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jeudi 7 mars 2019

Le Bijou Emblématique à la fin du Moyen âge

Obsession aristocratique par excellence, le souci de paraître s'intensifie au XIV et XV siècles, permettant un essor nouveau " l'Emblématique ", c'est à dire les signes servant à désigner l'identité d'un individu

Au début du XIV siècle, l'emblème est le plus souvent utilisé sous forme d'armoiries, avec pour rôle essentiellement utilitaire, d'affirmer le rang et l'identité de son porteur et notamment lors des conflits armés. Cependant la complexité croissante des armoiries les rend de moins en moins lisibles

Ceci va justifier à partir de ce siècle la diffusion de nouveaux emblèmes comme le Cimier et le Badge, afin de répondre au besoin de cette aristocratie de la fin du moyen âge (dixit le nain, de nos Paons rutilants, mangeurs de charrettes ferrées !!! )

Ce badge, quel que soit la forme qu'il revêt peu être peint, sculpté, brodé ou prendre l'aspect d'un bijou. Il sert avant tout à proclamer l'identité de son émetteur, composé d'une figure ( ou corps ), représentant un animal, un végétal ou un objet, associé parfois, ou accompagné d'une inscription appelée " le mot ", qui au fil du temps va devenir une sorte de publicité de luxe pour l'aristocratie du bas moyen âge









Puis nous avons " l'Enseigne de Livrée ", qui reproduit le badge identitaire de ce Prince sur la tenue de ses fidèles, de ses proches, ainsi que son personnel de maison. Cette reproduction aura au fil du temps une connotation politique, mais s'inscrit également dans l'emblématique. Comme l'affirme M Pastoureau, c'est le signe d'une société qui cherche dans le " paraître " une compensation au déclin de son rôle militaire, politique et économique !!

D'abord réservé à l'usage unique du grand Feudataire et apposé sur ses effets personnels il sera peu à peu diffusé lors des " livrées ". La coutume de la livrée se produisait une à deux fois par an selon les maisons, le prince remettait à son personnel et ses proches des vêtements, des broderies ou des enseignes (insignes), mais aussi sous forme de cadeaux à ses fidèles. Celui ci servait le plus souvent de signe de reconnaissance ou de ralliement lors de luttes entre des maisons rivales !!!

Certains badges de ces princes se présentaient sous forme de colliers, de broches ou d'enseignes ( insignes ). Il étaient Façonnés dans les métaux les plus divers, or, argent, recouverts d'émaux, voir enrichis de pierres précieuses. Il est évident que pour le personnel ces représentations étaient de plomb ou d'étain, reproduisant dans cet alliage et à moindre coût le badge du maître de maison. tout cela était fonction de la richesse personnelle de ce grand personnage du royaume









La popularité du badge s'explique par l'absence de règles précises comme l'héraldique. Le prince pouvait laisser libre court à sa fantaisie, son goût, sa culture, voir même son humour. Le badge semble d'origine Anglaise dès le début du règne de Edouard III, par contre son introduction chez nous est contemporaine du règne de Jean II le bon, mais fort peu répandue !!

Il faut attendre la fin du XIV siècle et Charles VI le Fou pour que le badge devienne un emblème d'usage courant au sein de notre aristocratie. Il semble acquis chez nos historiens que le contexte de la guerre de cent ans ai favorisé l'introduction du badge en France, en raison des contacts fréquents entre les cours de France et d'Angleterre

Prenons l'exemple Anglais de John Talbot, Comte de Shrewsbury, possédait pour badge " un Talbot ", chien dont la race est aujourd'hui éteinte. Dans un poème on parle de John Talbot retenu prisonnier en France entre 1449 et 1453, ou il est désigné comme suit " le garde de notre porte est enchaîné, c'est Talbot notre bon chien "

Dans la maison d'un grand du royaume les enseignes (insignes) dits de livrée sont portés sous formes de petites broches sur les vêtements et apparaissent comme des témoignages d'allégeance par les fidèles et les membres de sa maison et arborées de façon ostentatoire sur la poitrine ou le couvre chef. Ce qui n'allait pas sans orions et coups de pieds de par le cul, quand des personnes de deux maisons rivales se rencontraient !!...Wouais ben on fait pas mieux maintenant hein !!!!!









En France, Jean sans peur, Duc de bourgogne, distribua son badge " au Rabot ", sous forme de broches d'or garnies de saphirs, de diamants et de perles à ses chevaliers et ses fidèles, mais son train de maison et ses serviteurs ne portaient que de simples insignes de plomb ou d'étain. Y a des limites tout de même hein !!!!!!

Dans la guerre emblématique qui précéda la guerre civile au XV siècle il y eut deux badges célèbres, ceux de Louis d'Orléans et de Jean sans Peur, tous deux chefs de factions opposées. Louis avait prit pour badge un bâton noueux, sorte de gourdin chargé de noeuds protubérants, avec la légende (le mot), " je le tiens ", qui bien sur s'adressait à Jean. Ce dernier comme nous l'avons dit plus haut avait lui opté pour le Rabot, afin de dégauchir les inégalités du gourdin menaçant de son ennemi de cousin !!. Ha ils avaient de l'humour hein !!!!!

