le Gardien des Mémoires du Royaume sous la montagne, vous souhaite la Bienvenue dans son scriptorium
Membres
samedi 22 avril 2017
Jean III de Grailly, Captal de Bush
Tout bien considéré, la victoire de Poitiers n'est pas due aux seuls talents guerriers du Prince de Galles, en effet une partie de son armée était composée de Gascons et de Poitevins, pour la Gascogne ils étaient commandés par un des leurs, Jean III de Grailly Captal de Bush.
Ce personnage dut naître aux alentours de l'année 1331, car il parait être du même age que son cousin germain le fameux Gaston Phébus, Jean fut d'ailleurs élevé à la cour des Comtes de Foix
Il se distingue plusieurs fois lors des chevauchées du prince noir (dont il est l'ami), la prise de Plaisance, le siège de Cahors, celui d'Agen. Mais c'est à Poitiers qu'il fera des prouesses, car c'est lui qui fut envoyé par son prince pour effectuer ce fameux mouvement tournant qui dispersa la bataille du Dauphin lui permettant de combattre face à face contre le roi de France.
Il sera d'ailleurs à la place d'honneur à côté de son Prince lors de son entrée triomphale dans Londres le 24 mai 1357 lorsqu'il ramène son illustre prisonnier Jean II le Bon.
Pendant la longue trêve et les tractations politiques inhérentes au traité de Brétigny, Jean et son cousin Gaston Phébus vont partir en croisade, en pays de Prusse faire la guerre aux côtés des chevaliers Teutoniques. Sur le chemin du retour en 1358 nos deux compagnons d'armes se trouvent en île de France, et viennent visiter de nobles dames ainsi que la Duchesse de Normandie ( épouse du Dauphin Charles) en la ville de Meaux.
C'est la qu'ils vont se trouver assiégés par un parti de Jacques et de Bourgeois Parisiens en révolte (voir Etienne Marcel). Les pauvres bougres auraient mieux fait de trouver un autre endroit ou commettre leurs méfaits, car nos deux compagnons n'étant pas avares de coups de tailles et d'estocs, vont à la tête de leurs hommes faire une sortie, et tailler en pièces ces pauvres gens que la misère des temps avait placés sur leur chemin
Il rentre en Gascogne pour revenir en terre de France en 1359, il débarque à Cherbourg, la forteresse du Roi de Navarre et Comte d'Evreux, avec 100 lances à ses gages ( une lance est composée de 12 personnes environ) pour rejoindre Charles II à Evreux. Il va exécuter un coup de main de nuit sur Clermont en Beauvaisis, en faisant escalader les murs d'une des tours par quelques uns de ses hommes qui lui ouvrirons les portes, il va rapidement se rendre maître de la place pour y établir son nid hivernal le 18 novembre.
Cependant un mois plus tôt en octobre le roi Edouard III avait débarqué à Calais en vue d'une nouvelle chevauchée, il n'eut que de piètres succès, car le Dauphin avait donné comme consignes de vider les campagnes, pour que la population se protège derrière les murailles des villes, ils avaient également l'ordre de laisser passer les Anglais, de ne pas sortir de leurs villes, pour éviter toutes pertes inutiles.
Le Captal de Bush fut mandé auprès d'Edouard III en tant que vassal de la couronne, il le rejoignit non loin de paris à Bourg la Reine, le roi d'Angleterre se replie ne pouvant avec ses troupes ni investir, ni faire le siège d'une ville comme paris. Malheureusement les parisiens n'écoutant pas leur Dauphin, vont tenter de tailler des croupières aux troupes d'Edouard, mal leur en pris, car ils vont tomber dans une fort belle embuscade tendue proche de Montlhéry, par Jean de Grailly, le soir même il libérera ses prisonniers contre promesse rançon.
En 1360 après le traité de Brétigny, il sera lieutenant du roi de Navarre en Normandie, il faut préciser qu'ils se connaissaient bien, son cousin Gaston Phébus est marié avec la soeur du Roi de Navarre.
Lorsque Edouard de Woodstock, Prince de Galles, est nommé Duc d'Aquitaine, par son père suite à son mariage en cachette qui avait tant courroucé le Monarque ( et pour cause, étant lui même amoureux de Joan de kent), Jean de Grailly rejoindra son prince qui tient à Bordeaux une cour fastueuse, ou le Captal aime à jouter devant de belles dames. Un rude combattant comme Chandos, dira de Jean qu'il était un redoutable jouteur.
En 1364 il débarque une nouvelle fois à Cherbourg, engagé avec ses troupes par le roi de Navarre, contre le roi de france qui vient de lui prendre sous le nez le Duché de Bourgogne, il faut savoir que par droits de succession ils avaient tous deux les mêmes droits sur ce Duché. Bien sur le Captal est la pour l'argent, il faut bien vivre, il a de toute façon l'accord d'Edouard Duc d'Aquitaine pour faire cette campagne en dehors des intérêts de L'Angleterre. IL s'installe à Evreux, il dispose des pleins pouvoirs.
Il va peu à peu constituer son armée, puis sera rejoint par Jean Jouel et ses troupes de mercenaires, à ce moment il est fort de 700 lances, 300 archers et 400 soudoyers, puis il fera jonction avec les troupes Navarraises. Et ce sera la bataille de Cocherel, sa première défaite, Jean III de Grailly se rendra à Bertrand Dugesclin. Prisonnier il sera remis au roi Charles V le sage qui vient tout juste d'être sacré à Reims. Il sera enfermé dans le château de Meaux, la ou il avait sauvé la Duchesse de Normandie, désormais Reine de France !! Il y reste jusqu'en septembre 1364 d'ou il se rendra avec l'accord du roi de France en Angleterre. Jean va à Londres pour plaider lui même son échange pour libération contre le Duc de Berry.
Grande est la déception pour le Captal de Bush, Edouard III y est hostile, le vieillissant monarque à ses idées fixes et la sénilité le guette, mais pour Jean c'est une grande injustice, surtout si l'on tient compte des services rendus par cet homme à la couronne d'Angleterre!!! Charles V, notre retors politicien, désire s'attacher cet homme de valeur, il le délivre donc de sa rançon, et lui offre le fief de Nemours avec ses dépendances en échange de l'hommage lige. Jean de Grailly va accepter, plus pour se venger d'Edouard III, que par envie de servir la France.
Mais le Prince Noir son ami va lui reprocher son changement d'allégeance, Jean rendra au roi de France les biens qui lui furent offerts, qui grand seigneur le laissera partir sans rien demander en échange. Le Captal restera désormais indéfectiblement attaché à son Prince. Il sera avec lui à Najera en avril 1367, ou lui sera confié la garde de Dugesclin, juste retour des choses!!!
En 1368 on retrouve Jean en Normandie ou il défend les possessions du roi de Navarre contre les grandes compagnies, les hordes de routiers sont de retour, car contrairement aux espérances de Charles V au lieu de se disperser après l'Espagne elles étaient revenues comme un nuage de sauterelles se jeter sur la France.
En 1369 Jean III de Grailly est nommé Comte de Bigorre par le prince de Galles Duc d'Aquitaine, l'année suivant il sera fait Connétable d'Aquitaine. On pense que sciemment le prince lui donne ce titre, juste avant de rentrer en Angleterre finir ses jours, afin d'aider son frère Jean de Gand Duc de Lancastre, venu remplacer le prince noir que la maladie fait tant souffrir.
