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dimanche 6 mai 2018

N°160) Le Poisson des jours Maigres au moyen âge

La nourriture des jours maigres, c'est à partir du XII siècle que la consommation de poisson de mer, tel que harengs, Morues, Merlus et Saumons s'accroît régulièrement au détriment des poissons d'eau douce, tel que Perches, Carpes, Anguilles et Brochets, qui peuplent lacs et rivières, ainsi que les étangs et les viviers créés par l'homme.

Les grands centres urbains comme les cités capitales de Duchés ou de Comtés, les villes et gros bourgs, éloignés des côtes maritimes ont organisé des circuits de ravitaillement en poisson marin, de façon à pallier une éventuelle rupture de l'approvisionnement en poisson d'eau douce

Cet investissement, primordial en valait la peine !! Il faut tenir compte à cette époque du nombre fort élevé des " jours maigres " ( 200 jours par an) ou la viande est proscrite des tables par l'église, toutes les couches de la société médiévale consomment obligatoirement du poisson !! que vous aimiez ou pas fallait se conformer aux règles religieuses

Pour la conservation et le transport sur de longues distances de cet aliment très périssable, on avait recours d'une part au séchage ( à l'air libre et au soleil si possible), que l'on remplaçait pour les poissons gras comme le hareng par le salage et le fumage








Prenons le hareng, inépuisable ressource alimentaire au moyen âge, pour les jours d'abstinence, au départ ils seront pêchés au plus près des côtes, que les bancs longent au printemps, pour être rapidement débarqués, afin d'être salés (harengs blancs), ou fumés (harengs saurs), que l'on conserve ainsi plusieurs mois.

Mais ces techniques ne parviendront pas à satisfaire une demande toujours croissante ! Donnons quelques chiffres, la France est peuplée d'environ 16 millions d'âmes au XIV siècle, et si on multiplie ce chiffre par le nombre approximatif de 200 jours maigres par an !!! Je vous laisse imaginer la quantité de poisson, surtout en tenant compte des techniques de pêche du moyen âge.








Il faut attendre l'an 1350 et la mise au point d'un procédé innovant, que l'on attribue à un patron pêcheur Hollandais, les " Harengs Caqués ", permettant de porter à une année la date limite de consommation.

Le Caquage consiste à préparer le poisson à bord du navire, de le vider, puis de le tasser dans des tonneaux en alternance avec des couches de sel. Alors se produit une réaction chimique que l'on nomme la Saumure

Les poissons baignent dedans, les protégeant de la contamination bactérienne, ce qui présentait un autre avantage!, celui de moins dessécher la chair de nos harengs !!!!







Autre avantage, cela permettait également d'aller chercher le poisson en haute mer ! , ce qui évitait de longs et coûteux allers retours sur la terre ferme pour la préparation des harengs


Rappelons ici l'importance capitale du sel, comme ingrédient de conservation du poisson, mais aussi de la viande, des légumes et des fromages !!!!

A cette époque, marais salants de l'Atlantique et salins de Provence, puits salés de franche Comté et mines de sel sont exploitées intensivement.

Les acheteurs de cette denrée vitale seront captifs de cet incontournable produit, car le sel ne tarde pas à devenir le support d'un impôt particulièrement injuste la gabelle qui pèsera lourdement sur le peuple !!! Nos dirigeants, qu'ils soient rois ou présidents ont toujours su plumer les pauvres gens !!!!

D'autres espèces seront pêchées en grande quantités, avec des procédés de conservation différents, c'est le cas de la morue, qui lorsqu'elle est séchée est rebaptisée " Stockfish ", car elle devient alors aussi dure que le bois (stoc en Néerlandais).








Le Mesnagier de Paris, livre rédigé au XIV siècle en fait état je cite: qu'icelle morue et seichée à l'air libre et au soleil et de ce fait nommée " stofix ", et que quand on veut la manger il convient de la battre à l'aide d'un maillet de bois bien au moins pendant un heure !!!

On peut citer les Merlus pêchés au large du cap Sizun à la pointe de la Bretagne. La capture ne s'étendant que sur la période du printemps, un Pape ira jusqu'à autoriser les pêcheurs de la région à travailler le dimanche, car chaque jour compte !!!!!!

Après séchage les merlus seront commercialisés jusque dans le sud ouest du pays. Les ports Provençaux quand à eux puiseront en Méditerranée de quoi exporter du Thon salé, des barils d'Anchois et des tonneaux de sardines.








Nous ne pouvons clore cet article sans parler des abondantes richesse tirées d'un animal qui n'est pas un poisson, la Baleine, la forte densité de sa présence dans le golfe de Gascogne, va faire la fortune des ports de la côte basque et notamment de Biarritz tout au long du Moyen âge !!

Au mois de septembre, l'observation des panaches de vapeurs des cétacés annonçait leur arrivée, aussitôt rameurs et harponneurs se précipitaient au port, mettaient les embarcations à la mer, car la capture d'une seule baleine était la garantie de tonnes de viandes, mais aussi de graisse et de lard ( le craspois).



PS: il est certain que ceux qui n'aimaient pas le poisson au moyen âge étaient gros jean...comme devant, car à cette époque on ne plaisantait pas avec les consignes des ecclésiastiques, moi même je dois dire que je préfère le poisson dans la mer que dans mon assiette M de V

samedi 5 mai 2018

Les Voyageurs d'Espagne au Moyen âge

Des silhouettes étrangères que l'on rencontre au hasard des chemins menant aux royaumes d'Espagne, ont franchi les Pyrénées, soit en marchant et priant pour pèlerinage, soit en pénitence, ou par décision de justice comme pénitence judiciaire, ceux ci font ce voyage le plus souvent à pied, voir même pour certains pieds nus !!!


D'autres seront à cheval, allant à la rencontre de souverains en tant ambassadeurs, d'autres ayant contrats comme bâtisseurs, qu'ils soient maçons, charpentiers, verriers ou maîtres d'oeuvres etc ..

Puis des touristes, qui sont déjà quoiqu'on en dise fort nombreux au XV siècle, parmi tous ces gens d'horizons et conditions diverses, certains laisseront des observations, sous forme de notes ou d'écrits, relatant leurs périples.

Les plus connus, si ce n'est les plus nombreux seront les pèlerins de Saint jacques de Compostelle, venus dès le X siècle, depuis le Puy en Velay pour l'évêque Gotschalk, le Rouergue pour le Comte Hugues. Puis ce fut un flot continu d'individus, parmi les plus connus, le comte d'Angoulême, le Duc Guillaume X d'Aquitaine, le Roi Louis VII le jeune et le très connu Jean de Joinville en 1254 au retour de sa croisade en terre sainte!







