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vendredi 27 avril 2018

Portrait de Richard Coeur de Lion


Dressons un portrait de Richard qui soit le plus proche possible des contemporains ayant écrits sur lui, la chose n'est pas simple, le personnage étant entouré de légende !!


D'une stature imposante il est plus grand que la moyenne de son époque et que ses deux frères, Geoffroy et Jean d'après Gérald le Gallois.

Décrit aussi comme tel par le chroniqueur Richard de Templo, mais ce dernier écrit sur le Coeur de Lion 15 ans après sa mort et il est fort probable qu'il ne le connut jamais !

Il semblerait que cet athlète soit devenu plus que corpulent vers la quarantaine, si l'on en croit Guillaume de Newburgh, qui indique les soucis du chirurgien, lors de sa dernière blessure et les complications dues à un excès de graisse !

En dépit d'une force physique indéniable, Richard souffre de fièvres endémiques, peut être contractées dans les marais Poitevins, l'obligeant à fréquenter souvent les médecins, Gérald le Gallois dit " il est comme un lion affligé de fièvre quarte, a cause de cela il tremble presque continuellement, bien que ce ne soit pas de peur, mais son tremblement fait trembler les autres de craintes !! "








L'aspect de son visage est totalement inconnu et les descriptions tentées par quelques historiens relèvent plutôt de l'image romantique et fantaisiste élaborée par la légende, descriptions fort éloignées du personnage comme vous allez le voir, le Richard n'a rien d'un romantique !!!!!


Ce qui par contre est indéniable ce sont ses qualités de guerrier, tous s'accordent sur le sujet, qu'ils soient amis ou ennemis, Ambroise qui l'a vu à l'oeuvre pendant la croisade le décrit comme un géant dans la bataille, qui moissonnait à tout va les Sarrasins, comme pécores moissonnent avec leurs faux et quiconque recevait un de ses coups n'avait nul besoin d'un second !!

On le croit ! car un Bertrand de Born qui ne l'aime guère ( pour rester poli), admet qu'il est vaillant, preux, que c'est un remarquable tireur à l'arbalète et presque invincible une épée à la main !!. Ambroise ajoute, l'ayant constaté maintes fois, que c'est un cavalier hors pair, ses charges sont de véritables tornades.

Ajoutons que lorsque le roi de France Philippe Auguste, propose de régler leur différent par un combat entre cinq champions de chaque camp !!, Richard accepte, mais à condition que les deux rois fassent partie des combattants et s'affrontent en même temps....Du coup Philippe Auguste trouvera que finalement son idée n'était pas si bonne que ça et déclinera l'offre !!









Combattant impétueux, sur de sa force avec une tendance à sous estimer le danger, lui faisant prendre des risques inconsidérés. Sa fougue a déjà failli lui coûter la vie lors d'un tournoi ou il s'est précipité sans haubert contre Guillaume le Maréchal (connu comme le meilleur chevalier du monde !!), pas très raisonnable il faut bien avouer, mais caractéristique du personnage qui n'aimait pas les jeux.


Les Chroniqueurs Arabes eux mêmes relèveront également ce manque de prudence du personnage, qu'ils considèrent eux comme de l'inconscience plus que du courage, je sais pas si ceux qui sont tombés sous ses coups auraient été d'accord avec cette fumeuse théorie ??

Ce qui par contre surprend dans le personnage de Richard c'est que contrairement à tous les chevaliers de son temps il n'aime pas les Tournois, pratique fort peu la chasse, sauf lorsqu'il s'ennuie !!! on peu donc avancer qu'il goûtait fort peu les sports de loisirs, l'homme a le goût du risque et ne prend plaisir que dans les vrais conflits....un accro de l'Adrénaline !!!!!!

C'est un violent, colérique et fougueux, on peut ajouter qu'il est vindicatif, cruel, voir sanguinaire, dénué de toute pitié au combat !!! Bref un mal embouché qui tartine à tout va !!! la baston et le fracas des batailles c'est son credo !!







Sa générosité et ses largesses sont célébrées, du moins par ceux qui en profitent, ce qui fait dire à un Roger de Howden " qu'il donnait plus en un mois que tous ses prédécesseurs en un an ", un Aubri des Trois Fontaines ajoute " qu'il était aussi prodigue dans ses dons que rigoureux dans ses coups ".

Son sens de l'honneur est admiré même chez ses adversaires, pour peu que ceux ci soient de noblesse, car son sens de l'honneur s'arrête aux limites de sa classe !!

Quand il prend Nottingham, il épargne les chevaliers mais fait pendre tous les sergents !! et lorsqu'il se saisit de Saint Jean d'Acre, il laisse la vie aux musulmans de haut rang, mais fait décapiter froidement la valetaille .. 3000 personne au bas mot !!! Quand aux largesses proverbiales, elles se font bien entendu aux dépens du peuple impitoyablement pressuré







Pour terminer Richard est une brute, mais une brute cultivée !! il maîtrise fort bien le latin, il est éloquent confiant dans le pouvoir de sa parole et de sa dialectique !

Les chroniqueurs Arabes en font la remarque et les chefs Musulmans se méfient de ce beau parleur.

Le Cistercien Ralph de Coggeshall témoigne de sa passion pour le chant, il écrit lui même des chansons, il ne subsiste que deux de ses poésies, nous ne pouvons donc pas dire s'il fut un grand poète !!

Mais peut être cela aura au  moins l'avantage d'humaniser ce personnage guerrier, Roi d'Angleterre, qui n'a pas habité dans son pays plus de six mois!!!



Nota:Quand à sa prétendue homosexualité, son plus récent biographe, John Gillingham, écrit je cite: Nous n'en savons tout simplement rien !!!!..il rappelle qu'il a été accusé de s'en prendre plutôt aux femmes pendant ses campagnes.


PS: je vous conseille le livre de Georges Minois sur le personnage, dans lequel j'ai puisé pour brosser rapidement le portrait de Richard Coeur de Lion M de V

jeudi 26 avril 2018

Rouen et la Guerre de Cent Ans



Période de grandes difficultés, la ville est touchée par toute une série de fléaux, plus ou moins liés à cette guerre qui devait durer cent seize ans, notamment les épidémies qui après la peste noire de 1348-1349 continuent à affecter sa population pendant plus d'un siècle.







Les grandes campagnes conduites par Edouard III entre 1340 et 1360 ainsi que les chevauchées entreprises après la reprise des hostilités en 1369 n'ont pas touché Rouen..


La ville est trop bien défendue et Edouard III se contente de longer la Seine, les Anglais n'ont pas le temps lors de leurs raids d'assiéger des villes aussi bien défendue, il ne tentera pas plus d'investir dans l'Eure une ville comme Evreux (voir article).

Il en ira toujours ainsi, car le but du Roi d'Angleterre n'était en aucune façon la conquête de la France, il n'en avait pas les moyens, il en sera ainsi jusqu'au début du XV siècle ou après 1419 la ville prise par Henri V, sera occupée et Rouen subira trente ans d'occupation Anglaise.