Albion connut aussi quelques années plus tard une guerre civile " la guerre des deux roses ", lutte pour le pouvoir entre la maison d'York qui avait pour badge une rose blanche et la maison de Lancastre, qui avait pour emblème la rose rouge, elles permettaient de renforcer les liens entre partisans et jouaient le rôle de signe de reconnaissance et de ralliement



PS: la documentation provient de la BNF, sur un texte de D Bruna....M de V

mercredi 6 mars 2019

Eclairage au Moyen âge

Peu de gens ignorent que chez nos ancêtres les moyens d'éclairage se réduisait à l'emploi de la lampe alimentée par de l'huile, cet ustensile était si mal combiné, que l'on peu dire que son pouvoir éclairant était nul. Elle se composait généralement d'une vasque métallique formant le réservoir, sur lequel on pratiquait un bec saillant, d'ou sortait une mèche composée de plusieurs fils entortillés, quelques fois cette mèche était placée au centre du réservoir

Elle était de forme bizarre chez les égyptiens, élégante chez les grecs et les romains, peu économique elle produisait constamment un filet de fumée et prodiguait une maigre lumière rougeâtre, en outre, la masse du réservoir gênait l'afflux d'air autour de la mèche. Dès lors, l'air étant insuffisant, l'huile ne brûlait pas entièrement, une partie de ce liquide se réduisait en vapeurs âcres et irritantes

Pendant le Moyen âge, aucune amélioration ne fut apportée à cette lampe venant de l'antiquité, on l'utilisait toujours dans les mêmes dispositions. Mais petit à petit l'usage de la chandelle va se généraliser, car rien n'était plus facile que de fabriquer des chandelles

Il suffisait de prendre du suif de mouton que l'on mélangeait à du suif de boeuf, de fondre, puis de couler le mélange dans des moules cylindriques, pourvus à l'avance d'une mèche tressée à l'intérieur, celle ci était le plus souvent en corde de chanvre. Grossièrement façonnée au début, la chandelle acquit une certaine perfection quand on apprit à fabriquer les chandelles avec le procédé dit " à la baguette ", c'est à dire par l'immersion directe des mèches dans le suif fondu

Notre chandelle remplacera souvent la lampe. Or donc de la chaumière du Vilain, celle du Bourgeois, ou du noble tout le monde s'éclairait au moyen au moyen de cette fumeuse et malodorante chandelle, il semble même que le Roi (hormis peut être dans son privé), se trouvait pour l'éclairage au même niveau que ses sujets









 Ce moyen se répandit surtout dans les pays du nord de l'Europe, car pour le midi de la France, l'Italie et l'Espagne l'abondance et le bas prix de l'huile rendait inutile ce procédé nauséabond !!!

En France les Bouchers fondaient la graisse et fabriquaient eux même les chandelles, du moins jusqu'à ce que le métier de Chandelier voit le jour et que ces gens de métier forment une corporation vers 1016, mais ne seront régularisés par un statut que bien plus tard

La Lanterne fut imaginée au début du moyen âge, c'était une enveloppe de métal pourvue sur un ou deux côtés de lames de cornes transparentes. Elle renfermait selon sa taille, soit une petite lampe ou une chandelle, ces lanternes se fabriquaient chez les Peigniers-Tabletiers, qui avaient le privilège de travailler la corne

Ces lanternes se portaient à la main, on en trouvait aussi parfois sous une statue pieuse, ou encore à la poterne d'entrée des Couvents, Monastères et Abbayes. Mais jamais aux carrefours des rues, car larrons et marchands de mort subite auraient tôt fait de la faire disparaître, afin de pratiquer leurs méfaits en toute tranquillité, les rues étaient de vrais coupes gorge une fois l'heure du couvre feux venue  ( voir article ) !!!!!








Bien sur vous allez me dire " Ho !! et la bougie hein ", on se calme !!! la chandelle de suif pour les pauvres et la bougie de cire pour les gens fortunés, car si le Roi en son privé s'éclairait à la bougie et quelques privilégiés fortunés aussi c'était fort rare

La cire était alors importée par les vénitiens, maîtres du commerce avec l'Orient, le prix de la matière brut était donc déjà très élevé, je ne vous parle donc pas du prix de la bougie après la transformation de la matière!!

On entourait parfois les chandelles de suif avec de la cire, ce qui donnait une chandelle plus économique. Le prix des bougies de cire restera toujours très élevé, même au Bas moyen âge des XIII, XIV et XV siècles




PS: même au XVII et XVIII siècles beaucoup de gens utilisaient encore la chandelle de suif dans leurs demeures, la documentation provient de la BNF, comme il se doit M de V

mardi 5 mars 2019

Pour remettre les pendules à l'heure

En hommage à J Flori, mort en 2018 ( RIP), disciple de G Buby et spécialiste, en tant que directeur de recherche au CNRS, de la chevalerie.

Remettons avec lui les pendules à l'heure, foin de ces personnes qui s'équipant d'armures rutilantes le WE, se parent du titre de Médiéviste, sans même avoir fait les études correspondantes, il faut raison garder et dans ce domaine le titre de Reconstituteur suffit à la tâche. On sait le débat qui, depuis plus de 30 ans oppose les meilleurs historiens de la société médiévale à propos des rapports qu'il convient d'établir entre Noblesse et Chevalerie à partir des XI et XII siècles

Tandis que les uns soulignaient à juste titre le caractère interchangeable des termes " Miles " et " Nobilis ", dans certains documents Latins, et diplomatiques en particulier, ainsi que la réelle conscience d'appartenir à une classe dominante qui unissait entre eux, tous les membres du groupe Aristocratique dont les " Milites " faisaient partie

Les autres, avec autant de raisons, insistaient sur l'hétérogénéité de cette classe aristocratique ainsi définie. Ils remarquaient que la Noblesse de cette époque, était avant tout fondée sur la naissance, et sur l'appartenance à un lignage clairement revendiqué. Pour eux Noblesse et Chevalerie ne sauraient être confondues avant le moyen âge tardif, voir XIV et XV siècles dans certaines régions !!!









