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vendredi 1 juin 2018

N°180) l'Arbalète l'arme du Diable

Arbalète vient du latin " arcubalista ", arme qui tient de l'arc et de la baliste, selon les sources son origine serait Phénicienne ou Asiatique, je ne me lancerais pas dans une recherche de ce genre, il me suffit de savoir qu'elle fut utilisée d'un bout à l'autre du moyen âge.

L' arc l'emportait sur l'arbalète en ce qui concerne, la rapidité du tir et la facilité de retirer la corde pour l'abriter des intempéries, ce que l'on ne pouvait faire sur l'arbalète !!!, car la corde était fixée à demeure et bien sur se détendait dès qu'il pleuvait !

L'arc était léger, portatif et rapide de mise en oeuvre, l'arbalète est lourde, lente et difficile à manoeuvrer, à tel point que dans le laps de temps ou l'arbalétrier tirait trois carreaux, l'archer avait lancé dix flèches !!

Mais par contre, ces trois carreaux frappaient le but à de bien plus grandes distances, avec une force d'impact bien plus importante et beaucoup plus précise. Si l'on désire faire un comparaison correspondant à notre époque, l'arbalète serait un fusil à canon rayé et l'arc un fusil à canon lisse !!! Car l'arme était à tir tendu, grâce à la vélocité de ses carreaux. On pouvait sans beaucoup d'entraînement devenir un bon arbalétrier ! par rapport à un archer, auquel il fallait des années pour maîtriser le tir courbe de son arme!!







L'usage en fut interdit par l'église au second Concile de Latran (1139), considérée comme trop meurtrière et nommée l'arme du Diable, par contre, sur les infidèles on avait le droit bien sur !!, le diable combattant l'infidèle....le message était porteur !!!!

Richard Coeur de Lion, lui, ne s'embarrassait pas de ce genre de considération et vers 1198, remis cette arme en dotation pour ses troupes de pied, il était lui même aux dires de chroniqueurs un virtuose de l'arbalète ( voir article )

Ce ne sera pas les fulminations du pape Innocent III qui le gêneront, il n'en avait cure !!, l'arme devient un des plus redoutables engin de guerre du moyen âge, elle servira dans les batailles jusqu'au milieu du XVI siècle.

Les traits utilisés pour cette arme étaient de deux sortes, le Carreau si le fer se terminant en pointe était quadrangulaire, et se nommait Vireton, si les ailettes du trait étaient tordues en hélice pour fournir un mouvement de rotation, qui augmentait la portée et la justesse du tir

Les ailettes étaient en bois léger ou en cuir, posés parallèlement à l'axe de la Hampe qui était épaisse et courte, le fer en pointe était fort court lui aussi, les traits étaient rangés dans une trousse pendue à la ceinture






Il existait aussi les traits pour arbalètes de chasse, que l'on nommaient " Matras ", elles étaient terminées en carré, afin d'assommer les animaux dont le sang aurait pu souiller fourrures et plumages, ils étaient souvent finement damasquinés, les hampes portants des incrustations décoratives, inutile de dire qu'ils étaient ramassés après le tir par quelque varlet de chasse pour les donner à son seigneur !!

Or donc nous avons les arbalètes de Guerre et celles de Chasse, pour les conflits nous avions, l'arbalète à pied de chèvre (ou de biche), l'arbalète à cric, l'arbalète à tour et l'arbalète de passe (ou de passot). Éventuellement quand les circonstances le nécessitait les deux premières pouvaient s'utiliser à la chasse, histoire de s'approvisionner en viande en zone de conflit, mais en temps de paix on utilisait des arbalètes de chasse qui ne servaient que pour cela

On trouve deux types d'armes de chasse, l'arbalète à Jalet, elle lançait des balles de plomb ou de glaise durcie, la corde se tendait à la main et l'arbier était cintré pour faciliter l'armement, donc pas de rainure ! Le milieu de la corde avait une poche, comme un godet pour recevoir la balle de plomb ou de glaise, l'engin pour simplifier s'utilisait un peu comme un lance pierre que l'on aurait installé sur un arbier !

Puis l'arbalète à Baguette que je ne fait que nommer car elle ne fut utilisée qu'à partir du XVII siècle







L' arbalète se compose donc de l'arc en acier, fixé sur le fut en bois nommé Arbrier, sur lequel on trouve la rainure qui guide le trait au départ du coup.

A l'arrière de la rainure on trouve la Noix, disque circulaire en os ou en ivoire, possédant deux encoches, l'une pour recevoir la corde servant à armer l'arbalète et l'autre sert d'arrêt à la détente

L'appui sur la tige de détente dessous, provoque la rotation de la noix, libérant ainsi la corde qui pousse le trait le long de la rainure.

Derrière la noix se trouve un ressort qui par une légère pression maintien le trait, ce qui l'empêche de tomber quand on incline l'arme.

L'arbrier porte des renforts métalliques de chaque coté de la noix et au niveau des fixations de l'arc, les plus simples sont en bois de poirier ou d'if.

Mais presque toujours il a été déployé un grand luxe, dans la fabrication de l'arme du Diable, arc damasquiné, arbrier incrusté d'ivoire, voir même le fut entièrement en ébène.

Il en existe de très richement décorés au musée de la guerre, un régal pour les yeux



Nota: d'ou l'expression se tenir à carreaux, qui vient du M-A (dictionnaire des expressions Françaises), qui signifiait qu'à la bataille il fallait se tenir à l'abri et hors de portée des carreaux de l'arbalète 










PS: je vous laisse le choix de l'arme, mais sachez qu'il était nécessaire d'avoir une grande force pour tendre un arc de guerre de 2 mètres comme le longBow anglais, enfin c'est vous qui voyez M de V

jeudi 31 mai 2018

Le cadre de vie des Estudiants 3/3

La vieille Université assise depuis huit siècles sur la montagne Sainte Geneviève a évoluée lentement d'âge en âge, le champ de la science allant chaque jour grandissant devant maîtres et élèves.

Le régime des études, les conditions de vies changeaient également peu à peu, mais l'extraordinaire pittoresque de cette vie estudiantine, des écoles des premiers temps de l'Université se perpétuèrent longtemps. Que ce soit sous la robe délabrée de l'écolier des XIII et XIV siècle, assis dans la paille pour écouter les maîtres fameux de la rue Fouarre, jusqu'au pourpoint tailladé des étudiants batailleurs de la Renaissance au temps de la Ligue !!