En 1371 aprés la prise de Moncontour, Lancastre rentre en Angleterre, c'est Pembroke qui le remplace, il va charger Jean de défendre Bordeaux et les marches de Gascogne. Mais les renforts et l'argent que Pembroke attend seront coulés par une flotte Franco Espagnole le 23 juin 1372.
Appelé par la ville de Soubise à l'embouchure de la Charente, qui est assiégée par les Français, notre Connétable réunis prestement 200 lances et marche sur la ville. Mais il est tombé dans un piège savamment tendu, il se battra comme un forcené mais finira par se rendre, mené à Paris il sera enfermé au temple sous la garde du grand prieur de France.
Il va y rester pendant quatre ans, mais apprenant la mort de son ami le prince noir, il fut pris nous dit Froissart " d'une petite maladie frénésieuse, et ne voulant ni boire, ni manger, fut si durement affaibli de corps qu'il entra dans une langueur qui le mena à la mort.
Charles V qui avait été magnanime la première fois, refusa tout au long de sa seconde captivité, les échanges et les rançons, ne voulant pas libérer un adversaire de la taille de Jean de Grailly. Le Roi de France fait cela contre toutes les lois de la chevalerie, il n'en a cure, il gouverne en politique, à l'inverse de son père qui avait comme seul idéal la chevalerie. Néanmoins il lui fera des obsèques fastueuses, reconnaissant par cet acte de ROI les valeurs guerrières de:
Jean III de Grailly Captal de Bush
Comte de Bigorre
Connétable d'Aquitaine
vendredi 21 avril 2017
Poitiers vu par Chateaubriand suite 3/3
Le soleil qui devait éclairer un jour si funeste à notre patrie se leva, et trouva les coeurs bercés de fausses espérances (19 septembre 1356).
Les Français se rangèrent dans le même ordre que le jour précédent ; les Anglais changèrent quelque chose à leur dispositions: instruits on ne sait comment, de la manière dont ils seraient attaqués, ils placèrent au front de leur ligne un certain nombre de cavaliers pour soutenir le choc des maréchaux; ils cachèrent en outre, trois cent hommes d'armes et trois cent archers à cheval derrière une petite colline, au revers de laquelle s'étendait le corps commandé par le Dauphin et ses deux frères.
Ces six cent hommes avaient ordre, aussitôt qu'ils verraient l'action engagée de tourner le mamelon et de prendre en flanc les troupes du Dauphin.
Les Français élèvent le cri d'armes: à ce signal les deux maréchaux entrent dans le défilé à la tête de trois cent cavaliers commandés pour frayer le chemin. A peine sont ils engagés entre les deux haies qui bordent le chemin que les archers retranchés derrière, font pleuvoir sur eux une grêle de ces flèches longues, barbelées et dentelées, qui lancées à bout portant par un ennemi invisible, frappent dans l'épais du bataillon.
Les chevaux percés d'outre en outre, effrayés et rendus furieux par la douleur, hennissent et se cabrent refusent d'avancer, trébuchent et tombent sous leurs maîtres. Les derniers rangs essayent de passer sur les premiers, se renversent également, augmentant le péril et la confusion. Cependant les deux maréchaux et quelques chevaliers surmontent les obstacles et parviennent sur le front de l'armée Anglaise: la ils trouvent une autre ligne d'archers et sire James d'Audeley à la tête de ses hommes d'armes. Ils ne peuvent soutenir ce combat par trop inégal, Clermont meurt tué par Chandos et d'Audrehem se rend à d'Audeley.
Le bruit de la défaite se répand, et tous ces combattants arrêtés au milieu du défilé, entre ceux tombés devant, les hommes d'armes à pied qui les suivaient, ne pouvant ni avancer, ni reculer!! Ils restent immobiles, exposés aux flèches qui les transpercent ; des cris et des rugissements sortent de l'horrible mêlée. Ceux qui le peuvent se replient sur la bataille commandée par le Dauphin, c'est à ce moment précis que les six cent cavaliers cachés au revers de la colline viennent prendre à revers ce corps de bataille. La terreur s'empare des soudoyers, les hommes d'armes se dispersent, les seigneurs qui avaient la garde du Dauphin et de ses frères, jugent trop vite la bataille perdue, les forcent à s'éloigner, puis eux même avec Cervolles rejoignent pour se ranger auprès du Roi.
Les troupes du Dauphin s'étant débandées, celles du Duc d'Orléans prirent lâchement la fuite avec leur chef, il ne restait sur le champ de bataille que l'escadron de cavalerie Allemande et la division conduite par le roi, a laquelle se joignirent quelques chevaliers, qui n'avaient pu se résoudre à abandonner leur maître.
Le Prince Noir observant la déroute des deux premiers corps Français, ordonne à ses hommes de remonter à cheval, il crie aussitôt " bannières chevauchez avant ! " et il descend de son promontoire avec toute ses troupes. La cavalerie Allemande soutint bien le choc de la première charge, mais elle lâcha pied après avoir perdu les Comtes de Saarbruck, de Nidau et de Nassau, qui les commandaient.
Les chevaliers Français de diverses provinces, rangés avec leurs écuyers autour des bannières de leurs suzerains, combattaient tantôt par pelotons séparés, tantôt mêlés et confondus. Le prince de Galles avec Chandos attaqua la division du Connétable; et Jean III de Grailly Captal de Buch, avec les maréchaux d'Angleterre, se trouva en face du roi Jean. L'armée Anglaise toute à cheval se ruait sur l'armée Française toute à pied . Les flots des combattants étaient poussés vers Poitiers, et ce fut prés de cette ville que se fit le plus grand carnage. Les habitants craignant que les vainqueurs entrassent pêle mêle avec les vaincus refusèrent d'ouvrir les portes.
Déjà les plus braves avaient été tués; le bruit diminuait sur le champ de bataille, les rangs s'éclaircissaient à vue d'oeil, les chevaliers tombaient les uns après les autres, comme une forêt dont on coupe les grands arbres. Les cris avaient cessés, Charny, étendu au pied du roi serrait, dans ses bras roidis par la mort l'oriflamme qu'il n'avait pas abandonné. Jean tenant sa hache, défendait son fils, sa couronne et l'oriflamme, immolant quiconque osait l'approcher.
Mille ennemis essayent de saisir le roi, en disant " sire rendez vous " il se rendra à Denis de Morbec, un chevalier d'Artois qui avait fui son pays pour avoir tué un Homme, du moins le roi rendait ses armes à un Français!! Le soir dans la tente du Prince noir au banquet du vaincu, il fut traité avec générosité, des larmes s'échappèrent de ses yeux, le roi Jean put dire comme le Saint Roi: mes pleurs se sont mêlés au vin de ma coupe.
Au dessus de l'ancienne abbaye de Vouillé et du village de Beauvoir en Poitou, sur le haut d'une colline couverte de joncs marins, on croit trouver les vestiges d'un vieux camp, on remarque l'ouverture d'un puits comblé: c'est tout ce qui atteste du passage et du combat de ce roi. Le village de Maupertuis a disparu; personne dans le pays ne se souvient qu'il ait existé. Par une autre bizarrerie du sort, le lieu ou l'on voit des traces du camp Anglais s'appelle Carthage; comme si la fortune pour se jouer des hommes s'était plu à effacer un nom fameux par un nom plus fameux encore, une ruine par une ruine, une vanité par une vanité.
jeudi 20 avril 2017
N°20) Poitiers vu par Chateaubriand suite 2/3
Déjà les trois cent hommes d'armes avaient embrassé leurs targes, quand voici venir un cavalier qui demande à parler au roi: on reconnut le cardinal de Périgord. Le Pape ne cessait de travailler à la réconciliation de la France et de l'Angleterre: les deux cardinaux d'Urgel et de Périgord avaient été envoyés vers les deux armées pour les engager à la paix et traiter de la liberté du roi de Navarre.