Selon certains la noblesse " de droit ", serait issue de la noblesse " de fait ", les autres niaient cette filiation en rappelant que la noblesse est antérieure à la chevalerie, et repose sur des critères qui ne doivent rien à la chevalerie, comme la naissance, l'appartenance à un sang illustre, ou la revendication d'un lignage

Ces positions si radicalement opposées, fondées sur l'étude de documents irréfutables, mais issus de régions différentes, ont inspiré depuis trente ans un grand nombre de thèses de grandes valeur. Ainsi peu à peu se dessinait une sorte de consensus, qui pour la plupart des régions de France, conduisait à distinguer la chevalerie de la noblesse, qui lui était antérieure, et au sein de laquelle les chevaliers parvinrent à se glisser au terme d'une lente et progressive ascension d'ordre social autant qu'idéologique !!

Ce n'est qu'au moyen âge tardif que l'aristocratie, qui filtrait en son sein l'accès à la chevalerie par le rite de l'adoubement, met en place une nouvelle exigence, la naissance. Cette exigence fige alors la société, et crée la noblesse issue de la chevalerie. Désormais l'aristocratie n'est plus constituée que de familles pouvant revendiquer un ancêtre Chevalier

Votre copiste le nain dirait, en langage plus imagé,  qu'ils passaient leur temps à vanter les exploits de leur ancêtres, en ne participants plus qu'à des tournois, afin de ne plus prendre de raclées sur les champs de batailles









La distinction sociale entre les couches élevées de l'aristocratie et le niveau beaucoup plus modeste qu'occupaient les chevaliers ordinaires va perdurer jusqu'à la fin du XII siècle

Dans les chansons de geste, tous les héros, nous sont décrits l'épée à la main, ou bien chargeant les Sarrasins lance basse, c'est à dire en chevaliers !! Ces chansons témoignent de la faveur considérable dont jouissait la pratique guerrière auprès des couches aristocratiques !!

Mais cela n'implique pas que tous les chevaliers aient appartenu à l'aristocratie et moins encore à la noblesse !!! Il est certain cependant, que l'accent mis sur les capacités guerrières, contribua à la promotion de la chevalerie, et à l'adoption par l'aristocratie des valeurs dites " chevaleresques ", rapprochant ainsi l'élite guerrière de l'élite sociale !!

C'est par ce moyen selon J Flori, que se réalisa la fusion entre les deux entités. Sur le plan idéologique cette fusion s'accomplit au moyen âge tardif


PS: documentation BNF sur un texte de J Flori ..M de


dimanche 3 mars 2019

Les Brodeurs au Moyen âge

Venu du fin fond des âges l'art " de l'aiguille et du fil ", a été dès le haut moyen âge un travail hautement apprécié, et des témoignages écrits existent depuis le VII siècle

Des femmes de haut rang puis des spécialistes masculins et féminins l'ont illustré, vêtements ecclésiastiques ou aristocratiques, autels et manteaux, harnachements de destriers, oriflammes, murs d'églises, de châteaux, couvertures et contrepointes, ont acquis grâce à leurs ornementation brodée et leur beauté, un prestige qui rejaillissait sur les commanditaires de ces oeuvres

Les brodeurs n'ont laissés derrière eux que peu d'information sur leur métier et leur vie, car ils travaillaient en marge des autres artisans de la société médiévale. A Londres, les brodeurs se seraient regroupés pour former une guilde au XIV siècle, mais n'auraient été dotés d'une Charte qu'au XVI siècle (1561). A Paris par contre, les brodeurs ne formeront une guilde qu'au XV siècle (1471), mais à l'inverse de nos voisins d'outre Manche, ils étaient dotés de statuts à partir du XIII siècle (1292)

Les brodeurs les plus réputés au moyen âge, en Europe, étaient ceux de Londres, suivis de près par ceux de Paris








Les quelques 200 noms d'artisans Brodeurs cités dans les statuts parisiens révèlent l'étendue de la participation masculine, dans un art qui avait été considéré longtemps comme un domaine exclusivement féminin

Il y eut sans doute des dynasties familiales d'artisans brodeurs, qui tout en dirigeant leurs ateliers transmettaient le métier de génération en génération tout en formant des apprentis. Nous ne connaissons pas la taille de ces ateliers, qui devaient varier selon le lieu d'implantation, le volume des commandes et bien sur la réputation du brodeur

Certains comptaient probablement en plus du Maître des compagnons, des valets (ouvriers), et des apprentis à différents stades de leur formation. Puis d'autres ateliers, ne comptaient que le mari et la femme, avec un apprenti, qui bien souvent était leur propre enfant

C'est à partir des statuts de 1316, que nous trouvons ajouté au nom de l'artisan celui leur femme, comme formant une équipe, Jéhan d'Argenteil et sa femme, Jacques le broudeur et sa femme, Jéhan le Fournier et sa femme ou encore Nicolas de Losanne et sa femme. nous ignorons le genre d'ouvrages qu'ils exécutaient car c'était un milieu très fermé









Mais le nom d'Etienne Chevalier apparaît souvent dans les comptes royaux de la maison de France, par exemple, en 1328, notre artisan Brodeur acheta du mobilier, après le décès de Clémence de Hongrie, veuve de Louis X le Hutin !!

Il y avait entre autre, des rideaux de lits brodés en soie bleue, des housses de coussins avec des fleurs de lys et un couvre lit en soie à motifs de dauphins orné d'une bordure aux armes de Hongrie

Cette transaction nous révèle un autre aspect de la vie professionnelle des brodeurs de métier, le rachat de biens appartenant aux grands du royaume !!!