Rouen est surtout affectée par les effets indirects qui suivront la défaite de Poitiers en 1356, les troupes Anglo-Navarraises ou celles de routiers des Grandes compagnies, qui s'emparent de châteaux sur la Seine pour s'y loger et pouvoir Hiverner.


En exemple Rolleboise en Amont et Moulineaux en Aval qui bloquaient le fleuve, paralysant ainsi tout le trafic fluvial vers Rouen, plus d'avitaillement et plus de commerce..!!!!

C'est bien sur insupportable pour les Marchands Rouennais comme pour la population. Ainsi les milices de la deuxième plus grande ville de France, sous la conduite de leur maire Jacques Le Lieur, participeront activement à la lutte contre ces bandes, ils seront présent aux côtés de Bertrand Du Guesclin lors de la bataille de Cocherel en 1364 (voir article)

Le principal souci c'est que les opérations militaires ont chassés les populations des campagnes environnante, hommes, femmes, enfants et vieillards se  sont réfugiés dans la seule ville close de la région, on y voit donc affluer une foule de ruraux sans travail ni ressources.

Les corporations de métiers urbains les refusent puisqu'ils sont réservés aux habitants de la cité, la question devient si délicate que le maire Jacques Le Lieur en 1355 oblige certains métiers  comme ceux des boulangers et des Bouchers à accepter des réfugiés dans leurs corporations








En 1373, Charles V le sage, pour remédier au chômage et à la misère d'artisans drapiers réfugiés à Rouen, crée pour eux une draperie foraine, celle ci était sensée ne durer que quelques années !!!. En fait en 1378 une ordonnance royale sera formulée, qui va la réglementer et lui donner une existence légale.

La dernière décennie du XIV siècle correspond à une période de relative tranquillité, les trêves  se succédant les unes aux autres, le commerce reprend entre la ville et les marchés commerciaux d'Angleterre et de Flandres notamment.

C'était le calme avant la tempête, en 1415, Henri V d'Angleterre reprend la lutte contre la France, la guerre que se livrent Armagnacs et Bourguignons dans le pays et la folie du roi de France, lui en offre l'opportunité

Il revendique la Normandie comme son bien ! qu'il réclame au nom de ses ancêtres Plantagenêt. Après la prise de Harfleur et son écrasante victoire d'Azincourt il commence la conquête systématique de la Normandie, en 1418 il prend Louviers et Pont de l'Arche ! puis le 29 juillet de cette même année met le siège devant Rouen!!!









Début Décembre la famine est telle que les autorités de la cité, la mort dans l'âme et ne voyant aucun secours venir, mettre hors les murs les bouches inutiles.

En l'occurrence celles venues se réfugier dans la ville dès la reprise des hostilités!!, probablement les femmes, enfants et vieillards. Henri V va les laisser crever dans les fossés de la cité, ce qui lui vaut l'excommunication et l'anathème du haut des murs de la ville par le Chanoine Dolivet, ce dont se moque Henri V, comme de sa première paire de chausse !!! hormis bien sur l'insulte faite à sa royale personne.

Le Roi d'Angleterre ne peut tenter un assaut la ville est fort bien défendue ses canons sont nombreux et fort bien manoeuvrés, la famine est sa seule option, il ne risque rien et Charles VI le fou ainsi que ses Oncles ne bougerons pas.

Janvier 1419, Rouen ne voyant aucun secours venir du royaume doit se résoudre à négocier, mais Henri V veut une reddition sans conditions, ce que ne peut accepter la ville !! les négociations vont se poursuivre sur plusieurs jours!

Un acte de reddition régulier et authentique sera finalement signé grâce à l'intervention salutaire de l'Archevêque de Canterbury il fut signé le 13 Janvier 1419 et la ville se rendit le 19 !!








Les conditions de cette reddition étaient particulièrement dure, je vous laisse juger: Une rançon de 300 000 écus d'or, payable en un seul mois !! puis la livraison de quatre vingt otages ( 20 chevaliers ou écuyers et 60 Bourgeois), qui devaient être entretenus et nourris par la ville.

Puis l'abandon de toutes les armes, chevaux, armures et munitions, il obligeait la ville à lui céder des parcelles de terres pour y construire un château. Henri V en échange  permettait à tous ceux qui voudraient devenir ses sujets de conserver leurs biens, meubles et héritages.

Trente ans plus tard Charles VII faisait son entrée dans sa bonne ville de Rouen, les notables avaient remis les clefs à Jean de Dunois Bâtard d'Orléans qui les présenta au Roi en disant:

Sire! " voici vos Bourgeois de Rouen qui vous supplient de leur pardonner d'avoir attendu si longtemps pour se remettre  en votre obéissance, mais ils vivaient sous la contrainte des Anglais vos ennemis. Il faut se souvenir aussi de tout ce qu'ils ont souffert jadis en défendant leur ville " !! Oui répondit le Roi, ils sont tout excusés; je suis content d'eux !!

PS: ceci est un bref hommage à ma ville dont je garde tant de merveilleux souvenirs de mes jeunes et insouciantes années M de V

mardi 24 avril 2018

N° 150) Le Brave La Hire par Armand de Solignac 1826-1890

L'auteur, Armand de Solignac, met en scène La Hire seigneur de Vignolles, contant lui même son histoire, " légende ou roman ", l'affaire est cependant fort bien contée, donnant à notre brave compagnon de Jeanne d'Arc, un Parrain pour le moins prestigieux ..???

Plantons le décor: Ou il est dit que le grand Connétable Bertrand Du Guesclin était sur le point de passer de vie à trépas, dans son camp, au milieu des compagnies qu'il avait menées devant Château Neuf Randon, courant sus aux Anglois comme il avait fait toute sa vie!!

Il avait autour de lui le Maréchal de Sancerre, Olivier de Clisson et Olivier de Mauny, tous officiers expérimentés qui secondaient sa vaillance!! La mort dans l'âme ils le virent affronter sans effroi l'approche inévitable de son trépas.


Or donc dans un moutier voisin vivait un vieux Cordelier, qu'autrefois Bertrand avait connu à la cour du dévot Charles V le Sage, il pria ses gens qu'on le fit venir afin qu'il reçoive sa confession, un écuyer fut envoyé quérir le religieux qui vivait en contrée reculée!! Quoique l'on fut dans une région aux chemins constamment impraticables, le moine aussitôt se mit en route, passant une partie de la nuit chevauchant derrière le messager qui lui servait de guide.









Quand vers le matin, traversant un pont au dessus d'un torrent, le serviteur de Dieu entendit comme une voix plaintive se mêlant aux murmures de l'eau. Descendant de sa monture, que vint tenir l'écuyer, il découvrit dans un grand manteau de drap fourré, un enfant, lequel chétif et pâle n'avait pas plus de deux ou trois ans!!!

Il reposait ainsi, soigneusement enveloppé sur un lit de feuilles sèches et une longue épée à ses côtés était posée, bien sur en ces temps de troubles de telles trouvailles n'étaient pas rares !!!