Le plus célèbre observateur, des pays Espagnols traversés des Pyrénées à Compostelle, reste le prêtre de Parthenay en Poitou, Aimery Picard, au milieu du XII siècle, pour son fameux guide du pèlerin ( bien que de nombreux médiévistes actuels doutent qu'il fut écrit de sa main)

Ses descriptions des Basques et des Navarrais qu'il décrit sont bien connues, on est sur au moins d'une chose c'est qu'il aurait au moins rédigé une partie de ce fameux guide du pèlerin.

Après le prêtre du XII siècle, on trouve quelques pages savoureuses du chroniqueur Jean Froissart, ou se trouvent décrits le soleil, la soif et la rudesse des gens de ces pays d'Espagne. Il ne s'y rendit jamais lui même, mais comme à son habitude il raconte au travers des gens qui si sont rendus, comme ces Béarnais partis guerroyer pour le compte d'Henri de Trastamare au milieu du XIV siècle, dans les rangs des grandes compagnies menées par Du Guesclin

Il faut attendre ensuite le XV siècle pour lire des récits de pèlerinages et d'autres observations sur les Espagnol, par des gens venus du nord qui entrent dans la péninsule Ibérique, personnes d'Europe centrale ou d'Angleterre le plus souvent. On peut citer la fameuse pleurnicheuse, Marjory Kemp et les emportements mystiques qu'elle dicte à son chapelain 1417








De 1465 à 1467, le comte Léon Pozmital et quelques jeunes écuyers et chevaliers, vont en pèlerinage à Compostelle, ces seigneurs Tchèques on laissé un récit de leur périple, de leur passage et du séjour au Portugal, d'une étape à Burgos, puis de la nécessité de se rendre au monastère de Guadalupe pour y laisser au soins des bons frères plusieurs de leurs malades

Relatant également la profondeur de leur croyance et leur émerveillement à l'arrivée à Compostelle,et de leur recueillement sur la tombe de Saint Jacques et de pouvoir toucher une relique, le bout du bâton du saint

Ensuite viennent les écrits de Nicolas Popplau, gentilhomme de Breslau 1483-1486, Touriste des cours européennes, sans but religieux, mais dans un souci d'observation politique de celles ci !!. Parlant de la difficulté de trouver des auberges, de leurs chambres surchargées, toutes étant communes et bruyantes !!








Suivra le récit de Jérôme Müzner qui fuyant la peste de 1484, puis celle de 1495, visite l'Europe dont l'Espagne dans l'année 1495.

Cet humaniste laisse des écrits dans la langue des doctes!, c'est à dire le Latin, décrivant plantes et jardins, ainsi que l'architecture des villes ou il passe et des auberges ou il descend. Il nous parle des systèmes d'irrigation de Valence et de Grenade, des arbres fruitiers et du fameux jardin avec bassin et jets d'eau du Cardinal Mendoza à Guadalajara.

Quand aux rencontres des souverains, les rapports officiels des ambassadeurs se chargent de leurs descriptions, citons celle de Roger Machado, envoyé de Henri VII d'Angleterre en 1489, ou même muni d'un sauf conduit, le voyage fut loin d'être une partie de plaisir.


PS: On peut donc conclure que les royaumes d'Espagne sont fort sollicités à la fin de l'époque médiévale, c'est du moins ce que l'on retire du livre de Béatrice Leroy et des infos de la BNF sur l'Espagne des voyageurs M de V










vendredi 4 mai 2018

La Révolution manquée du XIV siècle 1354-1358

Il me semble intéressant de voir la révolution manquée du XIV siècle 1354-1358 à travers l'opinion de FT Perrens, qui naquit 33 ans après celle de 1789 !!!

Selon Perrens, il n'y a pas de meilleure façon de juger les événements de l'histoire que d'en faire le récit impartial, et si l'historien expose, en outre, à mesure les motifs de son sentiment, ou s'il cherche à prouver qu'il n'a pas eu tord de se ranger à telle ou telle opinion, puis suivi l'autorité de tel auteur plutôt que tel autre ? Il ne fait que donner une autre opinion, ce que tout lecteur est en droit d'exiger !! La révolution Bourgeoise du XIV siècle, est bien connue de ceux qui les premiers, l'ont écrite et en ont rassemblé les matériaux. Perrens dit: s'ils se trompent dans leurs conclusions, c'est qu'ils n'ont appliqué leurs soins qu'à débrouiller nos vieux manuscrits

Ce républicain pur jus, fier de sa toute fraîche saga révolutionnaire de 1789, enfonce le clou en ajoutant: il y a une raison à l'insuffisance de nos premiers historiens, c'est que dans la paix menaçante ou le pouvoir absolu les fit vivre, ils n'eurent ni l'expérience des révolutions, ni le désir de liberté! ....je me gausse, il est vrai que celle de 1789 fut un exemple PTDR !!!!!!

Sans oublier que la révolution a tellement détruit d'archives de notre histoire que nous sommes obligés souvent d'aller chercher nos sources en Angleterre...eux aussi pourtant ont eu leurs petites révolutions, mais ils ne furent pas assez stupides pour détruire leurs archives  m'enfin !!!!!!








Cet échevin a par une anticipation étrange, voulu et tenté des choses semblant n'appartenir qu'aux révolutions les plus modernes.

Dans les trois années sur lesquelles domine Etienne Marcel, il vécut et mourut pour une idée, ...celle de précipiter par la force des masses roturières, l'oeuvre de nivellement graduel commencée par les rois!!

Mais ce fut son malheur et son crime d'avoir des convictions impitoyables! A une fougue Tribun qui ne recule pas devant le meurtre, il joignait l'instinct organisateur

Il laisse à Paris des institutions fortes, de grands ouvrages et un nom qui deux siècles après lui, ses descendants porteront avec orgueil comme un titre de noblesse









Marcel était un homme de pratique plutôt que de théorie, qui fut poussé par les circonstances!! Il est sur que ce qu'il voulait en 1355 ne ressemble guère à ce qu'il voulait en 1356, et fort différent de ce qu'il tenta d'accomplir en 1358

Après Poitiers il ne prétendait pas plus que tous les Bourgeois, qu'ils fussent des temps antérieurs ou du sien. Il voulait réformer les plus criants abus et à ses yeux cela commençait par une intervention fréquente des états, c'était pour lui le moyen de parvenir à surveiller l'administration, les finances et appliquer au royaume des règles de justice équitable, de gestion économe, ce qui faisait la prospérité des communes Flamandes et des villes d'Allemagne. Marcel se trouvait face à des nobles, avilis par leur fuite à Poitiers, incapables d'imaginer ou de préparer des réformes et encore moins disposés à les accomplir. Lui cherchait à créer une confédération des villes dont Paris eut été l'âme et le Roi ou le Régent le chef nominal.