Les statuts des brodeurs exigeaient un apprentissage de huit ans, avant de devenir valet (ouvrier), puis compagnon, un des apprentissage les plus long de l'artisanat, en raison sans doute de la complexité du métier et des différentes techniques de broderies à maîtriser

Quand un brodeur avait effectué un an et un jour chez un maître en tant que compagnon, il pouvait s'établir à son compte s'il en avait les moyens bien sur








Il était fort courant d'interdire le travail de nuit dans les différents secteurs de l'artisanat, car il était problématique de travailler dans des endroits sombres à la lueurs de bougies, surtout dans un travail de précision comme la broderie

Cependant en 1316, à la demande des artisans brodeurs, le Prévôt de Paris lève l'interdiction du travail de nuit dans leurs nouveaux statuts. Mais à certaines conditions, premièrement l'urgence d'un délai de livraison, puis en cas de grosse commande et un contrôle supplémentaire de qualité pour voir si ce travail de nuit avait été bien réalisé

Les brodeurs chevronnés des grandes cités médiévales d'Europe, en particulier Londres et Paris, travaillaient pour les rois, les grands feudataires, tel que Princes, Ducs et hauts Barons, puis les grands dignitaires de l'église, Cardinaux, évêques chanoines et abbés mitrés.

Ces personnages étaient intransigeants en matière de délai de commande et de qualité du produit fini, il n'était pas bon pour le commerce de mécontenter les grands, car c'était un peu leur pub. Il suffisait qu'un artisan travaille pour tel Prince ou tel dignitaire de l'église pour que toute la haute bourgeoisie se rue chez lui....cela n'a pas changé à notre époque !!!



PS: documentation BNF et un texte de J Le Goff ...M de V

jeudi 28 février 2019

N°290) Mercenariat au Moyen âge

Les mercenaires des derniers temps du moyen âge,  sont gens de métier qui louent leurs services pour suppléer une noblesse dont l'ardeur guerrière s'étiole, et qui préfère se livrer aux plaisirs dangereux mais lucratifs du Tournoi, ils laissent la place au mercenariat, une profession en forte hausse au bas moyen âge !

Or donc il y eut dans tous les états de l'Europe des combattants de métiers, qui ne disposaient d'aucun pouvoir, qui ne prétendaient pas non plus à en obtenir, mais qui cherchaient à s'employer pour vivre par le moyen des armes

Tel est le phénomène du mercenariat étranger ou indigène, comme les Archers Anglais engagés par les Ducs de Bourgogne, les Arbalètriers Génois, les Genétaires Espagnols, les Piquiers Suisses, les Mineurs Liégeois ou les Canonniers Allemands, je ne cite que ceux la car la liste est fort longue

Ces gens solidement encadrés et bien formés donnent naissance à ce que l'on peut appeler des " Militaires ". En d'autres termes, c'est faire appel à des gens de métier dont la profession est la guerre, et qui permet désormais d'éviter le recours massif au peuple. Aux gens de ces " Communes ", dont Philippe de Mézières disait à la fin du XIV siècle " qu'elles sentent aucunement de rébellion envers leurs seigneurs naturels, pour ce qu'elles se sentent toujours en servage "








Ces gens de métier suppléent aux carences militaire de la classe dirigeante, celle ci se désintéressant de la guerre en faisant reposer son pouvoir sur d'autres principes ou d'autres ressorts. Tel sera le cas des cités états d'Italie, au moins à partir du XIV siècle, et même pour L'Angleterre de la fin du moyen âge, quoique dans une moindre mesure

Mais le mercenariat présentait aussi de gros inconvénients. Il arrivait fréquemment que nos mercenaires échappent au contrôle de leurs employeurs, exerçant alors sans retenue leurs ravages sur le pays, et cherchant quand l'occasion s'en présentait à s'emparer, en tout ou partie du pouvoir !

Pour en citer quelques uns, songeons aux Cottereaux, Brabançons et routiers qui sévissaient du milieu du XII siècle , jusqu'aux premières décennies du XIII siècle. puis vint les Grandes compagnies du XIV siècle, les Ecorcheurs du XV siècle, pour finir par les compagnies d'aventure et à la Condotta en Italie

Non seulement ces gens de guerre représentaient un danger pour l'ordre public, mais également pour le pouvoir en place, car en dépit de leurs compétences, on doutait volontiers de leur dévouement, si vous arrêtiez de les payer ils partaient ou se retournaient contre vous. En bref ils n'étaient fidèles qu'envers eux mêmes au sein de leur formation de combat ( ce qui personnellement me paraît tout à fait logique)









C'est pourquoi il était conseillé aux Princes de n'y avoir recours qu'en dernière analyse et encore de façon parcimonieuse, mais voila une fois le doigt mis dans l'engrenage on y laisse passer le bras !! Car la guerre se professionnalisait de plus en plus, dès lors que la mobilisation de masse n'était plus de mise, et que le système féodal perdait une large partie de sa finalité première

Car quantité de nobles ne se souciaient plus de servir à la guerre, sinon contraints et forcés, en tant qu'éléments d'appoint et les états furent amenés à recruter de plus en plus de combattants de métier

Ainsi selon les circonstances, même s'il y eut toujours des non combattants, on trouvera désormais une masse populaire variable de non combattant de fait ou de droit, pas seulement les femmes, mais aussi les malades et les handicapés, puis les jeunes de 12, 14, 16 ans, et bien sur les vieillards au dessus de 60 ans



PS: documentation BNF, sur un texte de Philippe Contamine ...M de V

mardi 26 février 2019

Les Francs Juges de la Terre Rouge

Dans ces régions on frémissait au seul nom de ce tribunal secret de la Westphalie, qui jugeait et condamnait dans l'ombre, exécutant ses arrêts à l'improviste, et dont les règles et les lois étaient enveloppées d'un profond mystère !

On ne sait avec exactitude l'époque à laquelle fut établi cette formidable institution. Quelques écrivains la font remonter à Charlemagne lui même ?. On dit qu'ayant soumis les Saxons il créa un tribunal secret, ayant pour but de les surveiller, afin qu'il ne retombent pas dans les erreurs du Paganisme.