Batailleurs ils le furent souvent et turbulents le demeurèrent toujours ! Ils font partie des souvenirs anecdotiques et mouvementés de nos vieilles écoles, depuis ce lointain passé médiéval. Pendant bien longtemps dans le haut moyen âge il n'y eut guère d'autres Escoliers, que des jeunes gens se destinant à la carrière ecclésiastique (surtout les jeunes nobles qui n'étaient pas les premiers nés d'une famille).

Les nobles sous leurs hauberts de mailles avaient d'autres préoccupations, les marchands se contentaient juste de ce qui était utile à leur travail et les artisans aussi, je ne vous parle même pas des paysans !!








Presque tous jugeaient qu'apprendre à lire était un luxe inutile à moins de vouloir devenir Clerc, Prêtre ou Moine, les Cathédrales des grandes cités avaient leurs écoles vouées au recrutement ou à l'instruction du clergé.

Mais au XIII siècle sur les flancs de la montagne Sainte Geneviève, s'établit une véritable cité des études, cette ville écolière voit surgir d'écoles en collèges une cinquantaine de lieux d'études, de tout ordre et de toutes tailles;

Des milliers d'Escoliers se presseront dans ses rues, venant d'Angleterre, d'Allemagne, de Bretagne, de Flandres et d'Italie etc !! Ce haut lieu du savoir est divisé en quatre Facultés, Théologie, Droit, Arts et médecine (voir article 1/3), chaque faculté est régie par un Doyen et tout l'Université par un Recteur;

Le premier grade pour un étudiant est celui de bachelier, il ne peut être obtenu avant l'âge de vingt ans et un minimum de six années d'études, ensuite viennent licence, maîtrise et doctorat. Les rois vont accorder droits et privilèges aux Recteurs, Doyens, Maîtres et étudiants ils disposent d'une immunité sans limite! (voir article 1/3 et 2/3).

Tous les grands noms sont passés à Paris, de Dante, en passant par Guillaume d'Ockam, Pétarque, Jean Duns Scot et biens d'autres, ont usés leurs poulaines dans la cité du savoir !!









Ce camp des études formé sur la rive gauche de la Seine devint en quelques décennies une ville populeuse, un tohu bohu de collèges, chapelles, églises et couvents enchevêtrés, autour desquels se pressaient quantité de logis en bois, s'appuyant à tous murs, murailles, contreforts disponibles, entre lesquelles serpentaient d'étroites et obscures ruelles,

Toujours parcourues de robes noires, habillant d'austères personnages se perdant dans de graves discussions théologiques et philosophiques.

Puis d'une multitude étourdissante de jeunes Clercs en souquenilles bigarrées, le nez au vent, frétillants de jeunesse, débordants de vitalité et mordant la vie à pleine dents, commettant moult farces, tours pendables et exactions en tout genre.

Un seul pont réuni la cité des études au Paris Bourgeois de la rive droite, ce n'est qu'au XIV siècle qu'un deuxième pont fut jeté, le pont de Saint Michel, tantôt en pierres et tantôt en bois au grès des crues et des débâcles.









Les locaux manquaient, on voyait donc des groupes d'étudiants suivant leurs maîtres, vers une place, quelques ruines gallo romaine, un préau de couvent, un pré voisin, afin d'y distiller son savoir.

Ce pouvait être une rue, lieu ou le maître avait son logis, il enseignait alors à sa fenêtre, avec des élèves chez lui et le reste dans la rue sous la fenêtre, par manque de place, alors commençait la longue litanie des phrases latines, car le savoir ne se distillait que dans la langue des Doctes, le latin !! A quelques temps de la cette cité des études fut surnommée le pays latin !

Jusqu'à la fin du XVI siècle, ceux qui ne parlaient et n'écrivaient que le langage vernaculaire étaient considérés comme totalement incultes !!

En exemple le médecin qui parlait latin, mais ne connaissait rien en médecine, considérait le chirurgien qui ne parlait que le langage vernaculaire, mais en savait bien plus sur la médecine que le docteur, comme un Béotien, une personne mécanique ne sachant utiliser que ses mains !!!!!

Snobisme qui perdure actuellement avec des personnes, dites, savantes ne sachant que répéter comme des perroquets des théories éculées et pérorant à l'envie, sortes d'Aliborons aux joues chargées d'éjaculations verbales et issus d'un lointain passé !!!






Bien sur nos escoliers à cause de leur immunité, vont commettre de nombreuses exactions, allant même jusqu'à fracturer les portes des maisons enlevant femmes et filles, rossant le bourgeois, faisant mille farces et mauvais tours au peuple parisiens, voleurs, menteurs, tricheurs et cependant suivant tant que faire se peut les cours des maîtres de leurs facultés.

Il faut néanmoins porter à leur crédit, qu'une grande majorité de ces jeunes gens venus de tous les horizons étaient pauvres, vivants dans la précarité du logement de l'habillement et des provisions de bouches, fort peu de ces étudiants pouvaient profiter d'une bourse d'étude et quand ils en avaient une, elle était aussi mince que le suaire du christ !!!!

Ils devaient chaque jours, avant de penser à la science, penser à la panse !!!! Allant de par la ville quémandant un reste de jambon ou un quignon et comme crieurs publics réclamant aumônes et charité afin de subsister

Tels des animaux errants et faméliques ils cherchaient pitance, car aucune nourriture ne vient de la science et Tête pleine sur ventre vide stimule l'imagination pour trouver satisfaction.

PS: or donc ne soyons pas trop hâtifs à prodiguer jugements et sarcasmes, sur les étudiants de l'université, car nous n'avons guère à nous vanter, en ce XXI siècle de notre scolarité !!!!! M de V

mardi 29 mai 2018

l'Université, ses privilèges et ses débordements 2/3

Il semble que rien n'était trop beau pour les gens qui cultivaient le savoir, à une époque ou les trois quarts des gens étaient illettrés !!!!


Jugez plutôt: en premier lieu le Recteur de l'Université ne pouvait pour aucun forfait être soumis à la justice royale, privilège incroyable à une époque comme le moyen âge !!

Les écoliers ou Clercs, car ce deuxième qualificatif s'appliquait aux ecclésiastiques comme aux étudiants, jouissent aussi d'une pareille inviolabilité !! Je vous laisse imaginer lorsque l'étudiant était un Prince ou un Duc, ce qui ne va pas sans causer de graves conflits avec la population parisienne.

Dans cet article je vous exposerais deux cas, ou l'Université sera en conflit avec la ville et la population de Paris.

Nous constaterons que la suffisance des Maîtres et des étudiants de cette Université, qui parlaient haut et fort, se ventant de leurs privilèges et de la protection du roi et de l'église, vont provoquer troubles et exactions sans nom, pourquoi se priver quand on sait que se sera en toute impunité !!!