Quelque Seigneur forcé de fuir ? ou encore une Dame poursuivie par de redoutables vengeances ? se voyaient forcés d'abandonner à la pitié des bonnes âmes de pauvres orphelins que leurs ennemis avaient intérêt à faire périr.

Le cordelier ramassa l'enfant, le posant tout enveloppé sur sa haquenée, lui faisant un coussin de sa robe de bure et reprit sa route avec son écuyer vers le camp Français. Au camp autour de notre Bertrand expirant, tous les capitaines à genoux étaient présents

Notre cordelier remettant l'enfant aux mains d'un page, s'avança vers le lit afin d'administrer à Bertrand les sacrements et le réconfort de son église










Une fois son ministère accompli le cordelier reprend l'enfant des mains du page et se tournant vers le breton lui dit: Seigneur Bertrand, à mon tour j'ai une bénédiction à vous demander, celle du modèle des preux, sur la tête de cet enfant que la divine providence a mis sur mes pas ! C'est à n'en pas douter le fils d'un homme de guerre si j'en crois cette épée qui reposait à ses côtés!!

Bénissez le Seigneur et qu'un peu des grandes vertus militaires dont vous avez donné l'exemple puisse passer de vous à ce pauvre orphelin

A ces paroles Bertrand se redressa sur sa couche et prenant l'enfant des mains du cordelier l'examina avec curiosité, puis se fit présenter l'épée, considérant avec gravité les armoiries sur son pommeau gravées.

Tirant le moine par sa bure, le breton lui dit vivement " avez vous trouvé près de l'enfant quelque Vélin ou parchemin indiquant son nom ??? " Aucun répondit le cordelier. le regard du Connétable allait sans cesse de l'enfant aux armoiries et des armoiries de l'épée à l'enfant.









Bertrand s'écria " c'est bien cela ", ce sont ses traits " pauvre enfant " dit il d'une voix émue !!. Je te bénis que Dieu te soit en aide, ton père était un de mes braves compagnons d'Espagne et ta mère une brune fille de Dax !! Je te reconnais à leur air et à cette vaillante épée qui porte leur blason.

Que cette épée t'accompagne vers la gloire, car ton nom est " De Vignolles " hélas mes amis que sont ils devenus?


Ainsi parlait La Hire un soir au campement, devisant avec Jeanne la pucelle, Poton de Xaintrailles, Jean de Dunois et Villandrado autour de quelques cruchons d'Hypocras pour passer la soirée !!!

PS: et qui suis je moi pauvre " copiste " pour contesté un La Hire devant si noble assemblée, toute légende a un fond de vérité, je laisse à de plus doctes que moi le soin de vérifier !....mais l'histoire me plait et je désire ainsi la garder M de






lundi 23 avril 2018

Le Temple, Organisation, Domaines et biens

L'épopée des Blancs manteaux se déroule à partir de cet idéal de croisades et ce tout au long des deux siècles de présence chrétienne en Orient, l'ordre créé en 1118 ou 1119, sera dissous en 1312 par le pape Clément V (voir article).

En quelques années, le Temple devient fabuleusement riche, recevant de partout donations, héritages, revenus, églises, places fortes et fiefs, terres, moulins, forêts, vignes, bétail et bénéfices en tout genre, sans compter les exemptions fiscales !

Avant 1150, les templiers sont en Normandie, Saintonge, Bretagne, Languedoc, Poitou, puis avec le mariage d'Aliénor et de Henri II Plantagenêt, ils seront introduit en Albion.

L'Europe Templière se divise en neuf provinces, France, Portugal, Castille et Léon, Aragon, Majorque, Italie, Pouille et Sicile, Allemagne, Angleterre et Irlande, ils sont même présents jusqu'en Hongrie, Moravie et Bohème!

Un réseau de Commanderies est créé pour gérer ces biens innombrables. A la fin du XIII siècle, Mathieu Paris parle de neuf mille commanderies et la Chronique de Flandres avance elle le chiffre de dix mille cinq cent !! Cela semble énorme, mais si on ajoute leurs possessions en Orient c'est plausible !!!. Cela demande peut être l'étude de médiévistes plus doctes que moi ?????








Partout ils sont exemptés de serment, hommage, tribut, péage, taille ou dîme, ils possèdent en pleine propriété églises, couvents, villages entiers, routes franches, ports et flottes pour le transport des pèlerins et des marchandises vers la terre sainte.


Ils perçoivent redevances et impôts, ils ont droit de haute et basse justice sur leurs terres, ne devant rien ni au temporel, ni au séculier, Rois, cardinaux et évêques, car possédant leur propre clergé ils ne dépendent que du pape !!!


Le corps avait associé ceux qui prient et ceux qui combattent, ils vont désormais s'employer à investir le tiers état . C'est à dire ceux qui travaillent !! Ils vont se mêler  à toutes les activités  économiques d'une cité.

A une époque ou nul ne peut s'établir sans l'accord des corporations ils vont eux concurrencer les métiers, en établissant sous leur propre autorité et sur leurs domaines, des hommes Francs, maçons, charpentiers, couvreurs, bouchers et forgerons !!









Sur leurs terres ils exploitent bien sur les sols, les forêts, élèvent du bétail, font leur vin et revendent les produits de leurs possessions, en ville ils travaillent le fer, le cuir, la laine, louent des immeubles !!! Il n'est pas étonnant que lorsque leur gloire va se ternir après la chute de Saint Jean d'Acre, ils vont susciter une immense jalousie, voir un ressentiment profond chez les nobles, le clergé, les bourgeois des corporations et les paysans  !! Car à quoi sert toute ces richesses si elles ne servent plus pour des croisades....ils étaient moines que diable !!!!!

Mais il y en avait d'autres qui avaient une dent contre eux !!! heu...une dent ??? que dis je ....plutôt une mâchoire !!!! mais c'était une jalousie plus sournoise, feutrée, venant du domaine de la finance et n'agissant que par moyen détournés. Le temple dérangeait ceux qui par le moyen de l'argent tout en prêtant au rois, princes et grands du royaume obtenaient privilèges !!!

Cela va faire beaucoup de monde lorsque le Roi de fer et Nogaret décideront de les faire tomber ( voir article) et croyez moi tout le monde va profiter de l'aubaine ne serais ce que pour ne pas payer les dettes qu'ils avaient envers les blancs manteaux, ou ramasser de juteux morceaux de leur empire commercial !!!

Car enfin l'homme est ainsi fait, quand l'ennemi est à terre et que l'on peut sans risque profiter de sa faiblesse, le dépouiller sans scrupule hein !!!! ce ne sont pas les remords qui étouffent....il n'y a pas de petits profits









Car l'ordre avait ajouté une corde à son arc, en établissant une formidable puissance financière, créant la première banque multinationale du monde !!!

Bien sur ils avaient oubliés que le prêt d'argent est interdit aux ordres religieux !! Mais les Templiers étaient créatifs et entreprenants et vont surpasser dans les métiers de l'argent Juifs, Lombards et Florentins !!!!

