Afin de rompre avec la monotonie du rythme de travail quotidien et de la rigueur des normes sociales, la Fête occupait au Moyen âge de nombreux jours
chômés. Si les longues journées sont consacrées au labeur de la pique du jour au coucher du soleil, l'homme médiéval n'en pratique pas moins la détente et le divertissement....et plutôt deux fois qu'une !!
Le temps passé dans les ateliers et échoppes varie en fonction des corporations de métiers, l'activité nocturne y est interdite sauf dérogation (voir article), les travaux des champs quand à eux sont dictés par les saisons et la météo !
Fêtes et loisirs sont réservés aux jours chômés pour toutes les corporations, du manoeuvrier à l'artisan, il en va de même pour le paysan ainsi que le journalier louant ses bras !. Nous parlons ici des Vilains bien sûr !!...le Gentil ou Gentilhomme de Noblesse n'est pas concerné !
Nota :Pour sûr !, pas de comparaison possible pour le noble c'est " jours chômés tout le temps " mordious !, ça se permet de s'trantoler et ripailler à longueur d'années tout en pressurant l'manant !...je sais pas vous ?..mais cela me rappelle quelqu'un..il vit à la capitale, porte des super costards et pressure, lui aussi, autant comme autant l'manant...bref rien ne change !!!!
Si les loisirs sont l'apanage de la Noblesse, les grandes fêtes lithurgiques par contre s'imposent à tous comme des "
jours chômés ". Ne pas les respecter est passible de sanctions. Le repos Dominical (dimanche), est instauré dès le
X siècle, comme étant un jour de relâche et de prière !
Or donc si l'interdiction de travailler était modulée en fonction de la profession, les occasions ne manquaient pas à l'artisan pour interrompre son boulot ..loin s'en faut !!. L'homme médiéval en général est un joyeux fêtard et un évenement quel qu'il fut, procurait au citadin le moyen de se divertir à la première occasion, même aux dépends du chaland de passage qui recevrait, sur la tête malencontreusement, dans sa ruelle, le contenu d'un vase de nuit !!!
Dans le "
livre des métiers ", d'Etienne Boileau, en 1268 (
voir article), nous trouvons pas moins de 120 statuts de corporations à Paris. On y apprend que pour obéir aux réglements ecclésiastiques les ateliers de la cité observaient "
les vigiles ", c'est à dire que la veille du Dimanche et des grandes fêtes, on s'abstenait de travailler ou on finissait plus tôt, par exemple : les charpentiers finissaient à 15 heures le samedi, mais étaient libres dès 8 heures du matin la veille des grandes fêtes comme Pentecôte, assomption etc...
Il y avait des dérogations hein !!, le Barbier (voir article) pouvait pratiquer la saignée même le dimanche ( CHU médiéval ), et le Sellier pouvait réparer le harnais d'un cheval ( Norauto médiéval )....bref les Urgences quoi !!!
Les Boulangers (
Talmeliers ) ont une impressionnante liste de jours de repos !!, des demi journées chômées la veille du dimanche et des grandes fêtes, puis les fêtes patronales et paroissiales, mais aussi les enterrements dans leur corporation (
voir article), les baptêmes et communions. Bref toutes corporations confondues, l'homme médiéval bénéficiait d'un total en jours chômés qui oscillait entre
120 et
170 jours par an et selon les régions !
Citons un autre exemple assez particulier, la corporation des Fileurs d'Archal (de Laiton), bénéficiaient de 171 jours chômés tout compris, mais la spécificité de cette profession c'est qu'ils avaient un mois de vacances chaque année en août ???..à ma connaissance, en tant que copiste Nain, c'est la seule profession que je connaisse, à avoir un mois de vacances
Il semble loisible de croire qu'en exigeant de célébrer autant de fêtes religieuses, nos ecclésiastiques cherchaient davantage à libérer du temps pour que ses fidèles puissent se consacrer à prier Dieu, plutôt qu'aux loisirs et distractions, sources de toutes les dépravations selon le clergé !!. Avec les jeux de Hazard (voir article), la prostitution (voir article), les lieux de plaisirs tel que les Estuves (voir article) étaient fréquentés, aussi bien par le manant, le bourgeois et le seigneur, ces établissements étaient fermés le dimanche et les jours de fêtes !!, pour éviter qu'ils ne deviennent trop fréquentés par " filles folieuses exerçant la putacerie "
Selon Etienne de Fougères dans son "
livre de manières ", qui nous brosse un portrait laborieux du Paysan (
voir article), qui " moult à peine au meilleur jour de la semaine ", entre semailles, fauchage, récolte et tonte des brebis, sans oublier les corvées (
voir article). Qui au moment des plus fortes chaleurs du jour chôme !
C'est à dire qu'il se prend un temps de repos, ce terme vient du latin " calamare : rester sous le chaume " d'ou dérive le sens de cessation de travail qu'on lui donne !. Pour le paysan aussi le dimanche, les fêtes religieuses et la morte saison procurent du répis
Les villageois, du rustique grattant la glèbe, au boutiquier du hameau, en passant par le tavernier et le maréchal ferrant pratiquent l'art du combat au bâton (voir article), mais surtout ils affectionnent la Soule (voir article), compétition violente ou l'on se dispute une grosse balle de foin ou de paille recouverte d'une peau !
Le plus souvent pour que le match soit plus " festif ", les deux équipes sont de deux hameaux différents !!...on a toujours quelque chose, ou un compte à régler avec le village d'à côté c'est bien connu !!, et moult curés de paroisses de l'époque se plaignent des débordements et des blessures dues aux parties de Soule !
Les fêtes épiscopales fixées par la lithurgie de nos bons curés, apportaient aux paysans et journaliers, bon an mal an, entre
50 et
80 jours chômés selon les régions. Ils étaient plus mal servis que les citadins !, vous me direz qu'ils avaient l'hiver !. Cette croyance que l'hiver notre paysan ne fait rien est encore dans nos mérangeoises à notre époque contemporaine !....rien de plus faux ! le paysan l'hiver pratique le boisillage pour alimenter sa cheminée, puis il fait mille et un petit métiers à facons dont il revend le produit, lui permettant de mettre un peu de lard dans la soupe journalière, outillage, poterie, vannerie, petit travail du cuir etc !!!
Loin de ces préocupations bassement matérialistes les nobles eux ne comptent point leurs temps de loisirs s'adonnant à tous les plaisirs qui se rapportent aux lectures de romans de la société courtoise et de l'amour courtois (voir article) ces codex contiennent de nombreuses descriptions de fêtes, de tournois et de joutes auxquelles ils se conforment en tout point !
Au XIII siècle le Trouvère (Nord de la France), Jean Renart relate dans son " Galeran " l'éducation d'un jeune de haut lignage, les armes (voir article), la chasse et l'oisellerie (voir article), et l'art des Echecs (voir article). Mais aussi la musique, notre jouvenceau doit marquer son rang par sa connaissance des subtiles inventions des Troubadours (Sud de la France), ainsi que les prouesses des jongleurs et menestrels (voir article)
PS: dans le prochain article nous parlerons des Carnavals au moyen âge c'était pas triste !!! M de V