'agonie, trouvent terrain favorable pour exercer leurs tentations






Moins souvent mentionné dans le texte le " Chauffoir " (calefactorium), c'est en général le seul endroit chauffé de l'Abbaye, hormis les " Estuves " (estuarium), fort appréciées en hiver pour " les sueurs chaudes "

Mais voila comment comprendre la mention " salle chauffée de notre cour " on les moines se tenaient assis alors que Richalm restait debout afin d'interdire l'entrée aux démons ???....est ce que le " Chauffoir " faisait office de " Parloir " (auditorium) ???, ce lieu qui permettait de suspendre la règle du silence ??? était il un lieu propice à l'intervention des démons !!!!

PS: Nous avons planté le décor du cloître des Ombres, vous constatez que l'ambiance y est pesante, voir oppressante, c'est du moins ce que je ressens. Ne peuvent comprendre ce ressenti, je pense, que les personnes qui comme votre serviteur le nain a fait plusieurs retraites dans des Monastères. 

C'est la seule option pour avoir accès, avec respect, à leurs fabuleuses bibliothèques. Imaginez !!! l'Abbaye du Bec possède plus de 90 000 volumes...je vous laisse afin de copier pour vous, la suite du Liber revelationum de l'Abbé Richalm, à plus les gens !! ... M de V   


  

dimanche 16 octobre 2022

La Russie du Bas Moyen Age 3/3

Au Bas Moyen âge ( XIV-XV siecles), la pression qu'avait exercée la Horde d'Or les siècles précédents hâte la cristalisation de la " notion d'état " en Russie. Les Khans qui se sont succédés trouvaient plus aisé, en raison de leur éloignement, de n'avoir affaire qu'à un seul Prince !, ce sera invariablement, pour eux, celui de Moscou. Ils consommeront donc au profit de ce dernier la ruine des autres Apanagés !!

Si oppressive que fut la politique des Khans, elle aura cependant un côté salutaire ( voir article 455-456), elle concentrait sur Moscou toutes les forces sociales, politiques et religieuses en maintenant grâce au principe d'hérédité, un régime stable qui s'affirmait de génération en génération autour d'un seul Prince !

Le concours de l'église Orthodoxe, devenue l'alliée du pouvoir temporel s'affirme, et l'autorité monarchique en Russie sera en partie d'essence Théocratique. Pour simplifier nous dirons que le Prince dirigeant est d'ordre Divin ! Je prend un raccourci bien sur !!, mais nous ne sommes pas la, vous comme moi, pour faire de la Théologie, même si elle facilite, dans une certaine mesure, la compréhension du monde Médiéval  








P
uis à Moscou, comme ailleurs en Europe, on constate le retour du Droit Romain au Bas Moyen âge, il va pénétrer en Russie sous sa forme Byzantine et fortifier, grâce aux Légistes, le principe de l'hérédité au profit du premier né, et l'adage " quicquid principi placuit legis haber vigorem " fait force de loi !

Selon les dirigeants qu'ils soient Russes ou Français, ce principe latin sera traduit de façons différentes " le plaisir du Roy, voila la Loi ".... ou encore.... " ce que veut le Roy, la loi le veut ". Ne chipotons pas, qu'un texte soit Théologique ou de Droit Romain, à partir du moment ou l'ont sait lire entre les lignes, on lui fait dire ce que l'ont veux !