Ils compléteront l'effectif de chaque garnison ou commanderies en y adjoignant  des trésoriers et des agents de change, bien sur que ce ne fut pas du goût de tout le monde, il s'ensuit une haine larvée cuite de robin !!

Il faut avouer que cette invention de la lettre de change par le temple est une trouvaille qui n'offre que des avantages, tous les commerçants voyageurs vont l'utiliser tout en maudissant l'ordre de l'avoir inventée avant eux !!

Car le voyageur en partant se contentait de déposer son or à la commanderie la plus proche, on lui remettait en échange un document certifiant le montant, il lui suffisait arrivé à destination d'aller chercher sonnantes et trébuchantes à la commanderie se trouvant au bout de son voyage !! pratique non ????, d'une certaine manière ils avaient inventés le carnet de chèques. Ils faut noter que malgré tous les procès qu'ils ont du subir, jamais leur probité ne fut remise en cause !!!








C'est lorsque Saint Jean d'Acre est tombée, voyant la fine fleur de la chevalerie du Temple mourir, que l'ordre vit courir à ses basques tous les mécontents.

Leur tord fut peut être d'élire un grand maître comme Jacques de Molay qui était plus banquier que templier et ne possédait aucune vision politique de la situation de son ordre !!!

Les rancunes et les jalousies finiront par avoir raison des blancs manteaux, ils avaient pourtant payés un fort tribut en vies humaines en Orient

Ils viendront tous hurler au massacre, Nogaret et Plaisians n'auront eut en fait qu'à souffler sur les braises au final.

Ne jetons pas la pierre au Roi de Fer, il ne fut pas le seul à vouloir qu'ils tombent et loin s'en faut !!!! il suffit pour s'en convaincre de relire le procès du temple, allant de tortures iniques en mensonges éhontés .







PS:la encore c'est mon interprétation de l'histoire, mais pour le Temple leurs bienfaits furent oubliés, ils s'étaient battus jusqu'aux derniers d'entre eux en Orient et ceux restés en Europe vont faire les frais de la vindicte populaire M de V

dimanche 22 avril 2018

Villehardouin chroniqueur, la prise de Constantinople

La quatrième croisade est un des faits les plus curieux de l'histoire du moyen âge, lancée sous l'impulsion du Pape Innocent III, qui va employer toute son énergie à la réussite de son projet et elle avait pour but, comme les précédentes, la conquête de la Terre Sainte !!

Mais voila !!! On ne fait pas toujours ce que l'on veut dans la vie, fut il Pape. Cette entreprise va échapper à la direction pontificale, pour aboutir à la conquête, par ses croisés, d'un Empire chismatique mais chrétien " l'empire de Constantinople ", qui de sa fondation jusqu'à sa chute devait durer plus d'un demi siècle. Comment expliquer cette extraordinaire déviation de la quatrième croisade ???

Geoffroy de Villehardouin, Maréchal de Champagne, personnage important de cette expédition, ayant pris une part active aux préparatifs et à la conduite de cette entreprise a pris soin de nous renseigner !

Il est important de noter que son livre est le premier écrit en langue vulgaire (le Français) et non en Latin c'est le livre qui compte dans notre littérature historique en langue nationale. 

Geoffroy naquit entre 1151 et 1164, appartenant à une famille noble de Champagne, mais il faut bien avouer, en toute honnêteté, que sur sa jeunesse et la plus grande partie de sa vie nous ne savons rien!!








Nous ne savons de lui, que ce qu'il en écrit lui même dans ses chroniques entre 1198 et 1207, ce qui néanmoins suffit à entrevoir la valeur du personnage et son rôle dans cette croisade.

Il prend la croix en même temps que son suzerain, le Comte Thibaut III de Champagne en 1199, ce dernier avec le Comte de Flandres et le Comte de Blois seront les chefs de cette expédition. Six Députés dont Villehardouin, sont chargés de formuler la demande à Venise pour le transport des croisés, Geoffroy semble en être le porte parole et un traité fort avantageux pour les vénitiens fut conclu, c'était un peu une spécialité chez eux de plumer tous les croisés !!!

Jugez plutôt, pour le transport de 33500 hommes et 3500 chevaux ils réclamaient 85000 marcs d'argent et pour tenir à disposition des croisés cinquante galères armées ils réclamaient la moitié des conquêtes et du butin de l'expédition, bon sang  de marchand ne saurait mentir !!







A son retour, son suzerain le Comte Thibaut III, choisi comme chef suprême de la croisade meurt!! Ce fut Boniface de Montferrat qui sera élu pour le remplacer et Geoffroy va puissamment contribuer à son élection.

Selon Villehardouin deux hasards vont détourner la croisade de la terre sainte vers Constantinople ??, suivons donc la logique du chroniqueur.

Premièrement, une fois les troupes réunies à Venise, on constate que les forces en présence ne sont pas assez nombreuses pour payer la somme colossale demandée par Venise. Mais la république avait une proposition toute prête pour que les croisés s'acquittent de cette somme. Les croisés devaient prendre la ville de Zara en Dalmatie, que le roi de Hongrie avait enlevée à la sérénissime république !!!!!







C'était oublier le but sacré de la croisade !! un sacrilège, le roi de Hongrie était chrétien !! Le Pape eut beau fulminer l'excommunication sur les croisés, ce fut en vain.

Zara fut donc prise dans un bel élan financier pour le compte des vénitiens. C'est la que se présente la deuxième circonstance hasardeuse dont parle Geoffroy !, les chefs des croisés vont y rencontrer le jeune Alexis qui vient les supplier de l'aider à rétablir son père Isaac l'Ange, sur le trône de Constantinople.

Nombreux furent les croisés hésitants, plusieurs même partiront pour la terre sainte, mais les chefs et une bonne partie de cette armée seront séduits par l'entreprise et les nombreux profits qu'elle promettait!

Les troupes céderont volontiers à la pression de leurs chefs et aux intrigues de Venise qui s'était fait d'avance reconnaître la moitié des conquêtes ! Allez donc savoir si ce ne sont pas eux qui mirent le jeune Alexis sur le chemin des croisés ??

Or donc foin de croisade! et allons pour le profit et la gloire conquérir Constantinople. Nul plus que Villehardouin n'accueillit avec enthousiasme le projet, puisqu'il dit, je le cite: " Ce fut une merveilleuse aventure ", Constantinople fut donc conquise après de multiples péripéties.







Mais Alexis et son père Isaac l'Ange vont y mourir, après une mise à sac en règle, un empire latin fut fondé, il sera éphémère comme bien nous le savons, sans cohésion et sans force !!

D'un autre côté, les principaux chefs de cette croisade en plus du profit y conquirent de la gloire et de nombreux avantages et ce malgré l'énorme ponction que fera Venise sur cette conquête!!

