Célèbre tribunal inspirant l'effroi, le Conseil des Dix de Venise, ne saurait être oublié quand il s'agit de parler d'exécutions arbitraires, de justice tyrannique et implacable, il fut créé à la suite d'une révolte, qui éclata dans la république en juillet 1310, et ne devait à l'origine siéger que deux mois, mais on dut le trouver pratique car de prorogations en prorogations, en 1311 il sera confirmé pour 5 ans, en 1316 pour la même durée, ensuite pour dix ans, puis fut établi à perpétuité !
L'autorité du conseil des dix va se trouver renforcé par la création des Inquisiteurs d'état. Ils étaient au nombre de trois, élus par le conseil des dix, ces trois citoyens de la république de Venise sur lesquels se portaient les suffrages ne pouvaient refuser les fonctions ainsi attribuées !!
Le meilleur moyen de faire connaître ce redoutable tribunal est d'emprunter quelques extraits de ses règles de fonctionnement. Selon ce document du XV siècle, les inquisiteurs élus pouvaient procéder contre toute personne et aucune dignité n'avait le droit de décliner leur juridiction, ils s'en prendront même plusieurs fois à des Doges
Ils pouvaient prononcer toutes les peines même la mort, leurs sentences étaient rendues à l'unanimité du tribunal des dix et disposaient des prisons dites "les puits " et " les plombs ". Nos trois inquisiteurs d'état pouvaient puiser à volonté dans les caisses du conseil sans avoir à rendre compte de l'usage des fonds mis entre leurs mains
La procédure de ce tribunal était secrète et les membres ne portaient aucun signe distinctif. Le chef des sbires du tribunal avait ordre d'éviter de procéder aux arrestations aux domiciles des gens désignés, mais de ce saisir du coupable à l'improviste hors de chez lui, pour être conduits sous "les plombs " du Palais des Doges
Quand le tribunal aura jugé la mort de quelqu'un, l'exécution ne sera jamais publique, on noiera purement et simplement le condamné, la nuit, dans le canal Orfano, en même temps il faut dire que c'était pas ce qui manquait à Venise les canaux !!!
Le tribunal autorisera dans les divers territoires, étant possession de Venise, de faire disparaître quelque patricien ou personnage important qui serait gênant pour la république, le tout secrètement bien sur et en toute impunité, n'ayant à en répondre que devant Dieu
Si quelque ouvrier, possédant un art ou un métier, le transporte à l'étranger et ce jugé au détriment de la république par le tribunal des dix, on lui fera parvenir l'injonction de rentrer, si notre artiste ou artisan n'obéit pas, on met en prisons ses proches, afin de le déterminer à l'obéissance.
Mais s'il persiste bêtement dans son erreur, des mesures secrètes seront prises pour le faire tuer ou qu'il puisse se trouver. On peut imaginer la terreur que ce tribunal qui existait, sans exister, pouvait inspirer aux habitants de la république de Venise, cet espèce de pouvoir parallèle de l'état régnait dans l'ombre et personne n'était à l'abri
Si quelque noble de la république se permettait en plein Sénat, de discuter ou de critiquer le conseil des dix, ou s'efforçait de lui porter atteinte, on le laissait hypocritement s'exprimer, mais à la sortie du Sénat il était immédiatement arrêté. Ensuite on instruisait en sous main, son procès par un tribunal ordinaire de Venise et si on ne parvenait pas à le faire condamner, on le faisait mettre à mort secrètement !!
On comprend facilement, que pour la mise en pratique de ce règlement, dont je n'ai cité que quelques articles, des mesures avaient été prises afin d'organiser un réseau d'espionnage, ainsi que le recrutement d'exécuteurs des basses oeuvres !
Les nobles étaient sous surveillance, le secret des lettres et missives n'était pas respecté, les ambassadeurs étrangers étaient surveillés en permanence, et quiconque insultait ou gênait les sbires et les observateurs du conseil des dix, devait être mis à la torture, puis recevoir ensuite le châtiment que les inquisiteurs d'état jugeaient convenable. Des pages entières des statuts secrets attestent que le mensonge et la fourberie étaient la base de toutes les relations diplomatiques du gouvernement vénitien
Cependant le conseil des dix en tant que tribunal avait été institué uniquement dans le but de veiller à la sûreté de la république vénitienne, il ne pouvait donc pas s'immiscer dans les causes civiles, et il était de plus interdit à ses membres d'avoir des relations ou des échanges avec des étrangers à la république, ce qui ne le gênera pas pour mettre son nez partout !!!
PS: documentation de la BNF.....M de V
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