Le Cardinal de Périgord ne s'était point rebuté du mauvais succès de ses premières tentatives, et s'attachant aux pas des Princes rivaux, il était arrivé à l'instant même ou ils allaient vider leurs querelles.
Il court vers le roi de France; aussitôt qu'il l'aperçoit, il descend de cheval, s'incline et s'écrie en joignant les mains " très cher sire, vous avez ici toute la fleur de la chevalerie de vôtre royaume, réunie contre un petit nombre d'ennemis. Si vous pouvez en obtenir ce que vous désirez sans combattre, vous épargnerez le sang chrétien et la vie de vos sujets. Je vous conjure au nom de ce Dieu et de la charité, de me permettre d'aller vers le Prince de Galles lui représenter son péril et l'avantage de la paix ". Le roi répondit " il nous plait que cela soit ainsi; mais retournez vite ".
Le Cardinal chevauche au camp Anglais: au nom de la religion, les barrières des deux armées se baissent et laissent passer son ministre. Il trouva le prince couvert de son armure noire, au milieu de ses chevaliers et portant la devise des princes de Galles, prise de l'écusson du vieux roi de Bohême; présage qui promettait à Poitiers le destin de Crécy. "Certes beau fils, lui dit l'envoyé du pape, si vous aviez examiné l'armée du roi de France , vous me permettriez d'essayer de conclure avec lui un traité". Le prince répondit: "j'entendrai à tout, fors à la perte de mon honneur et de celui de mes Chevaliers" Le Cardinal répondit " beau fils vous dites bien " Et il retourna en toute hâte au camp Français.
Il supplia le roi de suspendre l'attaque jusqu'au lendemain. " Vos ennemis disait il ne peuvent s'échapper; accordez leur quelques instants pour apercevoir leur péril " Jean refusa d'abord, sur l'avis de la plus grande partie de son conseil; mais par respect pour le Saint Siège, il consentit enfin à ce délai qui donna aux Anglais de se retrancher, ralentit l'ardeur du soldat, et fut la principale cause de la perte de la bataille.
Le Cardinal retourné au camp Anglais puis revenu ensuite au camp Français pour rapporter au roi les propositions du Prince noir. Celui ci offrait de rendre les prisonniers qu'il avait fait, les châteaux qu'il avait pris depuis trois ans; il s'engageait pendant sept ans à ne pas porter les armes contre la France: Villani ajoute qu'il consentait à payer deux cent mille nobles ou écus d'or pour les dégâts causés par son armée. Le prince demandait en mariage une fille du roi et pour dot de cette princesse, le seul duché d'Angoulême; enfin , il réclamait la liberté de Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux, s'engageant à faire consentir à son père Edouard aux conditions du traité.
Jean que les historiens représentent comme un téméraire, n'avait déjà été que trop modéré en accordant aux Anglais une suspension d'armes; il allait donner une nouvelle preuve de son esprit conciliant en acceptant l'offre du prince noir, lorsque Renaud de Chauveau évêque de Châlons se leva est dit " Sire, s'il m'en souvient bien le roi D'Angleterre, son fils et son frère le Duc de lancastre, vous ont à plusieurs reprises insulté, et ont rempli votre royaume de meurtres et de ruines. Sur terre ils ont humilié votre père Philippe et massacré votre noblesse: sur mer ils ont assailli vos vaisseaux et bruslé vos ports comme des pirates. Quelle vengeance en avez vous tirée? Quoi pour prix de ces brigandages, vous donneriez votre fille à des mains teintées du sang Français ! Dieu vous livre votre principal ennemi, ces orgueilleux Anglois, ces gascons infidèles, ces lâches qui viennent d'égorger les pastres et les laboureurs, ces incendiaires qui ont portés la flamme dans les hameaux qui fument encore, et vous les laisseriez eschapper !! .
Et croyez vous qu'ils soient de bonne foi dans ce qu'ils vous proposent? Ne connoissez vous pas leur perfidie? Sous le prétexte de faire ratifier les conditions par le monarque Anglois, ils gagneront du temps. Cependant le Duc de Lancastre qui ravage le Perche avec son armée aura rejoint le prince de Galles !! alors la victoire passera peut être à vos ennemis. Dieu nous préserve de plus grand malheur!! Ce discours dont le prélat soutint la vigueur la pique à la main, fit bouillonner dans le sein du roi l'ardeur guerrière. Allez dit le roi au Cardinal " dites au prince de galles qu'il ait à se rendre prisonnier lui et cent de ses principaux chevaliers: à cette condition, je laisserai passer son armée" .
Le prince au ouïr de ces paroles qui lui furent rapportées par le Cardinal répondit " Mes chevaliers ne seront pris que les armes à la main; quand à moi, quelque chose qu'il arrive, l'Angleterre n'aura nul besoin de payer ma rançon. Ces pourparlers occupèrent toute la journée du dimanche. La nuit était venue, les Français abondamment pourvus de vivres, se fiant à leur nombre et leur valeur, la passèrent à dormir. Les Anglais mirent ce temps précieux à profit, devant leurs archers ils creusèrent des fossés profonds, qu'ils revêtirent de palissades, dans la partie la plus faible de leur dispositif, ils se couvrirent avec leurs bagages et leurs chariots. Le Prince de Galles commanda d'apporter le butin de leur chevauchée; il en fit faire trois monceaux entre son camp et celui des Français, et y mirent le feu. Il ne restait plus rien à regretter aux Anglais, les flammes et la fumée qui s'en élevaient servi à masquer les travaux de l'ennemi tout en étonnant nos soldats.
Poitiers vu par Chateaubriand 1/3
Pour Chateaubriand, deux nations ainsi descendues dans la lice ne pouvaient pas plus refuser le combat, qu'un homme de coeur ne peut se dispenser de tirer l'épée quand il a reçu un affront.
Or donc il fut résolu au conseil du Roi de France de marcher droit à l'ennemi. Aussitôt les ordres sont donnés; les cors de chasse et les trompettes sonnent haut et clair; les ménéstriers jouent de leurs instruments, les soldats s'apprêtent, les seigneurs déploient leurs bannières; les chevaliers montent à cheval et viennent se ranger à l'endroit ou l'étendard des lis et l'oriflamme flottaient au vent.
On voyait courir les chevaucheurs, les poursuivants, les héraults d'armes, les pages, les varlets, avec la casaque, le blason et la devise de leurs maîtres. Partout brillaient belles cuirasses, riches armoiries, lances, écus, heaumes et pennons; là se trouvait toute la fleur de la France, car nul chevalier ni écuyer n'avait osé demeurer au manoir. On entendait au milieu des fanfares, de la voix des chefs, du hennissement de chevaux, retentir les cris d'armes des différents seigneurs. Tous ces cris étaient dominés par le cri de France " Montjoie Saint Denis ", par des complaintes en l'honneur de la Vierge, et par la chanson de Roland. Des vassaux, tête nue, sous la bannière de leur paroisse, et portant des colobes et des tabards (espèce de chemise sans manche et de manteau court); des barons en chaperons, en robes longues et fourrées, marchant sous les couleurs de leurs dames; une infanterie en peliçon ou jaquette armés d'arcs, d'arbalètes, de bâtons ferrés et de fauchards; une cavalerie couverte de fer, portant le bassinet et la lance; des évêques en cottes de mailles et en mitre; des aumôniers, des confesseurs; des croix, des images de saints; de nouvelles et d'anciennes machines de guerre; toute cette armée, enfin, présentait aux feux du soleil un spectacle aussi extraordinaire que brillant et varié.