Premier exemple: de la suffisance de l'Université, il existait au nord ouest de l'Abbaye de Saint germain et de son Bourg, une vaste plaine qui s'étendait jusqu'à la rivière de seine. Les écoliers avaient pour habitude de venir se promener et s'ébattre en ce lieu, à tel point qu'il fini par s'appeler le pré aux Clercs !! Ce qui n'était pas du goût de tout le monde.


Nos effrontés étudiants finirent par regarder ce lieu comme leur propriété, y commettant divers excès, les habitants du bourg voulurent rhabiller ce débordement et tentèrent de les repousser, une rixe s'ensuivit qui compta des blessés dans les deux camps, mais un écolier y perdit la vie !!

Cette querelle en fit naître une autre, entre l'Abbaye de Saint Germain et les écoles, qui subissaient eux aussi les exactions des écoliers. Les deux parties vont en appeler au Pape, et en 1215 un règlement du Saint Siège attribuait le Pré aux Clercs, ou du moins la faculté d'en jouir et de s'y promener à loisir aux écoliers.

Ce qui laisse rêveur ??? même une Abbaye comme celle de Saint Germain, ne pouvait en imposer aux étudiants !!!

Cela pouvait permettre des dérives sans nom, car le rois avait stipulé, que les maîtres et les écoliers étaient sous la responsabilité des Bourgeois de Paris, et que tout agresseur d'un membre de l'Université serait à l'instant livré à la justice royale !!







Aucun membre de cette institution scolaire ne pouvait être jugé par un tribunal Laïque, car invoquant leur appartenance à la Clergie ils ne relevaient que d'un tribunal ecclésiastique et les Prévôts étaient tenus de faire observer ces privilèges !!

Présentons le deuxième cas, bien que nous ne soyons pas en peine de trouver un fait divers mettant à jour une exaction de nos bons étudiants !!

Le fait se passe au tout début du XIII siècle et il va exaspérer la population Bourgeoise de Paris, qui sans exagération a le sang chaud et la tête près du Bonnet !! Comme le dit Bernard de Girard, seigneur du Haillan,  chroniqueur, je cite: les Parisiens commencèrent à faire les fols, ils ont toujours fait ce métier !!







C'est un fait divers qui dégénère, le serviteur, d'un étudiant gentilhomme de Liège, se fait rosser d'importance, chez un marchand de vin, qui a tord nul ne le sait !! Mais bien souvent le serviteur est plus insupportable que le maître !!

L'étudiant fort mécontent que l'on traite son serviteur de la sorte fait appel à ses compatriotes Allemands, ils frappèrent si rudement que le marchand fut laissé à demi mort.

Gros émoi dans le quartier, qui tout soudain bourdonnant comme ruche se laisse aller à la colère, les bourgeois s'arment et se mettent à la poursuite des écoliers pour se venger.

Une bagarre de rue s'ensuit, qui va laisser sur le pavé six morts, le gentilhomme et cinq autres écoliers Allemands. Le pire de cette situation c'est que le prévôt des marchands, un certain Thomas, était à la tête des parisiens lors de cette expédition punitive !!

Le Recteur et les Maîtres s'insurgent et se plaignent au Roi, Philippe Auguste ordonne l'arrestation du prévôt et de ses acolytes, fait abattre leurs maisons, ruiner leurs vignes et leurs arbres fruitiers et Thomas va épouser la prison pendant un an, sans espoir de recouvrer un jour son titre de prévôt !!!








Les étudiants forts de la protection du Roi et de l'église, étant assurés d'une totale impunité s'adonnaient à toutes les fantaisies, ils surnommaient les Bourgeois du terme équivoque de " Cornificiens ", et les Bourgeois n'étant pas en reste leurs attribuaient les surnom de " Boeuf d'Abraham " ou encore " d'ânes de Balaam " !!

Les chroniqueurs contemporains de ces joyeux drilles, les représentaient souvent comme des gens adonnés à la gloutonnerie et la boisson, quêtant l'argent plutôt que cherchant l'instruction et contemplant les beautés féminines en lieu et place de celles de Cicéron

D'autres citerons comme l'Abbé Leboeuf, des témoignages d'estime, prodigués aux étudiants, qui aux dires de témoins, aimaient mieux êtres en écoles que dans les foires et lire des livres plutôt que d'épouser fûts de bières et gobelets de vins ????. C'était un ecclésiastique....donc sujet à caution, car il penchait fortement pour l'Université !!!!




PS: Pour moi les écoliers studieux devaient êtres fort peu nombreux et j'en veux pour preuve que plus tard quand d'autres universités vont s'ouvrir, dans d'autres villes et d'autres pays, les étudiants, même moins protégés commirent les mêmes exactions au XIV et au XV siècle .....M de V

lundi 28 mai 2018

l'Université de Paris, ses Facultés, ses Etudiants 1/3

Au VIII siècle, les lettres sont en pleine décadence et Charlemagne va faire refleurir les études dans ses vastes états. Force lui est de constater qu'a cette époque l'ignorance du Clergé est extrême.


L'empereur va donc s'entourer de savants étrangers, Chantres, Grammairiens, Arithméticiens, puis il multiplie les établissements d'instruction publique.

Il eut même au sein de son palais un de ces établissement nommé " école Palatine ", qui avait pour la diriger le célèbre Alcuin, on y traitait beaucoup de Théologie.

C'est à tort que Charlemagne a été considéré comme le fondateur de l'Université, mais c'est un peu la faute de Louis XI, qui ordonne en 1479, la célébration annuelle de sa fête en tant que tel, usage qui c'est perpétré jusqu'à nos jours et qui en fait le Patron des Universités







Mais les Universités ne furent instituées que sous Philippe Auguste au XIII siècle, les deux plus anciennes connues furent surement Paris et Bologne.

Les livres étaient manuscrits et par conséquent fort rares, dans les bibliothèques ils étaient attachés par des chaines de fer, afin que les étudiants puissent les lire, sans pouvoir les emporter. On peut même avancer l'idée qu'il en coûtait moins cher de venir d'un pays éloigné pour les consulter, que d'essayer d'acquérir pour son propre compte le livre des Sentences par exemple

Puis il fallait venir entendre les commentaires de la bouche des professeurs. Car ces Maîtres ne dictaient pas, ils lisaient et expliquaient verbalement, les auditeurs recueillaient leurs paroles, dans ce que l'on peut supposer être, une écriture par abréviation, sur des tablettes de cire !