Il semble plus probable que cette institution faisait partie des vestiges des tribunaux ayant existé chez les germains et qui se serait maintenu en Allemagne, quand ce pays se divisa en une foule de petits états indépendants

Mais ce qu'il y a de sur c'est que du IX au XIII siècles, toute la partie Allemande comprise entre le Rhin et le Weser était livrée à l'anarchie la plus totale, les crimes s'y multipliaient à l'envie et restaient impunis !

Des hommes vont donc créer cette juridiction, qui vigoureusement va comprimer ces désordres barbares. Elle reçut le nom de Vehmgericht, ce qui signifie Tribunal Vehmique. Il avait pour domaine d'investigation, toute la Westphalie, qu'ils désignaient sous le nom de " terre rouge "

Sortis des limites de ce territoire, il n'y avait pas de réunion de tribunal, mais les Francs Juges avaient la prétention de réprimer certains crimes commis hors des Terres Rouges et assignaient à comparaître devant eux, des personnes domiciliées ailleurs, voir même fort loin de la Westphalie !








On ne connait pas toutes les localités ou siégeaient les tribunaux de la terre rouge, mais le plus célèbre tenait ses séances sous un tilleul devant le château de Dortmund, chaque tribunal était composé d'un nombre très important de Francs Juges, de plus ces tribunaux avaient deux juridictions l'une publique et l'autre secrète !!!

Les Francs Juges possédaient un signe secret dont ils faisaient usage pour se reconnaître entre eux, et un des statuts fondamentaux du Tribunal de la Terre Rouge, condamnait au plus cruel supplice le membre qui aurait trahi les secrets de leur ordre

En Westphalie, était considéré comme traître, quiconque fournissait le moindre indice donné à un proche, ou un membre de sa famille, permettant de lui faire comprendre, qu'il était poursuivi ou condamné par ce Tribunal, que l'on nommait aussi " la Sainte Vehme " !! Un écrivain allemand écrira, " le frère craignait le frère, l'hospitalité n'existait plus "

Nos Francs Juges, fort nombreux, parcouraient le pays avec pour mission de rechercher les crimes, les dénoncer et infliger une peine immédiate. Il fallait sept juges pour former un tribunal, mais si trois juges surprenaient un malfaiteur en flagrant délit, ils pouvaient le saisir, puis le juger sur l'heure et lui faire subir le châtiment !!

A lire ces lignes cela ne fait guère envie à votre Copiste de se retrouver en Westphalie à cette époque et comment avoir foi en la probité et l'impartialité de ces Francs Juges ???








Les peines applicables à tel ou tel délit étaient laissées à l'appréciation du tribunal rassemblé en un lieu pour juger. mais les règlements de cette institution sont muets à cet égard ??? Ils se bornent à dire que les coupables seront punis " selon le droit du Ban secret ". Bien évidemment la peine capitale était appliquée à tous les délits graves, et le plus souvent par pendaison

Mais la Sainte Vehme ou Tribunal des Terres Rouges, qui un temps imposait un frein salutaire aux seigneurs, toujours prêts à se mettre au dessus des lois, puis à châtier les bandits que l'impunité avait encouragés à tout oser, va évoluer

Elle ne tarde pas grâce à la terreur qu'elle inspire, à manifester des prétentions exagérées, puis à s'écarter de la juste mesure de ses fonctions. Dès le XV siècle, les Francs Juges n'étaient plus ces hommes d'un intégrité austère qui rendaient la justice, mais des gens élevés à cette dignité par l'argent, bref ils achetaient leur charge.

Les basses vengeance et la corruption minaient la coutume Vehmique. Au dire d'un historien, on admettait comme juges bien des gens qui auraient mérités d'êtres jugés. mais ne leur jetons pas la pierre, car soyons réalistes, cela ne change guère de notre époque actuelle non ????

PS: documentation de la BNF....M de V

lundi 25 février 2019

Le Vieux de la Montagne

Selon les écrits de Marco Polo, célèbre au XIII siècle, ce Prince se nommait Alaodin, il aurait fait faire dans une vallée encaissée entre deux montagnes, un magnifique jardin, dont l'entrée se trouvait protégé par une formidable forteresse.

Il était rempli d'arbres et de fruits de toutes sortes, et autour de ces plantations, le vieux avait fait ériger Palais et pavillons, décorés avec magnificence de peintures, de meubles et de tentures de soies. L'ensemble était traversé par tout un réseau de canaux aux eaux limpides, et pour parfaire l'ensemble il y aurait logé des jeunes filles, belles et pleines de charmes

Ce Prince faisait croire, par ruse, à ses gens, que ce jardin était le paradis. Comme Mahomet avait dit que ceux qui obéiraient à ses volonté iraient au paradis, le vieux, lui, faisait croire à ses disciples qu'il était prophète et compagnon de Mahomet !! Il avait à sa cour des jeunes gens de dix à vingt ans, pris parmi ceux qui peuplaient la montagne et qui lui paraissaient les plus propres aux maniement des armes

Il faisait de temps à autre, ou selon ses besoins, donner à une dizaine d'entre eux, une boisson qui les endormait, puis les faisait transporter dans le jardin, lorsqu'ils se réveillaient et qu'ils découvraient les merveilles que nous avons décrites, ils ne doutaient plus qu'ils fussent au paradis. Au bout de deux ou trois jours ils étaient endormis à nouveau et ramenés à la cour du Prince 








Ces élus racontaient alors ce qu'ils avaient vécus devant la cour et le vieux leur disait qu'il ferait entrer au paradis quiconque combattrait et mourrait pour son seigneur. Donc celui à qui il était ordonné de se sacrifier s'estimait heureux. Tous les seigneurs ou les ennemis du vieux de la montagne étaient mis à mort par ses assassins, et si puissants qu'ils fussent ils ne pouvaient manqués d'être tués