Il n'en demeure pas moins qu'à partir du XIV siècle en Russie Moscovite (Moscou), on en termine avec l'émiettement du pouvoir politique, au profit du droit social sur le droit privé, je vous accorde que ce n'est pas l'extase, mais il faut un début à tout !...et si l'on regarde notre histoire contemporaine nous n'avons pas non plus de quoi nous glorifier

Il y avait aussi une décadence complète du Vétché (ou Viétché selon les sources), ces assemblées populaires représentant la plus haute autorité dans les Cités Etats, le peuple ne tenait plus ses Comices (assemblées), ni à la ville ni à la campagne









La classe dirigeante "les Boïars" (nobles), deviennent de grands propriétaires fonciers ou se mettent aux ordres du Grand Prince de Moscou, ( sauf pour la cité état de Novgorod), les Boïars ou la petite noblesse ( nommée enfants de Boïars), n'acquittent d'autres redevances que celles attachées à la propriété Domaniale et l'impôt ( comme en France), pèse exclusivement sur la masse du peuple

Les Impôts comprennent non seulement la " capitation " (impôt à la personne), introduite par les Mongols, mais aussi un grand nombre de péages et de droits que l'on acquitte, malheureusement en espèces !!. C'est alors qu'apparaît " le Rouble " (dans le sens couper, un morceau, une section), le rouble se présente sous forme d'un bloc ou d'une barre d'Argent, estimée au poids et que l'on coupe 

Seulement voilà !! cet argent ces roubles, c'est justement ce que le paysan, le manoeuvrier ou le manant ne pouvait avoir en sa possession et il y avait comme chez nous un abîme entre propriétaire et paysan à qui il manquait toujours 2 sous pour faire 1 franc !! ces derniers vivaient bien souvent du troc et n'avaient guère de liquidités ! 









Inutile de préciser qu'après les deux siècles et demi de domination Tatare le niveau culturel du pays était désastreux, le désert !!, les Russes coupés de Byzance (Constantinople), mais également de toute relation directe avec le reste de l'Europe l'appauvrissement était flagrant 

Les Grands Princes de Moscou, les Boïars et la petite noblesse ne savent ni lire ni écrire dans la grand majorité des cas, seuls les monastères possédants parchemins et codex savent lire et écrire !

Nous sommes à la fin du Moyen âge et le dernier Grand Prince de la période médiévale est Ivan III 1462-1505), c'est lui qui va liquider les derniers vestiges des apanages demeurés en dehors de l'appareil d'état Moscovite. Ainsi va disparaîte la " république de Novgorod " qui avait fait partie de " la ligue Hanséatique ", c'était l'un des derniers bastions des régimes démocratiques de l'époque des apanages

Il commencera par accuser la cité d'avoir trahi la foi Pravoslave (orthodoxe), toujours ce bon vieux prétexte de la religion !! 








Malgré leur alliance avec le Roy de Pologne, Casimir IV, les Novgorodiens seront vaincus en 1471. la cloche du Vétché ou Viétché (parlement), symbole de la souveraineté de cette cité fut transportée à Moscou. On fera établir des centaines de colons Moscovites dans la ville déchue et les familles influentes de Novgorod seront transplantés dans d'autres cités Moscovites

La résistance Novgorodienne fut incarnée par une femme " Marfa Podsadnista " ( Marthe la Présidente ), elle fut déportée à Moscou, la chute de cette république entraine l'annexion à Moscou des colonnies les plus lointaines, les territoires de Perm, Petchora et Jougarie (Oural) puis quelques annés plus tard Tver, Vereya et Riazan en 1485

Nota : Lorsque Mehmet II s'empare de Constantinople en 1453, le frère du Basileus (Empereur), mort en défendant sa capitale, se réfugie chez le Pape avec sa fille Sophie. Le Pape a le projet de marier Sophie au Grand Prince Moscovite Ivan III, avec l'espoir que le mariage ramène la Russie dans l'obédience de Rome..Raté !, mais le mariage se fait. La nouvelle souveraine apporte dans son panier l'emblème de Byzance, l'aigle à deux têtes, qui deviendra le Blason de la Russie...Pffff j'vous jure !!...ils avaient de la suite dans les idées les Papes de Rome hein !! 


