Les Congés de Jean Bodel (voir article précédent), forment un petit poème de 492 vers fort intéressant au point de vue historique, qui mérite d'être étudié, tant par le fait qu'il donne sur lui même des informations, que par les précieux renseignements qu'il fourni sur la société artésienne du début du XIII siècle !!
Nous apprenons dans ce texte que Jean Bodel est natif d'Arras, il est poète de profession et nous avons de fortes chances de croire qu'il était attaché à l'échevinage de cette ville, Bodel était un proche et l'obligé des plus fortunés Bourgeois de cette cité
Vers l'an 1205, notre homme devait se croiser et partir sur les chemins vers la terre sainte, le voyage était organisé, ses compagnons de route choisis, mais il fut forcé de renoncer à ce pèlerinage. Jean était atteint de la maladie de lèpre.
Atteint depuis longtemps par ce fléau, il n'avait pas pour autant quitté ce siècle, la maladie l'avait laissé jusqu'à un certain point vivre normalement il était encore à ce moment reçu et choyé par ses amis, qui nous dit il, je cite: le souffrirent moitié sain, moitié pourri !!!!!. Les progrès de la maladie vont le contraindre à abandonner son projet et laisser partir sans lui les compagnons qu'il s'était choisi, Baude, Tumas, Waignet et Vast Hukedeu. Bientôt devenu un objet de répulsion pour tous, le poète lépreux du s'éloigner de la société des hommes et vivre comme tout ceux atteints de cette maladie à l'écart des vivants
Il demande alors " Congé " à ceux qui l'avaient toujours aimé et secouru et leur adresse ses adieux dans ce poème. C'était on suppose une occasion de se rappeler à la générosité de ses protecteurs et de réclamer de la municipalité de sa ville d'Arras, la faveur d'être admis dans une des léproseries ou elle avait le droit de faire admettre des malades !
Le poète moribond obtint'il ce qu'il voulait ? et finit il ses jours à Meulan ou à Beaurains ?, la chose est plus que probable. C'est du moins la meilleure manière d'expliquer l'allusion, faite plus tard, à la place que Jean Bodel occupait dans la léproserie par Baude Fastol, un autre poète d'Arras également atteint de cette terrible maladie
Ce poète, comme Jean Bodel, va remercier dans son congé l'échevinage de la cité d'Arras ainsi que les Bourgeois qui dirigent cette ville. Dans ce texte il dit, je cite: ke je doi recevoir le fief, qui vient de par Jean bodel. Il est loisible de croire que ce terme de " fief ", désigne sans doute la place ou le lit, comme nous dirions maintenant, qu'occupait son confrère et poète Jean Bodel dans une des léproseries citées plus haut et que Baude Fastol après la mort de son compatriote demandait comme une faveur à occuper à son tour, bref un poète en remplaçait un autre pour le temps qu'il lui restait à vivre
Dès trois poèmes qui nous sont parvenus sous forme de "Congés", deux sont conçus par des poètes affligés de la même maladie. Quant à Adam de la Halle auteur du troisième, c'est dans un tout autre état d'esprit qu'il va l'écrire !!
Ce poète va quitter sa ville pour suivre en Italie, Robert d'Artois, il lance une apostrophe cinglante à sa cité : " Aras vile de plait
Et de haine et de detrait "
PS: documentation de la BNF, ce texte de G Raynaud est consultable par tous ...M de V
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