De son récit traduit de l'original en vieux français, Marco Polo, attribue l'initiative ou l'invention de ce système de domination à Alaodin, alors que ce dernier ne faisait que continuer une tradition de sa race. Il n'est autre que le successeur du fameux Hassan, fils d'Ali, lequel vers le milieu du XI siècle, profita des troubles qui désolaient l'Asie, pour se créer un royaume aux dépens des peuples et des souverains

Hassan avait embrassé, s'il on peut dire, la doctrine de la foi Ismaélienne qui prétendait expliquer d'une manière simple tous les préceptes de la religion musulmane, et qui détruisant ainsi le culte public, donna naissance à une croyance toute philosophique. Ce nouveau courant allait faire gagner à Hassan, chef de file de la foi, beaucoup d'esprits simples et sincères

C'est alors que le Calife Sindjar se proposa d'anéantir ce mouvement, mais un beau soir il trouva sous son oreiller un poignard fraîchement aiguisé !! Puis lui parvint une lettre de Hassan, à la prose on ne peut plus explicite, je cite: On pouvait te plonger dans le coeur ce qui a été placé près de ta tête !








Que pensez vous que fit le Calife ???...Oui, il fit la paix avec Hassan, dont la dynastie devait régner pendant 170 ans. Dans le château d'Alamond, construit sur les frontières de la Perse, au sommet d'une montagne escarpée et boisée, avait vécu Hassan, sa résidence principale fut aussi celle de ses successeurs;

Or donc dans la langue de ces régions, le même mot signifie à la fois " Prince " et " Vieillard ", les croisés qui avaient entendu prononcer ce mot firent l'amalgame et donnèrent à ce Prince Ismaélien, le nom de Vieux de la Montagne

Les auteurs anciens nommaient les sujets de Hassan les Haschichini, Heississini, Assissini ou Assassini, formes diverses de la même expression et qui passera dans notre langue, avec une acception qui rappelle les sanglants exploits attribués aux Ismaéliens

Si l'on cherche l'étymologie de ce nom, on doit supposer qu'il est la transformation du mot arabe " Haschischin ", qui servait à désigner les sectaires dont nous parlons, parce qu'on leur procurait du Haschisch, cette préparation extraite du chanvre indien, qui provoquait chez eux les rêves les plus étranges

Lors des immenses préparatifs que faisait Louis IX pour sa croisade, le Vieux de la Montagne, lui envoya deux de ses assassins, chargés de tuer ce Roi au milieu de sa cour !!




PS: rassurez vous il n'avait pas été le premier .....documentation BNF ..M de V

dimanche 24 février 2019

Le conseil des Dix de Venise

Célèbre tribunal inspirant l'effroi, le Conseil des Dix de Venise, ne saurait être oublié quand il s'agit de parler d'exécutions arbitraires, de justice tyrannique et implacable, il fut créé à la suite d'une révolte, qui éclata dans la république en juillet 1310, et ne devait à l'origine siéger que deux mois, mais on dut le trouver pratique car de prorogations en prorogations, en 1311 il sera confirmé pour 5 ans, en 1316 pour la même durée, ensuite pour dix ans, puis fut établi à perpétuité !

L'autorité du conseil des dix va se trouver renforcé par la création des Inquisiteurs d'état. Ils étaient au nombre de trois, élus par le conseil des dix, ces trois citoyens de la république de Venise sur lesquels se portaient les suffrages ne pouvaient refuser les fonctions ainsi attribuées !!

Le meilleur moyen de faire connaître ce redoutable tribunal est d'emprunter quelques extraits de ses règles de fonctionnement. Selon ce document du XV siècle, les inquisiteurs élus pouvaient procéder contre toute personne et aucune dignité n'avait le droit de décliner leur juridiction, ils s'en prendront même plusieurs fois à des Doges

Ils pouvaient prononcer toutes les peines même la mort, leurs sentences étaient rendues à l'unanimité du tribunal des dix et disposaient des prisons dites "les puits " et " les plombs ". Nos trois inquisiteurs d'état pouvaient puiser à volonté dans les caisses du conseil sans avoir à rendre compte de l'usage des fonds mis entre leurs mains








La procédure de ce tribunal était secrète et les membres ne portaient aucun signe distinctif. Le chef des sbires du tribunal avait ordre d'éviter de procéder aux arrestations aux domiciles des gens désignés, mais de ce saisir du coupable à l'improviste hors de chez lui, pour être conduits sous "les plombs " du Palais des Doges

Quand le tribunal aura jugé la mort de quelqu'un, l'exécution ne sera jamais publique, on noiera purement et simplement le condamné, la nuit, dans le canal Orfano, en même temps il faut dire que c'était pas ce qui manquait à Venise les canaux !!!

Le tribunal autorisera dans les divers territoires, étant possession de Venise, de faire disparaître quelque patricien ou personnage important qui serait gênant pour la république, le tout secrètement bien sur et en toute impunité, n'ayant à en répondre que devant Dieu

Si quelque ouvrier, possédant un art ou un métier, le transporte à l'étranger et ce jugé au détriment de la république par le tribunal des dix, on lui fera parvenir l'injonction de rentrer, si notre artiste ou artisan n'obéit pas, on met en prisons ses proches, afin de le déterminer à l'obéissance.

Mais s'il persiste bêtement dans son erreur, des mesures secrètes seront prises pour le faire tuer ou qu'il puisse se trouver. On peut imaginer la terreur que ce tribunal qui existait, sans exister, pouvait inspirer aux habitants de la république de Venise, cet espèce de pouvoir parallèle de l'état régnait dans l'ombre et personne n'était à l'abri









Si quelque noble de la république se permettait en plein Sénat, de discuter ou de critiquer le conseil des dix, ou s'efforçait de lui porter atteinte, on le laissait hypocritement s'exprimer, mais à la sortie du Sénat il était immédiatement arrêté. Ensuite on instruisait en sous main, son procès par un tribunal ordinaire de Venise et si on ne parvenait pas à le faire condamner, on le faisait mettre à mort secrètement !!