Les troupes réunies formaient plus de soixante mille combattants: on y voyait le frère et les quatre fils du roi, la plupart des seigneurs des fleurs de lis, d'illustres commandants étrangers, trois mille chevaliers portant bannières. Tous ces guerriers avaient à leur tête le roi, qui, s'il n'était pas le plus grand capitaine de son royaume, en était du moins le plus brave soldat et le premier chevalier.
L'armée fut divisée en trois batailles, par l'avis du connétable Jean de Brienne et des deux maréchaux d'Audeneham ( Arnould d'Audrehem)et de Clermont. Le Duc d'Orléans, frère du roi, ayant sous lui trente six bannières et deux cent pennons, commandait la première bataille; la seconde avait pour chef le Dauphin Charles, Duc de Normandie (futur Charles V le sage); ses deux frères Louis et Jean marchaient avec lui: les trois Princes étaient sous la garde des sires de Saint Venant, de Landas, de Vondenay et de Cervolles, dit l'Archiprêtre (célèbre aventurier). Le roi menait la troisième bataille avec Philippe le plus jeune de ses fils, tige de la seconde maison de Bourgogne.
Ces trois corps qui auraient pu envelopper l'ennemi en tournant la position du Prince de Galles, furent disposés sur une ligne oblique, un peu en arrière les uns des autres. L'aile gauche, la plus proche de l'ennemi, et sous les ordres du Duc d'Orléans, n'était séparée des Anglais que par un monticule, dont on négligera de s'emparer; le Dauphin commandait au centre et le roi à l'aile droite constituant la réserve. On jugera de la science militaire de ce temps, quand on saura que ces dispositions se faisaient avant d'avoir reconnu le terrain occupé par le Prince de Galles.
Tandis que l'armée Française se mettait en place, le roi envoya trois chevaliers examiner le camp d'Edouard de Woodstock Prince de Galles. Au retour ils rendirent compte au roi de ce qu'ils avaient observés. L'ennemi s'était retranché au milieu d'une vigne, sur une petite hauteur, auprès d'un village appelé Maupertuis; pour aller vers lui il n'y avait qu'un chemin creux, bordé de deux haies épaisses, et si étroit qu'à peine trois cavaliers y pouvaient passer de front. Le prince avait embusqué des archers derrière ces haies. Parvenu au bout de ce défilé on trouvait l'armée Anglaise, composée au tout de deux mille hommes d'armes, quatre mille archers et de quinze cent aventuriers. Il n'y avait guère sur ces sept à huit mille hommes que trois mille Anglais: le reste était Français et Gascons.
Le Prince avait fait mettre à pied à terre à toute sa cavalerie, qui ne pouvait agir sur le terrain ou elle se trouvait: le tout formait sur la pente de la colline, un corps d'infanterie pesamment armé, retranché parmi des buissons et des vignes, couvert sur son front par des archers rangés en forme de herse. Cette disposition était l'ouvrage de James d'Audeley, chevalier d'une grande expérience.
Le Prince Noir avait pour compagnon les plus vaillants guerriers d'Angleterre et de Guyenne, on remarquait, Jean Lord Chandos, les Comtes de Warwick et de Suffolk, Richard Stanfort, James d'Audeley et Pierre son frère, sir basset, pour la Guyenne on comptait le Captal de Buch, Jean Chaumont, les sires de Lesparre, de Rozem, de Montferrand, de landuras, de Prumes, de Bourguenze, d'Aubrecicourt, et de Ghistelles.
Ribaumont ayant peint au roi la position des ennemis, Jean II lui demanda comment on les devait attaquer. " tous à pied, excepté trois cent armures de fer parmi les plus habiles et les plus chevalereuses: elles entreront dans le chemin creux pour rompre les archers, elles seront suivie du reste des hommes d'armes à pied, pour donner sur les hommes d'armes Anglais qui sont en bataille sur la hauteur au bout du défilé, et pour les combattre de la main à la main.
Jean II suivit cet avis qui lui plaisait par sa hardiesse: mieux conseillé, il aurait fait attaquer les archers à dos, et les eut chassés des deux haies avant de s'engager dans le défilé. Les maréchaux d'après le plan adopté, désignèrent les trois cents cavaliers qui devaient ouvrir le chemin. Le reste des hommes d'armes fut démonté; on leur ordonna d'ôter leurs éperons de tailler leurs piques, et de les réduire à cinq pieds de long, pour s'en servir plus facilement dans la mêlée.
Un corps d'Allemands commandé par les Comte de Nidau, de Nassau et de Saarbruck, demeura à cheval afin de soutenir en cas de besoin, les hommes d'armes à l'attaque dans le défilé. Le roi accompagné de vingt chevaliers se mit au milieu de ces Allemands pour voir de plus près le commencement de l'action. Tout étant ainsi disposé on pouvait donner le signal du combat.
mercredi 19 avril 2017
Bible des Pauvres (Biblia Pauperum)
La voix des Laïcs selon Guy Lobrichon, ne cesse de monter au long du Moyen âge, elle devient un cri, revendication aux XIV et XV siècles. La grande peste noire de 1348 ravage les populations des villes et des campagnes, mettant à nu toutes les inquiétudes. Les seigneuries ne sont point épargnées, l'église vacille torturée par le grand Schisme d'occident.
Mais de ce sombre tableau émerge une oeuvre paisible et modeste, que l'on appelle la bible des pauvres (Biblia pauperum). C'est un recueil d'images bibliques commentées, souvent en langue vernaculaire, populaire à la fin du Moyen âge. Un tel ouvrage est composé de 40 à 50 feuilles.
Chaque feuille est structurée de manière semblable; elle illustre une scène de la vie du Christ tirée du Nouveau Testament, mise en relation avec deux épisodes de l'Ancien Testament. Elle contient de plus les images de quatre Prophètes qui commentent la scène par des paroles qui leurs sont attachées par des banderoles.
Ces bibles s'adressent à un public de Clercs. Par leur structure claire et uniforme, les images édifiantes doivent faciliter aux Prêtres la préparation de leurs sermons.
Le terme de " pauvres " utilisé que tardivement renvoi probablement aux " pauvres selon les béatitudes " ( les pauperes spiritu), plutôt qu'aux économiquement pauvres, car son coup comme celui de tout livre restait relativement élevé.
Une bible des pauvres se distingue d'une bible moralisée par sa taille, sa forme et son public: elle est beaucoup plus courte et centrée sur l'image plutôt que sur le texte, alors que la bible moralisée par son raffinement et son coût s'adresse à la haute aristocratie.
Les biblia pauperum du XIV siècle sont des manuscrits enluminés, en général peint à la main sur velin.
A partir du XV siècle des gravures sur bois leur succèdent. Images et textes sont gravés sur un seul bloc de bois par page.
Ces bibles ont été populaires en Allemagne, dans les Pays Bas et en France. Quelque quatre vingt manuscrits XIV siècle et éditions imprimées XV siècle, plus ou moins complètes sont conservées et se trouvent dans différents musées ou bibliothèques.
Mais de ce sombre tableau émerge une oeuvre paisible et modeste, que l'on appelle la bible des pauvres (Biblia pauperum). C'est un recueil d'images bibliques commentées, souvent en langue vernaculaire, populaire à la fin du Moyen âge. Un tel ouvrage est composé de 40 à 50 feuilles.