En 1357-58 quand les difficultés se font sentir, que la situation est compromise et bientôt désespérée, leur but reste le même et pour l'atteindre imagineront les plus fâcheux expédients, fermant les yeux sur la volonté générale pour imposer la leur, s'arrogeant ainsi une dictature bientôt exécrée, alors qu'ils voulaient mettre fin à la dictature des rois !!

Je ne sais s'il faudrait défendre Etienne Marcel,comme d'un crime, d'avoir été ambitieux, car l'ambition chez les hommes honnêtes, n'est, au fond, que le sentiment de leur supériorité et du bien qu'ils peuvent faire en prenant la place qui leur est due !! (vous constatez que comme il est révolutionnaire il est de fait honnête et supérieur Pffff sa théorie décoiffe !!!) par ma barbe j'en reste pantois !!!!








Puis il se reprend en disant: nous n'avons garde de présenter Etienne Marcel comme un homme irréprochable (diantre!!), tel qu'il est, tel que nous le montre l'histoire, dégagée de ses injustices et séculaires préventions, il est un des réformateur dont l'esprit puissant hâtait la fin du moyen âge (sur qu'ils ont tout fait pour !!), et entrevoyait pour les peuples un avenir préférable au régime féodal.


Ne voulut on le considérer que comme chef de la municipalité de la ville de Paris, il est l'un des Prévôts de marchands qui ont fait le plus pour le progrès, la grandeur et la richesse de la ville de Paris (si je crois pas celle la tu m'en raconte une autre !!!),

Son nom, un moment méconnu durant la réaction sanglante qui suivit sa mort, ne tarda pas à être honorée de nouveau par l'opinion publique, en 1413 Jean Marcel, un de ses descendant sera nommé échevin.


PS: Ouf c'est bien pour vous donner du grain à moudre, car la propagande républicaine c'est pas facile à supporter M de V

jeudi 3 mai 2018

Les épidémies: le Feu Sacré, la Peste, la Suéte

Sous la plume des Chroniqueurs, les épidémies du moyen âge reçoivent le plus souvent le nom de peste, ce qui est compréhensible, quand on sait que même les médecins de l'époque ne savaient pas très bien eux même ou ils en étaient.


Se contentant souvent de pérorer en Latin, pour cacher leur parfaite incompétence dans ce domaine, ou bien cherchant la sources de tous ces maux dans les étoiles !!

Il y a néanmoins trois fléaux qui se distinguent des autres, par la netteté des symptômes ou la violence des effets. Au XI siècle une maladie terrible, dont les contemporains retracent les effrayants ravages en France et en Italie:

Le Feu Sacré (Ignis plaga- Ignis sacer), il attaque les membres, les consumant, les détachant du corps, sorte de gangrène spontanée, s'étendant à un grand nombre  de personnes de tout sexe et de tout âge

Les symptômes: sous une peau livide, ce mal ronge les chairs, les patients sont d'abord saisis d'un sentiment de froid intense, puis surviennent des chaleurs intolérables, cette affection paraît sans remède, une question se pose, faut il distinguer le "Feu Sacré" de cette autre épidémie le "Mal des Ardents" ???? moi je ne saurait le dire n'étant pas médecin !!!









La Peste: au XIV siècle franchit les montagnes ou est apportée dans les cales des navires marchands, l'Europe voit apparaître la terrible faucheuse d'hommes, qui traversera aussi le bras de mer pour envahir également l'Angleterre l'écosse et l'Irlande, je ne m'étendrait pas sur le sujet ayant déjà fait un article sur celle de 1348-1349.

Des littérateurs, des historiens (Boccace, Villani, Guillaume de Nangis ou des médecins comme Guy de Chauliac), retracent la marche, la gravité et l'étendue de cette maladie.

Certains symptômes la caractérise, tâches charbonneuses, bubons et prostration. Selon Boccace, "elle se propage comme feu sur bois sec", Pétrarque s'écrie " vit on jamais de semblables désastres", villes abandonnées, voies publiques couverte de cadavres

Je l'ai noté dans mon article !!! mais au plus fort de l'épidémie on comptait dans la ville de Paris 800 morts par jours ce qui est énorme

Des régions seront plus touchées que d'autres car la peste s'y installait semblant se plaire dans cet endroit y restant de longs mois voir deux années !!

L'Europe sera sévèrement ravagée parla peste noire de 1348-1349








Au XV siècle, l'Angleterre va être atteinte d'une maladie nouvelle, une fièvre pernicieuse qui ne tarde à se répandre à Londres et dans le reste de l'île ensuite, pour plus tard se répandre aussi chez nous.

Les attaques sont foudroyantes, on y succombe parfois en deux heures; au bout de vingt quatre heures on est soit mort ou hors de danger !!

Cette maladie se signale par des frissons, le délire, une soif ardente, un feu intérieur dévorant, une sueur abondante est fétide !!

Lors de sa première apparition le mal atteint exclusivement l'Angleterre, d'ou le nom  employé de Suette Anglaise, la convalescence est longue (s'il y en a une !!!), accompagnée de dysenteries.

Contrairement aux autre épidémies, la suette attaque de préférence les individus robustes, biens portants et jeunes et délaisse faibles enfants et vieillards

Il est facile de concevoir que ces affections contagieuses de toutes natures impressionnent profondément les populations

Au XIV siècle la faculté de médecine de Paris consultée par le Roi sur l'origine de la terrible épidémie de Peste, répond qu'elle est due à une disposition défavorables des constellations célestes, même un Guy de Chauliac ne s'exprime pas autrement, l'agent de peste est du pour lui à une mauvaise disposition des trois corps supérieurs Saturne, Jupiter et Mars !!!


PS: ces croyances naïves avaient au moins le mérite d'êtres inoffensives !!!!, mais sous l'influence de la terreur, on chercha des causes moins éloignées du mal, on en viendra vite à accuser certaines catégories d'habitants. Vous savez comme moi que de l'accusation au crime le chemin est pentu et rapide M de V

mercredi 2 mai 2018

La Lèpre et les Lèproseries

La lèpre cette affection si terrible, qui détruit si lentement le corps humain, avant de lui enlever la vie est aussi ancienne que l'humanité. Les Egyptiens de l'antiquité en étaient déjà atteints.

Toutes les nations attribuent à ce mal un caractère contagieux voir même héréditaire, chez les écossais la crainte est telle, que d'après certains auteurs, toute femme lèpreuse devenue mère doit être brûlée avec son enfant !!!

Toutefois, si ces malheureux nommés, lèpreux, Ladres, Mezel, Meseaux, etc, deviennent pour nos ancêtres un objet d'horreur, ils sont aussi un objet constant de pitié.

Partout des âmes charitables leur vouent une tendresse particulière, cherchant à adoucir leurs douleurs et les épreuves qu'ils subissent au quotidien.