PS: Ainsi se termine le survol en trois volets de la Russie au Moyen âge ...maintenant l'nain va aller boire une Bière ...M de

samedi 15 octobre 2022

La Russie et la Horde d'Or 2/3

L'invasion Mongole va interrompre l'évolution politique de l'état Russe et lui assigner une direction nouvelle, les principautés Russes ne sauvent leur intégrité culturelle et religieuse qu'au prix d'un lourd tribut annuel et d'une reconnaissance de vassalité, seule la principauté de Novgorod conserve à peu près son indépendance politique ! 

C'est au début du XIII siècle (1206), que les tribus Mongoles se fédèrent sous le commandement de Temoutchin qui prend le titre de Gengis Khan ( maître suprême, voir article), la race Mongole allait montrer d'une manière éclatante ce que peut faire un peuple, commandé par une main de fer et sans idéologie mystique pour la diriger !!

Une déferlante Mongole conduite par des lieutenants de Gengis traverse la Transcaucasie et la Georgie, puis franchi le col du Daria et pénètre en Russie près de la ville de Marioupol. C'est sur les bords déserts de la rivière Kalka que se produira le premier affrontement ou les Russes furent taillés en pièces ! Il faut bien avouer que les Russes de leur côté n'ont aucune cohésion et ne sont préoccupés que par leurs luttes intestines entre Principautés, ce qui est loin d'être le cas pour la horde !!







Les Russes obnubilés par leurs habituelles discordes n'ont rien compris !!. Ce n'était qu'une avant garde mongole chargée de recueillir des renseignements sur le terrain !. Djebé et Subotaï qui commandent cette horde n'exploitent pas cette victoire, ils se contentent de piller aux alentours, puis piquent vers l'Est, font le tour de la Caspienne afin de rejoindre Gengis Khan et rentrer en Mongolie ! 

A la mort de Gengis sont empire est partagé, et c'est un de ses neveux, Batou, qui hérite des terres groupées autour de la Caspienne et il a donc la charge de terminer la conquète des différentes principautés Russes....dommage !!!!!

Batou ou Baty ( selon les chroniques Russes), dirige lui même les opérations et va surprendre avec sa horde les Russes en pleine division, " pourquoi je suis pas étonné " ????. Le combat se déroula sur les bords de la Sit, non loin du village de Bozhonka en mars 1238, le grand Prince Youri II va y laisser la vie

Batou marche sur Novgorod mais sa cavalerie s'embourbe dans les marécages et doit rebrousser chemin







M
ais qu'à cela ne tienne il va déferler sur Kiev, la ville fut prise, saccagée et la population massacrée. En 1242 la horde glisse vers la Moravie, la Hongrie, la Croatie, puis la Dalmatie, pour retourner brusquement en Asie pour cause d'événement d'ordre intérieur à la Horde. Or donc seule la Russie reste sous le Joug Mongol et cette domination devait perdurer 2 siècles et demi !!!

Batou revient établir sa capitale à Saraï sur la basse Volga, son campement sera nommé " La Horde d'Or ". Il va investir en tant que grand Prince, de Russie,Yaroslav, le frère de Youri II tué au combat !. Ce dernier fut obligé de se rendre en Mongolie Orientale à Karakorum afin de prêter l'hommage au Grand Khan, chef suprême de toutes les Hordes, dommage !, Yaroslav va mourir en chemin !!!

La figure la plus marquante de Russie au XIII siècle sera saint Alexandre Nevski (1252-1263), qui succédant à Yaroslav en tant que vassal du Khan de la horde d'Or va vaincre une armée Suédoise envoyée à l'instigation du Pape, il prêchait une croisade contre les Orthodoxes, afin de rallier les Russes au Catholicisme

Mais sa plus retentissante victoire guerrière aura lieu deux ans plus tard sur la glace du lac Peïpons !








Encore une fois, suivant les fourberies du Pape, un groupe de chevaliers, ainsi qu'un fort important détachement d'infanterie et de Chevaliers Teutoniques entrent en Russie. A la Tête de cette armée, le Prince Evêque Herman de Dorpat ( Estonie ) !