Notre Villehardouin va s'y tailler une magnifique principauté, ainsi qu'une carrière particulièrement brillante, tant que Boniface de Montferrat vécut ! lui qui avait si puissamment aidé à son élection de chef de cette croisade que l'on pourrait presque nommer vénitienne !!!

Mais Boniface mourut ce qui est le lot de tout le monde et la chronique de Geoffroy villehardouin s'arrête à l'année 1207 , ensuite l'on ne sait rien, ou si peu, sur le reste de la vie de ce chroniqueur qui semble t'il avait les dents longues !!

PS: Bien sur je donne encore une fois mon avis personnel, mais libre à vous d'aller sur La BNF et de vous faire votre propre opinion !!! en consultant les archives de cette très lucrative croisade, du moins pour ceux qui restèrent vivants suffisamment longtemps pour en jouir !! M de V


Nota: C'est le Doge Enrico Dandolo qui détournera la quatrième croisade, pour le plus grand profit de Venise vers Zara et Constantinople et son neveu Marco Sanudo participera à cette expédition pour son plus grand profit !!

vendredi 20 avril 2018

Egoïste et Mercantile Venise

Au début du XV siècle, Venise est parvenue à son point extrême de prospérité, sa victoire sur Gênes (voir article), lui a permis de récupérer ce qu'elle avait momentanément perdue, il semblait donc que devait s'ouvrir pour elle un avenir rayonnant.

L'affaire qui nous occupe puise son origine à la fin du XIII siècle, quand des peuplades de Turcs Osmanlis, quittant les hauts plateaux d'Arménie, convoitent les riches terres d'occident.

Au fur et à mesure de leurs progressions ces tribus gagnent en audace, leurs hordes finissant par glisser le long de la mer de Marmara, pour qu'au final ils ne soient plus séparés de l'Europe et de Constantinople que par les Dardanelles !

Ce mouvement qui poussait ces peuplades vers l'occident n'inspirait que peu de craintes aux contemporains, allant même jusqu'à puiser des mercenaires dans leurs rangs, faire des échanges et commercer avec eux











Venise ne se sentait nullement menacée, l'idée d'une intervention ne fut même pas envisagée par son gouvernement, car cela ne touchait ni son négoce ni ses colonies.

Mais voila ! il est deux facteurs qui de toute époque, même bien dissimulés, ne sont jamais bien loin. Alors fin XIV siècle, quand la sérénissime voit que sa vieille ennemie, Gênes, négocier avec les Osmanlis elle se hâte de les devancer, afin de lui arracher les marchés et conclut avec les Turcs en 1382 et 1390 des traités d'amitié.

Bien sur il ne s'agissait que de négoce et de privilèges commerciaux, que la république se faisait concéder par le Sultan Bajazet ou Bayesid, surnommé par ses hommes Yildirim ( la foudre ou l'éclair), rien de grave hein, peu de choses en somme!!

Alors quand les Turcs vont imposer leur domination à bon nombre de petits souverains latins, la chrétienté va s'émouvoir et une croisade va s'organiser!! Venise ne va pas s'associer à cette ligue de la chrétienté, tout juste daignera t'elle envoyer une petite flotte pour protéger Constantinople....ce qui semble évident puisqu'elle y avait des comptoirs, tout bon commerçant protège son négoce.









Puis en 1396 ce fut la déroute de ce qui fut nommé la dernière croisade !!! les croisés et Jean sans peur vont se faire tailler en pièce à Nicopolis (voir article), rare seront les survivants, exception faites de quelques Chevaliers de haute noblesse les autres furent exécutés, Bajazet ne fait pas dans la demi mesure !!!!

Venise ne voyant que le bénéfice immédiat, profite de l'événement pour resserrer ses liens d'amitié avec le Sultan, bon sang ne saurait mentir !!

On peut lancer l'idée que si la république avait été moins égoïste et mercantile eut elle trouvé avantage à s'allier avec les croisés, une défaite des Ormanlis aurait pu sauver l'empire Grec !!

Mais revenons au tout début du XV siècle, en 1402, une armée Mongol conduite par Tamerlan, va offrir un répit à la chrétienté, ils se jettent sur les Turcs, les mettent en déroute et font prisonnier Bajazet . Ses fils vont se disputer la succession, l'aîné Soliman accorde à Venise tous les privilèges, afin de s'assurer l'appui de sa flotte. Dommage en l'an 1413 Muhammad réussi à se débarrasser de ses  frères et prend le pouvoir sous le nom de Muhammad I c'est un chef ambitieux, résolu et implacable !!









Le réveil va être pénible pour la sérénissime, en mai 1416, sans aucune déclaration de guerre, ni le moindre prétexte justifiant cet acte, les Turcs attaquent une escadre vénitienne dans le détroit de Gallipoli.

La surprise est de taille et le combat sera rude ! mais se termine par la défaite des Turcs qui perdront 14 vaisseaux!

Ce qui semble incompréhensible c'est que Venise ne pousse pas son avantage, elle va même traiter et payer pour rétablir la paix avec les Turcs ?????

Pas de chance cela ne fait que renforcer l'idée que ce font les Osmandis de ces " flageolantes brebis vénitiennes ", expression utilisée dans l'entourage du Sultan !!!! En 1430 les Turcs prennent Salonique négociants et habitants vénitiens furent massacrés, Venise n'ayant pu obtenir de soutient des chrétiens ( et pour cause !!!), va traiter et payer à nouveau









Puis 20 ans vont passer pendant lesquelles les Turcs auront à se défendre contre les Hongrois, qui furent vaincus par deux fois, a Varna en 1444 et à Kossovo en 1448. Ils seront eux même durement frappés par Skanderberg, Prince d'Albanie, faisant même chanceler leur puissance

ce moment Muhammad II monte sur le trône du Sultan, dès ses premiers actes on comprit que les Turcs allaient prendre leur revanche.

Les vaisseaux Turcs recommencèrent à pourchasser les navires vénitiens, puis Muhammad fait construire des forteresses sur le Bosphore. Alors Venise prend peur! si les Turcs s'emparaient de Constantinople que subsisterait il de la domination vénitienne en Grèce et en Asie Mineure








PS: et Constantinople tomba !!!....M de V

jeudi 19 avril 2018

La Pitoyable fin de Louis XI

Depuis cette seconde attaque dont il s'était remis moins bien que la précédante (voir article) et la visite affligeante qu'il fit à son fils au château d'Amboise, notre universelle araigne ne quittait plus guère son donjon du Plessis les Tours !!

Cette enveloppe chétive et maladive, bourrée de remords de regrets et de doutes, qui l'assaillaient sans répit. Prisonnier volontaire tant de son esprit que des murs dont il s'entourait, entretenant autour de sa personne une surveillance dont la rigueur frisait le ridicule!!!

Nous savons par Philippe de Commynes que ce roi était un être craintif, voir peureux selon les situations ! Dans les derniers temps de son règne, ce trait de caractère s'aggravait, il ne devait pas être simple de vivre dans son entourage dans les derniers mois de sa vie !!