Les leçons de Philosophie étaient également orales, texte pris dans les écrits d'Aristote, pouvait donner lieu à d'innombrables commentaires, ces Thèses appelaient à Paris une foule de jeunes de toutes conditions et de toutes les parties de l'Europe. Ils venaient faire des études de Théologie, qui une fois rentrés chez eux, leurs ouvraient des postes et des positions enviables, pourvus de bénéfices ecclésiastiques.

Or donc dans cette première moitié du XIII siècle, la France seule offrait des gages d'hospitalité, que le Roi assurait de par ses lois aux étudiants étrangers et nationaux. Le Monarque était soutenu dans cette démarche, par le Saint Siège et toute l'église qui y voyait son intérêt.

La Capitale s'enrichissait de l'affluence de ces étudiants, parmi lesquels on trouvait des Princes et des Rois, on peu citer à diverse époques, l'Archiduc d'Autriche, puis Charles de Luxembourg, Roi de bohème, et aussi un Empereur d'Allemagne y fit ses études !

Les premiers privilèges de l'université sont contenus dans un manuscrit, ce Diplôme de la main de Philippe Auguste, date de l'an 1200, pour la première fois il y est fait mention d'un Recteur dirigeant l'Université








Les papes successifs, et la curie du Saint Siège employaient le terme, " d'Universium", ou de "générale studium Parisiense", il en découlera le terme " Université ".


L'enseignement à partir de ce moment va évoluer et sera soumis à des règles fixes. Car depuis longtemps, l'ensemble des sciences avaient été réduit à deux degrés, le petit nommé "Trivium" comprenait la grammaire, la rhétorique et la dialectique.

Le grand degré nommé "Quadrivium" réunissait l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique, ce qui faisait en tout sept arts dits "libéraux", qu'un Jean de hauteville nommait Clergie (la science de Clercs)

C'est seulement vers 1215 que l'Université reçoit ses premiers statuts des mains de Robert de Courçon, Cardinal de Saint Etienne et Légat du Saint Siège.

Il faut noter l'emprise totale de l'église sur l'Université de Paris, cela aura des conséquences fâcheuses, notamment dans le domaine de la médecine (voir article médecine et chirurgie), en ce siècle la religion est toute puissante, elle bloque les esprits éclairés qui cherchent des réponses et qui bousculent les croyances!!








Les quatre "Facultés" de cette "Université" vont commencer à se distinguer. premièrement le livre des sentences de Pierre Lombart, publié vers le milieu du XII siècle, donnait un corps à la Théologie.


En deux, les Pandectes de Justinien trouvées dans Amalphi en 1133 et le décret de Gratien, publié en 1151, formèrent des juristes et des canonistes. En trois c'est vers la fin de ce siècle que la médecine empruntée des Arabes commencera à être enseignée. Pour finir par les livres de physique et de métaphysique d'Aristote, apportés de Constantinople à Paris vers 1167, occupèrent la faculté des arts. C'est de ces quatre branches principales du savoir que se formera " l'université des Etudes "





PS: toutefois il ne faut pas exagérer le niveau de ces études largement freinées par l'église, mais aussi par les étudiants qui utilisaient la dialectique pour embrouiller les idées les plus simple. Ils se bornaient souvent à des joutes verbales, utilisant des subtilités de la rhétorique dans de pompeux discours. L'arithmétique était l'art de calculer sur des Abaques ou des tablettes à l'aide de fiches et de jetons, la musique n'était bien souvent que du plain chant accompagné de quelques instruments à cordes, et je m'efforcerais de rester courtois envers nos pontifiants bouffons de la faculté de médecine qui se contentaient de pérorer en latin, mais ne possédaient aucune connaissances médicales, par contre les juristes allaient bientôt former une élite. M de V

dimanche 27 mai 2018

Sarlat et La Révolution Communale des Bourgs et cités

La ville de Sarlat ne fit sa révolution communale que tardivement, le conflit entre l'Abbaye et la cité ne commence qu'en 1200, pour se terminer à la fin de ce XIII siècle.

Partout en France les villes et les gros Bourgs cherchaient à se rendre indépendants, et secouer le joug des grands Seigneurs Laïques ou Religieux qui les gouvernaient et les pressuraient à loisir !!

Les cités vont profiter de l'affaiblissement des nobles, de l'église et de la féodalité, provoqué par les croisades. Selon les régions cela se passa avec plus ou moins de bonheur et pas toujours sans répandre le sang !!!

Pour Sarlat, le grand Seigneur était l'Abbé qui dirigeait la puissante et riche Abbaye, autour de laquelle avait grandi la cité. Car il y avait deux pouvoirs distincts, celui de cet ecclésiastique qui déclinait, et celui des Consuls de la ville qui se fortifiait grandement !!

Le conflit resta décent !, je ne dis pas qu'il n'y eut pas quelques crêpages de chignons, coups de pieds de par le cul, bourres pifs, et quelques froissages de soutanes, de toges et autres joyeusetés !!.....n'épiloguons pas...bref décent quoi !!! Bon d'accord en juin 1273 il y eut l'assassinat d'un des Abbés (voir article), mais on ne sut jamais si les coupables étaient de la ville ou de l'Abbaye ????








Il faut dire que nos consuls étaient aidés par l'esprit de discorde qui régnait assez souvent au monastère !, à cause des rivalités entre les différents responsables de l'abbaye, qui étaient tous des candidats potentiels au poste de leur Abbé.

Car quand un ecclésiastique était élu à cette fonction, il fallait attendre qu'il meure pour prendre sa place, l'ascension sociale n'était pas simple !!! Et comme il était fort rare que le poste soit pourvu par un jeune moine, il s'ensuivait de fréquents conflits.

On peu même se demander s'il n'existait pas un accord tacite entre nos moines pour élire le plus vieux, s'offrant ainsi une possible nouvelle élection dans un avenir proche ?????

L'abbaye essaya de réagir contre la poussée des Consuls qui grignotaient petit à petit leurs droits seigneuriaux, police, justice, voirie, sceaux, archives et administration. Il y eut entre la municipalité et l'Abbaye plusieurs accords, qui limitaient les droits de deux camps et ils ne furent d'ailleurs jamais respectés, ni par l'un, ni par l'autre des deux camps !!!