Chaque feuille est structurée de manière semblable; elle illustre une scène de la vie du Christ tirée du Nouveau Testament, mise en relation avec deux épisodes de l'Ancien Testament. Elle contient de plus les images de quatre Prophètes qui commentent la scène par des paroles qui leurs sont attachées par des banderoles.
Ces bibles s'adressent à un public de Clercs. Par leur structure claire et uniforme, les images édifiantes doivent faciliter aux Prêtres la préparation de leurs sermons.
Le terme de " pauvres " utilisé que tardivement renvoi probablement aux " pauvres selon les béatitudes " ( les pauperes spiritu), plutôt qu'aux économiquement pauvres, car son coup comme celui de tout livre restait relativement élevé.
Une bible des pauvres se distingue d'une bible moralisée par sa taille, sa forme et son public: elle est beaucoup plus courte et centrée sur l'image plutôt que sur le texte, alors que la bible moralisée par son raffinement et son coût s'adresse à la haute aristocratie.
Les biblia pauperum du XIV siècle sont des manuscrits enluminés, en général peint à la main sur velin.
A partir du XV siècle des gravures sur bois leur succèdent. Images et textes sont gravés sur un seul bloc de bois par page.
Ces bibles ont été populaires en Allemagne, dans les Pays Bas et en France. Quelque quatre vingt manuscrits XIV siècle et éditions imprimées XV siècle, plus ou moins complètes sont conservées et se trouvent dans différents musées ou bibliothèques.
mardi 18 avril 2017
Bernard de Girard, Seigneur du Haillan
Historien du XVI siècle qui fit éditer son oeuvre entre 1594 et 1596
PS: je dois avouer que ce quinteux auteur a souvent provoqué chez moi des crises de rires à cause de son caractère mal embouché M de V
De l'état et des succès des affaires de la France
Bernard de Girard décris des faits historiques, son récit commence à Louis le gros pour finir à Louis XI, l'universelle araigne. Au moment ou il rédige son livre 100 ans seulement le sépare de certains événements du XIV siècle, les sources de cette époque devaient être nombreuses, la révolution française n'avait pas encore saccagé la documentation historique du pays.
Mais le personnage a une particularité, et je laisse à plus docte que moi le soin de le décrire. Comme le dit l'historien C Benoist:
Je crains pourtant que la mauvaise humeur habituelle de ce quinteux auteur,
son mauvais esprit, cette manière de persiflage à dents serrées, d'ironie cuite
de robin n'agace le lecteur !
Mon exemplaire du livre de ce quinteux auteur est un document PDF provenant de la Bibliothèque de Genève: cette oeuvre de Bernard de Girard fut éditée par l'imprimeur Antoine Blanc, en Lyonnais, en l'an 1596. Citons donc pour le plaisir quelques lignes de cet acariâtre personnage: parlant de la période ou Jean II le Bon est prisonnier en Angleterre et que Charles son fils n'est que le Dauphin.
Le règne intermédiaire, pour ne pas dire intermittent de Jean II dit le Bon, fut un règne désastreux à tuer la France, qui fut bien près de s'y démembrer. Mais lors on vit bien que le peuple se voyant sans roi était disposé à sédition, les parisiens commencèrent à faire les fols, ils ont toujours fait ce métier!!
Autre passage sur Etienne Marcel et sa révolution manquée du XIV siècle: Mais comme plusieurs autres de ce royaume, les parisiens qui ont toujours été les premiers et les plus grands séditieux et rebelles de la France, et qui ont montré l'exemple et les préceptes de la rebéllion, empêchant le cours et la prospérité des affaires de l'état.
Plus loin; Voyez écrit il, le naturel de cette bête à plusieurs tête du peuple de paris, il n'a pas changé d'humeurs depuis ce temps là; et il semble qu'il soit encore plus méchant.
L' historien fait là un rapprochement saisissant, avec les événements et les problèmes de son siècle, ou les parisiens ont la tête échauffée par la guerre entre protestants et catholiques au XVI siècle.
Et quand il parle de religion: Il ne faut que bien faire aux gens d'église pour être bien nommé, un homme de bien qui ne leur donne rien est un hérétique, un méchant qui leur donne est estimé Saint. Il ne faut pas leur donner trop, car des armes des donations ils battent souvent les donateurs !!!
Le règne intermédiaire, pour ne pas dire intermittent de Jean II dit le Bon, fut un règne désastreux à tuer la France, qui fut bien près de s'y démembrer. Mais lors on vit bien que le peuple se voyant sans roi était disposé à sédition, les parisiens commencèrent à faire les fols, ils ont toujours fait ce métier!!
Autre passage sur Etienne Marcel et sa révolution manquée du XIV siècle: Mais comme plusieurs autres de ce royaume, les parisiens qui ont toujours été les premiers et les plus grands séditieux et rebelles de la France, et qui ont montré l'exemple et les préceptes de la rebéllion, empêchant le cours et la prospérité des affaires de l'état.
Plus loin; Voyez écrit il, le naturel de cette bête à plusieurs tête du peuple de paris, il n'a pas changé d'humeurs depuis ce temps là; et il semble qu'il soit encore plus méchant.
L' historien fait là un rapprochement saisissant, avec les événements et les problèmes de son siècle, ou les parisiens ont la tête échauffée par la guerre entre protestants et catholiques au XVI siècle.
Et quand il parle de religion: Il ne faut que bien faire aux gens d'église pour être bien nommé, un homme de bien qui ne leur donne rien est un hérétique, un méchant qui leur donne est estimé Saint. Il ne faut pas leur donner trop, car des armes des donations ils battent souvent les donateurs !!!
PS: je dois avouer que ce quinteux auteur a souvent provoqué chez moi des crises de rires à cause de son caractère mal embouché M de V
Crécy selon Froissart suite 2/2
Le vaillant et gentil Roi de Bohême qui s'appelait Jean de Luxembourg, car il était fils de l' empereur Henri de Luxembourg, entendit par ses gens que la bataille avait commencée; car, quoiqu'il fut là armé et en grand appareil, il ne voyait goutte et était aveugle.
Si demanda aux chevaliers qui étaient auprès de lui comment se comportaient l'ordonnance de leurs gens.
Ils lui dirent la vérité: "il en va couci-couci.
Tout d'abord les Génois sont déconfits, et le Roi de France a ordonné de les tuer tous. Et il y a entre nos gens et eux une si grande mêlée que c'est merveille, car ils trébuchent et tombent les uns sur les autres et nous embarrassent grandement ". Ah répondit le roi de Bohême c'est un triste commencement pour nous !. Alors il demanda ou est Messire Charles mon fils, ceux ci répondirent " nous ne savons pas monseigneur, nous croyons qu'il est quelque autre part à combattre."
Alors dit le vaillant roi à ses gens avec grand courage: " seigneurs vous êtes mes hommes, mes amis et mes compagnons. A la journée d'aujourd'hui, je vous prie et requiers très spécialement que vous me meniez si avant que je puisse frapper un coup d'épée. " Et ceux qui étaient avec lui, et qui aimaient son honneur et sa gloire, le lui promirent.
La était le Moine de Basèle et aussi plusieurs bons chevaliers du Luxembourg, qui étaient tous près de lui. Alors pour s'acquitter de leur promesse, et par peur de le perdre dans la presse, ils lièrent ensemble les freins de leurs chevaux, et mirent le roi devant pour mieux accomplir son dessin. Et ainsi s'en allèrent contre les ennemis.