Si des Princes ou gens de hauts lignages venaient le visiter au fond de sa retraite, il envoyait au devant d'eux, au lieu d'avenants pages, quelque officier mal dégrossi, bourru et rustique, nous dirons une sorte d'inquisiteur ! chargé de fouiller au corps et de tâter la robe de ces visiteurs, afin de s'assurer qu'elles ne contenaient nul lame de poignard. Il semble évident de croire que au niveau diplomatique l'ambiance devait s'en trouver largement refroidie !!!









La visite des Ambassadeurs Flamands, venus pour la ratification du Traité d'Arras, l'avait mis mal à l'aise et inquiété à l'excès, les historiens nous montrent ce grand monarque, pénétré de cette peur qui rend frileux, le visage collé au vitrage grillagé de sa chambre.

Toujours aux aguets, tremblant et tressaillant au moindre bruit et n'osant faire baisser les chaines du pont levis, ou ne le faisant qu'en de rares occasions.

Il pouvait aussi envoyer selon l'humeur du moment, Tristan l'ermite, pendre quelque manant, qui aurait eu la malencontreuse idée de s'attarder le long des fossés du château, toujours cette peur de l'espion ou de l'assassin ! La terreur de la mort qu'il voyait approcher à grands pas, n'arrangeait rien, et loin de le rendre meilleur excitait davantage sa cruauté !!









Le monarque se mettait souvent à genoux pour prier, il était confit en dévotions, pour que Dieu écarte de ses pensées l'image même de la mort, avec cette angoisse d'avoir été un tout aux commandes de la France, pour n'être bientôt plus rien !!

S'il baisait souvent les reliques des saints, c'était pour demander un miracle pour sa santé, tout en ne faisant rien pour le mériter au demeurant!

Il fit venir de Calabre, Saint François de Paule, mais c'était pour mieux se traîner lamentablement à ses pieds, en le suppliant de prolonger sa vie, il faisait feu de tout bois dans l'espoir d'échapper à son inéluctable fin, ce combat que personne ne peut gagner fut il le plus grand monarque du moment !

Peu de temps après les fiançailles du Dauphin, à peine sorti de ses maillots et enfances, avec Marguerite d'Autriche célébrées à Amboise, louis fut frappé d'une troisième attaque!

Ce devait être la dernière et après plusieurs alternatives entre la crainte et l'espoir, le roi du se résigner à la mort ! Ce mot le faisait trembler, il avait même recommandé aux proches qui entouraient son lit de ne point le prononcer tout haut devant lui, mais de le prévenir par cette péri-phrase " Parlez peu ", lorsqu'ils verraient s'approcher l'instant fatal !










Mais voila il était entouré de ces hommes grossiers, frustres, dont il s'était fait la seule compagnie, de ces rustiques mal dégrossis, bourgeois âpres aux gains, pour qui les sentiments ne pouvaient que ressembler aux tintements de sonnantes et trébuchantes monnaies !

Nos rustiques compères loin de le ménager, l'avertiront brutalement " n'ayez plus d'espérance, car surement c'en est fait de vous " et ses hommes sans conscience vont l'engager prestement à penser à son âme .

Le roi sentait qu'il luttait vainement, contre la grande faucheuse l'ombre s'en étendait sur son lit, il la voyait de ses yeux, la vie lui échappait.

Mais en quittant ce monde il voulait comme tout moribond s'assurer de l'autre, Louis reçu donc les sacrements et peu de temps après il expira, sans faire hélas couler le moindre ruisseau de larmes vers ce lit ou il repose !!

Cette mort fut le signal de scènes odieuses, tous nos rustiques bourgeois dont il s'était entouré, abandonnant le corps du roi moribond coururent au pillage ! comme s'ils eussent voulu prouver, qu'un prince quel qu'il fut, s'attache moins les hommes par ses largesses que par l'estime qu'il a su leur inspirer !





J'aime l'hommage de Paul Murray Kendall, dans sa biographie de Louis XI: je cite, il eut l'audace de préférer la ruse à la force et il eut la grâce de mettre en pratique un sens de l'humour qui fit de lui un étranger dans son époque. Quoiqu'il ait transformé un grand royaume et laissé à la postérité un brillante leçon de politique, peut être n'est il pas plus important, par ce qu'il fit que par ce qu'il fut...! une des personnalités les plus extraordinaires de tous les temps.






PS: Louis laissait une France agrandie par la Bourgogne, la Franche Comté, l'Anjou, le Maine, la Provence, l'Artois et le Roussillon, tous par ses efforts réunis à la couronne, les frontières de la France de Louis XI, se rapprochent sensiblement de nos frontières actuelles. Je sais que selon les théories à la mode chez les médiévistes, Louis XI n'est pas un roi du Moyen âge, les uns se reportant à la chute de Constantinople et les autres à la découverte des Amériques par Christophe Colomb ! mais c'est mon blog d'abord !! et pour moi ce monarque est le dernier roi de cette époque M de V

mardi 17 avril 2018

N°145) Curiosités du Bestiaire Judiciaire Médiéval

Au moyen âge on soumettait à l'action de justice tous les faits condamnables, qu'ils soient perpétrés par des humains ou des animaux. L'histoire de la jurisprudence nous offre de cette époque un choix croustillant et une variété de procès dans lesquels figurent Taureaux, Vaches, chevaux, Porcs et Truies, mais aussi Coqs, Rats, Mulots, limaces et fourmis, en passant par les vers, mouches et sangsues.

Pour certaines calamités cela relevait d'un tribunal ecclésiastique qui au final fulminait une excommunication, comme pour une invasion de sauterelles par exemple, mais nous nous attarderons sur le séculier au sein du monde médiéval!!....et encore sur un seul animal car les textes sont légion !!!








Si l'animal auteur du délit, ce criminel notoire, tel que le porc et traduit devant un tribunal criminel ordinaire, il y sera assigné et représenté personnellement !! Tels étaient en matière de procès les principes admis par les jurisconsultes du moyen âge.

Les porcs et les truies dans cette longue période de notre histoire, couraient en liberté dans les rues de nos cités, villes, bourgs et villages de nos verdoyantes contrées !!

Il était fréquent, ne vous en déplaise, qu'ils dévorent ou mutilent de ci de la, des enfants !! Alors on procédait directement par voie judiciaire criminelle contre le rose et gras animal, voici la marche que suivait la procédure judiciaire







On incarcérait le " délinquant ", qui pour notre petit article sera notre gras goret, dans la prison du lieu de l'instruction du procès, le meurtrier ainsi enfermé, la machine judiciaire était en marche !!

Le procureur, c'est à dire l'officier qui exerçait les fonctions du ministère public, auprès de la justice seigneuriale requérait la mise en accusation de notre garde manger porcin sur pattes !!

Après l'audition des témoins et au vu de leurs dépositions préalables, concernant les affirmations imputables à notre coupable goret, cela commençait à sentir le jus de boudin pour notre criminel (désolé je ne pouvais m'en empêcher !), continuons la mise en place implacable de l'appareil judiciaire de ce bestiaire médiéval.