En février 1289, l'abbé qui était en place fit même appel au Roi de France, mais voila c'était Philippe IV le Bel !!!, qui lui utilisait la Bourgeoisie contre tous ces grands seigneurs indociles qui le gênaient pour gouverner. Cet appel resta lettre morte








Enfin en 1298, le monastère renonça à la lutte et accepta les clause du traité nommé "livre de paix", grâce auquel les Consuls se substituaient à l'Abbaye pour administrer la ville, l'année suivante, le Roi, confirma les dispositions du livre de Paix. Il ira même en 1305, jusqu'à réglementer le nombre de Consuls et leur mode de nomination.

Soyons lucides !!, cette révolution communale, ou nos consuls avaient réclamé la répartition des pouvoirs, prônant le partage de ce juteux morceau de choix qu'était Sarlat, ne profita pas au peuple.

Les Bourgeois vont se l'accaparer l'administration de la ville, nul représentant de la population ne sera admis, comme quoi, le bourgeois est aussi moisi que l'Abbaye !!! le pouvoir corrompt l''homme.








De plus dans une ville comme Sarlat les familles bourgeoises n'étaient pas nombreuses !!, environ une personne sur cinquante.

Le bourgeois, était un rentier qui pouvait vivre sans travailler, ou un homme de profession honorable qui ne nécessitait pas le travail des mains, hors donc les artisans étaient exclus !!!, ils avaient donc eux aussi, comme la noblesse, du mépris pour les gens mécaniques travaillant de leurs mains, puant snobisme de ces classes dirigeantes, mais nous n'avons pas fait mieux depuis !!!!

Nos suffisants Bourgeois se réunissaient chaque année au mois de mars, pour élire parmi eux quatre Consuls et une assemblée de 24 Jurats

Les attributions de nos consuls étaient étendues, ils avaient la garde des tours, des portes et des murs de la ville, ils levaient des troupes, imposaient des contributions et disposaient des pouvoirs de Police et de justice, leurs arrêtés avaient force de loi.

Par rapport à notre époque, nos quatre consuls correspondent au Maire et ses adjoints, quand aux Jurats ils représentent les conseillers municipaux, ces derniers étaient convoqués par les consuls au son de 15 coups de cloches, pour délibérer sur les affaires de la ville, quand les Consuls ne pouvaient ou ne voulaient pas traiter sans leur consentement







Ajouter une légende
Rares sont les périodes historiques aussi abondantes en progrès sociaux et au bien être dans une paix relative !!

Ce XIII siècle bénéficiait du fait que les guerres antérieurs avaient effectuées des coupes franches dans les castes guerrières et les croisades avaient elles aussi prélevées leur tribut, tout en reportant les conflits de l'autre côté de la Méditerranée, il y avait donc moins de concurrence chez ces grands Feudataires toujours prêts à en découdre

Donc fort de ce terrain favorable, la liberté, toujours présente au coeur de l'homme trouvait plus qu'à toute autre époque la possibilité de s'épanouir



PS: d'après l'excellent livre de J-J Escande sur l'histoire de Sarlat, que j'ai agrémenté de quelques réflexions et points de vues perso M de V

vendredi 25 mai 2018

N° 175) La brève histoire du Nom au moyen âge

Si les croisades eurent de fâcheux résultats, tant d'un côté que de l'autre, elles auront au moins fait évoluer la société sur un point.

Avant elles, les noms de famille n'existaient pas, il n'y avait que ce que nous appelons des prénoms.

Un tel, était Jean, fils de Paul et de Jeanne c'était dès plus rudimentaire, mais également le seul état civil connu. Jamais avant ces expéditions vers la terre Sainte et le tombeau du Christ, les hommes ne s'étaient trouvés réunis en aussi grand nombre. Ils vont très vite se rendre compte des inconvénients d'une telle généalogie

Ce fut évident dès qu'ils quittèrent leur pays, ou chacun était connu, quand on parlait de Charles le Boulanger, de Pierre le Charron et de Claude le Charpentier, tout le monde savait de qui il était question.








Mais dans une armée aussi imposante que celle des croisés, formée de gens de tous horizons, cela faisait une multitude de Jean, de Paul et de Pierre.

Donc pour les reconnaître, les classer dans tel ou tel groupe, troupe au sein de l'Ost, on fut obligé de trouver une désignation plus précise !

Les Nobles vont ajouter une particule à leurs prénoms, indiquant de quel lieu ils étaient, un Charles seigneur de Castelnaud devenait Charles de Castelnaud et ses descendants qu'ils se nomment Louis ou Pierre porteraient la particule De Castelnaud

Pour plus de précision on inventa pour eux le blason, ainsi commença l'Art de peindre les boucliers et le Langage  Héraldique.








On inventa aussi des noms pour désigner les Roturiers, invention toute populaire laissant place à l'imagination ou l'originalité, on laissa donc chaque croisé porter un nom qu'il se donne, mais le plus souvent imaginé par ceux de son entourage.

Les gens restés au pays au retour des premiers croisés, auront bien vite fait d'utiliser cette pratique et au bout de peu de temps chaque famille roturière avait un nom héréditaire !

La désignation était plus familière et sans particule, ce fut d'abord le nom du village, tel un Jean Marcillac, puis la région, comme Guillaume Picard, puis une particularité physique, tel un Charles Lepetit ou Legros ou Lefort !

D'autres utilisèrent leur profession, tel un Pierre Masson, Claude Fournier ou Thomas Carrier, pour finir par les noms d'Animaux, tel les Lecoq, Loiseau, Leboeuf

PS: ou comment aller en terre Sainte, subir tant de Dangers et d'épreuves, pour n'en revenir qu'avec un Nom ???? M de V

jeudi 24 mai 2018

Vols, Traitrises et Pillages en Sarladais au XIV siècle

Sinistre personnage que ce Gilbert de Domme, descendant d'une des plus vieilles famille du Périgord, il était d'un tempérament vindicatif qui le portait à méconnaître ses devoirs de Sénéchal et son orgueil l'empêchait de faire amende honorable de ses multiples méfaits dans la région !

Doté d'une ambition dévorante, il sut mettre à profit toutes les occasions que la fortune lui offrait. Ce seigneur local prisait fort les chevauchées et le pillage, ne dédaignait pas non plus le métier de voleur de grand chemin ! Notre homme était plus guidé par la soif de rapines que par le goût du lucre, puisqu'il dissipa un riche patrimoine pour mourir dans la plus profonde misère.

Mais de tous ses défauts, il en est un qui ne peut être porté à son crédit, ce n'était pas un pleutre et il avait du courage à revendre, à tel point que le chroniqueur Jehan Froissart lui rend justice dans ses livres.

Selon les documents et les actes écrits, il est nommé Gilbert, Gilibert ou Gisbert de Domme, Seigneur de Vitrac, il est à l'origine de bien des méfaits en Périgord.