La fondation de lèproseries se fait dès les premiers siècles de l'ère chrétienne, les conciles et les pouvoirs publics s'occupent d'assurer l'isolement des malades, on se contente dans un premier temps de huttes élevées, posées sur quatre poteaux, dans un champ, en dehors des agglomérations, mais proche d'une grande voie d'accès. Les lèpreux de ces fondations après leur décès y sont brûlés avec leurs habits et les menus objets qu'ils possédaient. Cette règle de brûler les Ladres à leurs morts se pratique dans tous les pays de l'Europe .







De bonne heure cependant les monastères affectent des maisons spéciales à l'internement des ladres. mais en général dans n'importe quelle région, dès qu'un tissu social se met en place, commence la construction de lèproseries, ladreries, meselleries, maladreries dont le but essentiel est la séquestration de ces malades.

Ces maisons, on l'a dit, sont dues à l'initiative des ordres monastiques, mais pas uniquement, les nobles, les grands seigneurs, des communautés d'habitants et parfois même sur l'initiative de simples particuliers!!

Le nombre de ces établissements est colossal, citons le testament de Louis VIII, qui lègue cent sols à chacune des 2000 maladreries de son royaume !!

Au milieu du XIV siècle, le diocèse de paris en compte pas moins de cinquante neuf ! En Angleterre et en écosse on compte cent quinze Hôpitaux de lèpreux et il en va de même dans toute l'Europe, avec des chiffres plus ou moins importants selon les pays !!








Il ne s'agit pas dans sa grande majorité de constructions imposantes, le plus souvent ce sont des établissements composés de trois parties distinctes, la chapelle et son cimetière, le bâtiment pour les personnes saines chargées de la direction et des soins et le ou les bâtiments des malades;

Un grand jardin leur est réservé, ou eux seuls peuvent le cultiver et en consommer les produits, il est séparé par un mur de la partie ou vivent les personnes saines. Ils élèvent également des porcs uniquement pour leurs besoins, et ceux ci ne peuvent en aucun cas être achetés par les bouchers des environs.

Les lèpreux disposent d'une cuisine distincte, local bien à eux avec les ustensiles réservés à leur usage uniquement, de plus les maladreries sont pourvues d'un puits destiné a l'usage des malades de la lèpre;

On trouve également des chambres consacrées aux malades de passage, parcourant les chemins et dotés de documents justifiant de leur moralité.

On peut même trouver dans certains de ces établissements des locaux susceptibles de détenir par mesure disciplinaire des ladres causant des troubles, sorte de prison temporaire !!









En résumé une lèproserie affecte dans la majorité des cas l'aspect d'une ferme, je généralise bien sur, qui se trouverait un peu à l'écart d'une agglomération, des habitations d'un Bourg ou d'une cité.

Mais en même temps cet établissement ne devait jamais se trouver éloigné des chemins de passages ou des carrefours ou le trafic est intense!

Car tout en séparant les lèpreux de la société humaine, pour cause de contagion, qui bien que lente n'en était pas moins existante, on ne désire nullement au moyen âge qu'ils soient oubliés!!

Or donc ces établissements sont donc exposés aux regards dans des lieux fréquentés, permettant aussi à ces malades d'avoir quelques commodités.

Car beaucoup de lèpreux continuaient à vaquer à leurs occupations, un grand nombre étaient itinérants allant de maladreries en lèproseries

PS: contrairement aux idées reçues s'ils étaient obligés de vivre à l'écart des gens sains, ils n'étaient pas pour autant dépossédés de leurs biens terrestres, cette maladie touchant toutes les couches sociales on trouvait des ladres nobles, bourgeois et commerçants, or donc dans bien des cas ils continuaient même de loin à gérer leurs biens M de V

Sources: BNF, histoire de la Charité L Lallemand

lundi 30 avril 2018

N°155) Les Prévôts des Cités Commentaire !

Pour être clair nous allons prendre Paris comme exemple, car dans une grande cité il y a deux prévôts !!

Celui du Roi, que l'on peut nommer Prévôt criminel, exerçant au Châtelet, chargé de l'autorité royale et de la police pour la ville.

Puis le Prévôt des Marchands, une prévôté Bourgeoise à l'administration paisible et subordonnée au Châtelet, bref un gouvernement de marchands et de pères de famille des cités, mais celui ci est complémentaire du premier.

Or donc ne confondons pas un Prévôt royal comme Etienne Boileau, qui au XIII siècle, codifia les métiers parisiens en rédigeant le livre des métiers (voir article), avec un illuminé comme Etienne Marcel qui au XIV siècle fomenta sa petite révolution Parisienne, en profitant de son titre et des prérogatives d'un Prévôt des marchands.







Les Prévôts débonnaires, auxquels Etienne Marcel a succédé n'étaient que des bourgeois confinés dans les affaires de leur commerce et de leur échevinage.

Ils s'occupaient d'assurer l'approvisionnement de la cité, le pavage des rues, l'établissement des fontaines, la police du port, répartir la taille, maintenir l'ordre en ville avec le concours et sous l'autorité du Châtelet. Exemple: en 1298, le prévôt des marchands et l'échevinage vont soumettre à l'arbitrage du prévôt royal la répartition d'un versement financier au roi, de cent mille livres, par les parisiens, ils demandent que les Templiers logeant en Paris et au demeurant fort riches prennent part à ce versement !!

Il faut dire que le Temple était exempt de toutes taxes ou impôts de quelque nature que ce soit, on ne peut pas dire qu'ils étaient en bon terme avec les bourgeois en empiétant sans cesse sur leurs prérogatives dans la cité.







La guerre de cent ans occupe tous les esprits, absorbe toutes les ressources et si la vie municipale n'est pas éteinte pendant cette période, elle est du moins étouffée par la politique et le fracas des armes.

Les bourgeois vont courber le dos, sentant venir l'orage, sachant fort bien qu'ils en subissent toujours le contrecoup, ils se font aussi modestes que possible, pour échapper aux réquisitions et aux tailles.

Or donc durant cette sombre période on ne trouvera que fort peu d'actes se rapportant aux deux Prévôts, Jehan Gencien et Hugues le Cocq, qui nous séparent de notre " Bout feu " d'Etienne Marcel !!








Notre Prévôt des marchands devenu homme politique, par le fait des malheurs du temps et encore plus par une ambition personnelle dévorante, ne cessera cependant jamais de prendre à coeur les affaires municipales correspondantes à son état.

Mais on est loin de se représenter la somme d'influence qui fut mise entre les mains de Etienne Marcel, le jour ou il devint chef du corps municipal. Il était fort riche et allié à la plupart des grandes familles du commerce parisien, il pouvait compter sur les six corps, Drapiers, Epiciers, Merciers, Pelletiers, Orfévres, changeurs et bonnetiers, qui constituaient la haute Aristocratie bourgeoise.