On comprend facilement, que pour la mise en pratique de ce règlement, dont je n'ai cité que quelques articles, des mesures avaient été prises afin d'organiser un réseau d'espionnage, ainsi que le recrutement d'exécuteurs des basses oeuvres !

Les nobles étaient sous surveillance, le secret des lettres et missives n'était pas respecté, les ambassadeurs étrangers étaient surveillés en permanence, et quiconque insultait ou gênait les sbires et les observateurs du conseil des dix, devait être mis à la torture, puis recevoir ensuite le châtiment que les inquisiteurs d'état jugeaient convenable. Des pages entières des statuts secrets attestent que le mensonge et la fourberie étaient la base de toutes les relations diplomatiques du gouvernement vénitien

Cependant le conseil des dix en tant que tribunal avait été institué uniquement dans le but de veiller à la sûreté de la république vénitienne, il ne pouvait donc pas s'immiscer dans les causes civiles, et il était de plus interdit à ses membres d'avoir des relations ou des échanges avec des étrangers à la république, ce qui ne le gênera pas pour mettre son nez partout !!!




PS: documentation de la BNF.....M de V

samedi 23 février 2019

Subir la Question au moyen âge

En abordant le sanglant domaine de la pénalité au Moyen âge, il nous faut parler en premier lieu de la " Question ", qui pouvait être selon les expressions consacrées soit " Préparatoire ", soit " Préalable " !!!

Préparatoire, lorsqu'elle avait pour but d'arracher à l'accusé l'aveu de son crime, ou celui de ses complices, et Préalable quand elle constituait une aggravation de peine, que le condamné devait subir préalablement à l'exécution capitale !!

On la qualifiait aussi d'ordinaire ou d'extraordinaire, suivant la durée ou la violence des tortures à infliger au condamné. Dans certains cas elle pouvait durer de 5 à 6 heures consécutives, d'autres fois elle ne dépassait pas une heure, mais même celle ci devait paraître fort longue pour celui qui subissait la dite question

Hippolyte de Marsilli, docte Jurisconsulte de Bologne, qui vivait au XV siècle, mentionne 14 manières de donner la Géhenne ou question. Je ne citerais que quelques exemples qui seront suffisant pour vous édifier, comme la compression des membres par des instruments, ou seulement à l'aide de cordes, puis  l'injection d'eau, de vinaigre, ou d'huile dans le corps de l'accusé, on avait aussi l'application de poix bouillante








Le procédé le plus simple restait la privation totale d'aliments et de boissons, tels étaient les procédés le plus fréquemment utilisés. D'autres moyens plus ou moins usités étaient employés, selon le caprice ou la créativité du Magistrat et du bourreau, ils se faisaient remarquer par leur atroce singularité

Comme de placer des oeufs brûlants sous les aisselles, introduire entre le cuir et la chair des dès à jouer, ils pouvaient attacher aux doigts des bougies allumées, qui se consumaient en même temps que la cire, ou faire tomber de l'eau goutte à goutte d'une grande hauteur sur le creux de l'estomac

Mais il semble que la torture la plus indicible fût, selon les vieux criminalistes d'arroser les pieds de la victime avec de l'eau salée pour les faire lécher par des chèvres. Même si l'on voit ce procédé utilisé dans un film comique avec Fernandel, je pense que l'accusé goûtait fort peu le côté hilarant de la chose !!! (bien que ce film concernait la Renaissance)

Dans chaque pays il existait bien sur des usages particuliers pour appliquer la question en fonction des moeurs de ses habitants. Pour la France, la mise à la question différait selon les provinces, ou plutôt selon les Parlements de ces régions, la encore je ne fournirais que quelques exemples car ils sont légion.

Je me propose de commencer par la Bretagne, ou l'on approchait graduellement d'un brasier ronflant, l'accusé, attaché sur une chaise de fer, je vous laisse imaginer la scène de ce barbecue de plein air !!

En Normandie, on lui serrait un pouce dans un étau, inventé pour l'occasion, pour la question ordinaire, mais on y mettait les deux pour la question extraordinaire....Heuu..ça vous gène pas si je vomi ?????

En Bourgogne, à Autun, après avoir avoir équipé l'accusé de hautes chausses de cuir bouillis, on le liait sur une table que l'on approchait d'un grand feu, puis l'on versait soigneusement sur le cuir une quantité variable d'eau bouillante, qui bien sur pénétrait le cuir, cuisant et décomposant les chairs, leur inventivité me bouleverse !!!








Dans la ville d'Orléans, l'accusé était mis à nu jusqu'à la ceinture, puis on lui liait les deux mains dans le dos au moyen d'une clef de fer à laquelle était fixée une corde. On suspendait ensuite lentement l'accusé jusqu'à une certaine hauteur au moyen d'un treuil, le misérable avait en plus un poids de 250 livres fixé aux chevilles. La manoeuvre consistait à le laisser retomber brusquement, plusieurs fois, et ce presque jusqu'au sol !!! Ce qui invariablement lui disloquait bras et jambes

Pour la capitale, Paris, on garda fort longtemps le procédé de la question par l'eau, c'était à la fois le procédé le plus intolérable, mais aussi la moins dangereuse pour l'accusé, ce qui permettait à l'occasion de recommencer la procédure plusieurs fois si nécessaire !!