Gilbert était l'homme le plus redouté des Sarladais, celui qui pendant la guerre de cent ans leur fit le plus de mal, il désirait ardemment à la faveur de ce long conflit se tailler une principauté dans la région et ne reculait devant rien pour atteindre son but.








On le vit, au gré de ses intérêts et selon le hasard des circonstances ou le bénéfice espéré, rallier tantôt un parti Anglais, tantôt un parti Français, se retournant le lendemain contre ses alliés de la veille. Versatile il ne montre aucun respect pour la parole donnée, prêt à toutes les trahisons, de plus violent et sanguinaire.

Mais portons à son crédit qu'il était loin d'être le seul spécimen du genre à cette époque !!! Je me propose donc de vous conter un méfait de cet escalabreux personnage, ainsi que le déroulement de l'opération!


Plantons le décor: Il y avait un fort situé sur un roc qui surplombait à pic la Dordogne. Ce fort de Vitrac appartenait à Gilbert, mais il était commandé par Raynaud Donadei, membre d'une famille Sarladaise jusqu'alors très honorable et qui avait même donné un consul à la cité.

Mais le Raynaud avait oublié les traditions d'honnêteté de ses ancêtres, valeur qui pour lui équivalait au souvenir de ses premières chausses ! Il considérait la guerre comme une entreprise lucrative, transformant le fort en repaire de brigands ou Français et Anglais confondus venaient cacher le fruit de leurs rapines. Comme quoi qui se ressemblent s'assemblent, ils faisaient une belle paire, le Gilbert et lui !!!!








 Notre quidam avait deux parents, Bertrand et Sicard Donadei, qui se trouvaient être marchands dans la ville de Sarlat. Ces deux tristes sires étaient également ses complices, ils pratiquaient le recèle, se rendant tous les jours au fort de Vitrac et revenaient en ville pour écouler la marchandise volée !!! (décidément cette famille avait bien changé!!)

Cela donne des idées à Gilbert de Domme !, il connaissait bien sur les agissements de nos trois ruffians, et l'on peu même supposer qu'il prélevait sa part de ce marché lucratif. Il décide d'utiliser les deux marchands afin de se saisir par surprise de la ville de Sarlat. Nos deux compères intéressés au bénéfice s'apprêtent à trahir leur cité.

Puis il utilise Raynaud Donadei qui grâce à ses contacts va lui servir d'intermédiaire avec les capitaines Anglais des environs, un plan et une opération militaire vont être mis au point pour investir la ville.

Il fut convenu que par une nuit obscure de l'an 1358, ils dirigeraient leurs troupes par petits groupes, vers un point de rassemblement nommé Saint Nicolas, ou ils attendraient le signal de marcher sur la ville, puis de placer un petit groupe d'hommes à l'aplomb de la muraille de la ville, que nos deux marchands aideraient à entrer dans la cité à l'aide de cordes.








Nos deux traîtres devaient cette nuit la monter sur le mur de la ville, avertir les hommes cachés à l'extérieur dans l'ombre du mur d'enceinte, puis de les aider à monter, ensuite d'aller avec eux jusqu'à la porte de la grande Rigaudie, tuer les gardes et faire entrer les troupes qui attendaient à Saint Nicolas !!!

C'eut été un massacre, la ville surprise en pleine nuit était perdue et une épouvantable scène de meurtres de pillages et de viols aurait été perpétré !!!

Heureusement le piège fut découvert et les Donadei dénoncés aux Consuls de la ville, ils vont avouer leur crime après un interrogatoire rigoureux. De nos deux malfaisants un du moins, Bernard, eut de la chance car il mourut en prison, pour Sicard ça craint !!!!



Le deuxième est condamné par les Consuls à être noyé !, le 12 février 1359 il fut cousu vivant dans un sac et en présence des habitants venus assister au châtiment il fut jeté dans le ruisseau. Spectacle édifiant pour tous ceux qui auraient dans l'idée de trahir la ville !!, que de voir le Sicard en proie aux affres de l'agonie, poussant cris et gémissements et tentant par de violents soubresauts d'échapper à la mort. Gilbert de Domme ayant perdu cette occasion de prendre la cité se vengea sur la région M de V




Nota: Les Consuls de Sarlat vont même aller jusqu'à faire prêter serment de fidélité sur l'autel de l'église aux citoyens de la ville, qui juraient d'être loyaux et de lutter avec courage contre l'ennemi et de dénoncer aux Consuls tout officier ou citoyen traîtres à leur pays, ou s'ils s'apercevaient qu'une entente secrète existât entre eux et les Anglais !!!

Les Troubadours Aimeric de Sarlat et Elias Cairels

Une précision s'impose avant de commencer cet article sur des artistes médiévaux. Les Trouvères sont au nord, les Troubadours au sud, respectivement de langue d'Oil et langue d'Oc, ils sont Poètes, chanteurs auteurs et interprètes !!! 

Quand aux Menestrels, ce sont des musiciens, conteurs, jongleurs et acteurs de soties et de petites pièces de théâtre, ils colportent les oeuvres des Troubadours et des Trouvères, le nain en a ras le bol des gens qui confondent tout et n'importe quoi !!!!!!

Bien cela étant dit parlons du sud, la croisade des Albigeois, fut pour l'Aquitaine et le sud ouest en général, cause de décadence et de ruine, la civilisation auparavant y était brillante et les arts et les lettres y étaient cultivés avec le plus grand succès.







C'était le florissant pays des troubadours, des jongleurs et conteurs, bien sur il le resta après cette fâcheuse croisade, mais la liberté était perdue et sans liberté la source d'inspiration, si elle ne se tarie point du moins son débit en est amoindri !!! Les Troubadours étaient nombreux dans le sud ouest avant cette époque, parmi eux on distinguait au tout début du XIII siècle deux Sarladais, Elias Cairels et Aimeric de Sarlat

Aimeric à ses débuts exerçait la profession de menuisier, doté de finesse d'esprit, d'imagination, ce personnage spirituel et plein d'entrain possédait les qualités de l'humeur Gasconne et Périgourdine. Rien dans son atelier ne pouvait combler son appétit de voyages et d'aventures !!

Il pratiquait la musique et le chant avec un coeur d'artiste et une âme de poète, l'homme connaissait mille tours et une multitude de petits arts d'agrément. Il fini donc par être recherché dans sa ville, pour amuser par ses talents la bonne société Sarladaise. Cet artiste naissant ne tarda pas à se trouver à l'étroit, mal à l'aise dans son atelier de menuisier et prisonnier d'une ville et d'une société à l'horizon limité !! Bref l'esquif tirait sur ses amarres souhaitant prendre le large !!.