Comme à leur habitude les chevaliers vont charger pour rompre l'infanterie Russe, lourde erreur !!, car les archers montés Mongols sont la, ils vont en profiter pour tailler en pièces l'infanterie des teutoniques, pendant que les milices Estoniènnes fuient la bataille et abandonnent le parti des teutoniques. 

Le piège se referme, Alexandre Nevski, caché dans les bois charge avec toute sa cavalerie, ce sera un massacre ! selon certains chroniqueurs la glace du lac ne fut jamais rompue, cette hypothèse, selon des chroniqueurs, fut avancée comme un argument pour atténuer la défaite !!.

Seul le Grand maître et quelques chevaliers échapperont au massace du lac de Peïpons et rentreront à Dorpat...Zut alors !!! le Pape a encore raté sa croisade, pas d'bol !

Mais voyons maintenant ce qu'a apporté le Joug mongol à la Russie ???








Il faut bien comprendre que les Mongols ne demandaient aux Russes que la reconnaissance de leur pouvoir et le paiement du tribut !, en retour ils laissaient le pays jouir d'une large autonomie tout en maintenant en place les autorités traditionnelles. Si la Horde privait le peuple Russe de sa souveraineté extérieure, elle laissait son organisation politique intérieure en place !

Les Princes Russes iront même jusqu'à collecter les redevances dues à la horde, afin d'éviter le massacre de fermiers par les Mongols, qui jusqu'alors prélevaient eux même l'impôt !!. De la naquirent des pouvoirs fiscaux qui furent pour l'autorité Russe une source de puissance politique !

Grace à cette paix avec le Khan de la Horde d'Or, Moscou prospère et se développe, on y trouve dans cette cité la concentration des pouvoirs civils et religieux, ceci créant un état de sécurité ignoré jusqu' alors du monde Russe. Ce ne fut qu'au XIV siècle que Dimitri Donskoï ( le héros du Don ) entreprend la libération du sol Russe

Le Khan Mamaï qui régnait sur la Horde d'Or fit front avec une puissante armée. Dimitri mobilise tous les princes, qui donnant un exemple sans précédant, accourent à son appel. Le 8 septembre 1380 eu lieu la mémorable bataille de Koulikovo, qui se termine par la fuite désordonnée de Mamaï et de sa Horde !


PS: Est ce que de Batou à Mamaï, le joug de la horde avait créé un sentiment national Russe ???, je ne sait pas mais c'est encore une hypothèse plausible ...M de V

jeudi 13 octobre 2022

N° 455) La Russie du Haut Moyen Age 1/3

L'histoire politique de la Russie commence en l'an 862, s'il faut en croire la vieille chronique de Nestor. Cette dernière remonte, pour son écriture, au XII siècle et serait l'oeuvre de deux moines se nommant respectivement Nestor et Sylvestre

C'est le texte le plus ancien possédé sur les origines de la Russie, relatant dans sa compilation des faits biens antérieurs au XII siècle, elle nous conte l'arrivée des Varègues ( des Vikings, voir article ), venus d'au delà des mers, puis de leur expulsion par les autochtones !!

Mais les tribus Slaves et Finnoises qui les avaient chassés se virent en proie à de telles dissensions entre elles, qu'elles envoyèrent une délégation  chez les Varègues d'une tribu nommée " La Roussj ", leurs faisant à peu près cette proposition !

Notre pays et immense et fertile, mais l'ordre n'y règne pas !, revenez donc régner et nous gouverner. Alors trois frères vinrent avec toute la Roussj, l'aîné Rurik se fixe à Novgorod, le second Simeous à Bielo Ozero, quand au troisième, Trouvor, il se place à Izborsk









C
e serait donc venu des Varègues de la tribu de " Roussj ", que le terme de Russe s'attache aux habitants d'une terre qui devient la Russie. Cependant deux autres hommes de cette tribu se rendant à Bysance ( Constantinople ) s'arrêtèrent à Kiev, ils feront venir d'autres Varègues pour y gouverner la tribu des Polanes (littéralement peuple de la plaine )

Nota : les Varègues en tant que guerriers sont tellement réputés, que le Basileus ( Empereur) de Constantinople disposera bientôt de sa propre garde de mercenairesVarègues !!

