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mercredi 6 décembre 2017

Charles V ou la Passion des Livres et du Savoir

L'usage que fit Charles de ses livres, donne un exemple de sa passion pour le savoir (sans comparaison avec un père comme Jean II le Bon, que ce terme de le Bon ne saurait réhabiliter ). Lors de son accession au trône il hérite d'une librairie constituée, mais qui ne correspond pas à son idée de l'éducation et du savoir.

Il va l'enrichir avec un soin particulier, tout en changeant l'orientation livresque de cette somme de connaissances, à la fin de son règne c'est avec près d'un millier de volumes que sa bibliothèque atteignait le troisième rang de l'occident, après la Papauté et celle de l'Université de Paris.

La presque totalité de ses ouvrages se trouvaient dans son Louvre, cette demeure dont il avait surveillé l'édification avec un soin particulier, dans une tour spécifique proche de ses appartements royaux se trouvaient ses livres, de cela on ne peut douter, Charles V aimait  les livres !!!

Cette bibliothèque était vivante par la passion de ce monarque  !!! Si elle s'appauvrissait  des dons épisodiques que pouvait faire ce Roi de certains ouvrages, en revanche elle s'enrichissait par les nombreux livres offerts par les membres de la cour





Certains de ces dons ou cadeaux avaient un caractère politique, comme le bréviaire de Gentien Tristan, successeur du sulfureux Etienne Marcel à la Prévôté des marchands de Paris, la ville cherchant peut être par ce moyen se faire pardonner sa révolution manquée du XIV siècle !!!

Ou ce don du prévôt du Châtelet, Hugues Aubriot, qui offrant à son roi, ce livre de Saint Augustin " de la cité des Dieux ", offrait par ce geste une véritable déclaration d'adhésion au gouvernement de son maître.

L'originalité de ce Monarque fut d'avoir fait de sa passion une fonction idéologique et politique, faisant de son trésor livresque l'instrument d'une politique culturelle !!

Contrairement à la politique de ses prédécesseurs, les apports en manuscrits de Charles V valent moins par leur aspect que par leur contenu, seulement 20% d'entre eux étaient enluminés. Ce roi souhaitait en effet, faire profiter des trésors de la science, domaine réservé jusqu'à présent aux Clercs latinistes !!! Cette volonté de rendre accessible le savoir, tant sur le plan matériel qu'intellectuel, se devine par le grand nombre d'ouvrages en Français de la bibliothèque royale, soit environ 80% des volumes entreposés dans son Louvre !!!






Son souci de promotion de la langue vernaculaire, comme langue savante, le conduisit à commander plusieurs dizaines de traductions d'œuvres classiques, comme " la cité des dieux " dont nous avons parlé plus haut, elle fut réalisée par Raoul de Presles.

Cette bibliothèque avait désormais une fonction orientée vers le côté pratique, plus que vers le côté récréatif utilisée jusqu'à lors. Le fond représentait désormais 30% de savoir purement scientifique et technologique, 18% traitant d'astrologie de magie et de sciences divinatoires (passion de ce roi), ainsi que 12% d'histoire de politique et de droit .

Charles avait cette conviction!, que le pouvoir s'exerçait d'autant mieux s'il puisait ses principes dans la science, et l'organisation thématique de sa bibliothèque le prouve, semblant nous montrer sa volonté de maîtriser le savoir passé, présent et à venir !!






Ce monarque fut le premier à faire écrire l'histoire de son règne de son vivant, cette tâche il la confie à un de ses plus proche serviteur, son Chancelier, Pierre d'Orgemont, c'est lui qui dut continuer à partir de 1375 " Les Grandes Chroniques de France ", dont l'Abbaye de Saint Denis avait eu le monopole de la rédaction.

A partir de ce moment ces chroniques vont cesser d'être un miroir du passé servant à un Prince pour son édification en tant que " futur souverain ", pour devenir une justification contemporaine de la politique de Charles V, il surveillera d'ailleurs de fort près son élaboration !!

Nota: De nombreux " Historiens " ne s'y tromperons pas, conseillant eux même, de ne s'intéresser aux Grandes Chroniques de France, qu'à partir de 1375, l'année ou Pierre d'Orgemont en reprend l'écriture.












Il faut considérer aussi le fait que la plupart des livres entreposés dans les collections du Roi étaient destinées à être lues, ce qui ne peut surprendre en raison de l'utilité que ce monarque assignait à sa bibliothèque, car s'il donnait rarement des livres il les prêtaient volontiers, le gardien de sa librairie tenait un compte scrupuleux, des prêts faits aux membres de la cour, tout en veillant bien sur à récupérer les ouvrages.


 Le dessin de ce roi était de diffuser au sein de la haute société fréquentant sa cour, et tous les membres de son gouvernement, une culture politique et savante jusque là réservée aux Clercs, il est par le fait à l'origine de la bibliothèque nationale.

Cette politique culturelle valut à Charles V, l'admiration de Christine de Pisan ( voir article ), qui le surnomma le Sage parce qu'il était savant.

J'ai utilisé pour cet article la documentation De Boris Bove dans son excellent livre " le temps de la guerre de cent ans ", que je vous recommande grandement si vous arrivez à le trouver.....pas facile !!!!!!....mais faisable



PS: Beaucoup de personnes vous dirons que Charles V est à l'origine de la recopie d'une seule et unique Bible, dans un souci sans doute charitable que tous le monde lise la même !!!!. Ce n'est pas exact !!!! La bible est le livre par excellence conservé dans les bibliothèques médiévales, et celle de Charles V en contient de nombreux exemplaires.

Ce monarque très croyant est surtout un contemporain des premières tentatives de traduction intégrale de la bible en langue vernaculaire !!!! Charles V en tant que promoteur de la " langue Française savante ", comme langue du savoir, va faire recopier de magnifiques exemplaires de la bible Historiale en Français, qu'il conservera dans son Louvre aux côtés de celles qu'il a reçues en héritage, comme celle en Français du Dominicain Jean de Sy, traduite sous le patronage de son père Jean II le Bon...M de V



Nota: Charles V créa et installa donc au Louvre la "librairie Royale", ou l'histoire nationale, le droit public, et la philosophie politique trouvèrent leur place à côté des livres religieux et de la littérature vernaculaire, il aimait à s'entourer d'un cercle d'intellectuels, souvent issus de l'Université de Paris, que Françoise Autrand dans son livre nommait " le club du roi ". C'était un véritable cercle de réflexion, un organe informel qui traitait de la nature et des finalités de l'état

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