On attachait la victime par les quatre membres, jusqu'à ce que le corps fut bien tendu, on lui plaçait ensuite un tréteau sous les reins, puis à l'aide d'une corne ou d'un ustensile en cuir formant un entonnoir, le bourreau lui versait dans la bouche, quatre coquemars d'eau (soit 9 litres). Pendant ce temps la un de ses aides pinçait fortement le nez de l'accusé afin de le contraindre à boire

Bon pour la question ordinaire c'était neuf litres, mais pour la question extraordinaire c'était le double. Voila juste un éventail de la pratique de la question, car la liste des moyens utilisés est fort longue, et je ne vous parle même pas des joyeusetés que subissait l'accusé à l'exécution de la sentence de son jugement !!!




PS: Il est évident que bien souvent, vaincu par la douleur, l'accusé s'avouera coupable, bien qu'il ne le fut pas. La documentation provient de la BNF comme d'habitude M de V


jeudi 21 février 2019

N°285) Fragment d'histoire médiévale

La lettre dont le texte suit, provient des archives de la ville de Millau, je la restitue donc tel que l'auteur nous la transmet. Dans cette missive John Chandos ( voir article) et Thomas de Felton, après un préambule dans lequel ils louent grandement la fidélité des habitants de la dite cité, envers Edouard de Woodstock, Prince de Galles (le prince noir)

Font savoir, que le samedi après la chandeleur, ils partiront de Villeneuve d'Agen à la tête d'une forte compagnie afin de porter secours aux Millavois et les défendre contre leurs ennemis

Ou le Connétable explique la raison pour laquelle ils ont tant lanterné avec leurs gens d'armes avant d'aller aider les Habitants de la cité de Millau. Des informations le laissait dans l'expectative








Il avait appris par des informateurs, que Perrin de Savoie et sa bande de routiers, étaient revenus de la campagne d'Espagne (celle que Charles V avait lancé pour se débarrasser des grandes compagnies), voir article !. Selon ses sources il devait passer, avec sa bande, par Auvillars pour entrer en Agenais, et Chandos se disposait à profiter de l'occasion pour lui courir sus !!

Cette missive est datée du premier février, mais ne comporte pas de mention quand à l'année d'émission ? Mais il est possible de suppléer à cette lacune, car c'est en 1367, que la bande de Perrin de Savoie dévasta certaines parties du Languedoc. Cette année la il avait assiégé sans succès, Nant, chef lieu de canton de l'arrondissement de Millau, puis aussitôt après c'était rendu à Millau, qu'il ne va pas attaquer (est ce parce que Chandos l'aurait fait fuir ??)

On sait que plus tard en septembre de la même année on le retrouve campé avec sa bande aux environs de Montpellier, qu'il va d'ailleurs ravager. Ce n'est qu'en 1368, que la province sera débarrassée de cette engeance, quand Du Guesclin les prend à sa solde pour mener le siège de Tarascon










La ville de Millau occupée par les Anglais depuis 1362, ne fit sa soumission au roi Charles V le Sage, qu'en décembre 1370

Souvenons nous que depuis ce détestable Traité de Brétigny, tout le sud ouest appartenait à l'Anglois, et ce à cause de ce détestable Jean II le Bon (que ce terme de le bon ne saurait réhabiliter !!)

Je vais essayer de transcrire ce courrier en langage courant de manière à ce qu'il soit compréhensible par tout le monde, ce qui n'est pas simple !!!

Je ne suis ni Médiéviste de formation, ni Philologue, or donc je demande l'indulgence des lecteurs, mais aussi celle d'historiens qui pourraient voir dans ces lignes comme une atteinte à leur domaine de compétence. Qu'ils se rassurent, et ne voient ici que le souci du partage entre passionnés d'histoire médiévale

Je me considère comme un nain juché sur les épaules d'un géant, car nous ne faisons que commenter ou critiquer des faits et surtout des personnages historiques qui eux ont fait l'histoire











A nos très chers et bons amis , les Consuls et habitants de Millau

Très chers et bons amis, nous avons su et entendu la bonne foi et loyauté , en quoi vous êtes tous tenus envers le Roi d'Angleterre, notre Seigneur et son fils Monseigneur le Prince, de quoi, très chers amis nous vous remercions ainsi que nostre dit Seigneur

Nous vous prions très affectueusement de continuer à servir parfaitement nos dis Seigneurs, et avons en vous entière fiance, car très chers et bons amis, pour le temps à venir, la bonne foi et loyauté, en quoi vous tenez, vous sera à très grand profit et honneur ! Ce malgré et en dépit de toutes les mauvaises et fausses paroles de gens qui se mirent en essai de vous mal conseiller, afin que vous et les vôtres soyez détruits et déshonorés

Très chers et bons amis, pour venir à votre secours et vous visiter comme bons et loyaux sujets de notre dit Seigneur, nous allons devers vous le plus tôt que nous pouvons. Pour ce faire nous partirons ce samedi après la chandeleur de Villeneuve d'Agen et viendrons en telle compagnie, que si Dieu le veult et plait, nous vous garderons et défendrons de vos ennemis, en telle manière que pour vostre bonne loyauté vous serez toujours honorés







En outre nous fussions venus par devers vous plus tôt, mais si nous avons attendu c'est que nous cuidions que Perrin de Savoye et sa bande, qui sont revenus d'Espaigne devoient passer par Villars, pour entrer en pays d'Agenoys et nous contions lui courir sus pour les combattre, s'il y fussent entrés. Ainsi ferons nous si quelque part nous sachions qu'ils veulent porter ou faire mal et dommage.De telle manière, s'il plait à Dieu, vous connaîtrez que pour vostre foi et loyauté, avec vous nous voulons vivre et mourir. Que nostre Seigneur vous ait en sa sainte garde

Escript ce jour au dit lieu de Villeneuve d'Agen, le premier jour de février
John Chandos Connétable et Thomas Felton Sénéchal d'Aquitaine, de notre seigneur le Prince





PS: documentation BNF comme il se doit M de