Suite au réquisitoire, le juge du lieu rendait sentence, rendant ainsi l'animal coupable d'homicide, ce qui le condamnait à être étranglé, puis pendu par les pattes arrières à un chêne ou aux fourches patibulaires du lieu, selon la coutume du lieu ou de la région considérée !

Du XIII au XVI siècle, les fastes de la jurisprudence et de l'histoire, fournissent de nombreux exemples sur l'usage de cette procédure, contre de roses pourceaux ou truies, qui ayant dévorés ou mutilés des enfants étaient de ce fait condamnés à être pendus!!

Citons quelques écrits judiciaires: l'an 1260 pourceau brûlé à Fontenay aux roses pour avoir dévoré un enfant

Septembre 1394, porc pendu à Mortain pour avoir tué un enfant de la paroisse!

Année 1404, trois porcs suppliciés à Rouvres en bourgogne, pour avoir tué un enfant dans son berceau ! etc...je m'arrête ici car la liste est fort longue, n'étant pas la pour énumérer des quantités de faits mais pour expliquer l'appareil judiciaire!!

L'exécution était publique et solennelle avec fort peu de différences par rapport à l'humain, il semble que les animaux étaient rarement suppliciés, sauf exception du cas bourguignon cité plus haut ???









Il semble loisible de croire que lors de certains procès animaliers, le coupable comparaissait habillé en homme !! si si !!! veuillez arrêter de rire immédiatement dans ma salle d'audience, ou je fais évacuer la salle !!!!

En 1386, une sentence du juge de Falaise, condamne une truie à être mutilée à la jambe et à la tête, puis pendue, pour avoir déchiqueté la jambe et le visage d'un enfant avant de le tuer !!

On voulut ici infliger à l'animal la loi du Talion, notre truie fut donc exécutée sur la place de la ville en " habit d'homme ", il est noté dans les minutes du procès que l'exécution coûta dix sous et douze deniers, plus le remboursement de gants à l'exécuteur des hautes oeuvres !!

Il est ajouté par l'auteur de l'histoire du Duché de Valois que les dits gants sont portés sur note de frais, pour la somme de six sous tournois, le Bourreau donnant quittance au comte de Falaise en déclarant qu'il se tient content qu'il lui soit fait réparation !





PS: voila donc une truie condamnée bien juridiquement ou je ne m'y connait pas !! Les sources historiques sont de la BNF, curiosités judiciaire du Moyen âge M de V

samedi 14 avril 2018

Louis XI et son fils le Dauphin ha !!! la famille

Depuis que ce bon Louis XI avait épousé Charlotte de Savoie, il avait eu trois enfants, un fils mort au berceau, puis deux filles, Anne, la future Dame de Beaujeu et Jeanne plus connue pour ses vertus que pour sa beauté !!

L'aînée de ces Princesses, avait neuf ans, quand le ciel exauçant les prières du monarque Louis XI lui envoya un fils, ce Dauphin tant attendu, naquit en ce fort beau château d'Amboise le 30 juin 1470, le Cardinal de Bourbon, le baptisa sous le nom de Charles

La joie du monarque fut d'abord sans égale !!, il ne cessait de remercier les cieux de lui avoir accordé un héritier, cette faveur qui assurait sa descendance dans sa vieillesse de roi  !!

Mais voila ! comme dit le proverbe " chassez le naturel il revient au galop ", ce sentiment dura peu, Louis XI va revenir très vite à son naturel méfiant et soupçonneux à l'excès !! Il se souvenait d'avoir été un fort mauvais fils, suffisamment mauvais, pour redouter de devenir à son tour un père malheureux !!

Les souvenirs de vos actes passés un jour ou l'autre vous rattrapent !! Louis était quelqu'un de peureux et Philippes de Commynes qui le connu l'explique fort bien ( voir Article )









La vue de ce berceau après l'avoir réjouis et voir même sourire un instant lui devint pénible. Son oeil méfiant croyant pénétrer l'avenir, lui faisait voir dans cet enfant, un futur prince impatient de régner, turbulent et ingrat !!

Dominé par cette crainte d'un péril imaginaire, le Roi va mettre en réel danger la couronne de France, que devra plus tard porter cet enfant, redoutant que l'instruction et l'éducation ne transforme son fils en rebelle, il en fit un incapable !!!

Par cette peur et les ordres qu'il fit donner Amboise va se transformer peu à peu en une espèce de prison, la plus riante des résidences royale devint sinistre, la s'écoulera l'enfance du futur Charles VIII.

Amboise ou aurait du régner une cour brillante, n'est que maussade solitude, au lieu d'une société raffinée et polie, de rustiques et grossiers compagnons, le prince n'avait ni libres récréations, ni sérieuses études !!


Il n'avait comme distraction que la chasse et pour l'étude que de futiles lectures, il était isolé, surveillé avec un soin jaloux et il apprendra à redouter ses plus proches parents, dont il est d'ailleurs écarté, autant dire qu'il ne les verra pratiquement jamais !!!!








Cette timidité naturelle à l'enfance sera exacerbée chez le Dauphin, par une éducation tyrannique, pesant jusqu'à sur sa pensée. Son principal instituteur, si tant est que l'on puisse affubler ce triste sire de ce titre, sera Etienne de Vers, bien sur choisi avec soin par son monarque de père!!!

Le pire de l'histoire c'est que ce sinistre personnage d'une incompétence remarquable deviendra par la suite, son premier et son plus déplorable conseiller.

Mais comment pouvait il en être autrement, quelle autre comparaison aurait bien pu avoir ce dauphin, alors même que le roi choisissait, selon sa coutume habituelle, parmi le peuple pour tout le personnel d'Amboise !!









Au mois de mars 1481, le roi à la chasse aux environs de Chinon fit frappé d'une crise d'apoplexie, il reprit assez vite ses esprits et  put se confesser avec l'aide de son fidèle Commynes !!

Mais à quelques temps de la, lors des négociations entreprises pour le mariage du Dauphin avec Marguerite d'Autriche, fille de Maximilien, il fut frappé d'une seconde attaque du même mal !

Lui vint alors le soucis de sa succession, il songea enfin à aller à Amboise, voir ce fils qu'il ne voyait jamais ou si peu !!, l'entrevue fut plus solennelle que touchante;

Cette visite fort tardive ne pouvait porter que peu de fruits et louis XI, voyant son fils, reconnaissait mais trop tard la faute énorme qu'il avait commise !!!

Le roi s'en voulait ! lui si prudent, si sage, d'avoir compromis l'avenir de son pays au travers de son fils pour des appréhensions sans motifs !!

Il fallait y porter remède !! sa prise de conscience à la fin de sa vie lui fournissait un souci à ses ongles ronger !!!







Il se repentait bien tard de l'enfance qu'il avait fait vivre à cet être chétif, ignorant et timide, le dauphin était irrémédiablement ce qu'il en avait fait!!!