Il est bien vrai que de bons gens d'armes et de la noble chevalerie que le roi de France avait là en grande foison, résulta trop peu de grands faits d'armes; car la bataille commençait tard et les Français étaient déjà las et épuisés en arrivant.
Toutefois les vaillants hommes et les bons chevaliers, pour leur honneur, chevauchaient toujours en avant, et ils aimaient mieux mourir que de s'attirer le reproche d'une vilaine fuite. La était parmi les bons chevaliers de France Messire Charles de Bohême, il vint en bien bon ordre jusqu'à la bataille; mais quand il vit que la chose allait mal pour eux, il partit, et je ne sais quel chemin il prit.
Le bon roi son père, Jean de Bohême, n'en fit pas autant, car il alla si avant contre les ennemis qu'il frappa plusieurs coups d'épée et combattit vaillamment. Et ainsi firent tous ceux qui l'avaient accompagné, et ils le suivirent si bien avant parmi les Anglais que tous y demeurèrent. Nul n'en revint, et on les trouva le lendemain sur la place autour du roi leur seigneur, avec leurs chevaux tous attachés ensemble.
Vous devez comprendre que le Roi de France avait grande angoisse au coeur quand il voyait ainsi ses gens déconfits et battus par une poignée de gens qu'étaient les Anglais. Il en demanda conseil à messire Jean de Hainault, qui était auprès de lui. Ledit messire lui répondit " certes sire, je ne vous saurais conseiller. Le meilleur pour vous serait de vous retirer et de vous mettre en sûreté, car je ne vois point de remède. Il sera bientôt tard, vous pourriez aussi bien chevaucher sus à vos ennemis et être perdu que rester entre vos amis".
Le roi qui frémissait de mécontentement et de colère, ne répondit point, mais chevaucha un peu plus avant; et il pensa qu'il allait se diriger vers son frère le Comte d'Alençon, dont il voyait les bannières sur une petite montagne. Lequel Comte d'Alençon descendit en bon ordre contre les Anglais et les vint combattre, et le Comte de Flandres d'autres part, jusqu'à la bataille du Prince. Et volontiers y fut venu le Roi Philippe, s'il eût pu; mais il y avait devant eux si grande haie d'archers et de gens d'armes que jamais il n'eut pu passer, car plus il avançait plus sa suite s'éclaircissait.
Cette bataille entre Broye et Crécy fut cruelle et terrible, tardivement commencée, ce qui fit plus de tort aux Français que tout autre chose. Car les gens d'armes, les chevaliers et les écuyers, par la nuit perdaient leurs seigneurs et leurs maîtres. Ils erraient par les gens et souvent s'engageaient en désordre parmi les Anglais, en sorte qu'ils étaient bientôt attaqués et occis. Car nul n'était pris à rançon ni à merci. Ainsi avait il été ordonné dès le matin.
Le comte d'Alençon et le Comte de Flandres qui combattaient chacun sous sa bannière et avec ses gens ne purent résister à la puissance des Anglais, et furent là tués sur la place avec grande foison de chevaliers et d'écuyers auprès d'eux. Le Comte de Blois et le Duc de Lorraine, son beau frère, avec leurs gens étaient entourés d'une troupe d'Anglais et de Gallois qui ne prenaient personne à merci. La ils firent de beaux exploits, mais leurs prouesses ne leur servi de rien, car ils demeurèrent sur la place et tous ceux qui étaient avec eux. Ainsi fit de même le Comte d'Auxerre et le Comte de Saint Pol, et tant d'autres que ce serait merveille à raconter.
Sur le soir à nuit tombée, partit le Roi Philippe, tout déconforté, ce dont il y avait bien matière, lui et cinq barons seulement, messire Jean de Hainault, le sire de Montmorency, le sire de Beaujeu, le sire d'Aubigny et le sire de Montsault. Ainsi chevaucha le roi, se lamentant et regrettant ses gens jusqu'au château de la Broye. Du champ de bataille l'avait emmené messire Jean de Hainault, par le frein de son cheval, car il était son garde et son conseiller et lui dit: " sire, venez vous en, il est temps, ne vous perdez pas inutilement, si vous avez perdu cette fois, vous regagnerez une autre fois " la dessus messire Jean l'emmena comme par force.
Sachez donc que si les Anglais eussent fait la poursuite ainsi qu'ils le firent à Poitiers, bien plus grande eût été la déconfiture et la perte pour les Français qui déjà furent grandes et horribles, si bien que le royaume de France en est demeuré affaibli d'honneur, de puissance et de sagesse. Mais ce samedi, nul Anglais ne sorti de ses rangs afin de pourchasser un homme, et se tenaient à leurs places, gardant la terre et se défendant seulement à ceux qui les assaillaient, et de tous les beaux faits de leur parti, bien furent les Archers de grand secours par leurs traits; car par eux seulement furent ces quinze mille Génois déconfits, ce qui fut aux Anglais à grand avantage.
Ce samedi, quand la nuit fut toute venue et que l'on entendait plus crier ni appeler, ni nommer les enseignes et les seigneurs, les Anglais tinrent la place pour être à eux et leurs ennemis déconfits. Ils allumèrent donc grand foison de falots et de torches. Et alors descendit le Roi Edouard et il s'en vint avec sa bataille en bon ordre vers son fils le Prince.
Vous devez savoir que grande joie au coeur eurent les Anglais quand ils virent que la place leur était demeurée, ils chevauchèrent tout le dimanche, environ cinq cent hommes d'armes et deux mille archers, pour voir s'ils trouveraient quelques Français qui se fussent rassemblés. Lesquels rencontrèrent les gens des communes de Rouen et de Beauvais, qui étaient partis de Saint Riquier et d'Abeville sans rien savoir de la déconfiture qui avait été faite le samedi, ils furent bientôt morts sur le champ, dans les haies et les buissons. Et ainsi périrent aussi l'Archevêque de Rouen et le grand prieur de France avec leur troupe.
Quand ces chevaucheurs revinrent et dirent au Roi qu'il n'y avait plus apparence d'aucune assemblée de français, le roi Edouard décida d'envoyer des gens pour relever les morts, afin de savoir qui avait succombé. Et il en chargea messire Renaud de Cobham et messire Richard de Stafford, qui se mirent en peine de voir et visiter tous les occis. Ils en trouvèrent si grand foison qu'ils en furent tout émerveillés. Le soir très tard comme le Roi allait souper, lui rapportèrent que onze chefs princiers, quatre vingt bannerets et douze cent chevaliers d'un écu, ainsi qu' environ trente mille hommes d'autres gens étaient demeurés sur place. Le roi et son fils plaignirent la mort du vaillant roi de Bohême, il publia une trêve de trois jours pour enterrer les morts.
Si louèrent Dieu d'un grand coeur le roi d'Angleterre et son fils
de la belle journée qu'il leur avait envoyée, et de ce qu'une
poignée de gens qu'ils étaient en comparaison des
Français, avaient déconfis leurs ennemis.
PS: Avis de Joseph Calmette, membre de l'institut, sur Philippe VI de Valois, je cite: Pour se consolider sur le Trône ce roi aurait eut besoin d'un esprit politique, qui justement lui faisait défaut!, car redisons le c'était un chevalier avant tout, l'esprit d'aventure était en lui, plus que le sens de la raison d'état. Fastueux, dépensier; hanté par le mirage des exploits et du prestige. Cet héritier va accumuler en quelques années une incroyable série d'erreurs.