Surtout lorsque le pouvoir royal est affaibli par une longue suite de défaites et d'humiliations, laissant dépérir entre les mains de prévôts royaux l'autorité d'emprunt qu'ils tenaient du Roi, laissant ainsi s'accroître d'autant l'influence de la Prévôté Bourgeoise !!!

Etienne Marcel avait à disposition une armée de travailleurs et de jeunes apprentis qu'il suffisait d'armer. Un acte de sa main en date d'avril 1358, ordonne de mettre en la " maison de ville ", une quantité d'armes et de munitions, ce document porte le sceau des marchands et non celui à la fleurs de Lys du pouvoir royal qu'il combattait.

Huit mois plus tard !! Marcel est tombé, l'autorité prévôtale est entre les mains de Tristan Gentien, qui liquide les dettes de la guerre civile, ou de la révolution bourgeoise si vous préférez !!!






Les lettres du Prévôt portent désormais à coté du sceau de la ville celui de la royauté, le Régent Charles a remis du moins moralement, la main sur le pouvoir municipal.

Il contraindra même ces fiers bourgeois parisiens à rendre des comptes devant le Prévôt royal et son Lieutenant au châtelet.

PS: C'est une étude sommaire qui n'avait pour but que de différencier le Prévôt Bourgeois du Prévôt Royal, et non pour dresser le portrait d'Etienne Marcel !!! Quand à Etienne Boileau un article a déjà été fait M de V



Nota: Le Lieutenant du prévôt royal est généralement un chevalier qui est en charge du guet royal il a à sa disposition des cavaliers et des gens de pied et il supervise aussi le guet Bourgeois de la cité

dimanche 29 avril 2018

Arnaud de Cervole l'Archiprêtre

Arnaud de Cervole: d'Argent à deux Fascés de Gueules, accompagnés de six Merlettes de Sable.

Surnommé l'Archiprêtre, un des acteurs majeurs des Grandes Compagnies dans la guerre de cent ans, en Bourgogne et dans le Nivernais, dont il fut Lieutenant Général, comme Capitaine de compagnie pour le roi de France, un des plus célèbre chef de bande au service du Roi Jean II le Bon. Puis du Dauphin et futur roi Charles V le sage

Arnaud de Cervole était un " Regnauld ", né à Sainte Mary aux environ de 1320, son père Foulques Regnauld est Chevalier seigneur de Sainte Mary, sa mère deuxième épouse est Pétronille Chataignier dame de Cervole (fief aux environs de Savignac en Périgord)

A la mort du père en 1330, si les enfants du premier mariage restent en Angoumois, Pétronille et ses deux fils, Pierre et Arnaud, s'installent à Cervole. le premier né Pierre comme de coutume se destinait à la carrière des armes (mais sera un des second de son frère cadet Arnaud plus tard!!). Arnaud le cadet était destiné à la carrière ecclésiastique et se trouvait pourvu d'un bénéfice, l'Archiprêtré de Velines, proche de Savignac !!!








Ce bénéfice lui conférait le titre d'Archiprêtre de Velines, qu'il portera toujours, je ne sais si c'est par dérision ??, il contrastait fort curieusement avec l'existence de routier qui fut la sienne.

Car bien sur il n'entra jamais dans les ordres, ne faisant que toucher les revenus de son titre, la fonction quand à  elle était assurée par un prêtre qui bien sur ne touchait que la portion congrue !!

Avouons que l'on ne sait rien de sa jeunesse et de la façon dont un Arnaud, passe d'étudiant en Théologie à chef d'une des plus redoutable bande de routiers du XIV siècle ???? La première trace historique de l'Archiprêtre se trouve sur un reçu du trésorier des guerres de Jean II le bon, au 13 juillet 1352, pour une somme de 1000 livres, due sur une année de service, pour lui et ses vingt hommes d'armes à cheval avec leurs suites et soixante sergent à pied







Il va guerroyer en Périgord, Saintonge et Angoumois, sous les ordres du plus improbable Connétable de France qui soit !! Charles d'Espagne (La Cerda), le petit protégé incompétent de Jean II le Bon, jamais titre ne fut remis à si mauvais personnage! (désolé je m'emporte !!!!)

En 1356 on le trouve à la bataille de Poitiers aux côtés de Jean II, non seulement avec ses troupes, mais comme représentant du Duc d'Alençon mineur, il combattra en portant sa bannière, fait prisonnier il paye rapidement sa rançon, puis fut désigné pour représenter le roi de France comme gardien de la trêve de Bordeaux

En 1357 le voila marié avec Jeanne de Graçay, veuve du seigneur de Chauvigny Levroux en Berry, il devient par le fait un des principaux seigneur de la province ( pauvre Jeanne...je compatis !!)








Mais la trêve a libéré les routiers des deux camps, qui se mettent à dévaster les terres pour leur propre compte. On lance une expédition, surement avec l'assentiment du Dauphin Charles, vers la Provence, Arnaud est chargé de recruter les bandes de pillards.

De puissants seigneurs de cette région sont en lutte contre leur souverain le roi de Naples, les tropes d'Arnaud franchissent le Rhône pillent et sèment l'épouvante dans Avignon et entre en Provence ou ils apportent guerre et dévastation.

Le Pape va le couvrir d'honneurs et d'argent pour qu'il s'éloigne avec ses troupes de la Provence et du Comtat Venaissin







En 1358 il part protéger le Nivernais et le Berry, contre les ravages d'un autre chef de bande, le célèbre Robert Knolles, mais étant gens de même farine ils vont se ménager, autant dire que cette campagne fut des plus molle, il y sera même fait prisonnier lors d'une patrouille,puis libéré contre rançon.

Jean II libéré par le traité de Brétigny le reprend à son service et Arnaud de Cervole deviendra le plus ferme appui de son fils Philippe le Hardi, auquel le roi donne la Bourgogne en apanage.






En 1362, il sera fait prisonnier par les grandes Compagnies, lors de la désastreuse bataille de Brignais, qui voit l'armée royale se faire torcher par les routiers, il sera libéré et dans cette même année il se marie une nouvelle fois avec Jeanne de Châteauvillain (encore un Jeanne ?), propriétaire de grands biens et d'importantes places en Bourgogne et en Auxois !!


En 1364 il est avec Bertrand Du Guesclin lors de la bataille de Cocherel contre les Anglo Navarrais du Captal de Buch, mais il se retire en laissant ses troupes ne voulant pas combattre contre Jean III de Grailly, il y avait semble t'il une histoire de vassalité entre les deux hommes ?????