On eut beau mettre à la portée du jeune prince de bons livres, des écrits moins futiles, faire à grands frais  venir de Saint Denis les chroniques pour son édification !?!

Composer pour son usage personnel un " Rosier de Guerres ", rempli de sages conseils pour la paix, rien n'y fera !! Il était trop tard le mal était fait et louis XI qui avait travaillé toute sa vie à l'agrandissement du royaume de France, se rendait compte qu'il allait laisser les monuments de tout un règne, dans les mains d'un enfant à la tête légère et faible !!!!






PS: Un des plus grand monarque de notre temps qui par son sens politique avait agrandi le royaume presque jusqu'aux limites que nous connaissons actuellement, fait cette erreur de jugement envers sa progéniture mettant en péril pour les années à venir toute une nation !!! il y a de quoi méditer non ???? Mais je me dois de faire un ajout et parler de Anne de Beaujeu, qui fera les frais des erreurs de son père en matière d'éducation M de V












A la mort de son père, le Dauphin n'avait que treize ans, la majorité étant fixée à 14 ans, Charles aurait pu avoir une dispense, mais la faiblesse de son esprit écartait cette possibilité, il semblait pour longtemps incapable de régner.

Bien que Louis XI eut largement négligé ce fils, il avait pourvu à la garde du royaume en laissant une fille brillante et habile, la digne émule de son père !!!!!

Anne avait 23 ans, elle était l'aînée et l'honneur de la famille. Sans avoir la perfidie de son père, elle en avait toute la finesse, chez elle tous les défauts de ce dernier se trouvaient atténués par son sexe, devenant par la même des qualités !!

Si Louis était fourbe et dissimulé, sa fille n'était qu'adroite et discrète, si son père était prodigue en serments qu'il violait sans scrupules, en revanche sa fille savait promettre et donner avec discernement, Louis se faisait craindre, Anne s'attachait à se faire respecter.

Bref une femme destinée à régner et s'asseoir en majesté sur un Trône !!! et ce dernier ne pouvait tomber en de meilleures mains......seulement voila !!!...en France les femmes ne peuvent régner, toujours cette fameuse loi Salique qui les écartent du trône !!!....heureuse Albion qui connaîtra des femmes de pouvoir. Un enfant comme Charles VIII ne pouvait tomber en de meilleures mains que celles de sa soeur....si seulement il avait suivi plus souvent ses conseils

jeudi 12 avril 2018

Les Nouvelles Routes Maritimes XIV et XV Siècle

La route des indes ne fut pas découverte par des voyageurs vénitiens, mais dans cet immense mouvement de curiosité et de cupidité (il faut bien l'avouer), qui va pousser dans toutes les mers du globe les navigateurs de cette fin du XIV et de tout le XV siècle.

Ceux qui portent l'oriflamme de Saint Marc en tête de la mâture de leurs vaisseaux étaient les plus audacieux voir les plus cupides !!!!!

Car après les aventures de Marco Polo et de ses oncles (voir article), au XIII siècle, nous trouvons un Sanuda il Vecchio (1271-1343), explorateur, cartographe et juriste ou les frères Zéno qui vont explorer les mers septentrionales jusqu'au Labrador et au Groénland

En 1432 un Piétro Querini va pénétrer dans l'océan boréal, puis en ce début de XV siècle Nicola da Conti visite l'Indochine et la Chine, ce siècle sera grâce aux nouvelles routes trouvées un bouleversement des marchés de la vente et de l'approvisionnement commercial.









Si les navigateurs et les négociants vénitiens s'étaient montrés ardents et habiles à chercher de par les mers des voies nouvelles et des terres vierges, ils vont trouver rapidement dans les voyageurs Portugais des rivaux aussi expérimentés et habiles qu'eux.

Tout commence quand un certain Bartoloméo Diaz parvient à atteindre en 1487 l'extrême pointe du continent Africain et lui donne le nom qu'il porte toujours d'ailleurs le " Cap de Bonne Espérance "

Onze années plus tard, un autre Portugais du nom de Vasco de Gama, va suivre cet itinéraire, puis remontant le long de la côte orientale, va découvrir cette grande cité commerciale maritime du nom de Calcutta !!

Il jette donc l'ancre dans ce port d'une richesse stupéfiante pour eux, débordante d'activité et de toutes les denrées rares et précieuses !!








Nos portugais pénétraient par ce port au coeur de ces contrées, d'ou l'Europe recevait, épices, parfums, tissus et soieries, bijoux et pierres précieuses, oui !, mais par caravanes marchandes !!! Ils vont vite comprendre le bénéfice immédiat qu'ils peuvent tirer de leur découverte !! ils vont en charger leurs vaisseaux et en tirer d'immenses bénéfices à leur retour au pays !!

Ces marchandises tant convoitées, jusqu'à ce jour, transitaient des Indes jusqu'à Alexandrie, convoyées par des caravanes Arabes ou Tartares !!! Qui vivants de ce commerce se faisaient payer fort cher, et plus le nombre d'intermédiaires pour le transit de ce fret était grand, plus la hausse des prix était énorme.

On considère que le prix d'une marchandise arrivant d'Inde par caravane, transitant à Alexandrie puis repartant ensuite vers un pays d'Europe avait été multiplié par 30 ou 40 fois son prix de départ !!!

Les Portugais vont se borner à multiplier par 10 le prix de Calcutta, s'assurant ainsi une marge bénéficiaire considérable, mais restaient imbattable dans la concurrence commerciale. voila de quoi porter un furieux coup au commerce de la sérénissime république de Venise !!









La découverte de cette nouvelle route maritime permettant l'achat direct à la source du produit et aux lieux de production va ruiner une partie du commerce Vénitien, la sérénissime ira même jusqu'à envoyer une Ambassade pour se renseigner et trouver une solution à leur problème.

Après maintes arguties, échafaudages de  manoeuvres diverses et plus ou moins licites !!! sans compter les tractations avec ceux d'Alexandrie..il fallut bien se rendre à l'évidence qu'ils se faisaient dépasser par la concurrence

Les Portugais firent entendre aux Vénitiens (avec une certaine ironie je pense), qu'ils n'avaient qu'à désormais s'approvisionner chez eux , le camouflet était explicite, et la couleuvre difficile à avaler !!!

Mais Venise n'avait plus l'ardeur des époques ou elle partait à la conquête des mers, elle était tellement riche !! se vautrant dans des fêtes prodigieuses, déployant un faste et un luxe incomparable. Les citoyens avaient une vie facile et comblée qui les rendaient indifférents, ils vont continuer à puiser l'or aux anciennes sources, n'ayant ni l'énergie et le courage d'en chercher une autre !!!




PS: L'esprit public de Venise répugnait désormais aux aventures et la concurrence Portugaise fit bien vite place à l'indifférence et à la passivité, pour eux aussi longtemps que le Levant lui demeurerait ouvert, son négoce se maintiendrait !!! Cette apathie Vénitienne prompte à la résignation n'en demandait pas davantage...!! M de V