Il faut toute l'irréflexion, toute l'inexpérience de ce féodal inopinément haussé à la dignité de chef d'état pour méconnaître les symptômes précurseurs du cataclysme qui va fondre sur la France. M de V
lundi 17 avril 2017
N°15) Crécy selon Froissart 1/2
Quand le roi de France et sa grosse troupe se furent éloignés de la ville d'Abbeville d'environ deux lieues, approchant des ennemis, il lui fut dit " Sire il serait bon que vous fissiez entendre à ordonner vos batailles, et que vous fissiez passer devant tous les gens de pied, afin qu'ils ne soient pas foulés par ceux à cheval, et que vous envoyiez chevaucher en avant trois ou quatre de vos chevaliers, pour voir en quel état sont vos ennemis " Ces paroles plurent bien au Roi, et il envoya quatre chevaliers bien vaillants, le Moine de Basèle, le seigneur de Noyers, le seigneur de Beaujeu et le seigneur d'Aubigny.
Les quatre chevaliers chevauchèrent si avant qu'ils approchèrent de bien près les Anglais, et qu'ils purent bien voir et imaginer une grande partie de leur affaire. Et les Anglais virent bien qu'ils étaient la pour les voir; mais ils n'en firent pas semblant, et les laissèrent se retirer bellement tout en paix.
Or retournèrent les quatre chevaliers vers le roi de France et son conseil qui chevauchaient au petit pas, en les attendant. Et ils s'arrêtèrent sur le champ dès qu'ils les virent venir. Les chevaliers dessus dits fendirent la presse, et vinrent jusqu'au roi. Alors il leur demanda tout haut : "seigneurs quelles sont vos nouvelles? " Et ils se regardaient les uns les autres sans mot dire, car nul ne voulait parler avant son compagnon. Enfin sorti de la bouche du roi l'ordre au Moine de Basèle de dire ce qu'il pensait, il était chevalier de monseigneur Charles le Roi de Bohême, qui s''en tenait pour bien paré quand il l'avait avec lui.
Sire dit le Moine de Basèle, je parlerai donc puisqu'il vous plait, sauf les corrections de mes compagnons. Nous avons chevauchés si avant que nous avons vu et considéré l'ordonnance des ennemis. Sachez qu'ils se sont unis et arrêtés en trois batailles bien comme il faut, et ne font nul mine de fuir, mais vous attendrons à ce qu'ils montrent. De mon côté je conseille, sauf toujours meilleur avis, que vous fassiez arrêter et loger tous vos gens dans les champs pour cette journée. Car lorsque les derniers seront arrivés et que vos batailles seront ordonnées, il sera tard, vos gens seront fatigués, lassés et sans ordres. Et que vous trouverez vos ennemis frais et reposés, et bien instruits de ce qu'ils doivent faire. Vous pourrez demain matin ordonner vos batailles mieux et plus mûrement , et plus à loisir examiner vos ennemis, pour savoir par ou on les pourra combattre, car soyez assuré que les Anglois vous attendront.
Ce conseil plut fort au roi de France, et il commanda qu'il en fut fait comme le Moine l'avait dit. Si chevauchèrent les deux maréchaux, les uns devant les autres derrière, en disant et en commandant aux bannerets: " Arrêtez bannières, de par le Roi, au nom de Dieu et de monseigneur saint Denis! " Ceux qui étaient les premiers s'arrêtèrent à cette ordonnance, mais non les derniers qui chevauchaient toujours plus avant. Et ils disaient qu'ils ne s'arrêteraient point jusqu'à ce qu'ils fussent aussi avancés que les premiers. Et quand les premiers virent qu'ils les approchaient, ils chevauchèrent en avant. Ainsi et par grand orgueil survint cette affaire, car chacun voulait dépasser son compagnon. Et jamais ne put le vaillant chevalier faire entendre ou croire sa parole, dont il arriva grand mal, comme vous ouïrez présentement.
Et ni le roi ni ses maréchaux ne purent être maître de leurs gens; car il y avait la si grand nombre de grands seigneurs que chacun par envie voulait montrer sa puissance. Ainsi chevauchaient en cet état, sans ordres et sans commandement, si avant qu'ils approchèrent des ennemis et les virent en leur présence. Or ce fut grand blâme pour les premiers, et mieux leur eût valu s'être arrêtés à l'ordonnance que faire ce qu'ils firent.
Car sitôt qu'ils virent leur ennemi ils reculèrent tout à coup, si fort en désordre, que ceux qui étaient derrière s'en ébaubirent et crurent que les premiers combattaient et étaient déjà déconfits. Et quand ils crurent approcher des ennemis, à trois lieues de loin ils tirèrent leurs épées et crièrent: " à la mort à la mort " et ils ne voyaient personne. Il n'est aucun homme qu'il fut présent à cette journée ou qu'il ait eu le loisir d'aviser ou d'imaginer toute la besogne ainsi qu'elle alla, qui en ait su ni pu imaginer la vérité, surtout du côté des Français, tant il y eut pauvre ordre en leur ordonnance. Les Anglais qui étaient ordonnés en trois batailles et qui étaient bellement assis à terre, aussitôt qu'ils virent les Français approcher, se levèrent tranquillement sans nul effroi, et se rangèrent en leurs batailles, celle du Prince tout devant, avec les archers placés en manière de herse, et les gens d'armes au fond de leur bataille. Le Comte d'Arundel et le Comte de Northampton avec leur bataille, qui était la seconde, s'y tenaient bien ordonnément tout prêt et instruits pour soutenir le Prince, si besoin en était.
Vous devez savoir que les seigneurs, rois et ducs, comtes et barons Français ne vinrent pas là tous ensemble, mais l'un devant l'autre derrière, sans règle ni ordonnance. Quand le roi Philippe vint jusqu'à la place ou les Anglais étaient, et qu'ils les vit, le sang lui bouillit dans les veines, car il les haïssait, et il ne se put retenir de combattre, et il dit à ses maréchaux: "faites passer nos Génois devant et commencer la bataille " Si il y avait environ quinze mille de ces arbalétriers qui eussent autant aimé ne pas commencer la bataille, car ils étaient rudement lassés et fatigués après avoir fait à pied plus de six lieues, tout armé et en portant leurs arbalètes. Ils dirent donc à leur connétable qu'ils n'étaient pas bien préparés pour grands exploits. Ces paroles volèrent jusqu'au Comte d'Alençon qui en fut durement courroucé et dit " on se doit bien charger de telle ribaudaille qui manque au plus grand besoin ".
Pendant ces paroles il descendit du ciel une pluie si grosse et si serrée que ce fut merveille, avec un tonnerre et des éclairs grands et terribles. Un instant avant cette pluie, en dessus des batailles, et autant d'un côté que de l'autre, avaient volé une foule de corbeaux sans nombre, qui menaient le plus grand bruit. Et disait un sage chevalier que c'était signe d'une grande effusion de sang. Après tout cela, l'air commença à s'éclaircir et le soleil à luire beau et clair, et les Français l'avaient tout droit dans les yeux et les Anglais dans le dos. Quand les Génois furent assemblés et qu'ils durent approcher l'ennemi, ils se mirent à crier si haut que ce fut merveille, pour troubler les Anglais; qui restèrent cois sans bouger, une seconde fois ils crièrent et marchèrent un peu en avant et les Anglais restèrent sans bouger de leur place. Une troisième fois ils crièrent et partant en avant, ils tendirent leurs arbalètes et se mirent à tirer. Mais quand les archers Anglais virent cette ordonnance ils firent un pas en avant et puis firent voler leurs flèches de la belle façon, qui descendirent si dru sur les Génois qui n'avaient point appris à connaitre de tels archers, quand ils sentirent ces flèches qui leur perçaient bras, têtes et lèvres, furent tantôt déconfits. Et plusieurs d'entre eux coupèrent les cordes à leurs arcs et d'autres les jetèrent par terre et se mirent à reculer.