Il fera parti de la croisade en Espagne, qui fut lancée pour débarrasser la France des grandes compagnies, et afin de soutenir le Trastamare contre Pierre le Cruel, mais chargé de recruter les dernières troupes en base arrière de l'armée de Bertrand il n'arrivera jamais en Espagne. Arnaud sera tué par un cavalier de son escorte au cours d'une discussion houleuse  entre routiers. Résumé de l'ouvrage sur Arnaud de Cervoles écrit par le marquis de Saluces M de V


Nota: j'oubliais !!! quand Arnaud est fait prisonnier à la bataille de Brignais.....celui qui commandait les Grandes Compagnies, n'était autre que Seguin de Badefol le roi des Routiers !! (voir article), ils étaient tous deux du Périgord ....ça créé des liens non ????????

samedi 28 avril 2018

Saint Louis en Egypte, de l'Expédition à la Prison !!!


Louis, par la grâce de Dieu, Roi des Français, à ses chers et fidèles Prélats, Barons, Chevaliers, Bourgeois, Citoyens et autres habitants le Royaume de France à qui les présentes lettres parviendront, Salut. Nous croyons devoir vous instruire de ce qui nous est arrivé !!


Nota: vous remarquerez que Louis IX qui va raconter sa désastreuse campagne, classe par ordre d'importance ses sujets les premiers cités étant les Prélats !!!!!!

Après la prise de Damiette, que le Seigneur dans son ineffable miséricorde avoit mise au pouvoir des Chrétiens, événement glorieux, dont vous avez du être instruits, nous avons tenu grand conseil ! (vous remarquerez le style, chez lui tout viens de Dieu, mais ne lui jetons pas la pierre on ne fait pas mieux actuellement côté religions que je met au pluriel !!!!!!).

Nous avons décidé de marcher contre les Sarrasins, campés près de la ville de Manssoure nous avons donc quitté la ville le 20 du mois de novembre avec notre armée de terre et notre flotte, lors de cette marche nous fûmes attaqués souvent par l'ennemi et les avons toujours battus, nous leur avons tué beaucoup de monde !!








En chemin nous avons appris la mort du Sultan d'Egypte, notre informateur nous fait savoir qu'il avait envoyé avant d'expirer, des émissaires vers son fils, l'enjoignant de rentrer au plutôt en Egypte, afin de prendre le commandement de l'armée à laquelle il avoit fait prêter serment et que jusqu'à son arrivée il laissait le soin de la guerre à un de ses Emirs, nommé Facardin.


Arrivé sur place il nous fut impossible d'attaquer l'ennemi, parce qu'un bras du Nil appelé Thanis, ce dernier séparé du cours principal du fleuve coulait entre leur armée et la notre !

Nous avons donc installé notre campement  entre le Nil et le Thanis, ou nous fumes attaqués, nous avons repoussé les assaillants, un grand nombre d'entre eux  périrent par le fer et un plus grand nombre encore précipités dans les eaux vont périr noyés !!!

Ce bras de Nil n'était pas guéable, nous avons donc commencé à construire une digue pour le passage de notre armée, pendant plusieurs jours nous avons fait d'immense travaux, dépensés des sommes énormes et courus de grands dangers !!









Les Sarrasins mettaient toute sorte d'obstacles à notre entreprise de construction et opposé des machines à celles que nous avions élevées, puis ils ont renversé les tours de bois que nous avions établies sur notre digue, ou les ont brûlées avec leur feu Grégeois (voir article) !!!


Nous avions perdu tout espoir d'achever cet ouvrage, lorsqu'un "transfuge" de l'armée des Sarrasins est venu nous indiquer un guet peu éloigné !!! ou l'armée pourrait passer le fleuve.

Nous avons tenu conseil avec nos barons et décidé en ce lundi avant les cendres que le lendemain de bon matin nous irions au lieu désigné, en laissant une partie de nos troupes pour garder le camp et l'ouvrage.

Or donc arrivant à ce guet nous y avons traversé le fleuve, mais en grand danger de nos vies, car était fort profond, bien plus que l'on nous l'avoit dit !!!

Il fallut que nos chevaux se missent à la nage et gravissent sur la rive opposée un escarpement fort élevé entreprise périlleuse s'il en est !! (on peut se demander si le transfuge n'en a pas fait exprès ??)








Nous nous sommes dirigés vers les machines que les Sarrasins avaient élevées contre notre digue, notre avant garde ayant attaqués vivement les troupes devant leur dispositif, plusieurs vont périr et quelques uns de leurs émirs furent au nombre des morts !!

Mais le désordre va s'installer dans notre armée, au lieu d'attendre un regroupement notre avant garde s'était dispersée dans le campement ennemi arrivèrent jusqu'à Manssoure, tuant tout ce qu'ils trouvaient devant eux!!

Les Sarrasins s'apercevant de l'imprudence de la manoeuvre, vont se regrouper et les entourer pour les accabler de toutes parts !!

Nous avons perdu ce jour un grand nombre de Barons, chevaliers, templiers et hospitaliers, car profitant de ce désordre les Sarrasins se sont précipités sur le gros de nos forces de tous côtés, nous lançant une grêle de trait et nous harcelant ainsi jusqu'à 9 h oo du soir !

Cependant avec l'aide de dieu nous avons tenu bon et gardé la place afin de pouvoir rallier nos troupes, nous avons établi un campement près des machines ennemis dont nous nous sommes emparées, nous avons construit un pont de fortune pour communiquer avec les troupes que nous avions laissés de l'autre côté du fleuve;








Le lendemain nous avons détruit les machines des Sarrasins et élevé des abris pour protéger notre pont et nous permettre de passer sans danger d'une rive à l'autre.

Le vendredi suivant, les Sarrasins ayant réunis leurs forces pour nous exterminer, ont attaques avec une impétuosité dont nous n'avions pas encore eu d'exemple.

Nous avons résisté à leurs assauts et tué beaucoup de monde chez eux, mais quelques jours plus tard le fils du Sultan est arrivé à Manssoure avec de nombreuses troupes de renfort qu'il avait amené, nous avons entendu leurs cris de joies et le bruit de leurs tambours









Depuis ce moment, nous ne savons par quel jugement sévère de Dieu, toutes les affaires ont tourné contre nos espérances, des maladies ont attaqué hommes et chevaux, l'armée chrétienne fut consumée et avoit été diminuée de moitié.

La disette était telle que beaucoup périssaient de faim, dans nos rangs c'était la désolation et le découragement, tous accablés de souffrances, la nécessité nous a forcé à quitter nos positions pour nous retirer sur Damiette, notre dernier recours. Pendant que nous étions en marche, le 5 Avril, les Sarrasins nous ont attaqués de toutes part, nous sommes tombés entre leurs mains, nous et nos frères les Comtes de Poitiers et d'Anjou et ceux qui nous suivaient sans que personne ait pu s'échapper !









Nous fumes jetés en prison, non sans perdre un grand nombre des nôtres et sans répandre beaucoup de sang.