Seulement voila !!! autour de cette chronique perdure entre historiens une polémique, qui oppose les fervents partisans des Normani ou Normanz ( hommes du nord) prônant pour une origine Scandinave de l'état de Russie,.... aux Anti- Normani qui eux, tiennent pour une souche Khazare (Juifs de la steppe du Caucase), ou Ougrienne (venant de Hongrie), mais aussi Finnoise (Finlande), voir même Litanienne (Lituanie) ???

Je dis souvent " que le Moyen âge est une Cathédrale dont le sol est pavé d'hypothèses plausibes " !!...en voila un très bel exemple mordious !!!










On s'approche donc de la théorie qui rattache le nom de Russe à celui de la tribu Varègues Roussj et il est possible premièrement : que ce terme Roussj vienne de " Roslagen ", littoral de l' Upland Suédois, deuxièmement : il faut ajouter à cela le fait, que les Finnois de Russie nommérent fort longtemps les Suédois des " Ruossi ", troisièmenent : que le terme " Rus " chez les Suédois désigne le membre d'une " Droujina " ou " Truste " qui désigne un ensemble d'hommes liés par un serment 

La Dynastie fondée par le Varègue Rurik règnera de 862 (date approximative) jusqu'en 1598 date de la mort du fils d'Ivan le Terrible. Le siège de celle ci passera successivement de Novgorod à Kiev, puis à Moscou  

Ce sera le successeur de Rorik, Oleg, qui transfère sa capitale à Kiev, annonçant que celle ci " sera la mère des villes Russes ". Cette cité ne sera détrônée par Moscou qu'au Bas Moyen Age en 1328. La période des Princes de Kiev est remplie des luttes entre tribus à cause de l'instauration du christianisme, beaucoup ne comprennaient pas une religion pratiquant le pardon des offenses !!!










Le premier Prince Chrétien de Russie est Vladimir le Saint (980-1015), il reçoit le baptême à Kherson en 989, puis va faire jeter toutes les idoles dans le Dniepr et impose, tambour battant, un baptême collectif à son peuple !. Des chants populaires donnent à Vladimir une place en Russie, comparable à celle de Charlemagne dans la vieille épopée Française 

Dès cette époque les rapports avec les autres états Européens se développent et l'on va créer des alliances matrimoniales qui unissent les Princes de Kiev aux cours étrangères. Une des filles de Vladimir le Saint, Anne de Kiev, ramenée de Russie par l'Evêque de Chalons, Roger II, épouse Henri Premier Roy de France (1031-1060)

Anne de Kiev, sacrée " Royne de France ", à Reims en 1051, aura un fils qui recevra le prénom Bysantin de Philippe et qui sera porté par sept rois en France. A la mort de Henri Premier elle deviendra co-régente du royaume avec son fils et elle signera en caractères cyrilliques les actes royaux jusqu'en 1063








PS: P
récisons que Anne de Kiev de par sa confession appartenait à l'église " des sept conciles ", alors qu'Henri relevait de l'église catholique romaine !. ces deux églises sont encore " indivise " au moment des faits, mais il y avait déjà eut une rupture entre le Patriarche Photius de Constantinople (Orthodoxe), et le Pape Nicolas Premier de Rome. 

C'est à partir de cette rupture entre les deux hommes que les documents religieux en Russie seront écrits en Cyrillique

De ce conflit naîtra plus tard le grand schisme entre l'église d'Orient et celle d'occident en 1054....j'espère avoir été assez clair dans ce bref exposé, sinon je m'en excuse, mais l'histoire de la Russie ce n'est pas simple à aborder morbleu !! M de V