Mais il y avait une épaisse haie de gens d'armes montés et parés richement, qui regardaient la situation des Génois, si bien que lorsqu'ils crurent s'enfuir, ils ne le purent. Car le roi de France, grandement mécontent quand il vit qu'ils étaient déconfits, commanda et dit: " or tôt tuez toute cette ribaudaille, ils nous embarrassent et tiennent la voie sans raison. " La vous auriez vu des gens d'armes s'engager parmi eux, les frapper et occire. Et toujours tiraient les Anglais vigoureusement au plus fort de la presse, et ne perdaient aucuns de leurs coups; car ils empalaient et frappaient à travers le corps et les membres, chevaux et gens d'armes, qui tombaient là et trébuchaient à grand peine et ne pouvaient être relevés. Ainsi commença la bataille de Crécy en Ponthieu. M de V
dimanche 16 avril 2017
Foires et jours de Marchés
Rues et ruelles sont dans la vie de tout les jours très animées, mais selon la taille de la cité, nous pouvons avoir de 1 à 4 marchés par semaines, il en va de même pour les foires, de une à quatre par an.
La cité se transforme alors en ruche, beaucoup de gens entrent et sortent de la ville, les paysans viennent vendre leurs produits, bûcherons et charbonniers achètent de l'outillage qu'ils ne peuvent confectionner eux même, le meunier s'offre une pièce de drap, un tonneau.
Les citadins, comme ceux qui résident hors les murs, ont besoin de sel, de pots à cuire et autres babioles de la vie de tout les jours.
Ils sont la aussi pour les ragots et les nouvelles, conclure des échanges et parler "bien sur" impôts et redevances, la plus part ne sachant ni lire, ni écrire les informations se transmettent de bouches à oreilles.
Lors des Foires, qui durent plusieurs jours, des marchands itinérants viennent proposer les produits rares et chers: des "Espiceries", fil, tissu, métaux en barres, drogues, voir même des confitures du miel.
Pour l'ouverture de ces manifestations commerciales qu'étaient les foires, le Seigneur du lieu ou les Echevins de la ville, devaient offrir à ces Merciers et Epiciers itinérants, du pain blanc, une pipe de vin, (la pipe = 400 litre), une livre de poivre, une tresse d'ail, et un boeuf.
Il s'ensuit une joyeuse procession dans les rues, avec force Menestereulx (musiciens), qui vous tympanisent à grand renfort de trompes, tambours et autres instruments.
Le Boeuf en tête du cortège, parade, avec rubans dans les cornes et une serge de couleurs sur le dos, de temps à autre le cortège s'arrête pour qu'un Hérault à forte voix publie les ordonnances de la foire.
Le défilé se termine à l'endroit ou le boeuf sera tué et débité en quartiers pour alimenter le banquet d'ouverture. C'est également la ville qui fournira le boucher, le cuisinier et les servants, pour préparer les mets et servir les convives.
Ils sont tenus également de prêter les pots à cuire la vaisselle, ainsi que le bois et le sel.En échange nos marchands doivent déballer et étaler leurs produits pour la durée de cette foire.
PS: de ces foires et marchés les enfants font leurs terrains de jeu, les étals les tenues bigarrées, les processions de marchands et la diversité des chalands venus acheter ou commercer ne peut que les émerveiller, de ces enfants il faut dire un mot ! Tout d'abord abandonner les idées reçues, comme l'absence de sentiments des parents pour leurs enfants au Moyen âge.
Malgré des conditions de vie difficiles, la majorité des enfants dans leurs familles sont choyés, ils font l'objet d'affection à l'école, au monastère, comme apprenti chez un patron, dans la rue, aux champs ou page chez un seigneur et l'éducation soignée à la mesure bien sur des moyens de chacun.
La forte mortalité s'explique par la malnutrition, ou l'hygiène selon les cas, puis l'absence de médecine efficace. La Dysenterie et la fièvre sont les deux principaux fléaux qui touchent les nourrissons, auxquels il faut ajouter les épidémies, les famines et l'insécurité.
Il existe deux paliers de forte mortalité de 0 à 3 mois, puis entre 3 et 10 ans s'il passe ce cap il a de fortes chances de vivre vieux, toutes proportions gardées bien sur !! M de V
vendredi 14 avril 2017
La Bataille Navale de l' Ecluse
C'est en Juin 1340 que va avoir lieu la plus grande bataille navale du Moyen âge, la France jusqu'à ce jour du 24 juin détenait la suprématie sur les océans.
Les Anglais en savent quelque chose, les raids que la flotte Française effectue sur les côtes d'Albion font des ravages, notamment à Southampton peu de temps avant l'affaire qui nous occupe.
La flotte Française se compose de 200 Navires à voiles, dont le Christophe (prise de guerre Anglaise), 12 barges de transport et 30 galères et dromons. Les Anglais disposaient d'autant de vaisseaux, mais pas dans des proportions similaires, ils étaient tous à voiles.
Il y eut selon Froissart 12000 morts, pour une bataille qui dura selon ses sources, de l'heure de prime jusqu'à vespre ( du matin au soir).
Ce fut un carnage pour la France et la cause première de cette hécatombe fut d'avoir deux chefs pour commander au combat.
L'Amiral Hue Kieret, homme compétent, connaissant bien la mer et qui avait fait de nombreuses incursions avec ses navires sur le territoire Anglais, et Bahuchet, qui lui ne connaissait rien à rien en combat naval, étant trésorier de la Couronne.
L'Amiral Hue Kieret, homme compétent, connaissant bien la mer et qui avait fait de nombreuses incursions avec ses navires sur le territoire Anglais, et Bahuchet, qui lui ne connaissait rien à rien en combat naval, étant trésorier de la Couronne.
Si au moins comme nous dit le Général Weygand ils avaient eut la présence d'esprit de séparer les navires et les hommes en deux escadres, de façon à se soutenir l'un l'autre, mais non!!! Ils décident de commander sur le même vaisseau.
Le tertium quid était Barbanera, qui commandait les galères Génoises, il n'était pas d'accord avec les dispositions prises par les Français, mais ne fut pas écouté, c'était un mercenaire.
Le tertium quid était Barbanera, qui commandait les galères Génoises, il n'était pas d'accord avec les dispositions prises par les Français, mais ne fut pas écouté, c'était un mercenaire.
Deuxième erreur ils décident de rester prés de la côte, dans une anse resserrée à l'embouchure de la Swin, ce qui annulait leur supériorité numérique.
Troisième erreur et de loin la plus stupide, ils décident d'enchaîner plusieurs de leurs navires pour "on suppose",créer un front qui empêcherait les Anglais d'aller vers Bruges ??? Mais cela annulait toute possibilité de manoeuvre. Barbanera va se tenir à l'écart de cette folie ses galères avaient besoin d'espace pour manœuvrer.
PS: Les Français qui étaient la furent déconfit, seule une trentaine de vaisseaux se sortiront de ce piège, quand aux hommes ils périrent soit tués soit noyés....M de V
Inscription à :
Articles (Atom)