Il s'attache à la fortune d'un Troubadour de passage dans sa cité, en qualité de jongleur, tous les deux vont mener une vie errante et gaie, allant de fortes demeures en châteaux, Aimeric ponctuait de ses tours les oeuvres du Troubadour, puis il récitait ou chantait les poèmes de celui ci, en s'accompagnant d'une viole.







Notre homme amusait ainsi l'auditoire de son Troubadour, cette société de nantis languissant d'ennui dans leurs châteaux. Il jouait la comédie, disait des farces, faisait des tours de passe passe ou de gymnastique, jonglait avec des couteaux, des assiettes ou des balles de cuivre.

Or donc notre Aimeric était le Menestrel accompagnant un Troubadour, mais voila il voulait plus il désirait lui aussi briller

Car il n'était pas considéré à l'aune de ses talents, certaines catégories de personnes à l'esprit étroit le méprisait. Les sourires des Dames, compliments et bons mots des demoiselles et des seigneurs allaient au Troubadour, Aimeric était sensible à ce dédain !

Les blessures de l'amour propre vont faire éclore son génie, il devint poète et Troubadour à son tour, la gloire sera au rendez vous ! récoltant estime et célébrité et son nom est cité à côté d'un Bertrand de Born, d'un Giraud de Borneilh, de Bernard de Ventadour et d'Elias Cairels

Il entre désormais seul dans ce monde de la Poésie, de l'Amour Courtois et des légendes du cycle Arthurien, tant prisé par  la noblesse du moyen âge, qui offre gîte et protection aux Troubadours !








Elias Cairels est né lui aussi à Sarlat, il fut d'abord orfèvre, puis lui aussi jongleur avant de devenir Troubadour. Sa muse le mène de par le monde en quête d'aventures, mais aussi, nécessité faisant loi ! à la recherche de protecteurs.

Les Chansons et les poèmes sont peu efficaces comme protection, dans une époque ou la vie est précaire !! On peut fort bien chanter l'amour courtois le matin et se retrouver le soir avec deux pouces d'acier plantés dans le corps, au détour d'un chemin

Elias vit à la cour du Roi d'Aragon, Alphonse IX et à celle de Guillaume IV, Marquis de Montferrat

Un de ses biographes dira de lui je cite: Elias fut de Sarlat, Bourg du Périgord, il était ouvrier d'Or et d'Argent et dessinateur d'Armoiries !

Ce biographe ne devait que fort peu l'apprécier car il ajoute je cite : Il chantait mal, jouait mal de la viole et parlait plus mal encore !, mais il écrivait bien les paroles et les airs (tout est une histoire de goût hein !!!) Il termine en disant que Elias resta longtemps en Roumanie et que lorsqu'il s'en éloigna ce fut pour rentrer à Sarlat ou il mourut.









Elias était un esprit délicat, gracieux et léger, ses poésies brillent par le pittoresque le charme et l'émotion qu'il sut y insuffler

Son oeuvre est assez vaste composée de satyres, de poèmes chantés ou récités, mais c'est surtout ses chansons que l'on retient car elles furent très populaires au XIII siècle dans les milieux sociaux distingués.

PS: Il est regrettable, à mon avis, que la langue d'Oc ait tant vieilli, les Troubadours y ont tout perdu ! Nous n'avons conservé d'eux qu'un vague souvenir, comme une brume matinale que chasse bien vite les rayons du soleil, nostalgie me direz vous ?? vague à l'âme ??? je ne saurais le dire M de


mardi 22 mai 2018

Brunetto Latini le Maître de Dante Alighieri

Brunetto Latini, né en 1220, est un grand intellectuel, Notaire comme son père, très influent dans sa ville de Florence. Cet homme, s'il faut en croire Dante Alighieri avait vécu plusieurs vies, il raconte dans sa Divine comédie sa rencontre avec son compatriote.

Il rend un vibrant hommage à celui qui fut pour lui un incomparable maître en matière d'éloquence, de morale et de politique. Dante ne cache rien du motif qui conduit dans sa divine comédie, Brunetto à subir les brûlures du feu éternel du septième cercle de l'enfer ! Cet homme de lettres raffiné, maître à penser de toute une génération de Florentins était homosexuel, ou comme on disait à l'époque adepte de la sodomie.

On constate que dans son oeuvre, Dante, reconnaît l'homosexualité de Latini, sans retirer une once de l'estime qu'il lui porte, ce qui paru longtemps incompréhensible aux commentateurs de la divine comédie, pourtant a une époque ou la vie affective et sexuelle d'un homme se déroulait hors du cadre conjugal ! rien d'étonnant !!!

Cela n'empêche pas Brunetto de se marier, d'avoir trois enfants et de jouir du respect de ses concitoyens, il faut dire qu'au XIII siècle, les gens ne portaient pas sur la sodomie, le même regard que l'église qui fustigeait ces pratiques.








La carrière de Latini commence dans la deuxième moitié du XIII siècle sous l'égide du peuple,sous la direction d'une coalition menée par la grande bourgeoisie des affaires.

Ce mouvement réuni toutes les couches de la population hostiles à la prédominance de la noblesse au sein du gouvernement communal Florentin.

Rappelons qu'il n'existe pas de royaume d'Italie, il n'y a que des grandes cités, Pise, Gênes, Venise, Naples, Florence, Rome etc....et donc pas de gouvernement central, à l'intérieur de chaque cité tout le monde essaye de tirer la couverture à soi et à l'extérieur c'est la guerre entre les cités, (voir articles Venise et Gênes)

A Florence c'est la lutte entre les Guelfes et les Gibelins, Brunetto Latini est un sympathisant Guelfe et quand les Gibelins prennent le pouvoir en 1260, il est exilé.

Brunetto passe plusieurs années en France, principalement à Paris, ou il met ses compétences de notaire au service des compagnies commerciales Florentines installées dans notre Capitale, il en profite pour écumer toutes les bibliothèques amassant ainsi des connaissances considérables








Il rentre à Florence dès que les Guelfes ont repris le pouvoir dans l'année 1267, notre érudit y restera jusqu'à sa mort en l'an 1294.

Notre homme va accomplir une double carrière, comme notaire et haut fonctionnaire de la commune, à partir de 1272 il dirige la Chancellerie, une des branches les plus importantes de l'appareil gouvernemental de cette cité.

Il fait également partie de multiples assemblées et commissions, respecté par ses pairs, on fait grand cas des conseils de cet homme, excellent orateur et homme politique avisé !!