La plupart de ceux qui étoient embarqués sur nos vaisseaux furent pris aussi, puis égorgés et les bâtiments remplis de malades ont été brûlés sans pitié !!

Nous étions depuis quelques jours en prison, lorsque le Sultan nous a fait proposition d'une trève, mais il demandait avec insistance que nous lui rendions la ville de Damiette sans délai avec tout ce que nous y avions trouvé et que nous lui fournissions une indemnité couvrant les frais qu'il avait fait depuis le commencement de ce conflit !!

Après de longues négociations il fut convenu d'une trêve de dix ans!

Nous avons conclu cette trêve avec le Sultan et l'avons cimentée l'un et l'autre par des serments. Le Sultan était en marche avec son armée pour prendre possession de Damiette, lieu ou toutes les conditions du traité devoient être exécutées.

Un grand événement se produisit, quelques soldats Sarrasins appuyés par toute l'armée se sont précipités sur le Sultan lorsqu'il sortait de table et l'ont tué à coups de sabres, en présence de presque tous les Emirs !!

Les soldats sont venus ensuite dans notre tente, demandant la confirmation du traité fait avec le Sultan suivant les formules de leur religion nous avons en même temps fixé l'époque ou nos captifs seroient délivrés et ou Damiette serait rendue !!

PS: On peu se demander pourquoi le père du Sultan avait fait prêter serment à l'armée pour son fils, c'était comme mettre un bandage sur une jambe de bois, paroles et promesses sont comme plumes au vent dans ces régions ou politique, sabre et religion sont étroitement imbriqués  M de V

vendredi 27 avril 2018

Portrait de Richard Coeur de Lion


Dressons un portrait de Richard qui soit le plus proche possible des contemporains ayant écrits sur lui, la chose n'est pas simple, le personnage étant entouré de légende !!


D'une stature imposante il est plus grand que la moyenne de son époque et que ses deux frères, Geoffroy et Jean d'après Gérald le Gallois.

Décrit aussi comme tel par le chroniqueur Richard de Templo, mais ce dernier écrit sur le Coeur de Lion 15 ans après sa mort et il est fort probable qu'il ne le connut jamais !

Il semblerait que cet athlète soit devenu plus que corpulent vers la quarantaine, si l'on en croit Guillaume de Newburgh, qui indique les soucis du chirurgien, lors de sa dernière blessure et les complications dues à un excès de graisse !

En dépit d'une force physique indéniable, Richard souffre de fièvres endémiques, peut être contractées dans les marais Poitevins, l'obligeant à fréquenter souvent les médecins, Gérald le Gallois dit " il est comme un lion affligé de fièvre quarte, a cause de cela il tremble presque continuellement, bien que ce ne soit pas de peur, mais son tremblement fait trembler les autres de craintes !! "








L'aspect de son visage est totalement inconnu et les descriptions tentées par quelques historiens relèvent plutôt de l'image romantique et fantaisiste élaborée par la légende, descriptions fort éloignées du personnage comme vous allez le voir, le Richard n'a rien d'un romantique !!!!!


Ce qui par contre est indéniable ce sont ses qualités de guerrier, tous s'accordent sur le sujet, qu'ils soient amis ou ennemis, Ambroise qui l'a vu à l'oeuvre pendant la croisade le décrit comme un géant dans la bataille, qui moissonnait à tout va les Sarrasins, comme pécores moissonnent avec leurs faux et quiconque recevait un de ses coups n'avait nul besoin d'un second !!

On le croit ! car un Bertrand de Born qui ne l'aime guère ( pour rester poli), admet qu'il est vaillant, preux, que c'est un remarquable tireur à l'arbalète et presque invincible une épée à la main !!. Ambroise ajoute, l'ayant constaté maintes fois, que c'est un cavalier hors pair, ses charges sont de véritables tornades.

Ajoutons que lorsque le roi de France Philippe Auguste, propose de régler leur différent par un combat entre cinq champions de chaque camp !!, Richard accepte, mais à condition que les deux rois fassent partie des combattants et s'affrontent en même temps....Du coup Philippe Auguste trouvera que finalement son idée n'était pas si bonne que ça et déclinera l'offre !!









Combattant impétueux, sur de sa force avec une tendance à sous estimer le danger, lui faisant prendre des risques inconsidérés. Sa fougue a déjà failli lui coûter la vie lors d'un tournoi ou il s'est précipité sans haubert contre Guillaume le Maréchal (connu comme le meilleur chevalier du monde !!), pas très raisonnable il faut bien avouer, mais caractéristique du personnage qui n'aimait pas les jeux.


Les Chroniqueurs Arabes eux mêmes relèveront également ce manque de prudence du personnage, qu'ils considèrent eux comme de l'inconscience plus que du courage, je sais pas si ceux qui sont tombés sous ses coups auraient été d'accord avec cette fumeuse théorie ??

Ce qui par contre surprend dans le personnage de Richard c'est que contrairement à tous les chevaliers de son temps il n'aime pas les Tournois, pratique fort peu la chasse, sauf lorsqu'il s'ennuie !!! on peu donc avancer qu'il goûtait fort peu les sports de loisirs, l'homme a le goût du risque et ne prend plaisir que dans les vrais conflits....un accro de l'Adrénaline !!!!!!

C'est un violent, colérique et fougueux, on peut ajouter qu'il est vindicatif, cruel, voir sanguinaire, dénué de toute pitié au combat !!! Bref un mal embouché qui tartine à tout va !!! la baston et le fracas des batailles c'est son credo !!







Sa générosité et ses largesses sont célébrées, du moins par ceux qui en profitent, ce qui fait dire à un Roger de Howden " qu'il donnait plus en un mois que tous ses prédécesseurs en un an ", un Aubri des Trois Fontaines ajoute " qu'il était aussi prodigue dans ses dons que rigoureux dans ses coups ".

Son sens de l'honneur est admiré même chez ses adversaires, pour peu que ceux ci soient de noblesse, car son sens de l'honneur s'arrête aux limites de sa classe !!

Quand il prend Nottingham, il épargne les chevaliers mais fait pendre tous les sergents !! et lorsqu'il se saisit de Saint Jean d'Acre, il laisse la vie aux musulmans de haut rang, mais fait décapiter froidement la valetaille .. 3000 personne au bas mot !!! Quand aux largesses proverbiales, elles se font bien entendu aux dépens du peuple impitoyablement pressuré







Pour terminer Richard est une brute, mais une brute cultivée !! il maîtrise fort bien le latin, il est éloquent confiant dans le pouvoir de sa parole et de sa dialectique !

Les chroniqueurs Arabes en font la remarque et les chefs Musulmans se méfient de ce beau parleur.

Le Cistercien Ralph de Coggeshall témoigne de sa passion pour le chant, il écrit lui même des chansons, il ne subsiste que deux de ses poésies, nous ne pouvons donc pas dire s'il fut un grand poète !!

