Au moyen âge on appelait peste, sans autre précision, toute maladie d'allure épidémique à forte mortalité, mais certaines épidémies imputées au mal des ardents pouvaient aussi bien être la peste bubonique.
Ce mal des Ardents était nommé suivant les lieux et les symptômes, peste de feu, feu sacré, feu de saint Antoine, saint Martial ou saint Michel
Parmi les épidémies qui ont ravagé l'Europe au moyen âge, certaines peuvent être considérées comme provenant de l'ergot de seigle, surtout si elles apparaissaient après des pluies abondantes et des disettes
Les descriptions provenant des chroniqueurs contemporains de ces épidémies peuvent être contestables, néanmoins celle due à l'ergot de seigle à Paris en 945, rapportée par le chroniqueur Flodoart, semble par sa description tout à fait incontestable, il dit, je cite: Une peste de feu ardent qui brûlait et détruisait les extrémités des différents membres, jusqu'à ce que la mort mis fin à leur supplice
Il faut dire qu'en France à cette époque la médecine était pour ainsi dire inexistante et le savoir médical qu'il soit romain grecque ou arabe était le plus souvent enfermé dans les monastères et les abbayes
Celle de 994 fit 40 000 morts dans le sud ouest, Aquitaine et Périgord, ainsi que dans l'Angoumois et le Limousin. Un moine de Cluny, nommé Glaber, nous dit: A cette époque sévissait un fléau terrible parmi les hommes, à savoir un feu caché qui s'attaquait aux membres, les consumaient et les détachaient du corps, la plupart en une seule nuit pouvaient être dévorés par cette affreuse combustion.
Durant plusieurs siècles cette terrible maladie fit des ravages en France, 1039 en Bretagne, 1105 en Artois, 1131 en la cité de Paris, mais aussi partout en Europe. On signale le feu sacré en Espagne au XI siècle, au Danemark au XIII siècle, en Saxe comme au Portugal au XIV siècle
Elle provoquait des maux de têtes atroces, puis des vertiges et des hallucinations suivis de tremblements, les personnes étaient comme brûlées par un feu intérieur qui consumait les malades, cependant pieds et mains restaient froids et insensibles au toucher, puis bientôt devenaient noires comme charbon (appuyant l'idée de feu intérieur), ensuite spontanément elles se détachaient du corps
Autre caractéristique de cette maladie était la perte du sommeil, toute la nuit ils criaient, suppliaient et priaient sans dormir, cette insomnie n'était pas due qu'à la souffrance, mais ne sera comprise que bien après le moyen âge
Pour combattre ces épidémies on employa les moyens habituels de l'époque, la prière et certaines pratiques qui relevaient le plus souvent de la magie ou de la sorcellerie, avec parfois un peu de médecine.
En 1095, un seigneur de Valloire, et quelques compagnons vont fonder, l'ordre Hospitalier de l'aumône de saint Antoine. Ils se donnent pour tâche de soigner les victimes du mal des ardents et d'aider ceux qui survivaient à vivre malgré leur handicap, c'est ainsi que fut créé le premier hôpital pour les victimes de ce fléau
Au XIV siècle l'ordre comprendra 200 commanderies ou hôpitaux et au XV siècle ils seront environ 10 000 moines et laïques répartis sur 389 hôpitaux
Mais même si un savant décrit l'ergot de seigle en 1565, on ne fera pas le rapport avec le mal des ardents pour autant. Ce n'est qu'en 1630 que Thuillier, médecin de Sully, incrimine le seigle ergoté dans cette maladie
PS: les infos de ce bref article sortent d'une étude de cette maladie faite par monsieur G J Aillaud, que je me permet de remercier au passage M de V
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