Latini est donc un homme politique dès plus influent de la Florence du XIII siècle, au moment ou cette ville devenait la plus riche de tout l'Occident .

Florence est l'une des quatre plus puissantes cités du territoire Italiens que l'on connaît actuellement. Brunetto Latini meurt à l'âge de 74 ans, à ce moment, Dante est âgé de 29 ans,

 Je ne crois pas que ce soit pour son influence sur la ville qu'il lui rend ce vibrant hommage dans son chant quinze de l'Enfer, mais très certainement pour les écrits de ce Philosophe, Poète à ses heures









Brunetto ne s'est pas contenté d'écrire des poèmes lyriques durant son séjour en France (il vivra à Montpellier, Arras et Paris), comme je le dit plus haut, la fréquentation intensive des riches bibliothèques de notre capitale lui permet d'acquérir dans de nombreux domaines, une immense culture (selon certaine sources il aurait fait des conférences à la Sorbonne ??).


Il va écrire trois oeuvres majeures avant de revenir à Florence, elles auront un succès immédiat et ce dans toute l'Europe !!! son livre du Trésor, son Tesoretto et son Favollelo. Le premier est un traité de l'art oratoire, les deux autres relèvent de la littérature didactique et morale.

Il est évident qu'un élève comme Dante, ainsi que son ami et poète Guido Cavalcanti vont se repaître à loisir de ces écrits, ou le maître enseignait que pour bien gouverner il était nécessaire de bien parler, savoir raisonner, argumenter et convaincre le plus grand nombre.

Tel est donc le maître, profondément inspiré par Aristote et Cicéron, que Dante Alighieri dans sa Divine Comédie désirait honorer, pour son oeuvre et ses enseignements éclairés !!




PS: Je désire conseiller aux gens qui aiment lire, l'ouvrage dans lequel j'ai puisé, Hommes et femmes du Moyen âge, sous la direction de Jacques Le Goff  (voir également mes articles sur Dante, Boccace, Pétrarque) M de V

lundi 21 mai 2018

Le Vin, l'or du pays Aquitain XIII-XIV siècle

L'affrontement entre l'Angleterre et la France va profiter grandement aux Aquitains, qui ne peuvent que se féliciter de la répudiation d'Aliénor par ce benêt de Roi de France. Le Duché passant à l'Anglois, sera pour eux une formidable opportunité ! Les privilèges offerts par l'Angleterre apportent à Bordeaux, le coup de fouet économique dont elle avait besoin.

Car s'il est indéniable que les Templiers, les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem sont eux aussi responsables de la renaissance du vignoble, notre Duchesse elle, par son remariage ouvre le marché Anglais aux vins Gascons et Aquitains en général !!

Un bref regard en arrière nous permet de voir qu'au XII siècle, le vignoble est limité à quelques terroirs, comme ceux de la proximité immédiate de Bordeaux. La concurrence est rude avec les vins de la Charente qui l'emportait très nettement sur le marché d'outre manche !!!






Mais au XIII siècle tout change, la prise de La Rochelle par le roi de France en 1224, ferme le marché du vin vers l'Angleterre pour les Charentais !! Ils étaient les rivaux les plus dangereux du commerce du vin en Bordelais et dans l'Aquitaine.

Car le Roi d'Angleterre va signer alors une charte avec Bordeaux, donnant à la ville l'exclusivité du commerce du vin, vu que la France venait de lui prendre La Rochelle !!

Puis le Roi d'Albion, Duc d'Aquitaine va céder, avec quelques réticences, aux exigences des Bordelais, leur accordant l'exemption de la coutume, un droit levé sur les exportations, mais également sur la petite coutume, droit levé sur le vin entrant dans la cité. Le retrait de ces taxes vont augmenter grandement les bénéfices de nos commerçants en vins et vignerons de toute l'Aquitaine !!









Alors les campagnes vont se couvrir de vignobles, on plante en Médoc et dans les graves de Saint Emilion, puis les vignobles de Cahors et ceux de l'Agenais, sans oublier le Bergerac, la Gascogne et même les Pyrénnées

Autre facteur important de ce commerce florissant est l'évolution du goût des gens pour les vins plus alcoolisés, qui par le fait ont une meilleure tenue et se conservent plus longtemps !!

Or donc, au bord de cette belle courbe de la Garonne, le port de la Lune connaît un essor continu, à tel point que nos Bordelais devront à plusieurs reprises au XIII et XIV siècle élever de nouvelles murailles.

Le vin rapporte donc désormais de considérables fortunes aux commerçants du vin et aux propriétaires des vignobles d'Aquitaine, ainsi lors des grandes foires ils réalisent des bénéfices de trois à quatre fois supérieurs aux frais d'exploitation

Assurés de vendre leurs récolte, cette manne céleste profite à toute la chaîne de l'artisanat d'Aquitaine, fort peu de familles vont se lancer dans le commerce du transport, hormis les Colom et les Cailhau, ce seront des Bretons, des Anglais ou des normands qui armeront des Coghes,afin de profiter eux aussi du principal produit Aquitain qu'est devenu le vin !







L'expédition du précieux liquide se fait à partir de deux ports, en premier Bordeaux d'ou partent chaque année deux flottes, la première en automne, transportant vins rouges et blancs et les célèbres Clarets, la seconde au printemps destinée à livrer les vins du haut pays Garonnais.

Il faut noter que le tiers de ces chargements des deux flottes sont destinés aux rives de la Tamise, a tel titre que les Bordelais installés la bas reçoivent le titre de bourgeois de Londres, milieu dans lequel un Geoffroy Chaucer évoluera toute son enfance (voir article)

Puis Bayonne qui bien qu'elle n'exporte pas les prestigieux crus de Bordeaux et de Cahors, connaît un bel essor en servant de port pour les expéditions des vins de l'Adour

Mais il nous faut aussi parler de Cahors que nous avons nommé plus haut, qui bien lovée dans un méandre du Lot fait partir de nombreuses Naves aux riches cargaisons de draps et de vins, la cité exportant vers l'Angleterre, la Scandinavie, l'Allemagne, l'Espagne, le Portugal et le Levant

Bordeaux à cette époque frisait les 30 000 habitants, chiffre considérable pour l'époque avec une superficie 5 fois plus importante qu'au début du X siècle, rythme de croissance colossal pour le Moyen âge !!





PS: L'essor commercial profite au monde urbain, car c'est par ces cités que passe le vin, mais aussi tous les autres produits commercialisés, que ce soit la pêche ( fraîche ou salée), le drap et toute l'industrie et les matière premières M de V