Mais peut être cela aura au  moins l'avantage d'humaniser ce personnage guerrier, Roi d'Angleterre, qui n'a pas habité dans son pays plus de six mois!!!



Nota:Quand à sa prétendue homosexualité, son plus récent biographe, John Gillingham, écrit je cite: Nous n'en savons tout simplement rien !!!!..il rappelle qu'il a été accusé de s'en prendre plutôt aux femmes pendant ses campagnes.


PS: je vous conseille le livre de Georges Minois sur le personnage, dans lequel j'ai puisé pour brosser rapidement le portrait de Richard Coeur de Lion M de V

jeudi 26 avril 2018

Rouen et la Guerre de Cent Ans



Période de grandes difficultés, la ville est touchée par toute une série de fléaux, plus ou moins liés à cette guerre qui devait durer cent seize ans, notamment les épidémies qui après la peste noire de 1348-1349 continuent à affecter sa population pendant plus d'un siècle.







Les grandes campagnes conduites par Edouard III entre 1340 et 1360 ainsi que les chevauchées entreprises après la reprise des hostilités en 1369 n'ont pas touché Rouen..


La ville est trop bien défendue et Edouard III se contente de longer la Seine, les Anglais n'ont pas le temps lors de leurs raids d'assiéger des villes aussi bien défendue, il ne tentera pas plus d'investir dans l'Eure une ville comme Evreux (voir article).

Il en ira toujours ainsi, car le but du Roi d'Angleterre n'était en aucune façon la conquête de la France, il n'en avait pas les moyens, il en sera ainsi jusqu'au début du XV siècle ou après 1419 la ville prise par Henri V, sera occupée et Rouen subira trente ans d'occupation Anglaise.







Rouen est surtout affectée par les effets indirects qui suivront la défaite de Poitiers en 1356, les troupes Anglo-Navarraises ou celles de routiers des Grandes compagnies, qui s'emparent de châteaux sur la Seine pour s'y loger et pouvoir Hiverner.


En exemple Rolleboise en Amont et Moulineaux en Aval qui bloquaient le fleuve, paralysant ainsi tout le trafic fluvial vers Rouen, plus d'avitaillement et plus de commerce..!!!!

C'est bien sur insupportable pour les Marchands Rouennais comme pour la population. Ainsi les milices de la deuxième plus grande ville de France, sous la conduite de leur maire Jacques Le Lieur, participeront activement à la lutte contre ces bandes, ils seront présent aux côtés de Bertrand Du Guesclin lors de la bataille de Cocherel en 1364 (voir article)

Le principal souci c'est que les opérations militaires ont chassés les populations des campagnes environnante, hommes, femmes, enfants et vieillards se  sont réfugiés dans la seule ville close de la région, on y voit donc affluer une foule de ruraux sans travail ni ressources.

Les corporations de métiers urbains les refusent puisqu'ils sont réservés aux habitants de la cité, la question devient si délicate que le maire Jacques Le Lieur en 1355 oblige certains métiers  comme ceux des boulangers et des Bouchers à accepter des réfugiés dans leurs corporations








En 1373, Charles V le sage, pour remédier au chômage et à la misère d'artisans drapiers réfugiés à Rouen, crée pour eux une draperie foraine, celle ci était sensée ne durer que quelques années !!!. En fait en 1378 une ordonnance royale sera formulée, qui va la réglementer et lui donner une existence légale.

La dernière décennie du XIV siècle correspond à une période de relative tranquillité, les trêves  se succédant les unes aux autres, le commerce reprend entre la ville et les marchés commerciaux d'Angleterre et de Flandres notamment.

C'était le calme avant la tempête, en 1415, Henri V d'Angleterre reprend la lutte contre la France, la guerre que se livrent Armagnacs et Bourguignons dans le pays et la folie du roi de France, lui en offre l'opportunité

Il revendique la Normandie comme son bien ! qu'il réclame au nom de ses ancêtres Plantagenêt. Après la prise de Harfleur et son écrasante victoire d'Azincourt il commence la conquête systématique de la Normandie, en 1418 il prend Louviers et Pont de l'Arche ! puis le 29 juillet de cette même année met le siège devant Rouen!!!









Début Décembre la famine est telle que les autorités de la cité, la mort dans l'âme et ne voyant aucun secours venir, mettre hors les murs les bouches inutiles.

En l'occurrence celles venues se réfugier dans la ville dès la reprise des hostilités!!, probablement les femmes, enfants et vieillards. Henri V va les laisser crever dans les fossés de la cité, ce qui lui vaut l'excommunication et l'anathème du haut des murs de la ville par le Chanoine Dolivet, ce dont se moque Henri V, comme de sa première paire de chausse !!! hormis bien sur l'insulte faite à sa royale personne.

Le Roi d'Angleterre ne peut tenter un assaut la ville est fort bien défendue ses canons sont nombreux et fort bien manoeuvrés, la famine est sa seule option, il ne risque rien et Charles VI le fou ainsi que ses Oncles ne bougerons pas.

Janvier 1419, Rouen ne voyant aucun secours venir du royaume doit se résoudre à négocier, mais Henri V veut une reddition sans conditions, ce que ne peut accepter la ville !! les négociations vont se poursuivre sur plusieurs jours!

Un acte de reddition régulier et authentique sera finalement signé grâce à l'intervention salutaire de l'Archevêque de Canterbury il fut signé le 13 Janvier 1419 et la ville se rendit le 19 !!








Les conditions de cette reddition étaient particulièrement dure, je vous laisse juger: Une rançon de 300 000 écus d'or, payable en un seul mois !! puis la livraison de quatre vingt otages ( 20 chevaliers ou écuyers et 60 Bourgeois), qui devaient être entretenus et nourris par la ville.

Puis l'abandon de toutes les armes, chevaux, armures et munitions, il obligeait la ville à lui céder des parcelles de terres pour y construire un château. Henri V en échange  permettait à tous ceux qui voudraient devenir ses sujets de conserver leurs biens, meubles et héritages.

Trente ans plus tard Charles VII faisait son entrée dans sa bonne ville de Rouen, les notables avaient remis les clefs à Jean de Dunois Bâtard d'Orléans qui les présenta au Roi en disant:

Sire! " voici vos Bourgeois de Rouen qui vous supplient de leur pardonner d'avoir attendu si longtemps pour se remettre  en votre obéissance, mais ils vivaient sous la contrainte des Anglais vos ennemis. Il faut se souvenir aussi de tout ce qu'ils ont souffert jadis en défendant leur ville " !! Oui répondit le Roi, ils sont tout excusés; je suis content d'eux !!

PS: ceci est un bref hommage à ma ville dont je garde tant de merveilleux souvenirs de mes jeunes et insouciantes années M de V